La Baie de Whitemoore
Les folles histoires d'Elsa
Après plusieurs jours de mise en place, Monsieur Kanazawa, Monsieur Beckett et Elsa D. Swann décide de mettre en branle leur plan pour attaquer la baie de Whitemoore..
Quelques soldats de la Marine quittent la baie de Whitemoore, tout au plus deux sections de soldats qui se dirigent vers l’intérieur des terres pour enquêter sur la fumée au loin. La panique est générale, serait-ce en lien avec les rumeurs qui vont bon train sur le pirate sanguinaire ? Aucune idée, mais la tension est palpable dans les rues : certains résidents plient bagages et chargent les chariots pour partir au plus vite. D’autres encore, s’arment de fourches, pioches, pelles, autres armes contendantes en tous genres pour parer toute éventualité.
Le Lieutenant Birdy Boy, chef des forces armées de la Marine pour la Baie de Whitemoore, est formel. Personne ici ne sèmera le trouble et son navire avait spécialement accosté au ponton pour déverser davantage de soldats afin d’effectuer une importante patrouille de dissuasion dans la ville. Le Lieutenant n’était pas homme à se laisser faire ni surprendre, si la piraterie voulait jouer un mauvais tour sur la Baie de Whitemoore, la sentence serait immédiate et sans appel.
«-Mon Lieutenant ! Nous avons rassemblé les données demandées sur la fugitive. »
Birdy Boy laisse son canari de compagnie se saisir du dossier avant de le déposer sur l’établi posé devant son maître. Il le gratifie d’un simple « cui-cui ».
« -Vous êtes sûr de cette information ? Ça me paraît un poil poussif qu’elle ce soit elle-même trancher le bras, non ? »
« -Absolument sûr monsieur… C’était John Horse, paix à son âme, qui l’avait mis aux fers. »
Birdy Boy hoche positivement la tête, décidément les pirates et la révolution en voulaient de plus en plus à la paisible île de Kage Berg, il se devait donc d’être d’une fermeté exemplaire avec les pirates qui circulaient librement sur l’île.
« -Bien, poursuivez donc les patrouilles. Le moindre souci doit m’être rapporté dans la minute afin que j’adapte ma stratégie. »
Le soldat de la Marine se met au garde-à-vous puis tourne les talons pour retourner à son poste.
En ville, Monsieur Beckett s’est approprié une tenue de civil passe-partout et se promène librement dans les rues, en marchant droit vers le dépôt de munition qui avait été repéré bien plus tôt au cours de ses précédentes pérégrinations. Satisfait de son ébauche de plan, il poursuit sa route avant de contourner son objectif pour se retrouver derrière le bâtiment. Il regroupe sans mal du bois mort sous un pommier vieillissant et quelques herbes sèches, concevant de la sorte une torche de fortune qu’il allume à l’aide de son briquet.
Au même moment, Elsa D. Swann, prend place non loin de la geôle, elle attend patiemment le signal. Il ne tarde d’ailleurs pas, Monsieur Beckett a parfaitement rempli son rôle, une colonne de fumée s’élève au loin et après quelques douteux instants, une explosion qui fait trembler toute la ville se fait entendre. Le dépôt est détruit, atour de la geôle, c’est la panique. De nombreux soldats partent en direction des lieux du sinistre, seulement deux gardes restent en s’échangeant des regards embrumés de doutes. La lame d’Elsa s’enfonce avec une facilité déconcertante dans la boîte crânienne du premier Marine, le défigurant à tout jamais de façon horrible avant que son corps ne foule le sol, le second soldat est tétanisé par la peur, Elsa assène une nouvelle frappe au niveau de son fusil, lui tranchant les deux bras. Elle se baisse pour ramasser les clés des cellules et les fait tournoyer autour de sa seule main valide puis, elle pousse l’épais port en bois et laisse la lumière s’imprégner des lieux. Aussitôt, elle peut ressentir et entendre du mouvement dans l’ensemble des lieux, les bruits des barreaux se font plus présents.
« -Vous êtes tous des morts en sursis ici ! Je vous offre votre vie… Mais elle a un prix ! Me servir, et ce, à tout jamais, jusqu’à votre ultime souffle. Me servir, ou mourir. À vous de choisir. »
Elle marque une pause devant son auditoire visiblement peu à l’écoute, avant de reprendre son élocution.
« Derrière moi, se dresse un symbole de la tyrannie : la Marine. Que l'on vous a présenté comme le modèle absolu de la justice. On procure à la population une fausse idole, pour empêcher de mettre en pièces ce monde corrompu et dénué de justice. Je vais vous la dire, moi, la vérité sur la Marine : Ils ont assassiné mon mari sans procès, ils m’ont pris mon œil et mon bras ! Si nous, nous avions fait ceci ? Que serait-il advenu de nous ? Aujourd'hui, je ne peux plus vivre dans le mensonge, il est temps de confier la vérité aux citoyens u monde, et il est temps pour nous de demander la démission de ce gouvernement et de sa police d’Etat ! Acceptez-vous la démission de ce Gouvernement ? Et acceptez-vous la démission de cette bande de menteurs, de tous ces corrompus ? Nous reprenons ce monde aux corrompus, aux riches, à ceux qui vous oppriment depuis des générations, qui vous font courber l'échine avec leurs fables sur l'égalité des chances, et nous vous la rendons à nous, la piraterie !
Ce monde est à vous ! Nul ne s'interposera, faîtes comme bon vous semble. Mais commencez par prendre d'assaut cette ville, et libérez les opprimés ! Qui se porte volontaire ? Notre équipage prendra forme. Les puissants seront arrachés à leurs nids de décadences, et projetés dans le monde froid que nous connaissons, et subissons. Les tribunaux pirates seront institués... Et le butin sera partagé. Le sang sera versé. Votre vie m’appartient ne l’oubliez pas !
Nous sommes les boucaniers aux Os noirs ! »
Des hurlements se font entendre dans l’enceinte de la prison, les barreaux semblent sur le point de craquer. Elsa ouvre petit à petit les cellules, si certains restent bien droit devant ce qui semble être leur nouveau capitaine, d’autre tente de prendre la fuite, obligeant Elsa a utilisé ses armes pour venir à bout de ces derniers. Un pacte est un pacte, il est impossible de revenir dessus. Satisfaite de sa petite manœuvre, elle désigne la porte, intimant aux barbares de se ruer dans la ville.
« -Piller, tuer, voler, faites ce que vous voulez, Whitemoore est à vous.»