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Around the world

Difficile pour moi ces derniers temps d’avoir une notion du temps. Depuis ma capture j’avais l’impression d’avoir déjà perdu une année entière de ma vie, tellement le temps me paraissait long.

Le confort plus que rudimentaire n’aidait vraiment pas, il faut dire, heureusement que j’avais un peu de compagnies en la personne de Trembol. Notre petite confrontation n’était pas passée inaperçue, notamment auprès des autres taulards qui avaient décidé de mettre une distance de sécurité avec nous. Pas de quoi se plaindre, bien au contraire, nous étions entassés là-dedans comme du vulgaire bétail qu’on envoie à l’abattoir. Mais nous n’étions pas les seuls à avoir ce privilège, parmi la soixantaine d’occupants d’autres avaient le droit à un carré VIP. C’était le cas notamment d’Hannibal et le restant de son équipage des Fils des Everglades.

J’avais encore le souvenir de lui et sa bande comprenant des centaines d’hommes, aujourd’hui, leur capitaine se tenait difficilement debout, et il ne lui restait plus qu’une poignée d’hommes. Comme quoi, dans ce métier, les revers sont aussi violents que rapides. Les autres privilégiés n’étaient que des vétérans de South blue notamment, jouissant d’une réputation dépassant largement leurs faits d’armes.

J’avais d’ailleurs trouvé en la personne de Trembol pas seulement un allié dans ce qui allait devenir mon ultime demeure, mais aussi une grande source de savoirs. Pur produit de Rokade, il avait navigué depuis sa plus tendre enfance à bord d’une multitude de navires pirates. Il connaissait toutes les grandes figures du milieu et il était arrivé à se faire un nom au fil des années. Avant que tout prenne fin sur l’île du Karaté à cause d’un certain Raines…

À l’annonce de ce nom, mon sang ne fit qu’un tour, cela ne pouvait être une coïncidence, après lui avait fait une description physique de l’énergumène que j’avais rencontré déjà à deux reprises, il me confirma qu’il s’agissait e la même personne. Au moins nous avions un point commun, nous avions tous les deux une dent contre Raines. Inutile de dire que cracher sur son dos fût l’une des principales occupations du jour !

Je paierais cher pour sortir d’ici pour pouvoir lui tordre le cou ! D’ailleurs en parlant de ça, je me rappelais que j’avais un magot de plusieurs dizaines de millions qui devait dormir par là. Cette pensée me fila le cafard, rien d’imaginer ce que j’aurais pu faire avec tout cet argent. Les litres de rhum, les kilos de femmes .. Mais maintenant grâce à Raines et son comparse, je ne pourrais jamais contempler le corps d’une femme . Je serais dans une prison remplie d’hommes à voir pire d’Okama. Qu’il soit maudit lui aussi, j’espérais de ton mon cœur qu’il tombe sur plus fort que lui et termine sa carrière à six pieds sous terre.

L’autre sujet de discussion était bien évidemment cette mystérieuse porte qui se trouvait au bout de la cale. En permanence gardée par des types qui n’avaient absolument rien à voir avec les autres geôliers. Je ne savais pas ce qu’il y avait là-dedans, mais cela devait être un trésor de guerre. J’avais déjà surpris nos matons échangés à voix basse à propos de ces types. Une histoire de Cipher pol, une connerie de ce genre, autant moi que Trembol, nous n’avions jamais entendu ce mot auparavant. Ce qui semblait être leurs officiers se rendait une fois par jour à l’intérieur de cette pièce. C’était deux gars à la mine pas commode du tout. Ils fichaient même la trouille à l’équipage lors de leur passage. J’ai bien essayé d’en savoir plus, car ils avaient l’air en effet sacrément costaud. Mais comme il fallait s’y attendre de la part de nos matons, ils n’étaient bons qu’à nous insulter. D’ailleurs l’idée d’en attraper un pour lui tordre le cou histoire de lui apprendre le respect me traversa plusieurs fois l’esprit. De toute façon je risquais quoi ? J’étais déjà un homme mort.


Je n’avais pas la moindre idée de la durée de ce voyage, mais j’avais conscience d’une chose, c’est que cela allait être long, très long. Déjà, car depuis quelque temps mon corps réclame de plus en plus de nourriture, chose que je ne pouvais absolument pas lui fournir. La pâtée servie ici ne contenterait même pas un clébard sur las camp. C’était tout bonnement ignoble, au début j’avais balancé cette merde en protestant. Mais au final je dû passer le reste de la journée l’estomac vide. Alors n’ayant pas d’autres choix, je m’étais résigné. Toutefois, j’avais peut-être trouvé une solution à mon problème de bouffe. En effet, un petit gamin sorti de je ne sais où, était le commis qui avoir pour tâche d’apporter la popote aux détenus. Même si ma première pensée fût de l’attraper lorsqu’il passa à proximité, c’était certainement la chose la plus débile à faire. De toute façon, mon objectif était de bouffer autre chose que ce ragoût des enfers. J’avais déjà pris de force la gamelle d’un autre retenu par persuasion musculaire, mais ce n’était en rien une finalité. Il me fallait de la vraie nourriture !

Le minot venait une fois par jour en trainant avec le plus grand mal sa grosse marmite. Qu’elle idée de foutre un gamin dans un navire remplie à raz-bord de criminels en tout genre, surtout pour porter un truc qui devait faire facilement le double de son poids. Nous nous placions en ce qui devait soi-disant ressembler à une file indienne, puis chacun notre tour, nous avions le droit à un bol de merde. Bien évidemment, il existait une hiérarchie, Hannibal était toujours le premier servi et ses hommes lui rapportaient chaque jour plusieurs rations supplémentaires confisquées aux plus faibles. Autant dire que cela ne verrait jamais le bout du voyage à ce rythme, mais ce n’était pas mon problème ni celui des gardes à première vue.

Alors que c’était l’heure du repas, je me plaçais avec Trembol juste derrière les gars d’Hannibal. D’ailleurs je ne serais pas étonné que cela parte en vrille un jour ou l’autre avec eux. Ils supportaient très mal notre présence et c’était parfaitement réciproque. Cela ne faisait aucun doute qu’ils allaient nous tomber dessus pour assoir définitivement leur autorité ici. Pour avoir abordé le sujet à plusieurs reprises avec Black, c’était une éventualité qui était très loin de nous déplaire, leurs gueules de cons nous sortaient par tous les trous.

Arriva enfin mon tour, et je glissais alors quelques mots au petit :

« Hey gamin ! Dis, tu crois que c’est possible que tu me ramènes quelque chose de plus consistant ? Vous devez bien avoir des trucs meilleurs en cuisine pour les gardes ?! je crève la dalle ! En plus j'ai vu que les drôles de gardes là-bas t'envoie toujours chier. Ce sera ta petite vengeance personnelle !
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Dernière édition par Jack R. Skellington le Sam 17 Sep 2022 - 15:07, édité 2 fois
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- Alors comme ça c’est toi qu’Alaaric voyait comme son… “apprenti” ?
Prostré devant l’agent du CP9, le jeune Timothée n’osait vraiment lever ses yeux vers l’homme en question, terrorisé qu’il était à l’idée de croiser son regard qui était certainement celui d’un pervers sans limites… Certes, Alaaric était quelqu’un de… “gentil”... au fond, mais pour ce qui était du reste des éléments du CP9, rien n’était moins sûr.
A vrai dire, même en grandissant en tant qu’un pauvre gosse des rues de Logue Town, Timothée avait a plusieures reprises entendu des histoires abominables à propos des membres du CP9… Certaines des surveillantes de l’orphelinat où il avait passé ses premières années utilisaient même l’image de ces êtres atrocs pour forcer les enfants récalcitrants à manger leur soupe ! Timothée se souvenait de leur voit comme si c’était hier :


- Attention ! Si tu finis pas ta soupe, j’appelle les messieurs du CP9, ils vont venir !

En vérité, Timothée était aujourd’hui un peu trop âgé pour croire à ces foutaises : le CP9 avait sans doute des affaires plus importantes que de torturer des enfants qui ne voulaient pas manger leur soupe… Comme de torturer des enfants comme lui qui avaient eu le malheur d’être nés trop pauvres pour ne pouvoir recourir qu’au vol pour se sustenter… Et en parlant de sustenance justement, alors que l’estomac du petit Tim gargouillait d’envie, l’agent face à lui se délectait du poulet rôti qu’il avait lui-même préparé en tant que commis du bateau…
- En tout cas, je ne peux pas t’enlever ça… Tu possède un vrai talent pour la cuisine…
Alors que l’agent du CP9 déchirait la chair d’une des cuisses du poulet que le jeune Timothée lui avait amené, le garçon répondit plus par peur que par plaisir :
- Merci monsieur…
Par dessus son uniforme de bagnard, le petit Timothée arborait un tablier blanc et à la place de son calot, une grande et élégante toque de cuisinier qui faisait facilement à elle seule un petit tiers de sa hauteur totale.
Quand on lui avait annoncé quelques jours plus tôt qu’il allait embarquer à bord d’un bateau en tant que chef cuisinier d’un navire de transfert de la Marine, Timothée n’en avait pas cru ses oreilles ! Bien sûr qu’il avait accepté, avec un enthousiasme cent fois plus important que n’importe laquelle de ses assignations à Tequila Wolf ! Échapper au froid, purger sa peine en faisant quelque chose qu’il aimait, et peut-être même voir du pays autre que les rues tentaculaires de sa ville natale ou les carrières enneigées du bagne; oui, oui et cent fois oui ! Surtout que ce n’était censé être qu’un aller-retour…

Mais en vérité, ce ne serait qu’un aller simple et sa joie n’avait été que de courte durée quand il avait compris (dès la première fois qu’il avait servi ce monsieur du CP9 !) que ce voyage n’était en réalité qu’une manière plus “raffinée” ou “sophistiquée” (les dires même de l’agent) de le torturer en lui faisant miroiter les supplices qui l’attendait une fois ce voyage “culinaire” achevé… À chaque repas, et c’était son grand jeu : il demandait à ce que Timothée le serve en personne et le regarde manger tandis qu’il lui décrivait avec minutie chaque endroit abominable où il avait une chance d'atterrir à l’issue de ce voyage… Et encore, c’était si il le terminait car entre la noyade, la pendaison, le peloton d’exécution ou même sa dernière invention de “chaise électrique” (surtout cette dernière, il semblait en être fan), l’agent du CP9 avait évoqué mille et unes façons dont le voyage (et la vie!) du petit Timothée pouvait se terminer prématurément si il ne lui donnait pas satisfaction en bouche jusqu’à l’arrivée au port; un port qui l’enverrait dans une des secrètes et impensables prisons du Grand Line… Celles dont personne ne ressortait.

Et la raison de tout ça ? Elle était aussi stupide qu’injuste ! Simplement un concours de zob entre les agents du CP9 qui souhaitaient se montrer entre eux qui avait le plus de pouvoir de vie et de mort… Puisque Alaaric avait eu le malheur de vouloir recruter Timothée, et que lui même avait eu le malheur de ne pas répondre favorablement à son offre, cet agent faisait maintenant depuis des jours (que Timothée avait arrêté de compter) sa distraction quotidienne de narguer le jeune garçon. Pourtant Timothée avait tenté ! Il avait essayé de lui dire que c’était un accident : il se revoyait sur le chemin du bureau de libération, son ordre de grâce en main, prêt à rejoindre Alaaric sur son vaisseau… Et cette infortune, sadique plaque de verglas qui non content de l’avoir assommé, avait laissé son ordre de libération à la mercie du blizzard qui l’emportait au large tandis qu’il comatait sur le sol, une bosse de la taille d’un oeuf de poule sur l'arrière du crâne.
Une plaque de verglas… Une simple et bête plaque de verglas… C’était tout ce qui avait décidé de son sort ce jour-là… Tout ce qui avait fait la différence entre s'il devenait apprenti du CP9 ou restait le matricule 10325. Alaaric était certainement repartit déçu ce jour-là; se disant que son cas était désespéré alors même qu’il avait l’intention de le rejoindre quelques instants plus tard; si ce n’avait été pour ce dégueulasse et injuste coup du sort…

Mais cette histoire, l’homme face à Timothée ne se lassait pas de l’entendre; au contraire : il semblait même rire de plus en plus fort à chaque fois ! A chaque fois qu’il lui demandait que le garçon lui apporte son repas… A chaque fois qu’il lui demandait de lui raconter de nouveau cette infortune histoire… Et à chaque fois qu’arrivé au dessert, il énumérait la liste des souffrances qui l’attendaient lui ainsi que les autres prisonniers à fond de cale, une fois qu’ils auraient atteint leur destination finale.
D’abord, Timothée avait été pétrifié de terreur… Puis il avait maudit sa vie et cet agent du CP9 qui le condamnait pour sa malchance (à moins que ce ne soit par pur sadisme… Difficile à dire…)... Mais maintenant c’était la colère qui prenait le pas : la colère d’être soumis à une telle injustice alors même qu’il avait fait de son possible pour rectifier ses (modestes) erreurs du passé.

Alors que l’agent du CP9 terminait son poulet tout en évoquant à quel point sa chair serait similaire une fois qu’il eût été passé sur sa “chaise”, l’homme le congédia d’un geste dédaigneux de la main tandis qu’il ramassait le plateau.

- Merci monsieur…
Répondit le petit blondinet alors que ses phalanges seraient à en blanchir sur les contours du plateau qu’il avait amené.
Il n’eût pas le temps du ruminer sa haine qu’il devait de nouveau jouer le serveur, mais cette fois-ci pour un tout autre public : pour les gens dans la cale du bâteau qui, comme lui, s’en allaient vers des horizons bien sombes…

Pendant plusieurs jours, Timothée avait servit ces hommes et ces femmes sans vraiment leur prêter attention; trop occupé qu’il était à réaliser que chaque nouvelle assiette de bouillon qu’il servait le rapprochait de son sort inéluctable… Aujourd’hui n’était pas vraiment différent à vrai dire si ce n’était qu’il serrait ses dents plus encore qu’il ne serrait la louche destinée à alimenter chacun de ces pauvres hères. Et puis, d'un seul coup, sans prévenir, uns de ces “résidus de fond de cale" attira son attention !


