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Un chantier naval flambant neuf

      Bordel. Dans quel merdier me suis-je encore fourré ?

      « Madame la Maire de Portgentil, Monsieur le Roi du Royaume de Bliss, merci de m’avoir reçu au sein du palais royal. »

      Oui, je me trouve actuellement au sein de cet immense palais, dans une constituée d’une très longue table et de chaises. Je sens la présence de toute une flopée de soldats derrière chaque porte malgré une fouille assidue avant de pénétrer dans les quartiers royaux. Situation assez cocasse, car je me trouve à un bout de la table, tandis que les dirigeants se trouvaient à l’autre bout. En fait, le regard furieux de cet homme ne m’inspire absolument pas confiance. J’ai le sentiment qu’il pouvait ordonner ma mort à tout moment. Je reprends mon calme. À présent, je suis l’une des personnes les plus affluentes du royaume, on ne peut m’exécuter aussi facilement. C’est bien grâce à mon statut que l’on m’accorde cette entrevue.

      « Bienvenue dans mon palais, Monsieur Ora, dit le roi. Vous souhaiteriez nous soumettre une requête, m’a-t-on dit ? »

      Je me racle la gorge.

      « En effet. Vous n’êtes pas sans savoir les événements qui ont eu lieu sur le chantier naval. Destruction de nombreux locaux, de matériaux, de navires en construction… Bref, un véritable désastre. Cependant, malgré cela, je déplore l’absence de notre souverain, de notre maire, mais aussi du Gouvernement Mondial. »

      La Maire oriente son regard vers le roi, jugeant probablement que j’avais dépassé les bornes. Le roi, lui, reste complètement imperturbable. Si l’on juge bien sûr que ce regard rempli de rage est naturel. Je reprends :

      « Il me semble que le chantier naval de Bliss est le commerce le plus florissant, le plus lucratif et perenne de tout le royaume. Par ailleurs, ce chantier naval est celui qui produit le plus de cuirassés pour le contingent de la marine, et ce, dans le monde entier. En d’autres termes, aussi bien vous, mon roi, qui soutenez corps et âme le gouvernement, que le Gouvernement Mondial lui-même, devriez songer à nous aider. »

      Il arque soudainement un sourcil. Je ne dois pas lui laisser le temps de répondre.

      « La main d’œuvre n’est pas nécessaire. Je peux même m’occuper des commandes. Ce qu’il nous faut, ce sont des fonds. J’ai déjà pensé à un plan. »

      Je sors un parchemin de la poche intérieure de ma veste, puis la fais glisser sur la table. La Maire se lève pour la saisir et la donner au roi. J’attends qu’il l’ouvre et l’analyse un peu avant de reprendre.

      « Vous tenez entre vos mains le plus grand chantier naval du monde. Actuellement, Bliss continue de rivaliser avec les meilleurs grâce à sa réputation et à la qualification de ses charpentiers, mais les infrastructures sont trop vieilles et ne permettent pas un travail efficient. Ce désastre est aussi une bénédiction pour reconstruire le chantier à sa hauteur. Je peux, pour les prochaines années, assurer les meilleurs résultats dans le domaine de la construction aéronautique, dans le monde entier, si ce plan et les financements nécessaires sont validés. »

      Je ne laisse aucun doute planer sur mon visage car il n’y en a aucun. Je suis intimement convaincu par mon propos et compte aller au bout de mes desseins. C’est également l’occasion de voir si le roi est dans les petits papiers des hauts fonctionnaires de ce Gouvernement Mondial. Une telle requête n’aura pas besoin d’aller jusqu’au conseil des cinq étoiles. Le Gouverneur, au pire l’Archigouverneur, pourront prendre la décision eux-mêmes pour un tel chantier. En plus du plan, j’ai réalisé une liste jointe à celui-ci, avec les tarifs de chaque outils, matériaux et le coût total des opérations. Cent-vingt millions de berries, qu’est-ce que cela représente pour une telle institution ? Je suis convaincu que le roi pouvait lui-même payer cette somme.

      Après une lecture approfondie, il m’invite à prendre la direction de la sortie, et qu’il me tiendra au courant dans les plus brefs délais. Je pars la queue entre les jambes avec le sentiment de n’être qu’une vulgaire chaussette. Je sais qu’en partant, je me promets à moi-même qu’un jour, ce foutu roi posera sur moi un regard respectueux, comme à son égal. Je ronchonne mais je retrouve ma bonne humeur au songeant à la bonne nouvelle. Ils doivent accepter cette requête s’ils veulent tenir le rythme face à la recrudescence des pirates et des révolutionnaires. Et le roi fera tout pour que Bliss soit le plus grand soutien du Gouvernement.
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      Quelques jours plus tard, palais royal.

