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Une soirée mémorable

Voilà maintenant quelques jours que mon père et moi avons atterri sur l'île de Tanuki. Et pourquoi ? Pour parfaire ma formation de forgeronne. Selon lui, il n'a malheureusement plus rien à m'apprendre mais il pense que mon potentiel ne s'est pas encore révélé. C'est pour cela que Géralt Sélindé a eu la merveilleuse idée de nous faire partir loin de chez nous à la rencontre d'un forgeron de génie ! Et si l'idée m'emballait au début, le fait qu'il ait refusé catégoriquement que Léo nous accompagne m'a soudainement rendue bien plus réticente à ce voyage...

Alors oui. J'aime la forge et je suis tout à fait excitée à l'idée d'en apprendre davantage sur cet art mais... J'aime aussi être avec Léo et partir plusieurs semaines loin de lui, je dois dire que ça ne me plait pas du tout. Et entre le voyage et mon apprentissage avec le vieux Hojimo Kanemitsu qui a accepté de nous former, mon père et moi, cela fait déjà deux semaines que nous sommes loin de chez nous.

Et je commence vraiment à trouver le temps long...

- Papa... On va bientôt rentrer ?
- Pas tant que notre maître jugera qu'on a encore des choses à apprendre...
- Maiiiiis... Tu es trop brusque dans tes mouvements pour les détails ! A ton rythme, on en a pour des années !
- Izya ! N'oublies pas que je suis ton père, pas ton pote, alors un peu de respect s'il te plait !
- Mais ! Raaaah !

Boudeuse, je lui tourne le dos pour aller m'asseoir à mon plan de travail. Oui, mon père est un très bon forgeron mais contrairement au vieux Kanemitsu, il n'a pas autant le soucis du détails, préférant généralement affûter la lame et le métal que rajouter des fioritures qui n'intéresse que les nobliaux qu'il ne porte pas dans son cœur.

Sauf que moi, j'aime bien les ornements, aussi je n'ai pas eu trop de mal à comprendre les techniques de notre maître. Et d'ailleurs, le travail qu'il m'avait donné à faire est terminé depuis un moment déjà tandis que mon pauvre père galère toujours autant.

- Oh, tu as terminé ?
- Oui maître Hojimo.
- Laisse moi voir cela.

Prenant la lame que j'ai travaillé, le vieil homme l'examine minutieusement sous toutes les coutures avant de faire sonner la lame contre un morceau de métal, sondant alors le son qu'elle produit.

- Tu l'entends ?
- Oui... Il reste une fine faiblesse à cet endroit de la lame. Mais c'est inévitable avec cette arabesque...
- Effectivement. C'est pourquoi, en la remodelant légèrement il aurait été possible de l'enlever.
- Mais alors cela n'aurait plus coller au modèle demandé par le client, non ?
- Exactement ! Je vois que tu as tout compris.
- Cela veut-il dire que vous n'avez plus rien à m'apprendre ? Je jette un coup d'œil en coin à mon père en attendant la réponse de notre maître.
- Sache jeune fille qu'il y a toujours à apprendre. Dans le dos du vieux forgeron, mon père sourit, moqueur. Mais tu arrives déjà à entendre la voix des lames alors grâce à elle tu n'as effectivement plus besoin de moi.

Et cette fois, c'est moi qui sourit, d'abord franchement pour remercier mon maître, puis dès lors qu'il ne me regarde plus, je me tourne vers mon père et lui tire la langue comme l'odieuse adolescente de quinze ans que je suis. Nah ! J'avais raison !

Et cela est d'autant plus flagrant quand le maître se tourne alors vers son travail pour lui prodiguer beaucoup, beaucoup de conseils qui mettent clairement son égo à mal. Et tandis qu'il fait cela, la cloche de la porte de la boutique sonne dans la pièce d'à côté. Voyant les deux hommes discuter, je me dévoue pour aller accueillir le client. M'étirant rapidement tout en passant la porte qui mène à la boutique, battant légèrement des ailes pour détendre mes muscles endoloris par le labeur.

- Bonjour Monsieur, que puis-je pour vous ?

L'homme qui me fait face est grand et ses vêtements en disent long sur sa richesse. A sa hanche, je repère une flamberge richement ornée qui a très certainement été forgée par maître Hojimo. Mais au lieu de me répondre, l'homme semble alors surpris, figé.

- Monsieur ?
- Oh ! Veuillez m'excuser Mademoiselle... C'est que... Je suis un véritable admirateur des choses aussi belle que rare et, vous voir vous dans cette boutique est une véritable source d'inspiration.
- Hein ?
- Oh, oui, laissez moi me présenter : je suis le Lord Althias de Mistoltin...

