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Cette fois c’est personnel

Cette fois c’est personnel Citade10

Retour sur Citadelle. Retour au bercail sur fond d’amertume. J’avais laissé Kutcham aux commandes de L’Indompté en compagnie de Ren, Megumi, Meria et les autres. Et voilà que j’accostais l’un des quais de la Swordfish Company à bord du Loup Solitaire. Les différents navires à quai laissaient entendre que les affaires allaient bon train ce qui me confortais dans l’idée que j’avais misé sur le bon cheval en laissant Ernesto à la tête du chantier naval. Je fus accueilli par une Djaymily heureuse de me retrouver enfin, joie réciproque mais rapidement estompée par le goût de la trahison.

Car si jusqu’à présent je n’avais eu aucune certitude quand à l’implication de Valnor dans les affaires qui m’avaient mené sur Whiskey Peak, ses récents agissements en disaient long. J’avais eu une discussion plutôt instructive via escargophone avec Djaymily quelques jours auparavant. En effet, Valnor était passé à l’offensive et il n’avait pas fait les choses à moitié. Suivi par une bande de pirates dont il avait obtenu la loyauté, il avait tenté de prendre le contrôle de l’équipage et du chantier naval en provoquant une mutinerie. Heureusement pour moi, la défense s’était montrée hargneuse et les mutins avaient été contraints de battre en retraite, ne parvenant pas à s’emparer de quoique ce soit. Nous aurions pu en rester là, encore que je ne suis pas certain que j’aurais pu laisser le tatoué s’en tirer à si bon compte, seulement ce dernier avait fait une énorme erreur. Lors des échanges houleux qui suivirent la mutinerie, il aurait grièvement blessé Elio. Et s’attaquer à un camarade était désormais considéré comme un acte impardonnable au sein des Sandstorm Pirates.

Les jours d’Elio n’étaient plus en danger, il se trouvait toujours alité, couvert de bandages et malgré son ton rassurant, la fatigue et la douleur se lisaient sur son visage.. mais Demeza veillait à son chevet. Recruter ce médecin de bord avait été un choix plus que judicieux en y repensant. C’était une aubaine qu’elle ne m’ait pas accompagné sur Little Garden, sans quoi les choses auraient peut être viré de manière différente…

Assit dans le bureau d’Ernesto, j’étais déjà en train de préparer ma prochaine manœuvre. Car avant de reprendre la mer pour retrouver les autres et continuer notre remontée de la route de tous les périls, il me fallait régler cette histoire bien trop longtemps restée en suspens. Autour de moi, tout le monde était absolument unanime, Djaymily, Demeza, Shizune et même Reyshu. Pour ce dernier les choses étaient sans doute plus compliquées puisqu’ami de longue date avec Valnor. Mais même dans ce cas, il s’accordait à dire que son ami Boréalien était allé trop loin cette fois-ci


Je suis avec toi Aze. Peu importe où ça nous mènera… dit il les dents serrées.

On ne peut pas laisser ce traitre s’en tirer de toute manière. ajouta Djaymily.

C’est certain. Nous allons aller le trouver.. et lui faire payer. Mais je veux être sur que cette décision ne nous divise pas par la suite.

C’est bon. Et je t’accompagne Aze. trancha Reyshu.


Même si j’étais généralement assez revanchard, partir affronter l’un de mes nakamas me semblait surréaliste. Seulement, Valnor avait atteint un point de non retour avec sa mutinerie. Ses différentes manifestations de désaccord, sa prétendue implication dans la capture de Kutcham et l’affrontement sur Whiskey Peak, et maintenant ça… Il était grand temps de régler ce problème une bonne fois pour toute. C’est la raison pour laquelle je pris le chemin de sa planque présumée en compagnie de Demeza et Reyshu, confiant la protection du chantier naval à Djaymily. D’après ce que cette dernière m’avait indiqué, elle était parvenue à pister le traitre et sa bande jusqu’à une ancienne aciérie. De ce qu’on en savait, il avait rallié une quinzaine de types en interne et deux fois plus en externe. En pleine expansion, il avait même réussi à rallier certains pirates qui commençaient à se faire un nom sur Grand Line. À dire vrai, leur nombre m’était totalement égal. Mon objectif premier était Valnor et que sa bande me le livre sans faire d’histoire était le meilleure des options possible. Malheureusement, je me doutais que l’affrontement était inévitable.

