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Mission : La poiscaille se taille [Ft. Jim Horrison]


1628 - West Blue, Poiscaille - Nom de la mission : La poiscaille se taille - Commentaire personnel : Je ne suis pas responsable de l’intitulé de cette mission



Première fois que je dois me rendre dans les bureaux du Cipher Pol 2. Pour un département réputé en perte d’effectif, les locaux restent passablement remplis. Et, d’ailleurs, la décoration ainsi que l’agencement y sont bien meilleurs que chez le Cipher Pol 4. Pas très étonnant, si on y réfléchit : ils demeurent responsables de l’économie du Gouvernement malgré la réduction de leur activité.

D’une démarche tranquille, je me dirige vers un bureau spécifique. La plupart des employés ici sont indéniablement des bureaucrates, mais je ne suis pas intéressé par eux. Suite à quelques discussions, je me suis vu assigné un potentiel collègue, soit une opportunité plutôt rare. Inhérent à notre travail, la solitude représente aussi la meilleure façon d’exercer notre métier. Pour autant, je suis convaincu que certaines missions méritent l’attention d’au moins deux agents.

Mon index et mon majeur percutent à quelques reprises l’une des parois d’un bureau où se situe un Mink. Il ne fut pas difficile à repérer. Une fois tourné vers moi, mon sourcil s'arque légèrement tandis que mon regard baisse légèrement pour s'arrêter brièvement sur un détail.

« Jolie cravate. » lançais-je calmement pour ouvrir la discussion. Non, vraiment, ce n'était pas une blague. Je me permets de faire remarquer ce genre de détails, je croise trop souvent des individus aux goûts vestimentaires ... questionnables.

Basculant légèrement pour me remettre dans une posture droite, je joignais les mains dans mon dos après avoir réajustés la hauteur de mes lunettes.

« Vous devez être l’agent Droséra. Je suis l’agent Laranja, du CP4. » Une brève pause s’invite le temps d’incliner légèrement la tête en guise de salutations. « J’ai demandé à travailler avec votre département sur une mission que mon supérieur désigne comme “périlleuse”. » Cette fois, c’était une blague… malheureusement pas de ma part. Je lui ai tendu un rapport préliminaire expliquant la situation. Il existe des accords commerciaux entre les marchands de la ville de Poiscaille et la Marine qui permettent de nourrir une bonne partie des forces armées gouvernementales. Or, un contrôle de l'intendance révèle une anomalie entre la quantité de poisson et la somme dépensée par le Gouvernement. Cumulée, les pertes sont assez élevées pour causer de l’agitation en interne.

« J’aurais besoin de votre aide dans cette affaire. Nous ne sommes certes pas dans une enquête très excitante, je vous l’accorde, mais les cargaisons ne transitent qu’entre les mains de la Marine. Le problème est soit en terme de gestion de l’intendance, soit il y a une activité suspecte d’un ou plusieurs membres de la marine. »

Silencieux, je le laisse étudier le rapport avec autant de calme que le permet un bureau où les employés en pause café se roulent par terre sur des jeux de mots et autres calembours plus que douteux. Lorsqu’il sera prêt, nous pourrons certainement nous rendre en direction de Poiscaille. A moins qu’il ait de quoi nous donner une piste, nous allons devoir procéder à l’ancienne et enquêter sur place.
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Encore une journée banale dans les quartiers du Cipher Pol II. Une journée banale à éplucher la comptabilités de sociétés à la pelle, à la recherche d'une coquille, à la recherche d'une quelconque fraude ou tentative de fraude. D'ailleurs les derniers jours se ressemblent et s'assemblent tellement dans cette monotonie que j'en viens à me demander si je me trouve dans le bon département du Cipher Pol... Mais pas le temps de m'endormir dans ces analyses répétitives et barbantes, qu'un homme vient toquer à ma vitre et brise ainsi mon train train quotidien. Un type propre sur lui, peigné comme il faut, qui me toise derrière une paire de lunette rondes. Il me complimente soudainement sur ma cravate, je me dis aussitôt qu'il s'agit-là d'un homme de goût, même si mon avis pour le coup reste un tantinet biaisé. Il donne alors mon nom de code avant de se présenter : l'agent Laranja du CP4. Jamais entendu parler, mais rien d'étonnant pour un agent du Cipher Pol. Le gaillard me tend alors un ordre de mission et m'explique la raison de sa visite dans nos bureaux.

1628 - West Blue, Poiscaille - Nom de la mission : La poiscaille se taille

En jetant un coup d’œil à l'affaire dont il va être question, je comprends rapidement qu'il ne s'agit pas vraiment d'une mission "périlleuse" comme l'agent Laranja vient de le laisser entendre. Un peu d'humour teinté d'une ironie certaine, voilà qui m'plait bien. Les bureaux du CP2 et du CP4 qui travaillent de manière conjointe sur une affaire, c'est une grande première me concernant, je ne laisserais passer cette occasion pour rien au monde. Levant les yeux vers mon hypothétique futur partenaire de mission, je lui rends le dossier qu'il récupère. J'imagine que j'aurai tout le temps d'en étudier les détails sur le chemin.


Agent Laranja, ce sera un réel plaisir pour moi, d'échapper à la paperasse pour le terrain de vous accompagner.


Pas besoin de peser le pour et le contre bien longtemps, cette mission ne sera certainement pas des plus excitantes, mais si ça peut me permettre de quitter ce bureau et d'éviter de me noyer dans tous ces rapports alors le choix est vite fait. Je jette alors un regard autour de moi, regardant brièvement mes chers collègues du bureau, silencieux, le nez plongés dans des écrits à n'en plus finir, puis j'attrape mon manteau. L'agent Laranja tourne les talons, le dossier sous un bras et marche d'un pas décontracté en direction de la sortie du bureau. Je lui emboite le pas, plutôt intrigué, je n'ai jamais mis les pieds sur Poiscaille non plus et même s'il ne s'agit pas toujours de l'affaire du siècle, j'aime tout particulièrement les missions qui me mènent en terres inconnues. Ajustant mon trenchcoat, attendant notre navire d’escorte à destination de Poiscaille, je me place aux côtés de mon futur équipier, l'observant rapidement avec une curiosité non dissimulée, un type qui à de la prestance, comme on en voit rarement par nos bureaux.


Poiscaille hein.. l'île ou le maître mot est "profit". Une affaire de détournement potentiel, m'est d'avis qu'on est pas au bout de nos surprises.


Si le CP4 est en charge de l'affaire, c'est qu'il y a suspicion dans les rangs de la marine. Probablement que notre petite virée sur Poiscaille permettra de mettre en lumière quelque chose, espérons simplement que cette histoire n'entachera pas trop les officiers présents sur place. Jamais évident de porter à nue des confrères payés pour servir les intérêts du Gouvernement Mondial et de découvrir les différents abus de pouvoir.

    Contre toute attente, l’agent Droséra s’avère plutôt enthousiaste pour cette mission - du moins, autant qu’on puisse l’être pour une affaire de disparition de poissons. Il prononce immédiatement une hypothèse : un détournement qui vise le profit. Pour l’heure, ça me plaît. Malgré les bons salaires au sein de la Marine, ce ne serait pas la première fois qu’une personne profite de sa position pour se payer des steaks dans des restaurants chics.

