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Selon nos calculs, elle devrait être là

De retour sur Armada après la bataille de Marineford, nous nous remîmes chacun à notre rythme, qu’il s’agisse de blessures physiques ou de cicatrices de l’âme. Je devais avouer ne pas avoir attendu d’être totalement guéri : pas à l’intérieur en tout cas. Je suis plus habitué à verrouiller les choses qu’à leur faire face. Alors, plutôt que m’interroger sur ce que j’ai ressenti en voyant Izya aux portes de la mort sur Marineford, ou Red à ses côtés l’instant d’après, je préfère fuir ces questions et les fuir eux.

L’excuse me fut apportée par Olek : la raison même de notre participation à la bataille. Je l’ai maintenu suffisamment longtemps en vie pour qu’il puisse obtenir les soins adéquats et, une fois en état et qu’il a appris mon implication, il est venu me remercier. De fil en aiguille, en racontant comment il en est arrivé là, sur l’échafaud, et les autres nouvelles du monde, il me fournit mon excuse pour m’en aller : Sainte Adela qui voyage sur Grandline avec son équipage de capitaines corsaires. Une dragonne céleste ! Les plus grandes personnalités que le gouvernement a pour devoir de protéger ! En d’autres termes : l’otage parfait.

Alors certes ce serait avoir un amiral sur le dos. Mais ils sont bien loin et Red en a même vaincu un. Qu’ils viennent. Et surtout : que je m’éloigne d’Armada, de Red, d’Izya, et de ces émotions enfouies en moi.

Alors je pris la mer sur mon fidèle monstre marin Plouf, direction Myriapolis d’abord dont je possède l’eternal pose avant de remonter les voies grâce à mon gyropose : kikai no shima et enfin notre destination : Jaya. Marc, l’un de mes hommes de main, prit évidemment soin de cartographier ces îles dans sa tête grâce à son pouvoir et j’avais modifié mon apparence pour passer incognito pour ne pas provoquer de conflit inutile et parvenir à destination le plus rapidement possible.

Nous arrivons donc sur l’île de Jaya où, d’après les estimations d’Olek qui m’accompagne, Sainte Adela et sa suite devaient être. Nous avons traversé le mur d’épaves sans grande difficulté : il permet peut-être de piéger les navires mais pas les animaux marins. Et puis, ce n’était pas la première fois que je venais sur cette île. Bon. Une dragonne céleste et un équipage de corsaire sur une île pro révolutionnaire, ça devrait se trouver plutôt facilement non ? Suffit de tendre l’oreille et de suivre le grabuge.
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Guéri de ses blessures, la peau encore délicate et rosée suite à une cicatrisation aussi magique qu'express, Olek repartait à l'aventure. Marine Ford avait été pour lui un traumatisme, une cuisante défaite, une gifle tant physique que psychologique encore douloureuse aujourd'hui, qui laissait une marque indélébile dans son mental autrefois inébranlable. La logique voulait qu'après une chute à cheval, la première chose à faire était d'y remonter aussi vite que possible, avant de laisser la peur s'insinuer trop profondément.

Exactement ce qu'il était en train de faire. Alors que ses bottes trempées foulaient les graviers d'une des infâmes plages de Jaya, le colosse se remémorait la raison de sa venue : sauver Jack. Ou du moins, réussir à glaner quelques informations sur sa localisation. Son partenaire de castagne, son alter ego, sa deuxième paire de couilles, avait été fait prisonnier pendant l'assaut de Marine Ford. Jack n'avait pas réussi à s'échapper lors du cessez-le-feu. Olek, qui le croyait mort au combat, n'avait appris sa captivité que récemment et depuis, n'avait de cesse de le retrouver. Son frère d'armes croupissait quelque part dans le Nouveau Monde par sa faute. Olek s'était fait la promesse de le rejoindre, qu'il faille affronter la terre entière et traverser l'enfer pour y parvenir.

Sa première étape était donc Jaya et la capture d'Adela, la dragonne céleste et pirate en devenir. Le monde entier était au courant de ses récents déboires et de la voie qu'elle suivait. Reyson et Olek s'étaient naturellement alliés pour la capturer. Bien que leurs motivations fussent différentes, leur objectif était le même : faire chanter le gouvernement et obtenir des réponses. Leur duo ne s'était pas retrouvé depuis des années, et lorsque le colosse avait appris la part cruciale que le métamorphe avait jouée pour son évasion de Marine Ford, il n'avait pu s'empêcher de lâcher quelques larmes de joie et de reconnaissance. Ils avaient fait la fête et bu beaucoup trop, bien décidés à rattraper le temps perdu et à nourrir une amitié florissante, avant d'enfin quitter Armada plus déterminés que jamais.