Aciérie atteinte, je me présentais directement devant la porte principale, gardée par un type qui faisait peut être deux fois ma taille, l’air patibulaire, des balafres dessinées partout sur son corps. Demeza et Reyshu restèrent derrière moi, aux aguets du moindre signal de ma part, alors que je m’approchais du colosse en marchant.


Je viens chercher Valnor. Je sais qu’il..

On est fermé, faites demi tour et tout se passera bien. me répondit le colosse du tac au tac.


Soupirant profondément et persuadé que ce type n’obtempérerait pas, je m’écartais pour laisser passer Demeza en lui faisant signe de la tête de s’en occuper. Le petit bout de femme leva les yeux au ciel et s’avança alors pour se mettre face au golgoth qui esquissa un sourire, manifestement amusé par la situation.


Qu’est ce que tu veux ma jolie ? Tu veux danser ? ricana-t-il.

Ouais on va danser sale porc. soupira la jeune femme.


En quelques secondes, elle se changea en un énorme éléphant et chargea notre interlocuteur sans sommations, qui était resté figé devant la transformation fulgurante. Le choc fut violent et le colosse décolla pour aller s’écraser contre la porte métallique, l’enfonçant au passage dans un bruit sourd. Les occupants de cette ancienne aciérie ne tardèrent pas à se montrer. Quelques hommes, dont certains pillards du grand nord qui avaient vogué sous mon jolly roger par le passé, surgirent de l’ouverture. Armés et visiblement prêts à en découdre, l’esprit de ces loubards commençait à s’échauffer. Reyshu et Demeza me jetèrent alors un regard, attendant mes ordres.


On est pas obligé d’en arriver là. Livrez-nous Valnor et on repartira sans faire d’histoire.

Tu m’veux.. ? Viens m’chercher ! hurla Valnor depuis l’intérieur.


Cette phrase sonna le début des hostilités, les mutins se jetèrent dans notre direction et dans un nouveau soupir, je me jetais moi aussi dans la mêlée aux côtés de mes camarades, Reyshu et Demeza.
    Les hostilités étaient désormais lancées, poings enduits de fluide offensif, je me retrouvais à cogner certains hommes qui avaient jadis navigué avec moi, des types aux côtés de qui je m’étais déjà battu… Bien sur, je n’en tirais aucun plaisir, bien au contraire, mais ils avaient choisi leur camp. Et de mon point de vu, ils avaient choisi.. lamentablement. Las de cet affrontement, sentant la rage bouillonner en moi depuis que j’avais entendu la voix de Valnor, j’utilisais les capacités de mon fruit pour créer une petite tornade de sable et là projeter sur les quelques sbires qui fonçaient sur moi.


    J’entre.. Rejoignez-moi quand la situation sera stabilisée ici.


    Mes deux acolytes hochèrent la tête entre deux coups. D’un geste ample, je balayais trois types qui me barraient encore la route, projetant une gerbe de sable dans leur direction pour les repousser, puis je me mis à courir en direction de l’aciérie. À peine arrivé à l’intérieur qu’une véritable pluie de balles s’abattît sur moi, me transperçant de toute part, sans pour autant me faire le moindre mal. Une douzaine de tireurs se trouvaient en hauteur, je décidais donc de me ruer dans le couloir le plus proche pour me mettre à couvert tout en répliquant, tirant des balles de sable durcit dans leur direction. Probablement que l’endroit était piégé, c’est pourquoi il faudrait avancer prudemment. Surtout que Valnor connaissait mes points faibles…

    Au bout du couloir, j’arrivais dans une grande salle où étaient entreposés tout un tas de ferrailles et au milieu, une jeune femme et un homme semblaient m’attendre sagement. Si la jeune femme avait déjà dégainé une petite dague et semblait prête à en découdre, le type qui se trouvait derrière elle se contentait de me fixer, les bras croisés.


    L’boss des Sandstorm Pirates sûrement ? Tiens tiens tiens…

    Tss… Livrez moi Valnor sans faire d’histoire. la coupais-je.


