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Jinxed Valentine



Mon regard se perd dans l'infinité des courants de North Blue, un vague sourire éclairant mon visage. Ne vous méprenez pas, l'idée de retrouver l'assommante vie qui est la mienne sur Carcinomia est loin de m'enchanter, surtout après avoir passé plusieurs mois à naviguer sur les flots des différentes mers des Blues. Mon très cher père n'aura alors plus accès aux distractions qui l'empêchaient d'être constamment -malgré son "très prenant" travail- sur mon dos et de me reprocher la moindre respiration de travers -ce qui est une chose particulièrement ardue à accomplir, vous conviendrez de l'exploit-. Mais voyez-vous, ce lugubre tableau n'est, pour un esprit aussi dissipé que le mien, qu'une ombre lointaine dans un futur lointain. Le voyage est loin d'être terminé.

Et je compte bien en profiter jusqu'au bout.

Fortune et prestige du nom Valentine oblige, le retour vers ma bien-aimée île natale s'effectue à bord d'un navire si grand qu'il pourrait probablement contenir un village. Et à bord duquel se produisent tant d'animations qu'on pourrait sans doute en faire un cirque itinérant. Un village-cirque itinérant, donc. Que voilà une riche idée. Malheureusement, je crains fort que les arts du spectacle ne soient pas au goût de mon géniteur, et jusqu'à nouvel ordre c'est lui qui décide des activités de notre famille. La guigne. Il ne me reste donc plus, en désespoir de cause, qu'une seule chose à faire : profiter au maximum de ce que cette croisière -osons les mots- a à m'offrir avant que ne sonne le glas de ma liberté.

Et il faut dire que je ne risque pas de m'ennuyer ; le bateau est truffé d'activités plus divertissantes les unes que les autres. Les cuisines sont à notre entière disposition, tout comme les musiciens -ne possédant hélas pas mon talent, en toute modestie-, il y a des jeux, des livres, et je crois même avoir vu une diseuse de bonne aventure si l'envie me prend de me divulgâcher mon futur -quelle horripilante idée, et ce qu'il soit brillant si je parviens à quitter le foutu caillou qui nous sert de foyer ou atroce, funeste et tragique dans le cas contraire-. Et je vous saurai gré de m'épargner vos grotesques allégations concernant ma soi-disant propension à tout tourner au dramatique.

Mais vous me faites perdre mon temps, et j'ai du pain sur la planche.

Je quitte le bastingage sur lequel je m'appuyais pour profiter du vent marin et me dirige vers la cabine intérieure. Bien. Par où commencer ? Je crois que j’ai un petit creux. Je vais aller voir en cuisine ce qu’ils peuvent me préparer, histoire de faire le plein d’énergie avant d’aller casser -métaphoriquement- la baraque. En chemin, je croise la route de la Cassandre qui ressemble d’ailleurs, à mon humble avis, plus à une sorcière qu’à une prophétesse. Mais soit.

Nos regards se croisent l’espace d’un instant et je plisse les yeux tant l’expression que je découvre au fond de ses iris marron est inhabituellement indéchiffrable. Tout ce que je peux y lire c’est l’expérience d’une femme qui foule cette Terre depuis si longtemps que c’est comme si elle avait vécu plusieurs vies d’homme, et je me dis que tout compte fait, j’ai peut-être bien envie d’échanger quelques mots avec elle. Mais pas au sujet de mon futur. Au sujet de son passé. Mon instinct me hurle qu’il y a ici des histoires qui raviront mes oreilles. La voyante détourne le regard et les talons après quelques secondes d’intense fixation, un sourire énigmatique au bord des lèvres. Dans son mouvement, ce qui ressemble à un bout de parchemin s’échappe de sa cape d’ébène pour venir s’échouer lentement sur le sol. Je me jette dessus.

-Eh ! Attends !

Trop tard. Au moment où je me relève, un commis -à moins qu’il ne soit cuisinier, j’avoue que je ne connais pas la différence- passe devant moi et cache ma vision. La fraction de seconde qu’il faut pour que je la recouvre suffit à l’étrange sorcière pour disparaitre au détour d’un couloir. Rapide pour une femme qui pourrait être la grand-mère de mon arrière-grand-mère. Après un fugace coup d’œil pour m’assurer qu’elle n’est plus dans le coin, j’hausse les épaules et déplie le papier fortement froissé.

