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Ambition [Farore]

- Gardez les alentours.

La fumée de la cigarette lui pique les narines, en soufflant un nuage de tabac, les sourcils haussés et le visage amusée devant la demeure en ruines devant elle et ses filles. La forgeronne écrase le mégot sous ses bottes avant de se tourner vers sa bras-droite.

- Elizia tiens moi au courant de la situation.

Ses lieutenantes savaient quoi faire, si l'Iron Fleet n'avait pas déployé toute ses forces et ressources, ce n'était pas tant par peur des conséquences sur l'île, mais parce que rameuter mafieux et marines ne ferait que provoquer une perte de temps inutile. La demi-géante posa un instant sur la pleine lune éclairant la bâtisse décrépie, et pourtant c'était à l'intérieur que se trouvait la personne désirant rencontrer l'Armure. Il ne fallait pas tomber dans le jugement hâtif et le dédain inutile, après tout c'était grâce la septième usurière, Sara 'Demi-Lune' et ses connaissances sur les Blues que cette rencontre avait lieu. Izumi avait sauvée la vie de celle qui régnait sur les restes de son organisation, la lune opaque opérant désormais sur Armada, et si pendant deux ans l'Armure et la femme ne s'étaient pas revus, la libre capitaine souhaitait désormais faire plus d'affaires avec son ancienne protégée. Ainsi si Sara avait insistée pour qu'Izumi se déplace jusqu'à cet endroit, devant ce manoir en ruines, la pirate faisait confiance à sa contact.

Elle toqua deux fois aux portes du bâtiment puis entra sans attendre de réponse, il fallait s'imposer et prendre de la place dès le début. La première impression était la plus importante, faire comprendre à sa futur interlocutrice que l'Armure ne s'abaisserait devant personne. Pour cette prestance, pour cette facette de sa personnalité, elle avait soufferte, dès le début. Dès Las Camp et cette scarification de la triade, de cet épisode, de ce tatouage sur sa joue, il n'y avait aujourd'hui plus aucune honte.

- Vous souhaitiez me voir, dame Corsandre.

Elle s'incline, car la politesse est due à quiconque s'en montre digne. Le respect, c'est tout ce que demande la primée, pourquoi prendre un ton froid et hautain lors de l'introduction? Cette femme n'avait, encore, rien fait envers l'Armure, aussi et comme il lui arrivait lors de rares occasions, Izumi prit la parole avec un ton neutre.

- Votre demeure est impressionnante, mais je ne pense pas que vous avez mandaté ma présence et celle de mon équipage pour la restaurer.

Une main sur le pommeau de Menteuse, le Meitou à la ceinture, son regard se plissa un instant et ses iris fixèrent ceux de l'autre femme. Sur la terre des mafieux, rester sur ses gardes était le minimum, s'immiscer entre les affaires et les rixes des différentes familles? Un léger sourire se dessina sur le visage angélique de la demi-géante, elle pouvait se le permettre désormais.

Tant qu'elle et les siennes étaient payés pour leurs contribution.
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- Ambition-



Le temps est à nouveau maussade sur Manshon. C’est une chose des plus courante sur North Blue, c’est un climat exigeant et rigoureux qui a tué par le passé bien des voyageurs mal équipés.
Mais l’épais manteau de brouillard, lacéré ça et là par les gouttes aiguisées de la pluie glaçante, semblent refléter le caractère actuel d’Alfred.
Farore est dans le bureau de son père, elle n’avait jamais touché le moindre bibelot ou le moindre meuble pour ne pas froisser sa mémoire et elle s’en était encore moins approprié ce dernier. C’était un lieu de culte, un endroit pour saluer la mémoire, et c’est pour cette raison qu’il y préside bien fièrement, contrairement au reste de la maison.
Le bruit de l’eau sur les carreaux se fait plus vociférant, ajoutant une teinte inquiétante au Manoir qui prend des airs de château hanté. Il est effectivement hanté par le passé et un destin fauché. Alister F. Corsandre avait plus que jamais voulu un fils pour lui succéder, sa peine fût incommensurablement frustrante en voyant arriver une fille au sein du manoir. Par faute d’héritier mâle, il avait dû se rabattre à contrecœur sur sa fille, léguant ainsi un empire qu’elle aura détruit en quelques années.
Alfred est lui aussi l’un des derniers fantômes du manoir. Il est le majordome de la famille depuis son prime âgé et n’avait au grand jamais lorgné sur une autre famille plus aisée ou plus réputée. Sa loyauté, sûrement acquise, est aux Corsandre et a personne d’autre.

« Madame, le message a été passé auprès des Usuriers. Ils ont tenu à stipuler que c’était là le dernier service qu’ils rendraient à la famille Corsandre. Ils ont dit qu’ils faisaient ça par respect par rapport à votre père et en aucun cas pour vous. »

Ainsi donc, le bruit des destructions des héritages familiaux était même parvenu aux Usuriers. C’était une chose banale, mais voilà que Farore se met à sourire. Un sourire carnassier qui dévoile une rangée de couteaux blancs acérés, aussi aiguisés que son esprit fourbe. Même les Usuriers croient en la mort prompte de la famille Corsandre, c’est un plan que Farore prépare depuis des années, les sept familles ne se sont que trop engraissées et sont devenues bien trop laxiste. Il est plus que temps de placer la loupe au-dessus de la fourmilière.

Farore avait un simple signe de tête à Alfred pour faire comprendre qu’elle avait reçu le message haut et clair. Ce dernier s’en retourne à ses occupations avant d’entendre quelqu’un frapper à la porte. Avant même qu’il ne puisse ouvrir la porte en annonçant décemment la visite, une gigantesque armure se précipite dans le hall, disposant au grès de ces pas, l’eau qui avait ruisselé sur les lourdes plaques de métal. Alfred aurait bien tenté de la stopper, mais le poids des années et les affres du temps l’empêche d’avancer correctement, si bien que l’armure pousse d’ores et déjà les portes du bureau familial.

Farore lève les yeux de son bureau, jaugeant d’un œil mauvais l’intrusion de la femme mystérieusement plaquée de fer.
Cette dernière s’exprime avec un compliment banal et faussé, une preuve que la dame en question ne semble pas être à l’aise avec les contrats sociaux et les joutes verbales. Farore possède un pouvoir, celui de poser une question et d’orienter la réponse. C’est un don qu’elle a cultivé en observant son père et les autres parrains de la mafia. Soucieuse des détails et des apparences, elle ne répond pas dans un premier temps, préférant observer la dame des pieds à la tête. Après l’avoir dévisagé, plonger son regard glacé dans le sien, elle se décide à s’incliner poliment à son tour pour saluer son invitée.

Elle s’empare de la canne de son père avant de frapper trois fois sur le bureau, à un endroit bien précis qui semble par ailleurs habitué à ce genre de manège.
Quelques secondes, plus tard, les portes s’ouvrent à nouveau, Alfred traîne avec difficulté un chariot finement nappé abritant quelques mers et boissons.

« J’ai effectivement demandé à vous voir. »

Le silence est déchiré par un coup de tonnerre tandis que la pluie redouble d’intensité. Elle est si puissante qu’elle semble pouvoir briser les fenêtres du bureau. D’un habile coup de main, Alfred ferme les lourds rideaux carmin, la poussière virevolte au fur et à mesure que les anneaux se déplient sur les tringles.

« Je crois que vous connaissez la situation que vit Manshon ces dernières années. Je suis fatiguée de voir la Marine prendre de plus en plus d’importance et je suis fatiguée de la révolution fleurie. J’ai volontairement saboté mon héritage afin qu’on ne me soupçonne de rien. Toutes les familles croient que je suis finie. Et ils ont raison. »

Elle tend sa main droite en direction du chariot, intimant la grande dame à se servir ou à demander à Alfred si besoin. D’ailleurs, ce dernier s’agite pour verser un verre de scotch bon marché à sa patronne.

« Je serai brève. J’ai un plan d’action bien préparé. Minutieusement pensé. Mais j’ai besoin de puissance, j’ai besoin d’alliés. J’ai cru comprendre que si je pouvoir a vos demandes pécuniaires, il serait possible de s’entendre. »

Elle marque une nouvelle pause pour s’emparer de son verre qu’elle ingurgite avec férocité. C’est comme si toute l’amertume contenue dans le liquide était un anti-venin puissant fonctionnant sur sa colère.

« Si vous, comme moi, sommes sur la même longueur d’onde, il se peut que nous puissions faire affaire à court, moyen et long terme. Car mon but principal est bel bien de faire tomber cette île sous ma coupe. »

Les dés sont jetés, elle en avait trop dit, mais à vouloir vaincre sans difficulté, on finit par mourir sans honneur.

    - Avant de vouloir l'île entière, il faudrait déjà contrôler vos propres terres.

    Ne règne pas celui qui idolâtre le pouvoir, ne règnent pas les ambitieux arrogants trop concentrés sur leurs petite personne pour prendre du recul et voir le tableau dans son ensemble. Ne règnera pas celle aux portes de la ruine, vivant encore dans les contes et la gloire passée de sa famille.

    - Sauf votre respect, nous parlerons de mes honoraires en temps voulu.

    Son hôte n'arrivait pas à joindre les deux-bouts, alors la payer autant que le désirait l'Armure, ça paraissait compliqué. Mais il y avait autre chose que l'argent, et l'héritière vengeresse apprendrait très rapidement qu'Izumi était plus qu'une simple pirate.

    - Vous avez besoin que quelqu'un fasse le sale travail pour vous, nous le ferons.

    Ses pupilles se dilatent, ses yeux se plissent et sa voix mielleuse s'efface doucement pour laisser place au ton direct et froid propre à l'Armure.

    - Je serai seule juge concernant votre "plan". Si vous désiriez un écervelé vous obéissant aveuglement contre les fonds de vos poches, vous avez devant-vous la mauvaise personne. Mais je suppose que vous le saviez déjà, n'est-ce pas dame Corsandre?

    Si c'était la demi-géante qui devait ramener sur terre Farore, si il n'y avait que ça, avant de s'associer avec la jeune femme, alors c'était même un plaisir de le faire. De la prestance, une présence, délaisser les faux semblants, pour quelques berries obéir et jouer de ses muscles? Elle était capitaine pas bête de foire, ses troupes nettement plus organisées et capable que la majorité des forbans et soldats du gouvernement. Farore lui ressemblait, qu'importe son passé et ses moyens, ambitieuse un peu trop d'égo, un semblant d'insolence ou d'arrogance. C'était comme ça qu'était l'Armure à ses débuts, et si elle était aujourd'hui calme et à l'opposée de son ancienne personnalité, c'était grâce à une main tendue. Devenir humble, c'était avoir réalisé qui était réellement en position de force, celui qui beugle le plus? Ou celui qui ne pipe mots mais agit?