Je le dévisage, ne comprenant pas tellement pourquoi ce "Lord" s'incline soudainement devant moi en se présentant de la sorte. D'habitude, les clients disent plutôt ce qu'ils veulent au lieu de se présenter. Mais il semble attendre quelque chose de ma part car le voilà qui me regarde intensément tandis qu'un blanc s'installe.

- ... Et vous êtes ?
- Oh, je suis l'élève de Maître Hojimo. Il est occupé avec un autre de ses élèves donc dites moi ce que vous souhaitez et je m'occuperais de vous.
- Votre nom me suffira pour le moment...

Hein ? Mais je viens de lui dire que j'étais l'élève du propriétaire des lieux, il veut me faire un procès en plus de ça ?.. Bon, de toute façon je n'ai rien à me reprocher alors je ne risque rien à le lui dire...

- Izya. Izya Sélindé. Du coup, vous êtes venu pour quoi ?
- Izya... Quel nom magnifique pour une créature magnifique... Oh belle Izya, serait-ce possible que vous acceptiez de venir ce soir chez moi ? J'organise un bal et je souhaiterai pouvoir apprendre à vous connaitre au cours de quelques danses...
- Euh... Je... PAPA !

Au secours. AU. SECOURS ! C'est qui ce type au juste pour se permettre de me draguer comme ça alors qu'on vient à peine de se rencontrer ?! Franchement ?! Mais depuis quand les gens font ce genre de choses ?! Sur Scarlet Town à part mon amoureux Léo, tous les ados me détestent ! Alors d'où cet homme me trouve "magnifique" ?! Cela dit, il m'a aussi traité de créature... Il ne me considère pas humaine, c'est ça ?! Il croit que je suis une chose ?!

Sous mon appel assez inquiétant, Maître Hojimo et Géralt Sélindé arrivent immédiatement dans la boutique et tandis que mon père dévisage furieusement l'importun qui ose me mal à l'aise, Maître Hojimo lui, s'incline respectueusement.

- Oh, Lord de Mistoltin. Vous souhaitez une nouvelle flamberge, comme d'habitude ?
- Ah, Monsieur Hojimo ! Oui, c'est exact. Et je souhaiterai inviter cette jeune femme à venir à ma soirée de ce soir. Je suppose que vous êtes son père ? dit-il en se tournant vers Géralt qui change totalement de regard en entendant la demande. Votre fille semble être au fait des convenances au point qu'elle souhaite votre approbation pour accepter mon invitation. Accepteriez-vous qu'elle se joigne à la soirée que j'organise ce soir ? Elle en sera bien évidemment l'invitée d'honneur !

Et là, ce que je vois dans les yeux de mon père me fait blêmir. Le bougre me connaît, et il sait très bien que mon cœur est entièrement dévoué au fils du boulanger de notre île... Et surement parce qu'il m'en veut de l'avoir ridiculisé dans la forge, et aussi parce qu'il souhaite que j'apprenne à m'amuser d'une autre manière qu'en faisant ma routine forger-manger-nager-dormir, c'est avec enthousiasme qu'il répond à monsieur le Lord...

- Jusqu'à minuit. Elle pourra assister à votre fête jusqu'à minuit puis elle devra revenir ici. Et bien évidemment, gardez en tête qu'elle n'a que quinze ans, donc je vous interdis de lui faire boire ou fumer n'importe quoi.
- QUOI ?!
- Oh, ne t'offusque pas ma chérie, tu es trop jeune pour ce genre de chose.
- MAIS ?!
- Pas de mais ! Et maintenant viens avec moi et laissons Maître Hojimo et Monsieur gérer leurs affaires...

Me prenant par les épaules, il me tire alors vers la forge tandis que le Lord intervient une dernière fois :

- Je passerai vous prendre ce soir en même temps que ma commande Dame Sélindé, à dix neuf heure !

Puis nous passons la porte que mon père ferme rapidement derrière nous.