Les voilà donc à débarquer incognito sur l'ancienne île pirate aujourd'hui sous le joug de la révolution. Enfin, "incognito" n'était peut-être pas le terme adéquat. Tandis qu'ils se félicitaient mutuellement de l'aisance avec laquelle leurs montures marines avaient esquivé la barrière d'épaves, plusieurs tirs de canons retentirent. Les boulets perforèrent Olek avant d'exploser dans l'eau derrière lui sans faire plus de dégâts. Criblé de trous, mais intact, son corps reprit sa forme initiale dans un crépitement de flammes et son visage se durcit d'un air faussement offusqué.

- Non, mais pourquoi c'est moi qu'on vise ?! Tu es beaucoup plus célèbre que moi...

La voix d'Olek s'éteignit alors qu'il se rappelait que Reyson n'était physiquement plus Reyson.

- Ça me fout vraiment les jetons, ton truc ! À force, tu arrives toujours à te rappeler qui tu es ?!

Il ricana de sa propre stupidité en s'avançant sur la plage, les bras levés bien hauts en signe de soumission dans les airs. Une voix puissante et intransigeante retentit sur toute la plage et le fit s'arrêter net.

- Pas un pas de plus ! Les pirates ne sont pas les bienvenus ici !

C'est alors qu'un homme torse nu, quasiment aussi musclé qu'Olek, sortit de derrière les rochers. Il menaçait les nouveaux arrivants du bout de son immense hache.

- Je te reconnais, Olek, et crois-moi, qu'en d'autres circonstances, je t'aurais offert un verre pour tes exploits à Marine Ford !
- Ah ? L'ennemi de mon ennemi est mon ami, ou un truc du genre ?
- Exactement ! Mais ce sera pour une autre fois, nous n'acceptons plus aucun visiteur, l'île de Jaya est barricadée ! Les canons que tu vois sur la colline ont pour ordre de tirer à vue !
- Comment ça ? Le colosse fronça les sourcils, commençant doucement à comprendre qu'il avait chier dans la colle.
- Ne me dis pas que vous n'êtes pas au courant ? La petite garce d'Adela est en route ! On ne l'attend pas avant un petit moment, mais pour éviter tous risques d'infiltration, on a pris les devants et bouclé l'île !
- Ah...

Un sourire désolé et un haussement d'épaules furent tout ce qu'Olek eut à offrir en guise d'excuse à Reyson.
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Sur la Route de Tous les Périls, la Lépreuse vogue paresseusement au gré des flots. Mon équipage profite du temps clair et moi aussi d'ailleurs. On vient d'aller voir Edward sur Innocent Island et de récupérer Diego, mon ami homme poisson. Bref, la vie est on ne peut plus calme. Je me prélasse tranquillement sur un transat tout en lisant le journal. Pas mal de choses ont secoué le monde dernièrement, l'attaque de Marine Ford, mais surtout, et c'est ce qui attire le plus mon attention : Sainte Adela remonte la voie un de Grand Line et vient de quitter Alabasta. Son étape suivante est donc l'île de Jaya et je trouve que c'est l'occasion parfaite pour gonfler un peu ma réputation et trouver de nouveaux alliés. Exorciser de vieux démons, aussi. Alors je me lève et j'ordonne d'une voix forte.

"Changement de cap! On va sur Jaya!"
"Comment ça?" s'étonne une grande femme blonde allongée sur un autre transat à coté du mien.
"Héfy, Sainte Adela y va et j'ai furieusement envie d'apprendre à cet enfant gâtée que la piraterie n'est pas un jeu." dis-je d'un air mauvais.
"Frost t'as ordonné de conquérir l'Asile, tu crois vraiment que tu peux perdre plus de temps que tu en as déjà perdu?" demande un homme masqué à l'accent hispanique.
"Tu as raison, mais d'après ce que je sais, Jaya est sous la protection de Ragnar. Un révolutionnaire, ancien allié de Red contre Teach."
"Tu comptes faire d'une pierre deux coups?" demande une Hephillia dont la curiosité a été piquée.
"En effet, on a besoin de se faire un nom et des alliés. C'est l'occasion rêvée."

Et même plus que ça, il s'agit d'un coup de billard à trois bandes, si tout se passe bien, on pourrait gagner sur tous les tableaux! Mes hommes se mettent alors à l'œuvre pour modifier le cap et faire voile vers Jaya.