    - Je suis prête à prendre part dans votre petit "jeu". Je ne sais pas pour combien de temps, jusqu'à ce que je me lasse ou que mes affaires me rappellent sur le Nouveau Monde.

    Histoire de quand même, faire comprendre à la mafieuse, la différence de quotidien entre les deux. Poliment, Izumi refusa alcool et nourriture. C'était mauvais de faire festin avant la bataille, les réjouissances attendraient la fin de la mission. Non de la campagne pour prendre le pouvoir de Farore.

    - Nous n'avons pas besoin de signer contrat, de faire pacte de sang. Nous valons mieux que ça, vous avez ma parole : l'Iron Fleet s'engage à aider la maison Corsandre à prendre ce qui lui revient de droit : Manshon.


    Elle tend sa main droite à Farore. Un sourire honnête et sincère, Red l'avait aidé à se lancer, aujourd'hui elle ne faisait que repayer cette "bonté". Et qui sait, un jour, la mafieuse ferait peut-être de même?

    - J'écoute votre plan, associée.

    Si Izumi pensait à d'autres investisseurs, et surtout "Demi-Lune" elle se gardait une éventuel part du lion une fois l'île débarrassée des indésirables. Sept familles, c'était beaucoup trop, centraliser le pouvoir surement le rêve de plus d'un chef de famille. Pourtant ces incapables n'y arriveraient jamais, l'Armure forgerait Farore, pour en faire la plus tranchante des armes. Même le couteau à beurre pouvait ôter la vie si le forgeron le désirait, le monde était méchant et ce n'était pas les assassins se cachant derrière leurs sbires qui seraient regrettés.
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    - Ambition-



    Le contrôle de ses terres. Une remarque incisive qui fait sourire intérieurement Farore, elle l'avait entendu bien des fois cette remarque, essuyer bien des affronts. Mais son propre délabrement n'est qu'une pièce intégrante de son plan. Ne pas éveiller les soupçons, il faut qu'on la voie venir au dernier moment, c'était ça la clé. Elle n'avait donc pas pris la peine de répondre à ce courroux verbal. Renchérir n'apporterait rien. Et le temps est précieux. Mais lorsque le sujet de l'argent est éclipsé sans même prendre la peine d'y ajouter la moindre forme, Farore voit rouge.

    "Arrêtons les courbettes. Je n'ai que faire de votre respect, et vous n'en avez absolument rien à faire du mien. Alors... Sauf votre respect. Nous allons parler de vos honoraires, je n'ai pas envie de me retrouver le moment venu avec une ardoise d'un milliard et une horde d'usuriers à mes trousses."

    Elle marque une pause, si elle ne voulait pas boire, ni manger, c'était son problème après tout. Mais elle laisse surtout la tension redescendre, on ne plaisante pas avec l'argent et encore moins avec l'argent que Farore devrait débourser. Puisqu'elle s'estime seule juge de son plan, elle se permet d'avancer d'un pas vers elle, du moins cette fois-ci. Même si Farore n'est pas une personne maniérée et très à cheval sur le décorum, elle aime un minimum de courtoisie entre les personnes afin de garder une entente on ne peut plus cordiale.

    "Le Plan, comme vous dites. Possède certains aspects qui sont déjà en branle. Vous n'êtes pas sans savoir que Manshon possède un important port. Le Golden Port, avant le blocus, était le fleuron de North Blue. Mais la reconstruction traîne, et les dockers ont une charge de travail de moins en moins complet. Aussi, j'ai pu contacter Jean-Luc Mélonschnouf. Un important docker qui a des aspirations très... Ouvrière. Grâce à quelques connaissances, il a pu ouvrir son propre syndicat. Et d'un commun accord, nous avons décidé qu'il y aurait une grève aujourd'hui ! Le port en est le cœur économique. La quantité de marchandises importées par bateau à Manshon a triplé lorsque les premiers navires casinos ont mouillé l'ancre. Cette croissance est principalement due au développement des relations commerciales avec les autres Blues. Ce concours de circonstances diminue le coût du fret entre Manshon et Grand Line, les navires pouvant faire l'aller et le retour les cales pleines.
    Le centre économique que représente le port influe sur l'industrie de Manshon fortement orientée vers l'exportation, car il est plus facile d'exporter partout, ailleurs dans le monde quand on peut graisser les bonnes pattes pour mentir sur son expédition n'est-ce pas ?
    La position dominante du port de Manshon avant le blocus et vis-à-vis de la concurrence s'accroît. Jusqu'à l'an dernier, le port représente près de 30 % du commerce maritime en tonnage net de North Blue. Cela suffit à lui donner incontestablement l'une des meilleures places de North Blue."


    Elle marque une nouvelle pause, laissant l'armure géante prendre le temps de digérer des informations qu'elle connaît peut-être déjà, mais il faut savoir être clair et montrer de quoi on parle lorsque l'on échafaude un plan de cette envergure, le Golden Port ce n'est pas rien. Il lui faut désormais lui présenter le contexte de Manshon, que cette dernière comprenne bien les subtilités de son plan, un plan fragile mais redoutable d'ingéniosité. Tout du moins, elle l'espère.

    "Manshon est le centre du mouvement syndicaliste semi-révolutionnaire surnommé "La Révolution fleurie". La ville compte une multitude de syndicats : presque tous les métiers disposent de leur propre organisation, et les syndicats possèdent au total plus de 30 000 adhérents. Ces mêmes adhérents et syndicats sont la plupart du temps extorqués pour des primes de protection et autres services. Leurs actions sont fragilisées par manque de fond. Et ça permet à la pègre de tenir la main mise sur eux, on évite ainsi les déboires. La position privilégiée de Manshon dans ce mouvement se traduit par la présence dans la ville du siège de la Commission générale des syndicats, système corrompu inventé de toute pièces par la pègre. On donne l'illusion aux citoyens qu'ils ont ainsi du pouvoir, et de toute une série de bureaux centraux appartenant à divers syndicats.
    Ce mouvement de travailleurs a subi cependant une lourde défaite récemment. Dans plusieurs corps de métiers, des tentatives de grèves ont lieu le 1er jour du mois pour demander la journée de huit heures, ou au moins une réduction sensible de la durée de travail journalière. Mais les grévistes font face à un groupe d'entrepreneurs parfaitement préparés et bien organisés, dont la puissance et la détermination pouvait difficilement être sous-estimée, ce n'est ni plus ni moins que la famille Volpeddi. Ce bloc solide n'est pas prêt aux concessions, et répond par des blocages massifs et autres sanctions. La défaite des grévistes après des semaines de bataille conduira à une baisse sensible des adhésions aux syndicats.

    Cette baisse est également le résultat d'une conjoncture qui s'assombrit. La jeune Union des travailleurs portuaires, fondée quelques semaines avant le blocus, rassemble tous les groupes de travailleurs du port de Manshon et réunit d'abord environ 5 000 adhérents, mais dès l'année suivante, ce nombre tombe à 1 800 en partie à cause du blocus. Il y a eu aussi une pandémie de choléra, qui contribue aussi à ce recul. En outre, la même année, le groupe des dockers fait dissidence et se sépare de l'union générale en fondant sa propre organisation, avec Jean-Luc, une organisation autonome et locale, sortie du système mafieux. Les raisons avancées sont une critique de la bureaucratie, des structures centralisées, de l'utilisation qui est faite des cotisations et du poids qu'elle font peser sur chaque membre. Devant le peu de membres, la mafia a laissé coulé, l'argent coule à flot alors pourquoi s'ennuyer n'est-ce pas?"


    Après ce rappel historique, politique et économique, Farore dépose sur le bureau une photo de Jean-Luc, permettant ainsi à la demie-géante d'identifier la cible à protéger à tout prix. Satisfaite de sa narration, elle s'humecte les lèvres avec finesse grâce au précieux breuvage ambré. Désormais, avant de perdre son interlocutrice dans de fastidieux détails, il faut détailler le plan, elle avait un paysage abrupte de Manshon et de son état général depuis le blocus de la Marine, un blocus qui avait mis à mal bon nombre de principes sur Manshon et changer bien des règles. Et Farore avait attendu un tel événement depuis plus de dix ans, une fragilisation globale et inattendue pour tous, un moment parfait pour mettre son grain de sel et faire revenir la famille Corsandre sur le devant de la scène de Manshon.

    "Maintenant, je dois vous dépeindre nos armes. La communauté des travailleurs portuaires est hétérogène. Au moins une quinzaine de groupes se sont formés autour des diverses activités. Après le plus grand groupe, celui des dockers, vient celui des patrons de navires de casino et de barges, dont le rôle est de transporter sur l'eau les marchandises entre le quai et les navires. Et pour les casinos et bien... Vu le monde actuellement...

    Bien que l'importance des barges ait diminué depuis le blocus, les navires ne chargeant pas et déchargeant non plus au mouillage, mais amarrés aux nouveaux quais en construction ou construits, la profession reste la filière principale de la navigation portuaire. Même à quai, les navires peuvent aussi être chargés ou déchargés par les barges par le bord opposé au quai, afin d'accélérer des opérations qui représentent un temps mort pour l'armateur.

    Une autre profession importante est celle des manutentionnaires à quai, qui ont la responsabilité du transfert des marchandises entre le quai et les entrepôts, ou directement vers les véhicules de transport pour un départ immédiat. Les travailleurs des entrepôts, quant à eux, trient les marchandises et préparent les chargements des navires.

    De nombreux autres métiers sont exercés au sein du port : charbonniers, céréaliers, nettoyeurs de chaudières ou de coques, peintres, mécaniciens, croupiers, prostitués, etc. On peut également y ajouter la garnison de la Marine qui réside désormais de manière permanente sur Manshon. Ces hommes et femmes sont donc pour la plupart du temps peu occupé, et s'ils sont peu occupés, ils ne peuvent pas ramener d'argent. Ça fait une petite armée mobilisable à la première étincelle."


    Ayant parfaitement décrit le potentiel politique de l'action, Farore ne peut s'empêcher de dévisager sa nouvelle partenaire. À quoi peut-elle penser, qui est-elle vraiment ? Que fait-elle ici et pourquoi ? Une farandole de questions suivit par une kyrielle de doutes et de songes. Il était simple pour elle de discuter de Manshon, elle avait grandi ici, c'était un sujet passionnant dont elle maîtrise parfaitement les cordes. La prise du port était l'une des premières parties de son plan pour s’approprier davantage de pouvoir. À la manière d'une invasion, elle planifie le tout comme un débarquement puis une occupation. Il faut maintenant faire comprendre à Izumi, les conditions désastreuses dans lesquelles travaillent les différents employés du port, tout ceci dans le but précis de l’amener à son rôle.