- Pourquoi ?! Pourquoi tu me fais ça ?!
- Pour t'apprendre à respecter ton père jeune fille. Et puis ça t'occupera puisque mademoiselle n'a plus rien à apprendre !
- Mais ! Je connais personne moi là bas !
- Raison de plus ! Il est temps que tu apprennes à te faire d'autres amis que Léo. Tu feras comment quand tu partiras découvrir le monde avec lui ? Tu lui demanderas toujours de parler pour toi ?
- Exactement !
- Et si il est pas là ? Hein ?
- Pfff, aucune chance que ça arrive.
- N'en soit pas si sûre. De toute façon, ma décision est prise : tu iras à ce bal.
- Raaaah ! C'est vraiment pas juste ! Tout ça parce que je suis meilleure que toi !
- Meilleure ?! D'accord. Tu vas aller à ce bal, et tu vas y aller en robe de princesse. Contente ?
- Quoi ?!
- Tiens, voilà de l'argent. Prends la plus belle que tu trouves et attention, si elle ne me convient pas, j'irai en choisir une moi même !
- Je... Hm... R...
- J'entends pas, tu disais quelque chose ma fille ?
- Merci papa...

Ces mots m'écorchent la bouche mais je comprends bien que si je continue sur cette lancée, il est capable de trouver d'autres idées ridicules pour me punir, alors autant arrêter les frais immédiatement...


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海 軍

∆ Feat. Izya ∆


Depuis plusieurs années déjà, la jeune Ambrosias apprenait tout ce qu'il y avait à savoir sur la médecine vétérinaire auprès de sa professeure, Adélaïde, seule et unique experte en la matière sur tout Tanuki. L'endroit était certes petit et abandonné par les touristes en général, mais le fait que sa spécialité ne soit autre que les moutons angoras permettait à la vieille femme d'avoir du travail toute l'année. Même si elle vivait assez simplement, la vétérinaire était à n'en pas douter l'une des notables de l'île. Assez naturellement, quand le seigneur de Mistoltin décida d'organiser une fête chez lui, la dame fut invitée, et son élève avec elle. Ambrosias, qui était folle amoureuse du beau noble aurait normalement du être ravie, mais ce n'était pas le cas. Rongée par sa timidité et persuadée de ne pas pas être à la hauteur d'un tel jeune homme, elle refusait l'idée de lui confier ses sentiments. Le simple fait de le voir sans pouvoir rien lui dire était à la fois un plaisir et une torture. Pour toutes ces raisons, elle préférait ne pas assister à la fête. Malheureusement pour elle, Adélaïde était une femme têtue et tenace. Quand elle décidait quelque chose, elle ne faisait pas de concessions. Ambrosias tenta de se trouver des excuses, prétextant notamment qu'elle n'avait pas l'argent pour acheter une robe de soirée, ce qui n'était pas totalement faux. Étant fille de paysanne, elle ne roulait effectivement pas sur l'or et ses économies étaient particulièrement maigres. Ceci étant, sa mère, qui faisait à peu de chose près la même taille, avait également une morphologie similaire. En somme, elle pouvait tout à fait lui emprunter une robe mais préférait faire comme si de rien était. En rien convaincue, Adélaïde avait insisté, offrant même à sa protégée de quoi se payer une toilette flambant neuve. Prise au piège, la jeune femme n'avait plus eu d'autre choix que d'accepter.


Anxieuse, elle était rentrée chez elle le soir venu pour se confier à Octavia, sa mère, qui l'avait rassuré comme elle pouvait. Le lendemain, bien malgré elle, Ambrosias avait quitté la ferme familiale un peu avant midi, après avoir aidé sa mère. Ses pas la conduisirent jusqu'au port de l'île, seule véritable agglomération urbaine de Tanuki qui portait par ailleurs le même nom. Les locaux n’étaient pas toujours très inspirés il fallait bien l'avouer. Comme elle avait faim en arrivant, elle se rendit à l'Angora, une petite auberge tenue par son cousin et son épouse depuis de longues années. Les Lagniel étaient une véritable institution en ville et tout le monde ou presque appréciait leur célèbre ragoût de mouton, Ambrosias la première. Se délectant d'un bon repas, elle en profita également pour passer un peu de temps avec Marie, sa petite-cousine. Une fois repue, la jeune femme quitta l'établissement pour se rendre au seul magasin vendant des robes qu'elle connaissait. Au dessus de ses moyens, elle n'y était jamais entré. Depuis toute jeune, elle se contentait de tenues faites par sa mère, ou de prêt-à-porter rapiécé. Ambrosias, qui ne payait pas de mine, fit donc irruption dans la boutique et commença à inspecter un peu toutes les tenues en vente. Après de longues minutes de réflexion, elle n'était pas vraiment plus avancée, n'ayant toujours aucune idée de la façon dont elle voulait s'habiller. Ce fut à ce moment là que la porte du magasin s'ouvrit, faisant sonner la petit clochette argentée s'y trouvant accrochée. Tournant naturellement la tête pour voir qui venait d'entrer, Ambrosias se retrouva littéralement bouche bée. Une ange était là, à seulement quelques mètres d'elle. Subjuguée, la vétérinaire en herbe la détailla longuement sans rien dire. C'était évidemment la première fois qu'elle voyait un ressortissant de cette espèce aux airs divins.