      « Monsieur Ora, je vous en prie, prenez place, fit le roi. »

      Le ton a changé et n’a rien à voir avec la fois dernière. Plutôt bon signe, pensai-je.

      « Madame la Maire et moi-même avons bien réfléchi. », commença-t-il d’un air sérieux. Au regard de la concernée, je comprends assez vite qu’elle n’avait décidé d’absolument rien et qu’il avait pris sa décision seul. Néanmoins, elle ne réagit pas spécialement, alors elle doit certainement cautionner. Cette femme, m’a-t-on dit, est probablement la seule à pouvoir tenir tête au roi quand quelque chose ne lui plaisait guère. Cette information fut immédiatement enregistrée dans un coin de ma tête. Elle servira un jour.

      « Nous ne ferons pas intervenir le Gouvernement Mondial dans cet investissement. »

      Ah. Si la banque mondiale ne participe pas, ça pue.

      « Ce chantier naval m’appartient et leur demander d’investir dedans reviendrait à leur céder. Je crois en mon combat et en mon soutien envers eux, mais je ne suis aveugle au point de leur donner la fierté du royaume. Le chantier naval est le joyaux de Bliss, la plus grande entreprise, embauchant chaque année des milliers d’hommes. »

      Et bientôt des femmes, murmurai-je tout bas.

      « Qui sait ce qu’il adviendra de ce joyau si le Gouvernement en prenait la possession. »

      Ouais, mais ça ne me dit toujours pas ce qu’il advient de mes financements.

      « Ce que je vous propose, Monsieur Ora, c’est d’acheter vos services en vous offrant des parts du chantier. »

      Calculatrice activée. Avec les bénéfices réalisés et le pourcentage obtenu, cela pourrait multiplier mon salaire par dix. D’après mes calculs, je pourrais gagner dix millions de berries. Le projet d’une vie. Je me fais cependant la promesse d’obtenir l’entièreté de cette entreprise… un jour. La somme me paraît énorme, mais connaissant maintenant le chiffre d’affaire du chantier, je sais que cela ne représente pas une grande perte pour le roi. Le regard de la Maire m’incita fortement à accepter. Je ne sais pas ce qu’elle a dans la tête, mais j’ai bien l’impression qu’elle projette de mettre le roi au tapis. Et plus je prendrai de place dans le royaume et plus ça arrangera ses affaires. Être le pion d’un jeu d’échec me gonfle un peu. Mais l’argent m’est indispensable pour continuer mes desseins.

      « J’accepte. »

      Pour la première fois, j’aperçois le roi sourire.

      « Parfait. Vous pouvez commencer dès maintenant. »

      Je souris à mon tour.

      « J’ai déjà commencé. »
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      Le chantier a déjà bien commencé. Dans peu de temps, une fois achevé, j’aurais des parts du chantier qui m’appartiendront. À l’aube de la nouvelle année, ce chantier tout entier m’appartiendra. Hier soir, j’ai reçu une lettre d’un coursier venant de la maire qui, comme je l’imaginais, souhaite me rencontrer en l’absence du roi. J’attends donc la fin de la journée pour la rencontrer dans ses quartiers. Celle-ci passe relativement quand on voit le travail journalier réalisé chaque jour. Nous avions déjà entamé les réparations des entrepôts les jours suivants les incendies, permettant ainsi de les finir assez rapidement. Ils sont mieux pensés, plus aérés et surtout plus résistants. Va falloir y aller pour les brûler maintenant. D’ailleurs, j’ai organisé des roulements dans la circulation, ce qui aura pour but d’avoir toujours des personnes dans les entrepôts sans y embaucher des gardiens.

      Constatant de nombreux embouteillages dans le chantier, j’ai également réalisé des sens de circulation pour fluidifier l’ensemble. Un gain de temps et on limite les accidents. Cette entreprise demande du temps, notamment pour les marquages au sol, l’aménagement des allées, qui nécessitent de raser certains espaces, certains bâtiments… Peu m’importe. Le résultat fera gagner du temps. Et le temps, c’est de l’argent. La fin de la journée approche et je suis en nage. L’avantage avec ce boulot, c’est que je me garde une certaine condition physique. Courir partout, porter des charges lourdes, frapper des clous avec de grosses masses… Que du bonheur. Je ne ferai rien d’autre en ce monde.