Hey gamin ! Dis, tu crois que c’est possible que tu me ramènes quelque chose de plus consistant ? Vous devez bien avoir des trucs meilleurs en cuisine pour les gardes ?! je crève la dalle ! En plus j'ai vu que les drôles de gardes là-bas t'envoie toujours chier. Ce sera ta petite vengeance personnelle !

Sorti de ses pensées, presque abasourdi que quelqu’un ne lui parle pas sans manque de respect ou agressivité passive depuis des jours, Timothée marqua un cran d’arrêt de quelques maigres secondes avant de finalement lever les yeux et croiser ceux de son interlocuteur. C’était un bagnard, comme lui, ou alors un bagnard en devenir… Une chose est sûre, les rayures ne réussissent à personne…
Timothée détourna rapidement le regard, repensant aux promesses de l’agent du CP9, puis déclara d’une voix soumise :

- J’aimerais bien m’sieur… Mais au dessus, il veulent pas que je vous serve autre chose que ça et…
Timothée s’arrêta un instant, repensant une fois de plus aux menaces de l’agent du CP9, repensant au fait qu’au final, tout ce qu’il lui promettait n’était rien d’autre que la mort… Une mort après une vie plus ou moins longue de labeur en vérité, si ce n’était pire encore… Les phalanges de Timothée se serrèrent autours de la louche, au point qu’il renversa un peu du bouillon promis à Jack sur le sol du bateau.
Pour la première fois depuis qu’il était à bord de ce navire, le blondinet releva la tête, ses yeux bleus reflétant autant de rage et de détermination qu’il était difficile de distinguer laquelle des deux émotions avait précédence sur l’autre. Avec un ton déterminé (quoique assez pathétique : puberté, souvenez-vous…) contrastant avec sa voix de chien battu d’à peine quelques secondes plus tôt, il déclara au type face à lui tout en le regardant dans les yeux.

- Vous savez quoi ? Qu’il aillent tous s’asseoir sur un cactus ! J’vous amènerait mieux à la prochaine ! Et tous les jours qui suivent !
Il marqua un cran d’arrêt et se retourna pour constater que les gardiens, comme à leur habitude, profitaient de la pause déjeuner pour fumer une clope et discuter entre eux sur le pont supérieur. Après tout, A part pour les agents du CP9, Timothée avait un dossier pénitentiaire exemplaire et aucun des Marines ne doutait qu’il appellerait à l’aide en cas de problème (pas plus qu’il ne se doutaient de son sort une fois à destination, et pas plus qu’ils ne feraient quoi que  ce soit pour intercéder en sa faveur… Malgré les bons petits plats qu’il leur mitonnait !), une chose qui jouait en sa faveur… Le jeune garçon reprit alors, regardant non seulement Jack, mais aussi les autres prisonniers qu’ils soient servis ou pas :
- J’ferais d’mon mieux pour vous amener mieux à la prochaine ! J’promets !

Une fois de retour dans la cuisine (SA cuisine, c’était bien le seul avantage d’être le seul cuistot à bord), Timothée s'afférait à quelque ouvrage bruyant au lieu de rejoindre son hamac avant le prochain service des matelots, CP9 et prisonniers (dans cet ordre).
Quand vînt l’heure de servir la marine, il leur apporta à chacun une cuisse de poulet rôtie au thyme accompagnée de leurs pommes de terres frites et tomates à la South-blue; un régal selon le chef même du vaisseau qui félicita le jeune bagnard.
Pour le CP9, il avait prévu un canard laqué avec de génreuses portions de riz blanc et une part de forêt noire qu’il avait spécialement préparée… Une fois de plus, ces gens ne se privèrent pas de manger sous les yeux tout en détaillant les supplices que les leur esprit tordus avaient imaginé pour lui pendant la nuit; sans doute leur façon de dire que c’était bien…
Finalement, il se dirigea vers la soute prisonniers, titubant comme à son habitude sous le poids imposant de la marmite qu’il trimballait… Et comme à leur habitude, les gardes ne l’aidèrent pas à descendre la marmite… Et comme à leur habitude, les gardes allèrent prendre leur pause tandis que Timothée posait sur le sol une marmite plus lourde que d’habitude.

Après avoir essuyé la sueur de son front, le petit garçon souleva la marmite pour dévoiler un bouillon guère différent de d’habitude avant d’ajouter la chose suivante :

- Bon ! J’espère que vous me balancerez pas pour ça, mais je vous ai amené du mieux aujourd’hui !
Ramenant les deux manches de son uniformes rayés dans ses mains pour ne pas se brûler, le petit garçon souleva ce qui ne semblait être qu’une assiette de soupe au sommet de la marmite (pour échapper à la détection des marines ignares en matière culinaire) pour relever un imposant jambon à l’os cuit (avec l’épais couteau servant à le trancher à côté bien entendu… Quels fainéants ces Marines pour ne pas vérifier les outils de la cuisine !) qui occupait la moitié de gauche de la marmite tandis que la droite regorgeait de haricots verts à la vapeur… Volontairement laissés au naturel car reposant sur un lit de riz à la sauce tomate qui complétait l’ensemble du fond de la marmite.
Fier comme un coq, le petit Timothée aiguisa son couteau avant de découper de généreuses tranches de jambon et d’encore plus généreuses portions de riz à la tomate et d’haricots verts pour chacun des prisonniers dans la cale. Entre deux services, il profita d’un temps mort pour décrocher de sous la marmite un paquet ressemblant à une brique. En déballant le paquet, Timothée constata avec satisfaction que son idée d’utiliser du pain de mie comme isolant thermique avait fonctionné à merveille ! Certes les tranches collées à la marmite avaient un peu noirci (d’aucun diraient toasté d’ailleurs), mais le pain avait absorbé sans encombre la chaleur pour éviter que la grosse brique de fromage collée en dessous ne se mette à fondre. En plus de leur repas, les passagers de la cale avaient ainsi chacun quelques tranches de pain de mie et de cheddar Maturé en provenance de Kage Berg à se partager !

Ce premier repas n’était qu’un premier défi pour Timothée : une première mise à l’épreuve de ses talents et il espérait bien amener (ou plutôt dissimuler) un meilleur festin la prochaine fois… Mais quitte à ce que ce soit son dernier vrai plaisir ceu cette terre, dorénavant il régalera AUSSI les prisonniers de son bateau, qu’importe les conséquences…
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Le grand Jack rendu à quémander un peu de nourriture à un gamin haut comme trois pommes, j’étais tombé bien bas, qui l’aurait cru ? Surement pas moi.  

Comme quoi la vie est faite de surprises et rebondissements. Un jour vous pouvez être le roi du monde, et le lendemain un taulard au ventre vide. C’était aussi fabuleux que flippant !

Mais en attendant j’étais au bout de ma vie, la gueule écrasée contre les barreaux j’attendais encore et encore, j’attendais désespérément un hypothétique retour du gamin avec une assiette pleine de bonnes choses. Mais rien ne venait, j’étais rendu à un point que je commençais à me demander si je n’allais pas bouffer la jambe d’un autre détenu à force.

Je passais le reste de ma journée, comme à mon habitude à me lamenter sur mon sort, le Jack était fait pour vivre dehors tel un poulet élevé en plein air, pas pour moisir dans une cage avec un tas de loosers malodorants. J’avais bien évidemment essayé dès le premier jour de forcer les barreaux, mais ils étaient dans un matériau que je ne connaissais pas. Cette saloperie était rudement solide et j’avais beau forcé, au point de me péter les hémorroïdes, cela ne bougeait pas ! Sans doute lasse de me voir m’user à la tâche pour rien, Trembol m’expliqua qu’il s’agissait d’un composant rarissime, chasse gardée de la Marine, le Granit Marin.

« Kesako ? »

Il m’expliqua qu’en plus d’être incassable, il avait la particularité d’annuler le pouvoir des fruits du démon. Car au cas un utilisateur d’un fruit se retrouverait enfermé ici, il ne pourrait en aucun cas profiter de ses capacités hors normes pour s’enfuir.

« Sont pas cons les bleus des fois ! »

Grâce à mon nouveau compagnon, j’en apprenais tous les jours sur le monde qui m’entourait. Je me rendais compte qu’au final je ne savais quasiment rien. Je n’avais pas ouvert un livre depuis des années ni consulté les journaux pour savoir ce qu’il se passait ailleurs dans le monde. Je n’avais pas vraiment l'occasion, j’avais une vie qui allait à cent à l’heure, quand je n’étais pas en mer pour me retrouver dans des galères pas possibles pour le Cartel avec Tom j’étais sur Rokade en train de courir la gueuse dans les moindres recoins de l’île. Je n’avais donc pas le temps pour ce genre de conneries, même si intérieurement je le regrettais.

Trembol quant à lui était obnubilé par ce qu’il se trouvait dans cette mystérieuse pièce. Il passait son temps à guetter les moindres allées et venues de gardes pour espérer entrevoir l’intérieur. Malheureusement pour lui, quoiqu’il se trouve à l’intérieur, cette chose était jalousement gardée par le Gouvernement mondial. Je m’étais moi aussi pris au jeu au début, espérant voir quelque chose avant lui pour pouvoir l’emmerder, mais impossible. N’ayant aucun intérêt particulier pour ce genre de cachoterie, je lâchais l’affaire. Mon objectif principal restait le même, pouvoir trouver un truc à me mettre sous la dent au plus vite.

Je gardais aussi toujours un œil sur Hannibal, qui avait récupéré de ses blessures et surtout bien pris ses aises. Il me paraissait étrangement bien moins impressionnant que dans mes souvenirs. Cela restait tout de même un sacré steak de barbac, mais il n’y avait plus cette aura étrange gravitant autour de lui. Était-ce suite à ses blessures qu'il était à présent diminué ou bien j’avais moi aussi évolué depuis notre dernière rencontre ? Quoiqu’il en soit, nous avions instauré un accord tacite, chacun restait dans sa zone et tout se passait pour le mieux.

Le soir venu, le gamin était finalement revenu avec sa marmite des enfers, toujours pas un foutu soldat pour l’aider à trainer son fardeau. Je ne me faisais aucune illusion, cela devait être la même merde que d’habitude, mais peut-être que cette fois-ci il avait foutu une poignée de sel histoire de donner un chouia de gout.

Soudainement mes narines s’écartèrent pour que puis s’engouffrer un véritable torrent d’odeurs alléchantes.  

« Mais ?! Mais ?! Cela sent le cochon grillé !! »

« Bon ! J’espère que vous ne me balancerez pas pour ça, mais je vous ai amené du mieux aujourd’hui ! »

Je n’en revenais pas, le petit gamin qui ne payait pas de mine avait réussi l’impensable. Il nous avait cuisiné un véritable plat ! Un énorme jambon cuit à l’os dépassé de la marmite. J’étais absolument scié.

« Mais ? Comment tu as réussi à ramener ça ici ? Personne ne contrôle la nourriture que tu apportes ? Et ton chef ? Tu ne vas pas te faire griller ?! »

Je me jetais comme un fauve sur mon assiette, bordel, qu’est-ce que c’était bon ! J’avais un véritable orgasme culinaire, après autant de temps à bouffer de la merde, j’avais l’impression d’être dans un rêve.

« Ho ho ! tu diras à ton chef qu’il ne plaisante pas en matière de cuisine. Il se démerde vraiment bien. Je me régal, bordel de dieu ! »

Mon assiette se vida en un clin d’œil, bien évidemment je ne comptais pas en rester là. Je le sollicitais pour avoir encore une autre portion. C’était devenu un bordel sans nom dans la cellule, les autres détenus n’en revenaient pas. Ces débiles allaient finir par attirer l’attention des gardes, d’autant plus que cela commençait à créer des disputes entre eux. Évidemment, Hannibal était de la partie, il avait envoyé ses sbires faire la récolte des gamelles des plus faibles.

Alors que je profitais de ma deuxième ration, un taulard s’écrasa dans mon bras, renversant ma gamelle au passage. C’était trop pour moi, cette geôle était devenue un cirque, ce n’était pas pour me déplaire à vrai dire. J’étais cruellement en manque de castagne, mais je voulais encore pouvoir manger avant toute chose.

J’empoignais le pauvre gus et je le balançais dans le reste des occupants sans le moindre ménagement. Furieux de ce qu’il venait de faire involontairement, je me retournais vers le minot pour quémander une nouvelle assiette. Mais, horreur, la marmite était à présent vide, il tentait tant bien que mal de récupérer les assiettes des prisonniers pour repartir dans les cuisines. C’est à ce moment-là, alors qu’il avait le dos tourné, que je remarquai l’immense couteau mis en évidence. Je dus me tordre le cou pour pouvoir l’atteindre, malgré mon allonge ces foutues chaines étaient vraiment handicapantes. Je parvenais tout de même à mettre le grappin dessus. Une fois récupérer, je le cachais discrètement sous mes vêtements. Trembol m’envoya un petit sourire complice, il n’avait pas perdu une miette de ce qu’il venait de se passer.

Mais derrière moi, c’était devenu la cohue totale, cela gueulait de partout et se transforma bien rapidement en un champ de guerre. Les coups pleuvaient de partout, c’était décidément la meilleure journée que j’avais connu jusqu’ici. Non seulement j’avais eu un super repas, mais en plus maintenant je pouvais me donner à ma passion favorite, la castagne. Ne me faisant pas prier, je rentrais dans le tas avec ma délicatesse légendaire. Défonçant allègrement toutes les tronches qui se présentaient à moi, cela m’avait terriblement manqué cette sensation si particulière de sentir une dent se déchausser ou un nez craquer. Gagné par l’excitation de la castagne, j’avais besoin maintenant de trouver un adversaire avec du répondant et le seul capable de pouvoir satisfaire mes désirs, c’était Hannibal. Nos regards se croisèrent brièvement, nous étions sur la même longueur d’onde.