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Je la regarde.

Elle me regarde.

Elle ne me lâche pas du regard, bouche bée comme si j'étais une espèce de truc sortie d'un livre de fantaisie. Alors, d'une moue boudeuse, je roule des yeux et souffle sur une des mèches rouges tombant devant mon visage. Alors quoi ? Ici aussi je passe pour un phénomène de foire ? Tsss... Et dire que je vais devoir subir cela toute la soirée. La plaie.

Mais je décide de l'ignorer, avançant vers les robes de soirées accrochées à des cintres, les faisant bouger rapidement, les détaillant en me préoccupant surtout de leur dos, éliminant d'office toutes celles où mes ailes ne passeront pas. Ce qui en élimine un grand nombre. Et les seuls que je n'ai pas éliminée ne m'ont pas tellement convaincue... Parce que je n'ai pas envie d'être convaincue ? Possible... Cela dit, peut-être que si je demande à la vendeuse de les cacher jusqu'à ce soir et que j'explique à mon père qu'aucune des robes de l'île ne peut m'aller, alors je serais tranquille ? Après tout, cela ne concerne que trois robes dans ce magasin... Bon, peut-être quatre si je compte la bleu nuit là-bas qui à le dos partiellement découpé sur le haut.

Oui, c'est une idée envisageable mais... Est ce que la vendeuse acceptera de me soutenir ? Surtout que je n'aurai pas d'argent à lui donner alors que si elle se range du côté de mon père, elle pourra vendre une tenue...

- Raaaah !

Je me laisse tombée dans un des fauteuils servant à accueillir les accompagnateurs des clientes qui assistent généralement aux essayages, prenant ma tête dans mes mains en fixant le sol. Mes cheveux ainsi en pétard, je commence à réaliser que rien ne pourra me sauver de cette horrible situation. Et là, dans cette position, mon regard cherche autour de moi une échappatoire. Et c'est là qu'il tombe de nouveau sur la jeune fille blonde qui a choisi de m'ignorer après mon arrivée et qui s'est déjà accaparée la vendeuse. Oh bien sûr, elle a l'air plutôt enthousiaste à l'idée de s'acheter une robe pour ce soir !

Pour ce soir ?

Je souffle, m'affalant alors sur le dossier du siège, regardant cette fois le plafond d'un air désespéré. Et après quelques secondes, sans rien bouger d'autre que ma tête, je tourne mon visage vers la deuxième cliente.

- Dites... C'est vraiment bien ce genre de réception ?

Mon air totalement blasée ne peut tromper personne sur le fait que je n'ai clairement pas envie d'y aller... Mais en soit, j'ai surtout peur que les gens se moquent de moi, et que je me retrouve seule dans mon coin...
Mais peut être que je me trompe ? Peut être que ce pourrait être... amusant ?

Mouais, ça semble drôlement douteux quand même...


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∆ Feat. Izya ∆


À voir la réaction de l'ange, Ambrosias venait de faire une boulette. Déglutissant, elle grimaça en se disant que la façon qu'elle avait eu de fixer ainsi la pauvre l'inconnue n'était peut-être pas du meilleur effet. Voilà qu'elle allait passer pour une autre bouseuse de la campagne. Quoiqu’à bien y réfléchir, c'était bien ce qu'elle était, bien que cet état de fait lui déplaise. Incapable de retourner réellement à ses emplettes après cela, la blonde jetait de temps à autre des coups d’œil vers la rouquine. Sa façon de râler et s’effondrer dans un fauteuil donnait d'elle l'impression d'une adolescente au fort caractère. Faisant mine de rien, Ambrosias revenait aux mêmes robes encore et encore. Jusqu'à ce que l'ange ne lui adresse finalement la parole.


« Pardon ? »


Durant quelques secondes, les méninges de l'aspirante vétérinaire lui firent défaut tandis qu'elle tentait de comprendre ce dont pouvait parler l'inconnue. Comprendre qu'elle mentionnait la réception à laquelle elle allait elle-même participer une fois le soir venu ne s'avéra cependant pas très long.


