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Plumer le serpent

Guidé par Djaymily, le groupuscule arriva en toute hâte sur une esplanade et localisa Ren et les siens un peu plus bas. Manifestement en mauvaise posture, l’Albinos avait déjà usé et abusé de ses pouvoirs de maudit comme pouvaient en témoigner des dommages ici et là. Il avait été rejoint par quantité d’alliés et la bataille faisait rage. Mais une nuée de fanatiques armés arrivait de tous côtés, encerclant son camarade et ses alliés. Encapuchonnés, mendiants, et même plusieurs géants, le type croisé plus tôt avait raison sur un point en parlant de son culte : ils étaient bel et bien légion. Sans hésitation, le sablonneux ne perdit pas une minute pour planifier l’attaque.


C’est Ren. On descend les gars.. et pas de quartier.

Je vais me poster dans le coin pour vous offrir un tir de couverture. annonça Djaymily en dégainant sa carabine.

Entendu. Je passe devant, Reyshu essaie de voir où en est Kutcham. Ned, Jayce, votre aide est franchement bienvenue. ajouta le corsaire en donnant son escargophone à son timonier.

Ça roule boss. répondit l’homme poisson.


Jusqu’à présent, les duos avec Ren avaient toujours fait des étincelles et l’habileté de son compagnon d’Hinu Town était remarquable. Mais même s’il avait une certaine confiance en leurs chances de réussite, des renforts ne seraient certainement pas de trop. Reyshu s’isola un instant pour entrer en contact avec le reste de l’équipage et Azerios s’avança jusqu’à la rambarde et évalua la distance qui les séparaient de Ren, une entrée en scène fracassante semblait tout indiquée. Regardant autour de lui, son attention s’arrêta sur une grande tour condamnée qui ressemblait à un ancien restaurant surplombant le quartier où se trouvait son camarade. Le bâtiment était au bout de la corniche et semblait en bien piteux état. Plaquant ses deux mains sur le sol, le jeune pirate insuffla une grande quantité de sable sous les pavés de la rue pour créer une épaisse poche de sable mouvant. De larges fissures commencèrent à fendre le sol, et un bruit sourd résonna soudain. Vibrant dangereusement, le bâtiment commença à basculer en arrière et finit par tomber, emportant le bout de la corniche dans un épais nuage de poussière. Une masse de débris s’écrasa alors sur les fanatiques qui continuaient d’affluer depuis une ruelle en contrebas.

Surgissant du monticule de gravats, Azerios balaya les quelques curieux se trouvant sur son passage d’une bourrasque de sable et dégaina Oto et Kogarashi avec un large sourire. Quoique Ren ait commencé ici sur Karantane, il était grand temps d’y mettre un terme. Penchant sa tête de droite à gauche pour faire craquer ses cervicales, le jeune pirate s’élança en direction de son bras droit à la vitesse d’une balle, tranchant tout adversaire qui aurait la malchance de se trouver sur son chemin. Une petite troupe de guerrières l’encercla rapidement mais leurs attaques ne semblaient pas l’inquiéter. Leur lançant un regard démoniaque, il commença alors à éliminer ce nouveau commando et ses lames furent stoppées par un bouclier. Au bout de cet égide de bronze, une femme au corps de reptile qui brandissait une lame.


Intrusssssion. Vous allez le payer !

Dégage.


Redoublant d’effort, le corsaire abattit ses deux lames avec force sur le bouclier, le choc repoussa cette nouvelle adversaire mais ses atouts reptiliens lui permirent de revenir à la charge avec beaucoup d’agilité. Rapide, elle trancha la gorge granuleuse d’Azerios, la plaie se reboucha aussitôt et il contre-attaqua avec violence, enduisant ses deux lames de fluide offensif. Le bouclier vola mais la fanatique parvint à le récupérer bien vite et à revenir dans la danse. Passant sa lame au travers du corps du sablonneux elle afficha une mine réjouie mais déchanta bien vite lorsque son adversaire la repoussa d’un coup de pied chassé. Ses bras ainsi que ses deux lames se teintèrent de noir et il laissa échapper une vague de haki des rois, fissurant les pavés sous ses pieds. Les quelques guerrières qui s’étaient mis en tête de l’attaquer s’écroulèrent sur le coup, ce qui enragea leur générale. Sourire narquois se dessinant, le jeune homme hocha la tête comme pour dire à son adversaire d’approcher. Aux grands maux les grands moyens, comme précédemment annoncé, il ne comptait pas faire de quartier.
    Le bruit de l’acier qui s’entrechoque et des balles qui sifflent. L’odeur de la poudre, du souffre et du sang. Voilà l’atmosphère qui régnait sur l’immense place transformée en zone de guerre. Des centaines de personnes se livraient corps et âme dans une bataille si grande qu’elle résonnait à des kilomètres à la ronde.

    Au milieu du chaos, Ned se faufilait comme un félin entre les duels sanglants et les corps qui s’amoncelaient petit à petit. Derrière lui, Jayce éventrait ceux qui tentaient d’approcher son camarade. Combattre ces fanatiques n’intéressait que très peu l’Etranger, la seule idée qui persistait et qui constituait son objectif était de mettre la main sur un des chefs du culte pour lui tirer les vers du nez.

    Vorgg… Le nom du rabatteur qui avait revendu sa mère en esclave, ici à Karantane. Plus il pensait à ce qu’elle avait dû subir entre ses mains plus sa poigne se resserrait sur ses sabres et plus la lueur dans ses yeux se faisait brûlante. Il n’y avait qu’une seule issue à toute cette histoire, la tête de Vorgg au bout de sa lame et sa mère saine et sauve auprès de lui. Après quelques minutes à se frayer un chemin au milieu du vacarme ambiant, les deux camarades retrouvèrent le Corsaire, aux prises avec un immense serpent armé. L’information ne fit qu’un tour dans la tête de l’Etranger. Sa taille, l’aura dégagée et la résistance opposée à Azerios, il n’y avait pas de doute quant au fait qu’il s’agissait d’une des têtes pensantes du culte.

    « Jayce, contacte Braum et Lenny, on va avoir besoin de leur aide. Je vais filer un coup de main à Aze. Fais gaffe à toi.
    Ne t’en fais pas, je m’en charge ! » répondit l’homme-poisson après avoir déchiqueté un cultiste d’un coup de mâchoire.

    Jayce attrapa son escargophone et disparut au milieu des affrontements, en route pour trouver un endroit plus tranquille où il pourrait contacter ses deux autres compagnons. De son côté, Ned retrouva le nouveau Corsaire, dressé au milieu d’une dizaine de guerrières inconscientes. Face à lui, le serpent s’était changé et avait retrouvé forme humaine. Une jeune femme au regard de pierre, vêtue d’un simple pagne de plumes et d’un bandeau qui lui couvrait la poitrine. Elle respirait lourdement et suait à grosses gouttes. Sa main longea l’entaille qui traversait son ventre, d’où ruisselait continuellement du sang. Elle était mal en point, blessée et épuisée.

    En observant la scène, Ned comprit qu’elle avait certainement été dominée par Azerios, qui lui semblait encore en pleine possession de ses moyens. Le Corsaire faisait virevolter son sable entre ses doigts en affichant un sourire, puis regarda du coin de l’œil le jeune sabreur se placer à ses côtés.

    « Je prends le relais, Aze, lança-t-il, le regard plein de conviction.
    T’es sûr ? Je peux en finir rapidement.
    Elle m’a tout l’air d’être une des chefs de ces fanatiques, elle aura sûrement les infos que je cherche. Je vais m’assurer de la faire parler.
    Comme tu veux, on se retrouve plus tard dans ce cas. Fais gaffe à toi, elle est coriace. »

    Azerios disparut en éclair, déchaînant aussitôt les enfers un peu plus loin en terrassant les cultistes autour de lui.
    L’Etranger observa longuement sa nouvelle adversaire. Elle peinait à reprendre son souffle, la mine serrée qu’elle affichait trahissait la souffrance qui martelait son ventre.

    « Je ne sais pas qui tu es, mais tu viens de commettre une grossière erreur en décidant de t’en prendre à moi. Tu m’as l’air bien plus faible que ce satané logia.
    Epargne-moi tes salades et mets-toi en garde, répliqua le sabreur en tirant ses lames. T’as des choses à me dire, et je compte bien te soutirer tout ce que tu sais.
    Essaye donc, mécréant ! »

    Les écailles rongèrent la peau de la jeune femme, sa langue s’épaissit, s’allongea et se sépara à son extrémité. Elle s’éleva et se dressa, devenant de plus en plus imposante, tandis que ses jambes se changèrent en une queue rugueuse et luisante. Elle poussa un cri strident qui manqua de percer les tympans de Ned, avant de faire frétiller sa langue en dévisageant sa proie.

    Face à elle, l’Etranger ancra sévèrement ses pieds dans le sol, le faisant craqueler sous la pression. Mains serrées autour des poignées de ses sabres, il se mit en garde en pointant Ame no Habakiri en direction du serpent prêt à mordre.
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    Plumer le Serpent


    Présent
    ✘ Solo




    La bataille reprenait de plus belle avec une nouvelle intensité. Les renforts de la confrérie étaient apparus en masse de chaque recoin de la place. Tels des rats remontant les canalisations, ils sortaient de chaque bâtiment, bouche d’égout et passages secrets, se ruant dans la bataille en hurlant. Un groupe des sweet carpenters fut sournoisement attaqués par des cultistes sortant subitement par les portes et fenêtre d’un bâtiment. Ils brandissaient leurs armes en vociférant et ce furent quelques graines qui vinrent les percuter en pleine tête les uns après les autres, libérant une mousse végétale qui se propageait sur leur peau jusqu’à les recouvrir de la tête aux pieds en les paralysant sur place. Eve, perchée sur les toits les salua brièvement avant de continuer sa route en bombardant la place de ses plantes étranges.

    Le groupe composé des blugoris, de la femme-poisson et du rouquin médecin fou, se frayaient un chemin sanglant et violent jusqu’au milieu de la place, à mi-chemin de ma position au plus profond de celle-ci. Derrière-moi, des centaines de guerriers lourdement armés et encapuchonnés s’approchaient en rangs serrés ordonnés dans ma direction. Leurs vêtements noirs arboraient des liserés dorés qui se retrouvaient en bordures des pièces de protection et armures qu’ils portaient, aux armoiries d’un serpent à plume menaçant. Et, de tous autres côtés, les choses n’étaient pas plus engageantes, et particulièrement face à moi. Le guerrier-jaguar souriait de manière satisfaite, pourléchant ses babines en ne me quittant pas de son regard félin, sans bouger pour autant. Il laissait ses hommes me fondre dessus, resserrant leur étreinte en m’encerclant.

    « Bien, quand faut y aller. » ricanais-je en arborant un sourire narquois tandis que mon regard balayait mes adversaires.

    Une lance fusa dans l’air, s’élevant au-dessus de la foule pour me fondre dessus. Imperturbable, je tendis ma main dans sa direction en frôlant la lame avant que mes doigts se referment sur le manche. D’un habile jeu de doigts, je fis tourner l’arme dans ma main. Mon pied racla le sol d’un arc-de-cercle alors que je me retournais en frappant brutalement les fanatiques du manche de la lance que j’attrapais alors à deux mains pour la faire tourner telle une toupie devant moi.

    « C’est marrant ce truc. »

    Ce sourire suffisant toujours inscrit sur mon visage, je faisais tourner le bâton autour de moi, faisant siffler la lame qui tranchait dans le vif tout autour sans faire dans la dentelle. Le sang giclait abondamment, teintant les mèches de cheveux dépassant de ma casquette et la lame de l’arme qui s’était recouverte d’une couche noircie de haki. Et, une fois l’espace suffisamment dégagé autour de moi, je ramenais la lance devant moi, la poussant une dernière fois dans les airs avant de la lâcher. Empreinte d’une légère rotation, l’arme tourna jusqu’à ce qu’elle soit à l’horizontale devant moi. Exécutant une vrille de mon corps, je décochais un coup de pied dans le pommeau de la lance qui fut aussitôt propulsée en sifflant dans l’air, fauchant les cultistes assez malheureux pour se trouver sur son passage. Ma cible était évidente mais, également doté du haki perceptif l’homme-bête attendait mon attaque de patte ferme. Une main brillante, la paume dans le sillage de l’arme, je lui appliquais les pouvoirs de mon fruit du démon pour en accélérer la propulsion. S’interposant devant Elzar, un groupe de guerriers dévoués équipés de boucliers se placèrent en deux lignes protectrices soudés d’un bouclier à l’autre comme la carapace d’une tortue. Toutefois, la puissance de la lance-comète perça leurs défenses qui volèrent en éclats en même temps que leurs corps se voyaient déchiquetés, honorant leurs sacrifices tandis que ma cible avait disparue en profitant de la diversion de ses hommes. L’arme continua sa route jusqu’à la fontaine en plein milieu de la place, explosant à l’impact dans une douche qui arrosa les alentours.

    « Faible humain. » susurra la voix d’Elzar, apparaissant à mes côtés subitement en me frappant d’un coup de pied rotatif.

    Frappé de plein fouet dans les côtes sans autre défense que le haki recouvrant déjà mon corps, je m’envolais dans un vol plané qui me fit atterrir à une quinzaine de mètres, m’écrasant dans le kiosque dont le guerrier-jaguar s’était servi comme estrade un peu plus tôt. La structure vola en éclats en soufflant bois et métal tout autour, une partie me recouvrant lorsque je rencontra le sol. Grommelant, toussotant, je repoussais les gravats alors que des fanatiques me fondaient dessus. Un doigt levé, il s’illumina d’une vive couleur violette tandis que la gravité s’inversait.


    Rise !



    Débris et humains se mirent à s’élever au-dessus du sol, ces derniers se mettant à paniquer en se débattant vainement dans les airs. Sur une dizaine de mètres de diamètre tout autour de moi, le monde s’inversa dans la panique, les armes des fanatiques remontant dans les airs en se retournant contre leurs pairs, tranchant et frappant sans qu’ils ne puissent les contrôler. Leurs corps s’élevèrent jusqu’à une dizaine de mètres avant de s’arrêter et de rester là à flotter. Entourant la zone de gravité toujours en activité, les guerriers du culte n’osaient plus avancer dans ma direction de peur de rejoindre leurs camarades. Ainsi, ils optèrent pour des armes à distances telles des fusils et des arcs qu’ils armèrent prestement avant de faire feu. À trois cent soixante degrés, les projectiles fusèrent en pénétrant la zone, influencés peu à peu par la gravité inversée en les faisant remonter. Les flèches, trop lentes, ne parvinrent pas jusqu’à moi et tracèrent une courbe avant de foncer droit sur les hommes qui formaient un plafond compact tant ils s’étaient empilés les uns sur les autres. Toutefois, les balles étaient assez rapides pour fuser jusqu’à moi, influencées à moindre mesure par la gravité.


    Soft Flow



    Les mains tendues et pourtant souples, recouvertes de cette énergie sombre et résistante, je me mis à exécuter des gestes amples en réorientant mes doigts dans le mouvement. Une balle vint, ressentie précisément à l’aide de mon haki de l’observation, amenant le dos de ma main à sa rencontre. Le projectile longea ma peau renforcée jusqu’à être réorientée dans le mouvement, ralentissant jusqu’à ce que la gravité reprenne ses droits, dans le sens inverse en tout cas. Mes gestes se firent si vifs qu’ils soufflaient les balles trop impétueuses pour s’approcher de ma tempétueuse danse, de plus en plus rapide, dessinant un flux au passage de mes mains. Réorientées ou renvoyées, la majorité des projectiles se retrouvèrent à remonter en direction du plafond humain. Annulant alors mon contrôle sur la gravité, je les laissais retomber en une pluie chaotique et sanglante tandis que j’avançais en les évitant, reprenant la direction de celui qui dépassait de la foule de par sa taille imposante animale.

    Et Elzar m’avait vu venir, s’élançant à son tour à ma rencontre en frappant chaque personne qui osait se mettre sur son chemin, y compris ses propres hommes. Et, alors que plus que quelques mètres nous séparaient, une violente tempête de sable déboula du côté du guerrier-jaguar en le balayant en même temps que des dizaines de fanatiques. La tempête s’éloigna en continuant à soulever nos adversaires en tous sens, les projetant plus loin dans la place. Un sourire aux lèvres, je me tournais alors vers le nouvel arrivé.

    « C’est pas trop tôt captain, tu sais te faire attendre ! » ricanais-je, soulagé de le retrouver. « Par contre, le gros chat est pour moi, on a un petit contentieux à régler tous les deux. »

    D’un bond, je frappais un fanatique qui s’était élancé dans le dos d’Azérios d’un coup de genou en plein visage, bien que celui-ci ne craignait rien grâce à ses pouvoirs de maudit. La marée humaine reprit son assaut et se referma sur nous en frappant de toutes part, s’opposant à notre puissance qui les balayait par groupes. Toutefois, loin d’être impressionnés ou apeurés, les cultistes continuaient d’attaquer, malgré leurs camarades tombés. Ces types semblaient avoir perdu tout instinct de survie au profit de leur foi, pensant probablement que leur sacrifice sauvera leur dieu. Mais, je comptais bien trancher la tête du serpent en cette nuit noire et, à présent que le capitaine était arrivé, notre victoire semblait inévitable. Regonflé à bloc, je me lançais dans la bataille à ses côtés, à l’affût du retour d’Elzar, bien décidé à lui faire bouffer ses crocs.



    © Fiche par Ethylen sur Libre Graph'


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    Ren rejoint, le sablonneux s’attela à dégager tout cultiste qui s’approcherait d’un peu trop près à grands renforts de bourrasques. Mais rien ne semblait pouvoir diminuer leur nombre, les encapuchonnés continuaient d’affluer de toutes parts, encerclant les deux hommes. Poussés à se retrouver dos à dos, Azerios brandit ses deux lames d’estoc Oto et Kogarashi et afficha une sourire sadique.


    On dirait que tu t’es fais de nouveaux potes Ren…


    Et dans une valse d’acier, le jeune homme se mit à trancher dans le vif, éliminant un grand nombre de cultistes, couvert par son bras droit qui déchaînait ses pouvoirs de maudit. Les adversaires volaient en tous sens, s’écrasant violemment sur les façades environnantes, et le capitaine désigna sa cible suivante : deux géants. Responsables d’un véritable carnage un peu plus haut, les neutraliser devenait une priorité. Il se tourna en direction de Ren pour vérifier s’il n’avait pas besoin d’aide mais ce dernier hocha la tête, sourire aux lèvres, comme pour lui faire comprendre qu’il avait la situation bien en main.
    Se décomposant en une nuée de sable volatile, Azerios se projeta en direction des deux géants sous la forme d’une tornade et l’un d’eux, prit de surprise, chuta lourdement sur les pavés. Le second géant fit alors volte-face, le regard déformé par la rage, et frappa le sablonneux sans crier garde. Son corps vola en poussière et se rematerialisa à quelques mètres.


    ÉCRAAAASE.


    Martelant le sol devant lui, le géant se mit à fondre sur le corsaire, jusqu’à lui asséner un nouveau coup de poing, le projetant contre la façade d’une bâtisse. De nouveau dispersé en un amas de sable, son corps se reforma et il contre-attaqua aussitôt. La taille de son poing augmenta jusqu’à être au moins aussi grand que le torse du colosse, et l’enduisant de fluide offensif, le sablonneux frappa. Le choc fit basculer le géant qui s’écrasa contre le mur, le traversant, voyant le bâtiment s’effondrer sur lui dans un nuage de poussière. Mais pas le temps de savourer cette petite victoire qu’une multitude de fanatiques encercla le jeune pirate, le taillant en pièce à grands coups de machettes et autres. Apercevant le premier géant en train de se redresser, Azerios laissa échapper une vague de fluide royal et tous les encapuchonnés a moins de dix mètres s’écroulèrent aussitôt. Malheureusement, le géant ne sembla pas affecté et se rua sur lui. D’un puissant revers, il repoussa le jeune corsaire qui alla s’écraser dans la foule. Se redressant d’une traite, il créa deux imposants poings de sable compact et parti à l’assaut du colosse le frappant de plein fouet. Mais ce dernier se releva une nouvelle fois, et saisissant un énorme débris il le lança en direction de son adversaire. Esquivant de justesse, Azerios se retrouva nez à nez avec le géant qui le rabattit au sol d’un coup de paume. Et à l’instant où le géant s’apprêtait à enfoncer le clou, un flash foudroyant le frappa au flanc, le stoppant net. Se relevant doucement, le jeune corsaire se mit à sourire en voyant à qui il devait sa minute de répit. Lames brandies, Kutcham venait de faire irruption sur le champ de bataille, et avec lui affluaient les renforts à l’autre bout de la place.