    Lors de notre embarquement sur le navire, j’échange quelques mots cordiaux avec le Mink avant de m’isoler pour le reste du voyage. Le trajet allait prendre un peu de temps et j’ai demandé à partir de sorte à arriver à l’aurore. Je ne quitte ma cabine qu’au moment où s’activent les différents matelots pour préparer l’amarrage. Pour une grande partie du voyage, on pouvait entendre l’équipage siffler des airs mélancoliques, puis joyeux. Désormais, à mesure que Poiscaille apparaissait à l’horizon, les éclats de camaraderie ont laissé place au professionnalisme des gens de mer.

    « Bonjour. » adressais-je aimablement au Mink qui m’avait rejoint à la proue du navire en attendant d’arriver à la base de la Marine locale. D’un mouvement prompt, je frotte la tête d’une allumette au grattoir de la boîte et la couvre avec ma main jusqu’au niveau de ma bouche. Je propose par politesse à mon coéquipier s’il en veut une. « Êtes-vous déjà venu ici ? » Il répond par la négative. Il connaît néanmoins les informations courantes. « Bien. Vous aurez remarqué que nous ne nous dirigeons pas vraiment vers l’île. La garnison de Marine de Poiscaille possède en réalité un port annexe, situé un peu plus loin. Nous allons donc débuter notre petite visite directement là-bas. Je suis sûr qu’ils seront ravis de voir des représentants du Gouvernement. Ils nous aiment tellement. »

    Notre navire se dirige sans problème jusqu’à la base de la Marine. Au même moment, une caravelle en sortait, transportant probablement quelques tonneaux de poissons. Sur une tour, un soldat criait à notre timonier où accoster.

    Dès qu’on pose pied à terre, un marine porte sa main vers son front et nous salue respectueusement, puis nous toise silencieusement pendant un bref instant. Il s’arrête quelques instants sur le Mink, fixant avec une certaine indélicatesse tous les traits de son visage.

    « Mes salutations. Adjudant de la 388e division de Marine Landro Kossack, au rapport. Le Lieutenant-colonel Décro Foin se trouve en ville pour le moment, je prends donc la relève en son absence. » Il se racle un peu la gorge et poursuit aussitôt. « Je n’ai pas été mis au courant de l’arrivée de représentants du Gouvernement. Que puis-je faire pour vous ? »

    Un homme protocolaire. Il nous renseigne également sur son ancienneté à la base : cinq ans, presque six. Je lui renvoie avec flegme, mais non sans respect, son salut militaire et prend en main mon calepin. Je me tourne vers l’agent Droséra. Après avoir vu son état exaspéré dans les bureaux, je suppose aisément qu’il a envie de mener la danse pour le moment. Et puis, je m'étais un peu renseigné sur lui avant le début de cette mission. Du peu qu'il y a de disponible, il me paraît bien travailler.

    Adjudant Landro Kossack:


    Dernière édition par Daewon Lee le Jeu 5 Mai - 18:17, édité 1 fois
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    Encore ces fichus regards, comme si j’étais une bête de foire. Mais je ne relève pas, me contentant d’ignorer les soldats qui me dévisagent, en tant que membre de la tribu des Minks, c’est plutôt habituel qu’on me considère comme un être inférieur. Je n’en fais plus cas. Vient alors l’officier en charge, l’adjudant Landro Kossack, type en uniforme, crâne rasé l’air plutôt surpris et pas tout à fait heureux de voir des agents du gouvernement. Ça peut s’expliquer, personne ne s’attend jamais à la visite d’un agent du CP, de là à dire que cet adjudant cache quelque chose, il n’y a qu’un pas. Mais évitons les conclusions hâtives, mon équipier dégaine son calepin en premier, écoutant silencieusement l’étalage des services du gradé de Poiscaille, puis tourne le regard dans ma direction, comme pour m’inviter à ouvrir le bal.


    Simple contrôle de routine. Je suis l’agent Droséra et voici l’agent Laranja. Nous aurions quelques questions à vous poser adjudant Kossack.


    Petit interrogatoire courtois, qui nous permet d’en apprendre davantage sur la garnison de Poiscaille. Sans entrer dans les détails de l’affaire qui nous amène ici, je demande à l’adjudant de nous donner les infos sur ses camarades. Il passe rapidement en revue les récents rapports de patrouille et me parle des types dont il a la charge. Au dessus de tous ces braves gaillards, le lieutenant colonel Décrocha Foin. Pas besoin de trop gratter pour apprendre à quel point l’officier supérieur de cette garnison est engagé dans la lutte anti-corruption. Un chic type en somme, qui ne devrait pas avoir grand chose à prouver. Mais dans l’état actuel des choses, tout un chacun est un suspect potentiel et lorsque ce Décro Foin sera de retour, il aura droit à sa session question. Mon interlocuteur ne fait pas l’impasse sur les histoires de corruption qui ont gangrené la garnison par le passé, il s’agirait même de la raison pour laquelle le lieutenant-colonel aurait été placé à sa tête. L’adjudant prend congés, s’éloignant nerveusement, ne pouvant s’empêcher de jeter un coup d’œil dans notre direction. Et en quelques secondes me voici seul avec l’agent Laranja.


    Je pense que ce lieutenant-colonel Décroche Foin pourrait nous en dire plus sur notre affaire.


    Bref regard en direction de Lee, qui scrute le port annexe en silence, sa clope au bec me donne soudainement envie de sombrer vers les vieux démons. Je dégaine une cigarette roulée à l’opium et l’allume. La première bouchée est un pur régal, comme toujours. Si la marine du coin trempe dans le trafic de poisson et le détournement de marchandise, Décro Foin sera sans doute le type à interroger. Et quand on parle du cheval loup, voici justement le fameux sniper qui finit par pointer le bout de son nez. À vous de jouer, agent Laranja.
      Derrière la fumée aromatisée que rejette l'agent Droséra se dévoile un fier humanoïde à la tête chevaline. Si je n’avais pas été mis au courant, l’aspect figé de son faciès m’aurait fait questionner la nature de ce que fume mon collègue. Il débarque avec beaucoup d’énergie dans la base, où plusieurs marines le saluent dès son arrivée. Nous nous présentons brièvement et de la même façon qu’à l’adjudant. Nous allons dans ses quartiers afin d’avoir un peu de calme.

      « Je vois. Je comprends. La justice ne dort jamais, et vous avez raison de contrôler chaque base de la Marine ! Combattre le crime, la corruption ! Rien ne devrait entâcher notre belle organisation ! ». Puis, il se tourne d’un coup sec vers l’agent Droséra, puis revient à moi avec la même excentricité. Son masque se déforme légèrement à chaque mouvement, avant de reprendre aussitôt sa forme originelle. « Enfin, vous savez, j’ai saigné sabot et naseau pour nettoyer Poiscaille des vauriens qui sévissaient. Que cherchez-vous de plus ? ». Il s’écrase contre le dossier de sa chaise et tapote les doigts contre son bureau, produisant un son proche d’un cheval au galop. Je regarde silencieusement ses doigts avant d’arquer le sourcil, las. Il s’arrête.