Comme il fallait s’y attendre, tout ce grabuge ne tarda pas à attirer l’attention des gardes étrangement absents jusqu’à présent. Ils débarquèrent en nombre et surtout armés de la tête aux pieds, ouvrant la porte de la cellule, ils ne fièrent aucune distinction et passèrent tout le monde à tabac. Je n’avais même pas eu le temps de pouvoir me fritter avec Hannibal à cause d’eux, ma frustration était extrême. Alors lorsque le premier garde se pointa à ma hauteur pour me foutre un coup de matraque, j’interceptais sans difficulté son avant-bras pour le contraindre à lâcher son joujou en lui tordant son articulation.

Je m’étais toutefois lourdement trompé sur nos geôliers, ils n’avaient rien à voir avec soldats que j’avais eu l’habitude de croiser sur South blue. Bien plus puissant et rapide que de simples soldats de bases, ils avaient réussi à rétablir l’ordre en un clin d’œil. Nous étions plus que deux à vouloir en découdre, moi et Trembol. Les gardes avaient formé un cercle autour de nous, équipés de boucliers de matraques, ils formaient un rempart infranchissable. Surtout que j’étais enchainé et que cet endroit était trop exigu pour que je puisse me mouvoir aisément.

Ce qui semblait être leur officier entra alors en scène, étrangement il avait parfaitement le physique de l'emploi avec sa face de rat :

« Voyons voir ce que nous avons là, ce ne serait pas deux têtes brulées ? ! Surveillant allait me chercher leur dossier, j’aime savoir à qui j’ai affaire.  Je ne sais pas si vous vous rendez-compte à quel point votre situation est précaire. D’un claquement de doigts, je peux vous balancer par-dessus bord, personne ne me demandera des comptes. »

« Mon Lieutenant ! Il s’agit d’un certain Jack R. Skellington anciennement primé 15 millions et Trembol Black, dit le Duke dont la prime était de 10 millions. »

« Hum ? Quoi ? Tout ce grabuge à cause de ces deux guignols ?! »

Le taulard que j’avais envoyé boule sur les autres, rampa en direction du lieutenant. Il avait la gueule en vrac et ne semblait plus parvenir à se relever :

« Chef, Chef, j’ai tout vu moi, c’est à cause de ce Jack ! Il a convaincu le morveux de nous servir de meilleurs trucs à manger et du coup.. »

« QUOI ?! C’est quoi cette histoire ?! Où est le surveillant principal ? J'exige un rapport sur le champs ! Un gamin se trimballe tout seul ici ?  »

La balance continua à ramper en direction de la sortie pour espérer sans doute avoir des soins, mais les gardes le balancèrent dans la cellule sans ménagement.  

« Merde, je crois que le minot est dans la sauce... »

« Ouais et nous aussi pour le coup... Tu veux la jouer comment ? »

« Quant aux deux débiles là-bas, foutez-les-moi à l’isolement complet jusqu’à notre arrivée. Je ne veux plus voir leurs tronches ni entendre parler d'eux !  »


Je devais réprimer avec la plus grande des difficultés une folle envie de rentrer dans le tas, histoire d’en finir une fois pour toutes. Si je pouvais en plus entrainer dans ma mort le maximum de garde, c’était royal. Pourtant, une petite voix dans ma tête me sommait de ne rien faire de stupide, qu’il fallait que je patiente encore. Ce n’était pas dans mes habitudes d’écouter ma conscience, loin de là. D’ailleurs je pensais qu’elle était morte depuis bien longtemps. Pourtant je me resignais à lui obéir pour une raison totalement inconnue. Je fis signe à Trembol pour qu’il ne fasse rien de stupide lui non plus.
« Restons sage pour le moment, si jamais ils ne nous fouillent pas...»
Extrait de la cellule manu militari en direction de deux petites pièces adjacentes qui servaient de trous disciplinaires, sans lit et avec juste un seau pour les besoins. Au final, nous étions gagnant niveau confort. 

Mon attention fut soudainement attirée par une porte qui s'ouvrit dans mon champ de vision, c’était la mystérieuse pièce gardée en permanence d'où sortait une fois encore l'un de ces mystérieux personnages. Il semblait agacé par le remue-ménage qu'il venait d'avoir lieu et se dirigea en toute hâte vers le lieutenant. Ce dernier se décomposa en le voyant arriver vers lui, les deux hommes quittèrent l'endroit pour s'entretenir. 
* Intéressant..
Mon regard se tourna alors en direction de la cellule ouverte, et qu’elle ne fût pas ma surprise lorsque je découvris qu'elle était ce secret jalousement gardé. Une personne était enchainée au mur au fond de la pièce, le visage masqué par une capuche. Mais soudainement, sa tête se releva et nos regards se croisèrent l'espace d'un instant.

* Une femme ?! Qui est-elle ?! *
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Descendre à fond de cal avec la marmite pleine remplie de nourriture aussi lourde fut paradoxalement une véritable promenade de santé pour le petit Timothée ! En effet, lui qui devait d’habitude se traîner une imposante marmite en fonte pleine remplie de soupe à ras bord, les légumes frais et le riz étaient, en comparaison, une partie de plaisir !

Bienheureux de sa petite astuce, Timothée eut dévoilé aux premiers de la file l’astuce pourtant simple qu’il avait utilisée : une simple assiette de soupe convenablement déformée dans laquelle reposait un petit liquide y ressemblant. Tout cela servait de masquage olfactif et visuel à ce qui se trouvait en dessous, à savoir le nouveau vrai repas des prisonniers du bateau !
Timothée était aux anges de voir les sourires de tous les prisonniers alors qu’ils venaient se servir les uns après les autres. Puis vînt enfin le tour de Jack (dont il ignorait encore le nom d’ailleurs !), l’homme derrière cette superbe idée de préparer un festin pour remonter le moral des rayés ! Avec un immense sourire, Timothée lui servit sa pitance et ramassa par terre le faux couvercle qu’il avait utilisé pour dissimuler le repas dans le fond de la marmite.

- Voilà comment je m’y suis pris ! Ces andouilles ne vérifient pas suffisamment ce que je transporte, donc il a suffit que je le dissimule le tout et voilàaaaa ! Donc non ! Tant que vous finissez bien tout et que vous me dénoncez pas, je me ferait pas griller !
Il dévoila son secret d’un ton triomphant tout en commençant à découper une généreuse tranche de jambon a Jack qui ne tarda pas à le noyer de compliments. Un peu rouge des joues et se dandinant de fierté, le garçon répondit :
- Bah c’est pas la peine en fait. Vu que le chef il est en face de vous… Mais merci beaucoup, ça me fait plaisir de savoir que vous aimez !

Malheureusement ce que Timothée n’avait pas anticipé, c’était que contrairement à lui arbitrairement jeté en prison pour au final bien peu de choses, les types derrière ces barreaux pouvaient être des méchants et c’est mis face au racket de cet “Hannibal” et ses hommes envers les plus faibles que Timothée éleva la voix, visiblement en colère.
- Ah non hein ! Tout le monde doit avoir sa part ! si vous vous volez entre vous moi je vous rapporte plus de la bonne nourriture !
Pensez-vous… C’était comme pisser dans un violon oui ! Jack avait peut-être un peu trop aimé… Oui il ne restait plus rien mais tout le monde avait eu sa part et tandis que Timothée commençait à trancher l’immense miche de pain et la brique de cheddar pour distribuer en dessert, il fut témoin de la force colossale d’un Jack très énervé qui balança n type à l’autre bout de sa cellule comme si il s’agissait d’un vulgaire ballon. Alors qu’il clignait frénétiquement des yeux comme pour s’assurer que ce qu’il venait de voir était bien réel, les choses ne tardèrent pas à dégénérer sous les yeux médusés du garçon qui en lâcha son couteau. Le jeune Timothée essaya d’appeler au calme tandis qu’une informe mêlée de prisonniers s’énervait sous ses yeux.
- Chut ! Arrêtez ! Ils vont descendre ils…
Timothée ne put terminer sa phrase puisqu’un morceau de jambon à peine entamé venait de foncer sur son visage à la vitesse d’un projectile d’arbalète, se fourrant dans sa bouche jusqu’au gosier. Le garçon en tomba sur les fesses, la bouche obstruée par le morceau de viande. Il essaya de marmonner quelques mots avant de recracher la nourriture par terre, son niveau de panique ne faisant qu’augmenter à mesure que tout s’intensifiait. Esquivant de peu une assiette qui failli lui atterrir en plein visage, il se releva et se mit à courir en direction de l’escalier, les mains sur sa tête pour la protéger d’éventuels débris tout en marmonnant paniqué :
- Ohlalala, mais c’est des malades ! Des malades ! C’est des malades !

Conséquemment, puisqu’il avait pu sortir à temps de la cale avant l’assaut des Marines, le jeune Timothée était bien le seul rayé à ne pas s'être fait passer à tabac par les Marines… Mais cet état de fait ne dura pas longtemps quand l’un des prisonniers qui devait avoir autant d’intégrité qu’une purée trop cuite. Timothée qui s’était déjà fait tout petit jusque là aurait voulu rentrer dans un trou de souris ! Baissant les yeux vers le sol, il ne put pas voir le sourire carnassier du capitaine tandis qu’il se tournait vers lui en disant de manière langoureuse…
- Oh vraiment ? Intéressant…

Quelques heures plus tard tandis qu’il remuait sa papote avec une épaisse chaîne à la cheville, Timothée souffrait toujours des bleus qui couvraient maintenant son derrière suite à la quantité astronomique de coups de pieds au cul qu’il avait reçu pour sa petite cascade. Mais à vrai dire, ce n’était pas ça qui l'inquiétait le plus : c’était surtout les nouvelles menaces du membre du CP9 qui lui avait bien fait comprendre qu’après cet incident, sa vie ne dépendait plus que de leur incapacité à trouver un meilleur cuisinier. Qu’importe où il était, qu’importe comment, le petit blondinet prenait peu à peu conscience qu’aucun avenir ne s’offrait à lui s'il choisissait de purger sa peine…
En fait, les larmes qui vinrent à ses yeux à ce moment-là n'avait rien à voir avec la douleur, mais bien plus qu’avec cette lancinante et désolante réalisation : il n’avait plus aucun choix arrivé à ce stade et s’il voulait vivre, il allait devoir franchir la ligne… Un choix définitif et sans retour… Mais le seul choix possible…

Une ultime fois, le garçon regarda avec insistance cet ingrédient spécial qu'il avait “réservé” auprès d’un des gardes qu’il réussissait encore à côtoyer régulièrement. Un instant d'hésitation, un dernier, puis le moment était venu : il franchissait la ligne…
Timothée effectua alors une opération pour retirer la mie d’un pain destiné aux deux prisonniers à l’isolement… Timothée n’avait aucune confiance en ces types, mais le rouquin avait au moins été un minimum gentil avec lui… C’était aussi lui qui l’avait mis dans la merde remarque, à voir si il allait l’en sortir… Le garçon lissa donc un petit trousseau de clé des cellules dans cette miche de pain sec qui lui était destinée et cacha les traces de son forfait avant de le remettre, quelques minutes plus tard au gardien maintenant chargé de descendre la nourriture aux bagnards à fond de cale. Plus qu’à attendre maintenant… Et espérer qu’il avait fait le bon choix…

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La tranquillité avait un prix, celle de vivre dans un réduit qui ne faisait même pas cinq mètres carrés. Compliqué pour un spécimen de pouvoir se mettre à l’aise quand on mesure trois mètres. Mais au moins, je me consolais en me disant que j’avais enfin la paix. Et de toute façon depuis ma capture j’avais passé le plus clair de mon temps enchainé avec comme seule compagnie, un seau pour chier.

Je restais toutefois intrigué par une chose, pourquoi je n’avais pas à foncer dans le tas lors de la rébellion ? Cela restait un mystère pour moi, cette petite voix qui avait raisonné à l’intérieur de ma tête pour ne pas faire n’importe quoi. C’était bien la première fois que cela m’arrivait une telle chose, d’habitude c’était plutôt l’appel du sang et de violence qui résonnait dans ma caboche.

Mais cette voix ne s’était plus manifestée depuis, à croire que tout ceci n’était qu’un simple fruit de mon imagination.

Quoiqu’il en soit mon intestin avait déjà digéré depuis bien longtemps l’excellente cuisse de jambon concoctée par le gamin. D’ailleurs je me demandais bien ce qu’il en était advenu à présent de ce blondinet téméraire. Si je devais retenir une leçon de mon enfance sur Las Camp concernant les autorités. Le meilleur moyen pour les faire sortir de leurs gonds, c’était bien de leur faire à l’envers. Ils détestaient par-dessus tout que leur autorité soit remise en question pour une raison ou une autre.

Donc, d’après mon expérience, il avait certainement dû recevoir une correction mémorable. Peut être même qu’il avait été balancé par-dessus bord sur un coup de sang, mais son devenir m’était après tout égal. Je n’étais pas du genre à m’enticher du sort d’un morveux que je n’avais jamais croisé  auparavant, il avait voulu me rendre service et cela lui avait couté la vie. C’était regrettable, mais sur ce navire nous avions tous une épée de Damoclès au-dessus de notre tête. De toute façon, un gamin comme lui n’aurait pas survécu plus d’une nuit dans ce genre d’endroit.
Je ne savais pas ce qu’il avait fait pour en arriver là, mais que les autorités décident d’envoyer un enfant à l’abattoir, cela devait être sacrément moche.

Je passais le reste de ma journée étendu sur le sol, les bras croisés derrière la tête à contempler le plafond. Finalement, j’avais hâte d’arriver, tout compte fait, une fois sur place, nous serions certainement lâchés dans la nature, livrés à nous même pour mon plus grand plaisir. Il suffisait alors de faire son trou à défonçant quelques gueules, histoire de se faire bien voir par les caïds du coin et le tour était joué.

Mais un léger bruit métallique me sortie de mes pensées, c’était le petit regard fixé sur ma porte qui venait de s’ouvrir. Une petite main me tendit alors un bol contenant un liquide presque aussi clair que de l’eau et un bout de pain que devait avoir au moins l’âge du père de Jack. À travers l’ouverture j’avais cru reconnaitre sans certitude le gamin, mais si c’était lui il semblait avoir pris un coup de vieux subitement. Je me penchais à présent sur mon repas découvrant cette immondice sans nom.  Même un nouveau-né crèverait la dalle avec si peu à manger. La première cuillère de soupe me donna l’impression que les matons avaient uriné dedans, je balançais le bol pour me concentrer sur le quignon de pain hors d’âge. Comme il fallait s’y attendre, il était dur comme de la pierre, à tel point que je cru y perdre un chicot dans l’affaire.