    La jeune femme se mit alors à ricaner avant de dégainer un flingue pour me mettre une balle entre les deux yeux. Si sa vitesse d’exécution m’avait surpris, fort heureusement, elle n’avait pas utilisé le haki. La balle me traversa le crâne avant de se loger dans le mur derrière moi. Pointant mon indexe dans sa direction, je contre-attaquais en tirant plusieurs balles de sable durcit, que la jeune fille esquiva avec agilité, se jetant sur moi avec sa dague. Et en moins de temps qu’il n’en faut pour dire « Citadelle », voilà qu’elle manqua de peu de m’entailler la gorge. Par précaution, j’esquivais de justesse son attaque, lui assénant un coup de pied pour la repousser. Ne lui laissant pas le temps de surenchérir, je créais rapidement un énorme poing en sable durcit que je lui projetais avec force. Forcée d’esquiver, l’attention tournée vers cette attaque, j’en profitais pour me propulser grâce au sable et me retrouver au dessus d’elle dans une attaque plongeante, abattant mes poings enduits de fluide offensif sur le sommet de son crâne avec force. Complètement sonnée par ce coup, mon adversaire eut un temps de latence, suffisant pour le coup de grâce. D’un rapide coup de genou dans le bas ventre, je l’envoyais au tapis pour un temps. Du moins c'est ce que je pensais. Car à peine eu-je le dos tourné que la furie se lança sur moi en hurlant, parvenant à m'entailler au niveau des côtes. D'un geste je m'éloignais d'elle mais compris rapidement qu'elle n'avait pas terminé sa manœuvre. Frappant rapidement l'air de sa dague, je manquais de me faire taillader à nouveau. Difficile de dire si elle utilisais le fluide offensif, mais je n'avais pas l'intention de le découvrir à mes dépends. Abattant mes deux mains sur elle je créais d'énormes paumes de sable compact pour la sonner à nouveau. Sans surprise elle esquiva en sautant et c'est à cet instant précis que je la gratifiais d'une bourrasque de sable pour la déstabiliser. Retombant en se frottant les yeux, j'en profitais pour lui envoyer non pas un, deux mais trois violents coups de poing couleur charbon dans le visage.

    La jeune femme s'écroula cette fois-ci pour une durée plus longue. Son camarade laissa échapper un petit rire, je me tournais vers lui. Armé d’un long sabre, il dégaina à l’instant même où le corps de sa camarade toucha le sol, me toisant désormais avec un sourire en coin.


    Je prendrais bien le temps de tailler une bavette mais je suis pressé. Hors de mon che..


    Il ne me laissa pas terminer ma phrase, se ruant sur moi en donnant un large coup de sabre, qui manqua de peu de me trancher le gorge. D’un geste rapide, j’esquivais son assaut soudain, contre-attaquant aussitôt en pointant les deux indexes dans sa direction pour tirer une salve de balles de sable durcit. Sans surprise, mon adversaire contra les balles à une vitesse folle grâce à sa lame, ce qui me permit de le prendre de vitesse, puisqu’occupé à contrer mes tirs. Changeant ma main gauche en lame de sable, je tailladais rapidement son flanc avant qu’il ne puisse me repousser. Visiblement contrarié, le type se mit à m’accabler de lames d’air suivant un rythme effréné. Et si les premières ne furent pas compliqués à esquiver, les suivantes parvinrent à faire mouche. Deux d’entre elles m’écorchèrent le bras gauche, me forçant à revêtir l’armure noircie conférée par le fluide offensif.


    Tu te souviendras sûrement pas d’moi.. mais j’étais là quand tu t’es fais rouster sur Banaro. Long Bobby.. Capitaine Long Bobby. dit l’homme un sourire en coin.

    Si je devais me souvenir de tous les connards que je croise...

    Moi je me souviens. Tu t’es fais étaler en seulement quelques coups.. comme un misérable insecte.

    De l’eau a coulé sous les ponts depuis. Arrête de jaqueter et amène toi qu’on en finisse.


    Je dégaine alors Griffon et effectue une passe d’arme en vue d’intimider mon adversaire, faisant tournoyer la longue lame avant de la pointer en sa direction.


    C’est une lame magnifique que tu as là… Je la récupérerai sur ton cadavre !