      « Oui, et nous vous félicitons pour votre travail récent sur cette base. Votre persévérance vous honore. C’est pourquoi nous avons augmenté le nombre de contrôles ». Cette fois, c’est moi qui mène l’interrogatoire. Tout concorde avec ce que nous a confié l’adjudant Kossack. Je pose quelques questions générales, puis plus précises. Enfin, j’arrive aux activités marchandes qui se déroulent ici. Il est parfaitement transparent et nous confie les rapports et les comptes de Poiscaille. La quantité de poisson exportée à destination d’autres bases de la Marine est importante. Dans leur registre, aucune anomalie enregistrée.

      « Pourriez-vous nous décrire l’intégralité de la procédure, Lieutenant-colonel ? »

      Il pousse alors un puissant hennissement tout en levant légèrement les bras. Dans son langage, il s’agit simplement d’une onomatopée traduisant une sorte de… comment dirais-je… d’emmerdement. Oui, c’est le mot.

      « Oh bah, c’est mon adjudant qui s’occupe de ça maintenant. Le poisson arrive tout droit de la ville. On l’achète à plusieurs poissonniers et des dizaines de tonneaux par jour nous sont livrés. Nous les entreposons directement au port car ils sont destinés à nourrir la Marine, les soldats qui se battent fièrem... - » J’élève la paume pour lui demander de se calmer. Il a tendance à s’enflammer. « Donc euh… ensuite pour le poisson frais, il part immédiatement. Le poisson salé et séché, quant à lui, peut être entreposé avant d’être expédié. »

      Suite à une question de la part du Mink, il ajoute qu’ils contrôlent chaque tonneau dans leur entrepôt afin de voir si leur contenu est conforme aux accords. Je clos l’interrogatoire après avoir salué du regard l’agent Droséra. Je ne considère plus vraiment Décro Foin comme un suspect crédible. Il nous invite même à joindre l’adjudant Kossack qui ne devrait pas tarder à gérer une exportation afin que nous puissions observer par nous-même. Il précise également que les entrepôts sont ouverts pour nous.

      Nous nous dirigeons alors vers l’extérieur. En passant la porte qui mène au port, je me tourne vers l’agent Droséra et murmure quelques pensées suite à notre entretien avec le Lieutenant-colonel : « Deux pistes possibles, on dirait. Je pense que nous pouvons en tirer davantage de Kossack et des groupes qui s’occupent des contrôles. D’un autre côté, rien n’exclut que le trafic ne s’accomplit pas directement sur un navire. Le problème avec cette hypothèse, c’est qu’elle est difficilement vérifiable. Je crains qu'elle nous fasse perdre du temps. Mais, qui sait. Qu’en pensez-vous ? Quelle piste privilégier ? »

      Dans les deux cas, il nous faudra sûrement trouver un peu plus d’informations ici. Parallèlement, un petit navire d’une trentaine de matelots arrive à quai. Un homme mûr et aux sourcils broussailleux hurlait à ses portefaix de charger la marchandise. Il fait un petit signe à l’adjudant, qu’il semblait bien connaître. Un marine distingué apportait des bourses de berrys à Kossack. Il s’agissait sûrement de l’intendant du navire. Je me tourne vers le Mink. Je suis prêt à suivre son intuition, un homme du CP2 a peut-être plus d’expérience que moi dans ce domaine.
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      Décro Foin interrogé, je pense qu'on peut dores et déjà le rayer de notre liste de suspect, mon camarade du CP4 semble être du même avis que moi. Il tire d'ailleurs une conclusion censé, suite à ces différents interrogatoires et je tendrais plutôt vers une enquête plus poussée du côté de Kossack et ses hommes, car comme l'agent Laranja l'a si bien souligné, la seconde hypothèse serait bien plus difficilement vérifiable. Pas le temps de souffler qu'un petit navire s'approche des quais en vue de décharger sa cargaison et c'est d'ailleurs notre Adjudant qui s'occupe de la réception. Un marine apporte alors des bourses de berrys à Kossack et je me dis que c'est le bon moment pour faire preuve d'observation. Nous nous approchons lentement mais surement du quai afin d'analyser le petit manège qui se joue sous nos yeux. Le bateau est amarré et les marins s'occupent du chargement. Coup de bol pour nous, il s'agit là d'une cargaison de poisson et même s'il serait stupide que le ou les coupable/s commettent un faux pas en nous sachant de le coin, qui sait ce qui pourrait bien se produire. J’hésite un instant à m'en griller une nouvelle mais renonce en vue de garder les idées claires,  puis je m'avance en silence en direction de Kossack.


      Donc, vous gérez la partie achat, import et export du poisson Adjudant Kossack ?

      C'est exact oui !

      Ce doit être une grande responsabilité hein ? Et tout passe uniquement par vous ? Ou vous déléguez certaines tâches ?

      Je m'occupe de la réception. Je fais faire l'inventaire des stocks puis vient la répartition.

      Avec tout ce poisson.. Quel boulot de titan, mes respect.

      Oh je ne fais que mon travail vous savez...

      L'inventaire se fait ici, dans le port annexe.. et qu'en est-il de la répartition ?

      C'est le Sergent-chef McCoy qui s'occupe de la répartition en terme de logistique. Tenez.. il est là bas.


      L'adjudant Kossack pointe alors un autre soldat du doigt, je peux apercevoir ce Sergent-chef McCoy qui se tient effectivement un peu plus loin. Un homme d'age mure, chevelure cendrée aux allures de vétéran occupé à tailler une bavette avec le marine qu'on a pu voir donner les bourses de berrys à Kossack un peu plus tôt. Bref coup d’œil à l'agent Laranja qui hoche la tête et nous voilà repartis en direction de McCoy afin de lui poser quelques questions à son tour. Présentations faites, le type n'a pas l'air spécialement ravi de nous voir, ou peut être est-ce simplement qu'il a du pain sur la planche et qu'on est en train de lui faire perdre son temps.


      Comme nous l'expliquions au Lieutenant-Colonel Décro Foin, il s'agit d'un simple contrôle de routine.

      Ouais j'connais.. Qu'est ce que j'peux bien faire pour vous ?

      Nous sommes en train de faire un point sur l'organisation de ce port annexe. C'est donc ici que toute la logistique est gérée ? Impressionnant.

      Ouaip. C't'une affaire qui roule. Faut dire que le Lieutenant-Colonel veille au grain...

      Et vous vous occupez de la "répartition" c'est bien ça ? Avec combien de bases travaillez vous sur West Blue ?

      Avec toutes les bases des blues. Poiscaille approvisionne toutes les bases et tous les relais sur les mers bleues.

      Un sacré boulot que vous avez-là. Et ce registre, j'imagine qu'il s'agit du détail de ce qui sort chaque jour ? dis-je en montrant un épais registre posé sur un établi.

      C'est exact. Vous pouvez y jeter un oeil si vous voulez. Faut que je continue de prévoir l’expédition du soir.. est-ce qu'on a terminé agent.. Droséra ?