« Allez au diable avec votre bouffe des enfers ! »


Je lançais le bout de pain contre le mur, ce dernier était tellement dur qu’il produisit un bruit métallique à l’impact.  Leur objectif était clairement de me tuer en me filant des trucs pareils à becter, les enfoirés !

Alors que j’étais en train de morfondre dans mon coin, avec un estomac criant désespérante famine, une violente secousse me projeta face contre sol ! Quelque chose venait de percuter notre navire de plein fouet.

Ma première pensée se tourna vers un récif ou un objet flottant, aucune idée s’il faisait jour ou nuit dehors, mais la mer était remplie de saloperies en tout genre. Nous voilà bien maintenant si le navire se mettait à couler à pic !

Je me dirigeais vers la porte pour avoir des explications, surtout que j’entendais que cela gueulait fort de l’autre côté !

Quand une seconde secousse tout aussi violente me projeta de nouveau au sol ! Suivie presque instantanément d’une troisième.

« Ce n’est pas un hasard tout ce ramdam ! Nous sommes attaqués !  »

Persuadé que c’était là une occasion sans pareil de se faire la malle, je me dirigeais vers la porte une seconde fois pour essayer l’enfoncer avec mon épaule. Mais rien à faire, elle était faite à partir du même alliage que la cellule collective ! Je me souvenais alors que j’avais en ma possession un couteau, cela n’avait jamais été mon fort le crochetage des serrures, j’avais toujours opté pour la manière forte.

Mais les minutes défilées et je n’arrivais strictement à rien avec mon couteau, pire encore je réussissais le triste exploit de briser ma lame.

« Fait chier.. ! Manquait plus que ça ...  »

C’est alors qu’une nouvelle déflagration non percuta, causant cette fois-ci une importante voie d’eau dans ma cellule.

Je hurlais à la porte, implorant même le Bon Dieu de me laisser sortir de là !


« Bordel ! Mais vous n’allez pas laisser votre Jack crever ainsi tout de même ! Trembol !!! Mec tu fous quoi ?! »
Je me souvenais subitement du minot tout blond, il était surement ma seule et unique chance de m'en sortir !
« MARMITON ! RAPPLIQUES ICI ! VIENS ME SORTIR D'ICI ! »
Et pendant ce temps, l'eau continuait à monter de plus en plus dans ma cellule, j'avais à présent les pieds dans l'eau.
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Après avoir effectué sa petite cascade avec la miche de pain, le jeune Timothée dû rester aux cuisines pendant encore quelques heures, le temps de satisfaire les exigences tardives et excentriques de cet énervant passager du CP9… Pendant un instant, le garçon se demandait si il ne pouvait pas tenter de glisser un peu de fugu mal découpé dans la nourriture de l’espion, une bonne manière de se venger non ? Et aussi une formidable idée de merde pour passer par dessus bord avant même la fin de la soirée…
Non, si c’était décidé et qu’il rejoignait définitivement le camp des “rayés” à fond de cale, il allait falloir qu’il apprenne la patience… Bonne nouvelle d’ailleurs ! Vu que ça faisait maintenant bientôt six mois que le petit Timothée portait quotidiennement son pyjama rayé, la patience était justement une des vertues qu’il s’était retrouvé forcé d’apprendre !

Fatigué de cette éprouvante journée et avec toujours des bleus douloureux sur son derrière, Timothée aurait espéré retrouver son lit semi-confortable qu’il avait normalement à côté de la cuisine, mais au lieu de ça il était dorénavant relocalisé à fond de cale avec les autres rebuts du bateau. Une fois la cheville déboulonnée de l’épais boulet qu’il devait dorénavant traîner derrière lui, Timothée (ou le matricule 10325 comme les gardes l’appelaient) fut ramené à sa cellule covalente avec celle des deux prisonniers mis à l’isolement un peu plus tôt. En passant, il essaya de trouver celui qui l’avait dénoncé afin de lui envoyer le regard le plus noir et méprisant dont il était capable… Mais à sa grande surprise, impossible de trouver le type concerné ! En réalité, celui qui avait si lâchement tenté de s’attirer les faveurs des gardiens était en train de se remettre lui aussi de quelques bleus bien plus sévères que des coups de pied au cul.

Le petit Timothée se permit un sourire en pensant à cela : finalement, il y avait bien encore de l’honneur chez les prisonniers et ceux qui ne respectaient pas la fraternité de la galère pouvaient toujours compter sur l’ensemble de leurs camarades pour leur donner une leçon de savoir-vivre sur la dénonciation… Les mouchards, au placard !
Sans avoir cependant plus de temps pour philosopher sur cet état de fait, le petit Timothée fut projeté sans ménagement dans sa nouvelle demeure pour la nuit : une paillasse et un simple seau pour les besoins… Royal…

Quelques minutes passèrent avant que Timothée ne tente finalement de prendre contact avec l’homme dans la cellule à côté de lui. Nonchalamment, il tapota au mur et demanda, un sourire aux lèvres.

- Alors ? Vous avez trouvé mon petit cadeau ?
Littéralement au même instant, une secousse fit trembler le bateau tout entier et Timothée tomba par terre sur ses fesses tuméfiées. Essayant de comprendre ce qu’il se passait, il vit l’eau de mer commencer à arriver dans sa cellule (et aussi vraisemblablement celle du type à côté de lui). Avec toute la célérité dont il était possible, le petit Timothé se hissa sur ses pieds et tambourina sur le mur à côté de lui sans vraiment chercher à comprendre ce qu’il se passait vraiment.
- Vite ! Tu as les clés ! Ouvres-nous vite ! ou on va se noyer !

La réponse venant l’autre cellule laissa le petit Timothée pantois pendant quelques secondes. Puis c’est à la fois paniqué et énervé qu’il hurla sur Jack à travers la cloison :
- IMBÉCILE ! J’avais mis les clés dans ton pain, c’était toi qui les as ! Retrouves-les ! GROUILLES-TOI !!!!
Ce dernier mot fut hurlé avec une rage telle que peu d’être vivants avaient du en être témoins dans leur vie. De son côté, Timothée regardait l’eau monter dans sa cellule tout en marmonnant en boucle un “mais quel con ! mais quel con !”.

Rapidement, la colère se transforma en anxiété et alors que l’eau commençait à arriver à ses chevilles, il eu l’idée d’essayer de se glisser entre le trou des deux cellules que la voie d’eau avait creusé : C’était bien assez étroit même pour lui mais en se forçant un peu, Timothée pouvait quand même passer pour rejoindre Jack ! C’est donc ce qu’il fit en essayant de se faufiler tel un ver de terre à travers la paroi.
Au prix d’immenses efforts et de quelques séances d’apnée dans cette eau salée et glacée, le garçon parvint tout trempé dans la cellule de Jack.

- Alors ?! Tu l’as trouvé ou pas ?!!
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J'entendais une petite voix qui se faufilait à travers les parois de ma cellule.  Pensant qu'il s'agissait d'un simple rongeur coincé dans la montée des eaux, je décidais de ne pas y prêter attention. Pourtant quelque chose me disait qu'il ne s'agissait finalement peut-être pas d'un vulgaire rat. On aurait dit une voix humaine, ou plus exactement celle d'un enfant.

Intrigué, je décidais de pointer mon museau dans la direction, collant mon oreille près d'une petite brèche causée par les récentes explosions.

« IMBÉCILE ! J’avais mis les clés dans ton pain, c’était toi qui les as ! Retrouves-les ! GROUILLES-TOI !!!! »

Surpris par cette voix aigüe au possible , je reculais subitement en me trifouillant le tympan.

«  Qu'est ce que c'est ces conneries ?! Et c'est quoi cette histoire de clés et de pain ?!  »

Mon cerveau faisait subitement le rapprochement, j'avais en effet vu passer un bout de pain dans ma cellule. Le souci étant que celui-ci était à présent sous une eau noirâtre. Il était peut-être à présent perdu pour toujours...

Alors que l’eau continuait à affluer dans la pièce, je me précipitais à la recherche du crouton de pain ! À tâtons je sondais le sol de ma cellule à travers cette eau aussi glaciale que sombre.

« Alors ?! Tu l’as trouvé ou pas ?!! »

Surpris d'entendre une voix derrière moi je me remettais sur mes deux jambes en un seul bond ! Me retrouvant nez à nez avec une petite créature, sans aucun doute sortie des profondeurs de la mer. J'avais entendu à mainte reprise ses histoires concernant des monstres marins prenant la forme d'humain pour s'emparer de leurs victimes ! Je me mettais en position de défense les poings en avant prêt à me battre pour ma vie. Mais au bout de quelques secondes, je reconnus finalement le petit morveux à sa tignasse blonde. Il était parvenu à se faufiler à travers la brèche dans le mur, là où je ne pourrais que difficilement passer ma main.

Mais ce n'était pas l'heure des retrouvailles, je me remettais à la recherche du morceau de pain dans une eau toujours plus haute et toujours plus froide. Pour finalement au bout d'une longue minute tomber sur l'objet de tous mes désirs, un quignon de pain.

«  JE L'AI !!!!  »

Balançant à la hâte les clés au gamin qui s'empressa de déverrouiller notre porte,  je sortais de ma cellule en trombe, pas mécontent d’avoir échappé à une mort aussi certaine que douloureuse. De tous les morts possibles et imaginables qui m’attendent, je pense que la noyade se hisse en première position en termes d’angoisse et d’effrois. Je préférais mille fois embrocher au bout d’une épée que finir les poumons pleins d’eau.

Heureusement le petit gamin s'était montré vraiment plein de ressources. J’étais impressionné par autant de génie venant d’un truc aussi épais qu’un cure-dent. Et moi qui pensais que ce bruit métallique reflétait la dureté du crouton de pain. J’aurais du vérifier ça bien avant, quel con ce Jack parfois.

Me retrouvant maintenant dos à ma cellule et face à une cage remplie à raz-bord de pirates en furies tournaient vers les gardes en leur ordonnant de les laisser sortir.
Nous étions placés dans les tréfonds des entrailles de l’embarcation. Impossible de savoir s’il faisait jour ou nuit à l’extérieur, en tout cas le peu de lampes à huile ne permettait pas d’avoir une vue complète des lieux. Les geôliers d’ailleurs ne m’avaient même pas remarqué pour ma plus grande chance. Ils étaient bien trop occupés à courir partout et nulle part pour colmater les nombreuses brèches qui laissaient entrer la flotte partout. Au vu du bordel ambiant, je pense qu’il n’y avait personne ici, en mesure de donner des ordres clairs et précis. Je réfléchissais à une stratégie pour sortir de là en un seul morceau, tout en faisant signe au petit bonhomme de rester cacher pour le moment. La priorité pour moi était de pouvoir libérer Trembol et ça le plus vite possible. Car il ne fallait pas être expert dans le domaine pour comprendre qu’à la vitesse où l’eau s’engouffrait ici, il ne faudrait pas plus d’une dizaine de minutes avant que cet endroit soit totalement submergé.

L'ouverture de notre cellule avait provoqué un mini tsunami, ce qui ne tarda pas à alerter les gardes en faction devant la cellule de la mystérieuse détenue. Ils étaient à première vue autant surpris que moi dans cette histoire, je ne m'attendais pas à tomber nez à nez avec des gardes aussi vite. Surtout après ce qu'il venait de se passer quelques minutes plus tôt.

Mais cette rencontre fortuite tombait finalement plutôt bien, j’avais grand besoin d’exercice physique, depuis ma capture sur l’île remplie de moustiques géants, je n’avais plus eu l’occasion de faire mes séances de renforcement musculaire quotidiennes. J’avais l’impression de n’être plus l’ombre de ce que j’étais auparavant d’ailleurs. Rien de pire à mon sens que de passer ses journées le cul posé à même le sol sans pouvoir sculpter mon corps aux courbes divines.  Mais avant de pouvoir rentrer dans le vif du sujet, je faisais signe à mon jeune acolyte de se rendre vers la cellule de Trembol d’un mouvement de la tête, je l’entendais depuis ma sortie donner de violents coups contre sa porte. Il devait avoir lui aussi l'agréable surprise de voir la flotte montée dans sa piaule.


Donc j’accueillais à bras ouvert mes premiers prétendants pour cette reprise tout en douceur. Ils étaient armés et aptes au combat, je ne pouvais pas en dire autant, toutefois j’avais toujours eu une foi inébranlable dans mes capacités martiales. Et comme l’attaque fut à mes yeux la seule défense acceptable, je décidais de me jeter en tête la première dans la mêlée. Je sentais que mon corps n’était pas à cent pour cent de ses capacités, mes blessures avaient entièrement disparu, mais la machine avait besoin d’un graissage pour retrouver parfaitement ses automatismes. D’ailleurs, je me fis une frayeur sur mon premier adversaire, manquant de peu de finir transpercer par son katana sur un moment d’inattention. Comme j’avais pu déjà le constater, les adversaires que je rencontrais à présent étaient assurément d’un tout autre niveau et ce n’était pas pour me déplaire. Car le soldat de base, il faut dire ce qu’il est, c’est tout sauf divertissant. Généralement cela se brise au premier contact, et seuls les officiers offrent une résistance digne de ce nom.

Mais le Jack n’allait pas se faire ratatiner la tronche par trois sabreurs du Gouvernement Mondial aussi facilement. J’empoignais le premier combattant par la ganache pour venir l’éclater contre la paroi du mur. Sans doute impressionné par cette soudaine violence que ses deux autres collègues eurent un mouvement d’hésitation à venir sur moi. Je n’en demandais pas tant, mes poings se fracassèrent sur eux avec la violence d’un parpaing lancé à pleine vitesse.
Finalement, ce n’était pas si mal pour une reprise ! Toutefois, le gros du travail restait à faire pour moi. Car je me rendais seulement compte que j’étais à présent encerclé par une bonne douzaine de soldats armés jusqu’aux dents. Ma petite démonstration n’était pas passée inaperçue et le hurlement de taulards avait rapidement attiré l’attention sur moi.