- « O jẹ ibatan boya o fẹran rẹ tabi rara » ?

Bien sûr Charlie. La première chose à faire lorsque l’on tombe sur un mystérieux parchemin appartenant de manière évidente à une femme dont on a établi à peine quelques secondes plus tôt qu’elle avait tout l’air d’une jeteuse de sort c’est de le lire à voix haute pour soi-même. Qu’est-ce qui pourrait mal se passer ? J’accoste le commis-cuisinier en l’arrêtant en posant délicatement une main sur son bras.

-Hep, toi ! Tu sais pas où elle a pu passer la vieille voyante ?


Dernière édition par Charlie O. Valentine le Lun 13 Mar 2023 - 8:58, édité 1 fois
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Allongé sur le lit superposé dans la cabine qu’il partageait avec deux autres cuisiniers, Jin était perdu dans ses pensées. Lui traversaient l’esprit tous songes ou souvenirs pouvant l’aider à s’échapper de cet horrible voyage, ne serait-ce le temps d’un instant. Il s’était émancipé de sa terre natale et avait entamé une vie de voyageurs, prêtant ses services de cuisinier à quiconque en aurait besoin. Tantôt à bord d’un navire marchand, tantôt une auberge dans une ville portuaire. Cette fois-ci, c’était à bord d’une croisière qu’on avait fait appel à lui. C’était sa première fois sur un navire aussi immense et luxueux. Ayant grandi dans une riche famille de l’île du Karaté, il n’avait pourtant jamais vu pareille démesure. Mais tout ceci n’avait de conte de fée que l’apparence et il déchanta très vite lorsqu’on l’amena à sa cabine. Une petite pièce de quelques mètres carrés à partager à trois, un mobilier minimaliste et presque miteux et des luminaires qui ne semblaient fonctionner qu’a moitié. Le coup de grâce fut lorsqu’on donna aux cuisiniers la consigne de toujours satisfaire les demandes des passagers. Et lorsque ceux-ci étaient des membres de l’aristocratie de tel royaume ou de riches marchands de telle île, leurs caprices avaient souvent de quoi faire s’arracher les cheveux au personnel.

Encore raté. Une fois de plus il ne faisait que ressasser ce qui s’était passé jusqu’alors durant le séjour. Sa pause étant sur le point de se terminer, il se mit en direction des cuisines. Il traînait des pieds tout du long, traduisant son envie de ne pas y retourner, se demandant à quelle sauce il allait être mangé. Du homard aux fraises, que les cuisiniers avaient nommés «le homard m’a tuer» au plat de pâtes avec une sauce sucrée à la menthe, les requêtes extravagantes des passagers de cette croisière n’avaient épargnées aucun cuisinier.

Pour une fois, le service s’était bien passé. On lui avait demandé quelques fantaisies mais rien qui puisse lui donner un haut-le-cœur. Un homme fou de rage avait fait une esclandre dans les cuisines car l’on avait mis de la crème fraîche dans son plat, mais rien d’autre d’inhabituel n’était à signaler.

Sur le chemin qui le menait à sa cabine, le chasseur de primes pensait à tout un tas de choses. Une fois que le voyage toucherait à sa fin, que ferait-il ? Partir de nouveau sur les mers ou se poser quelques temps sur une île. Il ne perdait pas de vue son objectif et cherchait toujours un moyen de récolter des informations sur le criminel qu’il traquait. Perdu dans ses pensées, il semblait ne pas avoir remarqué la vieille femme qu’il avait failli bousculer en la croisant. Ni même la jeune femme qui semblait s’exprimer dans un langage étranger, jusqu’à ce que celle-ci ne l’alpague.

«-Hep, toi ! Tu sais pas où elle a pu passer la vieille voyante ?»

La jeune femme tordait ses membres, supérieurs comme inférieurs, dans tous les sens. Un frisson traversa le corps du cuisinier devant ce spectacle.

«-Êtes vous sûre que tout va bien ? s’inquiéta le grand blond aux yeux bleus Venez, je vais vous accompagner à l’infirmerie et nous allons alerter vos parents.»