      Oui, je vous en remercie, je ne vous retiens pas plus Sergent-chef McCoy.


      Pas très bavard le type, probablement encore un sous officier de plus qui se trouve sur la fin d'une carrière longue et pénible. Je jette un regard rapide au livre des comptes qui se trouve là et en effet, tout est notifié, les noms des navires de transit et de leurs capitaines respectifs, la destination de chaque bahut, la quantité de marchandise, tout y est étrangement parfaitement consigné. Il y a également quelques annotations rajoutées ici et là, sans doute les différents prix. Je ne suis pas un expert en poisson, mais mon œil d'agent du CP2 est habitué aux registres et comptabilités en tous genre, et j'ai rapidement cette mauvaise impression qu'il existe des écarts assez significatifs entre plusieurs cargaisons de même envergure. Je prends alors le temps de mémoriser les éléments concernant les départs prévus du soir, l'un des navires car les quelques interrogatoires que nous avons menés jusqu’à présent ne nous ont pas plus avancé. Ils nous auront au moins permis de comprendre le fonctionnement de ce port annexe et de rencontrer les principaux intervenants. Désormais seul à seul avec mon homologue du CP4, je me mets à avoir envie de prendre la mer.


      Je serais d'avis d'inspecter la marchandise qui part ce soir... Au hasard, je dirais Le Pétrel Azur.. Il doit livrer deux tonnes de merlu frais dans la nuit, directement au port principal, direction la garnison.


      Outre le côté pratique, qui ne nous mènera pas je ne sais ou inutilement si jamais cette virée ne nous permet pas d'en apprendre plus, il y a quelque chose qui me chiffonne. Pourquoi le transport de marchandise depuis ce petit port annexe vers la garnison se fait il en bateau et en pleine nuit ? Il y a quelque chose qui ne colle pas et je compte bien tirer ça au clair. Rapidement, nous entreprenons de localiser Le Pétrel Azur qui par chance n'est pas très loin. Amarré au quai, le chargement de poisson salé et séché est en cours. Je propose donc à l'agent Laranja de repasser ici un peu plus tard afin de se glisser à bord du petit navire pour pouvoir observer de plus près les process de livraison de marchandise.


      ---------



      La nuit tombée, il n'est étonnement pas bien difficile d'approcher le fameux navire. A bord d'une petite barque, "empruntée" à un brave citoyen de Poiscaille trop occupé à cuver un peu plus loin, profitant de ma vision nocturne pour éviter d'alerter la garde du port annexe, nous parvenons enfin à nous hisser en silence à bord du Pétrel Azur. Pas de velours, gagnant immédiatement le pont inférieur afin de rejoindre la marchandise, nous voilà assuré que le poisson se trouve toujours à bord. Reste à se planquer et à voir si la seconde hypothèse de l'agent Laranja se vérifie ou si le trafic s'effectue à un autre niveau. Nous serions en tous cas bien malchanceux si cette cargaison ne faisait pas l'objet d'une activité suspecte.
        Décidément, l’agent Droséra s’avère être un excellent élément durant cette mission. Dans cette nuit à peine illuminée par une lune qui entame son dernier croissant, nous atteignons invisibles comme une ombre Le Pétrel Azur. Il faut dire qu’on a un peu de chance : notre proximité avec le port de la Marine endort totalement la vigilance de l’équipage ; et dans le nid-de-pie, l’homme de vigie se préoccupait surtout des flammes dansantes illuminant Poiscaille que ce qui entourait son navire. Pas de chance.

        Lorsque notre barque touche la coque du navire, je pointe l’une des fenêtres du petit pont de batterie et laisse le Mink ouvrir la marche afin qu’il puisse veiller à ce qu’aucun matelot ne nous remarque. La cargaison localisée, nous nous cachons ensuite dans la soute à voile, qui se trouve juste à côté de la cale. C’était l’endroit idéal pour se cacher tout en surveillant ce qu’il se passait autour de nos bon vieux poissons. Avec quelques mouvements de mains, je communique à mon collègue de nous cacher chacun à une extrémité de la soute. Il y a peu de chances que qui que ce soit ne rentre, mais je préfère m’assurer que l’on puisse neutraliser le moindre fouineur.

        Nous attendons un bon moment avant que le navire ne finisse par bouger. Bien que ce soit un peu étouffé, nous pouvons entendre quelques chants et des rires venant du pont. … Ah, celui qui chantait s’est ramassé un coup, vu l’arrêt brutal. Je dois avouer qu’il chantait très, très faux.

        Après un moment, nous constatons que nous nous arrêtons à Poiscaille… mais pour quelques minutes seulement. Puis une fois que nous sommes repartis, nous entendons des voix de l’autre côté de la paroi.

        « Cette fois, ce sont les tonneaux deux, trois, cinq, sept et neuf. » lance une voix autoritaire. Sauf erreur, il y a trois personnes de l’autre côté. Puis, nous entendons des objets s'entrechoquer en émettant des sons métalliques. Je ne suis pas ichtyologiste, mais je suis assez certain qu’un poisson qui tomberait quelque part ferait plutôt un « sploch » plutôt qu’un « chpling ». Enfin, dans notre cas c’était plutôt un « Klong ».

        « Tout est là, Lieutenante Van Hag. Encore une bonne nouvelle ! J’espère que cette fois, ça suffira ! » affirme calmement un marine. Un autre confirme avec une certaine joie dans la voix.

        « Oui… je l’espère sincèrement. » La lieutenante laisse éclater un léger éclat de rire, tandis que deux voix la suivent dans ce petit moment d’euphorie. « Refermez les tonneaux et scellez la caisse. Direction Vuurtoren ! »

        Alors qu’ils indiquent vouloir quitter la cale, je fais signe à l’agent Droséra de ne pas bouger. Je ne le vois pas bien mais lui saura voir mes gestes. Puis, une fois notre environnement totalement calme, je me dirige très lentement vers le Mink pour lui chuchoter quelques mots avant de retourner à ma place.

        « Dans notre situation, il vaut mieux attendre de retourner à terre. Nous sommes déjà embarqués dans un voyage imprévu, et un combat dans cette situation me semble périlleux. Sincèrement… un équipage entier corrompu me semble impossible, mais je n’aime pas compter sur la chance. »

        Le navire finit par ralentir. Les sensations à bord laissent présumer que nous allons accoster à l’un des quais d’un port. Le voyage ayant été de quelques heures, la nuit est encore relativement sombre. En revanche, il y a pas mal de bruit autour de nous. Le déplacement des tonneaux a commencé. Puis, après quelques minutes, alors qu’on attendait le bon moment pour partir, la porte de la soute s’ouvre finalement. Un homme un peu gringalet s’avance et, évidemment, se tourne dans ma direction. Quelle poisse. Je ne fais qu’un bond pour placer mon gant sur sa bouche, laissant l’agent Droséra assommer le marine qui se débattait comme un démon.