L’ambiance était apocalyptique autour de moi, avec d’un côté une horde de prisonniers qui hurlaient des messages d’encouragement dans ma direction. Les gémissements de douleur du navire qui se faisait dévorer petit à petit par l’eau. Il n’était jamais bon de s’éterniser sur un navire en pleine agonie. Je jetais un œil derrière mon épaule et je m’aperçus malheureusement que le gamin avec aussi de la compagnie.


« Fait chier, impossible de l’aider pour le moment… »


Conscient que ce n’était pas à l’aide de mes seuls poings que je parviendrais à m’en sortir cette fois-ci, je me décidais à ramasser deux katanas laissés au sol par mes précédents adversaires. Jack le plus mauvais bretteur de South Blue allait devoir se surpasser cette fois-ci.

Pourtant ce n’est pas faute d’avoir essayé de bosser ma technique, mais ce n’était vraiment pas un style de combat fait pour moi. Il fallait absolument que je trouve quelque chose de plus percutant pour me convenir. Je fixais mes deux sabres une dernière fois avant de me jeter dans la mêlée comme à mon habitude. Misant uniquement sur ma force physique, je tranchais tout ce qui pouvait passer à proximité de ma lame sans aucune distinction. Je partais du principe que tout ce qui se trouvait devant moi, sur mes côtés ou derrière était forcément hostile. Cela me permettait d’avoir l’esprit totalement vide de toute réflexion qui pourrait altérer d’une façon ou d’une autre mes attaques.


Je dois dire, cependant, que pour une fois j’avais en main des armes de très bonnes factures. Les lames étaient tellement tranchantes que je ne sentais quasiment aucune résistance lors de la découpe des soldats. J’avais davantage l’habitude des armes émoussées qui demandaient d’appuyer bien plus pour trancher la chair et les os. Là c’était comme un couteau dans du beurre, la sensation était ma foi agréable. Une quantité vertigineuse d’hémoglobine volait dans la pièce et sur moi. Les militaires tombaient un a un à mes pieds. Au final, leur nombre fût pour eux leur principal handicap, car l’endroit était bien trop exigu pour pouvoir se mouvoir correctement pour un groupe aussi important.
Il n’en restait plus que quatre devant, moi encore en étant de combattre, mais aucun d’entre eux ne souhaitait être le prochain à tâter de ma lame. D’ailleurs, ils allaient plutôt dans l’autre direction, reculant prudemment vers les escaliers, se cherchant mutuellement du regard.

« Et maintenant ? Qui veut passer le premier entre mes mains délicates ? »

La suite ne se fit pas attendre, derrière eux, un groupe d’hommes déboula les escaliers en trombe. C’était encore ces drôles de types sapés tous en blanc et portant des katanas. J’avais réussi à en foutre trois au tapis sans arme, alors ce n’était pas une dizaine de plus qui allaient pouvoir me stopper. Même si dans l’excitation du combat j’avais pris quelques coups et coupures sans m’en rendre compte.

Mais ils restaient à ma grande surprise statique, attendant je ne sais quoi pour m’attaquer.

« hum ? Vous n’avez pas envie de venir vous frotter à Jack mes cailles ?! Je manque cruellement d'exercices ! »

Un homme s’avança à travers le groupe de combattants, je le reconnus immédiatement. C’était l’un des deux hommes bien louches qui venaient rendre régulièrement visite à la prisonnière. Il était toujours vêtu de son grand imper noir et de sa canne. Tiré à quatre épingles, il avait un visage aussi froid que la mort elle-même. Pas le genre à faire des blagues de cul pour détendre l’atmosphère. Posant un regard méprisant sur moi, il prit la parole :

« La pénitentiaire, fidèle à elle-même, toujours aussi catastrophique. Je ne comprends pas pourquoi le Gorosei s’en tête à leur confier ce genre de mission. Même pas capable de garder un simple prisonnier au fer. Agent Cooper, vous savez quoi faire. »


« J'espère que tu ne tiens pas trop à ton agent l'ancien, j'ai comme une envie de briser des os de soldats en ce moment. »

Son acolyte rappliqua à ses côtés, d’un genre totalement opposé. Alors que son pote était propre sur lui, celui-là avec le look parfait du baroudeur fan d’excursion dans des marais envahit d’insectes en tout genre. Me fixant quelques secondes en manchonnant une petite allumette, il dégaina avec une dextérité mortelle un couteau de chasse pour venir se mettre en position d’attaque pile-poil face à moi. Je pouvais voir dans son regard la détermination dont il faisait preuve à vouloir m’embrocher avec sa lame. Je dois dire que cela ne me laissait pas du tout indifférent, enfin nous allions pouvoir passer aux choses sérieuses ici.

Totalement captivé par mon adversaire, j’avais totalement sorti de mon esprit, Timothée, Trembol ainsi que l’urgence de la situation. Même le boucan provoqué par les taulards n’était plus qu’un lointain écho pour moi. J’entendais mon cœur battre la chamade dans ma poitrine.

Le soldat s’approcha de moi avec une démarche qui me rappelait celle d’un prédateur chassant sa proie. Chaque geste était méticuleusement calculé, il continuait à me fixer droit dans les yeux pendant sa progression. Ce type respirait le sang à plein nez, j’avais tous les sens en éveil et je ne pouvais m’empêcher d’afficher un sourire carnassier en le voyant venir à moi.


Sans doute pour me distraire, il faisait passer son poignard d’une main à l’autre avec une fluidité et une agilité qui avait le don de m’agacer fortement. Il se voua sur lui-même prêt à me bondir et… disparut !


« Cela commence à devenir lassant de toujours faire la même chose... »

C’était bien ma veine, tiens, je tombais une nouvelle fois sur un adepte des techniques spéciales de la marine. C’était mon quatrième en l’espace de quelques mois, à chaque fois cela se terminait de la même façon. Mais cette fois-ci je comptais bien leur montrer que leurs petites chinoiseries ne fonctionneraient plus aussi bien contre le Jack.

Voulant certainement me terrasser d’un seul coup spectaculaire, mon adversaire se projeta à une vitesse surhumaine sur mon flanc gauche. J’avais réussi à suivre ses déplacements du coin de l’œil, signe évidemment que je commençais à apprendre la leçon à force de me prendre des branlées. Une fois à mon niveau, il se projeta à ma rencontre avec son poignard orienté vers ma carotide. Pas de tout possible, j’avais affaire à un assassin rompu dans la pratique de sa discipline.

Même si je parvenais à le suivre du regard, mon corps n’était pas encore à son plein potentiel. J’avais un dixième de retard sur ses mouvements, j’étais parvenu à lire sa trajectoire, maintenant il me fallait pouvoir le stopper. Je fis un léger mouvement de rotation pour protéger mon cou et envoyer mon poing à sa rencontre.
La suite se passa en une fraction de seconde… Je me retrouvais à présent avec une jolie entaille bien saignante au niveau de la joue. Tandis que lui venait de prendre mon poing en pleine mâchoire, l’envoyant terminer sa course dans mon ancienne cellule. Avec un peu plus de conditions, aucun ne doute que j’aie eu l’opportunité de le trancher en deux à l’aide de mes sabres.

Seul le deuxième inconnu resta impassible à ce qu’il venait de se passer. Le reste des gardes n’avaient surement rien compris au déroulement des faits.

L’homme à l’imper noir semblait pour le moins contrarier par les derniers éventements. Il frappa le sol à l’aide de sa canne et fit signe à ses sous-fifres de lui retirer son imper.

« Bon.. C’est pour le moins surprenant ce que tu viens de faire l’animal. Malheureusement, le temps ne joue pas en notre faveur. Je ne pensais pas devoir me salir moi-même les mains, mais il faut croire que si. »

L’agent Cooper se releva, il avait reçu une sacrée cartouche en pleine gueule. Il avait d’ailleurs perdu sa démarche de prédateur pour se retrouver, vouter et tenir sa mâchoire encore sous le choc du coup qu’elle venait de recevoir. Toutefois, son regard n’avait pas changé, il gardait toujours la même détermination à vouloir me faire bouffer les coraux par la racine.

« Vous autres, rejoignez Cooper, notre mission reste prioritaire sur tout le reste. Il faut sortir la cible d’ici avant qu’ils n’arrivent jusqu’à nous. En espérant que le contre-Amiral Silver soit à la hauteur de sa réputation. »

il se saisit de sa canne à deux mains pour tirer dessus, en réalité il s’agissait d’un fleuret qu’il pointa dans ma direction. Qu’il s’agît de son regard ou de sa posture, cela ne laissait aucun doute possible sur les capacités martiales de cet invidividu. Il était mortel, je pouvais sentir son aura d’ici, rien à voir avec son acolyte que j’avais précédent envoyé au tapis.

« Je mise ma paire de couilles que tu vas me refaire le même grigri que ton agent »

Son visage se fendit d’un léger sourire et il disparut à son tour.

* Rapide le vieux ! *

Mes yeux avaient eu la plus grande des difficultés à le suivre, je ne m’étais pas trompé, il s’agissait d’un adversaire d’un tout autre niveau. Par réflexe je croisais mes deux katanas devant mon visage. C’était à mon sens la zone vers laquelle il se dirigeait à cet instant.

Le choc fut si violent qu’il me projeta dans le mur situé derrière moi. Mon adversaire se tenait devant moi, toujours en pointant sa lame droite sur moi. Le choc m’avait coupé la respiration pendant plusieurs secondes.  Cela n’allait pas être une partie de plaisir pour me débarrasser de lui. Mais j’avais un léger espoir en étudiant mon environnement. La pièce se remplissait d’eau de minute en minute, sa technique de déplacement allait être sacrément diminuée une fois qu’il aurait de l’eau jusqu’aux genoux.

J’espérais aussi une seconde chose, que le gamin réussisse à faire sortir de son trou Trembol, un peu d’aide était pour le coup la bienvenue.
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Pendant que Jack s’évertuait à retrouver les clés qu’il avait si négligemment égarées quelques minutes plus tôt, Timothée tentait donc de son côté de tirer avantage du trou qu’il y avait maintenant dans leurs cellules pour lui prêter un coup de main dans ses recherches.
C’est alors même qu’il passait de l’autre côté que Jack répondait à sa demande par un cri de joie qui soulagea Timothée autant qu’il l’énerva… Quelle andouille ce type sérieusement ! Enfin, au moins il avait rattrapé son erreur suffisamment rapidement pour qu’ils ne meurent pas tous noyés dans leurs cellules !

Une fois dans le couloir, les gardiens déja présents se précipitèrent tous sur Jack qui confia au petit Timothée les clés avec la mission d’ouvrir… La porte au bout du couloir ? Pourquoi celle-ci plutôt que celle des autres prisonniers ? Bon qu’importe, il fallait bien commencer quelque part et le champ était libre, autant en profiter !
Le petit blondinet se dirigea donc vers la porte d’un pas pressé et, soudainement, avant même qu’il ne s’en rende compte, deux marines lui barrèrent la route. Dominant le garçon de toute leur taille, Timothée s’immobilisa, une goutte de sueur commença à couler dans sa nuque… Cependant, alors qu’il s’apprêtait à devoir esquiver un coup, les deux gardes se lancèrent dans un débat aussi inattendu que saugrenu :

- Tu le fais toi !
- Ca va pas non ? J’tue pas un gosse, t’as qu’à le faire toi !
- T’as entendu la consigne non ? Personne ne ressort de cette cale vivant !
- Ouais ! Mais pas le gamin ! j’ai pas signé pour ça moi !
Devant cette chamaillerie puérile et funeste à la fois, Timothée n’en croyait pas ses oreilles ! Mais pour autant il y avait une opportunité à saisir impérativement si il voulait voir son douzième anniversaire.

A force de ce débat, l’un des deux gardes finit par céder et souleva Timothée par le col de sa chemise pour le porter à hauteur de son visage. L’air faussement désolé (plus contrarié que vraiment désolé en fait, il déclara :

- Désolé gamin… Ce sont les ordres…
Puis il plongea sa main droite en direction de son holster pour sortir son pistolet… Sans parvenir à le trouver ! Il tâta son holster quelques secondes l’air confus avant de se figer quand le métal froid du canon se colla contre sa poitrine. Un sourire narquois, Timothée arma le chien dans un “clic” caractéristique et lui demanda fanfaron :
- C’est ça que vous cherchez ?
La fameuse opportunité dévoilée, Timothée profita d’encore une petite seconde d’égarement de la part du gardien pour presser la détente.
Le garçon retomba par terre sur ses deux pieds tandis que les yeux éberlués du gardien le fixaient toujours. Avec un tel trou dans la poitrine, l’homme n’avait plus de cœur et mourut avant même de toucher le sol. Son collègue en revanche réalisa la supercherie et dégaina son sabre d’un geste vif pour tenter de couper en deux le petit garçon.
Retrouvant ses réflexes de combat, Timothée sauta en arrière pour éviter la lame et, avec une précision qui n’avait d’égale que sa rapidité, il tira deux balles en une rapide succession, une dans chacune des rotules de son adversaire qui s'effondra à genoux en hurlant de douleur.
Froid, méthodique, chacun de ses gestes calculés au millimètre, Timothée attrapa le bras contenant le sabre du marin son coude, le verrouillant en une clé de bras avant de plaquer le canon du pistolet contre son front de l’autre main. Le tir fit gicler des gouttes de sang sur le visage et la chemise rayée de garçon trônant maintenant au-dessus des cadavres des deux Marins vite éliminés. Du côté des prisonniers, ceux qui avaient choisi de se concentrer sur le combat du petit blondinet plutôt que celui de Jack le regardaient maintenant avec des yeux exorbités, les mâchoires grandes ouvertes jusqu’à tomber sur le sol.