« Oh ! Le bal de lord de Mistoltin. »


La simple évocation de ce nom offrit de suite l'image du jeune homme à Ambrosias qui manqua de se mettre à rougir. Fort heureusement, elle savait contenir ses sentiments, du moins à peu près, surtout en public et face à des gens qu'elle ne connaissait pas.


« Je n'en sais rien, je n'y suis jamais allé. Ce sera ma première fois au manoir. Les gens en disent généralement le plus grand bien. Ma professeur, a l'habitude de dire que ces soirées mondaines sont la chose la plus intéressante sur Tanuki. Elle se trompe rarement. »


Avançant lentement vers l'ange en souriant, la jeune vétérinaire tâchait de ne pas paraître trop maladroite, ni de fixer trop longuement ou souvent les ailes de l'inconnue pour ne pas l'importuner plus encore.


« Je m’appelle Ambrosias, et toi ? C'est la première fois que je te vois ici, tu viens de loin ? »




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Dernière édition par Ambrosias le Ven 17 Mar 2023 - 18:25, édité 1 fois
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Je dévisage un moment la blonde aux yeux bleus, réfléchissant à ses mots. Bon sang mais dans quel coin paumé j'ai atterri moi ?! Bon d'accord, il ne se passe jamais rien non plus sur Scarlett Town mais à partir du moment où il y a la mer et une forge, comment peut-on trouver un rassemblement de gens en robe de soirée plus intéressant que nager ou forger ?

Je ne comprends pas !

- Moi c'est Izya et je suis de South Blue. Je suis dans le coin pour me perfectionner sous la tutelle de Maître Hojimo... Sauf que Lord machinchose m'a vu à la boutique et a trouvé malin de m'inviter...

Renfrognée, je croise les bras devant ma poitrine tout en tirant une moue boudeuse et fixant le vide devant moi. Non, je n'ai clairement pas envie d'y aller, ça me saoule d'avance, c'est franchement injuste !

- Tout ça parce que mon père est plus nul que moi en forge... Sale macho orgueilleux !

Bien évidemment, mon discours doit être difficile à suivre pour quelqu'un qui n'est pas dans ma tête mais est ce que j'y pense à cet instant ? Évidemment que non. Je suis bien trop remontée contre mon père pour ça !

Mais bon... Comme je n'ai pas le choix... Je tourne à nouveau mon visage devenu plus calme vers la demoiselle Ambrosias.

- Dis... Tu crois que tu pourras m'aider à fuir la soirée ce soir si elle est vraiment trop nulle ?

Parce que trop nulle, je ne doute pas un seul instant qu'elle le sera. Mais comme Lord truc m'a invité personnellement et à dis qu'il ferait de moi l'invitée d'honneur, une alliée ne sera pas de trop si je veux pouvoir m'enfuir...


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∆ Feat. Izya ∆


South Blue ? La jeune femme ne connaissait presque rien du monde extérieur. Elle savait bien sûr placer cette mer sur une carte ou un globe, mais elle aurait été bien incapable d'en dire grand chose en dehors du fait qu'il y faisait souvent chaud. Ambrosias n'aimait pas la chaleur, un tel endroit ne lui faisait donc pas très envie. Elle préférait le froid de North Blue, pour sûr. Tout en écoutant l'ange, la vétérinaire en herbe tiqua quand elle entendit le nom de son être aimé se faire écorcher.


« Lord Althias de Mistolin. »


Sans aucune animosité, elle reprit naturellement son interlocutrice. Pour le reste, Izya semblait facilement en proie à la digression. Cela amusait la jeune blonde qui n'y voyait aucun mal.


« Les forgerons sont des gens plein de talent. Maître Hojimo est un modèle pour plein de jeunes gens ici. »


Cela ne les poussait pas pour autant à se lancer dans cette voie, il fallait bien le reconnaître. Ici, tout le monde ou presque subsistait grâce aux moutons endémiques ou à l'agriculture. La propre famille d'Ambrosias ne faisait même pas exception à la règle. Penchant légèrement la tête sur le côté, la jeune femme s'étonna d'entendre par la suite une demande si singulière. Prise de court, elle ne sut quoi dire.


« Eh bien... Je... d'accord ? »


Tout bien pensé, c'était une bonne nouvelle. Ambrosias n'avait de toute façon pas très envie de s’attarder sur place. Elle angoissait rien qu'à l'idée de se trouver dans la même pièce qu'Althias. Si l'ange souhaitait potentiellement se soustraire à ses obligations, l'aider serait un superbe moyen d'en profiter pour prendre elle aussi la poudre d'escampette.