Quelques jours plus tard, nous voilà enfin à quelques encablures de Jaya. L'ancienne catin des mers s'est refait une beauté à ce que je vois. D'ailleurs, bien que j'y sois déjà allé, c'est bien la première fois que je pose les yeux sur cette île. Et dire que ça fait presque quatre ans… Avec les Rhinos Storms, on avait pacifié ce cloaque. J'y ai mangé mon fruit du démon et perdu beaucoup d'illusions. Et puis il y a … Flist, le crochet et Mantle Shoma… c'est si loin, que j'ai tendance à croire que ça s'est passé dans une autre vie, mais ce passé que je pensais avoir laissé derrière moi se retrouve être mon présent à présent. Et pourtant, ce mur d'épaves qui bloque mon navire n'était pas là avant. Je pourrais passer en force, que ce soit grâce à mes pouvoirs, ceux de Diego, ou les canons de la Lépreuse. Mais ce serait envoyer un mauvais signal aux autochtones.

Après avoir ordonné qu'on jette l'ancre, je m'élève dans les airs grâce au geppou et je file vers l'île négocier un droit d'entrée. Quand soudain, j'entends des canons faire feu! Inquiète je me retourne vers mon navire, mais je constate avec un certain soulagement que ce n'est pas lui qui est pris pour cible. Pour l'instant! En fait, il s'agit d'un grand gaillard blond. Un colosse qui vient de se faire traverser par un boulet de canon. Tiens, ça me dit quelque chose. Une jeune pousse qui se serait rapidement fait un nom et qui aurait brillé à Marine Ford : Olek! Avec une prime de 400 millions de Berrys sur la pomme, les canonniers de la révolution sont face à un sacré client. D'autant plus qu'il n'est pas seul! Enfin, il y a un autre type avec lui que je ne reconnais pas. Je me hâte de les rejoindre avant que les bas du front de la révolution ne voient mon galion derrière et décident de l'allumer. J'atterris donc entre les protagonistes de l'histoire. Je ne connais pas le type à moitié nu qui dirige les artilleurs, mais j'ai enfin l'identité de l'homme aux côtés du supernova. Il s'agit de Reyson, dont les hormones ont du modifier l'apparence mais pas l'odeur.

"Bonjour messieurs!" dis-je chaleureusement. "Tant de canons dressés, j'espère que vous ne faites pas tout ça pour moi!"
"Les pirates ne sont pas les bienvenus ici!" repète un Othar agacé.
"Je ne suis pas une pirate comme les autres. Je suis Jeska Kamahlsson, et j'ai déjà aidé la Cause à Parisse et sur Winter Island." rappelé-je à mon interlocuteur. "Je suis venue aider. Et je pense qu'Olek et Reyson aussi."

Me voilà a griller l'identité secrète du pirate métamorphe, non pas pour le mettre en difficulté, mais pour lui monter que ces petits tours de passe-passe ne marcheront pas avec moi. Et je vois le leader révolutionnaire hésiter, alors, j'enfonce le clou.

"Ecoutez, vous avez plus de trois milliard de berrys de pirates primés devant vous. C'est idiot de croire que vous pouvez vous passer de notre aide dans le conflit à venir. Et c'est encore plus stupide de croire que vous pouvez nous repousser. Vous serez donc fort aimables de nous mener à celui qui dirige les opérations, et aussi de dégager le passage à mon navire qui mouille là bas."

Puis j'avance lentement vers Othar, sûre de ma force.
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Quelques minutes plus tôt, avant l’arrivée de Jeska :

« Olek, pourquoi il a dit qu’Adela n’arrivera pas avant un moment ? »
« Elle a dû se tromper de jour. »
« Pas toi dans tes calculs ? »
« Vous m’ignorez ou quoi ? Je vous ai dit de partir ! A cinq j’ordonne de tirer ! »
« Mes calculs sont parfaits ! Elle doit arriver le 22 mars, accompagnée d’une légère brise venant de l’Est et posera le pied sur cette plage à 16h24 sous une pluie de boulets de canon. Je peux pas être plus précis ! »
« Les boulets tu viens de les ajou… Attends, mars t’as dit ? »
« Cinq ! »
« T’es sourd ? 22 mars, 16h24, et il doit être… »
« On est en janvier Olek ! »
« Quatre ! »
« Impossible. »
« Surtout me dis pas que tu m’as cru lorsque je t’avais dit que tu étais dans le coma deux mois après Marineford ! »
« Pourquoi je t’aurais pas cru ? »
« Trois ! »
« C’était parce que tu te vantais d’être invincible que je t’ai charrié sur la durée de ta convalescence, c’était une blague ! »
« Comment j’aurais pu le savoir ? »
« Parce que ça a fait rire tout le monde ? »
« Je croyais qu’ils se moquaient. Bon à savoir : je suis invincible. Héhé. Et mes calculs sont bons, c’est juste que tu m’as pas donné les bonnes informations. »
« Deux ! »
« Passons… Qu’est-ce qu’on fait ? On remonte la voie jusqu’à la trouver ? »
« Vous m’écoutez au moins ?!? »

Et c’est à ce moment que Jeska intervint et interrompit notre réflexion à Olek et moi. J’ignore comment elle s’y est prise pour deviner mon identité cela dit, mais je l’observe sur mes gardes.