Sans perdre de temps, Timothée se précipita sur la porte de la cellule de Trembol et l’instant où ses clés déverouillèrent la porte, le petit garçon se retrouva en apesanteur, filant à toute vitesse vers un mur, éjecté qu’il avait été par l’ouverture brusque de la porte. Timothée perdit connaissance et dégoulina lentement du mur où il avait été à semi-encastré, les yeux grands ouverts et toujours figé dans une incompréhension totale.

L’eau montant, le mélange du liquide et de sel arrivant dans ses narines, Timothée se réveilla en sursaut. Quelques secondes à peine devaient avoir passé et la personne qu’il avait libérée se retrouvait en mauvaise posture face à un Cooper qui multipliait les attaques et disparitions fulgurantes. Malgré tout, le combat semblait équilibré et bien au delà des compétences du petit Tim ! Mais il y avait quelque chose qu’il pouvait faire quand même…
Le garçon visa un endroit dégagé, à côté de Trembol, le doigt rivé à sa détente et patientant tranquillement pour voir cet enfoiré du CP qui l’avait tant torturé se placer de lui même dans sa ligne de tir ! Le combat était si rapide que l’opportunité ne tarda pas à se présenter et tandis qu’il combattait sans prêter la moindre attention au blondinet, ce dernier pressa la détente, une seule fois.

Un cri de douleur déchira le couloir et stoppa net le combat entre Cooper et Trembol. Les deux s’étaient tournés vers Timothée et le premier se tenait maintenant une blessure béante au flanc.

- Évite celles-là !
Hurla le petit gamin en envoyant vers Trembol une volée de balles. La célérité de l’agent du CP lui permit d’en éviter certaines, mais la surprise de l’attaque ne l’empêchèrent pas de ramasser quelques pruneaux qui affaiblirent un peu plus. Alors que Timothée arrivait au bout de son chargeur, la tête de l’agent du CP se détacha soudainement de son corps pour terminer dans l’eau de mer, flottant gentiment au gré des vaguelettes… Cette diversion avait été exactement ce dont Trembol avait eu besoin pour le décapiter net !

Maintenant, la prisonnière rejoignait Jack dans son combat tandis que Timothée récupérait quelques clips de rechange à la hanche du garde qu’il avait tué plus tôt. Sans se faire ensuite prier par les autres prisonniers qui avaient maintenant de l’eau presque aux genoux, il récupéra les clés et déverrouilla la cellule commune, lâchant sur les gardes des flots de bagnards enragés. Lui-même allait se joindre à la mêlée, mais pas tout de suite… D’abord il fallait recharger et puis bon, c’était pas tous les jours qu’il se faisait décalquer contre un mur ! Maintenant qu’il n’était plus en danger immédiat,  Tim avait bien envie de récupérer un instant !
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Qu’est-ce que je pouvais en avoir ma claque de ce genre d’adversaires. A croire que toute la marine s’était concertée pour venir me faire chier en abusant de pouvoir dépassant le commun des mortels. En tout cas, de tous ceux que j’avais rencontrés jusqu’à ce jour, c’était sans aucun doute celui qui me paraissait le plus doué dans la maitrise du déplacement rapide. Même les deux officiers à la mord-moi-le-nœud sur amerzone ne m’avait laissé une impression de puissance pareille.

Cela n’allait pas être de la tarte, je l’avais compris dès le premier instant, avant même que le combat ne débute. Toutefois, c’était lorsque je me trouvais dos au mur, que j’arrivais à sortir le meilleur de moi-même. Et la situation actuelle était parfaite pour me motiver à me sortir les doigts. J’avais eu jusqu’ici une succession d’évènements qui allaient plutôt en ma faveur. Je ne pouvais pas tout gâcher en me faisant ratatiner là maintenant, surtout par un type qui pourrait être mon paternel. Que retiendra l’histoire de mon passage fulgurant dans la piraterie ? Absolument rien. Juste l’histoire d’un rookie comme des centaines d’autres qui coula à bord d’un navire-prison pour une raison totalement inconnue.
Je n’étais même pas le plus primé à bord…

En attendant d’avoir un hypothétique soutien, je me remettais en position. Mon adversaire n’avait pas bougé d’un pouce, je n’avais jamais vu quelqu’un d’aussi confiant. Il ne laissait rien transparaitre, aucune émotion perceptible, comme si ce n’était ni plus ni moins que la routine pour lui. Autant dire que ce genre de comportement était idéal pour me faire sortir de mes gonds, rien ne m’agacer plus que d’être pris pour le premier pécore du coin.

C’était l’heure de lui faire ravaler sa fierté !

Je me jetais en avant les sabres croisés devant moi pour lancer une double attaque. Je voyais mal comment l’ancien allait pouvoir stopper ça avec son fleuret épais comme un cure-dent. Débuta une passe d’armes entre nous, malgré la violence de mes assauts, il ne montrait aucune difficulté à les parer. Bien au contraire, tenant son arme d’une seule main, il parvenait avec une dextérité hallucinante à contenir mon flot d’attaques. Je ne comprenais pas ce qu’il se passait, quand bien même il réussissait à contrer mes attaques, comment son bras pouvait-il encaisser les cartouches que j’envoyais ?

Excédé par cette humiliation, j’envoyais tout ce que j’avais dans les tripes dans un ultime coup de mon bras le puissant. Le choc fut effrayant, je sentis l’onde se propager dans tout mon corps pendant que ma lame volée en éclats. J’étais tout de même parvenu à l’envoyer valser quelques mètres plus loin. Il se réceptionna sans aucune difficulté sur ses deux pieds dans une un gros « splash ».

J’étais en nage, j’avais vraiment dû puiser dans mes réserves pour parvenir à ce niveau. D’autant plus que cela faisait un moment que je me baladais avec l’estomac totalement vide. Donc impossible pour moi de pouvoir maintenir un tel rythme sans avoir bouffé préalablement un cochon entier. Mais j’avais eu ce que je voulais, son visage avait enfin laissé trahir une expression, une grimace mêlant douleur et agacement. L’officier se tenait le biceps avec sa main libre, il avait dû la sentir passée celle-là.

« Hum… Et sa prime n’est seulement que de 15 millions ? Étonnant ! »

Enfin quelqu’un qui me reconnaissait à ma juste valeur, cela me faisait chaud au cœur. Il se remit dans la foulée dans sa posture de combat, je n’avais maintenant plus qu’un seul katana à lui offrir.

L’agent du gouvernement décida de repartir à l’assaut en utilisant une nouvelle fois, sa technique du déplacement rapide. Mais comme je l’espérais, avec la montée des eaux, ses mouvements étaient bien moins rapides. Planté comme un poteau en plein milieu de la pièce, j’avais l’avantage de ne pas avoir besoin de me déplacer.

Arrivant cette fois-ci à prévoir ses déplacements, j’envoyais au tout dernier moment un revers de ma lame à l’endroit où il était censé arriver l’instant d’après. Mais surprise, là où ma lame devait trancher de la chair et des os, ce fut une gerbe de flotte qui fût tailladée net. Profitant que ma vision est obstruée par les éclaboussures, le vioc décida de prendre un peu de hauteur à ma grande surprise. En l’espace d’une fraction de seconde, il avait réussi à me passer par-dessus la tête dans le plus grand des calmes tandis que j’étais toujours en train de comprendre ce qu’il venait de se passer.

Je ne dus mon salut uniquement lorsqu’il retomba au sol provoquant un énorme « spalsh ». Lorsqu’il me porta une attaque en plein dans le dos, j’avais eu le temps de commercer ma rotation, sa lame, au lieu de me transpercer comme un poulet rôti, m’entailla profondément tout le côté du torse. Je sentis la pointe de son fleuret riper contre mes côtes, la douleur fût aussi soudaine que violente.
Balançant d’un revers une nouvelle attaque de mon sabre pour me dégager de là, je reculais de quelques pas en postant ma main libre sur la blessure.

« Enfoiré ! Par-derrière, petite catin. »

La plaie pissait le sang abondamment, heureusement que j’avais eu la présence d’esprit de me retourner sinon j’étais bon pour une lente agonie. Sa petite merde qui lui servait d’arme était plus tranchante qu’une lame de rasoir, ma chair s’était ouverte comme les cuisses d’une putain de Rokade. Net et sans bavure.

« Et maintenant messieurs, le coup de grâce ! »

« Tu me prends pour un putain de gibier ? »

« Ce serait bien trop d’honneur à un être insignifiant comme toi »

Mon adversaire décida de prendre tout son temps pour se remettre en position, une fois encore en me désignant du bout de son arme.

La douleur se répandait dans mon corps comme des décharges électriques, j’avais le gout du sang qui emplissait ma bouche. Je sentais mon corps battre de plus en plus fort et vite. Une fois de plus j’avais l’impression qu’une aura se posait sur tout mon corps. C’était l’appel de la violence qui venait sonner pour récupérer son dû.

Pour la troisième fois de suite, il adopta exactement la même position et surtout la même stratégie. Surement persuadé qu’à présent la bête blessée, il suffisait simplement de l’achever.

Bien décider à lui faire ravaler son excès de confiance en soi et enfin pouvoir lui faire goutter son propre sang, je plantais mon katana dans le sol. J’avais à présent de l’eau au-dessus du mollet, les autres détenus étaient dans un état d’excitation sans pareille. Voyant surement que le combat tournait en ma défaveur..

« Vos gueules les singes, ouvrez grands vos yeux et regardez ce dont est capable le Jack ! »

Le militaire leva simplement un sourcil en signe d’étonnant et se rua une nouvelle fois sur moi.

Mais cette fois-ci j’étais bien décidé à ne pas rester attendre la mort à venir à moi. D’autant plus qu’il était tellement ralenti par l’eau qu’il en devenait une cible facile. Je pris l’initiative de bondir sur lui en me projetant par-dessus l’eau, pendant un laps de temps infime je vis une réaction d’étonnement chez lui, voilà l’ouverture que j’attendais. Comme je m’en doutais, il décida dans la précipitation d’envoyer sa lame à ma rencontre. J’agrippais avec ma main droite et son fleuret pour le faire dévier sa trajectoire en le tordant. Et de l’autre, mon poing refermé sur lui-même foncé tel un boulet de canon droit dans sa tronche. Il tenta de retirer sa lame au tout dernier moment, mais trop tard je la tenais bien trop solidement.

Si la coque n’était pas encore endommagée à cet endroit, à présent elle l’était. Mon coup de poing avait envoyé le vieux s’écraser contre la coque nous sans avoir balayer tout sur son passage et notamment une partie de ses truffions. Je regardais ma main droite dégoulinante de sang elle aussi à présent, sa lame m’avait entaillée profondément la main. Furieux je pris son fleuret pour venir le plier contre ma cuisse afin de le rendre définitivement hors d’usage avant de le jeter à l’eau.

Devant moi les sous-fifres encore debout après un moment de stupéfactions se mirent à m’encercler. J’avais envoyé leur boss faire des roulades sur la moitié du navire après tout, ils n’allaient pas rester les bras croisés à attendre. Le souci c’était que je n’avais plus qu’un bras de disponible à présent et une vilaine entaille au niveau des côtes. Évidemment ce n’était pas le moment de se ramasser sur la gueule une dizaine de types armés jusqu’aux dents souhaitant par-dessus tout venger leur officier !

Mais à mon grand regret, je n’avais pas voix au chapitre… Mon seul objectif était à présent de pouvoir emporter le maximum d’adversaires avec moi en enfers. De toute façon, vu la situation dramatique que nous allions quoiqu’il arrive crever dans les prochaines minutes.

Je reprenais mon katana constant avec indifférente que la flotte avait dépassé mon genou. Ayant la flemme de bouger dans mon état je faisais face à cette horde de cafards ouvrant grand les bras pour les accueillir comme il se doit !

« VENEZ BANDE DE BROSSES A CHIOTTES ! ALLONS FAIRE UN TOUR EN ENFER AVEC LE JACK ! »


Je sentais mon corps en ébullition, j’étais dans un tel état de transe, que même la mort ne me faisait ni chaud ni froid. Je restais dans cette position provocante alors que la horde d’ennemies se jeter sur moi. Cela allait être un véritable massacre dans lequel je n’avais strictement pas la moindre chance d’y survivre. Mais cela allait être tout de même grandiose.

C’est alors qu’une ombre passa au-dessus de moi, toute de noir vêtue, tel un ange de l’apocalypse ! Mon cerveau mis un moment à comprendre de quoi il retournait, c’était Trembol ! Le gamin avait réussi une nouvelle fois la mission que je lui avais confiée.

Le carnage eut finalement bien lieu, mais sans que cela me coute finalement ma propre vie. Non seulement il avait réussi à libérer Trembol à temps, mais c’était dorénavant l’ensemble des prisonniers qui étaient libres. Le morveux s’était totalement surpassé. Nous étions maintenant une bonne cinquantaine de taulards en liberté à cet étage à présent, dont une bonne partie armée. Mon regard tomba par hasard sur le blondinet qui n’avait plus du tout l’air d’être un enfant fragile et sans défense.. C’était peut-être dû au fait qu’il se balade maintenant une arme de poing au bout de son bras ?

Finalement mon intuition le concernant était peut être bonne, si un minot se trouvait dans un tel convoi ce n’était peut être pas par hasard. Il s’agissait probablement d’un criminel en puissance. Le genre à avoir à buter toute sa famille pour une histoire de chambre mal rangée.

« Je vais peut-être garder un œil sur lui, à notre chère petite tête blonde. Quelque chose me dit qu’il cache bien son jeu... »

Trembol qui se tenait à mes côtés me lança un regard approbateur.

Tandis que le gros des troupes remonté à l’étage supérieur pour en découdre avec les gardes. Je me retrouvais à présent en compagnie de Black, du gamin et surtout de la mystérieuse prisonnière. Je ne pouvais pas résister à l’envie de lui poser cinquante-mille questions…

« Et toi, sous ta capuche, c’est quoi ton nom ? »

« Hum… mon nom n’a pas d’importance. Sortons d’ici ! »

Elle passa devant moi comme un courant d’air, sans me calculer. Passablement énervé par ce manque de respect, je l’agrippais au passage pour la tirer vers moi. Après tout si elle était encore en vie c’était en grande partie grâce à nous. Elle ne se laissa pas faire la bougresse !