        « On abandonne les poissons. Il faut fuir et retrouver cette femme à tout prix. La nouvelle priorité est de découvrir ce que sont ces objets qu’ils ont sorti des tonneaux. »

        Eh bien… un trafic à deux niveaux. Mon collègue l'aura sûrement compris aussi. Du poisson disparaît bel et bien, mais pour libérer de la place dans les tonneaux qui peuvent être entreposés dans l'entrepôt du port de la marine de Poiscaille. L’adjudant Kossack, le sergent-chef McCoy ou les deux sont liés à cette affaire aussi, mais ça attendra. On a pas une minute à perdre. On doit localiser la lieutenante et sa caisse. Je laisse au Mink le plaisir d'ouvrir - rapidement - la marche, étant donné que la seule chose que je peux voir aisément dans ce noir, c'est le grand phare qui se dresse à quelques mètres du port local.

        Lieutenante Van Hag:
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        De surprise en surprise bon sang. L’ampleur du trafic est bien plus importante que ce à quoi on s’attendait. Si le poisson disparaît véritablement, il laissera sa place à une marchandise d’un tout autre calibre. Une fois le jeune marine un peu trop zélé neutralisé proprement, on s’élance tous les deux dans la pénombre pour retrouver la trace de la femme précédemment entendue. Ni une ni deux, parmi les tonneaux déchargés, nous voilà en train de faire démonstration de la discrétion légendaire des agents gouvernementaux. Si mon camarade semble quelque peu diminué par l’obscurité, il peut compter sur moi pour pallier à ce handicap. Sur le quai, je cherche du regard une femme au milieu de tous ces gaillards, faut dire que par chance, les dockers sont pour la plupart des hommes ici.


        Par ici agent Laranja.


        Un peu plus loin, une jeune femme portant une veste de sous officier s’éloigne sous bonne escorte de deux hommes. Même si rien de semble indiquer qu’il s’agit de notre « cible », je tente un coup de poker en me fiant à mon instinct. On se lance rapidement à sa poursuite, évitant le plus possible toute confrontation avec un soldat. Faut dire que c’est un beau bordel sur les quais, tout ce beau monde s’affaire au déchargement et tout ce qui s’ensuit. Bingo, mon ouïe fine confirme mes soupçons, je reconnais sa voix. Arrivés un peu à l’écart, contre toute attente, notre suspect quitte le giron de la base pour se diriger vers les quelques quartiers qui la bordent. On prend soin de la jouer discret, laissant suffisamment de distance entre la sous officier et nous. On voit que l’agent Laranja a l’habitude du terrain, il se déplace dans ces ruelles sombres comme un poisson dans l’eau. J’ai beau être un gus qui travaille en bureau, je ne suis pas en reste non plus, on ne peut pas oublier les enseignements du Cipher Pol. Ils entrent alors dans un petit bar miteux, on marque un temps d’arrêt avant d’entrer à notre tour.


        Va falloir la jouer fine. J’entends du monde à l’intérieur, j’ai dans l’idée qu’on aura pas trop de mal à se fondre dans la masse.


        L’agent Laranja acquiesce et on entre dans le bar. Une grande pièce animée, je scrute la foule qui occupe le bar et remarque alors notre « cible » qui monte un escalier avec un type. Elle laisse alors ses deux hommes en bas de l’escalier, comme pour monter la garde. Reste à trouver comment passer sans que ces gaillards ne nous remarque. Passer en force n’est pas une option, ressortir et tenter une fenêtre à l’étage n’est pas non plus ce qui me semble le plus judicieux. Se fondant littéralement dans le décor, on commande un petit verre, réfléchissant au meilleur moyen de passer à l’étage.
          Splendide. Encore un bar. Il faut toujours que ce soit un bar. L’endroit le plus propice à un combat et à la panique générale. Une réussite totale de la mission est probablement impossible désormais. Enfin… c’est notre métier. Il faudra trouver une solution. Avant de prendre une décision cependant, je demande au barman s’ils louent des chambres étant donné qu'il y a trois portes en haut. Il s’avère que oui, mais elles sont apparemment indisponibles pour le moment. Je profite alors du brouhaha ambiant pour exposer mes pensées à l’agent Droséra.

          « Je propose de ne rien faire. » Je regarde le fond du verre qu’on venait de me servir et tourne la tête vers l'agent gouvernemental. « Idéalement, j’aurais aimé surprendre la conversation là-haut, mais nous n’apprendrons rien. Il s’agit vraisemblablement d’un trafic qui dure depuis quelques temps. Ils feront l’échange, elle prendra l’argent, et lui les armes. Fin de l’histoire. » En d’autres termes, nous avions deux choix : faire usage de la force et les coincer dans la pièce, ou l'isoler et la prendre par surprise, quitte à abandonner le correspondant de notre cible. La première solution nous expose à une série d’inconnues qui rend ce choix totalement insatisfaisant à mes yeux.

          « L’acheteur va quitter l’établissement, mais je suis moins convaincu pour la lieutenante. Le navire n’a aucune chance de repartir tout de suite. Elle voudra sans aucun doute empocher l’argent et dormir confortablement dans un lit douillet, sur la terre ferme. » Il s’agit là du seul pari que je prendrai, mais, sans être marin, j’en sais assez pour supposer qu’elle ne va pas se lancer dans une autre aventure tout de suite. Le Mink aura donc bien compris mon plan : maximiser nos chances de neutraliser et capturer la lieutenante en la prenant par surprise, dans un moment de faiblesse.

          Un moment passe avant qu’un homme ne finisse par descendre les escaliers, une caisse dans les bras. D’un soupir, je me convaincs qu’il s’agit de la bonne décision et le laisse partir. D'ailleurs, en faisant mine de prendre en photo le Mink, je photographie au passage son visage avec mon escargophone-photographique : je demanderai à lancer un avis de recherche sur lui après cette affaire.

          Malheureusement pour nous, les deux sentinelles restent quant à elles aux aguets. Je parcours un peu les environs à la recherche d’un plan… que je trouve finalement. Je le partage avec le Mink, qui me regarde comme si je venais de lui raconter une mauvaise blague. Mais, il accepte.

          Après une brève préparation, je fais signe au Mink de lancer des petites décharges de son Electro dans un interrupteur, ce qui fait vaciller les ampoules du bar. J'ai vu cette capacité à l'oeuvre à Shimotsuki, ce qui m'a en partie donné cette idée. Au même moment, je projette une capsule de bouteille que j’avais ramassé vers un client qui rentrait pile à ce moment dans le bar. En hurlant, il attire l’attention sur lui.. et surtout, la maintient.

          « Et voilà, fallait que ça arrive, De Vrij ! Tu vas couper cette moustache fissa ! Évidemment qu’entre ça et les anguilles que tu pêches, ça allait finir par tout faire péter ! »

          Mission : La poiscaille se taille [Ft. Jim Horrison] Xzfm

          Je soupire silencieusement dans mon coin. J’ai honte de le dire, mais mon plan consistait à attirer l’attention sur ce vieil homme à l’énorme moustache en forme d’éclair et aux cheveux qui paraissent parcourus d’électricité statique. Et j’ai encore plus honte du fait que ça ait marché aussi bien. Ce n'était pas "stupide" en soit, mais... sincèrement, est-ce que ces gens réfléchissent seulement à l’impossibilité du phénomène ?