« Pas un pas de plus, Jeska Kamahlsson. Ici ce ne sont pas les pirates qui décident. Dites-moi d’abord pourquoi vous voulez nous aider ? »

Othar dégaine un couteau et se tient prêt à en découdre s’il le faut. Sa posture trahit un passé d’excellent combattant et une grande expérience à l’arme blanche : il ne dévoile aucune ouverture et ne transpire pas la peur. Jeska disait vrai, mais les pirates agissent pour leurs propres intérêts et ce sont bien des pirates qui protègent sainte Adela.

« Je sais qui vous êtes et ce que vous avez fait. Et si cet homme est bien Reyson D. Anstis comme vous le prétendez, il a combattu plusieurs fois auprès de Ragnar et l’a aidé à libérer les prisonniers de Jotunheim. Cependant je sais aussi que parmi les Corsaires qui accompagnent la garce se trouve le second d’un équipage dont il a fait partie : les Saigneurs. Alors, plutôt que de jouer des épaules, prouvez-moi d’abord que je peux vous faire confiance. »

Ils sont plutôt bien renseignés dis donc, et puis s’ils ont préféré se préparer à combattre l’ensemble des capitaines corsaires dont les primes font quelques milliards plutôt que de fuir l’île, ce n’est pas pour se laisser marcher sur les pieds par nous trois sans rien dire. Ma couverture ne semble plus me servir à rien : je reprends mon apparence et j’ajoute à l’intention de Jeska :

« En parlant de confiance : pourquoi tu es partie après le festival de Tetsu no Kuni ? Quel est ton lien avec Red ? »

Et avec Armada, et avec moi ? Non parce qu’à mes dernières nouvelles, elle était la compagne de Red mais je ne l’ai pas interrogé sur son absence ni sur le rapprochement d’Izya. Mes informations concernant ce triangle amoureux ne sont pas à jours, et par voie de conséquence notre lien à nous deux.
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Olek écarquilla les yeux de surprise et pouffa dans sa barbe mal taillée comme un demeuré. La contre-attaque de Reyson visant à percer à jour le jeu de la femme fatale fraichement arrivée sembla toucher un point sensible. Le colosse laissa échapper un sifflement aigu de surprise, semblable à celui d'un pirate découvrant un coffre débordant d'or. Sans être irrespectueux, son geste était toutefois teinté de machisme.

- Un lien avec Red ! Encore un ? Et bien ! Il semblerait que le bon vieux Red ait beaucoup de succès ! Un vrai petit cachotier !

Il ne poussa pas plus loin sa provocation bon enfant et reporta son attention sur le torse nu. Il fit une petite pause théâtrale pour se donner une importance qu'il n'avait pas, le torse bombé, le poing fermé replié dans le dos et l'autre caressant sa barbe hirsute comme s'il réfléchissait. Éclair de génie ou vérité évidente, Olek balança tout à coup :

- En vérité, l'ami, il est de notoriété publique que nous sommes tous les trois, de près ou de loin, liés à Red. Tu peux être sûr que nous avons autant, voire plus, envie que toi de mettre la main sur cette petite catin d'Adela. Comme l'a dit Jeska, connaissant la bande de vendus avec la dragonne céleste, notre aide ne sera pas de trop !

Othar ne semblait pas convaincu, mais la mention d'un des empereurs combinée aux souvenirs encore frais de l'attaque de Marine Ford fut suffisante pour le faire baisser les armes et lever sa main ouverte dans les airs à l'attention des canonniers sur la colline.

- REPOS, CAMARADES !

D'un air toujours menaçant mais détendu, il tendit son avant-bras dans un geste guerrier, que Olek serra avec force et respect.

- Ce que l'on risque révèle ce que l'on vaut.
- Hein ? Quoi encore ? Tu veux récolter ma prime ?
- Ça veut dire un truc du genre : "qui ne tente rien n'a rien", Olek.
- Aaaaaaah...

Othar se présenta formellement aux deux autres et leur indiqua de le suivre. Ils prirent ainsi la direction de la cité Caravelle escortés par une petite armée.

- Allons voir le maire, il décidera de vous faire participer ou non à l'effort de guerre. En attendant, je prends le risque de vous offrir l'asile pour quelques jours. Nous n'avons rien à gagner à nous battre entre nous, ça je vous l'accorde.
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Et pendant ce temps la, devant le mur d'épaves...