« Et donc... C'est Lord de Mistoltin qui t'a invité en personne ? »


C'était effectivement ce que la rouquine avait affirmé, mais ce point intriguait son interlocutrice qui se demandait, si cela était bien vrai, quelle pouvait en être la raison. Quelque part, cette simple idée la rendait un peu jalouse.




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Alors qu'elle accepte de m'aider, je me tourne alors vivement vers elle, lui attrapant une main dans les deux miennes et la regardant avec des yeux remplis d'étoiles de soulagement.

- C'est vrai ?! Oh merci ! Tu me sauves la vie !

Ne prenant pas tellement attention à sa réaction face à mon geste, je commence déjà dans ma tête à imaginer comment cette soirée pourra se dérouler et surtout, comment je vais pouvoir l'occuper après avoir fuit la soirée... Oh évidemment la première idée qui me vient est d'allée nager mais je la raye immédiatement au vu de la température de la mer dans cette partie du globe... C'est fou à quelle point elle peut être froide ! Et moi, je n'aime vraiment pas le froid. Mais finalement, la question d'Ambrosias me fait rapidement redescendre sur terre et me ramène à l'instant présent : dans la boutique de vêtements chiques.

- Ah, oui. Ce goujat a osé profiter de mon statut d'apprentie et vendeuse pour m'insulter de "créature" alors que j'étais toute seule ! Si Léo était là, je suis sûre qu'il lui ferait payer cet horrible affront ! Non mais franchement ! C'est pas parce que j'ai des ailes de plumes que je n'ai pas de cœur et que je n'ai pas le droit au respect ! Mais le pire, c'est que mon père ne me défend même pas sur ce coup là ! Il laisse le maroufle faire de moi son phénomène de foire pour la soirée ! Ça m'énerve tellement !

Et alors que mon visage exprime toute ma colère et que mon poing se serre devant moi de frustration, mon visage change soudainement quand une idée de génie me traverse l'esprit.

- Oh ! Je sais ! Et si je trouvais une robe qui cache mes ailes ! Comme ça Lord Machinchouette sera dégouté et peut être même qu'il se désintéressera de moi ! D'ailleurs, toi aussi il te faut une robe non ? Ou tu as peut être déjà choisi ?


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∆ Feat. Izya ∆


Un peu gênée par le contact soudain avec les mains de l'ange, Ambrosias se contenta de sourire. Ses lèvres 'allongèrent encore quand elle tenta de cacher son embarras face aux paroles blessantes d'Izya envers l'homme qu'elle aimait. Elle se doutait bien qu'elle ne disait pas vraiment cela à mal, mais elle n'aimait pas entendre de telles choses. Du peu qu'elle pouvait en voir d'elle, l'ange semblait être du genre à rapidement s'énerver.


« Hahaha, de rien. »


L'idée suivante ne manqua cependant pas de ravir la jeune vétérinaire jalouse. Il était effectivement probable que les ailes majestueuses de la demoiselle étaient en grande partie responsables de l'attention que le noble lui portait. En portant une robe qui les cacherait, il était possible qu'Althias se désintéresse d'elle. La chose était en réalité peu probable, mais un cœur amoureux s'accrochait à la moindre branche qu'on lui tendait sans faire la fine bouche.


« Oui, c'est une bonne idée. En tout cas, ça peut marcher ! »


Se mettant à rire subrepticement, la jeune femme originaire de Tanuki ferma un instant les yeux en penchant la tête sur le côté.


« Non, pas vraiment. Je n'ai pas l'habitude de ces choses là. En fait je ne me souviens pas avoir déjà porté une robe. J'aime bien la bleue, mais... je ne sais pas trop... »


D'un signe de tête, Ambrosias désigna une toilette aux teintes azur dont le dos était découvert mais avec un décolleté fort peu prononcé. Elle était belle, mais elle se demandait si elle pouvait se permettre de porter de telles choses. Même si elle savait ne pas être moche, elle n'avait jamais vraiment été portée sur son apparence et elle avait terriblement peu confiance en elle.




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- Hm... Elle est jolie oui.

Je me demande comment réagirait Léo en me voyant dans une telle robe... Est ce qu'il tomberait une nouvelle fois amoureux de moi ? En plus, celle là a le mérite de totalement dévoiler mon dos, un plaisir pour mes petites ailes qui sont trop souvent étriquées dans les vêtements des humains. Heureusement, ma mère se débrouille en couture alors...

Mais à quoi je pense ?! De toute façon, il me suffit de prendre la première robe avec un genre de cape sur les épaules et zoup, ça sera plié cette histoire !