    "Malgré toutes ces différences, on note une série de points communs entre tous ces métiers. Les travailleurs ont souvent à manipuler de lourdes charges, dans des conditions insalubres et avec des risques d'accident. Le travail est assigné à toute heure du jour et de la nuit, et en toutes saisons. C'est pourquoi de nombreux travailleurs habitent dans le « quartier des passages », un quartier résidentiel très dense situé à proximité du port. La grande majorité d'entre eux est non qualifiée, et possède des conditions de travail précaire. Les patrons de barge et les mécaniciens, que l'activité nécessite de longues années d'apprentissage, représentent une exception.

    Une autre caractéristique du travail portuaire est la grande brièveté des durées d'emploi, avec des changements abrupts entre des périodes de chômage et des périodes de travail sans interruption pouvant aller jusqu'à 72 heures par manque de travail. Seuls les ouvriers qualifiés et les manutentionnaires des quais échappent à cette précarité. Quoique, depuis le blocus là encore... Un problème supplémentaire est l'absence de toute médiation ou contrôle régulier de la part des autorités, que ce soit la Marine ou la pègre. Le recrutement des travailleurs a le plus souvent lieu dans les bars du port, qui sont de véritables centres de recrutement. La probabilité de trouver du travail dépend ainsi de la consommation et des relations personnelles avec les aubergistes et agents. Ces formes de recrutement prospèrent dans un marché du travail caractérisé par un important niveau de chômage. Les armateurs et commerçants ne choisissent plus eux-mêmes le personnel dont ils ont besoin au port, mais confient cette tâche à des sous-traitants, et à leurs chefs d'équipe. À côté de cela, certaines unions d'entrepreneurs de Manshon décident d'instaurer de leur propre initiative des certificats de travail. Ils espèrent ainsi débarrasser complètement le marché du travail des travailleurs jugés indésirables. Ce système de certificats contrôlé par les employeurs pourrait être une piste pour permettre l'abolition de cette corruption massive. Je pense l'exploiter de surcroît.

    Autre levier, depuis le blocus les augmentations de salaire ont été rares, les baisses fréquentes. Le rythme de travail s'est intensifié et le coût de la vie s'est accru. La reconstruction des quais provoque la démolition d'habitations situées près du port, les terrains étant destinés à des entreprises industrielles et commerciales. Près de 24 000 personnes perdent ainsi leur logement. Les loyers des habitations restantes explosent. Un grand nombre de travailleurs portuaires sont contraints de se loger dans des quartiers éloignés. Mais le prix des loyers augmente partout et les temps de transport jusqu'au port s'allongent, ce qui exaspère davantage encore. Voilà pour le passé. Voici maintenant l'avenir !"

    Elle déplie un vaste plan architectural sur le bureau, offrant une vue imprenable sur le futur des quais de Manshon. Le projet actuel patine et risque fort de ne pas voir, le jour, du fait de la corruption et des affaires internes belliqueuses. Il faut un souffle de renouveau sur Manshon, on peut voir un bureau syndical "Corsandre" ainsi que des casinos et des zones de frets plus adaptées.
    Un semblant de vision parfaite qui s'offre sous les yeux vides de la géante, mais il lui fallait une vue globale et détaillée pour comprendre toute l'importance du plan actuel.

    "Manshon a besoin d'un port, d'un vrai. Si nous parvenons à faire pression sur Volpeddi, nous pourrons espérer voir aboutir ce projet et gommer les problèmes des citoyens. Car si la Révolution fleurie a vu le jour, c'est à cause des exactions de la Mafia. À trop vouloir tirer sur la corde, elle finit par rompre. L'équilibre passé était on ne peut plus sain. Nous devons retrouver cette stabilité et maintenir un niveau de vie décent. Ces gens sont de potentiels employés et donc de l'argent marchant !
    Dans un premier temps : l'idée est de lancer un premier de lancer une grève par le biais du syndicat. Puis, je vais contourner le système en mobilisant les personnes non syndiquées. J'ai créé moi-même un syndicat "bidon" pour permettre aux gens d'adhérer gratuitement. En finalité, Volpeddi perdra de l'argent, moi, j'en gagnerai avec la création du syndicat, et les travailleurs verront leurs conditions s'améliorer. Tout le monde est gagnant, sauf Volpeddi.
    Dans un deuxième temps, il va falloir monter en puissance.
    L'Union des travailleurs portuaires, va sûrement adopter une attitude réservée à l'égard des mouvements de grève, et pour cause elle est contrôlée par la pègre. En outre, ils craindront probablement l'arrivée d'une armée de briseurs de grève, en raison du débauchage saisonnier des travailleurs de l'agriculture et du bâtiment. Autant dire, qu'il nous faudra utiliser la force en ce cas.
    Une fois Volpeddi acculée, nous devrons le forcer à négocier, une fois que ce sera fait, il nous faudra tenir nos engagements auprès des dockers. Dites-moi, connaissez-vous l'île aux esclaves ?"

    Satisfaite de son exposé, elle attend avec patience les questions, les appréciations et les demandes de la femme géante. Il fallait que tout soit parfaitement huilé, la chute des Volpeddi est en marche, et si cela fonctionne les Tempiesta auront une épine de moins dans le pied, ce qui permettrait à Farore de les approcher pour pouvoir accomplir la suite de son plan sinistre. Manshon doit briller. Et elle brillera.
      Les portes s'ouvrirent, et l'Armure s'éloigna. Sans un mot, en allumant une cigarette, sous la pluie battante la demi-géante leva les yeux au ciel, tirant une bouffée sur le cône de tabac. Ses iris pourpres contemplant l'astre lunaire avant de reporter son attention sur ses guerrières. Une nouvelle bouffée, tandis que l'équipage tournait son attention vers la capitaine de l'Iron Fleet. Sans se retourner, en direction de la bâtisse décrépie sa voix porta l'unique message à l'attention de l'héritière.

      - Je me suis engagée, je ne reviendrai pas sur ma parole. Votre manque de respect, votre manque de discernement, votre  manque de jugeotte, en revanche ne seront pas tolérés. C'est d'autant plus étrange, de s'emporter uniquement quand on parle d'argent. Encore plus étrange de crier, de croire que comme votre majordome je serai obligée de vous écouter et vous obéir.

      La cigarette finit sous ses bottes, Izumi ne s'emporte pas, calme et détachée, la libre capitaine n'était pas ici pour enseigner à son interlocutrice les bonnes manières et la bienséance, une erreur de jugement pouvait parfois s'avérer fatale. Loin de son tempérament autrefois sanguin et impulsif, le comportement de son hôte renvoyant à ce passé désagréable et misérable de la demi-géante, la primée poursuit.

      - J'ai une autre idée de comment aborder la chose, ne bougez pas votre séant, les docks vous appartiendrons, et Leopold sera forcer de négocier. L'île aux esclaves? Chaque chose en son temps.

      C'est comme ça que ça marche en général, lorsqu'on est impoli ou qu'on froisse une personne avec plus de moyens, de force que sa personne. Il n'y a pas mort d'hommes, même si elle doit l'avouer, l'Armure a eu l'espace d'un instant une démangeaison dans la paume de sa main droite lorsque subitement elle entendit ce que pensais Farore du respect. Les remarques d'Izumi n'étaient que des réponses à l'ambition débordante de la native de l'île, et si la pirate avait été franche, elle avait au moins eu la décence de mettre les formes, et de ne pas tomber dans l'insulte ou la moquerie facile. Peut être au fond qu'Izumi était après tout vexée, mais elle ne pouvait se permettre de prendre en grippe la mafieuse.

      Pas tout de suite du moins, sans se préoccuper de si l'autre la suivait ou pas, d'un regard en direction d'Elizia, les trois cents guerrières d'Izumi se mirent en rangs, la nuit jouerait pour l'Iron Fleet. Il fallait aussi dire que si les explications qui semblaient complètes de Farore étaient détaillées, l'Armure avait eu une idée nettement plus simple et direct pour entamer l'ascension de la dernière Corsandre.

      - On n'attaque pas tant qu'on est pas attaqués, évitez les pertes civils. Un coup de pression rien d'autre, il faut mettre le feu à la tanière du loup.

      Elle n'enverrait pas tout le monde d'un coup, c'était idiot. Cent d'entre elles suffiraient amplement, divisées en deux groupes sous le commandement d'Eleanor, la longue jambe garderait le contact avec le reste de l'équipage via escargophone. Tout se passerait bien, et si la princesse daignait sortir de sa tour, Izumi démontrerait que comme souvent l'épée était plus forte que la plume.

      - Huit cent mètres avant contact.

      Une autre cigarette qu'elle met en bouche, adossée à un arbre, elle écoute au travers du den-den, l'avancée de l'opération.

      - Cinq cent mètres.

      Retourner les hommes du maitre des docks, mettre un coup de pied dans la fourmilière. Un sourire narquois s'étend lentement sur le visage angélique de la pirate. Exploiter la poudrière qu'est Manshon est probablement à la portée du premier imbécile, la stabilité c'est nettement plus compliqué.

      Et ce sera à l'héritière Corsandre de construire, de reconstruire sur des ruines ou de prendre le contrôle sans contribuer au cycle éternel de violence, de vendetta, d'assassinat ancré profondément dans la culture de l'île. Izumi n'était ici que pour prononcer la peine de mort envers les obstacles se dressant sur la route de son "associée." Incombait néanmoins à l'Armure de s'occuper du syndicaliste.

      - Deux cent mètres.

      Se redressant, la jeune femme s'étire un moment avant de porter la main sur le pommeau de Menteuse à sa ceinture, et de marcher arrivant d'arriver à hauteur de sa quatrième lieutenante.

      - Allez y.

      Pour soutenir les troupes de la longue-jambe, c'est la bretteuse et les guerrières en armure dorés qui se mettent en marche.

      - Le chemin est dégagé, début de l'opération "bateau à l'eau".

      Et maintenant il suffisait d'attendre, sagement que l'hameçon, l'appât, ou la provocation dépendant de quel point de vue on se trouvait, enfin bref que le piège fonctionne.

      Que le spectacle commence.
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      - Ambition-



      Farore fulmine intérieurement. L'armure géante se dirige soudainement vers l'extérieur de la propriété sans en dire davantage. C'est peut-être ainsi que fonctionne la piraterie, mais ce n'est pas de cette manière dont fonctionne Manshon, ici la violence brutale et l’effusion de sang n'est pas toujours le moyen le plus fiable pour obtenir. Décidément, cette partenaire envoyée par les Usuriers agace de plus en plus la mafieuse. Sa tirade sur l'argent avait tout bonnement été ignoré, encore l'un des principes fédérateur de Manshon qui était bafoué, elle n'en n'avait cure, il faut savoir gérer les priorités et les problèmes par leurs ordres d'importances. Et le problème majeur reste cet élément incontrôlable qu'est Izumi, elle avait beau pouvoir être plus puissante, elle avait beau transpirer d'une assurance malsaine, être parsemée de volonté et de désir, Farore trouverait un moyen de lui rendre la monnaie de sa pièce. Elle l'a toujours fait et a toujours réussi, cette armure ne ferait pas exception.