    Vous aurez mît le temps ! railla le sablonneux.

    On aime se faire désirer boss ! ricana le jeune Mink en repartant à l’assaut.


    Se tournant vers le géant qui était en train de se relever, Azerios créa deux nouveaux poings de sable compact gigantesque qu’il abattit avec force. Le colosse recula, sonné par ces deux nouveaux projectiles et avant même qu’il ne puisse riposter, une bombe de sable fila droit dans son thorax, explosant à l’impact. Le choc repoussa le gant qui s’écrasa violemment dans la foule de fanatique. Il était grand temps de mettre un terme définitif à tout ce cirque, galvanisé par l’arrivée des renforts, le sablonneux enduit ses deux lames d’estoc de haki de l’armement et fonça dans la mêlée, tranchant tout adversaire se dressant sur son passage.
      Quel paysage désolant. L'agent du Cp4, sur un toit avec d'autres pirates, contemple la place et le temple pyramidal qui le surplombe. Un lieu de culte transformé en véritable guérilla sans pitié. Des bâtisses s'effondrent, le sol se teinte de rouge. Dire qu'il y a quelques temps, elle était encore à Marineford. En entrant au service du récemment Grand Corsaire Azeglio, elle n'aurait pas imaginé entrer aussitôt dans un champs de bataille. Qu'est-ce qui justifie autant de barbarie? Non qu'elle est une quelconque empathie pour le sort des pirates ou des fanatiques. Mais se rendent-ils compte du travail de nettoyage que cela va demander ? Et les réparations n'en parlons pas. La rentabilité de ce conflit lui semble douteux, surtout si elle doit se mettre en danger. L'agent Tarentule se retrouve déjà dans une situation délicate. Cette mission d'infiltration est pourtant la mission de gros gabarit dont elle a toujours rêvée. Cette fois-ci, hors de question d'échouer ! L'agent s'est déjà faite à l'idée qu'une promotion vaut n'importe qu'elle sacrifice. Elle relativise. Jouer les pirates brutales quelques temps est toujours mieux que de côtoyer l'agent Amaryllis. Les mains prises par du bricolage, un autre membre des Oubliés l'interpelle.

      "La nouvelle, arrête de rêvasser, tu veux. Le matériel que j'ai demandé, on en a besoin de suite!"

      La jeune blonde tend ses bras pleins de fils, qu'elle a démêlés, à l'ingénieur. Celui-ci s'en empare et commence à bricoler à grande vitesse. Il est assez sévère, surtout en situation de stress. L'équipage le connaît sous le nom de Rascus, l'ange déchu. Sa dangerosité est reconnue et la plupart de l'équipage semble le respecter, mais il n'est pas le plus sociable. Ainsi, pourquoi la ricaneuse a donc fini dans sa petite équipe? Pour sa dextérité et ses stocks de fils, le bricoleur est quelqu'un de pragmatique.

      "Où allons-nous? J'aimerais finir de recoudre les vêtements que l'on m'a demandé. C'est beaucoup de boulot, vous savez.
      -Rascus en rien à carrer et tu le sais. On est ici en soutien, le temps de préparer de quoi atomiser ses astiqueurs de reptiles."

      Cette réponse est délivré par un autre membre des Oubliés particulièrement maigre. Il se satisfait de jouer les suiveurs et tout le monde le surnomme Fil de fer. Le groupe est composé d'une dizaine de personnes, c'est un peu ceux dont on pense qu'il seront inutile en combat, mais reste compétent comme mains supplémentaires. Rascus est visiblement agacé et s'impatiente.

      "Continue de surveiller, la nouvelle. Les autres, aidez moi ! Allez du nerf !"

      Tout le monde s'active, pendant que la blonde fait le guet. Elle fait la mou malgré le spectacle impressionnant des combats. Même des Géants s'écroulent. Cependant, son inexpérience ne lui parvient pas de déceler l'issue de ce chaos. De ses yeux bleus, elle repère un autre événement déroutant en retrait par rapport au cœur des hostilités.

      "Monsieur Rascus, je perçois de ma hauteur…
      -Raaah, on est pas dans ton bled de bourges. Parle vite!
      -Cochon géant agité !
      -De quoi?
      -Je crois qu'elle parle du Borat, Rascus.
      -Le Borat? Il a quoi?
      -Oh, c'est ainsi qu'on le nomme. Je crois qu'il se fait aborder.
      -Aborder?! Comment ça aborder ?!
      - Il y a des grappins qui accroche la jolie maisonnette sur son dos et des personnes encapuchonnées tentent d'y grimper. C'est plutôt amusant. Haha."

      L'ingénieur lève la tête pour vérifier de lui-même. Les autres font de même. Le plus maigrichon s'exclame en premier.

      "Merde, c'est pas bon du tout ! Comment ces lécheurs d'écailles sont arrivés jusque là ?!
      -Les gars, on annule et on décale en vitesse en support ! Prenez le plus d'explosifs possibles.
      -Hé hé, on va tout faire péter. "

      Le petit groupe se presse et court de toit en toit. Le plus jeune trébuche laissant quelques explosifs tomber. Les bâtiments sont si peu entretenus que ceux touchés par cet accident s'écroulent. Tant de dégâts inutiles.

      "Putain! T'es pas doué, fais un effort.
      -La planche s'est cassé, aussi! C'est pas juste…
      -Oooh, pauvre chou. Hihi!
      -Lève-toi, le mousse! Pas le moment de pleurnicher."


      L'agent Tarentule, quant à elle, est en tête de fil. Même si elle n'a pas d'explosifs en main, son agilité surprend ses camarades. On ne la pensait uniquement comme une simple couturière niaise. Une fois arrivé sur le toit le plus proche, l'équipe constate l'ampleur des affrontements. Des nains catapultent des cailloux sur les assiégeants qui tentent de prendre le contrôle de la bête et du bâtiment en nombre. On entend des voix s'élever à travers le brouhaha.

      "Pour Le Serpent à plumes, briser cette créature impie! La vie n'est qu'un mince sacrifice pour protéger notre dieu !
      -SI VOUS TENEZ PAS À VOS VIES, TENEZ AU MOINS À VOS SLIPS!"

      Rascus soupire de dépit. Il analyse ensuite la situation. Les nains sont submergés, quelques fanatiques passent entre les mailles du filet, poutant efficace, et réussissent à encercler la boutique. Mais, des tontattas y sont postés et tentent de les repousser. La ténacité de ce mini-équipage est remarquable. Nombreux ennemis tombent de l'animal géant après un abaissement de slip en règle. L'agent Tarentule ne peut s’empêcher d'en rire. L'ange déchu s'exprime en l'interrompant sec.

      "Toi! Ton nom déjà ?
      -Ah! C'est pas trop tôt. Abigaël de Pétales, pour vous servir.
      -Tu te déplace bien, tu vois la boutique. Vas-y avec ton grappin et rapporte moi le plus de bouteilles d'alcool possible.
      -Ahah! C'est un peu coton, mais je vais faire de mon mieux. Cela me rappelle mes cours de gym, petite. Hihi!
      -Et toi, le mousse, va chercher le plus de debris utiles pour créer un max de pétard!
      -C'est parti mon kiki!
      -Les autres, on bombarde! Visez le sol, si vous abîmé le Borat, c'est à Ren qu'il faudra rendre des comptes. Croyez moi, vous préférez être capturer par les fanatiques."


      Sur ces mots, Rascus sort une sorte de canon portatif de son sac à outil. On se demande comment il arrive à transporter autant de choses. L'ingénieur le recharge avec un explosif. Les autres lancent leurs grenades de fortunes surprenant la majorité des attaquants. L'ange déchu, le regard dur, s'apprête à tirer.

      "Vous savez ce qu'on dit : Une machine parfaitement huilée…"

      Boom! Le tir devient un témoignage du génie dangereux de son createur, provoquant assez de panique pour adoucir la pression de l'assaut. Abigaël profite de ce moment pour s'élancer vers le cochon vert géant.
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      Des ondes violacées, des tempêtes de sable et des explosions… Ned était accaparé par le vacarme ambiant et le chaos extraordinaire qui régnait sur la place devenue champ de bataille morbide. Les yeux dans le vide, la garde relâchée, il s’autorisa un instant de contemplation malgré la situation.

      « Reste concentré, chien ! »

      La voix sifflante du serpent lui arracha les oreilles et au moment où il tourna son regard vers la prédatrice, elle se retrouva à quelques centimètres de lui. Le coup de bouclier tonna et fit vibrer la moindre parcelle de son corps, avant de l’éjecter à plusieurs mètres. Le souffle ne lui revint pas tout de suite, si bien qu’il crut un instant que ses poumons avaient implosé sous le choc. Une bouffée d’air le sauva finalement de la perte de conscience et il se releva, endolori de la tête au pied.

      « Tu as l’air d’avoir bon goût mon mignon, tu seras mon dessert de la journée. »

      Le crachat de sang qu’il jeta à ses pieds servit de réponse. Il retrouva sa garde sans difficulté, porté par une colère noire. Il allait leur faire payer, à eux, tous ceux qui s’en étaient pris à elle, de manière directe ou indirecte peu importe, ceux qui avaient leur part de responsabilité dans ce qu’elle avait dû endurer allaient payer, coûte que coûte.

      La femme-serpent était affaiblie, son regard et la plaie dans son ventre ne mentaient pas. Alors, il comptait bien appuyer là où ça fait mal. Slalomant entre les autres affrontements qui comblaient l’espace entre lui et sa proie, il se rapprocha inexorablement, lames ballantes le long de ses jambes. Un bond le rapprocha d’elle et désormais dangereusement proche, il frappa en un éclair, faisant tournoyer sa lame avec vivacité. Le sabre s’écrasa contre le bouclier doré dans un retentissement infernal. Soufflés par l’impact, les malheureux à proximité du duel furent emportés. L’Etranger profita de la parade pour déployer Ame no Habakiri. Sa lame brillante fusa au bas-ventre du gigantesque serpent et lacéra la chair déjà entamée par le Corsaire. Le hurlement strident qu’elle poussa craquela le sol sous ses pieds et repoussa l’air ambiant comme une déflagration. Ned s’efforça de garder l’équilibre malgré ses jambes chancelantes. Elle se tut soudainement, la tête pointée vers les cieux. Sa langue frétilla quelques secondes et elle abaissa son regard vers le pirate. Ses pupilles s’étaient dilatées et ses yeux ne reflétaient plus qu’un étroit faisceau noir, nervuré de vaisseaux sanguins verdâtres. Ils se déployaient dans le blanc de ses yeux comme des racines grimpantes et trahissaient la haine qui s’était soudainement emparée d’elle.

      Sa tête s’allongea et grossit un peu plus, tout comme son corps, qui s’écartela de lui-même, se tira en longueur, jusqu’à ce qu’elle ne devienne plus qu’un monstre gigantesque aux écailles âpres et suintantes. Désormais, la femme avait tout simplement disparue, pour laisser place à un serpent immense, un mamba noir aux crocs acérés comme des lames de rasoir, desquels s’échappait un venin acide.

      Le serpent se volatilisa brusquement sous les yeux effarés de Ned. Il réapparut dans son dos avant même qu’il ne puisse ne serait-ce que respirer. Pris de court, le pirate fit volte-face instinctivement pour se protéger comme il le put. Mais l’attaque fut trop rapide. Résonnant comme un coup de tonnerre, la queue démesurée du serpent s’abattit sur le sabreur avec une force inouïe. Les écailles déchiquetèrent ses vêtements et lacérèrent sa peau, tandis que la puissance de l’impact l’expulsa dans les airs. Projeté sur une dizaines de mètres, il termina son vol contre le gigantesque temple au milieu de la place. Il traversa un mur, puis un deuxième, et un troisième, avant d’échouer violemment sur un sol désagréable, fait de débris et de poussière.

      Il se tortilla difficilement, comme pour essayer de chasser la douleur qui s’était emparée de lui. Crachant une gerbe de sang, expulsant la poussière de ses poumons, il rampa finalement sur un petit mètre pour s’extirper des gravats. Mais une ombre déferla depuis la place en bas et atterrit au milieu de la salle où il venait d’être expédié. Le serpent était là, dressé au-dessus de lui, faisant siffler sa langue scindée en affichant un sourire hideux. La gueule immense et béante, elle déploya son cou avec une rapidité presque sournoise. Les crocs se rapprochèrent de Ned, et il roula in extrémis sur un côté avant que son corps ne soit percé par les dents aiguisées et consumé par l’acide visqueux. Il se releva en faisant abstraction de la douleur lancinante. Son corps lui envoyait des signaux explicites, mais il était contraint d’aller au-delà de la souffrance. Poussé dans ses retranchements, son esprit était son seul salut. Et la détermination qui en émanait, elle, n’avait pas pour projet de flancher.

      Il se releva d’un bond salvateur avant de retrouver sa garde et ses appuis. Vacillant mais stable pour autant, il toisa son ennemie avec un regard empli d’une rage prête à s’exprimer. Le serpent changea de forme une nouvelle fois, gardant sa queue et ses écailles, mais retrouvant sa poitrine et son visage. La femme leva les bras en affichant un large sourire.

      « Bienvenue au troisième étage mon mignon. Bienvenue à « L’étage des serpents » ! »
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      « J’suis pas une goutte d’eau,
      J’suis l’océan »  


      Présent
      ✘ Feat. Aze & Ned & Abi aka Tarentule






      Danser dans le chaos, aussi macabre était la danse, tournoyant entre esquives et contre-attaque pour retomber violemment sur des fanatiques en liesse qui s’envolèrent au contact de ma jambe. Je filais dans la mêlée, sans cesse en mouvement à frapper de tous côtés à la recherche de mon véritable adversaire. Et, aussi puissant fut mon haki perceptif, je ne parvenais pas à le repérer dans cette mer de centaines de lumières qui apparaissaient dans mon esprit, scannant toute la place à la recherche d’une aura plus étincelante que les autres. Toutefois, ma concentration avait ses limites et je dus reporter mon attention à mes alentours direct.

      « Gros Minet ! Où es-tu ?! » m’exclamais-je en fauchant un nouveau groupe d’encapuchonnés.

      Une lame passa mes défenses en se dirigeant droit vers ma poitrine, je sentis la pointe entrer en contact avec ma peau alors que l’armure ébène avançait sur mon corps pour venir me protéger d’une blessure grave. Le haki recouvrit la zone à temps et la lame ripa contre l’armure en parvenant tout de même à tracer une courte entaille horizontale. Mes yeux carmins se posèrent sur le sabreur qui venait de réaliser son erreur, alors que ma main faisait de même avec sa tête, refermant mes doigts telles des serres sur son visages avant de l’écraser violemment au sol. Le sol se brisa en un léger cratère, soulevant de la poussière alors que le malheureux se retrouvait à moitié enfoncé dans le pont, seules ses jambes dépassant mais inertes.

      Puis soudain, un signal, comme une voix qui vous crie dans les oreilles de vous retourner sans qu’aucun son ne soit prononcé. Mon haki de l’observation, maintenu déployé sur seulement quelques mètres autour de moi pour prévoir les attaques proches me prévenait du retour de la bête. Obéissant docilement à mon instinct, je fis volte face alors qu’une paire de griffes s’abattaient dans ma direction. Y opposant mes propres bras, renforcés quant à eux, j’encaissais l’attaque. Ma peau ne fut pas abîmée mais c’est l’impact qui fut le plus compliqué à parer, sentant le sol s’affaisser sous mes pieds. Une nouvelle alerte, trop tardive cette fois-ci, et une des pattes postérieures hybrides d’Elzar se soulevait pour me cueillir aux côtes, sentant ses griffes racler mon armure en creusant mes défenses. Souffle coupé sur le coup, je sentis mes pieds se décoller du sol et me retrouvais à plusieurs mètres dans les airs en un clin d’œil.

      « Saloperie de vilain chat.. » grommelais-je alors que je continuais de m’élever dans les airs, mètres après mètres.

      Sous moi, la place se dévoilait sous mes yeux, la bataille dans toute sa splendeur, éclairée par les torches disséminées autrefois tenues par quelqu’un et les feux qui s’étaient allumés un peu partout. Cependant, il n’était pas temps de mémoriser ce paysage pour le retranscrire sur une toile, d’autant que la peinture c’était vraiment pas mon truc. Prenant une impulsion si violente qu’elle fissura le sol à son décollage, le guerrier-jaguar s’élança dans ma direction toute gueule et crocs dehors, ses griffes tranchantes comme des rasoirs étirées au long de ses doigts eux-même tendus.

      « Rooaarr Faible morrtel ! Je dévorrrrerai tes tripes au-dessus de l’autel de mon maître ! » rugit-il dans son bond.

      « Beeeh T’es dégueu mec ! »

      Afin de stopper mon ascension, j’imposais un mouvement de rotation à mon corps, me lançant en arrière en effectuant plusieurs tours avant que la gravité ne me rappelle à la réalité. Cette bonne vieille gravité. Me basant plus sur mon haki que sur ma vue en cet état rotatif, je créais une zone de gravité qui attira violemment le zoan carnivore dans ma direction afin de le déstabiliser dans son ascension et d’augmenter l’impact. Toutefois, à présent habitué à mes tours, l’homme-léopard-qui-se-faisait-passer-pour-un-jaguar en profita pour ramener ses bras en croix contre lui, ses griffes toujours sorties et prêtes à agir.

      « Bordel deeeeee... » commençais-je à m’écrier en le voyant approcher encore plus rapidement à cause de mes propres pouvoirs.

      Ma jambe renforcée au haki se déplia dans ma rotation, me stoppant net au contact de ses deux pattes griffues. Profitant du sens montant de la gravité, il avait déplié ses pattes pour frapper en croix. Les deux attaques s’entrechoquèrent, sentant ses griffes entamer le haki sur ma jambe jusqu’à ce qu’il le transperce, déchirant l’armure noire en lacérant mon mollet dans une gerbe de sang qui lui tâcha la fourrure. Le choc me renvoya dans les airs, et la gravité inversée toujours active permit à Elzar de me suivre alors que je disparaissais dans le brouillard surplombant la place, teinté d’orange par les flammes en contrebas.

      Ma vue fut brouillée tant la brume était épaisse, mon corps se trempant des gouttelettes omniprésentes et nettoyant ma peau tâchée de sang et de poussière. De nouveau, ma perception me prévint, sentant l’ennemi approcher à l’aveuglette en suivant le couloir gravitationnel aérien. Poing serré, concentrant mon armure ébène pour frapper fort, l’envoyant s’opposer au coup de patte du félin. L’impact fut violent, soufflant la brume sur une dizaine de mètres autour de nous. Sa gueule était ouverte en dévoilant ses crocs ensanglantés, affichant un sourire sadique et sauvage. Pris dans la ferveur du combat, j’affichais un air semblable, mêlant rage et excitation en une grimace, un sourire horrible qui déformait mon visage.

      « N’espère pas gagner cette guerre, humain ! Cette nuit marquera votre fin à la faveur de notre faim ! » rugit l’homme-bête en enchaînant les coups, se martelant l’un l’autre dans cette position aérienne précaire.