Il posa maladroitement sa main sur l'épaule de la jeune femme pour l'aider à se tenir debout.
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Oh. Eh bien, voyez-vous cela ? On dirait que nous sommes en présence d’une bonne tête de benêt. Le cuisinier me regarde avec une belle paire d’yeux de merlan frit avant de baragouiner une réponse qui a selon moi autant de sens que la phrase que je viens de lire sur ce bout de parchemin. Dommage. C’est qu’il pourrait être mignon si ce n’était pour cet air ahuri profondément ancré sur son visage où l’on peut déceler tout un panel d’émotions, toutes peu ou prou assimilables à celle de l’incompréhension. Légèrement plus grand que moi -c'est-à-dire me dépassant de deux bonnes têtes, on dirait que j'ai à faire à un type avec du sang de géant-, le blondin me fixe d’un regard bleuté au fond duquel on pourrait presque lire une forme d’inquiétude. Un frisson parcourt mon échine alors qu’il pose à son tour sa main sur mon bras. Je lui offre mon plus bel haussement de sourcil.

-Est-ce que je vais bien... ? Ah non pitié, laisse mes parents en dehors de tout ça hein. C’est que j’essaye de les fuir, vois-tu.

Au bout de quelques secondes d’une très visible confusion, je crois que je parviens enfin à mettre le doigt sur ce qui a pu perturber notre blondinet. Il est loin d’être le premier à avoir éprouvé quelque difficulté avec ma manière d’exister de prime abord. Il semblerait que l’étrange façon dont fonctionnent mes articulations soit parfois difficile à appréhender. D’aucuns disent que cela donne à mon corps un côté fluide, comme s’il était fait de caoutchouc -au risque de plagier un certain pirate d’une autre ère dont vous avez peut-être vaguement entendu parler-. Et attendez que je me mette à parler. En règle générale, s’ils sont surpris par mon corps, mon esprit les désarçonnera encore plus. J’ai l’habitude. En réalité, je me délecte toujours autant de voir les gens si mal à l’aise dès nos premières interactions.

-Ne t’en fais pas pour moi, je m’en remettr…

Ma phrase reste l’espace d’un instant en suspens dans l’air, le vague sourire flottant sur mon visage se figeant tandis que mes iris rubis se plantent dans ceux azurés de mon interlocuteur. Un soupçon de curiosité s’y immisce alors que mon instinct se met à me dicter que quelque chose cloche. Quelle est cette étrange sensation ? Depuis que ma main s’est posée sur son bras -ou l’inverse, qui sait ?-, j’ai l’impression que mon esprit est envahi d’une sorte de… Eh bien, de rien, à vrai dire. L’excitation qui saturait l’ensemble de mon corps semble s’être partiellement recluse pour laisser la place à une sorte de paix intérieure que je n’avais encore jamais ressentie. Comme si la moitié des voix dans ma tête s’était tue d’un seul coup.

Et je n’aime pas ça.
C’est trop calme.

La curiosité au fond de mon regard devient de la méfiance. Est-ce que boucle d’Or m’aurait jeté un sort ? À moins que ce ne soit la sorcière ? Elle est passée où, d’ailleurs ? Comment je pourrais le savoir ? Comment serait-il ne serait-ce qu’envisageable de réfléchir dans cet assourdissant silence ? Je recule de trois pas, dévisageant toujours le cuistot, puis tourne carrément les talons pour ressortir de la cabine en courant à moitié, une main sur la tempe comme si ma tête était douloureuse. J’ai besoin d’air frais. À peine de retour sur le pont, je me jette sur le bastingage et inspire une immense goulée, les deux mains posées sur la rambarde en fermant les yeux.

Avant de rendre brusquement l’intégralité de mon déjeuner par-dessus bord.
Bah vlà autre chose.
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Jin restait planté sur ses deux jambes comme un piquet, ne sachant pas comment réagir au comportement pour le moins étrange de la jeune femme. Elle avait soudainement changé d’attitude, se débarrassant de son extravagance exacerbée. Son regard incandescent et malicieux avait laissé place à un regard fade et presque inquiet. Elle semblait être frappé du même malaise que Jin, elle en perdit même les mots, elle qui pourtant n’était pas avare de parole. Un long silence résonna entre les deux protagonistes avant que la passagère ne décide de s’enfuir vers le pont.

