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Un ivrogne en mer, Acte I

Cela faisait désormais 2 jours que Tom arpentait les rues de Logue Town. Cette ville ayant eu un impact significatif sur la vie de ce jeune homme en quête d'un but, un idéal dans sa vie. Peut-être l'avait-il trouvé ici. Une vie de liberté en mer, loin de la monotonie de ces îles fades qu'il avait pu découvrir au cours de sa vie.

Pour la première fois depuis bien longtemps, Tom n'avait causé aucun problème ici. Aucune bagarre, aucune ivresse abusive n'était venue perturber son pèlerinage.

Cependant, il était désormais temps pour lui de quitter ces lieux. Il avait désormais soif d'aventure. Il ne savait pas vraiment où il irait ni ce qu'il ferait. Il se contentait simplement de se laisser porter par son instinct et les vastes océans entourant ce monde.

Il se dirigea donc à nouveau vers le port où il eut la bonne surprise d'y retrouver le petit équipage l'ayant amené ici. C'était un petit navire marchand assez inoffensif transportant quelques marchandises pour le compte de petits marchands. Seuls 4 marins d'apparence inoffensive composaient l'équipage de ce rafiot. Il se présenta donc face à l'un d'entre eux dans le but de pouvoir y embarquer à nouveau.

Le vagabond réussit donc à se faire accepter à nouveau à bord de cet embarquement sans trop de négociations, moyennant un coût de transport non négligeable. Ses derniers berry étaient désormais totalement écoulés. Toutefois, cela n'importait que peu pour Tom, habitué à cette sensation de sentir ses poches vides. Le marin lui indiqua cependant que 2 autres personnes se joindront au voyage. L'un d'entre eux était un petit marchand embarquant avec ses biens tandis que le second avait pour mission de protéger l'embarquement ainsi que les marchandises. Un commerçant et un homme de main donc. Ce n'était rien de bien effrayant ou inquiétant pour Tom. Quant à la destination de ce navire ? Le vagabond ne prit même pas la peine de l'écouter. Sa première destination n'importait que peu.

Le navire levait l'ancre dans deux heures, le temps que toutes les marchandises finissent d'être acheminées dans la petite cale. Heureusement que le marchand n'est pas trop chargé se disait-il, vu le maigre espace de stockage que cette caravelle abritait.

Tom fit le choix d'attendre à bord du navire, s'accoudant sur un bord de celui-ci et admirant l'horizon. Un léger sourire se fit remarquer sur son visage habituellement peu expressif. Tom était impatient de prendre la mer. A vrai dire, il n'avait jamais été aussi excité de sa vie.


Ces deux heures s'écoulèrent en un battement de cil et sans crier garde, la caravelle leva l'ancre et hissa les voiles vers de nouveaux horizons.

Le crépuscule pointa le bout de son nez assez rapidement. Après tout, l'embarcation avait quitté le port assez tard dans la journée. Chacun mangea de son côté : les 4 marins sur le pont; le garde, seul dans son coin et le marchand dans la cabine qu'il n'avait d'ailleurs pas quitté depuis le départ. Quant à Tom, prévoyant comme il est, ne mangea pas. Sans aucun berry en poche il avait été incapable de se procurer de la nourriture avant le départ. L'ivrogne se contenta d'observer tout ce beau monde dans son coin.

Une fois leur repas ingurgité et la nuit totalement tombée, tout ce beau monde finit par s'assoupir. Plein de curiosité et cherchant à tuer l'ennui, Tom s'en alla faire un tour dans la cale du navire afin d'y observer toutes ces fameuses marchandises. Aux premiers abords, rien de bien intéressant. De la nourriture, quelques outils et un peu d'alcool. C'est sur ce dernier point que Tom porta son attention. Une petite caisse de rhum dépassait de tout ce débarras. Sans se poser la moindre question d'éthique, l'ivrogne s'empressa de l'ouvrir afin d'y dénicher quelques bouteilles. Après tout, quelques jours s'étaient écoulés depuis sa dernière beuverie. Tout en débouchant une première bouteille il murmura :

"Je suis un pirate désormais, je n'ai d'ordre à recevoir de personne".

Ce crédo typique de la piraterie commençait à animer de plus en plus ses pensées, le poussant à agir sans gêne comme maintenant.