- Tu devrais aller l'essayer pendant que moi je vais demander à la vendeuse, ce sera plus rapide.

Aussitôt dit, aussitôt la fermière du coin est abandonnée ! Non pas qu'elle soit réellement fermière... Ou peut être que si... En fait j'en sais rien et je m'en moque largement pour plutôt me concentrer sur ma propre recherche... Qui tourne vite au désespoir lorsque la commerçante m'annonce que de telles robes n'existent pas. Mais voyant ma mine déconfite à cette annonce, elle se reprend assez vite pour m'apporter une solution.

- Cela dit... Il existe de très joli petite cape qui vont de paire avec certaines tenues. Vous voulez essayer ?
- Oui !... S'il vous plait...

La politesse n'a jamais été mon fort mais mon comportement un peu trop survolté a le mérite de faire rire la dame qui me conduit alors vers les fameux ensembles qui sont normalement destiné aux saisons plus fraiche selon elle. Ça tombe bien je suis du genre frileuse comme fille alors je n'aurai aucun mal à porter ce genre de robe en tout temps !

- Je vous laisse regarder tranquillement ?
- Je veux celle là !
- Oh. Vous êtes sûre ?

C'est comme une révélation pour moi. Cette robe rouge au liserai doré... Oui, c'est elle et pas une autre ! Après tout, Léo m'a toujours dit qu'il adorait ma crinière de feu alors...

- Vous savez, cela risque de ne pas mettre vos cheveux en valeurs.
- Je veux quand même l'essayer.

Est ce que j'en ai quelque chose à faire de ces dires ? Non, clairement pas. De toute façon si elle me va je la prends et puis c'est tout.

- Dans ce cas... Allez y.

Bien que légèrement dépité de voir que sa clientèle néglige ses précieux conseils, la vendeuse m'indique les cabines d'essayages où l'autre jeune femme s'est déjà enfermée pour tester cette fameuse robe qu'elle a choisi. Et tandis que je prends la cabine à côté de la sienne, nous entendons la sonnette de la boutique retentir.

Comme quoi, nous ne sommes peut être pas les seuls à faire ces achats de dernières minutes.


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Sortant de sa cabine après avoir accepté d'essayer la robe, Ambrosias fut bien contrainte d'avouer qu'elle la trouvait à son goût. Se voir ainsi vêtue lui faisait un drôle de sentiment, mais elle se trouvait bien, et ce n'était pas une chose qui arrivait si souvent. Ne prêtant pas de suite attention à l'arrivée de nouvelles clientes, elle se figea littéralement sur place quand elle vit que la nouvelle venue était en fait un homme. Nul autre que le seigneur de Mistoltin. Comme à son habitude, il était beau, bien apprêté et affichait un sourire charmeur et agréable. L'homme ne manqua pas de croiser le regard de la jeune vétérinaire en devenir.


« Oh ? Le monde est petit. Enfin, Tanuki tout du moins.

- Seigneur...

- Althias ira très bien. Une nouvelle robe pour la soirée ?

- Je... oui...

- Très bon choix, elle met vos yeux en valeur.

- M... merci. »



Sentant le rouge commencer à lui monter aux joues, la jeune femme se retourna en faisant comme si elle remettait des plis de sa robe en place. Très peu de temps après, et avant qu'elle n'ait l'occasion de se tourner un peu en ridicule, l'ange ressortit de sa cabine. Elle portait dorénavant une robe rouge qui la mettait particulièrement bien en valeur. On pouvait dire sans l'ombre d'un doute que c'était sa couleur.


« Vous aussi ? Quelles étaient les chances ? Par tous les dieux, cette tenue vous va à ravir. »


Approchant du noble, la vendeuse lui remit une boite assez grande mais qui semblait légère. Elle comportait très certainement une toilette féminine. La prenant en offrant un sourire aux trois femmes, il prit le temps de regarder sa montre à gousset.


« Une tenue pour ma cousine. Mon arrière cousine du côté de ma mère, mais qu'importe. Nous nous reverrons plus tard. »


Aussi vite qu'il était arrivé, l'homme s'en alla. L'exaspération était clairement lisible sur le visage d'Izya. L'ange n'avait clairement aucunement l'intention de tenter quoique ce soit avec le noble, malgré tout, Ambrosias ne pouvait s'empêcher d'être jalouse. La façon dont il l'avait regardé, elle en rêvait. Cela n'arriverait jamais, elle le savait et s'était faite une raison avec le temps, mais la chose restait douloureuse malgré tout.