    L’homme se mit à hurler en me fonçant dessus et nos lames s’entrechoquèrent à plusieurs reprises. Aucune idée de qui il s’agissait. Peut être un pirate connu, peut être pas. De toute façon, quelle importance ? J’avais la ferme intention d’en finir avec lui et de repartir illico à la recherche de Valnor. Mais alors que je pensais perdre mon temps, je me dis finalement qu’il serait peut être judicieux d’ajouter sa tête à mon tableau de chasse dans la course au poste de Corsaire. L’homme était rapide et plutôt agile, mais ses coups n’étaient pas trop durs ce qui me permettait de les contrer sans trop en pâtir. Et d’ailleurs, pourquoi ne pas le laisser se fatiguer, je me contentais de parer ses différents assauts, impact après impact, sentant qu’il commençait peu à peu à perdre patience. Et dans un duel au sabre, perdre patience conduit bien souvent à commettre une erreur.
      Et quoi de mieux que la provocation pour accentuer les risques de faire des erreurs ? Je décidais de frapper à mon tour, de contre-attaquer avec force pour le pousser dans ses retranchements. Je ne le laissais pas me toucher, car si ses lames de vent avaient pu me blesser, c’est que cet adversaire était coutumier du haki. Le repoussant à quelques mètres, j’affichais un large sourire en le fixant.


      Ben alors « Long » Bobby.. c’est vrai que pour le coup.. t’es un peu lent…

      Qu.. fais le malin. Tu vas vraiment crever…

      Si t’étais sur Banaro ce jour là, c’est que t’étais avec les Sunset Pirates… Le simple fait que tu sois ici aujourd’hui, tout seul.. sans équipage… Ça veut juste dire que tu t’es fais jeter comme une merde. Pauvre « Long » Bobby…


      Et ça ne rata pas, Bobby se rua sur moi, les yeux plein de haine, sans doute avais-je vu juste. J’avais touché une corde sensible, le gaillard redoublait d’effort pour m’éliminer, ses coups devenaient plus puissants. Mais aussi plus lents et donc plus prévisibles… Après avoir contré péniblement quelques attaques, je me décidais enfin à frapper à mon tour, avec dureté, pour lui mettre la pression et le pousser dans ses retranchements. Je parvenais même à le faire reculer tout doucement, jusqu’à un tas de ferraille.
      Souhaitant tourner court cet affrontement, je décidais de semer le trouble chez mon adversaire, appuyant sur sa garde avec Griffon en main droite, je changeais ma main gauche en lame de sable pour tenter de lui transpercer le bas ventre. Mais il parvint à contrer l’attaque, reculant de quelques mètres. Lame vers le plafond, il l’abattit dans ma direction, projetant une nouvelle lame d’air que je peinais à esquiver, voyant mon épaule gauche entaillée. Ce type parvenait à infuser du fluide combatif dans ses lames d’air, un seul faux pas de mon côté pourrait me mettre dans une situation embarrassante et me coûter un bras.

      D’un geste ample je créais à mon tour une lame d’air que je projetais dans sa direction. Sans surprise il parvint à l’esquiver, ne cherchant même pas à la briser et c’est à cet instant que j’eus une idée. Continuant à le provoquer verbalement, je ne cessais de lui envoyer des lames d’air qu’il esquivais sans peine. Détournant tout doucement son attention, je finis par créer une de mes lames d’air boomerang qui fut envoyée dans le lot. Bobby esquiva, mais cette fois, la lame revint le frapper violemment dans le dos. Je profitais alors de cet instant de stupeur pour attaquer, bondissant en avant pour tenter une frappe haute avec Griffon. Attaque que mon adversaire para difficilement, mais il ne fut pas assez rapide cette fois-ci pour éviter ou contrer la lame de sable.

      Un filet de sang perla au coin de ses lèvres à l’instant même où la surprise envahit son regard. Mon attaque venait d’atteindre son bas ventre, d’un coup de tête je brisais son fichu monocle avant d’afficher un sourire aux portes du sadisme. Je profitais alors de cet instant d’inattention pour trancher purement et simplement la main de ce pauvre Bobby, le désarmant par la même occasion.

      Le pirate se mit alors à hurler, mélange de douleur et de terreur, avant de me balancer les ferrailles qui lui passaient par l’autre main à la figure. Convaincu que ce combat était d’ores et déjà terminé, je laissais même les différents objets métalliques me traverser, me reconstituant à chaque fois. Essuyant la lame de Griffon, je la rengainais, regardant mon adversaire défait. Ce dernier semblait en pleine crise de panique, poussant ses hurlement, s’éloignant le plus possible en me lançant des objets à la figure. Il finit même par filer dans la pièce suivante, sanglotant misérablement. Je lui emboîtais le pas pour me retrouver dans une pièce plus étroite au plafond très haut, parcourue de passerelles en hauteur. Long Bobby était au sol, haletant en se tenant son moignon fraîchement taillé, le regard plein de détresse.