Une bouteille, deux bouteilles, trois bouteilles,... Tom avait rapidement perdu le compte. Le voilà désormais saoul, la caisse de rhum totalement vide et Tom à nouveau dans un état second. Il remonta donc sur le pont d’une démarche typique de l’ivrogne qu’il était tout en commençant à chantonner de plus en plus fort.

 C’est ainsi qu’il se retrouva sur le pont, se donnant en spectacle avec une bouteille de rhum vide à la main. Le pauvre Tom chantait terriblement faux et suffisamment fort pour réveiller l’équipage ainsi que l’homme de main assoupi contre la porte de la cabine de son employeur.

“C’est pas fini tout ce boucan ?”

S’écria l’un des marins, visiblement agacé par toute cette agitation.

Ces quatre gaillards furent les premiers à venir se poster face à l’ivrogne se donnant de plus en plus en spectacle.

Leur présence ainsi que ces précédentes interpellations eurent pour effet de stopper net l’euphorie du vagabond. Celui-ci changea radicalement d’expression afin d’afficher un visage menaçant. L’ivrogne trop joyeux venait de laisser place à la brute provocatrice.

“Tu FerAiS MiEux *hic* de Te RecOucher MousSailLon. SiNon Tu RisQues De *hic* Le RegRetTer.”

Le pauvre homme arrivait à peine à aligner une phrase correctement tant il était saoul.

C’est alors que l’homme de main se manifesta. Se frayant un passage entre ces quatres marins avant de venir se poster face à Tom.
Le vagabond, de par son imposante taille, se mit alors à le regarder de haut tout en détournant ses provocations vers lui.

“Tu EsPere ImPreSsiOnneR Qui CoMme *hic* ComMe ça ?”

Sans la moindre réponse de sa part, l’homme de main asséna un violent coup de poing en plein dans le visage de l'ivrogne, ce qui le fit perdre l’équilibre avant de venir s’écrouler au sol.

Plein d’assurance, l’homme de main le regarda plein de mépris tout en prononçant enfin quelques mots :

“Tu n’es donc doté que d’une grande gueule ? Quel minable.”

Pensant que cette altercation était terminée, celui-ci s'apprêtait à retourner à son poste lorsque, à sa grande surprise, Tom se releva tout en éclatant de rire.

“Hahahaha, tu ne m’as pas manqué !”

Étonnamment, Tom réussit à prononcer cette phrase sans aucune difficulté contrairement aux précédentes. L’ivrogne se mit alors en garde face à son adversaire tout en affichant un sourire mesquin traduisant son excitation face à une confrontation.

Le garde se permit de prononcer une phrase pleine d'assurance avant de se retourner vers son adversaire.

"Mais c'est que l'autre abruti en veut encore ?"

Sans lui laisser le temps de répondre, l'homme de main s'élança face à l'ivrogne afin de lui asséner un nouveau coup au visage. Malheureusement pour lui, Tom titubait fortement et d'un mouvement d'apparence involontaire, celui-ci esquiva sans mal ce coup avant de venir le frapper en plein dans l'estomac. Un coup bien placé suffisant généralement à mettre ses précédents adversaires hors d'état de nuire.

Toutefois, cet homme semblait bien moins faiblard que ses précédents adversaires. L'homme de main recula rapidement avant de tenter d'asséner quelques coup de pieds que Tom se vit obligé de parer tant bien que mal avec ses bras. Ceux-ci étaient particulièrement puissants et Tom le ressentait de par la douleur qui commençait à se faire sentir sur ses bras.

Le vagabond, après plusieurs coups encaissés, parvint à attraper le pied de son adversaire avant de venir le projeter au loin tel un sac de victuailles.

L'ivrogne ne laissa pas une seconde de répit à son adversaire et s'élança d'un pas bancal vers lui avant de venir lui asséner plusieurs coups sans aucune coordination ni aucune cohérence.

L'homme de main, réussit à se relever rapidement tout en semblant un peu sonné. Néanmoins, celui-ci réussit à esquiver les premiers coups avant de se retrouver dépassé par cette cadence difficile à anticiper.

Un coup, puis deux, puis quatre vinrent le percuter de plein fouet.

Les quatre marins quant à eux, ne pouvaient qu'assister à cette confrontation tout en espérant voir le garde triompher.

Les minutes se succédèrent sans qu'aucun des deux ne prenne totalement l'avantage, s'échangeant coup sur coup. Les deux affichaient désormais un visage abimé et même ensanglanté par ces violents chocs subis.