- Non mais... Qu'est ce que vous comprenez pas dans, je suis un putain d'allié de Ragnar ?! Je me suis battu avec lui sur Parisse ! Sur Winter island ! Sur le glaçon de Toreshky ! Sur Treize ! Et toi blaireau, t"étais ou ?
- Je montais la garde ici !
- Et tu veux que je te fasse un bisou pour te remercier ?! Bordel ! Y'a Sainte Adela et sa meute de corsaire qui vous arrivent droit dessus, vous étes en train de chier dans vos bottes en rameutant tout le monde pour tenir le choc, et quand on vient pour vous aider on se fait pointer à l'entrée ?
- Je ne suis pas sur que vous venez nous aider...
- T'es pas sur ? T'es pas le couteau le plus aiguisé du tiroir hein ?
- Je ne vous permet pas !
- Moi je me permets. Les gars, montez une caisse sur le pont !

Et quelques minutes plus tard, on déverse au palan une caisse devant le douanier révo, et on l'éventre au pied de biche pour révéler le contenu, des rangées de sabres d'abordage flambant neuf, aiguisés de frais, et soigneusement rangés et enroulés dans de la charpie pour les protéger de l'humidité.

- ça tu vois, c'est de quoi équiper toute une compagnie avec de quoi découper les salopards d'en face.
- Il vaudrait mieux des fusils.
- Pff, si je t'appuie sur le nez je suis sur qu'il pisse du lait... Les fusils c'est bien au début, mais pour emporter la décision à la fin, c'est au sabre que ça se joue. Mais si tu les veux pas, on remballe...
- Je vais appeler Othar.
- Ouais, fais donc ça.



Dernière édition par Red le Lun 9 Oct 2023 - 14:58, édité 2 fois
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Othar essaie de garder la main, normal, c'est un leader, il ne va pas se dégonfler face à nous. Il en va de sa crédibilité en tant que chef. Ceci dit, moi non plus je ne bouge pas. Je ne me mets même pas en garde. En fait, j'affiche la plus grande décontraction. Les gens en face de moi ne sont pas une menace. Si je le voulais, ils seraient tous en train de se rouler au sol en train de regretter d'être nés. Mais ce n'est pas comme ça qu'on construit une alliance. D'autant plus que mes capacités se prêtent mal à une démonstration de force. Je suis plus à l'aise dans la dissuasion.

Heureusement pour moi, les mots d'Olek finissent de désamorcer la situation. Et si j'ai bien entendu les allusions du grand gaillard et du pirate métamorphe, je décide de jouer les sourdes et de faire comme si je n'avais rien entendu. Ce n'est ni le lieu, ni le moment pour ce genre de discussions. Et surtout, je ne veux pas en parler! La douleur est encore trop fraîche dans mon cœur pour que je puisse aborder le sujet sans m'emporter. Il va me falloir beaucoup de temps et de rhum pour ça. Et me murger devant mes futurs alliés n'est pas dans mes projets immédiats. Même si je suis certaine que ça détendrait nos rapports.

Bref, comme le dit Othar, allons voir le maire.

On traverse donc la jungle escortés par le chef révolutionnaire et quelques hommes qui transpirent abondamment, certainement pas à cause du climat tropical de l'île. Et au bout d'une petite heure de marche nous voilà à destination. La Cité Caravelle avait avantageusement remplacé la Catin des Mers. Et alors que mes yeux s'aventurent sur les façades de bois des habitations, des souvenirs du temps des Rhinos Storms refont surface. Smile, Lilou … Oswald, Serena. Et Rachel, l'âme sœur de Red. Nom d'une biscotte, tout me ramène à lui! Allez, reprends-toi Jeska! Tu es une femme forte, une pirate crainte, tu ne vas pas te laisser submerger par un chagrin d'amour!

Notre escorte nous dirige d'un pas rapide vers une bâtisse plus grande que les autres. Celle du Maire à n'en pas douter. L'homme à moitié nu frappe à la porte et nous annonce. Une voix rauque répond simplement.

"Fais-les entrer."

Encore une entrevue avec le boss de Jaya pour moi. Comme quoi, aujourd'hui, mon passé n'a jamais été aussi présent.
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Ainsi nous entrons dans le bureau du maire qui, contrairement à ce que l’on pourrait penser, ressemble à un beau foutoir : des piles de papier trônent ça et là dans la pièce, sur le sol et la table basse sous la fenêtre. Le bureau n’en est pas dépourvu non plus et trois escargophones travaillent actuellement : le maire Belmud vient de raccrocher l’un tandis que les deux autres chantonnent une musique de mise en attente. A n’en point douter, l’homme croule sous le travail et il n’y a que deux chaises pour nous accueillir : il ne doit pas avoir l’habitude de voir plus de monde en même temps. Olek s’affale immédiatement dans l’une des chaires, il veut être parmi les décideurs et non celui qui reste debout, en retrait de l’affaire. Je m’avance en me concentrant davantage sur toute cette paperasse où je crois lire les noms de plusieurs banques. Le maire le remarque alors :