Sa manche était remontée laissant apparaitre un tatouage sur son avant-bras.

Trembol écarquilla les yeux et lâcha un «  Merde ! » venant du fond du cœur.

« Quoi ?! »

« Ce symbole ?! Tu ne le reconnais pas ?! »

« Euh non, c’est juste une balance et un couteau ?! Un truc de pirate quoi ...»

« Abruti, il s’agit du symbole de Ravrak l’Immortel ! Cette femme est donc un des membres de l’équipage de… Ravrak ?!  Cela expliquerait tout, les nombreux gardes, l’attaque.. »

« Ravrak .. Hum cela me parle, sur Rokade j'ai entendu des histoires sur lui... »

« L’Empereur, tu sors d’où toi ?! »

La jeune femme réussit à se défaire de mon emprise, de toute façon je n’avais plus de raison de la maintenir. J’avais la réponse à toutes mes questions, nous étions en compagnie d’un gros poisson.

« Et du coup ce sont tes potes qui foutent le bordel dehors ?!  On va voir un Empereur Trembol ! Si ce n’est pas une bonne nouvelle, ça. J’espère qu’ils sont aussi forts que la légende le raconte ! »

Elle me jeta un regard assassin avant de cracher de son venin :

« Cela me fait vraiment mal de penser que je dois ma vie à un débile pareil… Seul un fou peut tenir de tels propos… Sur ce, j’ai à faire ! »

Elle prit les escaliers pour rejoindre l’étage supérieur. Mes yeux louchèrent sur son arrière-train qui semblait très prometteur.

« Bon, qu’est-ce qu’on le fait maintenant ?! Si un Empereur est dans le coin, nos chances de sortir d’ici semblent tout d’un coup très favorables non? C’est quel genre de personnage ce Ravrak ? »

« … Tu fais peur mec sérieusement.. As tu idée de ce que tu racontes ?.. »

Le gamin se tenait debout sur une caisse avec cette foutue flotte qui montait encore et encore. Je l’attrapais sans aucun mal pour le foutre sur mon épaule.

« C’est quoi ton nom l’avorton ? En tout cas doucement avec ce que tu as dans la main, ce n’est pas un jouet. Ne va pas t’amuser à me foutre une balle dans la caboche. »

N'ayant plus rien à faire ici au milieu des cadavres flottants, je décidais de poursuivre notre évasion l'étage supérieur. Si je me souvenais bien, nous étions au troisième et dernier étage ici. Et je trépignais intérieurement d'impatience à l'idée de voir de mes propres yeux un Empereur. 
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Une fois les deux gardes face à lui maîtrisés et le camarade de son nouveau compagnon d’infortune libéré, Timothée se tint en retrait tandis que le reste des prisonniers rendaient aux gardes le centuple des mauvais traitements qu’ils leur avait fait subir. Pour Tim qui ne se battait qu’aux pistolets, obtenir un angle de tir sécurisé dans une telle marée humaine relevait d’une impossibilité totale.

Incapable donc de participer au combat qu’il avait lui même initié, (au moins en partie) le jeune Timothée s’essuya le visage dans la manche de sa chemise rayée pour la voir recouverte de sang… Le sang de sa première victime.
Jettant un regard derrière lui vers les deux gardes qu’il avait si froidement abattus, les idées fusèrent dans la tête confuse du petit Timothée. Il avait beau se rassurer en se disant que ce n’était au final qu’un acte de légitime défense puisqu’ils étaient clairement descendus pour tous les passer au fil du sabre, il ne pouvait pas moins s’empêcher de penser à ces cadavres qui flottaient alors même que quelques minutes plus tôt, ils étaient des êtres vivants de chair et de sang… Avaient-ils de la famille ? Des enfants ? Une femme ou un homme qui les attendaient à la maison ? Merde… Avaient-ils seulement signé pour devoir perpétuer ce genre d’exactions auxquelles ils étaient contraints au final ?!! Impossible de le savoir maintenant, c’était trop tard, beaucoup trop tard pour le leur demander…

Non seulement ces questions hantaient alors l’esprit du petit Timothée mais également une réalisation qu’il manifesta en baissant les yeux vers ses mains elles aussi couvertes de sang. Le symbole était malvenu et un sourire ironique se dessina sur le visage triste de Timothée alors qu’il plongeait mécaniquement ses mains dans l’eau de mer pour les laver.
Maintenant en tout cas, c’était fait : le point de non retour avait été franchi et il ne serait sûrement jusqu’à la fin de ses jours qu’un meurtrier recherché pour avoir abattu ces deux gardes.
Oui, ils s’apprêtaient à le tuer sans aucune autre justification que les ordres de leurs supérieurs, mais la société se fichait de telles subtilitées… Dorénavant, chaque Marine qu’il croisait serait invariablement son ennemi, du plus vertueux au plus pourri d’entre eux, qu’importe… Ils seraient ses adversaires… Tout comme n’importe quel citoyen du monde ayant le moindre respect (ou la moindre crainte) pour la règle de la loi.

Une dernière image cependant vint troubler ses pensées, l’empêchant de verser quelques larmes sur le sort de ses deux victimes alors qu’il regardait leurs corps sans vie flotter à la surface de l’eau salée : Tequila Wolf… Ces quelques mois seulement qu’il avait passé sur l’île en compagnie de temps d’autres enfants qui n’avaient même pas eu le luxe de connaître autre chose que les travaux forcés dans leur vie lui fit serrer les poings de colère… Une colère qui remplaça rapidement sa peine !
Quel genre d’homme pouvait accepter de participer à un tel système ? Même avec les meilleures intentions du monde, le mal auquel ils apportaient leur complicité était bien trop grand pour mériter une quelconque once de pitié… En fait, c’était même exactement celà ! Ici, il les avait traité avec la même pitié qu’ils avaient l’intention de lui accorder, et qu'eux-mêmes (ou leurs collègues) accordaient à tous ces innocents oppressés par le gouvernement mondial : aucune.
Est-ce que c’était juste ? Non… Certainement pas ! Mais mis au dos du mur comme il l’avait été, il ne pouvait pas sérieusement continuer à laisser sa conscience le torturer ainsi. Le monde est une saloperie, injuste et fourbe… Sauf que lui était né dans ce monde, sans avoir pu le choisir. Eux avaient eu l’opportunité de contribuer à un monde meilleur ou un monde pire… Et mis face à l’ordre d’assassiner un enfant (peut-être même d’autres !) s’étaient réfugiés derrière leur sens du “devoir”; un devoir de lâche, un devoir de sanguinaire, indigne de n’importe qui se prétendrait un homme digne de ce nom… Non, définitivement, trop de paramètres à décharge entraient en jeu pour que Timothée ne se laisse torturer par ce qu’il venait de faire ! Même en allant plus loin : qu’importe ce que pourrait en penser un tribunal ou les gens de bonne société, si son seul autre choix eut été de se laisser mourir, il n’avait pas de dilemme moral à se poser… Même si c’était plus facile à dire qu’à faire…


Derrière lui, le combat touchait à sa main et tandis que ses belligérants entamaient la phase de discussion sans grand intérêt, Timothée se rendait compte que l’eau avait grimpé durant sa réflexion et tandis qu’elle arrivait seulement aux cuisses des adultes présents dans le couloir, elle était maintenant bientôt presque au niveau de sa poitrine à lui !
Tout le monde ayant été libéré de leurs cellules, lui se retrouvait comme une andouille sans vraiment savoir nager dans un couloir qui prenait l’eau de plus en plus vite ! Timothée remarqua alors une caisse de bois flottant à la surface du liquide et s’affaira à grimper dessus. Une fois en “sécurité”, il interpella les autres prisonniers qu’il avait aidé tandis qu’il trônait à quatre pattes sur le bout de bois.

- Hé ! Les gars ! J’ai plus pied ! Un petit coup de main ? siouplait ?

Pas besoin de le dire deux fois : Rapidement, le… Le… Bah bonne question en fait, quel était le nom de ce type ? Bref, nous l’appelerons le “type” ! Bref le type donc attrapa le petit Timothée avec une célérité et une nonchalance qui prit de court ce dernier.
- Hééééé ! Doucement ! J’suis pas un sac de patates !
Et pourtant, posé sur l’épaule du “type” avec sa tête en bas d’un côté et ses jambes en bas de l’autre, Timothée ressemblait effectivement à un sac à patates. Résigné, il soupira et se laissa porter les bras ballants, le regard à moitié consterné, à moitié las tandis qu’il regardait l’eau en contrebas.
Puis vînt le moment où le “type” lui adressa de nouveau la parole… Des paroles… Trop belles pour être ignorées ! Avec un sourire narquois, le garçon répondit.

- Bah ! Déjà je vois pas pouquoi je voudrais vous faire ça, et puis de toute façon vous inquiétez pas ! Vu votre prestation avec les clés, le cerveau serait de toute façon pas une immense perte pour vous je pense !
Timothée se permit un franc rire à cette blague, le premier vrai rire qu’il avait eu depuis longtemps ! Une fois calmé, il déclara :
- J’m’appelle Timothée m’sieur. Mais vous pouvez m’appeler Tim ! Et vous ? vous vous appelez comment ?