      Arrête de brailler… Si tu cautérise ça vite, tu devrais t’en sortir… Dis moi ou es Valnor.


      À peine le nom de ce traitre prononcé qu’un truc grinça un peu plus haut, précédent un bruit sourd. Je remarquais trop tard qu’une espèce de grande trappe s’ouvrir et qu’une grosse quantité d’eau se déversa, m’écrasant littéralement en tombant. Trempé, l’eau jusqu’aux mollets, je l’aperçut alors. Accroupi sur le rebord d’une passerelle en hauteur, il bondit pour me tomber dessus avec fracas, son énorme masse manquant même de m’écrabouiller, si je n’avais pas bondi en arrière : Valnor se montrait enfin.


      Ça faisait un bail Aze… me dit il la mine réjouie.

      Tu sors enfin de ton trou à rat.. sale traitre.

      Je pensais pas te revoir un jour.. faut croire que t’es plus tenace que t’en as l’air…


      Admettant à demi mot qu’il était derrière certaines déconvenues vécues depuis mon précédent départ de Citadelle, il se rua sur moi pour abattre sa masse d’arme dans ma direction. Impossible pour moi de me changer en sable à cause de toute cette eau, et Valnor le savait, il n’aurait pas trente six occasions. Le choc fut très violent, j’en ressentais les vibrations lorsque je bondit sur le côté pour éviter de finir en carpaccio. Sans perdre une seule seconde, le tatoué releva son arme et m’attaqua de nouveau. Impossible d’esquiver, me voilà contraint de durcir mon bras gauche à l’aide du fluide offensif, priant pour que cette attaque ne m’arrache pas le bras. Le choc fut extrêmement douloureux, je sentis mon bras absorber l’impact et un instant seulement plus tard, je me voyais dans l’impossibilité de le bouger de nouveau. Un troisième assaut manqua de me faire exploser la tête mais je parvint à rouler sur le sol encore partiellement inondé pour me dégager.


      Tu ne mérite pas cet équipage. J’avais foi en toi quand je t’ai rencontré sur Boréa tu sais ? Quelle cruelle désillusion.. enchaîner revers sur revers… Je serai sans doute meilleur capitaine que toi.


      Mourir ici et maintenant et laisser cet enfoiré retenter de prendre la tête des Sandstorm Pirates ? Aucune chance. Je lui laissais la primeur et attendais sagement qu’il daigne se jeter sur moi, là encore, sa masse d’arme ne passa pas bien loin de moi, mais je parvins à passer sur son flanc. J’en profitais d’ailleurs pour noircir mon poing afin de lui coller une beigne dans les côtes. Le voyant grimacer et lever son arme, il la fit rapidement tournoyer dans ma direction. Encore une esquive de justesse, mon bras gauche semblait réellement inutilisable, une douleur intense ne cessait de m’envoyer des décharges. Ayant tout juste le temps de durcir mon corps à l’aide du haki, je fus alors pris de vitesse, Valnor parvint à me toucher au thorax, d’une frappe frontale, m’envoyant directement au tapis.
        Corps endolori, souffle coupé, je me sentais sombrer lentement, sans pouvoir respirer. Gisant sur le sol humide, je fis ce que je peux pour me relever, rampant péniblement en redoutant le prochain coup. Valnor s’approcha alors, laissant sa masse d’arme traîner par terre bruyamment derrière lui. J’aperçus Long Bobby un peu plus loin, toujours conscient, mais au bord de l’évanouissement. Lui et moi étions en définitive dans la même situation... Le dernier coup que le tatoué m’avait porté m’avait littéralement défoncé…


        Encore un revers. Décidément… Décevant jusqu’à la fin. railla Valnor le sourire aux lèvres.