« Le monde tourne à l’argent. Or on veut que notre monde continue de tourner en ces temps troubles, donc il nous faut de l’argent. Et vous n’êtes sûrement pas en reste… Reyson D. Anstis, Jeska Kamahlson, Olek… Des pirates qui ont profité à la cause, mais des pirates toujours. Vous agissez donc par intérêt personnel : quel sera le prix de votre aide ? »

Olek fut le premier à répondre sans prendre grand temps à la réflexion, mais pour que son narrateur ait de quoi écrire, il lèvera ce suspens que plus tard. De même pour Jeska, si tant est qu’elle ait prise la parole. Mes excuses, ma mémoire me fait défaut, mais je peux vous communiquer ma réponse propre :

« La sainte, en vie de préférence. Elle est mon prix. »

Et mon objectif. L’otage ultime pour faire bouger le gouvernement, dans un sens ou dans un autre. Belmud prit son temps, observant un à un chacun d’entre nous, étudiant nos requêtes, avant d’ajouter une question.

« Il y a deux Libres Capitaine parmi vous, et vous trois avez un lien avec l’Empereur Red. Dites-moi, parlez-vous en votre nom propre ou est-ce Armada ou l’Empereur qui nous vient en aide ? »

L’on frappe alors à la porte, Othar entre et annonce qu’il y a un invité supplémentaire. Un nouveau visage nous rejoint dans le bureau, une autre tête liée à la fois à Armada et à Red. Peut-être aurions-nous pu davantage nous concerter en amont ?  
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Comment ça ? On a en plus le droit de se faire payer pour ce travail ? Olek était aussi excité par la question du maire qu'un gamin devant le père Noël, mais il le dissimulait beaucoup mieux. Du moins, le croyait-il. Affalé sur sa chaise, ses jambes étaient grandes ouvertes et ses bras posés nonchalamment par-dessus le dossier. Avec sa posture grossière, il essayait d'intimider son interlocuteur, sans se rendre compte qu'il se ridiculisait plus qu'autre chose au milieu de ces grosses pointures. Fier de sa capacité de réflexion basée sur l'unique trait de suivre son instinct, le colosse ouvrit la bouche à la seconde où Belmud la fermait.

- Moi, je veux une nuit tous frais payés dans votre plus beau bordel ! Un baril de votre meilleur rhum ! Il me faut aussi une coupe chez un coiffeur depuis le temps... Puis un tailleur pour me faire un costard maintenant que je pèse dans le monde de la piraterie !

Comme si sa taille avait une quelconque utilité pour affirmer ses propos, il se redressa de toute sa hauteur, se cognant la tête au passage dans le plafond, avant de continuer le plus sérieusement possible.

- Les costards, c'est la classe, c'est réservé aux types importants, et je suis un type important, paraît-il ! Ah, et il me faudrait juste quelques minutes avec la Sainte en tête-à-tête, promis je ne l'abîmerai pas trop ! Je cherche mon pote Jack, le dernier dinosaure !

Ses demandes, d'un sarcasme insolent ou d'une sincérité simpliste accablante, probablement un mélange involontaire des deux, ne laissèrent personne indifférent. Sa dernière phrase fit sourire autant que secouer les têtes en signe d'embarras. Olek fit mine de ne pas remarquer les différentes réactions et sans attendre de réponse, laissa sa place et la parole aux autres. Le glaiseux d'Amezone aux mœurs de Phacomoshère se dirigea vers le petit bar et se servit un verre de cognac en écoutant la discussion d'une oreille discrète. Le maire haussa un de ses sourcils mécontent, mais ne dit rien. Un type aussi beau qu'Olek était bien élevé profita de ce moment pour entrer, accompagné d'Othar qui grogna en voyant le pirate un verre à la main.

- Entrez les amis ! Bah quoi ?! Ce n’est pas toi qui voulais m'offrir un verre y'a une heure ? Tiens, trinque avec moi, je déteste boire seul ! Quelqu'un d'autre veut un verre ? dit-il en servant le Viking et en levant la bouteille vers le reste du groupe.
- En général, on boit une fois le travail accompli...
- Et chez moi, un contrat n'est jamais signé la gorge sèche !

Le sourire espiègle du pirate était aussi communicatif qu'exaspérant.
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C'est amusant comme la route de tous les périls est toute petite. On rentre dans le bureau du maire d'un petit patelin de Grand Line, et la, paf, on se croirait à une réunion de crise au Kraken. Amusant non ? Bon, ça veut dire que le patron n'est pas le seul a avoir senti l'odeur de sapin qui émane de Jaya, alors forcément, les charognards sont la, reste à savoir qui va se faire enterrer à la toute fin.

- Salut tout le monde. Quand je pense que les douaniers de l'entrée m'ont traités de pirates et on fait des difficultés pour me laisser passer alors que je ne suis que le dernier de la meute... de qui se moque t'on ?