      Enfin, j’annulais la zone de gravité qui avait permit à Elzar de se maintenir dans les airs jusque là, entamant notre chute alors que nous continuions notre échange de coups. Il n’y avait plus place à la finesse ainsi positionnés, seules la défense et l’attaque étaient au programme, parant ou contre-attaquant d’un poing contre l’autre. Un genou visant son menton esquivé par une rotation et un coup de queue léopardienne, un coup de griffe de sa part effleurant mon menton avant d’être réorienté par mon art martial de la paume souple. Puis, mon poing s’enfonçant dans ses côtes en lui arrachant un filet de sang entre ses crocs à présent serrés, ses griffes qui se referment sur mes épaules avant que nos fronts ne s’entrechoquent, le mien couvert d’une plaque de haki rectangulaire qui s’estompa après l’impact. Je sentis la bête défaillir, une nouvelle gerbe de sang s’échappant d’entre ses lèvres, mêlée à un semblant de mousse. Sa poigne se défit et sa garde tomba l’espace d’un instant alors que nous chutions toujours. Le repoussant légèrement, je me préparais à frapper en ramenant mon poing en arrière, luisant à la fois de l’expression visuelle de mon pouvoir maudit et d’une couche concentrée de haki ayant nécessité de me déposséder temporairement de mon armure.

      « Toi et ton culte vous avez tout faux, on est pas en guerre du tout. Retourner votre secte, pour nous, c'est comme arracher les ailes d'une mouche. » m’exclamais-je en affichant un air dément, de mon sourire à mes yeux rougeoyants.


      Fly Me to the Moon !!



      Décochant mon poing, filant comme une comète violette, mon corps se déroula pour plus de force et l’impact vint. S’écrasant avec brutalité dans la poitrine de l’homme-bête, son visage se déforma un instant alors qu’un cercle violet de plusieurs mètres de diamètre se dessinait dans la brume autour de lui, illuminant les environs et propageant sa lueur de gouttelettes en gouttelettes sur des dizaines de mètre, formant un nuage violet qui surplombait la place et la bataille. Un couloir gravitationnel se forma en englobant le félin et en l’emportant à toute vitesse dans une diagonale en direction de la place. La brume et les gouttelettes violacées furent également prises dans la tourmente et accompagnèrent Elzar dans sa chute, droit vers le temple. Ce fut tout d’abord la gravité qui frappa le bâtiment, faisant trembler la roche et la creusant à l’endroit où le couloir frappait, l’enfonçant jusqu’à ce qu’un trou parfait en déchire le mur et que l’homme-bête y disparaisse, suivit d’un nouveau grondement annonçant la chute. La zone disparut et le nuage de brume reprit sa teinte blanche, orangée par endroits par les flammes, retombant en une fine bruine qui vint se mêler aux rivières de sang.

      Accusant un instant de faiblesse suite à un tel déchaînement de puissance, je ne parvins pas à freiner ma chute et m’écrasais sur un groupe en pleine bataille acharnée. Sous moi, ayant quelques peu amortis ma chute, des encapuchonnés grommelèrent quelque chose d’incompréhensible avant de s’évanouir. Je me relevais en grognant, chacun de mes os semblant me crier ma douleur alors que je tentais de me tenir droit. Ravalant ma douleur, je fermais les yeux un instant en prenant une grande respiration avant de les rouvrir pour voir cinq fanatiques bondir sur moi. Pointant un doigt luisant d’une aura violette sur eux, je le dirigeais vers le sol alors qu’une petite zone de gravité les renvoyait s’écraser à mes pieds avec tant de violence qu’ils ne se relevèrent pas.

      « C’est qui le prochain ? » ricanais-je en serrant les dents derrière mon sourire amusé.

      La place était en proie au chaos le plus complet, les rangs des fanatiques s’éclaircissaient de ci et là, mais toujours plus semblaient débarquer d’un peu partout. Mieux organisés et dirigés, nos troupes imposaient leur rythme sur ces fous furieux et avançaient dans la place. Un peu plus loin, je pus admirer le groupe composé des blugoris, guidés par Nina et Jin qui décimaient tous les fanatiques sur leur passage avec une violence qui en faisait hésiter plus d’un. Finalement, ils arrivèrent jusqu’à moi en affichant des airs satisfaits. Bien dressés, les cinquante blugoris nous entourèrent en bondissant de tous côtés avec leurs gros corps tout ronds qui leur donnaient un semblant de balle rebondissante. Bien que leurs grandes haches n’avaient rien de jouets pour enfants, décimant nos adversaires et en dévorant même certains.

      « Yo mon pote, ça commence à s’éclaircir de notre côté. » s’exclama-t-elle en reprenant son souffle à mes côtés, sous le couvert des gorilles des mers.

      « Parfait, divisez-vous en deux groupes et prêtez main forte aux autres. J’ai cru entendre le cri de Borat un peu plus tôt, je vais me diriger par là, continuez comme ça et le soleil se lèvera sur un Karantane débarrassé de ce culte infâme. »

      Sur ces mots, je bondis autour du cercle de blugoris, rebondissant sur les épaules de plusieurs d’entre eux qui ne bronchèrent pas. Je fis signe à cinq d’entre eux de me suivre, ce qu’ils firent docilement. Ça avait des avantages d’être considéré comme mâle alpha par ces bêtes un peu limitées au niveau de la caboche mais qui semblaient mues par une loyauté inébranlable pour leur chef, à condition que celui-ci reste invaincu.

      À une centaine de mètres, le cochon vert géant couinait, attaqué par les fanatiques malgré la défense de mes troupes. Les explosifs pétaradaient d’un côté comme de l’autre, faisant bondir les groupes dans des cris de douleur et de surprise. Les tontattas, sur le dos de Borat, tentaient de défendre la taverne des assauts répétés des cultistes qui grimpaient jusque-là à l’aide de grappins. Aux pieds de mon aminimal cochonesque, les explosions le faisaient paniquer et il se mit à bondir de panique, faisant voler quelques fanatiques toujours accrochés à leurs cordes. Et obligeant ceux sur son dos à s’attacher aux longs poils verts. À la fenêtre de la taverne, ‘Liquor’ Jack balançait des bouteilles à la gueule des fanatiques parvenant à gagner le dos de l’animal géant. Norbert et Mirabelle virevoltaient en couple, frappant de leurs sabres en se tenant par la main dans une danse aussi belle qu’efficace, protégeant de leur mieux le perron de la maison.

      Je m’arrêtais sur la trajectoire de Borat, toujours mû par ses bonds répétés qui le déplaçaient de plus en plus profondément dans la place. Je levais alors une main devant moi, prenant une grande inspiration.

      « DU CALME COPAAAAIIIINNN !!! » m’écriais-je à pleins poumons, écrasant mon poing libre en pleine tronche d’un cultiste s’étant approché d’un peu trop.

      Les quatre pattes serrées les unes contre les autres, il se mit à freiner si brutalement sur des dizaines de mètres que cela provoqua une nouvelle envolée des fanatiques à grappins. Enfin, il s’immobilisa juste devant moi, plaçant son groin contre ma main.

      Gruiiik !!

      « Je sais, mon pote, t’en fais pas ce sera bientôt terminé. »

      Mon sourire s’effaça en voyant un guerrier s’approcher de l’oreille de Borat qui trônait au sol avec sa tête ainsi baissée jusque moi. Je tendis la main dans sa direction, luisante de mon aura maudite, et le fanatique fut emporté dans ma direction à toute vitesse comme si une force invisible l’avait tiré jusqu’à moi. Cette bonne vieille gravité. Je l’attrapais d’une main par la gorge avant de le lâcher et le frapper d’un retourné de la jambe qui l’envoya dans les airs comme un pantin désarticulé.

      « Vous osez vous en prendre à mon pote, vous allez déguster les p’tits bâtards ! »

      Oubliant mes douleurs à la faveur de la rage montante en moi, je m’élançais sur chaque groupe d’ennemis un peu trop présomptueux pour s’approcher de mon poto pachyderme, observant par intermitences la taverne sur son dos pour m’assurer qu’ils s’en sortaient. Une petite blonde, inconnue au bataillon mais faisant probablement partie des renforts arrivés à la suite du capitaine, se battait aux côtés des tontattas avec hargne, protégeant ma maison au péril de sa vie. Voilà quelqu’un qui mériterait mes remerciements une fois cette bataille terminée. Leur laissant la responsabilité du dos de l’animal, je défendais ses pattes et ses alentours en bondissant entre les explosions pour chasser les cultistes en ricanant derrière mon sourire dément accompagné par mon escorte de gorilles des mers qui semblaient prendre un malin plaisir à écraser ces cultistes..



      © Fiche par Ethylen sur Libre Graph'


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      Rapidé coup d’œil lancé à Ren, voilà que ce dernier quittait la place en compagnie de certains de ses bilgoris. Continuant à se frayer un passage en direction du temple, le sablonneux tranchait quiconque se dressait en travers de sa route sans la moindre pitié, au vu de la dévotion de ces fanatiques, couper la tête du serpent semblait être la meilleure option pour en finir. Et probablement que leur leader se trouvait là bas. Les troupes commençaient à prendre le dessus malgré le nombre toujours plus important des cultistes et c’est Reyshu qui vint brièvement interrompre la folie meurtrière du corsaire.


      Faut trouver celui qui s’fait appeler le grand prêtre. C’est lui qui commande.

      Dans quel merdier on s’est encore fourré… pesta Azerios.

      Ces tarés kidnappent les locaux.. font même des sacrifices. Faut qu’on s’en occupe.

      T’as raison… À l’aube cette secte ne sera plus un problème pour personne.


      L’homme poisson couvrit les arrières de son capitaine pendant une bonne dizaine de minutes, pendant que ce dernier avançait inexorablement vers le temple. Les fanatiques opposaient une résistance farouche, mais dans la mesure où ils n’étaient pas de vrais combattants, les Sandstorm Pirates parvenait à les déborder. Alors que le sablonneux n’était qu’à quelques mètres de sa destination, une main énorme le balaya violemment, le projetant sur quelques mètres à une vitesse telle qu’il fissura le mur qui le stoppa. Se relevant douloureusement, le dos enduit de fluide offensif, Azerios lança un regard noir au géant.


      Celui là est à moi ! hurla-t-il à Reyshu, qui s’apprêtait à en faire son affaire.


      L’homme poisson afficha un rictus, hocha la tête et tourna les talons pour retourner dans la mêlée. Le géant se mit à rire et fit craquer bruyamment ses phalanges, pas difficile de deviner que pour avoir accès au temple, il faudrait lui passer sur le corps. Le corsaire essuya soigneusement ses deux lames d’estoc Oto et Kogarashi avant de faire craquer ses phalanges à son tour, un sourire dément aux lèvres. Le géant ne perdit pas une minute, saisissant un bloc de pierre issu des débris d’une habitation détruite, il l’envoya avec force. S’élançant en direction du colosse, le sablonneux chargea ses poings de fluide offensif et brisa net le projectile sans sourciller. Le géant frappa de ses deux mains mais sa cible esquiva en bondissant à quelques mètres du sol. La taille de son poing se décupla et il l’infusa de haki de l’armement.


      Encaisse donc ça enfoiré…


      L’énorme poing de sable compact teinté couleur charbon s’écrasa violemment sur le géant. Le choc le donna sur le coup, le propulsa en arrière et il s’écrasa contre le mur du temple, le fissurant. Et comme pour enfoncer le clou, Azerios créa une seconde masse de sable compact, cognant de plus belle. Le corps du géant défonça littéralement la paroi et il heurta lourdement le sol. Brèche creusée, le corsaire retomba devant le temple du culte, plusieurs de ses hommes de main l’avaient rejoint.


      Kutcham, Reyshu, stabilisez la situation et sécurisez la place. Saori, prends quelques gars et occupez vous des blessés. Moi je vais entrer là dedans et m’occuper du grand gourou. Yukino avec moi !


      Tout le monde s’attela à sa tâche et secondé par la jeune ronin, le capitaine des Sandstorm Pirates pénétra dans le temple. Dans ces sombres couloirs régnait une atmosphère totalement différente, tout proche et pourtant bien loin du tumulte de la bataille et de la chaleur des flammes. Sous un silence de tombeau, le bruit des pas du pirate résonnait dans ces galeries. Au bout de quelques minutes, le jeune homme constata qu’il avait affaire à un véritable labyrinthe. Peut être aurait il dû emmener quelques hommes avec eux. Il finit par arriver aux abords d’une sorte de grande geôle, et remarqua avec horreur qu’une multitude de gens étaient recroquevillés dans l’obscurité derrière d’imposants barreaux. Changeant son bras droit en lame de sable, il trancha rapidement les cylindres rouillés qui retombèrent bruyamment sur le sol. Les prisonniers n’osèrent pas approcher, craintifs.


      On ne vous veut aucun mal.. vous êtes libres ! leur lança Yukino.

      Je crois qu’on a élucidé ces histoires de disparition. Emmène les à l’abris, je m’occupe de mettre fin à tout ça.


      Après un long moment d’hésitation les premiers prisonniers s’approchèrent pour sortir de leur prison et très vite, ils furent rejoints par les autres. Menés par Yukino, ils rebroussèrent chemin afin de sortir par la brèche précédemment taillée dans le mur. Quand au sablonneux, il poursuivit son exploration au cœur de ce labyrinthe sordide et finit par tomber sur les premières poches de résistance. Un groupe d’une dizaine d’encapuchonnés apparut, tous armés de lames.


      Halte là infidèle, tu.. commença l’un d’eux.

      Soit vous dégagez, soit vous allez morfler. C’est vous qui voyez. coupa sèchement Azerios.


      L’un des cultiste se jeta sur lui et lui taillada la gorge avec un surin, un autre bondit et lui enfonça une épée courte dans le bas ventre. Si les deux hommes affichaient une mine plutôt satisfaite, l’expression de leur visage changea soudain lorsqu’ils réalisèrent que leurs attaques n’avaient eu aucun effet. Le sablonneux les regarda d’un air dément.


      Alors vous avez choisi.. la douleur.


      Plaquant ses deux mains sur l’homme qui venait de lui transpercer le bide, il usa de son pouvoir déshydratant pour l’assécher. Le pauvre homme hurla de douleur avant de retomber inerte. Retirant la lame de son bas ventre, Azerios empoigna l’homme au surin par le col et lui plongea la lame de son défunt acolyte en plein thorax. Les autres encapuchonnés hésitèrent un instant, puis il se jetèrent sur l’intrus. Malheureusement, aucune de leurs attaques ne parvint à le blesser, et les uns après les autres, tous furent massacrés. Le sablonneux poursuivit donc sa route, errant dans le dédale pendant un bon moment avant de tomber sur trois nouveaux fanatiques. Les deux premiers s’empressèrent d’attaquer mais furent rapidement éliminés, et leur corps desséché eut à peine le temps de toucher le sol que le troisième dégaina une dague. Tremblotant, il se mit en garde, ne pouvant s’empêcher de fixer le cadavre de ses deux compagnons avec une expression de terreur.


      Écoute.. y’a deux façons de la jouer. Dans la première, tu m’attaques et tu meurs dans d’atroces souffrances. Dans la seconde tu jettes ce putain de couteau et tu me mène à ton maître. soupira Azerios en laissant échapper une petite vague de haki des rois.


      Le gringalet tremblotant eut un bref instant d’hésitation mais finit par lâcher son arme sous la tourmente. Azerios hocha la tête pour lui faire comprendre qu’il avait sans doute prit la bonne décision et d’un geste il lui indiqua de passer devant. L’encapuchonné s’exécuta et conduisit l’intrus dans les couloirs jusqu’à une grande pièce au milieu de laquelle trônait un hôtel recouvert de sang et de bougies. Une drôle d’odeur planait d’ailleurs et en examinant les lieux plus attentivement, le corsaire remarqua une impressionnante statue d’un serpent ailé. Très vite une multitude d’autres fanatiques entrèrent par les différentes issues, encerclant l’intrus. Un peu plus haut, un homme approcha d’un pas assuré, se frayant un chemin parmi les fidèles. Détail qui avait sans doute une importance certaine pour tous ces tarés, un boa s’enroulait autour du cou du nouvel arrivant, un boa avec des petites ailes de poulet.


      Vous oseeez. s’écria l’homme l’air grave en pointant son doigt vers Azerios.

      Oui j’ose. répliqua le corsaire sans trop savoir de quoi il s’agissait.

      Mes frères et sœurs ! Vous qui en ce jour avez fait couler le ssssang ! Vous qui avez tant offert à notre maître ! Vous allez être recompensssé ! L’heure est venu de sortir au grand jour et de massacrer tous les infidèles !

      Oh bordel de merde… soupira Azerios.

      À commencer par cet intrus. Mes frères et sœurs, nous sommes asssssaillis. Mais nous ne nous laisssserons pas faire. Au nom du tout puissant seigneur des écailles. Je vous demande de répandre le ssssang !


      Les cultistes commencèrent à s’approcher lentement du corsaire, qui ne savait plus ou donner de la tête tant ils étaient nombreux. Se préparant à faire un carnage, il sentit un frisson lui parcourir le corps et sa vision commença à se troubler. De la drogue ? Voilà possiblement l’origine du drôle de parfum qu’il sentait, ce qui pourrait également expliquer la dévotion sans limite des fanatiques. Il se fit à nouveau la réflexion qu’il n’aurait peut être pas dû venir sans renforts…
        Déclenchant son grappin, elle accroche le balcon de l'établissement. Remontant avec vitesse, l'élan lui permettant une pirouette avant t'atterir sur le crâne d'un fanatique. Le malheureux est parti pour un bon petit somme. Les cinq nains, qui l'avaient immobilisé, sont stupéfaits. Un grand sourire amical leur est délivré.

        "Telle une tempête de sable, les renforts ne préviennent pas. Ah ah! Abigaël est mon nom et j'ai besoin de vos meilleures bouteilles, messieurs."

        L'un des tontattas affiche un regard perplexe. Un autre commence à approcher la jambe de la blonde avec une expression suspecte.

        "C'est donc cela que l'on appelle l'amour…
        -Je crois que vous avez taper dans l'œil d'Eustache. La porte d'ici est fermée de l'intérieur, en plus des barricades, mam'zelle…
        -Tant mieux. La simplicité m'aurait retiré tout le plaisir."  


        Les secousses du Borat paniquée ne rendent pas les choses faciles. La blonde tient la rembarde du balcon afin de visualiser l'entrée sans risque. C'est ici que les fanatiques concentrent leur attention,  mais la défense d'un couple de tontattas avec quelques compères semble très solide. Il est, malgré tout, impossible de se faufiler. Il faudra dégager le passage avant. Ce n'est que quelques hommes, en les surprenant de la bonne façon, elle pourrait renverser la situation. Soudain, Abigaël sent quelque agripper sa jambe droite.

        "Qu'est ce que…?
        -Oh non, il recommence. Eustache a un cœur d'artichauts. Vous n'êtes pas la première paire de jambes qui lui ont fait de l'effet."


        Un sentiment de dégoût lui prend. Elle essaie d'agiter son pied pour se dégager. Rien à faire. Elle commence à rire jaune.

        "Faites donc quelque chose, voyons! S'il veut tant des grandes jambes, qu'il prennent des échasses.  
        -Désolé, mam'zelle. C'est un état second chez lui. Quand Eustache s'attache, y a que Anatole qui le décolle.
        -Où est il, cet Anatole ?
        -Bahaha! Vous êtes drôle, vous. C'est une expression car Anatole est le nom d'un de mes ancêtres. Personne n'a réussi à ce jour. Mais ne vous inquiétez pas, il est gentil. Dans un quart d'heure, il est calmé.
        -Un quart d'heure? Et bien, je suppose que je n'ai pas le choix."