C'est alors qu'après un énième assaut, ceux-ci marquèrent un temps d'arrêt. Tom affichait toujours ce sourire narquois agaçant tandis que l'autre semblait éprouvé autant physiquement que mentalement par cette violente altercation.

L'homme de main semblait faiblir et Tom l'avait remarqué. Sans crier garde, l'ivrogne saisit alors la bouteille de rhum tombée à terre au début de cet affrontement avant de venir l'exploser sur le visage de son adversaire n'ayant pas eu à temps le réflexe de parer cet assaut.

Ce violent coup l'écorcha fortement sur tout le visage et quelques bouts de verre se retrouvèrent plantés sur celui-ci. L'homme de main posa ses genoux à terre, ayant probablement atteint ses limites. Tom, sans une once de conscience où de pitié lui asséna un dernier coup au visage. Un crochet du droit particulièrement violent dans lequel Il avait mis toute sa force restante. Quelques bouts de verre vinrent également se planter dans son poing lors de ce coup, cependant, le trop fort taux d'alcoolémie présent dans l'organisme de Tom eut pour effet de lui faire ignorer la douleur pour le moment.

Quoi qu'il en soit, le garde ne s'en relèvera probablement pas de sitôt. Il se retrouvait au sol, le visage fortement abimé, totalement inconscient et gisant dans une petite flaque de sang.

Tom détourna alors son regard vers ces quatre pauvres marins terrifiés par la scène à laquelle ils venaient d'assister.

"J'espère que vous avez apprécié ce petit divertissement"

Dit-il avec son visage ensanglanté le rendant encore plus intimidant que précédemment.

Ceux-ci, dans un élan de peur et un instinct naturel de survie vinrent s'agenouiller devant lui, l'implorant d'arrêter ces hostilités.

"Nous ne sommes que de pauvres marins, épargnez nous par pitié !"

C'est après cet acte de reddition qu'une idée surgit du cerveau embrouillé de Tom.

"Très bien *hic*, dAnS cE cAs, Je m'EmpArE de Ce nAvIRe ! Il est *hic* DéSorMaiS Ma prOpRIété et Je vOuS SoMme de m'ObéiR *hic* SoUs PeiNe De SuBir Le MêMe SOrt que VoTre Ami incOnsCieNt. Et en tant que P..premier ComManDeMEnt, je vous oRdOnNe d'aller Me liGotEr cet iMbéCile sUr le MaT AvaNt Qu'il ne se noie dans Son *hic* pRoPre SaNg."

Ceux-ci s'exécutèrent sans discuter. Ils étaient désormais simplement animés par la peur. L'un d'entre eux vint récupérer une corde dans la cale tandis que les trois autres s'occupèrent de porter l'homme de main. En seulement quelques minutes, celui-ci fut attaché au mat sous l'œil à moitié attentif de Tom.

La fièvre de la piraterie l'avait encore atteint. Cependant, pour une fois, l'ivrogne avait réussi à tirer un avantage de cette ivresse.

Victorieux et fier, Tom s'avança vers la porte de la cabine avant d'y trouver des Tonfas posées au sol, appartenant probablement à l'homme de main. Celui-ci les ramassa avant de les jeter à la mer d'un air indifférent. Cependant, il est clair que si ce garde était venu défier Tom avec ces armes, l'affrontement aurait été probablement bien plus difficile pour lui.

Le vagabond entrouvra alors la porte de la cabine avant de tomber nez à nez avec le marchand. Celui-ci était particulièrement terrifié et osait me menacer avec un petit couteau afin que je ne l'approche pas.

Bien entendu, Tom étant encore totalement ivre, ignora ce danger et s'approcha de lui. D'un mouvement médiocre, le marchand réussit à entailler Tom au niveau de son abdomen. La blessure était superficielle, cependant, en observant ce résultat, Tom saisit le pauvre petit marchand par le col avant de le projeter violemment hors de la cabine.

Le vagabond prit ensuite soin de ramasser le couteau avant de refermer la porte de la cabine, laissant le marchand apeuré et blessé en compagnie des marins.

Tom se retrouva donc seul dans cette petite cabine où seul un lit et un bureau sommaire étaient présents. Le vagabond prit soin de verrouiller la porte afin de ne pas être dérangé.