      Celeborn vient vers moi. Il est chargé de la reconstruction des docks et il me fait des bilans à la fin de chaque journée.

      « Les docks seront de nouveau fonctionnels d’ici la fin d’semaine. Il ne restera plus qu’un coup de peinture pour rendre le tout agréable. La semaine suivante, on pourra commencer les travaux d’intérieur.
      - Magnifique ! Marshall sera fier de nous, je te le promets ! »

      Le géant me sourit et me tapote l’épaule, manquant de peu la dislocation.

      « On va s’boire un p’tit verre ?
      - Pas ce soir, mon vieux. J’ai un rendez-vous ?
      - Avec ma sœur ?
      - Pas tout à fait. Avec Cassandra Woods.
      - Hein ? La Maire ? Mais elle est trop vieille pour toi. Beurk ! Et Eärendil dans tout ça ?!
      - Arrête tes conneries, Cele’. Tu fais chier… C’est pour le chantier. Rien d’autre. Quelque chose me dit que sur le long-terme, on pourra en tirer quelque chose.
      - J’te laisse gérer ça, mec. C’est pas ma tasse de thé. J’vais aller ce que fout Eärendil ce soir. », fit-il avant de se diriger vers la sortie. Je le rattrape assez rapidement. « Cele’, tu ne dis rien à Eärendil, tu me laisses lui en parler le premier, compris ?
      - Noté. »

      Celeborn est un charpentier exceptionnel mais il a été dépourvu de toutes finesses. Voulant faire le bien, il provoque souvent des désastres par sa maladresse. Bref, je pars me doucher dans les douches collectives du chantier. Énième nouveauté indispensable pour le bien-être de tous, et là aussi, un gain de temps pour tous.

      ***

      Vêtu d’un élégant kimono blanc et soyeux, je me rends dans la noble demeure de la Maire. Logement de fonction ? Possible quand on connaît les folies du roi. Quand je frappe à la porte, un homme ouvre, un majordome, qui ne semble pas étonné de me voir. Depuis le temps qu’Eärendil me tanne pour embaucher un majordome, va falloir que je m’y colle sérieusement. Étant souvent absent, je ne peux pas choisir n’importe qui. L’élégant m’emmène dans la pièce visiblement dédiée aux réceptions de madame Woods.

      « Monsieur Ora ! Bienvenue dans mon humble demeure », fit-il en m’accueillant les bras grands ouverts. Tout ce cinéma m’insupporte déjà. Je déteste la politique mais je sais d’office que mon statut m’oblige à y faire part. « Merci à vous de m’accueillir, Madame Woods.
      - Cassandra, je vous en prie. Allons, installez-vous, faites comme chez vous. »

      Je m’installe sur un somptueux fauteuil face à celui de mon hôte. Entre nous, une petite table basse en chêne. Sympa. Deux verres à vin posés dessus. Le majordome revient avec une bouteille de vin, retire le bouchon de liège en provoquant ce bruit si agréable, puis remplit généreusement, et avec une certaine maîtrise, les deux récipients. Cassandra Woods boit une gorgée en me regardant, j’en fais donc de même par politesse. Va falloir aussi que je me mette à boire autre chose que ces pinards à bas prix au chantier. Ce que je suis en train de boire ici n’a absolument rien à voir. Je me contente d’acquiescer pour valider la qualité du produit.

      « Que puis-je faire pour vous, Madame la Maire ? Vous ne m’avez pas invité pour goûter à votre délicieux vin. »

      Elle sourit sans un mot. Je crois qu’elle apprécie mon tact.

      « Vous visez juste. Ce dont je veux vous parler mérite la plus grande discrétion. Si notre discussion a la malheur de s’ébruiter, nous serons condamné par le roi en personne. »

      Je comprends donc qu’il s’agit du roi. Je me retourne vers le majordome qui attend devant la porte.

      « Il a toute ma confiance, dit la maire en comprenant mes doutes.
      - Pas la mienne. Ce n’est pas contre vous, monsieur, mais nous sommes de parfaits inconnus l’un pour l’autre. Cassandra, si ma vie est en danger, je préfère ne prendre aucun risque. »

      Elle acquiesce et demande congé à son majordome. Avec toutes les histoires de cipher pol et compagnie, je limite ma confiance qu’au stricte nécessaire.