J'adresse un signe de tête au doublon de Capitaine, un regard perplexe à Olek, un salut au maire et à Othar, tout en me demandant ce qui les a tous amené ici... Enfin, surtout Jeska. Avec ce que nous a dit le patron je n'ai pas la moindre idée d’où on est avec elle. Et j'aime pas trop avancer dans le flou avec quelqu'un capable de me réduire en flaque le temps de dire poison.

Mais on est entre pirates hein ? Tous dans le même camps ? J’espère.

- Je ne parle que pour moi mais je viens de la part du Capitaine Red. De façon évidente, en bossant avec Ragnar vous avez collé sur Jaya une belle image de cible, et comme la 102eme est trop occupé pour vous refaire la gueule comme ils l'on fait à Hungeria, le GM à délégué le boulot à leur putain de Sainte Adela. Vous allez vous faire rouler dessus, et dans le fond ça n'arrange pas grand monde. On va pas ressasser les poncifs sur les amis et les ennemis, mais si vous êtes prêt à vous battre plutôt qu'a fuir, vous aider à tenter d’arrêter Adela avant le Nouveau monde arrange la plupart des pirates de la route de tous les périls.

Comme disait Red, si la sainte s’arrête sur Jaya elle perdra toute crédibilité au titre qu'elle usurpe, et c'est Jaya qui servira de cible au GM. Et si Jaya ne l’arrête pas, elle sera au moins affaibli pour une tentative plus pirate de lui faire la peau.

Par contre, un truc m’échappe.

- Reyson ? Pourquoi tu la veux en vie ?

Sans même parler du fait que ça semble une demande tout à fait absurde au vu de l'entourage de la demoiselle, qu'est ce qu'il pourrait bien vouloir faire avec une dragonne celeste prisonnière ?

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Voilà, je suis la seule debout. Les mufles se sont rués sur les sièges comme des morts de faim et moi, la seule représentante du beau sexe, je se suis là, droite comme un piquet. Franchement, la galanterie, c'est un truc qui se perd! Parce que bon, j'aurais bien aimer poser mon séant après cette longue marche en forêt. Mais soit, le plus important n'est pas là. Car le Maire rentre directement dans le vif du sujet en nous demandant nos tarifs. Je regarde amusée Olek prendre ses aises, et répondre avec une franchise et une naïveté qui caractérise les jeunes pousses dans le monde de la piraterie. Je me délecte aussi des réactions étonnées, voire outrées des deux révolutionnaires. Sans doute attendaient-ils des que le colosse exiges des émoluments moins terre à terre, qu'ils se rassurent je n'ai pas encore donné mon prix, ni Reyson d'ailleurs. Ce dernier ne se fait pas prier pour annoncer la couleur. les deux souhaitent garder Adela, en vie, rien que ça. Problématique quand moi je veux la tuer, mais soit, sa mort ne m'est pas indispensable non plus. Pour l'instant, je ne laisse rien paraître et je continue de rester silencieuse sur mes motivations. En effet, je ne suis pas chaude pour que Red ou sa truie de compagnie aient vent de mes projets. D'autant plus quand Belmud a l'extrême délicatesse de croire qu'on est tous les laquais du Chapeau Rouge.

Et voilà qu'on frappe et qu'un nouveau venu s'invite. Dommage à cinq on était pile le bon nombre pour une partie de Tarot. Et voilà donc Baker, ça faisait longtemps que je n'avais pas vu sa trogne burinée ni entendu sa gouaille si particulière. Ceci dit, je vois au regard inquiet qu'il me jette que ce plaisir est loin d'être partagé. Il se méfie de moi, à raison sans doute, mais j'aurais cru que le peu de temps qu'on a passé ensemble aurait permis de tisser une amitié un peu plus durable. A croire que sur Armada, quand on n'est plus du côté du capitaine Red …

Bref … comme souvent, dans pareille situation, je soupire. Pas assez fort pour couper la discussion entamée entre l'ancien Marine et Reyson cependant. UN peu blasée, je me dirige vers le bar ou les deux costauds sont en train de se savourer un alcool brun. A vu de nez, je dirais un Coganc. Hé bé, les leaders révolutionnaires, ça ne se refuse rien! C'est un breuvage de bien meilleure qualité que les affreux tord-boyaux qu'on sert sur Armada. Et d'une certaine façon, je préfère sceller une alliance à la mode d'Olek que par d'ennuyeuses négociations politiciennes comme sont bien partis pour le faire le pirate métamorphe, le maire et le représentant de l'Empereur Red. Subrepticement, je migre donc vers le bar, et je laisse courir délicatement mes doigts de la main gauche le long du bras droit du supernova. Avant de me glisser entre Othar et Olek, la bouteille d'alcool à la main.