Fatigué et alcoolisé, Tom s'allongea finalement dans ce lit qui était désormais sien avant de s'assoupir presque instantanément sans se soucier de ses 6 otages présents sur le pont.
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La nuit fut longue mais peu réparatrice pour Tom. Celui-ci fut réveillé par les rayons du soleil traversant l’une des deux fenêtres présentes dans sa nouvelle cabine. Celui-ci se leva péniblement tout en se tenant la tête. Une gueule de bois particulièrement dérangeante et inhabituelle pour l’habitué du bon rhum. Cependant, l’ivrogne se souvenait plutôt bien de sa précédente soirée : passage à tabac et appropriation de cette embarcation.

C’est alors qu’une forte douleur à la main l'interpella. En baissant les yeux, celui-ci pu constater son poing recouvert de sang séché où résidaient également deux bouts de verre encore fermement plantés. Puis, en regardant encore plus bas, une petite entaille se fit également remarquer au niveau de son abdomen. Cette entaille n’était pas profonde et le saignement semblait stoppé depuis quelque temps. En s’approchant du petit miroir déposé sur le petit bureau au pied du lit, Tom pu totalement constater l’étendue des dégâts présents sur son visage également enduit de sang séché. Par ailleurs, une entaille particulièrement grande se fit remarquer juste au dessus de son sourcil gauche. Celle-ci lui laissera probablement une belle cicatrice.

Le vagabond s’empressa donc de fouiller cette petite cabine dans le but d’y trouver de quoi nettoyer ses plaies et se soigner du mieux qu’il pouvait. Tom n’était pas un médecin, cependant, ces années d’errance et de débrouille lui ont appris quelques trucs. Ce n’était pas sa première bagarre et ce n’était pas la première fois que celui-ci devait se soigner par lui-même. C’est alors qu’il finit par trouver dans un petit tiroir, une petite bouteille d’alcool appartenant probablement à ce marchand que Tom avait dégagé de la cabine quelques heures auparavant.

L'apprenti pirate s'installa donc sur ce bureau, face au miroir et commença par extraire ces bouts de verre de sa main. A défaut d’avoir pu se procurer une pince ou autre, Tom saisit ces bouts de verre à la main avant de les extirper d’un coup sec. Un cri étouffé se fit alors entendre, traduisant de la douleur que Tom venait de s’infliger. Après tout, ces bouts de verre s’étaient également collés au sang séché par ces heures sans traitement, leur extirpation fut alors bien plus douloureuse que prévue. Une fois ces morceaux enlevés, Tom s’empressa d’enduire d’alcool un bout de tissu trouvé au préalable avant de venir le coller contre son poing. La douleur était de plus en plus forte et Tom avait beaucoup de mal à ne pas crier. Il ne voulait pas faire entendre le moindre signe de faiblesse à ses 6 otages probablement encore présents sur le pont. Après quelques minutes, Tom se saisit d’un second bout de tissu, l’enduisant à nouveau d’alcool avant de venir l’enrouler autour de son poing tel un bandage de fortune. Une fois son poing partiellement soigné, celui-ci effectua la même manipulation pour son entaille au niveau de son abdomen. Un bout de tissu plus long enduit d’alcool que Tom enroula autour de son torse venant lui procurer quelques picotements bien moins désagréables que sur son poing.

Une fois ce petit jeu de l’apprenti médecin terminé, Tom se décida enfin de sortir de sa cabine. Une fois la porte déverrouillée, l’ivrogne se mit à scruter le pont silencieusement, attirant vers lui le regard de ses nouveaux otages. Aux premiers abords, rien ne semblait avoir changé depuis hier soir. L’homme de main était toujours attaché au mât et le marchand se tenait silencieusement dans un coin, probablement inquiet pour sa sécurité. Quant aux marins, ceux-ci étaient tous rassemblés sur le pont. Après tout, les voiles étaient rangées et l'encre baissée depuis hier soir. Le nouveau propriétaire de cette caravelle prononça alors vigoureusement ses premiers mots visant à rappeler son nouveau statut.

“Tout le monde, présentez-vous face à moi immédiatement !”

C’était la première fois que le vagabond dut faire preuve d’une si grande autorité et en voyant que tout ce beau monde s'exécuta sans broncher, Tom ressentit comme un frisson d’excitation lui parcourant l’échine. C’est donc ça la vie de pirate ? se disait-il.

Une fois tout ce beau monde rassemblé face à lui, le nouveau propriétaire de l’embarcation commença son speech.

“Bien, tout d’abord, j’aimerais connaître le nom de ma nouvelle propriété.”

Après quelques secondes sans réponse, l’un des marins prononça timidement quelques mots.