      « Je vous écoute.
      - Je ne sais pas jusqu’où s’étend vos connaissances sur l’histoire de ce royaume, mais rares sont les maires qui ont la chance de jouir d’autant de longévité que la mienne. »

      Et donc ? Accouche. Mon cerveau fume. J’imagine brièvement vers quoi elle veut m’emmener et attendre ce moment fatidique m’agace.

      « Le roi abuse de son pouvoir pour défaire tous ceux qui lui tiennent tête. Peut-être ne voit-il pas comme une menace et c’est pour cela que je préserve ce poste ? Quoi qu’il en soit, la situation ne me semble guère très saine et j’ai pour ambition de rendre les décisions au peuple. »

      Tiens, j’ai déjà entendu ça quelque part. Tous les mêmes.

      « Êtes-vous à l’aise en géopolitique ?
      - Je lis les journaux et voyage beaucoup.
      - Parisse vous dit quelque chose ?
      - Le royaume dévasté par la guerre civile. Les révolutionnaires ont tenté de profiter de la situation pour prendre le pouvoir, justement en laissant le choix au peuple, mais ces derniers ont décidé d’élire une personne qui ne s’était même pas présentée. Quelle farce ! Bien que neutre, ils ne veulent pas s’attirer les foudres du Gouvernement Mondial et ont rejeté toute présence révolutionnaire sur leur sol. Pardonnez-moi, je parle très franchement et j’ai beaucoup de recul sur la situation, mais le gouvernement a beaucoup de chance de diriger une bande d’idiots. Moi, Président, j’aurais rejeté toute présence de ces pourris sur mon sol. Ils ont asséché les terres de Parisse en faisant couler le sang, le tout pour faire porter le chapeau aux révolutionnaires, pour finalement les laisser se débrouiller quand ils sont enfin soignés par ces mêmes révolutionnaires… J’en sais un peu plus que ce qui est écrit dans les journaux, mais tout bon politique indépendant qui s’y intéresse un peu doit penser comme moi. Un échec cuisant des deux parties qui illustre bien l’idiotie et la lâcheté des Hommes. »

      Je crois qu’elle ne s’attendait pas à ça. Elle me fixe avec de grands yeux, comme surprise de mes connaissances, pensant sans doute s’adresser à simple charpentier.

      « Je… Je crois que vous avez raison. Mais je voulais surtout parler de leur système politique. Le système électoral.
      - … au suffrage universel, oui.
      - Oui… Oui, Monsieur Ora, vous m’ôtez les mots de la bouche. »

      Je bois calmement une gorgée de ce bon vin. Je semble calme mais je fulmine intérieurement.

      « Vous pensez gagner contre le roi ?
      - Je l’ignore. Ce que je sais néanmoins, c’est que votre aide pourrait me permettre de le mettre en difficulté.
      - Pour cela, Cassandra, il me faut encore plus de pouvoir. Assurez-vous que le roi me donne des parts promis du chantier. Je ferai en sorte de m’emparer du reste. Et à ce moment-là, je serai suffisamment puissant pour être entendu et respecté. »

      Ses yeux brillent de mille feux. Nous continuons de discuter de plans, puis de choses diverses concernant Porgentil. Je finis par m’excuser et m’en aller. Elle comprend assez facilement que le chantier me demande un certain repos pour être efficace. Je rentre relativement fier en me sachant dans les petits papiers de la Maire. Le roi m’exaspère et ne sert pas à grand-chose. Servir le Gouvernement comme il le fait n’est bénéfique que pour lui. Peut-être le fait-il réellement parce qu’il le pense juste, mais je peux assurer que c’est une belle connerie. Il devrait davantage s’appliquer au bien-être de ses gens et de leur protection. Si Bliss vient à être attaqué demain, peut-être les garnisons retiendront-elles l’assaut le temps que des renforts arrivent, mais ils protégeront surtout le chantier naval. Rien d’autre.

      Ce roi ne doit plus régner.
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      Au cours de la matinée, je n’ai pas pu m’empêcher de repenser cet entretien avec Cassandra Woods. Cependant, mon travail au chantier demeure le plus important. Renverser le roi. Maintenant que cette idée germe dans ma tête, que j’envisage l’avenir différemment, je ne peux m’en détacher. L’idée de m’enrichir davantage me fait presque sourire. Néanmoins, bien qu’amoureux de l’argent, ces petits gars sont de ma famille. Leur bien-être est ma priorité et je ne peux pas faire passer mes intérêts avant les leurs. Si je gagne plus, ils y gagneront aussi d’une manière ou d’une autre. Embourbés dans mes songes, j’arrive tant bien que mal au niveau des docks. Certains sont déjà finis et prêts à démarrer. Ma satisfaction semble être visible puisque Celeborn se marre en voyant ma tronche d’ahuri. J’étais tellement absorbé par les finitions que je ne l’ai pas vu arriver.