      Voyant sa maîtresse emboîté le pas à l'armure, Alfred se précipite sur le manteau de la dame et lui enfile tant bien que mal. Il sait pertinemment qu'elle enrage et qu'elle échaffaude des milliers de plans et leurs alternatives dans son esprit, mais son visage, sa voix et ses mimiques ne laissent rien transparaître. Elle semble totalement indifférente. La morsure du froid se fait plus pressante et déchire le ciel par ses volutes de vapeurs qui sont exaltés des deux protagonistes. Farore arrive à hauteur de l'armure, un sourire en coin, un air rempli de perfidie.

      "Puisque vous semblez bien plus avisée que moi et bien plus maline. Expliquez moi au moins de quoi retourne votre coup de génie, non ?"


      Si le plan ne se déroulait pas selon les dires de Farore, les conséquences risqueraient fort d'être désastreuses et d'apporter davantage de problèmes que de gain. Conquérir, envahir, c'est une chose simple, facile, preuve est faite la Marine l'a fait, les Tempiesta l'ont fait. Mais contrôler une zone est un problème bien plus épineux qu'il n'y paraît. Izumi risquait fort de se frotter à Manshon sans même en comprendre sa complexité, ce qui ne pourrait que se retourner contre elle si elle ne suit pas les conseils de Farore, qui prépare sa revanche depuis de nombreuses années déjà.
      Farore continu d'observer l'ensemble de la future débandade annoncée, elle n'avait qu'une seule opportunité de prendre les docks et Izumi était littéralement en train de ruiner cet espoir dans un plan  annoncé de manière scabreuse par escargophone. Farore laisse sa main frotter son front, réfléchissant à toute vitesse, elle aurait pu faire fondre la neige avant qu'elle ne tombe. Il faut temporiser, c'était ça le le plan. Attendre qu'Izumi n'agisse pour pouvoir effectuer des tirs de réglages dans la foulée pour espérer sauver les meubles. Car si la prise des docks est bien préparée par Farore, c'est car il s'agit d'une pièce maîtresse de son plan, sans laquelle la suite serait tout bonnement impossible. Frustrée, elle écoute attentivement l'annonce métrique, un millier d'interrogation se propage dans sa tête, tel un virus dans son organisme.
      Dans ce cloaque intellectuel, Farore s'emporte avec virulence, maudissant les Usuriers et cette fichue armure géante et ses soldats de pacotilles.



        - Mais avec joie, ravie que vous ayez posée la question.

        Répondre à la stupidité par la stupidité, en restant concentrer sur la mission. Cette empotée la remercierait très vite de son intervention, non Izumi n'allait pas jouer les gréviste. Oui Izumi obtiendrait les mêmes résultats, car avant un salaire décent, avant des prétentions salariales, il y avait la vie. Alors certes, les clichés sur la piraterie ne jouaient pas en la faveur de l'Armure, mais la plupart des forbans qu'elle avait rencontrée, étaient pour la majorité, dotés de capacités cognitives autant développés que la moyenne humaine.

        - Pas de bain de sang, nous allons jouer avec vos règles, avec celle de la Cosa Nostra.

        Même si bien souvent les affrontements entre mafieux finissaient par une pétarade, des explosifs, ou des dégâts collatéraux, des victimes inévitables. Ce n'était pas le cas ici, et si l'Armure n'avait encore pas tout planifiée jusqu'au moindre détail, tant que Corsandre restait à observer, elle ne risquait rien. Lentement en revanche, Izumi se mit en marche, puis s'arrêta un moment avant de faire face à son hôte et interlocutrice.

        - Personne ne doit se douter de qui tire les ficelles, vous resterez ici. Nous communiquerons via escargophone, je vous laisse le mien. Si la connexion sature ou coupe, j'improviserai, faites donc en sorte de rester disponible. Malgré nos différences, je vous ai fait serment de vous aidez, et c'est ce que je fais.

        Laissant Elizia et une centaine de guerrières pour protéger le séant de sa majesté Farore, et son escargophone, Izumi se mit en route en remettant pour la première fois depuis deux ans, son heaume. Comme ses guerrières, elle resterait anonyme du moins au moins son visage, il restait à savoir si sa cible connaissait l'Armure, dans le cas contraire, après cette nuit le maître des docks la connaîtrait. Rejoignant le groupe de Sara qui se dispersait lentement pour couvrir un maximum de surface aux alentours des docks, la demi-géante continua son chemin pour arriver à hauteur d'Eleanor, la longue-jambe adossée à une palissade, observait le port et les entrepôts. A la vue de sa capitaine, la trentenaire afficha un léger sourire, elle n'avait jamais Izumi avec un casque depuis qu'elle avait rejoint l'équipage, porter l'Armure entière indiquait une volonté plus que surprenante de la part de la libre capitaine d'être discrète. Levant sa main droite, joignant son index et son majeur, la pirate fit signe à une demi-dizaine de ses filles de se faufiler discrètement sur les quais, cachés par l'obscurité, les filles du serpent derrière les barils, caisses, et tout ce qui pouvait servir de couvert firent ensuite un signe pour signaler une voie libre.

        - Corsandre, à droite ou à gauche les bureaux de notre ami ?

        Pendant qu'Eleanor et les filles du serpent investissaient les quais, se faufilant, s'introduisant dans la ville endormie, guettant en permanence des arrivées imprévus.

        - Dispersez-vous. Couvrez le maximum d'espace, Sara et les Primogénitures couvrent notre échappatoire, je compte sur vous pour pas mettre le feu avant mon signal.

        Faisant volteface, la capitaine s'avança seule en direction du premier entrepôt. Longeant les murs, passant un coup d'œil à l'intérieur. Un sourire malsain sur son visage, derrière le heaume, elle ouvre lentement la porte en bois.

        - Voyez-vous dame Corsandre, comme je le vois nous avons deux options : Misez sur les travailleurs, provoquer leur colère, et racheter cette main d'œuvre pour moins cher.

        Au fond du bâtiment, en hauteur, des bureaux desquels Izumi note qu'ils sont allumés, malgré les rideaux. En fait tout l'entrepôt est allumé, derrière un monticule de caisses en bois, la demi-géante se baisse légèrement pour passer un rapide coup d'œil.

        - L'autre est de voir directement avec le maître, actuel, des lieux.

        Mentir à l'homme était simple, se faire passer pour un pirate de Tempiesta, engagé par un rival, ce n'était pas les raisons qui manquaient.

        - Si vous le voulez vivant, c'est le moment de me le dire.

        Un, deux gardes, un bond en avant, des cris étouffés, et Izumi marchait dans l'entrepôt sans se cacher. Elle n'utiliserait même pas Menteuse, pas pour le moment du moins.

        - Je plaisante, alors êtes-vous rassurée ?

        Le regard fixé vers les bureaux, lorsqu'elle entends des bruits de pas et une conversation distante, Izumi se cache tant bien que mal. De qui, quoi il en retourne, Izumi n'y prête pas attention, les bribes de paroles ne servant qu'à lui permettre d'estimer vaguement la position et le nombre potentiel de gardes.

        Pour une fois, faire quelque chose de neuf, d'innovant, l'amusait.

        Jouer les soldats de plombs, moins.
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        Elle reçoit la brutale réponse tout en réajustant ses épaisses nattes devant ses yeux. Une réponse dure mais qui la rassure. Pour contrôlé le tissu multiculturel qui réside au port, elle a besoin qu'aucune effusion de sang ne soit visible, faute de quoi la confiance qu'elle essaie de bâtir s'effondrerait en rien de temps. C'est donc un soulagement palpable qui s'empare d'elle lorsqu'elle récupère l'escargophone. Lorsque l'armure lui explique les prémices de son action, Farore pense pouvoir entrevoir un plan intéressant, bien loin de ce qu'elle avait prévu mais elle pourrait peut-être brodé autour. Si son visage n'est pas visible et que Izumi reste une inconnue notoire, elle pourrait potentiellement se faire passer pour une autre famille pour diriger une nouvelle guerre qui lui permettrait ainsi de diviser pour mieux régner. Mais tout ceci reste à prouver tant l'imprévisibilité de la pirate est complexe.

        Discutant de "différents" Farore arque un sourcil, surprise par une telle déclaration. C'est donc si simple de vexer un pirate et de créer pour ainsi dire, une discussion d'intenses griefs ? Avant même qu'elle ne puisse renchérir, une pléthore de soldat de l'Iron Fleet entoure Farore, comme prisonnière du plan d'Izumi, elle se contente d'abdiquer, seule devant son escargophone.

        "Les bureaux sont à l'étage du syndicat sur votre droite. Attention, il y a généralement un molosse ou deux, parfois, des "récolteurs" viennent la nuit déposer de l'argent."

        Elle connaissait le chemin par coeur, elle l'avait des dizaines de fois plus jeune au côté de son père. Inutile de dire ainsi que les quais et ses bâtiments sont des lieux on ne peut plus commun pour elle et qu'elle peut s'y retrouver avec une facilité exemplaire. Elle écoute avec attention le plan de l'armure, ce qu'elle avait pressenti semble se préciser.

        "Laissez le en vie, un chien battu peut toujours servir de nourriture pour les rois du chenil."

        Tout semble désormais limpide, elle voulait s'attaquer directement à Volpeddi pour s'accaparer le pouvoir et la mainmise sur les docks. Une fois débarassé de Volpeddi il suffirait alors à Farore de supprimer les soucis auprès des syndicat et de formé de manière officielle le sien pour pouvoir au besoin de la population du dock. "Facile", ou presque, il fallait maintenant que Izumi rentre parfaitement dans le rôle sans pour autant être sûr qu'elle soit à même de connaître l'histoire de Manshon, elle pourrait être démasqué rapidement et mettre en péril la couverture. A moins que... L'escargophone, ce n'est pas pour une simple communication, mais bel et bien Farore qui va dirigé les négociations ? Rien ne pouvait être sûr avec la tumultueuse pirate. Comment savoir la réalité de son plan ? Pire encore, quel est son intérêt ici ? Pourquoi prendre part à une guerre de gang dans laquelle elle n'a strictement rien à voir.

        "Je serai rassurée quand j'aurai compris l'ensemble de votre plan et de ses détails."