“L’observateur. Cette caravelle se nomme l’Observateur.”

Suite à cette réponse, tom ne put s'empêcher de ricaner.

“L’observateur ? Sérieusement ? Quel nom pitoyable.”

C’est alors que le marchand prit enfin la parole. A vrai dire, c’était la première fois que Tom entendait le son de sa voix.

“Que comptez-vous faire de nous ?”

En voilà une question intéressante. Après quelques secondes, Tom s’approcha du marchand avant d’approcher son visage proche de celui du marchand. Leurs deux front se touchaient pratiquement. C’est alors que d’un sourire narquois se distinguant sur ce visage ensanglanté fit son apparition.

“C’est une bonne question mon ami. Une très bonne question même. A vrai dire, toi et ton pote le beau parleur ne m’êtes d’aucune utilité sur ce navire. Je n’ai pas besoin d’otages inutiles.”

Tom pointa alors son doigt en direction d’une petite chaloupe présente sur sa droite.

“Je vais réquisitionner tes précieuses marchandises, et vu que je suis un mec plutôt sympa, je ne te tuerais pas. Cependant, j'espère pour toi et ton pote que vous savez ramer. Vous en aurez bien besoin.”

C’est alors que le vagabond se mit à éclater de rire.

“Bon, quant à vous mes très chers marins, j’aurais besoin de vos services encore quelque temps. Hissez les voiles et levez l’ancre ! Et plus vite que ça si vous voulez pas que je m’énerve.”

Ces pauvres hommes s'exécutent avant que l’un d’eux ne vienne poser une question bien logique.

“Dans quelle direction allons-nous ?”

Ce à quoi Tom répondit de manière évasive.

“Tout droit pour l’instant, je regarderai tout ça une fois que nos amis auront commencé à ramer.”

Le bagarreur saisit alors ce marchand par le bras avant de l’escorter vers la chaloupe. Celle-ci était attachée et prête à être descendue afin d’atteindre le niveau de la mer. Il ne manquait que ses deux passagers pour que celle-ci prenne le large.

"Dépêche-toi de t’installer dans ta belle embarcation luxueuse, je vais t’amener ton ami.”

Celui-ci s'exécuta sans contester. La manière dont Tom l’avait éjecté hier soir lui avait probablement coupé toute envie de se rebeller.

L’ivrogne se saisit alors de son couteau afin de détacher l’homme de main toujours inconscient et avec quelques bouts de verre toujours plantés dans son visage. Etait-il encore vivant ? Tom ne prit même pas la peine de le vérifier. Une fois détaché, l’ivrogne souleva ce poids mort avant de le transporter sur son épaule tel une simple marchandise.

Une fois le blessé installé sur l’embarcation, Tom fit descendre en rappel la barque jusqu’à ce que celle-ci atteigne l’océan. L’ivrogne s’apprêta à couper les cordages lorsque le marchand s’écria.

“Qui que tu sois, sache que tu regretteras cet acte !”

C’est alors que d’un élan plein de fierté et d’engouement, Tom lui répondit tout en coupant net ces cordages.

“Je m’appelle Tom Woods, pirate à la tête de l’observateur. Quant à toi mon petit marchand, tâche d’atteindre une île en vie avant de proférer de telles menaces.”

Après quelques minutes, l’embarcation prit le large, Tom pouvait encore entendre au loin les cris de ce marchand laissé au beau milieu de l’océan.

Une fois débarrassé de ces indésirables, Tom s’empressa de rejoindre le semblant de douche présent sur ce rafiot. Une simple petite cabine collée à celle dans laquelle le vagabond avait passé la nuit usant d’un collecteur d’eau de pluie afin de fonctionner.

Tom prit alors un malin plaisir d’user de cette eau afin de nettoyer totalement tout ce sang séché présent sur son visage et sur son corps.

Une fois lavé, le pirate récupera une carte des environs présente dans la cabine avant de  se présenter auprès d’un des marins tenant la barre de cette petite caravelle.
Le vagabond se mit à la scruter attentivement avant qu’une île lointaine vienne attirer son attention. Une île dont il avait entendu parler lors de ses années de vagabondage et qui faisait parfaitement sens selon lui quant à sa nouvelle vie de pirate.

Celui-ci se tourna alors vers ce qui semblait être le navigateur avant de l’informer de leur nouvelle destination.

“Rokade, l'île aux pirates, voilà notre nouvelle destination.”