        Il leva sa masse d’arme en l’air, affichant une mine satisfaite avant de l’abattre sur moi. Cette fois-ci pas de haki, pas d’artifice, je roulais légèrement sur le côté pour éviter l’attaque, l’impact me projetant tout de même à quelques mètres. Je parvins à me relever, m’aidant de mon seul bras valide. Mon souffle revenant doucement, ce n’était pas encore tout à fait ça… Valnor renchérît avec une nouvelle attaque, écrasant sa masse d’arme juste à côté de moi. Je sentais qu’il fatiguait peu à peu, sans doute le moment de tenter quelque chose. Dans un dernier effort, j’attrapais son arme, m’en servant telle une barre de pôle dance pour me projeter et lui décrocher un coup de genou durcit au haki dans la mâchoire. Ne s’attendant pas à une contre-attaque, je vis son sourire satisfait s’effacer une fraction de seconde avant l’impact, une fraction de seconde avant qu’il ne lâche enfin sa masse d’arme et qu’il trébuche en arrière.

        Profitant de le voir au sol, je me jetais sur lui et le martelais de coups de poing couleur charbon, lui faisant sauter quelques dents. Mais rapidement, je sentis ses propres poings me heurter les côtes avec force. Un échange au pugilat dont je me serais bien passé, mais sans aucune possibilité d’utiliser mon fruit, je n’avais pas vraiment le choix. Il finit par me faire basculer et se retrouva sur moi, à serrer ses deux énormes mains autour de ma gorge, me privant d’air de nouveau. Bras gauche momentanément indisponible, je continue à le frapper au visage avec mon autre poing. Mes forces s’amenuisant à mesure que l’oxygène me manquait… Il me fallait une solution.. Reyshu.. Demeza.. Quelqu’un… J’en vint même à tenter de retirer ses paluches de ma gorge mais sans succès… Me sentant de nouveau sombrer, je plaquais ma main sur le visage de mon adversaire et tentais le tout pour le tout.

        Le voilà qui hurle et qui dessert son étreinte. La partie gauche de son visage commençant à s’assécher, ce qui me permit de reprendre un peu d’oxygène. Je le saisit alors par le col, me propulsant avec mes jambes pour l’éjecter et le faire passer au dessus de moi. Un gros crack retentit, le temps de m’extirper et de me relever rapidement, je constatais que j’avais propulsé Valnor sur une espèce de grande manivelle, une bonne partie métallique lui traversant désormais le ventre. Une gerbe de sang coula alors de sa bouche, il tenta bien de se dégager mais la douleur le rappela bien vite à la réalité.


        Qu.. quoi.. no.. comment.. c’est.. arrête… balbutie Valnor.


        Plus rien de ce qui sortait de sa bouche n’avait de sens. Faut dire qu’avec une longue tige métallique d’une bonne quinzaine de centimètres de diamètre au travers du corps, les choses devaient être plus compliquées. Me relevant tant bien que mal, je me retrouvais en pleine hésitation quand à la décision à prendre à cet instant précis. La haine que j’éprouvais à son égard s’était presque estompée, le voir dans cette position de faiblesse, dans cet état, en viendrait presque à me faire de la peine. Je décidais donc d’abréger ses souffrances, m’approchant de lui en dégainant Griffon, je regarde ses yeux écarquillés un bref instant et passais ma lame au travers de son cœur sans sourciller. Le résultat fut immédiat, la dernière étincelle de vie le quitta au moment où son regard se figeait avant que sa tête ne retombe, victime des lois de la gravité. M’agenouillant sur le sol encore humide, reprenant mon souffle tout doucement, Reyshu et Demeza ne mirent pas bien longtemps à me rejoindre.

        L’homme poisson resta un instant à fixer son ancien camarade, le corps inanimé, empalé sur cette longue tige métallique, avant de fermer les yeux dans un long soupir et de lui tourner le dos de manière définitive. Posant ma main sur son épaule, je prononçais alors des mots qu’il n’aurait jamais pensé entendre dans cette situation. Sans doute n'était-ce vraiment pas le moment, mais les pillards du grand nord auraient besoin d’un nouveau leader…


        À compter de ce jour, je te confie le commandement du Loup Solitaire et des pillards du grand nord Rey’…

        Je vois... Je tâcherai de m’en montrer digne.. Capitaine. affirma l’homme poisson l’air grave.