        À l'aide de ses fils, l'agent commence à se démener pour libérer sa jambe. La lutte est sans merci. Agitation, roulade, grognement, le duo passe par toutes les phases sous les yeux amusés des quatre autres nains. La couturière s'emmêle les pinceaux de frustration puis un cri assourdissant retentit dans la zone. Celui d'un homme que Tarentule n'a pas eu encore l'occasion de connaître. Une dernière violente secousse est provoqué par l'animal géant. La blonde tombe du balcon. Elle s'écrase devant un homme qui projettait des bouteilles depuis une fenêtre. La malheureuse tente de se redresser rapidement. Dérouté par la femme tombé de ciel, il n'aperçoit pas la charge furieuse d'un fanatique, sorti de nul part, balayant le malchanceux et Abigaël à l'intérieur du bar. Un fou fait son entrée.

        "Urriiiiiiiii!"

        Le dégénéré pousse un cri de victoire. Il ne porte qu'un pagne tel un vrai sauvage. Aussi musclé que scarifié, il ne faut pas être psychiatre pour comprendre que ce mec devrait être à l'asile. Se grattant la tête chauve frénétiquement, il reste sur le qui vive comme s'il cherchait un truc à broyer à main nue. L'humain se lève rapidement et, en rejoignant son comptoir, il élève la voix.

        "Du riz? Je peux vous faire ça. Ce sera sur place ou dans ta gueule ?"

        Une assiette valdingue dans pièce pour frapper de plein fouet le visage de l'intrus. Un grognement s'entend dans toute la pièce. Il soulève une table de colère pour la jeter sur l'homme du comptoir. Des bouteilles se cassent, mais celui-ci a su esquiver cette attaque. La blonde a atterri non loin du mur opposé. Elle a pris l'essentiel de la bousculade. Abigaël se relève. Grimaçante, le coup a dû lui fêler une côte. Le nain qui était accroché à sa jambe semble avoir pris aussi un sale revers. Il détache sa prise, visiblement remonté.

        "Mam'zelle, faisons équipe. On ne touche Majo sans tâter de ma colère !
        -Majo…?"


        Le regard tendre du nain sur sa jambe droite lui fait très vite comprendre la situation. C'est aussi pathétique que dégoûtant. L'agent Tarentule fait donc ce qu'elle fait de mieux. En rire.

        "Eh bien, mon cher. Si ma jambe vous fait autant d'effet, il va falloir avoir un tête bien dure pour la mériter. Ah ah !"

        Activant son Rope Action, Abigaël attache le nain collant avec un fil de pêche.

        "Qu'est ce que… hein!"

        Maîtrisant cette nouvelle arme, elle fit tournoyer le nain avec célérité pour le projeter violemment dans la poitrine du fanatique. Celui-ci est projeté sur une table. Au bout de son fil, Eustache tient son crâne douloureux. La blonde s'adresse au tenancier.

        "Nous prenons le relai. Rascus m'envoie chercher le plus d'alcool à brûler possible. Pouvez m'en préparer un sac, mon bon monsieur.
        -Tiens, Rascus est ici. Je comprends mieux ces détonations, dehors. J'ai quelques bouteilles, je vous prépare ça."


        La silhouette derrière le bar semble détendue pour une telle situation. Elle commence à réunir les bouteilles dans un sac à patate comme si elle servait un client.

        "Faites lui regretter d'être entré dans mon bar. Et je vous offre un verre.
        -Je n'oublierai pas. Hihi!"


        Un nouveau grognement met en alerte l'agent. Son adversaire se relève en secouant la tête comme une bête. Abigaël chuchote quelques mots à Eustache, avant de le reposer au sol. Elle prend toute l'assurance dans sa voie.

        "Allez viens me voir, mon grand. Maman va peut-être te faire un bisou magique sur ton bobo. Ahahah!"

        Le Ricanement demeuré fait son effet. Son ennemi fonce sans réfléchir sur la ricaneuse. Un fil se tend au sol, entravent la course du fanatique. Il tombe violemment au sol. Vive, la blonde se met à distance raisonnable pour continuer ses rires insupportables. Le sauvage s'en rage en frappant le sol pour se relever.

        "Impie! Je vais écraser ton visage et manger tes yeux !
        -Oh, le petiot prononce ses premiers mots, regardez le. Qu'il est précoce! Tu veux un susucre. Gnihihihi !
        -Aaarrrhhh!"


        Le dégénéré commence à poursuivre la moqueuse avec toute la brutalité et la maladresse que sa furie oblige. Bousculant tables et chaises, ses mouvements sont grossiers et prévisibles. Avec agilité, l'agent Tarentule l'esquive tout en maintenant la distance. Le duo a déjà fait trois fois le tour du bar. Elle sait qu'au corps à corps, la défaite est assurée. Dans ce vacarme, la blonde tisse donc sa toile sur chaque meuble qu'elle touche. Le fanatique prend une pause pour reprendre son souffle au milieu de la pièce. Abigaël, le regard hautain, glousse en lançant le signal.

        "Quand Eustache s'attache…"

        Le nain s'élance sur la jambe de l'ennemi, s'agrippant de toutes ses forces. L'agent tire violemment sur un fil. Par une réaction en chaîne ingénieuse liant le nain et entourant les meubles jusqu'à Abigaël, lorsque le fanatique sent sa jambe partir, des table et des chaises décollent du sol pour foncer sur le sauvage. Le pauvre individu se fait écraser de toute part. Cette attaque le met K.O. Le nain lui attache un fil de pêche aux pieds puis se faufile pour sortir de tas de tables et de chaises. La tisseuse surprend, ainsi, son agresseur au-dessus de l'amas de meubles qui lui ont pété la mouille. La pendaison de l'araignée ! Une image glorieuse de sa victoire. L'agent souriante ne peut s'empêcher d'en être fier, jusqu'à ce que… le pagne se soulève. Elle s'affale au comptoir, dépitée et essoufflée.

        "Un asticot est venu tout gâcher."

        C'est à ce moment que des tontattas accompagnés d'un homme, alertés par les bruits, entrent pour contempler la scène.


        Dernière édition par Agent Tarentule le Lun 26 Déc 2022 - 2:26, édité 1 fois
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        Le temple avait été rudement secoué et s’était fracturé de part et d’autre. A l’intérieur, au troisième étage, la femme-serpent ne semblait pas inquiétée par la situation et se délectait même de ce qu’elle faisait subir à son adversaire. Ned avait enchaîné les passes d’arme sans succès et désormais, il trônait au milieu de la pièce, l’œil au beurre noir et le visage tuméfié, le corps lacéré et ensanglanté. Quatre serpents étaient enroulés à ses bras et ses jambes et le maintenaient fermement en l’air. Suspendu à un poteau de bois et piégé par les serpents qui l’écartelaient, il peinait à respirer. Il releva la tête pour plonger ses yeux dans ceux de son ennemie.

        Elle avait pris l’ascendant durant de longues minutes. Ils avaient bataillé, mais le pirate avait fini par céder sous les attaques dévastatrices. Maintenant pris au piège dans la tanière du serpent, il ne semblait y avoir aucune échappatoire à portée de main.

        La femme-serpent avait retrouvé forme humaine et trônait sur un immense anaconda entortillé. Elle riait à gorge déployée, amusée par la situation. Elle s’était clairement jouée de lui et il n’avait pas su contrecarrer ses plans.

        « Dis-moi mon mignon, comment vais-je te déguster ? En soupe ? En ragoût ? Non…tu as l’air d’avoir un petit goût sucré, quoiqu’un peu amer.
        Mais tu vas la fermer oui ? » grogna-t-il péniblement.

        Elle s’approcha avec une dangereuse lenteur et lui empoigna les joues. Ses mains griffées le caressèrent et firent pivoter sa tête. Sa poigne glissa jusqu’à sa taille et elle attrapa Ame no Habakiri. La lame quitta son fourreau sous les yeux ardents de son porteur, incapable de lever le petit doigt. La femme-serpent joua avec la lame en raillant sa proie pris au piège, mais elle réalisa rapidement à quel point, entre ses mains, la lame était étonnamment lourde. Une grimace à moitié cachée par son rire lui pinça les lèvres, tandis que ses mouvements se faisaient de plus en plus lents. Ned la dévisageait d’un regard assassin, ses bras et ses jambes se contractèrent furieusement, faisant siffler les serpents enroulés autour de lui.

        « Lâche ça. »

        Ned se libéra de ses chaînes vivantes à la seule force de ses muscles. Le visage de la femme-serpent se décomposa sous la surprise, elle lâcha le katana au sol et recula de quelques pas avant de tirer son épée et de lever son bouclier. Il récupéra son meitou après une roulade, se remit d’aplomb en un instant et frappa de toutes ses forces. Ses lames trouvèrent l’acier du bouclier dans un fracas assourdissant, puis elles déferlèrent de nouveau, cette fois-ci pour lacérer l’épaule du serpent. Mais la zoan ne l’entendit pas de cette oreille et bascula sur un côté pour faire glisser sa queue et frapper au niveau de la nuque du pirate. Il para en décroisant ses lames et repoussa les écailles menaçantes. Une pirouette arrière l’éleva dans les airs, il pointa ses lames comme pour lancer une frappe d’estoc, puis déclencha une onde de choc à distance. Deux lames d’air traversèrent la pièce et s’abattirent sur la femme-serpent. Elle en contra une d’un coup d’épée, mais la seconde perça ses écailles et trouva sa chair. Elle se retint de hurler en serrant les crocs, puis bondit en avant avec une agilité telle qu’elle sembla nager au milieu de la salle. Le sabreur tenta de cerner ses déplacements, mais elle fut trop rapide et bien trop sournoise pour qu’il puisse anticiper quoi que ce soit. Le bouclier cingla, s’écrasa sur sa tempe et l’éjecta contre le mur le plus proche.

        Il se releva, non sans peine, et se remit en garde. Mais lorsqu’il releva les yeux, la zoan avait disparu. Il la chercha du regard, sans succès. Un souffle acide fit siffler ses tympans après quelques secondes et son ennemie réapparut subitement à sa gauche. Elle était proche, extrêmement proche. Sa gueule immense s’ouvrit et se referma près de la nuque du pirate. Une esquive d’instinct venait de lui sauver la vie, mais un croc avait légèrement entaillé son cou. La plaie était superficielle, mais le venin s’y était répandu et s’immisçait désormais dans sa gorge et ses nerfs. La douleur était insupportable, comme si tout son corps brûlait de l’intérieur. Il posa un genou à terre en se tenant le cou avant de cracher une gerbe de sang. Le rire strident de la femme-serpent résonna dans la pièce et un nouveau coup de queue, plus sournois et violent, lui fit retrouver le mur. Elle le souleva d’une seule main, l’empoignant par son écharpe.

        « Je dois avouer que tu es coriace mon mignon… Ta volonté est surprenante. Mais je crains que ce ne… »

        Elle s’arrêta brusquement dans ses mots. Ses yeux s’écarquillèrent, son corps se figea et son visage se mit à trembler. Elle abaissa son regard et constata avec frayeur et désarroi qu’une lame traversait sa poitrine.

        Elle avait baissé sa garde et lui n’avait pas hésité.

        Elle suffoqua et relâcha son étreinte avant de reculer en titubant. La lame se retira de son corps et Ned retomba lourdement au sol. Il se remit d’aplomb tant bien que mal en ne la lâchant pas un instant du regard. La colère avait gagné les yeux de la femme-serpent et désormais aux portes de la mort, elle comptait bien emporter sa proie dans l’autre-monde.

        Elle fusa à toute vitesse et le pirate fit de même. Frappe, parade, riposte, esquive, entaille, pendant de longues minutes, les deux adversaires se livrèrent des échanges mortels et l’adrénaline les poussa à donner tout ce qu’ils avaient. Mais malgré ses blessures profondes, la puissance de la femme-serpent restait démesurée. Ned commença à décliner, chaque passe d’arme devenait plus lourde, moins agile et plus hésitante. Finalement, la femme-serpent parvint à le repousser d’une feinte et d’un coup de targe. Elle se retourna en projetant son épée en diagonale. La lame lacéra le torse de l’archéologue avant qu’il ne puisse contrer.

        Ned s’effondra, contrit par la douleur, le poison et la fatigue. Il était impuissant face à elle et ce duel en avait été la preuve. La femme-serpent s’avança lentement en relevant sa lame.

        « Adieu mon mignon, c’était un beau combat. »

        Mais une fois de plus, alors que la fin paraissait proche, alors que tout semblait perdu, dans sa tête résonna sa voix, à elle.

        Il se l’était juré, cette histoire se terminerait avec la tête de Vorgg au bout de sa lame.

        Alors, si lui ne faisait pas le poids, peut-être que l’autre le ferait…

        « Gaijin… »

        Son regard perça ceux de la femme-serpent et plongea au plus profond de son esprit venimeux. Une aura sombre, ardente et horrifique s’accumula autour de lui avant de se propager comme les flammes d’un brasero. La tourmente la gagna et fit vaciller tout ce sur quoi son regard apeuré se porta. Elle trembla et plus que jamais, fit l’expérience du sentiment le plus viscéral.

        La peur.

        De ses talons jusqu’au sommet de son crâne, l’horreur la traversa. Et face à elle, le pirate sembla se changer. Un kimono rapiécé, un masque noir, un chapeau fendu et une chevelure pourpre. Dans ses mains deux lames de sang, entourées d’étranges pétales qui virevoltaient avec une douceur menaçante.

        Plumer le serpent Gaijin14

        « Qu’est-ce que… »

        La voix du serpent siffla, et l’Etranger disparut en un éclair. Elle eut juste le temps de relever la tête avant de le voir fondre sur elle, entouré d’une nuée de pétales. Il tournoya et s’adonna à une danse meurtrière.

        « Oghma Infinium… »

        L’acier déferla avec une telle force que le sol sur lequel elle reposait se craquela avant d’exploser dans un grondement. Le sang s’éjecta des entailles et des lacérations et l’Etranger l’accompagna dans sa chute, en frappant, encore et encore. Ils traversèrent les plafonds et les sols, et les étages se fracturèrent sous l’avalanche d’acier.

        Ils atteignirent finalement une grande salle plongée dans l’obscurité. La femme-serpent s’écrasa contre une large statue qu’elle brisa en mille morceaux.

        Elle resta là, étendue au milieu des gravats, les yeux révulsés. L’Etranger retomba près d’elle, lames ballantes le long de son kimono.

        La pièce était sombre, éclairée simplement par quelques torches et bougies qui traînaient près d’un autel. Ici également, d’intenses affrontements se poursuivaient. Des fanatiques s’étaient regroupés autour d’une nuée de sable qui déferlait au milieu de la salle. L’Etranger comprit rapidement de quoi ou plutôt de qui il s’agissait. Mais alors qu’il était absorbé par la situation face à lui, une ombre se dressa dans son dos. Gigantesque et haineuse, prête à frapper et à donner la mort.

        Il fit volte-face en sentant la présence derrière lui. Le serpent se tenait debout, dans sa forme la plus pure…et la plus dangereuse. Son cou s’allongea à une vitesse vertigineuse et heurta de plein fouet le sabreur. Il fut éjecté au milieu des affrontements et s’écrasa lourdement sur des fanatiques aux prises avec le Sablonneux. Il se redressa dans un grognement inaudible avant de faire tournoyer ses lames enveloppées de pétales. Il se rua avec la même hargne sur l’écailleuse, pour en finir une fois pour toutes.

        Au même moment, un grondement assourdissant retentit à travers la salle. Le sol se mit à vibrer soudainement et tout à coup, un des murs explosa dans un craquement. Les yeux se rivèrent vers l’explosion et un vent de frayeur traversa la pièce. Un gigantesque rhinocéros venait de faire irruption en fracassant tout sur son passage. Une étonnante chevelure rose, une corne de jais et un cure-dent géant dans la gueule, l’animal renversa les quelques malheureux qui croisèrent sa route et les fit disparaître sous les décombres.

        « Yiiiiiiiiiiihaaaaaaaa !!! Vas-y Braum, éclate-les ! »

        Sur son dos, une jeune fille débordante d’énergie le guidait dans son carnage, secondée par un homme-poisson qui lui, restait calme malgré la situation.

        « La cavalerie est arrivée !! hurla Lenny à plein poumons. Alors, il est où Ned, tu l’vois ou pas, hein Jayce ?
        Oui. Au fond de la salle, c’est lui…
        Heeeein ?! Mais je rêve où il se bat contre un serpent géant ? Hé ho Ned ! C’est nous, nous v’là ! Ah oui, c’est vrai qu’il est occupé. Et puis t’façon il parle pas quand il est comme ça, il est super zarbi d’ailleurs.
        Si Ned est dans cette forme, ça veut sûrement dire que son adversaire est coriace…et qu’il est proche de sa limite. Ecoutez-moi ! Braum, Lenny, débarrassez-vous de ces fanatiques et libérez le passage pour le Corsaire autant que possible. Quant à moi, je vais prêter main-forte à Ned.
        On s’en charge, lança le rhinocéros en décimant une bande de cultistes d’un coup de corne. T’es prête Lenny ?
        Et comment ! »

        Jayce tira son trident et quitta le dos de Braum en s’élançant d’un bond, droit dans la direction de son camarade de toujours.
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        Certains coups de couteau des encapuchonnés parvenaient désormais à blesser le corsaire puisque déstabilisé par la substance psychotrope qui planait dans la pièce et qu’il inhalait depuis son arrivée. Pas d’autre choix que de couper court à ce carnage au plus vite, et pour ça, il lui faudrait probablement éliminer le gourou. Un bruit sourd retentit alors un peu plus loin, une masse passa au travers de la pièce et s’écrasa violemment sur l’imposante statue, la brisant sur le coup. Une silhouette à l’aspect démoniaque fit alors une entrée fracassante, et si de prime abord le sablonneux redouta un énième adversaire à éliminer, en y regardant de plus près il reconnu Ned.


        Bon timing… ricana le corsaire avec un léger sourire.


        La femme serpent aperçue plus tôt se redressa alors pour s’attaquer à Ned et le projeta avec force dans la mêlée à quelques mètres d’Azerios. Mais n’ayant pas dit son dernier mot, le sabreur se redressa et se rua sur son adversaire. C’est alors qu’un violent choc perça le mur, et un animal massif entra en scène. Le rhinocéros était accompagné d’une jeune femme et de Jayce, le compagnon de Ned. Renforts arrivés, le sablonneux redoubla d’effort dans la bataille. Submergé par le nombre, diminué, le sablonneux ne lâchait rien. Et même s’il ne parvenait pas à user de ses pouvoirs de maudit comme il le souhaitait, ses lames de sable virevoltaient autour de lui, éliminant un à un ses assaillants dans un tourbillon d’hémoglobine. Un peu plus haut, le leader présumé de ce culte regardait ses fidèles se faire massacrer avec un sourire dément, tandis que son « serpent à plume » continuait à s’enrouler sur ses épaules. Azerios tenta alors de se dématerialiser pour passer au dessus de la foule et s’attaquer directement à sa cible prioritaire mais en vain. Non seulement il ne parvient que partiellement à se changer en sable, mais les fidèles l’agrippèrent et le plaquèrent au sol. Tentant de se dérober tant bien que mal, il demeura farouchement maintenu au sol. Etranglé, tailladé de toutes parts, il commença à perdre patience. Dématérialisant son bras droit pour le libérer, sa main se rematerialisa sur le visage du fanatique qui l’étranglait et il usa de son pouvoir déshydratant pour l’éliminer. Se dégageant partiellement, il laissa échapper une vague de fluide royal et tous les cultistes à moins de cinq mètres de lui s’écroulèrent sur le coup, inconscients. Azerios jeta un regard démoniaque au leader de cette secte et l’expression sur le visage de ce dernier changea du tout au tout. Faisant volte face, il se mit à avaler les marches d’un long escalier afin de quitter la pièce. Pestant, le sablonneux se lança à sa poursuite, laissant Ned et ses compagnons gérer la situation, mais à peine eut il atteint les premières marches qu’un nouveau bruit sourd survint. Nouveau rebondissement, l’un des géants qu’il avait affronté plus tôt traversa la cloison sur le côté et abattit sa main avec force, écrasant Azerios. Qui explosa en une nuée de sable.


        Vous en avez jamais assez hein ? soupira le corsaire en se reconstituant.