Afin de motiver les marins à mener ce rafiot à bon port, celui-ci ajouta.

“Si vous parvenez à m’amener là bas sans encombre, je vous laisserais partir.”

"Rokade ?! Cette île est à des semaines de navigation d'ici !

"Dans ce cas vous feriez mieux de ne pas perdre plus de temps."

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Quelques semaines s’étaient désormais écoulées depuis l’abandon du marchand et de son homme de main. Plusieurs semaines de navigation durant lesquelles rien de bien notable ne s’était produit. La traversée avait fini par mener l’équipage temporaire de “l’observateur” sur une nouvelle mer : South Blue. Malgré ce périple sans encombre, l’ambiance à bord était assez mauvaise. Aucune distraction, aucun rire, aucun bon moment notable. Après tout, ces quatre marins retenus en otage n’ont pas vraiment de quoi se réjouir et se contentent d’obéir sous la menace constante de Tom.

Quant au vagabond, celui-ci était resté dans son coin la plupart du temps, n’échangeant avec ses otages que si nécessaire. Le jeune pirate n’était obstiné que par une seule chose : atteindre la fameuse “île aux pirates” d’où il pourrait réellement débuter son périple. Après tout, il ne savait pas grand-chose sur celle-ci. Seuls quelques ragots et rumeurs entendues par-ci par-là à l'époque où il passait la plupart de son temps dans les tavernes d’East Blue venaient animer son imagination. Un lieu où se côtoient des hommes libres et où les bagarres autant amicales qu’hostiles sont apparemment légion. Un endroit où le gouvernement n’a pas de réelle emprise.

Ce trajet avait également permis au vagabond de totalement guérir de ses blessures acquises lors de son altercation avec le marchand et son acolyte. Seules quelques petites cicatrices avaient réussi à faire leur place sur le corps du bagarreur. Deux d’entre elles sur sa main, à l’endroit où s’étaient logés ces bouts de verre et une présente au-dessus de son sourcil droit traduisant de la difficulté qu’à éprouvé Tom face à cet homme de main.

Quant aux vivres, celles-ci commençaient à se faire de plus en plus rare. Après tout, les stocks faits par les marins étaient initialement prévus pour une traversée de 2 semaines. Actuellement, ces stocks étaient totalement épuisés. Sans les denrées dérobées par Tom, actuellement présentes dans la cale, ce beau monde aurait été bien obligé de mettre un pied à terre. Heureusement pour eux, les marchandises présentes étaient en partie composées d’alcool et de nourriture, permettant à cette joyeuse troupe de poursuivre la traversée pour encore quelques jours en se rationnant. Cependant, Tom, de par les dires de son navigateur, commençait à craindre que ces stocks ne s’épuisent avant qu’ils atteignent leur destination.

En effet, après tout, il restait environ une semaine de navigation avant d’atteindre cette île. Une semaine qui s'annonçait plus difficile que les précédentes.

La journée était déjà bien entamée. Le soleil allait commencer à se coucher d’ici deux heures environ. Tom avait passé la journée sur le pont à observer l’horizon toujours aussi vaste et fascinant pour cet apprenti pirate. Toutefois, le vagabond avait eu sa dose de rêvassement pour la journée. Celui-ci se dirigea alors vers sa cabine avant de pratiquer quelques exercices visant à le maintenir en forme. Quelques pompes, quelques coups donnés dans le vide accompagnés de sautillements. Après tout, cette traversée était en train de devenir sa plus longue période sans affrontement ni ivresse. Les stock d’alcool étant assez maigres, l’ivrogne fut preuve d’une rare intelligence en se rationnant à seulement une bouteille par jour. Une fois ces exercices effectués, l’apprenti pirate s’allongea sur son lit avant de se mettre à fixer le plafond d’un regard vide.

Cependant, Tom ignorait que durant son “isolement”, un événement pouvant brusquement contrarier ses plans s’était produit. En effet, les quatre marins, présents sur le pont comme à leur habitude, commencèrent à apercevoir la silhouette d’un navire en face du leur. Ceux-ci, bien trop couards pour tenter quoique ce soit à l’égard de Tom, le jugeant trop dangereux pour eux, n’avaient néanmoins pas abandonné l’idée de lui causer du tort afin de retrouver leur liberté. Ces quatre lâches commencèrent donc à se diriger vers cette embarcation, priant pour que celle-ci ne soit pas aux mains de pirates.