      « C’est quoi cette tronche que tu m’tires ?
      - La satisfaction. La joie. On touche au but. On va pouvoir commencer à aménager les docks.
      - Et les entrepôts, c’en est où ?
      - Certains sont complètement opérationnels et vont recevoir une première livraison. Les panneaux d’affichage et les marquages au sol, pour fluidifier le sens de circulation, sont terminés.
      - On reprend le boulot demain, dit le géant en se marrant.
      - Pas tout à fait. Mais on va commencer à enregistrer les premières missions et commander le nécessaire. »

      Les premiers devis se feront demain. On aura du beau monde pour la réouverture. L’ouverture des différents ateliers de montage ne seront ouverts que la semaine prochaine. Au feu vert, nous pourrons produire à en surprendre le monde entier. La marine n’aura jamais eu autant de cuirassés et les bourgeois pourront jouir de merveilleux navires luxueux. Ça me chagrine un peu de ne pas pouvoir faire profiter les classes les moins aisées, mais la politique de ce chantier est dévouée au Gouvernement Mondial et à ses plus riches collaborateurs. Ou lèche-culs. Il me reste encore le chantier d’Alvel dans lequel je peux, sans forcément être présent, toucher un plus large public.

      Avec plus de salariés, je pourrais largement étendre mon offre aux autres. La demande de la marine est trop importante et tant que je n’aurais le pouvoir intégral sur ce chantier, je devrais me taire et obéir. Un jour, cet endroit sera mien. Mais chaque chose en son temps. Le moral de mes troupes est au max’ et je dois en profiter pour mettre un grand coup d’accélérateur. Rouvrir et notre volonté à tous. Rien ne pouvait nous arrêter. Pas même les tempêtes. Ce beau soleil disparaît et les nuages assombrissent l’île entière. La pluie commence à également à s’inviter dans la partie. Mais ce qui m’inquiète le plus, c’est ce foutu vent qui bouscule un peu les choses. Je m’empresse de rejoindre de rejoindre les docks où se trouvent les grues. Nous n’avions pas prévu une telle météo et pas suffisamment fixé ces engins. En plus de perdre des outils de taille, leur chute risque d’endommager et détruire tout ce que nous avons bâti.

      « Celeborn ! Préparez le ciment et apportez le nécessaire à la fixation définitive des grues.
      - Quoi ? Maintenant ? Dans ces conditions ?!
      - On n’a pas le choix ! Maintenant ou jamais ! Grigor, Dimitri, Arsène, avec Celeborn ! »

      Tandis que le vent souffle d’un côté, j’utilise les capacités de mon climat tact pour créer un courant inverse, faisant face à celui qui risquait de tout faire s’effondrer. La bataille est insoutenable. Je suis face à quatre grues, les vents varient sans arrêt, je dois m’adapter à chaque instant. Les minutes me paraissent longues, la solitude m’envahit, au milieu de ce carnage. La volonté de maintenir l’édifice, pour mes ouvriers, pour Celeborn, pour Eärendil, pour moi. Notre rêve à tous ne tient qu’à deux pauvres petits bras. Ces petits bras capables de porter de la charpente, frapper à grands coups de massue, tiendront le coup autant que nécessaire. Et finalement, je commence peu à peu à capter certaines choses. Jusqu’ici, je me contentais de créer des choses avec le climat tact, sauf que je peux aussi contrôler les éléments qui m’entourent. Un apprentissage me semble indispensable. Je perds trop de temps à apprendre par moi-même.

      Écartant les bras, je ramène le courant derrière moi, ce qui laisse les grues en paix quelques instants. Néanmoins, légèrement inclinées à cause des vents qui m’ont dominé, elles commencent à tomber en chute libre. En frappant des mains droit devant moi, la quantité de vent accumulée à mon dos, se projeta violemment vers les grues, les redressant d’un seul coup. J’arrête le mouvement d’un coup, retenant mon souffle tant la crainte m’envahit, m’apercevant que la force relâchée était trop forte. Je la ramène vers moi et la relâche dans la direction opposée.