Jin se dirigea dans l’autre sens, vers sa cabine. Étendu sur son lit, il souhaitait oublier cette perturbante rencontre mais il paraissait ne pas y arriver. Depuis le moment où elle lui avait attrapé le bras, plus rien n’allait dans l’esprit du cuisinier. Il se demandait même si elle ne l’avait pas intoxiqué d’une quelconque manière. Il était devenu impossible pour lui de se concentrer. D’un coup, les muscles de son abdomen se contractèrent et il se mit à avoir de sueurs froides. Tous les symptômes qui accompagnaient généralement des vomissements se mettaient a traverser son corps. Peut-être une intoxication alimentaire, pensait-il. Il ne pouvait cependant pas s'empêcher de penser que cette folle avait quelque chose à voir avec tout ça.

Les douleurs étaient passées, les nausées et le sueurs également. Sans pour autant que Jin n'ait régurgité quoi que ce soit. Une sensation aussi désagréable que perturbante. Il avait besoin de prendre l'air, aussi pour se rafraîchir les idées. Non sans mal, il se rendit sur le pont. Le natif de l'île du karaté n'était pas encore tout a fait a l'aise avec les voyages en bateau et avait plutôt tendance a rester enfermer dans ses appartements ou dans les cuisines. Mais en l'occurrence, respirer l'air a plein poumons lui faisait le plus grand bien.

Ce n'est qu'après quelques secondes qu'il remarqua la présence de la jeune femme. Elle aussi ne semblait pas dans son assiette et elle aussi n'avait pas remarqué sa présence. Il se rapprocha d'elle prudemment, comme s'il la craignait.

- Qui est-tu au juste ? Demanda-t-il sévèrement. Que m'as-tu fait ?
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J’observe avec circonspection l’amas visqueux verdâtre s’éloigner, voguant au gré des vagues que North Blue daigne lui apporter. Si la situation avec le cuisiner m’a surprise, ceci m’étonne peut-être encore plus. Moi, malade ? Voilà qui a de quoi arquer plus d’un sourcil. Voyez-vous, je ne crois pas en la maladie. Je pourrais vous expliquer les tenants et les aboutissants de cette affirmation un peu plus en détails mais cela me semble trop peu pertinent. Et nous avons d’autres chats à fouetter. D’autres problèmes autrement plus importants. C’est que je viens de -pardonnez la trivialité de mes mots- vomir à peu près l’intégralité de ce que contenait mon estomac par-dessus bord. Je me sens barbouillée, patraque, fiévreuse.

Et ce n’est pas le genre de la maison.

En plusieurs mois de navigation familiale, je n’ai jamais connu le mal de mer. Me retrouver ainsi dans un état si pathétique ne peut avoir qu’une seule origine ; le gargantuesque commis de tout à l’heure. De deux choses l’une : soit il m’a jeté un sort lorsqu’il m’a touchée, soit il a tenté de m’empoisonner avec l’un de ses plats dont la fraicheur reste à prouver. Dans tous les cas, me voilà dans une situation très inconfortable. Et très désagréable, pour ce que cela vaut.

Mais, nouvelle surprise dans cette journée décidément riche en rebondissements, mes nausées disparaissent aussi subitement qu’elles sont apparues. Quelques secondes à peine après avoir vidé le contenu de mes tripes dans l’océan, je sens mon mal-être s’estomper. À une exception près : cet étrange vide dans mon esprit est toujours là, si ce n’est plus présent encore. Et je dois dire que c’est presque plus déconcertant que l’indisposition dont j’ai été victime. Mon cerveau d’ordinaire constamment en ébullition semble désormais amorphe, tournant au ralenti comme si on l’avait isolé du vent qui d’habitude le poussait à s’envoler.

Mes pensées sur cet étrange phénomène furent cependant bien vite interrompues par une voix dans mon dos. La voix étrangement familière et pourtant si peu reconnaissable dudit commis, qui avait troqué son ton inquiet et compatissant pour une intonation sèche et presque accusatrice.