        La peau du géant se recouvrit alors d’écailles et son cou s’allongea légèrement. Sans doute un utilisateur de fruit du démon de type zoan. Serpent, lézard, varan ou autre. Il se mit alors à charger et donna un rapide coup de poing. Infusant de haki et croisant ses avant bras, Azerios contra l’assaut avec hargne mais fut projeté en arrière par le choc. Aussitôt lancé dans la contre-attaque, ce dernier créa et projeta une bombe de sable sur son adversaire, qui explosa, le faisant chuter sur l’escalier. Afin d’enfoncer le clou, il bondit et créa un imposant poing de sable compact qu’il infusa de fluide offensif et l’abattit avec force. Malheureusement, la drogue continuant à faire son effet, il ne parvint pas à maintenir une concentration suffisante et le poing de sable se brisa. Le géant se mit à rire, se releva et saisit son adversaire à la volée, de ses deux mains, exerçant une pression à lui couper le souffle.


        Longue vie au seigneur des écailles.. ! beugla-t-il.


        Azerios tenta de se dégager mais en vain, privé d’oxygène il se débattait, impuissant à cause des effets de la drogue, se voyant déjà totalement broyé. Le géant fut alors fauché par le rhinocéros, il s’écrasa contre le mur et lâcha prise, laissant tomber son adversaire.


        Un coup d’main corsaire ? lança le cornu.

        Ma fois c’est pas de refus !


        Créant une nouvelle bombe de sable, Azerios la lança sur le géant aux écailles qui fut une fois de plus repoussé contre le mur. Visage déformé par la rage, il se mit à hurler et se rua en direction des pirates. C’est alors que le plafond s’écroula au dessus de lui et rapidement d’énormes blocs de pierre l’écrasèrent, scellant son destin sur le coup. Le nuage de poussière engendré par l’effondrement se dissipa et le capitaine des Sandstorm Pirates afficha un large sourire en reconnaissant son second, Ren venait de s’ajouter à l’équation.


          Plumer le Serpent


          Présent
          ✘ Feat. Aze, Ned & Abi




          Mes pieds retrouvèrent enfin le contact confortable et réconfortant du dos de Borat, cette surface légèrement rebondissante et couverte d’une épaisse pelouse de poils verts. Aux pieds de l’animal géant, les blugoris, tontattas et hommes d’équipage avaient formés un cercle autour du pachyderme afin de le protéger tandis qu’il avançait dans la place d’un pas lent mais assuré. Je la sentais à l’aide de mon haki perceptif, son appréhension. Borat avait beau avoir fait face à de nombreuses batailles navales, les combats terrestres n’étaient pas sa spécialité et il se sentait probablement trop exposé et vulnérable à l’heure actuelle.

          D’un coup de pied rageur, j’envoyais voler trois encapuchonnés qui étaient parvenus jusqu’au dessus de la tête du cochon géant. « Bande de saloperies de sangsues, vous en prendre à une si frêle créature. » m’exclamais-je en m’accroupissant pour caresser l’oreille de l’animal géant, grande comme une voile, alors que son énorme patte écrasait les trois agresseurs envoyés par-dessus dos. « T’en fais pas mon pote, moi et l’équipage on te protège. » rassurais-je l’animal avant de m’avancer jusqu’entre ses deux yeux afin de tendre le doigt en direction de la porte du temple à l’autre bout de la place. « Vas jusque là-bas et bloque le passage, j’ai un plan. »

          ~Gruiiik gruik!~ mugit Borat en levant sa tête, me faisant rouler en arrière. Son pas se fit un peu plus rapide, déterminé à atteindre l’objectif que je lui avais donné. Tout autour, le cercle de guerriers de l’équipage se renforça, rejoints au fur et à mesure qu’ils avançaient dans la place.

          Je sentis alors quelque chose grimper sur mes jambes, brièvement surpris avant de me rassurer tandis que Norbert et Mirabelle apparaissaient sur chacune de mes épaules. Les deux tontattas, arborant toujours un air très fiers, m’accueillirent d’un grand sourire.

          « Norbert au rapport ! On est parvenu à repousser tous ceux qui montaient jusqu’ici.. »
          « ..Enfin, on croît, il semble y avoir du grabuge dans la taverne, sûrement un de ces sauvages qui a réussit à se faufiler. » renchérit Mirabelle en pointant la porte de la maison.
          « Mais, ça semble s’être un peu calmé. » ajouta Norbert en se grattant l’arrière de la tête d’un air coupable en évitant mon regard.

          Soufflant de lassitude, je hochais simplement de la tête en m’avançant jusqu’à la porte, posant ma main sur la poignée en entendant un cri d’effroi avant de l’ouvrir. Et, la scène qui se dessina sous mes yeux avait en effet un je-ne-sais-quoi d’effroyable. Un fanatique accroché par les pieds au plafond, pour seul vêtement un pagne qui lui remontait jusqu’au ventre en dévoilant ses parties sous les regards dégoûté de ‘Liquor’ Jack et d’une jeune femme blonde, tous deux au comptoir, et d’un tontatta. La taverne était sans dessus dessous et mon entrée avait rétablie le silence.

          « C’est quoi ce bordel ?! Y a des zgegs qui pendent maintenant ? Je m’absente une petite journée et on décide de changer la déco...bah bravo les gars. » soufflais-je de dépit en attrapant Norbert sur mon épaule, visant comme si ça avait été un fléchette avant de le lancer d’un coup sec en direction du sauvage dénudé.
          « Queuaaaaaaaa ?!! » s’exclama le pauvre tontatta, reprenant un minimum de constance en sortant son sabre aussi grand qu’un cure-dent alors qu’il volait à travers la pièce. « Pourquoi c’est toujooouuurs mowaaaa !! » la petite boule criante fila comme une balle jusqu’au fil de pêche rattaché aux pieds du fanatique, le tranchant net en continuant sa course incontrôlée jusque derrière le comptoir où il disparut dans un bruit étouffé.

          L’intrus cul-nu s’écrasa au milieu des meubles en vrac en projetant débris de bois et pieds de table dans tous les sens. Toutefois, la vue immonde était désormais dissimulée et je pouvais à présent reporter mon attention vers ceux au comptoir. Mirabelle bondit de mon épaule pour se précipiter par bonds successifs en direction du lieu d’atterrissage de son mari.  

          « Voilà une bonne chose de faite. » m’exclamais-je en arborant un grand sourire avant de me diriger vers le comptoir. « Hey Jack sers-moi une pinte et sors-moi les bandages. »
          « Je t’apporte ça de suite patron ! » répondit l’intéressé avant de disparaître derrière un rideau de perles séparant l’arrière du comptoir de l’arrière-cuisine.

          Mon torse-nu bariolé de griffures et estafilades saignait abondamment, les gouttes perlant sur le parquet sur mon passage. Je pris place nonchalamment sur un des derniers tabourets encore debout, toussotant un peu de sang avant de tourner mon regard vers la blonde et son camarade tontatta qui s’approche prestemment pour se coller à sa jambe, reconaissant ce petit pervers.

          « Eustache s’attache, hein ? » ricanais-je alors qu’une pinte se posait devant moi et que ‘Liquor’ Jack passait de notre côté du comptoir en tendant des bandages. « Merci mon pote, je te revaudrai ça. »
          « Pas de problèmes, remercie plutôt cette demoiselle pour avoir défendu ardemment ton bar. D’ailleurs, je t’avais promis un verre. » dit alors le tenancier en tendant un bras derrière le comptoir pour attraper trois verres et une bouteille pourpre. « De la liqueur de cerise, c’est bourré de sucre, avec ça vous serez repartis au combat en moins de deux. En parlant de ça, quelle est la situation dehors ? »
          « Un sacré bordel, mais on prend le dessus. J’ai dis à Borat de se diriger vers la porte du temple et les troupes se regroupent tout autour de lui à mesure qu’il avance. Il sera bientôt temps pour la touche finale. » expliquais-je, renversant le contenu de ma pinte dans mon gosier avant de reposer lourdement la pinte sur le comptoir et d’attraper le petit verre remplit de liqueur, le humant légèrement. « À la vôtre ! » avant de renverser la tête en arrière en ingurgitant le liquide cul-sec, sentant sa chaleur et son arôme se répandre dans ma gorge, les puissantes notes fruitées mêlées au sucre explosant de saveur dans mon palais et me donnant aussitôt un regain d’énergie. « Woooooh on est tipar pour massacrer du barbare ! » m’exclamais-je avant de me retourner vers la jeune blonde toujours inconnue, ne lui ayant pas laissé l’occasion d’en placer une depuis mon arrivée. « Hep ma p’tite dame, ça t’embêterait de rameuter du monde parmi nos alliés sur le dos de mon Copain Cochon ? Mises sur la qualité plutôt que sur la quantité, la place est limitée malgré la taille de son postérieur et on va avoir besoin d’une puissante force de frappe. Et merci de l’avoir protégé jusque là. »

          ~Gruiiik gruiiik!!~ mugit Borat à l’extérieur, un semblant d’énervement dans son ton.

          « Bordel, il a l’ouïe fine avec ses grandes oreilles. » ricanais-je avant de reprendre mes explications. « Un conseil : pas de pitié et accrochez-vous, ça va swinger. » finis-je dans un grand sourire inquiétant, ‘Liquor’ Jack connaissant très bien cette expression.
          « Bordel, je sens que ça va être joyeux encore cette affaire. »
          « Sur ce, je vous laisse, on a une bataille à gagner. » m’exclamais-je en quittant le comptoir pour reprendre la direction de la porte, laissant Norbert et Mirabelle aider la jeune inconnue afin de ramener du monde à bord du majestueux Borat.

          À l’extérieur, le chaos faisait toujours son office, entre cris et détonations, les tintements de lames s’entrechoquant résonnaient dans toute la place tandis que le cochon géant avançait d’un pas sûr, protégé par une armée de pirates renforcée à chaque minute. Des hauteurs du pachyderme, je pus faire un point rapide sur la situation de nos troupes. À mesure de la bataille, les contours de la place s’étaient vidés, tant de nos guerriers que des fanatiques. Ces derniers se concentraient à défendre l’accès à leur temple, leurs forces se rassemblant en un cordon humain coupant nette la place afin de nous empêcher de passer. Ainsi, le plus gros de notre équipage se trouvait de notre côté, mis à part ceux qui étaient parvenus à pénétrer le temple. Le cercle entourant Borat se déforma pour se concentrer en un front uni pour fondre sur nos ennemis. Et moi, perché sur la tête de mon ami-pachyderme, je souriais devant un tel spectacle. Les battements de mon cœur continuaient de tambouriner dans mes oreilles et je sentais mes veines palpiter sous ma peau. Toutefois, je connaissais ce sentiment et je savais pertinemment qu’il finirait pas disparaître, me laissant savourer la douleur accumulée pendant tout ce temps en une décharge si violente qu’elle soufflerait ma conscience.

          Joignant deux doigts à ma bouche, je poussais un puissant sifflement afin d’attirer l’attention des concernés. Eve et Roy furent les premiers à apparaître, la première s’élançant le long d’une longue liane pourvue de fleurs blanches afin de gagner rapidement le dos de l’animal aussi vert que l’habitat naturel de la femme des bois. Roy(al canin), le minks qui a du flair, se contenta d’escalader une des larges pattes de Borat, s’accrochant aux poils pour s’élancer jusqu’en haut. La blonde et les tontattas avaient dû faire passer le message car déjà nous étions rejoints par de plus en plus de monde. S’armant d’arcs et armes à feu, ils firent pleuvoir l’enfer sur les troupes en face. Jugeant le nombre suffisant, et repérant Jin et Nina qui étaient montés à leur tour, il était temps d’agir.

          « Bienvenue au Cirque des Sandstorms ! » m’écriais-je au bout du groin de Borat en ouvrant grands les bras devant moi. « L’attraction du jour est appelée : La Pêche aux Connards ! La règle du jeu est simple, sous peu, ils vous sembleront encore plus petits qu’ils ne le sont déjà, alors canardez moi ces connard et donnez-vous en à cœur joie ! »

          À ces mots, mes deux mains se recouvrirent d’une épaisse aura violette alors qu’un seul mot s’échappait de mes lèvres.


          Highway to Hell !!



          Un large halo lumineux de la même teinte entoura brusquement le corps arrondi de Borat, créant une zone légère de gravité inversée qui souleva lentement la masse imposante de l’animal. Sous les regards hallucinés des fanatiques qui levaient la tête pour voir le royal cochon les survoler, la clameur de l’équipage habitué à mes tours de magie gravitationnels emplirent la place. Un instant de distraction pour les fanatiques qui fut fatal pour bon nombre d’entre eux, ma démonstration n’ayant pas stoppé les attaques de nos forces toujours au sol.

          Au sommet du cochon, plus d’une centaine de guerriers s’étaient équipés d’armes à distance ou tout objet qui pouvait être lancé. Les flèches, les bouteilles et les balles volaient de tous côtés. D’autres avaient levés des boucliers pour intercepter les projectiles ennemis, bien que Borat dû encaisser bon nombre d’entre eux en grognant. Trop concentré sur mon pouvoir, je ne pouvais pas le couvrir sur ce coup là et devais m’en remettre à mes camarades. Eve avait emprunté une des catapultes-slip des tontattas, un entremêlement d’élastiques et de sous-vêtements accrochés à une armature en Y pour offrir une puissance de projection dépassant les meilleures catapultes. Ayant remplie l’arme de ses fameuses graines, elle les relâcha en les dispersant sur une large zone, faisant jaillir des buissons et du lierre grimpant géant de toutes parts qui emprisonnaient les fanatiques, les laissant sans défense face à nos troupes enragées.  

          En un rien de temps, la distance qui nous séparait de la porte du temple fut parcourue et, par quelques brèves zones successives de mes pouvoirs je pus poser Borat tout en douceur contre la porte du temple. Cette dernière, bien qu’impressionnante du haut de ses quinze mètres faisait pâle figure en comparaison avec la majesté des cochons. Une partie des troupes à bord descendirent les cordes pour gagner le sol et reprendre le combat de ce côté-ci. Profitant de la formation linéaire des ennemis et nos positions en tenaille, les assauts se déchaînèrent sur les fanatiques. Attaqués de deux côtés à la fois, ils ne savaient plus où donner de la tête et se désorganisèrent, soutenus par les projectiles qui leur pleuvaient dessus depuis la hauteur stratégique du dos de Borat.

          « Bien, je vous laisse gérer ici, moi je vais aller prêter main-forte au capitaine. » soufflais-je, l’aura violette autour de mes mains disparaissant.
          « Ça marche Ren, on s’en occupe, pars sans crainte. » répondit Eve, concentrée sur sa tâche à envoyer voler ses graines de green pop à travers la place.
          « Je compte sur vous, Jin tu viens avec moi. » dis-je alors au rouquin qui se tenait en retrait, apportant les premiers soins aux soldats blessés en refermant les plaies à l’aide de ses fils de suture, maniés de manière surnaturelle.  
          « Allons libérer le Cuistot de l’Enfer. » renchérit le cornu d’un signe de tête.

          D’un bond, je m’élançais sur les pierres de la pyramide, enchaînant par des sauts successifs pour grimper toujours plus haut jusqu’au trou béant laissé par le passage du guerrier-jaguar. Penché au bord du trou, j’analysais la pièce à l’aide de mon haki de l’observation, ne ressentant aucune présence si ce n’était celle de rats et de serpents. Suivi de près par le rouquin cornu qui s’élevait sur les pierres de la pyramide à l’aide de ses fils et aiguilles qu’il plantait pour se tirer toujours plus haut. Nous nous laissions alors tomber dans la salle non-éclairée, où nous ne pouvions que nous reposer sur nos autres sens pour nous diriger.

          Déployant mon haki perceptif sur des dizaines de mètres, je décelais chaque présence ennemie dans les alentours, le temple grouillant de milles et unes lumières comme une fourmilière. Toutefois, la présence imposante de l’hybride félin était introuvable, était-il mort sous ma dernière attaque ?

          « Tu détectes quelque chose ? » demanda le médecin fou, la main sur le pommeau de son sabre.
          « Un mauvais pressentiment...dépêches-toi et retrouves Hao, je sens que j’en ai pas fin.. »


          SHLAAK !


          Un instinct, au dernier moment, sentant s’approcher une intention meurtrière par l’arrière. Me retournant immédiatement, je parais le coup de griffe qui avait visé ma nuque avec la ferme intention de me trancher la tête. Repoussé sur plusieurs mètres, je vis la bête sortir de l’ombre. Toujours sous forme hybride, l’homme-léop ard était couvert de sang, deux de ses crocs brisés et un œil si tuméfié qu’il paraissait presque borgne. Son grognement saccadé comme une mauvaise toux s’éleva pour résonner dans la pièce sombre. La seule sortie se trouvait derrière lui, bloquant le passage à Jin qui s’était mit en position de combat. Tenant fermement son sabre à deux mains, je pouvais discerner le fin fil d’acier attaché au pommeau, assez discret pour surprendre l’ennemi et l’immobiliser ou le désarmer.

          Et, alors que je m’élançais dans leur direction, la bête passa à l’attaque. Il abattit ses griffes à toute vitesse, s’opposant à la lame du cornu dans un enchaînement qui tintait, accompagné de petites étincelles à chaque coup. Passé sur son flanc dans ma course, je revins sur Elzar avec le poing chargé de haki, visant ses côtes. Son œil félin encore visible se braqua sur moi si rapidement que ça ne pouvait qu’être l’œuvre de son mantra, le mien se déployant par la même occasion pour prévoir son attaque. Ses griffes occupées par la lame de Jin, il leva une de ses pattes postérieures pour frapper le cornu dans le ventre, l’envoyant valser un peu plus loin. Sa queue féline prit appui derrière lui alors que sa seconde patte quittait le sol en le projetant sur quelques mètres dans les airs. Mon poing frappa le vide, sous le félin qui se retournait en une vrille, toutes griffes dehors comme une toupie meurtrière. Avec peu de temps pour réagir, je dû me contenter de parer en recouvrant la moitié de mon corps de haki, levant mes bras au-dessus de moi alors qu’un déluge de coups tranchants me tombait dessus.

          « Meurs misérable humain ! » rugit l’homme-bête, de la bave se mêlant au sang dans sa bouche pour venir couler sur ses babines en une mousse rougeâtre.
          « Dans tes rêves gros chat. »

          Une de mes mains agrippa alors une de ses pattes avant afin de freiner sa rotation et, par la même occasion, réduire la puissance de son attaque. Toutefois, je n’avais pas pris en compte sa taille et on poids imposants qui m’emportèrent dans le mouvement. Mes pieds se décollèrent du sol et je me retrouva à la même hauteur que l’animal. Sous l’impulsion, je lâchais son poignet alors que nous décochions un coup de poing au même moment. Chacun frappés en plein visage, nous fument éjectés chacun d’un côté de la pièce, nos dos enfonçant la pierre avant de retomber lourdement au sol. Jetant un regard à Jin qui se relevait un peu plus loin, je lui fis signe de profiter de mon affrontement pour prendre la poudre d’escampette.

          « Je te rejoins vite, vas délivrer ton pote ! »
          « T’as intérêt à buter ce tas de puces. » m’encouragea-t-il en s’élançant vers la sortie.

          Remis sur mes jambes, je bondis sur quelques mètres après une brève course afin de passer par-dessus le cornu qui avait quasiment atteint la seule issue dans la pièce. Cependant, de l’autre côté, Elzar n’avait pas perdu de temps non plus et était déjà proche. Mon pied rencontra son poing, le repoussant et m’envoyant en pirouettes dans les airs, assez pour atteindre le plafond, me retournant au bon moment pour y prendre appui avant de m’élancer droit vers ma cible. Une aura violette entoura mon poing déjà noir, frappant avant même d’être à portée de l’homme-léopard. D’un bond latéral, le zoan esquiva l’attaque alors qu’une zone de gravité, brève mais incroyablement puissante, s’écrasait au sol en le creusant profondément dans un grondement. Mon autre poing enchaîna en s’infusant de mes pouvoirs de maudit pour réitérer l’attaque, creusant le sol un coup après l’autre alors que le guerrier jaguar s’aidait de son mantra pour éviter mes assauts successifs. Sans cela, l’hybride se serait fait écraser sans aucune pitié.