      « Maintenant ! », hurlai-je en sentant la présence des ouvriers. Ils arrivent par vagues, apportant chariots et bétonnières, prêts à en découdre. Les tranchées sont déjà creusées et c’est pour cette raison que les grues ne sont pas stables. Des cordes sont lancées pour maintenir temporairement les engins de manière autonome. Seulement après cette tâche, je me relâche et tombe sur les rotules. Les ouvriers ne s’occupent pas de moi et restent concentrés sur leur tâche. C’est parfait. On y a passé une bonne partie de la soirée, mais quand enfin les nuages s’est levé, que le ciel éclairé d’étoiles nous a soulagé, les grues étaient fixées.
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      Si j’en crois mon calendrier, nous avons passé trois bons mois. Je n’ai pas vu le temps passer. Entre les différentes concertations, l’administratif, le chantier en lui-même, les entretiens avec le roi et la maire, parfois séparément, difficile de se poser et observer les jours passer. Mais aujourd’hui a lieu la cérémonie d’ouverture du chantier naval et, si l’on fait fi du stress qui envahit, nous ressentons tous une immense fierté à l’idée de pouvoir abattre du boulot. Le roi coupe la bandeau à l’entrée avec un ciseau que je lui tends comme un chien, puis des applaudissements s’en suivent. Ces cérémonies me font chier. J’ai juste envie de retrouver mes gars qui ont déjà commencé le boulot. Et oui, c’est plus parlant de montrer un chantier en activité à tous ces politicards. Cassandra Woods est également présente et a bien compris que j’en ai déjà ma claque.

      Le roi et l’ensemble des acteurs, actionnaires, partenaires, semblent apprécier la nouvelle configuration du chantier et l’activité environnante. « C’est fabuleux, Monsieur Ora ! », s’exclame le roi. Il s’étonne de voir autant d’espace, de liberté, dans les mouvements des ouvriers. Pas d’embouteillage, pas de ralentissement, chacun va et vient sans difficulté. Le roi me saisit par les épaules et m’écarte un peu des oreilles tendues de ses collaborateur. « Dites-moi, Monsieur Ora, avez-vous reçu la commande signée du Gouvernement Mondial ?
      - Vous savez bien que oui si vous m’en parlez, mon roi, rétorquai-je d’un ton neutre.
      - Fort bien. Elle doit-être votre priorité.
      - Elle le sera, mon roi.
      - Nous n’allons pas vous déranger davantage. Vous avez réalisé un merveilleux chantier, Monsieur Ora. Les récents événements survenus ont été une profonde tragédie mais vous avez remarquablement redressé la barre. Vous avez toutes mes félicitations ! »

      Je m’incline respectueusement en guise d’acceptation. Heureusement que cette commande de cuirassés est celle qui rapporte le plus, car ça m’aurait bien emmerdé d’accepter ses ordres sans contester. Mais c’est encore son chantier et il peut décider de me trancher la tête quand il veut. Un jour, tout cela changera. Ce chantier sera mien et rien n’y personne ne pourra m’y empêcher. Pour mon bien et celui de mes ouvriers. Tellement perdu dans mes songes que je m’aperçois pas que le cortège s’en allait. Celeborn m’en sort en me tapant l’épaule, avec beaucoup de délicatesse, comme toujours : « Alors vieux, qu’est-ce que dit le roi ? Il kiffe ?
      - Un roi ne kiffe pas, Celeborn. Il apprécie. Il nous félicite tous pour le travail accompli. En fait, il a carrément été merveilleux par le chantier. Rien à avoir avec ce qu’il était autrefois.
      - Il aurait été fier… Marshall.
      - Très fier, dis-je en passant mon bras au niveau de sa nuque pour rapprocher sa tête à la mienne. Très fier. Bon, on se le boit ce soir ce verre ? »

      ***


      Celeborn et moi buvons nos verres sur le haut toit d’un des entrepôts de stockage, le plus grand de tous, surplombant l’ensemble du chantier face à ce merveilleux coucher de soleil. De cette position, le chantier était absolument merveilleux. Je suis fier d’avoir monté ces plans et fier de tous mes valeureux ouvriers qui ont rendu ce projet possible. Ils ont même sublimé mes plans initiaux. Oui, je les aime. Pas comme Eärendil mais presque. Pour l’heure, je ne peux raconter mes projets à Cele’, tant ils sont risqués pour tous les acteurs. Le moindre faux pas pourrait causer notre perte. Destituer un roi de ses fonctions et réformer le système politique entier. Rien que ça.

      À chaque jour suffit sa peine. Demain, nous reprenons sérieusement notre passion : la construction de merveilles.
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