Les minutes défilaient, cette silhouette au loin laissait désormais place à une image nette. Ce vaisseau voguait dans leur direction, probablement inconsciemment, expliquant le fait que ces marins réussirent à s’en approcher aussi facilement. C’est alors qu’un sourire commença à se dessiner sur le visage de ces quatre abrutis. Le vaisseau, naviguant dans leur direction n’était nulle autre qu’un navire de la marine. Ceux-ci se croyaient alors sauvés de cette oppression et commencèrent à discuter d’un moyen visant à attirer leur attention.

Idiots comme ils sont, ces quatre compères se mirent alors à engager une manœuvre, visant à lui barrer la route.

Tout d’abord, ceux-ci attendèrent d’être à une distance suffisante afin que leurs sauveurs ne bifurquent pas en voyant une caravelle entraver leur chemin.

Puis, une fois l’embarcation de la marine à portée, ceux-ci effectuèrent un virage à 90 degrés sur leur droite afin de bloquer leur progression.

Une fois la caravelle positionnée, les marins purent entendre des cris sur le vaisseau ainsi qu’une agitation grandissante sur le pont de celui-ci.

L’embarcation de la marine s’empressa alors de jeter l’ancre afin de ne pas entrer en collision avec la caravelle. Collision, promettant de lourds dégâts sur ces deux embarcations.

Malheureusement, cet imposant navire faisant presque passer l’observateur pour une vulgaire chaloupe n’eurent pas le temps nécessaire pour stopper le navire à temps.
Ces deux vaisseaux entrèrent donc en collision. Bien que ce choc fut largement amorti par les mesures prises par l’équipage de la marine, le choc eut pour effet de faire chavirer Tom hors de son lit.

Une fois ces deux vaisseaux mis à l’arrêt de manière forcée, les quatre couards se mirent à accourir sur leur gauche afin d’être au plus proche de l’embarcation.

C’est alors qu’un homme, semblant être un sous-officier de la marine s’approcha du bord de son navire, faisant désormais face à ces quatre marins déséspérés.

“Ceci est un vaisseau de la marine, vous êtes priés de libérer le passage immédiatement !”

Ce à quoi ces pauvres gens répondèrent.

“S’il vous plaît aidez-nous ! Nous sommes retenus en otage par un pirate depuis plusieurs semaines !”

C’est à ce moment que Tom franchissait enfin la porte de sa cabine. Un visage plein de stupeur et d’incompréhension se fit alors remarquer chez ce vagabond. Après tout, cette traversée s’était déroulée sans encombre, poussant Tom à faire preuve de négligence envers ses otages, les jugeant trop lâches pour lui causer du tort.

“Que se passe-t-il ?"

Sans laisser le temps à l’ivrogne de prononcer un mot de plus, l’un des marins s’empressa de pointer du doigt Tom encore dans la plus totale confusion.

“C’est lui qui nous retient en otage ! Arrêtez le par pitié ! Cet homme est dangereux.”

En entendant ces paroles, Tom se plongea dans une colère noire. Ces raclures l'avaient donc vendu à la marine. L’apprenti pirate, ignorant presque ces représentants de la loi, s'élança vers ses otages, plein de rage, il comptait leur faire regretter cet affront.

“Bande de merdes, vous allez le payer !”

Voyant la situation dégénérer, les soldats de la marine, accompagnés de ce sous-officier moustachu semblant commander cet équipage, se mirent à débarquer au compte goutte sur la caravelle afin de tenter d’intercepter Tom.

Deux d’entre eux vinrent s’interposer entre le pirate et ses proies. Avant même d’avoir pu le mettre en joue avec leur fusil, le bagarreur se plaça entre les deux avant de leur asséner un violent coup de poing simultané. L’un se prit le poing droit et l’autre le gauche : ils tombèrent comme de vulgaires feuilles mortes. C’est alors que certains marines restés sur leur navire, mirent en joue le pirate à leur tour.

Tom jeta un rapide coup d'œil dans leur direction avant de faire le choix risqué de poursuivre sa course vers ces marins apeurés. Un coup de feu retentit alors dans sa direction sans le toucher. Se sentant grandement menacé, le vagabond dégaina alors rapidement son couteau avant de venir se saisir d’un des quatre marins, plaçant sa lame sous sa gorge et faisant désormais face à ces nombreux marines le tenant en joue.

“Plus personne ne bouge ou je l’égorge !”