        On est bien loin de la façon de procédé de Farore. Plus posée, plus réfléchie, évitant un maximum la violence. De l'autre côté du fil, elle pouvait entendre un bruit de bagarre, une porte qui se fait enfoncé et des cris étouffés. Était-elle désormais devant son ennemi ? Toujours entouré par les soldats, elle sent la pluie battante s'abattre sur son épais manteau, qui peu à peu, se gorge d'eau. La nuit serait longue, trop longue.


          L'héritière aurait des réponses à ses questions sous peu.

          Sortant de nouveau de l'obscurité, dégainant Menteuse la lame d'air trancha les corps des malchanceux, le sang éclaboussant son armure lui rappela avec nostalgie ses premiers meurtres. Désormais elle devait fédérer, de manière précise chacune de ses actions provoquait des conséquences tellement plus importantes qu'à ses débuts, rien à prouver depuis toujours à part à elle même. Et en montant une par une les marches menant aux bureaux, avec le bruit de chacun de ses pas cloutés, la demi-géante continuait de fixer le vide à travers son heaume, détachée de ce qu'elle accomplissait aujourd'hui.

          En enfonçant la porte, en surprenant Venici et ses sbires, elle inspira profondément. Son bras droit recouvert du fluide de l'armement explosa le crane du premier sous-fifre de Filipe, Menteuse trancha avec tellement d'aisance que s'en était pathétique le bras droit du second. D'un coup de pied, elle déstabilisa le malheureux hurlant de douleur et le Meitou s'enfonça dans son corps pour l'achever. Enjambant les corps encore chaud de ses hommes, l'Armure se rapprocha du chef de la famille Venici

          - Bonsoir Filipe.

          Il ne broncha pas, se contentant de regarder avec dédain les corps inanimés de ses hommes. Un cigare en bouche, le syndicaliste fit valser son bureau d'un revers de la main.

          - Tu penses pouvoir me vaincre avec ta ferraille ?

          Arrogant, lorsqu'il chargea, Izumi arrêta son poing avec Menteuse et recula sous l'impact du chef de famille, son genou droit chercha les côtes de son adversaire, mais ce dernier bloqua l'attaque de la pirate avec son autre main. Derrière son heaume, l'Armure esquissa un sourire béant, Leopold avait ravivé l'intérêt et l'investissement désormais personnel que prenait la demi-géante dans cette histoire. Son poing droit ganté s'abattit avec violence en direction du visage du docker, qui relâcha sa prise sur le genou de la libre capitaine et recula avec une étonnante vivacité. Les Blues regorgeaient donc finalement de rares spécimens avec un niveau équivalent au sien, mais pour combien de temps ? Filipe Leopold Venici était un cas particulier, et peut-être bien que Manshon l'était. Sur les îles ou la vie était dangereuse, naturellement seul les plus forts ou intelligents parvenaient à se hisser en haut, survivre avec du pouvoir demandait la force et la puissance nécessaire pour écraser les prétendants éventuels.

          Izumi n'en était pas une, il était un obstacle sur la route de l'ascension de l'héritière, et la capitaine de l'Iron Fleet remplissait sa partie du contrat.

          - Je crains ne pouvoir être en mesure de converser durant les prochains instants, restez en ligne


          Alors qu'elle effectuait des moulinets avec son Meitou, Izumi chercha rapidement une stratégie pour l'emporter. Laissant l'énergie parcourir son arme, elle relâcha une lame de vent au travers de Menteuse, et lorsque Filipe se jeta sur le côté pour esquiver, la demi-géante se jeta sur lui tandis que son attaque détruisit le mur dos au chef de famille. Les débris s'écrasèrent en contrebas, mais aucun des deux combattants n'y prêta attention. Usant de sa taille et de ses talents de bretteuse, la primée harcelait de coups le syndicaliste. Lorsqu'un des poings de Filipe s'abattit contre son plastron, Izumi cracha au travers de son heaume bile et salive. Ses iris se dilatèrent, rétrécissant alors que la colère et la haine titillaient les nerfs de la forgeronne.

          Retirant son heaume, dévoilant son visage angélique déformé par des grimaces de haine, laissant sa longue chevelure tomber sur son armure, Izumi porta son heaume à la ceinture avant d'hausser les épaules. Son regard rencontra celui de son opposant au travers des binocles du mafieux, une inspiration et elle s'élance de nouveau. Soldate avant tout, si elle aspire à plus, elle ne peut perdre ici sur les mers ou avait commencée sa carrière de pirate, non l'Armure ne s'inclinerait pas face à ce porc. Si elle devait finir en enfer, la supernova s'assurerait qu'un comité d'accueil à la hauteur de sa personne l'attende, remplir les enfers et les limbes de milliers de damnés, tant que ce n'était pas elle ou une de ses filles cela ne lui posait aucune importance. La guerre ne l'effrayait plus, elle avançait face aux dangers que lui réservait la vie, et surmontait chaque épreuve avec la même énergie, détermination, inépuisable, Izumi carburait à la rage et le refus de l'échec.

          Et ce fut au tour de Leopold de reculer, lorsque Menteuse fut recouvert du fluide de l'armement, l'homme, le meurtrier et le chef de famille laissa son visage trahir ce qu'il ressentait vraiment. La peur, la peur avait prit le contrôle de son être l'espace d'un instant. Lorsque que le plancher disparu sous l'impact de la lame de l'Armure, et que le visage de la pirate transpirait toujours autant la haine et l'envie de meurtre, Filipe recula. Il était facile de tuer des hommes plus faibles, de terroriser et de racketter quand on était un gros poisson dans une petite mare. C'était quand on rencontrait de la compétition, que la différence entre un prédateur et un charognard se voyait, traînant Menteuse contre le sol, son bras droit couvert du fluide de l'armement encaissa les coups du style Hasshoken du docker.

          - Qui t'envoie, les Tempiesta ? Ce chauve de Bambana ? Qui ose s'en prendre à moi ?! Réponds moi femme ! Les cieux ne peuvent m'abandonner !

          Le silence fut la seule réponse aux questions de son adversaire, Izumi restait fidèle à son personnage, impassible, froide.

          Qu'importait la religion que suivait et pratiquait le chef de famille, qu'importe la divinité vers laquelle il envoyait ses prières. Même les cieux ne pourraient arrêter le bras assassin de l'Armure, les déités ne lui faisaient pas peur, cette vie et pas une autre. Il finirait par perdre espoir, il finirait par implorer de l'aide à son Dieu, à ses Dieux il quémanderait la miséricorde. Pour l'heure il sortait un pied de biche et s'élançait, et la demi-géante répondait présente, utiliser le haki de l'armement, pouvoir surpasser Filipe par tous les moyens possible était tout ce qui importait. Il n'y avait pas d'honneur dans un combat à mort, entre une pirate et un mafieux ? Tous les coups étaient permis, et c'était celui avec le plus de ressors qui l'emporterait.
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          En permanence entourée des soldats d'élite de l'armure, Farore commençait tout bonnement à étouffer. Non seulement, elle détestait être mêlée à une assemblée de plus de cinq personnes, mais elle détestait encore plus qu'on lui dise quoi faire et comment. Il lui fallait un plan pour se glisser en dehors des filets des robustes femmes de l'iron fleet. Un plan ? Pas vraiment. Une simple affirmation suffirait, d'autant plus que les bruits de combats et d'échauffourées se font de plus en plus pressants et que Farore n'avait aucune vision sur ce qu'il pouvait bien se passer à l'intérieur du bureau. Ce n'était pas son problème, du moins ça l'est partiellement.

          "Je vous laisse quelques instants. Je dois aller aux toilettes."

          L'une des guerrières semble on ne peut plus réticente et place sa lance de manière à bloquer la poitrine et la route de la jeune cendrée. Elle ne prend pas de peine à regarder sa geôlière pour lui dire le fond de sa pensée.

          "C'est moi qui vous emploie. Vous obéissez à votre cheffe, qui doit remplir un travail pour moi n'est ce pas ? Alors faites de même. Je serai ici bien rapidement."


          Elle repousse avec calme et d'un seul doigt l'arme de la servile guerrière avant de feinter son départ vers la zone sûre du port. Mais Farore connaît cet endroit comme sa poche et parvient à rapidement bifurquer pour rejoindre les alentours du syndicat. Venici est un homme violent, il a à plusieurs reprises eu des accès de colère qui avait causé bien des soucis aux serviteurs Corsandre. Elle pouvait s'en souvenir comme si c'était hier, il l'avait même menacé directement, son père avait dû user de subterfuges et de belles pirouettes pour lui venir en aide, elle n'avait que dix-sept ans à cette époque.

          Un peu à la manière de son père, Farore voulait venir en aide à l'armure. Non pas qu'elle ne doute une seule seconde du fait que cette dernière soit à même de briser l'adversité, mais bel bien par intérêt stratégique. Il est hors de question que Farore ne sorte pas son épingle du jeu, tout en restant du "bon côté" de la loi. Une prime à ce moment, ne serait qu'une encouble de plus.
          Approchant d'un pas décidé du syndicat du récif Noir. Elle s'approche de la porte et frappe à plusieurs reprises, à l'intérieur, il fait nuit noire et rien ne semble indiqué qu'une quelconque âme y vive.
          La porte s'était ouverte, dévoilant un Jean-Luc en chemise de nuit, le visage bouffi et l'air hagard.

          "Bien le bonsoir, la nuit est fraîche. Mais j'ai de quoi échauffer votre esprit. J'ai pris possession de document sur la famille Venici. Ils voulaient augmenter les prix des cotisations et les impôts des docks. Vous qui êtes déjà si opprimés. Il serait peut-être temps que nous discutions  à l'intérieur de préférence ?"

          Il ne fallait pas trop en faire, juste assez pour attiser la flamme de la curiosité. Et c'est chose faite, Jean-Luc appose ses verres sur son nez en prenant des mains les documents falsifiés par les bons soins de Farore. Le pot aux roses semble prendre de l'ampleur et le clou du spectacle est désormais sur place ! Le visage blafard, les cernes creusés et ses lunettes sales, son air alcoolique, aucun doute, Jean-Luc s'éveille sans difficulté. Tout en entrant dans le miteux syndicat, la belle cendrée s'adresse à son interlocuteur.

          "L'heure de la mobilisation syndicale a sonné ! Rassembler donc vos partisans, je vous ai préparer un discours poignant ! Un discours qui touche l'imaginaire collectif et les rêves brisés ! Il est plus que temps de mettre un terme à ce joug prolétaire abject !"

          Elle donne avec une certaine force les documents ou se trouve le discours dans les mains de Jean-Luc avant de s'assoir dans un fauteuil douillé bien que vétuste. Il faut agir vite, les guerrières de l'Iron Fleet devraient bientôt comprendre qu'elles ont été dupées.
          Jean-Luc se met dès lors à lire à haute-voix le discours pour en prendre toute la mesure et la force.