-La mer est sans routes, la mer est sans explications.

Je me tourne pour lui faire face, cillant à plusieurs reprises tandis qu’un vague sourire taquin étire mes lèvres.

-Mes amis m’appellent Cha’. L’ennui c’est que je n’ai aucun ami. Mais je pourrais te retourner la question, cuistre cuisinier outrecuidant.

Quelle est la source de cette quiète tempête ?
Explique, si tu peux, mon trouble et mon émoi :
Ta vue n’éveille que le silence dans ma tête
Et cependant je sens ma bouche aller vers toi.

Bon. Vous l’aurez constaté, l’heure est à l’emphase. Mon cerveau embrumé peine étrangement bien plus à vomir ces quatre pauvres rimes que mon déjeuner, et cela m’agace. Je n’ai pas trop apprécié le ton vindicatif du blondinet et son agression, couplée à cette frustration et à l’étrange phénomène qui prend actuellement part dans mon cerveau, me donne envie de jouer un peu avec lui. Chacun passe ses nerfs comme il peut, voyez-vous. Mon mal-être est passé à présent et si je parviens à semer encore un peu plus la confusion dans l’esprit de ce benêt en lui servant de la pure Charlie intégralement authentique, j’aurai réussi ma journée. Et, qui sait, peut-être que Boucle d’Or possède des informations sur le mal qui me ronge ?

Le sourire toujours aux lèvres, je plante mon regard rubicond dans l’azur du sien, tentant de rassembler mes pensées dans le calme vociférant de mon esprit. Je me garderai bien de l’admettre ouvertement, mais j’ai beau faire la maligne il y a tout de même du vrai dans le couplet au demeurant ironique que je viens de lui offrir. Je sens que mon rythme cardiaque s’est légèrement accéléré, et ma bouche est attirée vers le colosse. Il m’aurait donc bel et bien jeté un sort ? Il m’a pourtant tout l’air aussi décontenancé que moi par la situation. Attendons de voir où nous mène cet échange pour en tirer une quelconque conclusion…

-Tu n'aurais tout de même pas osé droguer une jeune fille de bonne famille, n'est-ce pas ?
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Un sourire espiègle pendant aux lèvres de la jeune femme. De quoi faire douter Jin quant au sérieux de celle-ci lorsqu'elle répondait a sa question. Cha. Un drôle de sobriquet, pour une drôle de dame quoi de plus sensé. Étrangement, une petite partie de lui était amusé. Cela n'était pas son genre et il s'imaginait une fois de plus que c'était dû a un sort que lui avait jeté Cha. Se mêlaient alors humeurs et sentiments contradictoires dans son esprit. Comme si deux êtres diamétralement opposés se disputaient son contrôle. Le cuisinier poussa un soupir.

-Jin. Je m'appelle Jin, mais tu peux m'appeler Jin. Dit il d'un ton sérieux.

Un silence s'en suivit. Un très long silence. Le chasseur de primes avait lâché ces quelques mots de manière involontaire. Cela ne lui ressemblait pas, l'humour était un concept étranger pour lui. Personne ne pouvait dire s'il avait déjà vu rire le jeune homme une fois dans sa vie. Charlie le regardait d'un air confus. Puis elle haussa les épaules mais son regard ne quittait plus celui de Jin.

Quelle est la source de cette quiète tempête ?
Explique, si tu peux, mon trouble et mon émoi :
Ta vue n’éveille que le silence dans ma tête
Et cependant je sens ma bouche aller vers toi.


La jeune femme maîtrisait les mots comme peu de gens le faisaient. Mais ceux-ci mirent mal a l'aise son interlocuteur, qui se mit à rougir. Pas doué quand il s'agissait d'interagir avec d'autres être humains -autrement que pour son travail-, il l'était encore moins avec les femmes en particulier. Lorsqu'il subissait des brimades en étant plus jeune, elles étaient celles qui étaient les plus virulentes et sans pitié. Notamment sa sœur. Jamais il n'avait rencontré de femme qui s'intéresse un tant soit peu a lui et qui lui montrait de la sympathie. Se refermant sur lui même pour se protéger, il avait développé une attitude naturellement hostile et méfiante envers les femmes. Ce qui avait tendance a créer des échanges tendus comme le démontrait la rencontre entre Jin et Charlie, dont les maux respectifs avaient amené a un peu d'animosité. Mais les derniers mots qu'avait prononcé la jouvencelle avaient totalement pris de cours le grand blond. Le visage empourpré, il tentait d'échapper au regard flamboyant de Charlie mais n'y parvenait pas. Son regard planté dans le sien, elle l'avait comme paralysé.