Suite à cet acte désespéré, un long silence se fit ressentir à bord de l’observateur avant que ce sous-officier ne s’avança vers Tom.

“Tu penses sérieusement que tu as la moindre chance de t’en sortir mon garçon ? Regarde bien, tu n’as aucune échappatoire, alors rend toi sans faire d’histoire. Tu feras gagner du temps à tout le monde.”

Cet homme semblait bien prétentieux, autant dans son attitude que dans sa façon de s'exprimer. Une attitude qui d’ordinaire aurait fortement agacé Tom.

Le vagabond ne répondit pas à cette sommation, il se contenta de grincer des dents tout en affichant un visage crispé. Tom se savait perdu, après tout, ces marines se fichait bien de la vie de cet idiot. Il serait probablement classé comme un dommage collatéral dans le pire des cas. C’est du moins ce que se disait Tom actuellement. Il scruta l’horizon, pas une seule île en vue. S’enfuir à la nage serait suicidaire et Tom venait de s’en rendre compte.

C’est alors que dans un mouvement désespéré, le vagabond propulsa son otage sur ce sous-officier avant de s’élancer vers celui-ci espérant que son projectile eut pour effet de distraire tout ce beau monde.

Quelques soldats se mirent à nouveau en travers de son chemin. D’une facilité apparente, Tom réussit à en assommer quelques-uns grâce à ses puissants crochets du droit dont il maîtrisait parfaitement le mouvement et la souplesse. Également armé de son couteau, le vagabond blessa plus sérieusement d’autres soldats venant même à en égorger un. Tom était désespéré et il agissait comme tel. Malheureusement pour lui, une fois face à ce moustachu, un violent coup de crosse vint heurter sa nuque lui faisant poser un genou à terre.

Fortement agacé par ce fauteur de trouble de Tom, ce moustachu se permit d’asséner un violent coup de pied en plein dans son visage. La puissance de ce coup n’avait rien de comparable avec les énergumènes que Tom avait pu affronter au fil du temps. Un coup si violent que le bagarreur se retrouva projeté au sol, complètement sonné.

Suite à ce violent choc, les soldats de la marine restant se mirent à entourer le vagabond toujours au sol avant de le mettre en joue. Tom avait perdu.

Sous la supervision de leur sous-officier, l’ivrogne se fit capturer. Tom était encore complètement sonné et incapable de réagir correctement.

“Enchaînez moi ce déchet dans la cale, je ne veux plus voir sa gueule.”

Les soldats s’éxécutèrent sans broncher.

Une fois Tom hors d’état de nuire, les soldats de la marine se mirent à inspecter chaque recoin de la caravelle. Lorsque ceux-ci tombèrent sur la marchandise volée, l’un d’eux accouru vers son supérieur toujours présent sur le pont de l’Observateur afin de l’en informer.

"Lieutenant Laffite, nous avons trouvé un stock de marchandise dans la cale, il s’agit bien d’un navire commercial.”

En entendant cette information, l’un des marins rétorqua.

“C’est ce qu’on vous a dit ! Ce pirate à dérobé notre navire ainsi que toute sa marchandise avant d’expulser le marchand sur une simple chaloupe.”

Le lieutenant, tout en se frottant son abondante moustache, prit enfin la parole.

“Intéressant, dans ce cas, nous allons embarquer cette marchandise avec nous. Vous m'avez entendus soldats ? Déchargez moi cette épave et plus vite que ça !”

Soudainement, les soldats se mirent alors à accourir vers la cale. Pendant que certains s'occupaient des morts et des blessés, d'autres se mirent à faire des aller retour entre la cale de l'Observateur et le pont, acheminant ces marchandises à une vitesse folle. Une fois sur le pont, ces caisses étaient acheminées sur le navire militaire par le biais de cordages. Une méthode simple mais bien efficace. Leur nombre et leur organisation était telle qu'en moins d'une heure, ces biens furent tous transférés dans la cale, non loin du lieu de détention de Tom. En effet, l'ivrogne avait été placé dans une cellule miteuse installée dans la cale. Ses poignets étaient tenus par d'épaisses chaînes en acier l'empêchant d'exécuter le moindre mouvement.

Désormais, Tom savait ce qui l’attendait probablement : la prison.

Le pirate était fou de rage, il avait été piégé comme un bleu par ses propres otages. Il comptait bien leur faire payer ça, à eux et à ce lieutenant prétentieux qui venait de détruire son rêve et ses objectifs.

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