          "Mesdames, Messieurs. Camarades !
          Le syndicat se présente devant vous sans aucune élection générale où la sentence du suffrage universel, notre juge et notre maître à tous, s'est traduite avec plus de puissance et de clarté qu'à aucun moment de l'histoire de Manshon, nous ramenant à des pratiques mafieuses que trop bien connues ici !

          Le peuple de Manshon a manifesté sa décision inébranlable de préserver contre toutes les tentatives de la violence ou de la ruse les libertés démocratiques qui ont été son œuvre et qui demeure son bien. Et ce, malgré le blocus radical d'une Marine tempétueuse qui a mis à mal notre île !

          Il a affirmé sa résolution de rechercher dans des voies nouvelles les remèdes de la crise qui l'accable, le soulagement de souffrances et d'angoisses que leur durée rend sans cesse plus cruelles, le retour à une vie active, saine et confiante.

          Enfin, il a proclamé la volonté de paix qui l'anime tout entier. Par le biais de votre maître syndicaliste, Jean-Luc ici présent !

          La tâche du nouveau Syndicat qui se présente devant vous se trouve donc définie dès la première heure de son existence. Nous sommes le Récif Noir !

          Il n'a pas à chercher sa majorité, ou à appeler à lui une majorité. Sa majorité est faite. Sa majorité est celle que Manshon a voulue. Il est l'expression de cette majorité rassemblée sous le signe du Récif Noir. Il possède d'avance sa confiance et l'unique problème qui se pose pour lui sera de la mériter et de la conserver. POUR VOUS ! CAR C'EST NOTRE PROJET !

          Il n'a pas à formuler son programme. Son programme est le programme commun souscrit par tous les adhérents qui composent le syndicat, et l'unique problème qui se pose pour lui sera de le résoudre en actes ! Non pas en paroles, en fariboles ou en fadaises sur l’égalité des chances des principes mafieux !
          Ces actes se succéderont à une cadence rapide, car c'est de la convergence de leurs effets que le syndicat attend le changement moral et matériel réclamé par Manshon pour Manshon !

          Dès ce soir, nous déposerons sur mon bureau un ensemble de projets dont nous demanderons d'assurer la pérennité.
          Ces projets concerneront :
          - L'amnistie pour les gens qui n'ont pas pu payer la mafia, et s'assurer de leur offrir un emploi.
          - La semaine de quarante heures,
          - Les contrats collectifs,
          - Les congés payés,
          - Un plan de grands travaux, c'est-à-dire d'outillage économique, concernant les bateaux Casinos ! COMME AVANT !
          - Une réforme du statut de la Banque des ports, garantissant dans sa gestion la prépondérance des intérêts du Port et de Manshon !,
          - Une première révision des décrets-lois en faveur des catégories les plus sévèrement atteintes des agents des services portuaires et affiliés !

          Sitôt ces mesures prises, nous présenterons au Syndicat une seconde série de projets visant notamment les fonds du port, l'assurance contre les calamités, l'aménagement des dettes locales, un régime de retraite garantissant contre la misère les vieux travailleurs.

          À bref délai, nous vous saisirons ensuite d'un large système de simplification de détente fiscal, soulageant la production et le commerce, ne demandant de nouvelles ressources qu'à la contribution de la richesse acquise, à la répression de la fraude, et surtout à la reprise de l'activité générale du port !

          Tandis que nous nous efforcerons ainsi, en pleine collaboration avec vous, de ranimer l'économie portuaire, de résorber le chômage, d'accroître la masse des revenus consommables, de fournir un peu de bien-être et de sécurité à tous ceux qui créent, par leur travail, la véritable richesse, nous aurons à gouverner le port !

          Nous gouvernerons en maître syndicaliste comme aurait dû le faire les Venici. Nous assurerons l'ordre. Nous appliquerons avec une tranquille fermeté les projets de défense. Nous montrerons que nous entendons animer toutes les administrations et tous les services publics de l'esprit Manshonien.

          Camardes ! La nuit nous appartenons ! La nuit est notre ! Si vous voulez poursuivre votre vie misérable, si vous voulez continuer à courber l'échine... Ne participer pas à ce qu'il va se passer ce soir ! Ce soir, votre destin est dans vos mains ! Vous devez saccager la moindre installation Venici, demain, elles seront à vous ! Arborant le symbole du Récif noir pour défendre vos droits ! À vos fourches, à vos torches ! FAITES COMPRENDRE A MANSHON QUE L'HEURE EST AU CHANGEMENT !"


          Après avoir aboyé et vomi sa haine dans ce discours, Jean-Luc dévisage avec un air interrogateur Farore.

          "C'est votre discours de victoire. Pour demain. Mettez votre plus bel accoutrement. Les choses vont changer dès l'aube."

          Sans en dire davantage, Farore se lève et s'incline poliment avant de retourner auprès des guerrières de l'Iron Fleet, quelques remarques sur son temps passer aux toilettes fusent, mais la jeune femme les ignore tout bonnement. Elle se glisse dans le dispositif en restant à l'écoute de la bataille opposant Izumi et Leopold.


          Dernière édition par Farore S. Corsandre le Jeu 18 Aoû 2022 - 11:22, édité 1 fois
            La structure menaçait de s'effondrer, mais qu'importe Izumi ne relâchait pas la pression qu'elle imposait à son adversaire. Menteuse continuait de fendre les airs, cherchant par tous les moyens à taillader le chef de famille et chef du syndicat, l'office du binoclard était devenu un champs de bataille, et Leopold grinçait des dents en parant les attaques de la demi-géante. Un coup de pied droit de Filipe sur la côte de l'Armure et Izumi reculait en grognant, son plastron n'avait pas grand chose mais une de ses côtes était au moins fêlée, crachant au sol elle envoya d'un bras parcouru du fluide de l'armement une étagère en direction de Filipe Leopold Venici, et alors que celui ci explosait sans effort le meuble projeté par son adversaire, la lame de vent qui suivit explosa un autre mur alors que l'homme se relevait péniblement. Un filet de sang s'écoulait de son bras droit, et le visage mauvais du maître des docks de l'île s'illumina d'un rictus carnassier à l'attention de la primée.

            Il n'y avait pas besoin de mots, Izumi s'élança ignorant la douleur dans l'une de ses côtes droite, une lame de vent puis une autre pour se créer une ouverture, avant de bondir et d'abattre Menteuse avec toute la force dont elle disposait, et alors que le pied gauche de Leopold traverse le bois et la tôle sous l'impact de la Supernova, le bureau tremble. Et la partie suspendue au dessus du sol à l'instar d'une véranda fixé au plafond de l'entrepôt, surplombant les lieux et offrant une vision parfaite sur les marchandises arrivant. Le sol s'effondre sous leurs pieds, c'est la ruée vers la sortie, Leopold attrape la jambe gauche de la demi-géante alors qu'il se rue vers elle, pour l'envoyer valser vers le vide et la partie s'écroulant une quinzaine de mètres en contrebas dans un fracas et une explosion de bois, et métal. Izumi enfonce la lame de son meitou dans le sol, affirmant son emprise avec le fluide de l'armement, alors que ses pieds se suspendent dangereusement dans le vide, son regard emplit de haine fixe Leopold qui ne la quitte pas des yeux et lui envoie tout ce qu'il peut pour la faire chuter.

            Les craquements de plus en plus répétitifs, le bruit des objets s'éclatant contre le sol de l'entrepôt, Izumi fait abstraction des risques. D'un grognement elle se sert de Menteuse comme d'un piolet, et dans chaque trou que laisse son arme, elle y met sa main libre, puis un pied, puis l'autre, à la vertical elle remonte en exultant de rage. Juste à temps pour voir par une fenêtre brisée, le Venici s'enfuir, secouant la tête elle reste un instant à fixer le plancher avant de frapper du poing.

            Elle charge, enfonçant un mur pour tomber directement dans les escaliers et devant le syndicaliste, les yeux brûlant d'une haine et d'une envie de meurtre que rarement avait ressenti récemment la libre capitaine. Dégainant son autre sabre, d'un style à deux mains elle batailla sur les marches en faisant fi du décors. Arrachant une partie de la rembarde de sécurité, Leopold bloqua les lames d'Izumi, la demi-géante descendit de deux marches en maudissant le mafiosi, purger les Blues de ce genre d'individu, l'espace d'un instant elle se vit faire le bien avant de brièvement penser à ses honoraires qui grimpaient en flèche à mesure que le combat avançait.

            Perdre du terrain ? Une veine manqua d'exploser sur son front en constatant la situation, trop de temps. Elle perdait trop de temps à abattre la cible, mais sans se précipiter Izumi cherchait toujours à trouver une véritable chance de percer la défense dans le style chaotique de son adversaire. Que marmonnait-il ? Qui psalmodiait-il ? Si il cherchait à s'enfuir, si il se dérobait aux combats c'était bien qu'il sentait qu'à terme l'issue du combat lui serait défavorable.

            Le métal de Menteuse se couvrit de la couleur du haki de l'armement et Izumi eu la confirmation de ce qu'elle pensait, à niveau égal l'Armure aurait sans doute perdu, une tentative d'assassinat de plus échouant contre le maître des docks. Dommage pour Filipe, son adversaire n'avait absolument aucunement honte de recourir à tout ce qu'elle pouvait pour prendre le dessus, il ne pouvait s'en prendre qu'à lui même. Pas loin de son intimité passa l'épée de son ennemie, tranchant en deux les escaliers sous ses pieds. Chacun son tour de devoir danser pour rester en équilibre, il remonta de trois marches avant de jeter un rapide coup d'œil en dessous de lui. Et à la surprise de la libre capitaine, sauta dans le vide.

            C'est ce que cru pendant une seconde l'Armure avant de se rendre compte qu'en bas, le docker avait atterrit sur un conteneur. Et il se relevait péniblement, maudissant intérieurement Manshon et ses habitants tous plus dérangés les uns que les autre, Izumi se laissa également tomber, laissant Menteuse retrouver son éclat naturel et utilisant le haki de l'armement pour garantir un atterrissage ou ses jambes ne se retrouveraient pas au niveau de ses épaules.

            - Tu veux pas juste crever, hein ma grande ? Lâche moi les basques par Sam.

            Tenace, rancunière et surtout professionnelle Izumi afficha un maigre sourire de dédain en direction de Leopold. D'un coin de l'œil en direction du bureau qui ne s'était toujours pas effondré, chancelant, ne tenant plus qu'à un fil au dessus du vide, l'Armure reprit son sérieux.