          J’atterris enfin à terre, évitant un premier coup de griffe d’Elzar déjà sur moi. Un coup sous les côtes le frappa de plein fouet mais ne l’empêcha pas de continuer sa frénésie de griffures. Les bandages autour de mon corps s’étaient déjà déchirés pour la plupart, les plaies se joignant à leurs paires en peinturlurant mon torse d’un profond carmin. Je sentais mes forces s’amenuiser comme les grains d’un sablier qui s’écoulent. Il n’y avait pas de temps à perdre, il fallait en finir avec ce culte et leur chef une bonne fois pour toutes. Deux griffes vinrent m’érafler la joue tandis que j’envoyais un uppercut au guerrier jaguar, évité d’un bond de côté. Elzar semblait s’habituer à mon style de combat, anticipant de mieux en mieux chacune de mes attaques à l’aide de son haki de l’observation. Ses réflexes félins n’arrangeaient rien, lui offrant une agilité qui lui permettait de suivre mon rythme avec aisance malgré ses blessures. Mais je savais pertinemment que, lui comme moi, atteignions nos limites.

          Le souffle court et saccadé, de grosses gouttes de sueur coulant le long de nos tempes, nos corps faiblissaient à mesure que nous échangions les coups. Au détour d’un nouveau coup de griffe, je trébuchais dans mon esquive, mes pieds s’emmêlant au pire moment. Aussi longues que des dagues, trois griffes s’enfoncèrent dans mon épaule en arrachant la chair dans une gerbe de sang. Une douleur aiguë m’assaillit malgré mon état de berserker, troublant ma vision l’espace d’un instant, suffisamment pour que le pied de l’hybride en profite pour me frapper en plein ventre, me soulevant devant lui avant qu’il ne lève ses deux pattes avant unies en une masse qu’il écrasa sur moi. Projeté au sol, il s’affaissa sous mon poids en s’éclatant de fissures sur quelques mètres. Un filet de sang quitta mes lèvres, la douleur empoignant l’intégralité de mon corps alors que l’imposante patte velue d’Elzar ne me saisisse la gorge pour me plonger encore un peu plus dans un sol enfoncé d’un cratère grandissant.

          « Ce fut amusant, mais il est temps pour toi de devenir mon casse-dalle ! » rugit le guerrier jaguar en ouvrant sa gueule baveuse au-dessus de moi, dévoilant des crocs aussi longs que des doigts.

          C’était le moment de réagir, simplement maintenu par la gorge mes mains étaient libres et en imposant une torsion à mon buste je parvins à envoyer mon poing dans la gueule de la bête. Luttant contre la douleur, je serrais les dents tandis que mon poing renforcé brisait les siennes. Visant ses canines protubérantes, je fauchais la paire de sa mâchoire inférieure, mon bras se déchirant de multiples estafilades au passage de ses crocs. Une volée de dents roula au sol à côté de nous tandis qu’Elzar, la gueule en sang, fut légèrement repoussé de côté. Je me relevais pour enchaîner d’une nouvelle droite, puis d’une gauche et ainsi de suite jusqu’à ce que la situation soit inversée et me retrouver au-dessus de la bête au milieu du cratère. Le haki quitta mes mains alors que je me retrouvais debout, levant mon pied droit au-dessus de l’hybride.

          « C’est la fin pour toi, Elzar. Rejoins ton dieu au centre de ce pont. » crachais-je d’une voix se voulant emplie de rage mais affaiblie par les blessures, comme un chuchotement grave.

          Je levais mon pied devant moi, celui-ci se teintant des dernières forces de mon haki et de mon fruit du démon, un noir brillant aux reflets violets. Concentrant mes pouvoirs dans ce coup, j’abattis mon pied sur sa cage thoracique en criant.


          Broken Step
          +
          Head Like a Hole
          __________________

          SiX FEET UNDER



          J’entendis les os craquer sous mon pied, la gravité frappant violemment par la même occasion en faisant gémir la pierre et trembler la pièce. Le sol s’affaissa alors soudainement dans un diamètre de deux mètres, nous emportant dans sa chute alors que nous traversions le plafond à toute vitesse puis une nouvelle pièce sombre et enfin, un nouveau plafond qui se brisa sur notre passage comme si ça avait été du papier. La pièce dans laquelle nous débouchions était bien plus grande et habitée. L’immense salle au centre du temple dans laquelle la bataille faisait rage entre les fanatiques et les Sandstorms. Je ne pus me renseigner davantage sur les forces en présence que nous frappions quelque chose dans notre chute, une sorte de créature écailleuse qui se mêla aux tonnes de roche qui s’écrasèrent sur lui. L’impact avec le sol fut violent et fit gronder le temple, soulevant un épais nuage de poussière qui se dissipa pour me révéler, en haut d’un monticule de pierre, les corps d’Elzar et du lézard étaient complètement ensevelis, apparemment morts sur le coup. Chancelant et respirant bruyamment, je descendis de ma petite butte pour faire face au capitaine.

          « Je suis pas trop en retard pour la fête? ricanais-je en affichant un sourire forcé pour masquer la douleur.

          Le nuage de poussière termina de se disperser pour me dévoiler la scène de bataille dans la grande salle du temple. Les encapuchonnés étaient partout, sortant des couloirs pour se lancer sur les quelques membres de l’équipage qui étaient parvenus à se faufiler jusqu’ici. D’ailleurs, d’un des couloirs, de nouvelles forces vinrent se joindre au chaos. Menés par Jin et son ami Hao fraîchement libéré, ils étaient suivis d’une centaine de prisonniers qui se jetaient sur les fanatiques pour se venger. C’est alors que je sentis le monde vaciller, accompagné d’une odeur âcre et entêtante. Je chancela de côté jusqu’à me stabiliser à l’aide du capitaine en posant une main sur son épaule.

          « Bordel, c’est quoi c’t’odeur ? »

          « Une drogue, probablement tous ces encens. » répondit Aze en désignant une vasque un peu plus loin qui brûlait en échappant de fines volutes de fumée.

          « Et leur chef ? »

          « Il s’est barré par là ce lâche, allons-y ! »

          Reprenant constance, je me relevais en claudiquant, remontant l’escalier aux côtés du capitaine afin de s’échapper de l’odeur entêtante. Ma vision se floutait par intermittences, mon état de faiblesse ayant laissé la drogue s’insinuer rapidement dans mon organisme. Les formes et les objets se déformaient et les couleurs fluctuaient, manquant de peu de me faire chuter de l’escalier, rattrapé par Aze qui me tira par le bras pour gagner le haut des marches. Un long couloir s’ouvrait là, éclairé par quelques rares torches. Quelques encapuchonnés nous arrivaient droit dessus en hurlant, les yeux roulant dans leurs orbites comme des fous. M’appuyant sur le mur pour garder mon équilibre, je m’élançais sur les quelques fanatiques aux côtés du tout nouveau corsaire qui faisait déjà pleuvoir les balles de sable avant de frapper d’une estocade d’un de ses sabres, dégageant son côté du couloir. J’avais bondis pour cueillir mes adversaires d’un coup de genou, retombant en abattant mes mains liées telles des masses avant de glisser et de tomber un genou au sol. Au-dessus de moi, trois fanatiques levaient leurs sabres afin de me trancher en rondelles, mais le capitaine intervint pour les faucher d’une lame d’air.

          « C’est pas passé loin, ce parfum m’embrouille l’esprit. » grommelais-je en me relevant dans le couloir.

          Nous étions assez loin de la salle principale pour ne plus être affecté par la drogue volatile, et pourtant ses effets persistaient. C’est alors que j’aperçus, flottant dans le couloir, une fumerolle qui continuait à perte de vue.

          « Leur chef, il avait un encensoir dégageant ce parfum désagréable ? Si c’est bien le cas, il nous offre la piste parfaite. » ricanais-je en jetant un regard à Aze.

          La drogue serait probablement problématique, mais dans cet édifice labyrinthique, c’était le meilleur moyen de rattraper le chef de ce culte de cannibales.





          © Fiche par Ethylen sur Libre Graph'


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          L'entrée de cet homme dans la pièce est de suite suivie d'exclamation devant ce spectacle. Jettant un tontatta, il règle ce problème à sa manière. Tout le monde semble l'écouter et lui donner crédit. C'est donc lui Ren. Celui-ci complimente même Eustache. Étant dans le navire du Capitaine Azeglio, la blonde n'a pas eu l'occasion de le rencontrer. Le propriétaire du Borat semble avoir une stratégie bien définie. Il en informe Abigaël sans lui laisser le temps de s'exprimer. Pour couronner le tout, on lui demande encore des efforts surhumains. Ramenez Rascus et compagnie sur le Borat en mouvement. Il entend sûrement par qualité de ramener simplement des personnes comme Rascus.

          Ren s'éclipse ensuite du bar. Prenant une gorgée de son verre, le sourire de la jeune femme revient. Vu l'ampleur du challenge, il y a de quoi l'amuser. Son temps est compté. Les combats ne sont pas finis, de nouvelles explosions retentissent à l'extérieur. En riant, elle se galvanise à nouveau. S'adressant au barman et aux deux nains qui l'on rejoint.

          "Haha! Je vous remercie pour ce petit remontant. Je laisse le sac de bouteilles ici. Je ramène Rascus.
          -Bonne chance, mademoiselle.
          - Au fait, on me nomme Abigaël, couturière pirate, mais je préfère coudre que naviguer.
          -On en rencontre pas souvent des couturières comme vous.
          -Je sais ! Hihi!
          -Nobert, et ma femme Mirabelle, on s'occupe de la coordination de nos hommes sur le terrain. On vous prêtera assistance si besoin, mam'zelle.
          -Merci!"


          Sur ses paroles, la blonde commence à se diriger vers la fenêtre. Eustache est à ses pieds, lui barrant la route. Appuyé sur le comptoir, il lance un regard de braise à sa jambe droite, le pagne du sauvage à la main.

          "Alors Majo, impressionnée? Ouais, ce n'est pas mon premier trophée de bataille. Des gars comme ça, j'en mange au petit dej'.
          -Même pompette, vous n'avez aucune ch…
          -Chuteuh! Tu vois pas que je suis sur un coup là. Ouais, tu veux savoir mon plus gros coup. Je veux pas me la péter mais quel histoire. C'était le jour où l'on a rencontré Mazino pour la première fois. Si, si je te jure…"

          Quelque chose lui dit que des rencontres aussi étranges seront son quotidien chez les pirates. Qui est elle pour juger, après tout. Cependant, la jeune femme ne se gêne pas pour le faire. N'ayant pas de temps à lui consacrer, elle livre un coup de pied sans prévenir. Le nain dragueur vole à travers la pièce. L'agent file par la fenêtre brisé en demandant aux nains de lui dégager le passage. Le couple tontatta semble être habitué.

          "Pauvre Eustache.
          -Cela finit toujours comme ça.
          -Allez, on ne se laisse pas aller, y a du nettoyage et des slips à récupérer! "

          La blonde saute sur le dos du Borat. Les explosions ont cessé, mais les adorateurs du Serpent à plume se font rares sur l'animal géant. L'assaut a perdu en énergie. Les ordres du chef tontattas sont encore appliqués pour maintenir une défense inflexible dans le chaos et la présence de Ren rend l'équipage plus hargneux et énergique. Abigaël repère le toit sur lequel Rascus s'était posté. Il est déjà en proie à des attaques. Luttant pour tenir la position, l'ange déchu et les autres imitent la stratégie naine en lâchant des débris sur les inconscients qui tentent l'escalade. De son grappin, la blonde atterrit sur le toit en quelques acrobaties. L'ingénieur s'exclame.

          "C'est pas trop tôt ! Le mousse n'est pas revenu, on l'attendra pas. Oú sont les bouteilles?!
          -Ren est venue me dire de ramener les personnes compétentes sur le Borat rapidement.
          -Le Cochon se déplace les gars! On a réussi à le dégager!"

          L'ange déchu paraît hésitant au premier abord. La blonde attend une décision rapide. Rien de pire qu'une baston générale. L'agent Tarentule n'est clairement pas dans sa zone de confort. Regardant vers le bas, elle constate qu'une grande partie de la horde de fanatiques à complètement délaissé le Borat pour escalader le bâtiment. Ce spectacle fait froid dans le dos. Jettant des débris, ces camarades semblent désespérés par le nombre. On ne peut pas retirer la force de leur foi à ces énergumènes. Fils de Fer crie soudainement.

          "Regardez les gars! Quel con!
          -Qu'est ce qu'il se passe?!
          -C'est le mousse! Il est en bas avec un vieux balai, en train de taper ces danseuses reptiliennes. Quel suicidaire!
          -Raaah! Il manquait plus que ça.
          -Hihi! Du calme, je vais le chercher. Il m'arrive de jouer les nounous, parfois.
          -Je descends aussi, les gars. Je vous confie mon matériel, prenez en soin ou je vous fais exploser et profitez-en pour dégager. Cela ne sert à rien de perdre des vies inutilement."

          Un clin d'œil et l'agent Tarentule saute du toit. L'ingénieur saute à son tour, laissant Fils de fer et les autres rassembler ses affaires. A ce moment, elle se demande si elle n'en fait pas trop pour aider les pirates dans cette bataille futile. L'agent a déjà une côte fêlée et, à force de bouger, elle s'essouffle. À l'aide de son grappin, Abigaël contrôle sa chute. Ses pieds atterrissent sur la tête d'un ennemi qui tentait de s'accrocher. L'homme tombe à la renverse, le visage rouge, en saignant du nez. Suspendu, la blonde repère sa cible. Le mousse est parmi la foule tentant de gêner les assaillants. Il y a tellement de désordre, de bousculades et de hurlements que la plupart ne se sont pas rendu compte de sa présence. Néanmoins, les quelques-uns, qui s'y attardent, commencent à le malmener sévèrement. Le plus mince d'entre eux s'apprête à abattre sa machette sur l'adolescent. Tarentule prend une grande inspiration et s'élance vers le jeune pirate. Son genou décolle la mâchoire de l'agresseur. Celui-ci s'écrase au sol. Elle se met ensuite devant le mousse. Utilisant son Rope Action, elle agite des fils dans tous les sens pour les impressionner.

          "Abi! Qu'est que tu fais là ?
          -Je fais la garderie. Cela ne se voit pas. Hihihi!
          -Pff ! Je vous fait gagner du temps.
          -Tu allais mourir de la manière la plus inutile qui soit. Un petit merci ne ferait pas de mal. Les fantômes de tes parents ne t'ont-ils jamais appris la politesse?
          -C'est pas drôle.
          -Parle pour toi. Ah ah!"

          Son rire sera de courte durée car l'un des assaillants essaie de frapper la tisseuse. Ses fils arrêtent de gigoter pour stopper le bras du fanatique. Frappant férocement de son pied l'entrejambe du malchanceux, celui-ci s'immobilise au sol, hurlant de douleur. Le stress oblige la jeune femme à la brutalité et la frénésie qui lui puise beaucoup d'énergie. Les témoins de ce spectacle effectuent un mouvement de recul mais ne laisse aucune ouverture. C'est sans compter Rascus qui engendre une profusion de feu et de soufre là où il a atterri. Abigaël en profite de cette diversion pour prendre le gamin sous son bras.

          "Finis les bêtises, mon chou.
          -Tu es folle! Lâche moi!"

          Son grappin s'accroche au toit. Elle file le plus rapidement possible pour s'extirper de la foule. Sur sa dernière acrobatie pour se réceptionner sur la toiture, la fatigue se ressent. Abigaël se rétame finissant parterre, le mousse non loin. Elle se met sur le dos essoufflée. Ses efforts sont intenses, et le sale coup qu'elle avait pris se fait ressentir. Fil de fer s'approche admiratif.

          "Tu es couturière ou un putain de héros !?
          -Ce n'est pas le moment, mec! On a tout rassemblé, on amène le mousse et on dégage.
          -J'arrive!"


          La petite équipe d'artilleurs se retire. La blonde se sent si engourdie qu'elle peine à se redresser. D'une voix faiblarde, elle s'adresse à eux avec le sourire. Elle aurait aimé pouvoir fuir avec eux.

          "Amusez-vous bien. Ah ah…"

          Le Borat commence à prendre de la distance. Rascus est encore encerclé des assaillants qui ont délaissé le cochon géant. L'ange déchu s'exclame en posant ses mais sur un des murs porteurs.

          "Il est temps d'ouvrir les portes de l'enfer!"

          Une détonation ébranlent le pied du bâtiment. L'attaque de Rascus achève les dernières résistances des fondations. L'immeuble s'effondre sur lui-même. Un véritable éboulement tombe sur les fanatiques déjà en proie aux flammes. Abigaël accompagne la toiture dans son affaissement. Un nuage de poussière s'élève. Un silence retentit après les fracas. Couverte de blues, l'agent Tarentule se dégage des débris et des flammes.  Elle constate que sa robe est déchiquetée et ses cheveux tout ébouriffés. Dans le chaos, il est difficile de tout prévoir. Elle s'agenouille d'épuisement au milieu de la rue autrefois inondée de fanatiques. Maintenant, la plupart sont hors d'état de nuire, d'autres sont en fuite. Une ombre vient brusquement assombrir sa vision.

          "Sale pirate, pour mes frères tombés au combat, je te sacrifie!"

          Cette femme en haillon, et au regard sombre, est parsemée de cicatrices et égratignés de tous les côtés. Elle dresse sa machette en l'air. L'agent Tarentule est à court de fil…

          "TAYO!"

          Des nains passent à l'assaut. Sautant sur la fanatique, il lui morde le poignet pour qu'elle lâche son arme. L'un d'eux lui abaisse son slip, puis la bouscule. Perdant l'équilibre, elle chavire et finit au sol. Et un tontatta vient donner le coup final en jetant une pierre sur son crâne. Il se dresse fièrement sur l'ennemi inconscient.

          "Alors Majo, comment tu m'as trouvé ?"

          Eustache prend la pose en fixant le genou droit de la jeune femme. Celle-ci l'ignore. Nobert tend une main à la blonde qu'ils viennent de sauver.

          "Content de vous trouver, Mam'zelle Abigaël. On ne vous voyais pas revenir. Le Borat est sécurisé. J'ai dépêché un groupe pour vous assistez.
          -Hihi… vous tombez à pique. Rascus vient de faire démolir cette bâtisse. Il est sûrement sous les décombres… mais je doute que son état lui permette de continuer…
          -Mon état ?! J'ai vécu bien pire…"

          L'ingénieur apparaît en soulevant le pan de mur qui lui est tombé dessus. Son corps est couvert de brûlures intenses et d'hématomes. Du sang coule sur son visage. Il boite jusqu'à la blonde et le nain, et Abigaël essaie de se relever pour faire bonne figure face à la résilience impressionnante de ce pirate.

          "Kof… C'est quoi la suite Nobert?
          -le Temple, nous allons assister nos camarades mais il faut rejoindre le Borat d'abord. Nous avons amenez une cataslip. Vous allez pouvoir réussir de votre côté?
          -Hé hé… aller Abi, la pause est fini.
          -Hi hi, je dormirai bien cette nuit avec autant d'animation."

          Bras dessus, bras dessous, la blonde active son grappin pour se balancer de bâtisses et en bâtisses. Les nains, quant à eux, utilisent leur catapulte pour se propulser tous ensemble sur le Borat. D'autres nains font des échelles huma… de tontattas pour les rattraper au vol. La couturière et le mécanicien atterrissent sur le dos du Cochon non sans mal. Les deux sont assez mal en point. L'ange ne perd pas de temps pour autant.