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Exaspéré par le regard beaucoup trop mielleux de ce Lord je sais pas quoi, je m'approche de ma copine de robe tandis que le blondinet s'en va avec les vêtements de son arrière cousine ou je sais pas quoi.

- Non mais quel toupet celui là ! A cause de lui je n'ai même plus envie de porter cette robe !

Mais tandis que je cherche du soutient auprès de cette fille, je me rends rapidement compte qu'elle est perdue dans ses pensées tout en fixant encore la porte d'un air triste et maussade. Hm... Si je comprends bien, il n'y a que moi que les yeux doux de ce nabot gène... Ça me donne une nouvelle idée.

Rapidement, j'examine la robe que porte la demoiselle avant de finalement me tourner vers la vendeuse.

- On va vous prendre ces deux là du coup ! Allez, vient Ambrosias on se change et ensuite je vais t'aider à te préparer !

Un sourire malicieux sur le visage, je pousse presque ma compère dans la cabine tandis que mon plan se peaufine dans ma tête. Oui, ce soir, il est hors de question que je sois collé aux basques de ce noble à la noix. Quitte a être obligée d'aller à cette soirée, autant que je puisse en profiter comme je le veux !
Et ce que je veux, moi, c'est ne pas être sous le feux des projecteurs... Alors que ce que veux Ambrosias, c'est être au bras de son amoureux... Hihihi...

Sortant en première de la cabine, je me dépêche d'aller vers la vendeuse pour régler la note de ma robe mais aussi pour lui demander en douce de manière à ce qu'Ambrosias n'entende pas.

- Dites Madame, est ce que vous auriez une perruque rouge comme mes cheveux par hasard ? Et une blonde ?
- Euh... Je n'en vends pas personnellement mais je pense que vous pourrez trouver ça dans le magasin d'en face...
- Et des plumes ? Est ce que vous auriez des plumes blanches pour confectionner des fausses ailes comme les miennes ?
- Je crois que je vois où vous voulez en venir... Je dois pouvoir me débrouiller pour faire ça...


Je lui donne alors ce qui me reste de sous que mon père m'a confié.

- Contre tout ça, je peux vous demander de me faire amener cela à la forge de maître Hojimo ? Ah et il me faudrait une petite cape noire...
- J'ai celle ci qui rentre dans vos frais totaux et qui irait très bien avec les robes que vous avez toutes les deux choisies.
- Parfait ! Merci Madame !
- De rien.

- Ah ! Ambrosias, tu as enfin fini ! Tu payes ta robe et on y va ? Ce sera plus marrant de se préparer ensemble, tu penses pas ?Et je suis sûre que ça fera plaisir à mon père de voir que je suis avec une amie.

Le mot amie est peut être donné un peu vite pour décrire notre relation naissance, mais en même temps, il y a tellement peu de gens que je peux appeler "ami" que je ne sais pas trop à partir de quand on peut vraiment le dire. Dans tous les cas, je suis sûre qu'elle est très sympa cette jeune fille alors je n'ai aucune raison d'être méfiante !


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∆ Feat. Izya ∆


Suivant très simplement le rythme de la furie ailée, Ambrosias paya ce qu'elle devait à la vendeuse et sortit du magasin avec sa robe dans une grande boite en carton rigide. Izya était une véritable pile électrique. Elle débordait littéralement d'énergie. Particulièrement solaire, elle était bien plus démonstrative et avenante que la future vétérinaire. Les deux jeunes femmes étaient bien différentes, mais c'était paradoxalement ce qui pourrait facilement les rapprocher.


« Si tu veux, oui. Allons-y. »


Cela faisait très longtemps que la campagnarde n'avait pas vu maître Hojimo. La dernière fois, c'était lors de son passage au port, quand elle était allé voir la famille de son cousin en ville. Plus rat des champs que des cités, Ambrosias avait généralement l'habitude de rester dans les terres. Le simple fait de côtoyer de si près une ange était déjà, en soi, une petite aventure.


« Dis moi, Izya, tu m'as dit venir de South Blue. C'est là que tu es née où simplement la mer où tu as grandi ? »


Après tout, la race dont était membre la rouquine n'était pas originellement issue des mers bleues mais bien du ciel. L'on disait qu'il y avait, dans le ciel, d'immenses îles suspendues dans les airs et que des routes composées de nuages les reliaient. La jeune femme de Tanuki savait que tout cela était vrai, mais les détails lui échappaient totalement. Au fond d'elle, Ambrosias espérait avoir un jour la chance de pouvoir visiter de tels endroits.




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