            - Je crains qu'il ne restera plus grand chose de votre carcasse, à montrer à mon employeur Filipe, mais peut-être que votre Dieu fera des miracles ?

            Furieux, l'insultant d'hérétique et d'autres noms d'oiseaux, il se jeta sur la jeune femme.
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            Les coups résonnaient dans l'immense hangar, et malgré la fatigue venant, Izumi ne bronchait pas, hors de question de finir sur ce combat sur autre chose que sa victoire. L'éternité entière ne suffirait pas à satisfaire les pulsions meurtrières de la demi-géante, valsant ses deux lames avec une force herculéenne, pourtant Filipe ne semblait pas plus mal en point. Certainement fatigué, son adversaire ne cédait du terrain qu'à la force et le harcèlement de tous les instants de l'Armure, il avait bien tenté de bondir de conteneur en conteneur, mais sur ses talons la libre capitaine faisait pleuvoir les lames de vents, sans réellement se soucier des dégâts matériels. On ne pouvait pas tout avoir d'un seul coup, malgré cette force qui semblait décuplée comparé à ses débuts, elle ne pouvait encore venir à bout rapidement de genre d'opposant. D'un gabarit nettement supérieur à la moyenne des Blues, Leopold aurait certainement régné pendant encore de nombreuses années, si la primée ne s'était pas mise en travers de son chemin.

            Chaque ascension connaissait sa fin, et même toute la paranoïa du monde ne lui avait évité de finir comme l'ancien élu syndiqué des docks. Maintenant, il goûtait aux mêmes sentiments qu'avait ressenti ses innombrables victimes, on tombe toujours sur plus fort que soit. L'assaut ralentit, et les deux combattants s'observent un instant, chacun reprenant aussi rapidement que possible son souffle, Izumi n'halète pas encore, mais sa respiration saccadée se fait de plus en plus rapide.

            Le chef de famille est en sueur, si bien qu'il a retiré ses lunettes, ses petits yeux plissés brillent encore faiblement, animés par ce qui lui reste de force et d'endurance en réserve. Sans crier gare, Izumi rompt volontairement cet armistice temporaire, sa jambe droite rencontre le ventre du mafiosi, et alors que Leopold crache bile et salive sur le plastron d'Izumi, la capitaine cherche à abattre Menteuse dans le dos de son ennemi, pourtant c'est elle qui reçoit un nouveau choc au bras gauche, et alors qu'elle laisse tomber son autre sabre sous la douleur, elle n'arrête pas son action pour autant. Menteuse s'enfonce dans l'épaule droite du Don, qui hurle de douleur en abattant son autre poing dans le visage de l'Armure qui tombe à genoux.

            - Eleanor, préparez vous pour le "nettoyage".

            Murmure-elle d'une voix froide et détachée.

            Encore, encore inlassablement Izumi se relève sur ses deux pieds, chancelante l'espace d'un instant elle se reprend en tapant du coude sa côte fêlée. La douleur la ramène instantanément à la réalité, son bras encore entièrement valide passe sur son visage tuméfié et ensanglanté. Face à elle, le porc se vide de son sang, sa proie lui en aura fait bavée et il est certains qu'après cette nuit, il lui faudra du repos, mais enfin elle tient sa situation idéale. L'épée de Damoclès au dessus de la tête de Leopold tremble tant elle menace de tomber, un nouveau crachat mélange d'hémoglobine et de salive en direction du sol, alors que racle Menteuse sur le conteneur. Marchant lentement, puis plus rapidement, avant de s'élancer une dernière fois se fendant d'un cri de rage alors que Leopold écarquille ses mirettes et que le maître des docks ne se mette lui aussi à beugler comme un forcené.

            Menteuse est rangée dans son fourreau pendant la course, et l'uppercut qui casse la garde du blessé, couvert du fluide de l'armement l'envoie valsé à travers le conteneur sous leurs pieds. Le bruit du métal se tordant, la chute du corps du syndicaliste, hors de question de lui laisser du répit. Elle saute à son tour, et cherche du regard son adversaire qui semble encore s'être envolé, pas un bruit, avant la barre de fer de Leopold ne tape sur sa côté déjà endommagée, et c'est au tour d'Izumi de se coller à la paroi du conteneur, alors que sort de la pénombre, un Leopold méconnaissable, le sang continue de s'écouler de ses blessures, et un côté de son corps ne répond plus à ses ordres, son nez cassé ne semble pas plus le déranger que ça.

            Lorsque les regards se croisent, l'Armure réprime une moquerie qui lui ferait du mal, mais elle n'en pense pas moins. Ses yeux exorbités, Leopold vient de frapper Izumi mais ne semble pas pressé de s'avancer pour finir le travail, et la capitaine de l'Iron Fleet poussant contre sur le métal auquel elle s'était accoudée, se remet sur pattes. Ses lèvres s'ouvrent mais aucun son ne s'en échappe, et le pieux Filipe semble désormais bien démuni, lui qui terrorisait jusqu'à encore cette après-midi ses opposants, lui qui n'avait aucun de mal à ordonner la mort de quelqu'un semble à cet instant pétrifié.

            Il ouvre la bouche à nouveau en secouant la tête avant de lever son pied de biche, le poing de son opposante s'enfonçant dans son visage le prive de la victoire, et il perd connaissance en tombant aux pieds de son ennemie.

            - Eleanor, dépêchez-vous.

            Alors qu'elle entends les portes du hangar s'ouvrirent, Izumi se laisse tomber à côté du corps du chef mafieux inconscient. Et petit à petit, sa vision se fait floue, luttant contre le sommeil et la fatigue, Izumi allume une cigarette de sa main valide.

            - Capitaine ! Debout ! Bon vous pourrez pas dire que j'ai pas essayée.

            La paume de la main de la longue-jambe qui s'élance en direction du visage angélique de la forgeronne, est arrêtée faiblement par Izumi.

            - Aidez-moi à me lever, combien de temps j'ai ...

            - Deux minutes, et je pense que votre plan sautait aux yeux.

            L'insolente attendrait, aidée de ses filles, Izumi sort du conteneur avant de contempler la scène sous ses yeux : Filipe Leopold Venici, bâillonné et ligoté se débattant mollement au pieds de ses bureaux, en hauteur une trentaine de Filles du Serpent retenaient avec cordes et moyens du bord la partie qui menaçait de s'effondrer, de tomber avant que leurs capitaine ne l'ait décidée.

            - Capitaine, on s'est dit que ça suffirait comme preuve.

            La paire de lunettes de son ennemi entre ses mains, il y avait enfin une justice dans ce monde. Entraînez ses idiotes et son équipage n'avait été en vain ! Une double récompense donc pour la demi-géante qui en dégainant Menteuse, esquissa une grimace de douleur. Pendant moins de dix secondes, le regard suppliant et terrifié du monstre enchaîné rencontra celui dédaigneux et méprisant d'Izumi, mais contrairement à ses débuts, la Supernova ne s'imaginait plus à la place de ses ennemis.

            - Allons-y.

            Sans perdre plus de temps, elle rompit le contact visuel, et alors que la longue jambes portait sa capitaine du mieux qu'elle pouvait, Izumi leva Menteuse aussi haut qu'elle pouvait. La lame de vent formidable produit par le meitou scinda net ce qui menaçait de s'écrouler, et sans autre forme de procès, Izumi en avait terminée avec Filipe Leopold Venici. Aucun lien, même négatif ne la liait au syndicaliste, sa mission était terminée et s'attarder d'avantage ne rimerait à rien.

            - C'est fait.

            Fut la seule information qu'elle communiqua à Farore via escargophone. En retrouvant Sara et ses épéistes, la capitaine confia la paire de lunettes du Don à sa lieutenante, qui elle même la rapporta aussi rapidement que possible à Elizia. La quartier-maître de l'Iron Fleet, s'assurant que l'héritière était bien seule lui présenta le trophée sans jamais lui tendre.

            - Nous avons accomplit notre part du marché, à vous d'accomplir la votre, la politique est votre domaine héritière. Nous nous retrouverons lorsque vous aurez prit le contrôle des docks, n'essayez-pas de nous fausser compagnie cette-fois dame Corsandre.

            S'inclinant elle prit congé avec ses troupes, l'Iron Fleet maintiendrait profil bas jusqu'à la fin de la mission, plus rien ne se dressait entre Farore et son objectif, si ce n'était sa propre prestance et ses compétences d'oratrice.

            Elle y parviendrait, aucune autre solution n'était envisageable à présent. Alors que dans la chaloupe la menant à son navire le plus proche, Izumi observait le ciel étoilé et l'aube à l'horizon qui émergeait doucement, la demi-géante se laissa partir dans les bras de Morphée, quelque chose lui disait qu'elle aurait besoin de toutes ses forces avec l'héritière et ses frasques.
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            - Ambition-



            Solidement encadrée par les troupes de l’Iron Fleet, Farore devine tant bien que mal par les bruits du combiné, que les combats sont d’une violence inouïe. Ce n’est pas sans lui rappeler les événements de l’an dernier, ce terrible blocus de la Marine qui avait fait tant de morts et qui avait semé tant de désolation sur la perle du Nord. C’est un air nostalgique qui s’empare de Farore en embrumant son regard qui peine à se maintenir sous cette pluie battante et froide. Après un long moment, l’une des suivantes de l’armure se présente à elle avec la paire de lunettes de Filipe. Une preuve insuffisante pour Farore, elle aurait préféré voir le corps et peut-être même prendre un malin plaisir à lui révéler son identité avant de lui ôter la vie. Mais seul le résultat final compte pas les aléas. La belle cendrée finit donc par s’adresser à la porteuse de nouvelle.

            « Très bien, c’est mon tour. Mon manoir est votre, bien que délabré, vous pourrez y séjourner si l’envie se fait sentir. »

            Une simple politesse et un geste de courtoisie pour l’équipe qui avait donné tout ce qu’elle pouvait dans la lutte contre les Venici. Farore se détache du groupe, faisant un simple signe de tête qui voulait en dire long sur sa détermination à honorer sa dette. Elle a beau vouloir baigné dans le crime, elle restait avec un honneur tout singulier et inébranlable.

            L’aube pointe à l’horizon, levant au passage cette maudite pluie qui n’en finissait plus depuis plusieurs jours maintenant. Un soleil fin et timide s’élèvent dans les cieux tentant de réchauffé les terres sévères du nord. Jean-Luc Melmanshon est là, droit comme un i, son costume gris est impeccablement entretenu et sa cravate de chez Smalto – le tailleur le plus réputé de Manshon – forme un nœud winsdor double ajusté à la perfection. Son discours est bien en main, le discours que Farore a écrit avec verve et fougue.