          "Je vais préparer les explosifs avec l'énergie qu'ils me restent. Prépare toi à les distribuer à nos gars.
          -Je fais donc de la logistique, parfait. Cela sera moins éprouvant que le transport. Hihi!
          -C'est pas comme si tu était en état de faire autre chose, non plus."

          De quoi ne pas trop solliciter ses muscles tremblants. Malgré cette remarque railleuse, Rascus est dans le même cas, peut-être même pire. Elle suit donc l'ingénieur et l'assister dans sa production avec Liqor Jack qui approvisionne le duo. L'équipage dispose ainsi de bouteilles explosifs et hautement inflammables à balancer sur les fanatiques une fois arrivé sur la place. Soudainement, le Borat lévite et, marquant de faire une mauvaise manipulation, Rascus, erinté, se plaint.

          "Putain! Il aurait pu prévenir.
          -Le patron avait dit que cela aller secouer, avant ton arrivée.
          -On ne devient pas pirates pour les conditions de travail. Mais, cela fait beaucoup pour nous, tout de même. Hihi!
          -Ouais, et j'essais de pas bruler le bar, moi, les gars."


          Ren appelle ensuite aux bombardements de l'entrée de cette position aérienne. Espérons qu'il n'y est pas trop de tir ami. En tout cas, beaucoup de membres de l'équipage demandent dans munitions connaissant l'efficacité des bouteilles de l'Ange Déchu. Le duo est stressé dans une production effrénée malgré la douleur et l'épuisement. Sur ses dernières préparations, l'ingénieur semble au bord de l'évanouissement et Tarentule est de plus en plus lente dans ses mouvements.
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          Le Gaijin s’était échappé et Ned avait retrouvé son corps et son esprit. Il haletait bruyamment, les yeux rivés vers son ennemie qui s’entortillait en faisant siffler sa langue. Son corps était faible et son esprit était épuisé ; sans l’arrivée de Jayce pour combattre à ses côtés, il n’aurait pas fait long feu face à elle. L’homme-poisson se tenait près de lui, trident en main. Malgré la différence de puissance qui les séparait, il avait tout fait pour contenir la femme-serpent.

          Il leur fallait oeuvrer main dans la main comme les frères d’armes qu’ils étaient pour sortir victorieux de cet affrontement. Elle paraissait inépuisable, mais la plaie qui rongeait son ventre trahissait la fatigue qui la gagnait et la mort qui se rapprochait.

          Un cri strident s’échappa de sa gueule et elle fusa comme un tourbillon sur les deux amis. Ils s’adressèrent un bref regard et se comprirent sans dire mot. Un bond respectif et ils s’envolèrent de chaque côté, avant de retomber armes pointées sur la guerrière. Le trident de Jayce se heurta à la peau rugueuse et écaillée sans parvenir à la pénétrer. Les lames de Ned touchèrent et traversèrent, mais pas suffisamment pour en finir. Elle s’enroula sur elle-même avant de se déployer brutalement, provoquant une onde de choc qui souffla les deux compagnons. Ni une ni deux, ils retrouvèrent leur équilibre et leur garde, prêts à riposter. Ils échangèrent un bref regard ; Jayce creva la distance qui les séparait et bondit vers son ami. Ned le réceptionna en croisant ses lames et les décroisa férocement après que Jayce prit appui sur elles. L’homme-poisson s’envola comme une torpille, le corps raidit, trident pointé en avant comme une extension de lui-même.

          L’attaque était fulgurante mais prévisible ; le serpent glissa et se tordit comme une feuille de papier pour esquiver l’assaut, mais au dernier moment, Jayce tourbillonna en se recroquevillant soudainement et la torpille se changea en hachoir meurtrier. Le trident trouva la peau écailleuse et la lacéra jusqu’à la chair. Le serpent siffla et poussa un cri qui fit trembler les tympans de tous. La colère lui fit déployer un violent coup de tête qui heurta de plein fouet l’homme-poisson. Ned profita d’un instant de distraction pour se faufiler dans le dos de l’ennemie et asséna un violent coup de lame sur sa nuque. L’acier heurta l’écaille sans parvenir à passer au travers. Elle grimaça et attrapa le pirate d’une main ferme avant de l’envoyer rejoindre son ami contre un mur.

          « Sale lâche ! » hurla-t-elle en retrouvant sa forme hybride.

          Les deux hommes se remirent d’aplomb et s’élancèrent tous deux vers leur adversaire.

          « Finissons-en. »

          Ils s’affrontèrent tous les trois de longues secondes, faisant résonner l’acier à travers la grande salle. Leurs forces diminuées ne les empêchèrent pas de lutter avec hargne, et finalement la supériorité numérique joua en faveur des deux pirates. Affaiblie, la femme-serpent recula en levant son bouclier pour se protéger des assauts répétés, jusqu’à rapidement se faire acculer contre un mur. Le trident de Jayce pénétra sa cuisse et les lames de Ned trouvèrent sa poitrine. Elle tomba à genoux, lames plantées dans l’abdomen. Ses dernières forces la quittèrent peu à peu, elle retrouva forme humaine malgré elle, comme si ses pouvoirs avaient soudainement pris la fuite. Sa respiration était lente, saccadée et forcée ; elle baissa la tête et constata avec effroi la blessure mortelle qui lui rongeait l’abdomen.

          Ned s’approcha lentement et planta son regard dans le sien.

          « Vorgg. Où est-il ?
          Vorgg ?! Reprit-elle avec surprise et peur.
          —  Où est-il ?!
          J’en sais rien bon sang !
          Parle ! Fustigea-t-il en lui tailladant la joue.
          Je sais pas ce que tu veux à ce type mais je te dirai rien. La mort m’attend dans tous les cas. »

          Ned n’hésita pas une seule seconde et retira violemment ses lames du corps de la zoan. Elle ouvrit la bouche pour crier mais elle en fut incapable. Un geyser de sang s’échappa de sa poitrine et son visage devint aussi blanc que le coton.

          « Dernière chance. Dis-moi où se lâche se terre. Tu mettras quelques minutes avant de te vider entièrement de ton sang, si tu tâches de me répondre, je ferai en sorte d’abréger tes souffrances. »

          Elle regarda sa plaie le visage tremblant et couvert de sueur ; sa fin était proche et inexorable et il ne lui restait plus qu’un choix à faire. Souffrir ou partir ici et maintenant. Elle n’avait que faire de Vorgg, son sort était de toute façon scellé, tout ce qu’elle souhaitait, c’était de se débarrasser de cette douleur insupportable.

          « Il siège au Sud, auprès de son groupe… On les appelle les Chanteclerc… Aux dernières nouvelles ils faisaient affaire avec Sabatini, le chef des Constructeurs du Sud. »

          Elle avait perdu et son honneur lui avait intimé de dire la vérité aux portes de la mort.

          « Je t’en remercie. »

          Il rangea une lame et garda Ame no Habakiri dans une main. Son sabre se leva et s’abattit sur le cou de la jeune femme. Une frappe franche et brève, qui trancha le fil de la vie en un instant.

          Ned essuya son meitou avec sa manche et le fit regagner son fourreau. Il se tourna vers Jayce en affichant un regard éprouvé.

          « Il faut qu’on rejoigne Azerios, il y a encore à faire… Kof…! Kof ! »

          L’archéologue perdit soudainement l’équilibre et fut pris de vertiges incontrôlés, il manqua de chuter mais Jayce le rattrapa de justesse, tout aussi surpris que lui.

          « Ned ! Qu’est-ce qui t’arrives ?! Merde… C’est cet air… Couvre ton visage, dépêche-toi ! Ne respire pas ce poison ! »

          Le jeune homme s’exécuta péniblement en se couvrant de son écharpe, mais l’air vicié le rongeait déjà de l’intérieur et ses blessures étaient telles qu’elles l’empêchaient de se tenir debout. Jayce le soutint par les épaules et l’aida à avancer sur plusieurs mètres.

          « Braum, Lenny ! Ned a besoin d’aide ! »

          Le rhinocéros et la voleuse rappliquèrent aussitôt en renversant sur leur passages quelques sectaires.

          « Kof ! Kof ! Y a un truc pas net dans l’air non ?! Grogna péniblement Lenny.
          Ouais, ça me chatouille le museau, reprit Braum en faisant vibrer ses immenses narines.
          Il y a du poison dans cette salle, Ned en a trop respiré et ses blessures l’ont affaibli, il faut qu’on le sorte d’ici.
          Le Corsaire est parti par là avec le type à la casquette qui a déboulé. On fait quoi, on les suit ?
          Non, on quitte cet endroit au plus vite, Ned a eu ce qu’il voulait, ce n’est pas notre guerre.
          Non… J-je peux encore me battre…
          Dis pas de conneries, t’es pas en état.
          Ecoutez…i-il faut que vous prêtiez main-forte à Aze et qu’on en finisse avec ces fanatiques.
          Pourquoi tu tiens tant à l’aider ce Corsaire ? » S’enquit Lenny.

          Jayce se tourna vers son ami de toujours et l’observa longuement avant de soupirer.

          « Parce qu’il aurait fait la même chose pour lui… n’est-ce pas ?
          Hm. »

          Cette maigre réponse fut suffisante pour qu’un nouveau plan soit établi. Braum retrouva sa forme humaine et fit grimper Ned sur son dos. Les trois compagnons avalèrent l’escalier qui donnait vers l’extérieur et empruntèrent couloirs et dédales pour rejoindre le Corsaire et son mystérieux compagnon, laissant ainsi la salle sombre en proie au chaos.
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          Vision troublée, le sablonneux continuait de grimper l’interminable escalier à la poursuite du chef de culte en compagnie de Ren. S’il faisait mine de rien, la substance psychotrope flottant dans l’air commençait lentement mais sûrement à avoir raison de lui, il n’eut d’ailleurs pas le réflexe d’esquiver l’attaque soudaine qui le frappa. Une longue lame qui parvint à entailler son flanc, plusieurs fanatiques surgirent de part et d’autre d’une arche que le duo des Sandstorm S’apprêtait à franchir. Grimaçant de douleur, le capitaine corsaire manqua de chuter dans l’escalier mais fut rattrapé in extremis par son second qui passa alors aussitôt à l’offensive. D’un geste rapide il colla une beigne d’anthologie au cultiste le plus proche et sa mâchoire vola. Azerios bloqua alors l’attaque du suivant, assurant les arrières de Ren. Saisissant son bras il le ramena vers lui pour lui asséner un puissant coup de genou. Mais au moment où il fit volte-face pour passer à l’adversaire suivant une nouvelle lame lui passa au travers de la cuisse.


          Putain de me.. commença-t-il avant de prendre un mauvais coup dans la mâchoire.


          Les fanatiques semblaient animés par une volonté inébranlable. Alors que Ren était aux prises avec ses propres adversaires, son capitaine se retrouvait prit en tenaille entre deux encapuchonnés qui se jetèrent sur lui. Incapable d’utiliser ses pouvoirs de maudit dans son état, il se dégagea malgré tout sans trop de difficulté en éjectant le premier dans les escaliers avec force avant de frapper le second en plein thorax, le privant d’oxygène. Mais à l’instant même où il se dirigea vers l’albinos pour lui prêter main forte, un autre encapuchonné le chargea et le projeta contre le mur. Le fanatique tenta de le poignarder mais Azerios réussit à stopper l’attaque imminente avant d’encaisser un coup de tête. Pestant bruyamment il plaqua ses mains sur les joues de son assaillant afin d’user de son pouvoir déshydratant. Le cultiste poussa un hurlement de terreur avant de s’écrouler, inconscient. Se relevant, le corsaire se retrouva face à deux autres adversaires, armés de poignard, et manifestement agacé, son bras s’allongea et une masse sablonneuse s’enroula autour du visage du plus proche. Exerçant une forte pression, le crâne du pauvre homme explosa littéralement et une gerbe de sang éclaboussa son acolyte. Une expression de terreur se dessina alors sur le visage de ce dernier qui ne sût comment réagir.


          Finit de jouer.. bande d’enfoirés… souffla le sablonneux avec un regard démoniaque.


          La plupart des fanatiques tentèrent de fuir, réalisant avec effroi qu’ils ne pourraient probablement pas venir à bout de ces deux monstres. Mais ils furent bien vite abattus, Azerios leur tirant une salve de balles de sable durcit dans le dos sans la moindre pitié. Il fit alors quelques pas en boitant, en direction de son second qui finissait de mettre une raclée à l’encapuchonné restant.


          Bordel je suis dans les choux... Finissons-en, et vite.


          Les deux hommes continuèrent de grimper jusqu’à arriver dans une une grande salle bordée de majestueuses statues reptiliennes. Au bout de la pièce, tenant fermement son encensoir, le chef du culte siégeait sur un trône de pierre, un large sourire dessiné sur le visage. Quelques encapuchonnés surgirent alors tout autour des deux pirates, s’avançant de manière hésitante. Ren, sourire aux lèvres, fit craquer ses phalanges en prévision du combat qui allait avoir lieu. Le sablonneux, lui, ne se sentait plus vraiment d’attaque. La toxine qu’il inhalait depuis son entrée dans le temple avait de puissants effets. Sa vision continuait de se troubler et ses blessures lui faisaient un mal de chien. Il ne pourrait probablement pas se battre plus longtemps, mais il refusait de laisser Ren seul. Laissant échapper une puissante vague de fluide royal, il neutralisa les cultistes les plus proches, mais leur nombre continua de grandir.


          Pire que des cafards… soupira le sablonneux en dégainant ses lames d’estoc.


          Ned et ses hommes firent alors irruption à la suite du duo de pirates, rééquilibrant la balance. Mais Azerios réalisa bien vite que son compagnon d’Hinu Town avait atteint sa limite. Sur les épaules de l’un de ses compagnons, il tenta de bouger, mais manifestement trop faible pour ça, il afficha un sourire amer. Et même si ses compagnons semblaient disposés à poursuivre le combat, il fallait de toute évidence couper court. Le corsaire s’approcha alors de Jayce en boitant.


          Vous avez trouvé ce qu’il cherchait ?


          L’homme poisson approuva d’un signe de tête, l’air sérieux et Azerios hocha la sienne. Se tournant vers le chef du culte, ses deux lames d’estoc Oto et Kogarashi en main, il leva l’une d’elles pour la pointer en direction de leur cible.


          Les gars.. il est grand temps d’en finir et de débarrasser Karantane de ces connards. Pas de quartier !


          Puisant dans ses dernières forces, le jeune capitaine des Sandstorm Pirates s’élança tant bien que mal en direction du trône et se heurta bien vite à une farouche résistance des fanatiques qui firent barrage. Par chance, il pu compter sur l’appui de Ren et des compagnons de Ned qui s’empressèrent de rejoindre la mêlée.


            Plumer le Serpent


            Présent
            ✘ Feat. Aze, Ned & Abi




            Les coups pleuvaient de toutes part, les lames des cultistes s’abattant maladroitement dans notre direction au milieu de cette marée humaine. Pires que des cafards comme l’avait dit le capitaine, ils sortaient de tous côtés pour nous assaillir et s’ajouter au chaos ambiant. L’afflux continu de guerriers n’arrangeait rien à notre état de fatigue, mais nous nous frayions un chemin malgré tout pour avancer vers le trône sur lequel le chef Ketzakoati se tenait en observant la scène. L’encensoir pendait au bout de son bras, penchant d’un côté puis de l’autre en répandant sa fumée nauséabonde.

            « Mourrez pauvres mortels impudents ! Oser se confronter à notre seigneur des écailles, c’est convoiter la mort ! » s’exclama-t-il fièrement avant d’éclater de rire, pointant un doigt dans notre direction. « Mes frères et sœurs...exaucez leur vœu ! Tuez-les ! Tuez-les tous ! »

            Galvanisés par les mots de leur maître, les cultistes revinrent de plus belle, ceux agonisants à nos pieds s’y enroulant de leurs dernières forces comme des serpents. J’écrasais mes poings sur chaque adversaire qui passait à ma portée, sentant mes forces diminuer à chaque coup et, d’un coup d’œil au sablonneux et à Ned et ses camarades, je pouvais voir que je n’étais pas le seul. Sous les assauts incessants des cultistes, notre progression ralentissait sous le rire gras de Ketzakoati qui emplissait toute la salle. La fumée qui s’échappait de son encensoir devenait de plus en plus épaisse autour de nous, rendant fous les fanatiques tandis qu’il nous affaiblissait. Était-ce là notre fin ? Les Sandstorms disparaîtraient-ils dans la gueule du serpent ? Face à de tels incapables, c’était inconcevable.

            « Dégagez saloperies de cafards ! » maugréais-je en repoussant un groupe d’ennemis qui s’écrasèrent plus loin.

            Mais rien n’y faisait, plus nous en tuions et plus il en venait, les cadavres s’empilant dans la salle du trône de la secte. Aux côtés d’Aze et Ned, nous bataillions pour arriver jusqu’au milieu de la pièce au prix de nombreuses blessures, certes superficielles pour la plupart, mais qui s’accumulaient à un rythme alarmant. Même le sablonneux, réputé pour son logia et ses propriétés intangibles ne pouvait éviter toutes les attaques, perturbé par la drogue qui flottait dans l’air et la fatigue de la bataille.

            « Si on continue comme ça, on arrivera pas jusqu’à ce bâtard et son encensoir. » grommelais-je à mes camarades en brisant un sabre à mains nues, me valant de nouvelles blessures sanglantes, repoussant celui qui la tenait d’un coup de coude en plein visage. « J’ai une idée pour nous en débarrasser, mais va falloir s’accrocher. » dis-je alors en captant leurs regards, les commissures de mes lèvres s’entrouvrant en un sourire malsain, l’air de dire ‘vous n’allez pas aimer’.

            Mes forces à leur minimum, je n’étais même pas sûr d’y parvenir, ou seulement pour un bref instant, mais il fallait essayer. Une lueur violette se mit alors à crépiter autour de ma main gauche, donnant à mes compagnons un indice sur la teneur de mon plan.

            « Faites passer le mot à nos hommes : trouvez quelque chose à quoi vous accrocher si vous voulez pas finir au plafond. » ricanais-je, laissant Aze et Ned passer devant moi. « Couvrez-moi un instant les gars et préparez vous à frapper au bon moment. »

            Les crépitements violets s’intensifièrent tandis que je tentais de faire appel aux pouvoirs de mon fruit du démon. Nécessitant une pleine concentration, j’avais désactivé toute forme de haki, me laissant désarmé face aux attaques ennemies. Un fanatique en profita pour s’approcher de moi dans le dos du capitaine. Mais, rompu à l’exercice du combat, le sablonneux le repéra bien vite et sa lame fila pour séparer la tête du corps de l’agresseur, s’écrasant à mes pieds. Finalement, les crépitements se muèrent en une aura qui recouvrit toute ma main, la lueur s’intensifiant dans la semi-obscurité de la pièce.


            Rise



            Je levais alors ma main devant moi, voyant que le mot était passé parmi nos troupes lorsqu’ils plantèrent leurs sabres dans le sol ou s’accrochaient aux statues géantes qui trônaient dans la salle. Faisant appel au maximum des capacités actuelles de mes pouvoirs maudits, j’inversais la gravité dans une zone d’une quarantaine de mètres de diamètre, sentant l’effort me vriller le cerveau alors qu’une goutte de sang coulait de mon nez. La zone occupant la moitié de la taille de la pièce, là où s’était concentré le plus gros des troupes, tout objet et personne se mit à flotter dans les airs. Forçant sur mon pouvoir et sur la gravité, la vitesse à laquelle montaient les corps accéléra. Agrippés à leurs armes, les pirates luttaient pour ne pas s’envoler tandis que j’étais le seul à me retrouver debout, non-affecté par la gravité. Toutefois, bien que l’occasion était parfaite pour frapper, le terrain à présent dégagé des forces encombrantes des cultistes jusqu’au trône où Ketzakoati écarquillait les yeux devant un tel spectacle, je ne pouvais pas bouger. Drainé de toutes forces alors que je maintenais les fanatiques hurlants au plafond, je me tournais vers mes deux acolytes à mes côtés qui se tenaient à leurs sabres plantés au sol pour ne pas s’envoler.