Timothée fut porté par le “type” pendant encore plusieurs mètres avant qu’il ne finisse par remarquer qu’ils étaient enfin sur un plancher à peu près sec, il signala donc à son interlocuteur en tapotant dans son dos.
- toc toc toc ? Je peux marcher ici ! J’ai pied. Merci pour la balade !
Une fois de nouveau sur ses pieds (ou pas, selon que Jack décidait de le lâcher), Timothée enchaîna à son tour pour lui poser à lui une question.
- Alors du coup, vous êtes qui vous ? Des révolutionnaires ? des pirates ? Des criminels ? Et c’est quoi le plan m’sieur ? Parce que là… J’ai beau pas être doué en navigation, mais il me semble que le bateau va plus flotter longtemps non ?
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« Vous êtes qui ? » En voilà une bonne question, tiens. J’aurais tellement de réponses à lui offrir cet avorton de Timothée. Mais comme il l’avait si bien rappelé, notre embarcation n’allait pas tarder à nous entrainer au fond. Je n’avais pas fait tout ça pour finir becter par des crabes à la con.
« Va pour des pirates, les histoires de luttes de classe cela ne me fait ni chaud ni froid. Je me bats pour une seule et une cause, la mienne. En ce qui concerne la suite, je pense que sortir d’ici en un seul morceau est déjà un exploit en soi. On va attendre pour dérouler la suite du plan, notamment la partie concernant le rhum et les filles de petites vertus. »
L’étage du dessus avait rapidement repris par la force par cette horde de taulards déchainés. Le souci dans ce genre de situation, c’est quand sans leadeur désigné, cela devient rapidement le bordel. Nous étions aux antipodes de la rigueur supposée de l’Armée, chacun faisait ce qu’il voulait sans aucun but ou autre finalité que de laisser exploser sa rage. Les derniers gardes encore en vie furent bien vite zigouillés avec les moyens du bord, donnant un résultat aussi bruyant que sanglant. Mais ce n’était pas sur moi qu’il fallait compter pour calmer ce genre de comportement. Je n’avais aucune sympathie pour eux bien au contraire, je commençais à avoir un tableau de chasse au niveau de la Marine pas forcément dégueulasse. Il me manquait cependant une pièce maitresse à ma collection, un officier supérieur, pour que sa tête puisse trôner dans ma cabine.
Mais pour l’instant je restais sur le qui-vive, nous seulement il fallait s’attendre à une contrattaque de la Marine, mais en plus, il fallait aussi garder les taulards à vue. Ce ramassis de cloportes était bien évidemment capable de tout et n’importe quoi pour parvenir à ses fins. Et justement, plusieurs avaient clairement posé leurs regards de chien de la casse sur notre mystérieuse invitée.
Même un singe comme moi avait immédiatement compris qu’il ne fallait en aucun cas qu’il lui arrive quelque chose à cette charmante demoiselle. Si son capitaine débarquait ici et la trouvait en train de se faire violer par des taulards, je préférais encore que le navire coule maintenant qu’on en finisse.
Du coup je m’improvisais à la hâte garde du corps de cette belle créature, mais elle était déjà rentrée dans la foule et faisait totalement abstraction de son environnement.
« On va avoir de sérieuses emmerdes si jamais elle se fait attraper par ces chiens. »
Évidemment, il ne fallut que quelques minutes avant que le premier évadé lui tombe dessus, l’attrapant par le bras pour l’attirer vers lui. Je me précipitais sur lui, mais avant que je puisse l’atteindre. Elle lui avait déjà collé plusieurs coups dans le visage, lui décollant les derniers chicots encore présents dans son râtelier. Je stoppais immédiatement ma course, finalement elle n’avait peut être pas besoin de moi pour s’en sortir d’ici. Toutefois son petit spectacle avait eu le don de mettre en rogne plusieurs criminels, certainement les petits copains du type agonisant la face contre le sol.
« Hum… Cela ne tiendrais qu’à moi je resterais ici pour voir ce qu’elle à réellement dans le ventre… Dommage. »
Je m’approchais avec mes comparses du regroupement. C’était tout de même assez drôle, alors qu’il était question de vie ou de mort, avec une embarcation sur le point de couler. Certains trouvés tout de même le temps à se battre et perdre du temps pour des choses aussi futiles. Le gros des prisonniers était déjà rendu à l’étage du dessus, et nous nous étions ici à devoir régler des problèmes de libidos.
Armés d’objets en tout genre, ils avaient encerclés la jeune femme qui ne semblait en rien être apeurée par la situation. Les noms d’oiseau à son intention fusaient dans tous les sens ainsi que les promesses de sévices fortement portées sur la chose.
« Ma foi.. Ils ne manquent pas de vocabulaire. »
Je me plantais de toute ma masse derrière le groupe menaçant, croisant les bras et grognant un coup pour signaler ma présence.
L’un d’entre eux se retourna vers moi et ouvrit la bouche pour prononcer surement une menace à mon encontre. Mais quelque chose dans son faciès me déplut immédiatement, provoquant en moi une soudaine poussée de violence inexpliquée. Je l’attrapais par le visage pour le décoller du plancher des vaches, avant de l’envoyer s’écraser dans la paroi du navire. La scène se déroula en l’espace de quelques secondes. Les autres criminels s’écartèrent de mon chemin, ils ne s’attendaient certainement pas à un colosse comme moi. L’un des hommes pointa un couteau dans ma direction sans grande conviction, mais il fallut l’espace d’un battement de sourcil pour que son bras tombe au sol, tranché net par Trembol. Le spectacle était terminé, les autres déguerpirent sans demander leur reste.
« Hum, encore toi ? Je n’ai pas souvenir d’avoir sollicité un garde du corps, je peux parfaitement me débrouiller toute seule ici. »
« Je ne le fais pas pour toi, mais pour ce que tu représentes, tu es notre saufconduit. Je sais si tu restes en vie, j’aurais une chance de sortir vivant d’ici. »
« Vraiment ?... Tu te fourres le doigt dans l'œil. »
Le navire piquait soudainement par l’arrière, l’eau avait dû certainement envahir le dernier étage. Je commençais à devenir claustrophobe avec cette histoire, je me précipitais donc vers les escaliers menant au dernier niveau avant la sortie. Comme pour l’étage précédent, les prisonniers avaient fait place nette et libéré les derniers détenus. Il devait avoir maintenant facilement plus de deux-cents taulards en libertés qui tentaient de faire tomber là derrière les barricades les séparant eux du monde extérieur.
Je décidais maintenant d’imposer un peu plus ma carcasse dans cette cohue, écartant sans ménagement les parasites présents sur mon chemin. Notre petit groupe sortait pour le coup réellement du lot, un gaillard de trois mètres, suivis d’un mec se baladant avec deux sabres et une tronche du tueur en série, un gamin haut comme trois pommes et ses deux flingues enfin une jeune femme à la démarche féline.
« Faites place à la Cour des Miracles ! Je vais vous mener vers la sortie de ce pas. Vous pouvez m’appeler Jack Skellington si vous voulez, je ne suis pas du genre à faire des mystères sur qui je suis, moi. »
Un énorme arc de cercle se format autour de nous, même Hannibal avec les bras croisés et le regard intrigué sur notre petite communauté. Devant moi une énorme porte en acier se dressait, elle était comme il fallait s’y attendre totalement verrouillée. Je poussais comme un buffle cette satanée porte, mais elle ne bougea pas d’un iota. Après plusieurs tentatives infructueuses, je me sentais totalement vidé de mon énergie. Si seulement j’avais encore ma deuxième main en état peut être que. Je venais aussi de perdre en autorité sur l’ensemble des occupants.
Contrarié par ce qu’il venait de se produire, j’envoyais un gros coup de poing dans cette dernière en signe de frustration. À défaut de s’ouvrir, j’entendis en retour comme un petit laqué s’ouvrir.
« Hum ? C’est quoi ce bruit ? »
Instinctivement je reculais de quelques pas, alors que la porte s’ouvrait comme par miracle devant moi. Pour une raison inconnue, les deux-cents cafards derrière moi cessèrent de foutre le bordel et un silence complet tomba.
Une silhouette d’une grande taille se tenait face à moi, avec la lumière du jour dans son dos, il m’était totalement impossible de pouvoir l’identifier. Sans dire un mot ni faire le moindre geste, la silhouette avança vers moi dans le plus grand des silences.
L’un des taulards, certainement mieux placé que les autres, hurla comme un bœuf dans mon dos :
« C’EST LE CONTRE-AMIRAL SILVER !! ON EST FOUTUS !! »
« Quoi ? Un Amiral ?! »
La mémoire me revenait subitement, je l’avais aperçu voilà plusieurs semaines lors de mon départ du QG de South Blue.
Je portais machinalement ma main à mon sabre pour tenter de me défendre. L’annonce du nom de notre visiteur avait semé une sacrée pagaille, la plupart des grognards cherchaient maintenant à fuir loin d’ici. Mais quelque chose clochait dans la démarche de ce contre-amiral… il continuait à tituber dans ma direction, je pouvais maintenant distinguer ses traits, et notamment ses yeux totalement perdus dans le vide.
« Qu’est-ce que cela veut dire.. ?! »
Il s’écroula à seulement quelques pas de moi, alors que je n’avais même pas eu le temps de le toucher. Comme je l’avais deviné, ce type était déjà mort.
« Merde.. c’est quoi ce bordel ?! »
Une nouvelle ombre apparut dans l’encablure de la porte, encore plus massive que celle du défunt Marine. Cette fois-ci, l’individu semblait bien vivant à voir sa démarche assurée vers moi.
Toutefois, la mystérieuse prisonnière me passa devant pour marcher dans sa direction.
« Francesco, je crois que je n’ai jamais été aussi heureuse de te voir… Ce transfert fut aussi long que pénible. »
L’annonce de ce nom provoqua un torrent de chuchotements parmi les anciens détenus. Je devais bien être le seul ici à ne pas connaitre qui était ce type, en revanche je savais une chose, il avait l’air sacrément balaise. Après tout, il venait d’envoyer en enfer un Contre-Amiral, un type qui nous aurait sans doute tous anéantis avec une seule main. Je sentais mon sang bouillir intérieurement, décidément, j’avais le don de croiser des adversaires redoutables en ce moment. Bien évidemment il n’était pas question pour l’heure de lui rentrer dans le tas, je n’avais strictement pas la moindre chance compte tenu de mon état. Mais ce Francesco puait la puissance à plein nez, cela en disait long sur la puissance de son Empereur.
Derrière lui d’autres hommes firent leurs entrées, ils avaient tous un point commun. Une méchante gueule de guerriers, tous semblaient être des vétérans de la piraterie. Rien à voir avec la brochette de trépanés menée par Hannibal le Rouge qui se revendiquer être les rois de South Blue. D’ailleurs lui non plus ni ne piper pas un mot depuis l’arrivée des hommes de Ravrak.
« Bon, nous avons que trop trainés, allons-nous-en et puis ça pue ici. »
Un des ex-taulards se précipita en direction des hommes de l’Empereur en les suppliant de le prendre avec eux. Avant même de pouvoir toucher le bras du commandant, il se ramassa une balle en pleine poitrine à la surprise générale.
« Nous n’avons pas besoin de pleutres avec nous, démerdez-vous ! »
Voilà qui allait quelque peu compliquer mes plans d’évasion..
Du grabuge se fit entendre derrière nous, comme si une bataille avait lieu brusquement. Pourtant, difficile à croire qu’un garde avait réussi à survivre à cette épuration en règle. Je me retournais finalement trop curieux de savoir ce qu’il se passait dans mon dos. C’est alors que je vis une ombre déboulée à toute vitesse, sautant de détenue en détenue. Il me fallut un petit laps de temps pour comprendre que c’était le retour de mon précédent adversaire à trois niveaux en dessous que je pensais avoir définitivement fait taire.
La tête complètement déformée et trempée des pieds à la tête, il se ruait droit sur la prisonnière en beuglant quelque chose de totalement incompréhensible. Le pauvre bougre, il avait perdu de sa splendeur et surtout de son agilité. Je me positionnais face à lui pour lui offrir un accueil digne de ce nom. Toutefois, il était bien plus résistant qu’il en avait l’air l’ancêtre, combien de temps avait-il passé sous l’eau ?
Mais c’était l’heure pour lui de plier les gaule, je m’étais en travers de sa route pour lui qui propulsait mon poing en plein dans la face. Cette fois-ci, il ne reviendrait pas du royaume des morts aussi aisément. Il avait certainement perdu tout sens de la réalité, ce fût limite un geste de bonté que j’accomplis. Mon poing s’écrasa une nouvelle fois sur lui, mais cette fois-ci le choc fut tellement rude qu’il me provoqua une onde de choc dans l’ensemble de mes muscles. Le bruit de ses os s’éclatant sous mon poing me donna des frissons, son visage éclata comme une pastèque trop mur. C’était une première pour moi, parveir à un tel résultat, son corps continua sa route comme un poulet sans tête dans les airs avant de s’écraser au pied de notre invité de marque. J’étais couvert de sang et de bouts de cervelles.
« Merde..c’est dégueulasse...et c'est quoi cette odeur ?! »
Je regardais ma main, plusieurs dents étaient incrustées dedans. Je me retournais avec un mélange d’excitation et de surprise à part ce que je venais d’accomplir.
« Décidément, tu n’en loupes pas une toi… Tu es un drôle de personnage. »
Francesco n’avait pas bougé d’un pouce, il semblait totalement indifférent par ce qu’il venait de se passer sous ses yeux.
« Bon, allons-y maintenant. »
L’homme de Ravrak se retourna en nous ignorant une nouvelle fois. Mon orgueil était pour le coup piqué à vif, le fait d’être traité comme un moins que rien me rester en travers de la gorge. Mais l’heure n’était pas encore venue de venir se frotter à lui. La priorité était de sortir d’ici le vivant et le plus rapidement possible.
« Minute cocotte, dois-je te rappeler que nous t’avons sauvé les miches à plusieurs reprises. C’est l’heure de rendre l’appareil, sors-nous d’ici. »
« Tu penses être en position de m’imposer quoique ce soit le gorille ? Mais… Je déteste par-dessus tout être redevable.. Amenons-les à l’île la plus proche d’ici, ce sera ma bonne action du jour. »
« Non ! Cela ne faisait pas partie du plan. Est-ce que tu es au courant que nous pouvons avoir un amiral sur le dos à tout moment ? Je suis ici sur ordre de Ravrak et ... »
« Allez, tu me dois bien ça.. Et puis quelque chose me dit que ce macaque pourra avoir un rôle à jouer dans un futur proche, c’est toujours utile d’avoir de la main-d’œuvre bon marché disponible en bonne quantité. Dois-je te rappeler l’importance de ma mission »
« Garce ! Qu’ils se démerdent par eux même, je ne veux aucun de ces rats sur mon navireIl me semble qu’un cuirassé est encore en état de naviguer, du moins il fera l’affaire jusqu’à Alabasta. »
Un cri de joie retentit dans la salle, les deux-cents morpions hurlèrent à l’unisson.
« Gloire à Ravrak l’immortel et son Ange noir ! »
Fransceco quitta les lieux avec son escorte sans adresser le moindre regard à ses nouvelles groupies. Quant à la jeune femme, elle me fit un signe du menton en souriant puis disparut à son tour.
«  Un ? L’ange noir ?.. Il est blanc comme un cul ! Bref allons-y.. »
En enjambant le cadavre de l'officier, je me pris d’une soudaine envie de revétir son grand manteau blanc d’officier supérieur étonnamment encore en bon état. Sur le dos était indiqué en lettre capitale le mot « Justice ». Je prenais une petite seconde pour me débarbouiller le visage et le corps du sang à l’aide des vieux vêtements de prisonnier que je portais depuis maintenant des lustres. Et j’enfilais la tenue blanche, me voilà en l’espace d’un instant passer de pirate à contre-amiral. J’avais de la chance que le macchabée soit d’une taille suffisamment grande pour que je puisse enfiler sa tenue sans la déchirer au moindre mouvement.
« Faites place la bleusaille, voici votre l'Amiral Jack ! »
***


Une fois dehors je m’attendais naïvement à pouvoir enfin profiter d’un grand bol d’air pur et surtout pouvoir admirer le ciel. Manque de pot, nous étions en plein dans un immense nuage de fumée, impossible d’y voir quelque chose à plus de cinq mètres devant soit. C’était à la limite du respirable, nous nous dirigions en file indienne en direction de notre nouvelle embarcation pendant que l’actuelle vivait ses derniers instants.
Le bâtiment de guerre en question n’avait pas été épargné par les combats, a voir les dommages qu’il avait reçus, cela avait du être une terrible bataille. Le pont principal était jonché de cadavres de soldat et d’impact de boulets de canon. Le mât principal avait lui aussi était sérieusement endommagé et la coque présentait de nombreuses avaries. Autant dire qu’a la moindre tempête, ce rafiot finirait lui aussi dans les abysses.
Pendant que les hommes de Ravrak assistés de plusieurs ex-prisonniers fixés solidement les attaches pour qu’ils puissent nous tracter, je parcourais du regard les alentours. Des dizaines, non des centaines de corps flottaient à la surface au milieu d’indénombrables débris de bois. Et pourtant, je ne voyais ici qu’un seul navire pirate, certes, immense, encore plus important que celui d’Hannibal sur South blue. Mais comment était-il parvenu à lui seul à couler toute une flotte de la Marine ?
« Terrifiant n’est-ce pas mon Amiral ? »
Je me retournais pour faire face à Trembol, il y avait une certaine gravité dans sa voix, même si le terme d'Amiral était clairement un foutage de gueule.
« En effet, c’est donc ça la puissance d’un Empereur ?! »
« Je pense, que nous autres simples mortels, nous ne pouvons mesurer cette force. Aujourd’hui nous avons une chance folle, il faut maintenant ne pas la gâcher. Car je doute que la prochaine fois cela se passe ainsi… Une fois sur Alabasta, il va falloir que tu arrives à t’imposer pour prendre le commandement de cette bande de chiens. Tu as la possibilité de constituer un équipage avec ce qu’il se fait de pire sur South Blue ces dernières années. »
« Alors, profitons de la traversée aux frais de la princesse… Car quelque chose me dit que le sang va couler à flots une fois que nous allons être livrés à nous même. Tu seras le premier témoin Trembol, L’Amiral Skellington à la conquête du Grand line. »
Je m’accouder à la rambarde pour fixer l’horizon masqué par l’épaisse fumée. Ces derniers mois j’avais eu l’impression d’avoir vécu mille vies. Je jetais un regard en direction de Timothée qui était le cul posé au sol en train de nettoyer son arme de poing. D’un seul un homme hurla et les cordes se tendirent puis une secousse, nous étions maintenant lancés en direction du Royaume d’Alabasta.

Je jetais un dernier regard vers le navire-prison qui sombrait lentement mais surement dans les abymes, entrainant avec lui de nombreux corps de soldats vers l'oublie.
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