          Quoi qu'il en soit, notre entraînement au Cipher Pol nous permet naturellement, pendant la baisse de luminosité et lors de la diversion, de nous hisser sans problème à l’étage. Nous étions désormais face à la porte où se trouvait la lieutenante. Puis, alors que nous nous préparions pour la suite, la poignée se baisse. Nous entendons une brève plainte à peine murmurée qui évoquait les cris qui ont été produits par le client énervé de tout à l’heure.

          La lieutenante ouvrait la porte qui se trouvait juste devant nous.


          Dernière édition par Daewon Lee le Mer 8 Juin - 10:15, édité 1 fois
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          En quelques minutes seulement, l’agent Laranja aura laissé une joyeuse pagaille dans la pièce principale de ce bar. Même si son plan me paraissait plutôt délirant optimiste, force est de constater qu’à l’exécution, tout paraît d’imbriquer correctement. Et en un éclair nous voilà à avaler les marchés d’escaliers, pattes de velours, pour atteindre notre cible. Quelle déception d’avoir laissé filé l’autre moitié de ce trafic, mais j’ai l’intuition que ce n’est que partie remise, d’autant que Daewon semble savoir ce qu’il fait. Nous arrivons rapidement devant la porte supposée des quartiers loués de là Lieutenante. Je m’apprêtais d’ailleurs à crocheter la serrure quand la poignée se met à tourner d’elle même. Derrière la porte, quelques jurons, une complainte à propos du bazar brouillant qui se passe au réa de chaussé. Puis la voilà qui ouvre la porte à la volée, se plaçant nez à nez avec moi.


          Qu.. Vous êtes qui vous ?


          À cet instant précis, les possibilités sont infinies, et pourtant je vois bien que la Lieutenante comprend très rapidement qu’il y a un loup. Bref coup d’œil à mon acolyte, puis son attention revient vers moi. Encore un de ces regards haineux, sans doute le mécontentement d’être surprise par un « sous être » ou une connerie du genre. J’ai pas le temps d’en placer une qu’elle referme la porte avec fracas. C’est alors que l’agent Laranja et moi même avons le même réflexe, d’un Shigan rapide, voilà que nous faisons sauter la serrure ainsi que la poignée. Un coup de pied plus tard, la porte se retrouve grande ouverte, tout comme la fenêtre par laquelle l’officier véreux s’échappe à l’instant. Rapide état des lieux, aucune trace d’un quelconque sac ou autre contenant. La belle se fait la malle avec le magot !


          Voila qui est fâcheux.

          Tu l’as dit ! Faut pas qu’elle nous échappe !


          Comme si nous venions de nous mettre d’accord par télépathie, l’agent Laranja fait volte-face et disparaît dans l’encadrement de la porte. Quand à moi, je me rue à la poursuite de la lieutenante, bondissant par la fenêtre en usant du geppou. Incroyablement agile la bougresse, je ne mets pas bien longtemps avant de l’apercevoir sur les toits un peu plus loin et Bingo, ma vision nocturne me permet de voir qu’elle porte une espèce de grand sac sombre dans le dos. Il ne me faudra que quelques bonds pour arriver jusqu’à elle, seulement, je n’ai pas la présence d’esprit de penser une seule seconde qu’elle pourrait bien se retourner. Voilà qu’elle s’arrête sur un toit, se retourne et d’un geste dégaine son arme pour faire feu. J’utilise donc le tekkai afin d’échapper à une mort certaine. Malheureusement, étant en l’air, je tombe inexorablement pour m’écraser avec fracas quelques mètres plus bas. Dos endoloris et fierté atteinte, je me relève tant bien que mal pour l’apercevoir ricaner sur le toit avant de disparaître.

          Je repars doucement à sa poursuite, en espérant que mon acolyte aura plus de chance que moi…
            Cette mission ne veut décidément pas se passer sans multiplier les rebondissements. La situation n’est pas idéale, mais n’a rien de dramatique non plus. Ma collaboration avec l’agent Droséra n’est pas dûe au hasard : son dossier fait état de compétences en traque. La Lieutenante étant seule désormais, la poursuivre est un moindre mal, encore plus en tenant compte de la vision nocturne de mon coéquipier.

            Je m’élance à toute allure en direction de la sortie, enjambant la terrasse et m’écrasant en bas au niveau de l’entrée du bar. Les deux sentinelles, qui montaient suite à notre raffût, s’emmêlent totalement les pinceaux et se cognent au milieu des escaliers, chacun ayant visiblement eu une idée différente. Une fois dehors, je m’assure avant tout que notre cible ne se dirige pas en direction du port. Je n’ai pas envie de me retrouver face à d’autres ennemis après tous nos efforts.

            Peu après que je me sois précipité à travers le paysage urbain pour rejoindre mon coéquipier, un coup de feu résonne à travers tout le village. Mon cœur s’accélère, mais je n’ai pas le temps de penser à l’agent Droséra. Au contraire, c’est maintenant que tout se joue. Je sors également mon pistolet et tire en direction du toit d’où provenait le bruit. Je tire volontairement contre un mur afin qu’elle pense que des tireurs se trouvent sur les toits.

            Il était hors de question que je risque de la prendre de vitesse avec un Geppou depuis le sol. Je ne suis pas assez bon pour ça. En revanche, mon petit stratagème la pousse à sauter et à pénétrer une ruelle. C’est maintenant que tout se jouait.

            On inverse alors les rôles, et me voici sur le toit à la poursuivre. Les quelques lumières qui se sont allumées après le coup de feu me permettent de la prendre en filature tout en étant relativement bien dissimulé. Après une petite course de quelques minutes, elle ralentit. C’était le moment. Je m’élance sur elle et, à peine se tourne-t-elle vers moi que je sors mon escargophone-téléphonique et l'éboulis d’un petit flash, juste de quoi me permettre de lui enfoncer sèchement mon genou contre le visage, qui l’écrase brutalement contre le sol. Sans attendre une seule seconde, je sors mon pistolet afin de la neutraliser, mais elle se relève subitement et me projette à travers la vitre d’une petite boutique. Quelle force. La seule raison qui me permet d’être toujours entier, c’est le Kami-E.

            « Agent Droséra. Nord du village, après un écriteau lumineux violet. Je suis dans une boutique de vêtements. »

            Elle apparaît alors devant moi, alors que je me cachais derrière un mannequin, et tranche en diagonale dans ma direction avec son sabre. Surpris, je subis une légère entaille au niveau de ma jambe.

            « Nous savons tout pour le trafic, Lieutenante Van Hag. Vous avez toucher aux intérêts du Gouvernement. Vous connaissez les conséquences pour gêner la plus grande puissance mondiale. » lançais-je tout en me cachant à travers des étagères, profitant de l’obscurité ambiante.

            Il fallait que je gagne du temps. J’allais avoir besoin de l’agent Droséra, il était beaucoup trop dangereux de me lancer dans un combat, encore moins en ignorant ses capacités. Cela dit, elle semblait hésitante suite à mes paroles. Ou alors assez confiante pour répondre.