-Ton regard est si beau que l'on dirait qu'il jette des flammes. Balbutia Jin.

Une fois de plus, les mots qu'il prononçait échappaient à son contrôle. Et une fois de plus il s'était ridiculisé en s'essayant -contre son gré - a un art qu'il ne maîtrisait pas. Troublé par le vacarme incessant qui s'était installé dans son esprit, il inspira une grande bouffée d'air pour retrouver le calme et la paix intérieurs.

-Tu n'aurais tout de même pas osé droguer une jeune fille de bonne famille, n'est-ce pas ?
-Jamais je ne m'abaisserai à une telle vilénie ! Rétorqua le garçon.

Elle avait atteint sa fierté. Les natifs de l'île du karaté croyaient que les drogues et autres poisons corrompaient ceux qui s'en servaient comme d'une arme. Ainsi leur esprit n'était plus pur et ils ne pouvaient plus s'élever au rang de maître des arts martiaux. Les obligeant ainsi a vivre dans la honte. Jin avait ainsi pris les accusations de la jeune femme comme une profonde insulte a son être. Mais l'heure n'était plus aux chamailleries, Jin voulait retrouver son état naturel et il supposait qu'elle souhaitait la même chose.

-Il en va de soi que nous sommes tous deux victimes d'un même mal. Alors plutôt que de nous battre, que pense tu de chercher ensemble comment le vaincre ?
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Je pouffe subrepticement. Sa présentation, faisant parfaitement écho à la mienne et pleine d’ironie, m’a arraché je dois l’admettre un petit rire sincère. Boucle d’Or ne serait-il finalement pas aussi ennuyant qu’il ne l’aurait laissé penser jusqu’à présent ? Hélas, je vois mes espoirs s’envoler lorsque le cuisinier reprend son ton morne et rasant. En tout cas, on dirait que mes tentatives de le déstabiliser ont porté leurs fruits. Son teint vire à l’écrevisse à vue d’œil et ses mots se font clairement hésitants, même s’il me rend contre toute attente ma poésie -d’une certaine manière-. Et malgré le côté maladroit et hardi de son compliment, je crois bien que je sens à mon tour mes pommettes s’empourprer. Est-ce là l’effet de mon affection particulière pour les flatteries en général, ou bien cela cache-il autre chose ?

Sans me démonter, je garde ce sourire enjoliveur accroché à mes lèvres avant de lui répondre.

-Eh bien, Jin, Jin, juste Jin… tu sais parler aux femmes, on dirait.

Je m’interromps un instant pour réfléchir à la suite des événements. L’offuscation dans sa voix me paraissait sincère lorsque je l’ai taquiné sur l’éventualité qu’il m’ait droguée. Si cela ne veut pas dire que je dois lui dédier mon entière confiance, je peux au moins lui accorder le bénéfice du doute. Et, dans l’hypothèse où il est de bonne foi, il marque un point. Nous ferions mieux de chercher un moyen de nous débarrasser de cet étrange mal.

Tant pis pour la montagne d’activités amusantes que j’avais prévues. Il semblerait que je vais devoir passer mon temps avec cet ennuyeux cuisinier.
C’est bien aussi, j’imagine.

-C’est vrai. Heureusement pour toi, j’ai ma petite idée sur qui pourrait être responsable de cette histoire. Allez viens. Je l’embarque par la manche alors que je me mets en route vers l’intérieur du bateau. On cherche une vieille, l’air décrépie. Un peu une tête à faire peur sans le faire exprès.