            Le syndicaliste a donné l’ordre au syndicat de réunir l’ensemble de ses adhérents sur le port, et ce, afin de prononcer quelques mots. Aucune interaction entre lui et Farore n’est visible et cette dernière se glisse par effraction à l’arrière de la scène, un rideau suffisamment épais dissimule sa silhouette fluette, mais ne dissimulera aucun son. Elle pouvait ainsi s’adresser à son pion en toute impunité tandis que ce dernier révise le discours sur son pupitre.

            « Le reliquat de la famille Venici a eu vent de certains soucis au port hier soir. Ils vont donc rejoindre vos rangs pour renforcer votre nouvelle famille. Vous êtes désormais mon chargé administratif. Tout ce que vous ferez sera légal. En tout temps et tout lieux. Tout ce qui concerne les parties mafieuses qui se dérouleront sur le port ne vous concerne aucunement. Votre mission : reconstruire le port, le faire fructifier, et veiller au bien-être des citoyens. C’est assez simple. Vous ne devrez rendre de compte qu’à moi, comme convenu. Vous avez vu avec quelle « facilité » nous avons pu chasser Leopold du port, il en sera de même pour vous en cas de désobéissance. Je suis désormais votre chef de clan, votre mère. Vous me devez une complète confiance et une obéissance à toute épreuve. Je vous ai trouvé le travail de vos rêves, je vous donne les pleins moyens d’accomplir vos rêves politiques les plus insoupçonnées. C’est une maigre récompense n’est-ce pas ? »


            Jean-Luc ne répond pas, il se contente de se racler la gorge, conscient qu’il est désormais liée de près comme de loin à Farore et qu’il doit servir sa nouvelle patronne. Il est aussi conscient de son devoir pour avoir une vie longue et heureuse.

            « Dans les prochains jours, quelqu’un va venir s’assurer que tout ce passe bien et que les restes des Venici s’affairent bien à votre cause. Si ce n’est pas le cas, nous ferons le ménage. Tenez-vous prêt pour la prochaine étape je vous prie. »

            Satisfaite de ses petites tirades, la jeune dame quitte les lieux pour se mêler au public pendant que Jean-Luc récite avec une intonation et une colère qui lui est propre le discours de Farore. La foule est en délire devant les annonces prometteuses qui laissent sous-entendre que la vie sur le Golden port risque de devenir meilleur rapidement. L’animosité des résidents des docks semble s’adoucir et la foule se disperse avant de se remettre au travail. Farore se dirige alors vers les docks, attendant le navire de l’Iron Fleet et la femme en armure à qui elle doit beaucoup, et justement, il est ici question d’honorer sa dette et d’enfin convenir d’un paiement vis-à-vis du mercenaire. Si elle est invitée à bord, elle emprunte la passerelle pour se tenir droite comme un i devant Izumi, sinon elle attendrait sur le quai avec une seule question brûlante.

            « Bonjour, encore merci et beau travail. Je crois qu’il est plus que temps pour moi d’honorer mon paiement. J’écoute attentivement. Quel est donc le prix de ce paiement que je soupçonne de ne pas être en Berrys ? »

              Ce ne fut pas un navire qui vint chercher l'Héritière mais une chaloupe, Izumi n'étant pas encore assez idiote pour donner une chance aux marines de l'incarcérer. Finir écrouée n'était pas ce qu'avait prévu pour son futur la demi-géante, au contraire, les guerrières aidèrent Corsandre à monter sur la barque, avant de ramer, pendant un moment. Mouiller dans le port de Manshon c'était une invitation pour n'importe quel officier avec un tant soi peu de jugeote de venir cueillir avec des renforts l'Armure.

              Alors la flotte de fer s'était ancrée non loin des eaux territoriales de l'île aux mafieux, sur son navire amiral, la libre capitaine grimaçait à chacun de ses pas, son visage tuméfié était couvert de bleus, et pourtant Izumi gardait une posture et une attitude cordial. Lorsque Farore se hissa sur l'Hagane No Nami, au centre sur le pont supérieur, l'on lui offrit à sa convenance, des rafraichissements et un siège, la demi-géante restait debout tirant sur une cigarette la nicotine nécessaire pour qu'elle garde un calme olympien. Les brefs et succincts compliments de son interlocutrice à son égard, manquèrent de faire sourire Izumi, pour achever la collaboration des deux femmes, la question du salaire et des frais devait être répondu à cet instant. Fidèle à ses principes et à ses paroles, les négociations ne pouvaient démarrer que maintenant, maintenant que l'obstacle en travers de la réussite de la mafieuse avait disparue, la Corsandre pouvait aisément naviguer et manigancer pour prendre la place de Filipe et ainsi récupérer le pouvoir et une partie des ressources dont disposait le syndicaliste sur l'île.

              - Voici mes demandes : J'ai besoin de Grixendre, cette poudre explosive originaire de Konaeshima constituerait une arme, ou un moyen de défense non négligeable. Et les maigres deux tonneaux en ma possession ne me suffisent pas, et après mon passage à Konaeshima et avoir dégradé l'Université Figura, je préfèrerai de pas y retourner avant un moment.

              Une nouvelle bouffée, le nuage de fumée s'élève au dessus de la tête de la demi-géante. Plissant son regard elle fixe un instant son interlocutrice, un fin sourire se dessinant sur ses lèvres. Une dette, voilà avec quoi repartira aujourd'hui l'Héritière, vendre son âme pour du pouvoir c'est facile, réussir à matcher le prix du démon en revanche c'est bien plus compliqué.

              - Voici votre deuxième option, j'ai également de main d'œuvre, de beaucoup de main d'œuvre. L'île aux esclaves abrite le plus grand nombre d'esclaves à la portée de n'importe qui un peu débrouillard. Vous n'avez pas besoin de chiffres ou de mesure, pour chacune des options le plus possible et seulement le plus possible conviendra.

              Tendant son bras pour écraser son mégot, elle laisse de nouveau un silence pour que l'Héritière puisse prendre des notes dans sa tête.

              - A côté de ça, j'investirai dans vos affaires, et/ou viendrai de nouveau ici pour abattre les obstacles sur votre chemin. En conséquence la moitié des revenus du syndicat seront à versés à mon intention, je vous rassure je n'ai pas l'intention d'être une sangsue en ce qui concerne l'argent. Mais en attendant le véritable paiement, il est normal que je reçoive des intérêts pour ma participation.

              Elle tend sa main gauche à la locale, en gage de respect.

              - Enfin je ne saurai que vous recommandez d'épouser le mode de vie qui vous sied désormais.

              Depuis les ombres règnent les chefs mafieux, et même occasionnellement l'un d'entre eux meurt et immédiatement remplacé par un successeur encore plus "méchant", au regard du gouvernement ces criminels n'ont pas de visage, utilisant des sbires pour les actions les plus risquées, l'image du mafieux est associé avec la discrétion. Et même si le manoir Corsandre, réparé et entretenu, serait probablement magnifique et prestigieux, la jeune femme ne peut se permettre d'immédiatement entamer des travaux. Et ça, Izumi, pour leurs futurs collaborations et pour elle même, espère bien que l'autre avait assimilée ces notions.
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              La chaloupe tangue au grès des vagues, tantôt tumultueuses tantôt calme. Les embruns portés par le vent qui chasse le reliquat de nuages menaçant, parviennent au nez de Farore pour lui faire confondre l’odeur de la victoire naissante. Mais la jeune dame n’est pas dupe et sait d’ores et déjà que le prix d’Izumi sera élevé et qu’il lui faudrait mobiliser des moyens et des ressources importantes pour parvenir à un accord pérenne.

              L'embarcation s’accoste sans mal au navire amiral de l’Iron Fleet, qui domine fièrement les alentours comme une pièce maîtresse de la démonstration de puissance de l’Armure. Farore est conduit au centre du pont supérieur, des mets de qualités plus que correct et des rafraîchissements étaient dès lors proposés ce qu’elle décline avec la plus grande politesse et humilité pour ne pas froisser ses hôtes. Izumi formule ses demandes, calme, passible. C’est une tout autre personne qui se dévoile devant Farore, une personne qui suscite davantage d’intérêt pour la cendrée. Elle écoute, assimile, fait des notes dans sa note, entrevoit des choses. Farore prend alors la parole à son tour dans un calme olympien qui lui est propre, Allister Corsandre l’avait assez rabâché, il ne faut jamais laisser entrevoir quoi que ce soit, n’importe quel sentiment.

              «Dans un premier temps, je souhaite vous faire part de mon entière satisfaction à votre égard, mais aussi à celui de vos filles, je ne leur ai pas facilité la vie et je m’en excuse, mais certains plans ne peuvent attendre. Vous faites un pas vers moi en me proposant plusieurs solutions, c’est tout à fait généreux de votre part et je vois que nous sommes enfin sur un pied d’égalité en termes de respect. »

              Elle marque une pause affichant un sourire large et franc avant de reprendre de plus belle dans ses explications pour les moins inattendues.

              « Je ne pense pas être suffisamment proche de vous pour connaître la raison de vos besoins en Grixendre. Cependant, voici mon offre. Je vais trouver un moyen d’ouvrir une mine sur place, vous pourrez vous y servir autant que vous le souhaitez. Ceci est en gage de remerciement pour les risques encourus. »

              Elle marque une nouvelle pause, toujours sûre d’elle, il faut montrer qu’on est à l’aise et qu’elle n’a pas peur d’être sur le navire. Pour ce faire elle se sert un grand verre d’eau pour montrer qu’elle n’aurait pas peur d’un éventuel poison.

              «Maintenant, que j’ai témoigné mon respect à votre égard. Nous devons régler cette dette en effet. Concernant vos esclaves, je serai ravie de pouvoir sous-traiter le tout et faire de la vente ici tout en vous reversant quelques copieux dividendes. Et le reste de votre proposition me semble on ne peut plus honnête compte tenu des circonstances. Soyez sûre que tout ceci sera vite réglé. »

              Elle saisit dès lors sa main, scellant ainsi un accord tacite entre l’Iron Fleet et le tout naissant syndicat.

              La suite des opérations est on ne peut plus simple pour Farore, dans un premier temps, elle doit rencontrer un dénommé Rilas, une « perle » découverte par Alfred soi-disant. Puis elle irait sur l’îlot flottant pour amasser un peu d’argent pour l’investir dans sa future mine et ainsi honorer sa dette d’honneur envers Izumi, espérant ainsi dégagé plus rapidement des fonds pour l’avenir. La lutte contre les Tempiestas est encore longue, et elle nécessite des moyens et des ressources immenses pour pouvoir mettre à mal l’ambition de la première famille mafieuse. Si Izumi avait usé de la violence pour la première partie du plan de Farore, la suite se déroulerait d’une manière bien plus pacifique, bien que ficelée par un épais tissu de mensonges et de manigances.