            « Ces menaces ne m’atteignent pas. Personne ne s’intéresse à vous, ni même à moi. Vous pourriez mourir dans l’indifférence tandis que je poursuivrai ma route en me faisant oublier. Prenez ce premier assaut comme un avertissement. »

            « C'est moi qui vous lance un avertissement, Van Hag. Un ultimatum. » répondais-je avec un calme olympien, en omettant volontairement son grade.

            Je préfère ne pas garder le silence dans ce contexte ; ça me permettra, à mon sens, de gagner plus de temps que de simplement rester caché. Et, effectivement, elle semblait pensive, craignant peut-être, quelque part, que l’affaire soit plus grosse qu’elle ne l’imaginait.

            Malheureusement, elle finit par faire tomber les étagères, libérant tous les obstacles entre nous. Je reste stoïque, croisant les bras dans mon dos. J'affiche encore une confiance absolue, qu'elle ressent certainement. Je compte encore sur la venue de l'agent Droséra. Même si, intérieurement, je réfléchis déjà à un moyen de neutraliser la Lieutenante au cas où je doive me battre seul - ce qui n'est pas un scénario privilégié.

            Lieutenante Van Hag:
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            Alors que je m’apprêtais à devoir essuyer une attaque imminente de Van Hag depuis les toits, j'entends un coup de feu juste avant de voir l'officier véreux disparaître. Probablement que mon acolyte n'est plus très loin. Je me relève alors pour reprendre la chasse et partir prêter main forte à l'agent Laranja. Petit coup escargophone afin de m'indiquer sa position approximative, une boutique de vêtement dans le nord de la ville, reconnaissable par un écriteau lumineux dans les tons de violet. Je me précipite, effectue quelques bonds grâce à mon geppou, tout en gardant un œil prudent sur mes arrières. Car même si la Lieutenante Van Hag se trouve devant, elle n'est peut être pas seule. Je finis par arriver devant ce qui semble être ma destination. Une petite boutique de fringues, l'enseigne lumineuse représente un tricot violet, elle clignote frénétiquement. J'entends qu'il y a du grabuge à l'intérieur et aussitôt je porte ma main à l'intérieur de mon veston pour en extraire mon revolver avant d'entrer prudemment, pattes de velours. Quelques mannequins renversés, du verre brisé et j'entends alors de nouveaux bruits synonymes d'échanges musclés, du mouvement dans le fond de la pièce, d'un soru habile me voici dans le dos de la lieutenante, arme pointé tout droit sur l'arrière de son crâne.


            Plus un geste Lieutenant. Veuillez mettre vos mains bien en évidence et vous tourner tout doucement vers moi...


            J'admets que j'ai pas vraiment l’habitude de faire ça. Si j'ai déjà eu à me servir du rokushiki ou de mon arme de service par le passé lors de quelques missions, je n'ai pour ainsi dire jamais menacé un officier de la Marine. Disons que je suis de ceux qui ont l'habitude de travailler en bureau avec comme arme principale une machine à écrire. Vrai que dit comme ça.. bah ça ne fait pas rêver, mais c'est pourtant la vérité. Et c'est peut être pour ça que je ne parviens pas à anticiper la manœuvre suivante de notre suspect : manque d’expérience de terrain. D'un geste rapide, elle saisit un mannequin buste pour le projeter violemment en ma direction. J'esquive le projectile mais me retrouve alors nez à nez avec Van Hag, qui lève son sabre pour frapper. Elle m'aurait sans doute aisément taillé les moustaches si l'agent Laranja n'était pas intervenu. Profitant de la diversion offerte par mon manque d’expérience flagrant, voilà qu'il se jette sur elle, d'un Soru bien placé, et qu'il lui décroche un violent coup de pied dans les côtes. Roulant sur le côté, je me dégage et entreprends d'attaquer à mon tour, indexe tendu dans sa direction, je tente de lui asséner un Shigan sur l'autre flanc, mais je manque de me faire taillader. La bougresse est rapide, agile comme un félin, elle se remet rapidement de l'attaque de mon acolyte, qui tente de surenchérir avec un rapide coup de poing. Van Hag stoppe l'attaque du plat de sa lame avant de contre attaquer mais Daewon esquive avec grâce avant de reculer de quelques pas. Cette fois-ci c'est moi qui en profite pour tenter quelque chose, je me jette dans son dos de manière grossière, charge la paume de ma main d’électricité pour la frapper tel la foudre. Je fais mouche. Un choc violent projette la jeune femme en avant et mon acolyte en profite pour lui délivrer un rapide coup de coude qui l'envoie tout droit s'écraser contre une étagère un peu plus loin.


            Assez Van Hag ! Rendez-vous.


            Je sens que ma patience s'estompe peu à peu, laissant filtrer quelques notes d'agacement. Incertain d'avoir réellement le dessus sur elle, même en attaquant de concert avec l'agent Laranja, je ne me démonte pas et reste aux côtés de ce dernier, revolver pointé vers notre proie. Il fait d'ailleurs de même, réduisant drastiquement toute éventualité de fuite de Van Hag, qui se relève d'ailleurs, cherchant dans un premier temps du regard sa lame qu'elle a laissé tomber avant de nous lancer un regard plein de haine.


            Hum... C'est vraiment ce que vous voulez ? Trimer toute votre vie avec un salaire misérable.. ? Je peux vous donner plus. dit elle avec un sourire en coin.

            Je pense que ça ira très bien ainsi. Vous allez nous accompagner. lance alors l'agent Laranja l'air paisible.

            Vous dites ça aujourd'hui, mais vous vous rendrez rapidement compte que ma proposition était un choix judicieux.


            N'ayant d'autre choix que d'obtempérer face aux canons de deux revolvers, tenus par deux agents qui manifestement ne se laisseraient pas aller à ce manège de corruption, c'est une Lieutenante Van Hag résignée qui s'avance doucement en notre direction. L'agent Laranja saisit alors un ruban violet, tressé dans un tissu robuste de prime abord et me le tends afin que je puisse ligoter notre prisonnière. Et même s'il ne laisse rien transparaitre, je peux sentir chez l'homme une certaine satisfaction d'avoir neutralisé cet officier véreux. Van Hag solidement ligotée, nous voila tous les deux à l'extérieur de la boutique. J'avoue être nerveux, c'est bien la première fois que je capture quelqu'un qui est censé œuvrer dans l'intérêt du gouvernement mondial. J'ai déjà bossé sur des dossiers de détournement de fonds, mais ce n'était rien du tout en comparaison du petit business qui se jouait ici. Mon homologue lui, se contente de marcher calmement à côté de notre prisonnière. J'admire son calme olympien... Prochaine étape, la caserne afin de retrouver le lieutenant-colonel Décro Foin, pour mettre en lumière toute cette affaire.
              Nous quittons les lieux une fois la cible appréhendée. Je donne une petite tape sur l’épaule de l’agent Droséra en guise de félicitations. Cette capacité électrique des Minks est assez impressionnante, il faut le dire. Tout ne s’est pas déroulé comme prévu, mais l’opération a globalement été satisfaisante. Je dois beaucoup à mon coéquipier. Je fais des efforts pour ne pas le montrer, mais malgré mon tekkai, elle est parvenue à me fracturer une côte - et c’est sans mentionner les multiples entailles que j’ai subies. Sans lui, les frais médicaux du CP4 auraient augmentés... mon supérieur n'aurait pas apprécié.