        Demeza se mit alors à m’ausculter rapidement, dans le but de déterminer la gravité de mes blessures suite à cet affrontement presque fratricide. Je n’arrivais pas à décoller mon regard du corps inanimé de Valnor, songeant à tout ce qui avait mené à cette terrible conclusion. Sans doute avais-je négligé une partie de mes camarades. Sans doute les choses auraient pu tourner autrement… Reyshu sortit de la pièce, sans doute avait il besoin de souffler, de faire le point sur toute cette affaire. J'aurais aimé que les choses se terminent autrement... Je me jurais en cet instant que cette situation n’arriverait plus jamais au sein de mon équipage.


        —————————


        Valnor et ses sympathisants éliminés, la bataille prit réellement fin et nous pûmes regagner les bureaux de la Swordfish Company. Reyshu n’avait pas dit un mot de tout le trajet retour, se contentant de regagner Le Loup Solitaire pour se préparer au départ. Lui et Valnor avaient été amis pendant de longues années, c’est même lui qui avait fait entrer le tatoué dans l’équipage. Demeza s’était montrée rassurante vis à vis de l’état de santé d’Elio et d'après elle, la joyeuse bande pourrait reprendre la mer d’ici quelques jours.

        Les hommes se préparaient déjà à partir pour retrouver Kutcham et les autres, et j’avais chargé Djaymily de mettre Long Bobby et Ringo aux fers. Les pauvres diables étaient encore en vie, et des soins leur avait même été dispensés. Malheureusement pour eux, leur tête étant mises à prix, ils seraient livrés à la marine dans les meilleurs délais, autant allier l'utile à l'agréable. Tout le monde s’était d’ailleurs montré étrangement compréhensif lorsque j’avais abordé cette histoire de Corsair Race, mais je savais qu'au fond, certains resteraient soucieux suite à un tel changement de situation.

        Je méditais sur les récents événements, penché à la fenêtre de mon bureau qui donnait sur l’intérieur du chantier, les yeux rivés sur les différents navires à quai, réfléchissant si les choses auraient pu se passer autrement. Ernesto vint alors à ma rencontre, se posant à la fenêtre à mes côtés.


        Pas toujours facile d’être le Big boss hein.. me dit il.

        Je ne sais franchement pas où est ce que ça a merdé avec Valnor…

        On ne peut pas toujours contenter tout le monde Azerios. Parfois il faut juste accepter qu’il y ait des planches pourries. Si ça a merdé.. c’est que ça devait merder. ajouta alors Ernesto d’un ton calme.

        Il était dans le vrai, j’avais beau réfléchir, ressasser les différents événements qui étaient arrivés depuis notre départ de Boréa, je ne voyais aucune vraie raison qui aurait pu pousser Valnor à vouloir m’évincer. J'avais l'impression d'avoir toujours fait les choses dans l'intérêt de l'équipage avant tout... Mangrove Works, Alabasta, L'Île du Levain... J'avais beau être un tantinet égoïste, tout le chemin parcouru jusqu'à présent n'était pas uniquement pour moi, pour ma réussite personnelle. Non, j'aspirais depuis toujours à pousser mon équipage vers le sommet de la piraterie. Mon regard balayait les différents navires à quai, plus bas, deux d’entre eux retenaient particulièrement mon attention. Deux grands navires, sombres, amarrés dans le fond du chantier.


        Ils te plaisent hein. Les gars ont fait un travail de titan.

        Ce sont de beaux bâtiments ouais.

        Des bijoux. Le Noirsillage et L’Impardonnable. Une puissance de feu plutôt conséquente qui vous permettra de faire beaucoup de bruit sur la route de tous les périls.

        J’ai hâte de voir ça...


        En faisant une rapide rétrospective, je me retrouvais désormais à la tête d’une véritable petite flotte, grâce à l’excellent travail des employés de la Swordfish Company et à tous les alliés recrutés sur la route de tous les périls jusqu’à présent. La prochaine étape serait de regagner le Royaume de Drum, afin de retrouver Kutcham et les autres, en espérant qu'en mon absence les choses n'aient pas déraillé. Depuis le coup d'éclat de Méria, j'étais quelque peu.. soucieux. Si j'avais prit Reyshu avec moi c'était principalement pour éviter de nouveaux bains de sang en interne et plus le temps passait plus j'avais hâte de revoir le reste de la bande. Réputation grandissante, bientôt, les Sandstorm Pirates débouleraient dans le nouveau monde, à l’assaut des plus hautes strates de la piraterie... En route vers la richesse et la gloire...