Et nous nous mettons donc à la recherche de la diseuse de bonne aventure à travers le dédale de salles qu’offre le gigantesque navire. Et ce n’est pas une mince affaire. Parler de dédale est loin d’être un euphémisme. Durant toute notre enquête, je ne prends pas particulièrement la peine de chercher à connaître plus que ça le dénommé Jin. Si je me sens étrangement attirée par lui, j’aimerais surtout en finir rapidement avec cette histoire. Et je n'ai de toute façon pas trop la tête à tailler une bavette. Ce qui, pour ceux qui me connaissent, est assez surprenant. Il est probable que j’aurais d’ordinaire cherché à en savoir plus sur ses histoires, les aventures qu’il avait vécues ou ses plus hauts faits d’arme.

Mais non.
Je me sens comme habitée d’un calme très inhabituel qui me fait préférer le silence aux récits épiques.
Il va vraiment falloir que je consulte.

Après près d’une demi-heure de pérégrinations à travers les différents lieux du bâtiment, j’aperçois finalement la vieille sorcière, bien évidemment assise à l’écart dans un coin où elle peut sorciérer à son gré. J’entraîne à nouveau Jin à ma suite et me présente devant elle. Alors que je lui tends le parchemin que j’ai ramassé il y a trois posts, la vieille femme lève son regard dans ma direction, visiblement peu surprise de me voir.

-Mademoiselle Valentine.
-Je crois que ceci t’appartient.

Elle se saisit du bout de papier avant de le ranger dans une poche intérieure de son immense manteau -qui en contient probablement des centaines voire des milliers au bas mot, si vous voulez mon avis-.

-Merci. Vous l’avez lu ?
-Je euh… Non. Ou alors peut-être un peu quoi mais c’est tout…
-Et si vous êtes accompagnée de ce brave Jin, j’imagine qu’il est le premier que vous avez touché après l’avoir lu, n’est-ce pas ?
-Alors déjà, comment tu connais nos noms ? En ensuite, ça veut dire que tu sais bien ce qu’il se passe !
-Vous vous êtes maudits.
-…Pardon ?
-Vous êtes désormais des amants maudits.
-Pardon ?
-Vous êtes pris de nausées quand vous vous éloignez l’un de l’autre n’est-ce pas ? Et vous avez l’impression que quelque chose se passe dans votre cerveau ?
-Pardon ? Euh… Oui, quelque chose dans ce goût-là, oui.
-Vous ne pouvez plus vous passer l’un de l’autre. Et vous ressentez désormais vos émotions respectives…
-Quoiiiiiiiiiiiii ?

L’expression de surprise sur mon visage à cet instant précis mériterait qu’on l’immortalise. Mes yeux s’écarquillent tant qu’on pourrait se demander comment ils tiennent encore dans leur orbite. Ma bouche s’ouvre et se referme comme si je voulais dire quelque chose -ou gober une mouche- sans pourtant qu’aucun son ne s’en échappe. Mes iris flamboyantes vont et viennent entre la vieille femme et Jin. C’est impossible. Littéralement impossible. Je ne peux pas être liée comme ça à quelqu’un. C’est la fin de ma liberté. C’est pire que la mort. Une foule de sentiments tous plus désagréables les uns que les autres m’envahit. Soudain, je lève la tête dans la direction du cuisinier et arme ma main comme si je voulais le gifler.

-Non non non non non non non non non… Tout ça c’est de ta faute, il fallait que tu passes par là à ce moment-là hein ?

Mais au moment de d’abattre mon bras, une nouvelle nausée me prend soudainement et je m’arrête au beau milieu de mon geste pour me plier en deux, posant les deux mains sur mon ventre qui me fait soudainement atrocement souffrir.

-…Et vous ne pouvez bien évidemment pas vous blesser mutuellement.

Je lâche un juron dans ma barbe, mais le traumatisme a au moins le mérite de me remettre les idées en place : ce n’est certainement pas la faute de ce pauvre Jin, et il doit bien y avoir un moyen de rompre la malédiction. Je me relève péniblement pour regarder à nouveau l’oracle.

-Co… Comment on met fin au sort ?
-Ce n’est pas facile…
-Évidemment.
-…Mais il existe un moyen. Pour rompre la malédiction, vous allez devoir effectuer chacun un acte qui vous correspond en rapport avec la séparation. Il faut qu’il soit plus fort que le lien qui vous unit désormais.

Mais qu’est-ce que c’est encore que ces inepties ?
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