              Il est sûrement adéquat de mentionner que la lieutenante aurait pu se révéler plus dangereuse qu’elle ne l’a été. Toutefois, je pense qu'elle a souffert du jeu psychologique que nous avons mené, l'agent Droséra et moi - sans oublier que nous avons bien joué sur notre supériorité numérique.

              Comme l’île de Vuurtoren est affiliée au Gouvernement, nous parvenons à recevoir un petit renfort pour résoudre la question de l’équipage de la lieutenante. La confrontation avec les soldats de Van Hag nous laisse, le Mink et moi, dans une certaine incompréhension. Si ce n’est un peu d’agressivité en voyant leur lieutenante capturée, nous voyons surtout de la confusion chez eux. Lors d’un interrogatoire que nous menons pour savoir s’il y avait d’autres complices, l’affaire devient beaucoup plus claire.

              « Je vendais ces armes pour financer les soins hospitaliers de ma petite Hannah. Ma fille… Une moitié de l’équipage pensait qu’on approvisionnait une troupe chargée de combattre la Révolution… ça me permettait de justifier tout ça. L’autre moitié était plus ou moins au courant pour ma fille. Ce sont de bons soldats… le cœur sur la main. »

              Je soupire et ferme mon calepin sur lequel je rédigeais un procès-verbal à remettre aux instances juridiques. L’affaire était close. Un discours larmoyant et un motif émotionnel, aussi compréhensible soit-il, ne lui évitera aucunement la prison. Par acquis de conscience, nous nous sommes renseignés avec l’agent Droséra. Il s’avère que sa fille est effectivement atteinte d’une maladie grave, mais il est indéniable qu’elle a bien profité des sommes générées par la vente des armes. Je ne pense pas que sa fille ait été un prétexte… elle a simplement succombé au vice.

              De retour à Poiscaille, nous faisons un rapport rapide au lieutenant-colonel Décro Foin. Il s’avère que c’était le sergent McCoy qui dissimulait les armes dans les tonneaux de poissons salés. Mais, au vu des hennissements qu’il poussait, je pense que nous pouvons laisser le soin au lieutenant-colonel de s’occuper de ce cas-ci. Je pense même avoir aperçu de la fumée qui sortait de ses naseaux en plastique…

              Quoi qu’il en soit, notre travail ici était terminé. Nous fournissons la lieutenante Van Hag à un navire de la marine chargé de son escorte. Nous ne manquons pas de mentionner la jeune Hannah, juste histoire de nous assurer que la paperasse administrative ne prenne pas trop de temps pour s'occuper de ça. Cela fait, nous prenons à notre tour le large afin de retourner aux quartiers du Cipher Pol. Nous sommes épuisés tous les deux, mais passons encore un moment autour d’une table dans un salon du navire pour décompresser.

              « Voilà qui clôt notre collaboration, agent Droséra. » Je tapote du bout de l’index la cigarette que j’avais préalablement allumée et laisse tomber quelques cendres dans un coquillage faisant office de cendrier. « Ma foi… pas une mauvaise affaire, n’est-ce pas ? » lui dis-je dans un petit soupir trahissant ma fatigue. « Je sais bien que le travail d’équipe n’est pas le plus courant, ni le plus facile à appliquer dans notre métier… mais nous nous sommes bien débrouillés. Et je pense avoir grandement bénéficié de votre expertise. Si je dois à nouveau œuvrer de concert avec le CP2, j’espère pouvoir compter sur vous. »

              Nous discutons encore quelques instants, mais nous sommes tous les deux vaincus par le manque de sommeil. Je lui sers la main - ou la patte - et lui souhaite une bonne nuit. Ou un bonjour, dans le cas présent.

              Une fois seul, je repousse encore de quelques minutes mon sommeil afin de préparer un peu la paperasse pour la capture du client de l'ex-Lieutenante Van Hag. Apparemment, il s'agit d'un membre de la pègre, mais il ne devrait pas être trop difficile à capturer avec les renseignements que nous détenons.
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              Comme on dit, tout est bien qui finit bien. Van Hag arrêtée, elle ne manqua pas d’essayer de se justifier. Et même si son histoire semblait de prime abord touchante, nous n’étions pas là pour la juger ni même pour nous montrer emphatique. Nous avions une mission et nous nous devions de la mener à bien, ni plus ni moins. Bien sûr qu’objectivement parlant, je trouvais le motif louable et j’étais intimement convaincu que j’aurais potentiellement pu faire de même dans sa situation. Mais si il y avait bien une chose que j’avais appris, c’est qu’on ne vole pas le Gouvernement Mondial. Retour à la base, Decro foin s’était montré plus qu’irrité par nos révélations et nul doute qu’il y aurait des suites connaissant la réputation du bonhomme. Malgré ce sentiment d’inachèvement, le contact de Van Hag ayant prit la tangente, notre travail ici était officiellement terminé.

              Bref instant partagé autour d’une table en compagnie de l’agent Laranja, histoire de relâcher la pression accumulée. C’est une chance d’avoir pu collaborer avec un agent de terrain tel que lui et cette mission n’était en définitive pas une mince affaire comme je le soupçonnais initialement. Daewon m’indiqua même qu’il escomptait bien avoir affaire à moi de nouveau si nos services étaient ramenés à coopérer à l’avenir.


              Ce sera un véritable plaisir, vous pouvez compter sur moi agent Laranja.


              Et après une courte discussion au sujet de nos services respectifs, Daewon finit par prendre congés, me serrant la pince avec un sourire, que je lui rend. Épuisé par cette longue nuit, je regarde mon camarade s’éloigner en m’interrogeant au sujet de ce trafic. Saurais-je un jour qui était la deuxième partie impliquée ? Certainement pas non. Dès demain, je m’en retournerai sans doute à mon petit train train, à taper des rapports et vérifier des lignes de comptabilité au bureau. Terminant mon verre, je m’allume une petite clope chargée à l’opium, histoire de me relaxer d’avantage. Il est clair à présent que je ne terminerai pas ma vie dans les bureaux du CP2, cette collaboration m’aura fait réfléchir.. et je dois admettre que c’était probablement la mission la plus excitante qu’on m’ait confié depuis mon entrée au Cipher Pol.


              ————


              Nous y voilà Jim…


              Retour dans mes quartiers, je vois l’aube se lever à travers la fenêtre au fond de la pièce. Rapide coup d’œil à ma montre qui indique sept heures. Tant pis pour le sommeil, je m’installe sur la petite table et commence à rédiger mon rapport, m’appuyant sur les chiffres recopiés du registre de transport. J’ai à peine rédigé une douzaine de ligne que je pousse un profond soupir, le retour à la normalité Se fait sentir, je sens que ça va être long ct’histoire…