            « Maintenant les gars !! » m’exclamais-je alors que je relâchais mes pouvoirs, laissant tomber les cultistes de toute la hauteur du plafond de l’édifice, à une telle distance les deux pirates n’auraient que quelques secondes pour agir.

            Et, ayant parfaitement compris mon plan, ils retirèrent leurs armes du sol d’un même geste avant de s’élancer en direction du chef du culte sur son trône. Dans leur course, ils frappèrent l’air pour créer plusieurs lames qui filèrent à toute vitesse. Mais, Ketzakoati, loin d’avoir dit son dernier mot, abattit son poing sur l’accoudoir de son trône où un interrupteur s’enfonça, suivi de bruits de roulements sous nos pieds. Aussitôt, les statues jusque-là inertes levèrent en chœur leurs armes imposantes pour les abattre devant elles dans toute la salle d’un geste mécanique mais puissant. Les deux sabreurs lancés vers le chef ennemi évitèrent les premières lames de pierre avant de briser les suivantes, bien décidés à mettre fin à cette bataille en tranchant la tête de la bête. Toutefois, je devais d’abord m’occuper de moi car un énorme marteau de roche menaçait de me réduire en bouillie sanglante. Je roulais en avant sur quelques mètres pour esquiver l’attaque de l’automate qui se figea une fois son arme enfoncée dans le sol. Tout autour, les corps des fanatiques s’écrasaient dans des cris continus, tandis qu’au bout de la pièce, Ketzakoati voyait approcher les deux pirates. Impuissant sans ses adeptes, il ne put que placer ses mains devant lui alors que les deux lames approchaient. Dans une frappe en croix si vive qu’elle siffla un instant, le combat était terminé. Alors que les survivants cultistes se relevaient de leur chute au milieu des cadavres de leurs camarades, le silence était retombé, tous les regards braqués vers le trône où Aze se retournait, tenant la tête de leur chef par les cheveux et l’exhibant à leur regard.

            « Votre chef et votre dieu sont morts, cette bataille est terminée ! » s’exclama-t-il, sa voix se réverbérant dans la grande salle et en échos dans les couloirs adjacents.

            Devant une telle situation, les survivants ennemis tombèrent à genoux en lâchant leurs armes, affichant un air décontenancé, comme si tout leur monde avait disparut. Leur lavage de cerveau et leur foi devait être grande pour les briser si facilement. Mais, c’était pour le mieux, le combat n’ayant pas pu continuer beaucoup plus longtemps. À bout de forces, je m’écroulais contre une statue.

            « Enfin terminé. » soufflais-je, à deux doigts de perdre connaissance après avoir perdu autant de sang.

            Arrachant des bandes de tissus à mon short, je les bandais maladroitement autour de mes plaies les plus importantes, restant là pour souffler un coup après tant d’action. J’espérais seulement que les forces ennemies à l’extérieur du temple ne viendraient pas perturber cette paix finalement obtenue.  





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            Le Cochon vert géant est posé à l'entrée du temple. Position stratégique surtout vers la fin des combats où les pirates ont pris l'ascendant et les fanatiques se referment dans des positions defensiveS.

            La batisse au dessus du Borat est rapidement devenu un lieu pour rassembler les differents blessés – ou ceux qui ont eu moins de chance – dans les troupes. Principalement des tontattas mais quelques autres membres repêchés par Nobert et son escadron. La pièce est remplie de râles et de respirations souffreteuses. Mirabelle en est débordée. Un toussotement, le souffle lourd, Rascus affalé au comptoir tente tant bien que mal de préparer une autre bouteille explosive. Le barman constate son acharnement avec inquiétude.

            "Tu penses pas en avoir assez fait?
            -Une dernière… juste une…"


            Les bras tremblants, l'ange déchu s'écroule de son tabouret de comptoir avant d'avoir pu terminer sa préparation. Jack se précipite pour l'appuyer son dos sur le bar. Un regard amical à son égard, le barman le complimente.

            "Tu forces l'admiration, repose toi."

            Abigaël, botteuse, débarque au même moment, riant de lassitude, pendant que le barman ramasse quelques bouteilles par terre.

            "Haha… affalé comme ça, on dirait le dernier des alcooliques. Hihi !
            -Tu as encore la force de plaisanter.
            -Tant que je respire. Haha…"


            La blonde à la robe en lambeau s'installe sur une chaise en se tenant le flanc. Elle estime en avoir assez fait, tout guerrier ne peut se battre indéfiniment. Tête baissée, une tontatta apparaît dans son champ de vision. Mirabelle lui tend une culotte.

            "Par courtoisie, nous tenions à vous rendre ce qu'Eustache vous a pris."

            Abigaël reste sans voix en prenant son propre sous-vêtement dans les mains. Comment ne s'en est-elle pas rendu compte? Un sentiment fort lui octroie l'énergie de se relever. Elle se redresse avec un sourire forcé. Sa voix cache un bouillonnement interne.

            "Oh! Comme c'est aimable de votre part! J'aimerais remercier personnellement votre camarade !
            -Je comprends votre colère mais je doute que ce soit le moment."


            Cette Fée semble triste. L'index de Mirabelle indique la position d'Eustache et Norbert avec un groupe de tontattas autour d'un des leurs allongé, le visage paisible et sans vie. Ce visage, Abigaël le reconnaît. Ce nain qui parle de son ancêtre Anatole l'avait aidé plutôt. La jeune femme calme sa colère.

            "Toutes mes condoléances."

            L'ambiance dans la pièce est devenue pesante comme un lourd retour à la réalité. D'expérience, ses rires et ses blagues ne sont plus la bienvenue dans ce genre d'atmosphère. Avec l'autorisation de Jack, elle s'isole au grenier pour remettre difficilement son bas.

            L'agent constate l'étendue du délabrement de sa tenue. Il faudra qu'elle voit avec son amie Maya pour en faire une plus adaptée à des conditions aussi extrêmes. Fini les robes, hors de question de laisser à nouveau son intimité exposée à ce nain pervers. Elle en profite pour dégager les barricades menant au balcon. Plusieurs minutes lui sont nécessaires vu son état. Elle s'installe ensuite sur le balcon pour contempler le Chaos qu'on crée les pirates.

            "Mort, destruction et sang. Que faut-il de plus…?"

            Que faut-il de plus pour comprendre que la piraterie gâche systématiquement tout? Le deuil l'empêche de faire ses blagues, la destruction coûte chère et le sang tâche. Ce n’est pas du tout son style de se plaindre mais cela n'a rien d'agréable autant de gâchis. Tarentule marmonne de frustration.

            "N'es tu pas assez diverti, visage inconnu ?"

            Une silhouette très féminine surgit avec grâce sur ce balcon des minces pommiers qui y poussent. Il semble que cette dame soit à l'origine de ce miracle. La présence de la blonde ne la perturbe nullement dans son activité. Elle n'adresse aucun regard à Abigaël, préférant sourire aux plantes. N'ayant aucun contact visuel, Tarentule continue de contempler les restes d'un champ de bataille tout en offrant sa réponse.

            "Diverti? Un simple crêpage de chignon aurait bien suffi. Hihi !
            -Ne sois pas Rabat joie. Regarde toute cette chaire destinée à la décomposition. N'est-ce pas magnifique ? Toute cette matière pour nourrir les nouvelles pousses d'herbe et les champignons ! Hum, c'est si vivifiant !
            -Je vois surtout de potentiels esclaves agonisants.
            -L'argent, toujours l'argent. N'en avez pas assez de ces bouts de métal sans importance quand la beauté de la Nature vous entoure constamment ?
            -N’est-ce pas par avidité que l'on devient pirate?
            -Surement pour certains. D'autres sont plus originaux.
            -Hum. Sinon n'avez vous le moindre tissu sous ses feuilles joliment agacé?
            -Rien. En état de Nature !
            -Vous parliez de champignons tout à l'heure, j'espère que ce n'est pas trop fertile ici bas. Gnihihihi !
            -Te moque tu de moi?
            -Rooh ! Ne soyez pas susceptible, chère dryade. J'ai bien besoin de décompresser avec un paysage aussi déprimant.
            -Vu ton état, tu devrais faire attention à ce que tu dis, petite bourge."

            Caressant les feuilles des arbustes, son ton est devenu d'un seul coup plus menaçant. Cette fois, ses yeux pointent vers la blonde. Rien d'amical. L'agent Tarentule en a des frissons. Elle aurait cru entendre sa mère. Abigaël soupire.

            "Doucement, nous sommes alliés. J'allais faire un petit somme, dans tous les cas. Au fait, Abigaël est mon nom. Vous pouvez le retenir si cela vous chante.
            -On verra."

            Le courant ne peut pas passer avec tout le monde, malheureusement. Cette femme l'ignorera sûrement comme beaucoup de ses collègues au Cipher Pol le font déjà. Les habitudes ne changent pas au final. L'agent se pose autour d'une petite table en somnolence sans un mot, attendant les prochains ordres de son Capitaine. Elle aimerait beaucoup retourner au navire à présent.
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            A l’intérieur du temple, le chaos avait laissé place au silence pesant d’après-guerre. Mais les pirates et corsaires n’étaient pas encore tirés d’affaire. Par delà les murs qui vibraient, on entendait le chant de la bataille résonner depuis la place principale. Leurs yeux cernés et la lourdeur de leur corps trahissaient leur épuisement ; et réussir à rejoindre le champ de bataille à l’extérieur n’était pas chose aisée.

            Certains étaient plus mal en point que d’autres et pour eux, la situation tournait clairement au vinaigre. C’était le cas de Ned, dont le corps lui avait ordonné de s’avachir contre un mur. Dire qu’il saignait aurait été un euphémisme et la fatigue lui pesait sur les épaules, à tel point qu’il sentait une force lui écraser le corps sur toute la longueur en l’attirant inexorablement vers le sol.

            Le Corsaire s’approcha de lui et lui tendit sa main, il la saisit franchement et se redressa en grognant. Il toussa à maintes reprises comme pour évacuer le poison qui attaquait ses bronches.

            « Toujours avec nous ? Lui demanda Aze en décrochant un sourire.
            Toujours… répondit brièvement Ned, pour qui chaque mot prononcé était une torture.
            Il faut qu’on se tire d’ici au plus vite, leur chef a beau être mort cet endroit reste truffé de pièges. Ren, tu peux bouger ? » Poursuivit le Corsaire en se tournant vers son camarade à la casquette.

            Le jeune homme aux pouvoirs gravitationnels acquiesça péniblement de la tête avant de se remettre d’aplomb tant bien que mal. Il s’approcha d’Aze et de Ned lorsque tout à coup un bruit assourdissant résonna dans la grande salle et en fit vibrer les parois. Tout se mit à trembler et tous ceux présents dans la pièce vacillèrent avec elle. Ned, affaibli, manqua de chuter mais fut rattrapé de justesse par le sablonneux qui l’aida à tenir debout en passant son bras autour de ses épaules.
            Le sol se fractura dans un grondement, les murs se craquelèrent et le plafond s’éventra sous la stupeur des pirates. Des trous se déployèrent d’immenses tubes d’acier et en un instant ils déversèrent de gigantesques torrents d’eau, prenant au piège les combattants désormais en proie à l’inondation.

            Perché sur une estrade, un cultiste sorti des ombres s’écria de vive voix :

            « Notre chef n’est plus, mais notre foi demeure et demeurera toujours ! Pour vos affronts terribles, vous allez goûtez à la fureur de notre Dieu ! Il n’y a qu’une seule fin pour vous, le désesssssspoir ! La peur ! La noyade ! Et la mort !!! »

            Une fléchette de Lenny lui fit rejoindre l’autre-monde tandis qu’il s’époumonait dans un discours grandiloquent.  L’encapuchonné chuta de son estrade comme un pantin désarticulé et disparut dans l’eau grimpante dans un grand « splash ».

            Cette chute annonçait le pire. Tous rivèrent leurs yeux vers la rivière d’eau qui remontait lentement. Des pieds d’abord, des genoux ensuite, jusqu’à atteindre la taille.

            Ils cherchèrent une échappatoire, mais la fatigue, le manque de lucidité et le manque de temps les en empêchèrent, et à bien y regarder, il n’y en avait de toute façon aucune. Les utilisateurs de fruits du démon virent rapidement leurs forces les quitter à mesure que l’eau se hissait le long de leur corps.

            Ned chercha une issue du regard, scrutant le moindre recoin de la salle en proie au désastre. L’eau avait atteint son torse et désormais, lui comme les autres survivants, maintenait désespérément sa tête hors de l’eau pour retarder le sort funeste qui se rapprochait inexorablement. Dans un angle, le jeune sabreur aperçut d’abord une sorte de renfoncement sous le plafond, avant de comprendre qu’il s’agissait d’une petite plateforme, tout juste bonne à accueillir quelques personnes. Un miracle.

            « Nagez jusqu’ici ! Hurla-t-il à qui pouvait l’entendre en pointant du doigt le mur sous la plateforme. Jayce, récupère les enclumes tant qu’il est encore temps ! »

            L’homme-poisson acquiesça sans dire mot et plongea à toute vitesse dans les profondeurs. Il traversa la salle en un instant, fusant à toute vitesse comme aucun humain n’aurait pu le faire et récupéra un à un les trois maudits qu’étaient Aze, Ren et Braum avant de les balancer sur la petite plateforme. Les autres rescapés se hissèrent tour à tour le long du mur et atteignirent la plateforme dans un soupir de soulagement.

            Mais le répit fut de courte durée, l’eau continuait à se déverser inlassablement dans la salle et se rapprochait dangereusement. Les trois maudits retrouvèrent leur souffle en dégurgitant des gerbes d’eau et se relevèrent en s’ébrouant.

            « Bordel, l’eau continue de grimper, lança Aze à peine remis de sa noyade. Là ça urge, faut qu’on trouve une issue.
            Il n’y a aucune issue, reprit Ned difficilement. Je crois qu’on est coincés ici.
            S’il n’y a pas d’issue, on va faire en sorte de la créer nous-mêmes.
            Là-bas, poursuivit Ren en pointant le mur opposé, je les entends. La bataille fait rage derrière ces murs.
            Donc ça mène à l’extérieur ?
            Ouais.
            Alors on a notre porte de sortie. Ren, Ned, je vais avoir besoin de votre aide. » termina Aze les poings serrés.

            Les deux hommes acquiescèrent du regard sans dire mot, comme s’ils savaient d’avance ce que le Corsaire prévoyait, et se remirent d’aplomb en usant leurs dernières forces.

            « Prêts ? »

            Un tourbillon de sable s’accumula dans la main du Corsaire, jusqu’à former une masse gigantesque, un poing ensablé et dévastateur. Ren, à son tour, chargea une onde violacée dans le creux de sa main, prêt à devenir maître de la gravité, tandis qu’à ses côtés, Ned avait tiré ses lames et s’était mis en garde.

            Tous trois déchaînèrent les enfers une dernière fois, dans une ultime attaque, dans une dernière chance de survie.

            La lame d’air virevolta autour du poing ensablé comme la ceinture d’un astre et ils fusèrent à travers un long couloir gravitationnel, qui amplifia leur vitesse en un éclair. L’attaque désintégra littéralement le premier mur et perfora le second, puis le troisième. Encore et encore, jusqu’à ce que finalement le ciel sombre apparaisse et sonne le glas. La rivière d’eau quitta le temple en emportant tout sur son passage, y compris la plateforme sur laquelle se trouvaient les rescapés.

            Ils furent emportés dans un véritable tsunami, jusqu’à être projetés comme de vulgaires ordures sur les dalles pierreuses de la place principale.

            Ils étaient blessés, éprouvés et à bout de nerfs, mais ils étaient vivants.
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            Doucement mais sûrement. Le sablonneux se relevait tant bien que mal, au milieu d’une place pleine de ses partisans. Les Sandstorm Pirates avaient reprit le dessus et les quelques derniers affrontements touchaient à leur fin. Ils avaient gagné. Non seulement ils avaient gagné, mais en prime ils étaient parvenus à sortir vivant de ce qui promettait de devenir leur tombeau. Jetant un rapide coup d’œil derrière lui, il constata avec soulagement que tout le monde semblait aller bien. Ned se relevait tant bien que mal, épaulé par un Ren qui malgré ses blessures semblait toujours disposé à en découdre. Il repéra alors la tête du chef avéré du culte et l’empoigna à nouveau par les cheveux avant de la lancer avec force sur les derniers fanatiques belliqueux qui s’étaient regroupés plus loin. Devant leur stupeur, le capitaine corsaire laissa échapper une faible vague de fluide royal et leur lança un regard noir.


            Déposez les armes.. si vous vous rendez et que vous disparaissez de Karantane à tout jamais, nous vous laisseront la vie sauve.


            Un silence pesant s’installa, désormais en supériorité numérique, les pirates avaient encerclé les derniers rescapés du culte du serpent à plumes. Devant l’absence totale de réponse, le sablonneux poussa un profond soupir avant de dégainer son meitou Griffon et de le pointer en direction des encapuchonnés avec un regard démoniaque.


            Bien sur, si certains ici ont encore la volonté de combattre.. alors les Sandstorm Pirates vous attendent de pied ferme.


            Les cultistes échangèrent des regards, des murmures, jusqu’à ce que l’un d’entre eux se décide et jette son poignard au sol. Dans un mouvement collectif, ses compagnons l’imitèrent, les uns après les autres, signe que les combats étaient bel et bien terminés. Les Sandstorm Pirates baissèrent également leurs armes et créèrent un passage en s’écartant afin de laisser filer les derniers fanatiques. Ce n’était pas de la pitié, et en aucun cas de la sympathie, mais prolonger les combats était inutile, le serpent à plume n’était plus. L’agitation cessa et la place fut rapidement improvisée en un véritable dispensaire médicale. Alors que les Sandstorm Pirates et leurs alliés pansaient leurs blessures, le sablonneux se dirigea vers le temple du culte ou du moins ce qu’il en restait. Car même à l’état de ruine, il s’agissait du bâtiment le plus haut sur des pâtés de maison à la ronde grâce à sa tour centrale. Il croisa la route de Djaymily qui avait rassemblé un groupuscule sans doute en vue de pacifier le temple.


            Récupérez tout ce qui peut servir.. éliminez les menaces restantes.

            Reçu.

            Djay’.. tout ce qui brille ou qui a de la valeur.. vous mettez ça de côté.


            La belle hocha la tête et s'éloigna avec son escouade, carabine en main, en direction d'une brèche dans un mur. Nul doute qu'elle mettrait la main sur une belle quantité d'objets de valeurs, en effet durant l'assaut du temple, de nombreux objets dorés avaient été aperçu ornant les murs, les escaliers et autre. Le capitaine des Sandstorm Pirates se transforma en une nuée de sable et prit son envol pour atteindre le sommet de ladite tour. D’ici il avait une vue imprenable sur les environs, parvenant même à distinguer ses navires ainsi que Borat qui avaient accosté non loin. Les dégâts qu’avaient fait les combats ne seraient probablement pas si facile à gommer et pourtant les locaux étaient infiniment reconnaissant pour l’élimination du culte du serpent à plumes. Une victoire importante pour les natifs du coin, mais un détail insignifiant par rapport à l’immensité de ces mers. Il était grand temps de faire un état des lieux de l'équipage et de ses alliés, surtout après cette bataille, avant de reprendre la route vers le Nouveau Monde. Plongeant un bras dans son manteau, il en tira un jolly roger arborant les couleurs de l’équipage et le hissa au sommet du mât qui trônait sur cette tour. Une première prise de contrôle de territoire ? Il n’en était rien, par ce geste purement symbolique, le jeune capitaine corsaire plaçait officiellement cette partie de Karantane sous sa protection, ce qui aurait pour objectif premier de dissuader les pillards et autres troubles-fête, mais surtout de montrer aux éventuels rescapés du culte qu’il serait périlleux pour eux de revenir sévir dans le secteur.