"Leurs conversations sont tellement ennuyeuses." minaudé-je. "Une alliance a votre façon à l'air bien plus … excitante."

Puis je m'enfile une généreuse rasade de Cognac directement au goulot.



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« J’aime les concerts, et en l’occurrence c’est le gouvernement mondial que je veux faire chanter. Un dragon céleste est la meilleure monnaie d’échange. Après, si elle périt, je peux peut-être négocier de leur rendre la dépouille à la limite. Mais idéalement, un otage en vie a toujours plus de valeur. »

Voilà pourquoi je souhaite Adela en vie, bien que je ne m’offusquerais pas de sa mort. Si elle ne suffit pas, il y a un endroit tout indiqué où en trouver d’autres : MarieJoa. Même si j’espère ne pas avoir à en arriver là, car ce serait bien plus dangereux encore que la bataille qui se profile sur Jaya.

« Oh et si Jack, corsaire et ex Saigneur, fait parti des gardes de la Sainte, j’ai un compte à régler avec lui. »

Du coin de l’œil, j’observe distraitement Jeska qui semble tenter une approche auprès des deux autres hommes, pile lorsque Baker nous a rejoint. Serait-ce un message pour son patron Red ? Je ne connais pas assez Jeska pour comprendre ses intentions et je ne sais rien de ses projets. Peut-être aurais-je dû interroger Red à son sujet ? Malheureusement le sujet des femmes est un point sensible et très compliqué entre l’Empereur et moi. Les potes avant les putes, dit le dicton, mais le cœur a ses raisons que la raison ignore, riposte l’autre.

« Si je résume : une nuit tout inclus dans un bordel, du rhum, un coiffeur et un trois pièces pour Olek. Quant à Adela, vous savez que les champs de batailles ont leur lot d’imprévu : on ne peut garantir sa survie, ni pour l’entrevue d’Olek ni pour la prise d’otage de Reyson.
L’intervention de l’Empereur Red sert ses propres intérêts et est donc grâcieuse, si j’ai bien compris. »



Pour la première fois, le maire de Jaya semble entrevoir une lumière d’espoir, mais il ne baissera pas sa garde pour autant et continuera de donner son maximum pour augmenter ses chances.

« Excusez-moi, dame Jeska, je ne crois pas avoir entendu votre prix ? Dois-je comprendre qu'il est dans votre intérêt d'agir et que vous ne demandez aucune contrepartie ? »
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Des frissons parcoururent son corps lorsque Jeska effleura son bras, et ses yeux s'écarquillèrent de surprise lorsqu'elle sirota le Cognac sans grimacer. Voilà une femme de qualité ! Red savait choisir ses dames, semblait-il, et le colosse en fut presque jaloux. Il grogna son approbation et lui fit un clin d'œil avant de jeter nonchalamment au maire :

- Rajouter une deuxième nuit au bordel, ça ne sera pas de trop, peut-être même toute une semaine. En échange, je m'occupe d'apprendre à la bleusaille l'art vicieux du combat rapproché.
- Nous avons déjà des formateurs pour ça. Lui répondit le maire, pas plus intéressé par son offre que par le verre d'alcool proposé plus tôt.
- Ce que vous avez, ce sont des civils et de gentils petits soldats, qui se battent en rang et en uniforme, et qui ne valent guère mieux que des mouettes. Il faut se battre comme un pirate pour en vaincre un.

Le maire se gratta la barbe, surpris par les paroles du colosse. À croire qu'Olek ne disait pas que des conneries. Othar lui posa une main sur l'épaule et approuva d'un signe de tête avant d'ajouter :

- Ça me fait mal au cul de l'avouer, mais il n’a pas tort, Belmund. Une petite piqure de rappel ne fera pas de mal à nos vétérans non plus.
- Très bien. Je vous laisse gérer cette partie là.

Le maire ne chercha pas plus loin ; il avait une confiance aveugle en Othar pour tout ce qui touchait à la stratégie militaire. Après avoir écouté et validé les exigences de Jeska, il sortit une carte de Jaya qu'il posa sur son bureau, invitant les personnes présentes à s'approcher.

- Maintenant que nous sommes alliés et que les termes du contrat sont réglés, voici la répartition de nos effectifs et des défenses sur l'île. Connaissant l'ennemi qui arrive, que proposeriez-vous ?

Othar prit la relève, expliquant et détaillant ce qu'ils avaient mis en place jusqu'à maintenant. Les pirates avaient posé leurs conditions, il était maintenant temps de mettre la main à la pâte.
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Mouais. C'est sur que pour capturer un dragon celeste s'attaquer à Adela peut avoir du sens, après tout, c'est une dragonne céleste, ça c'est l'évidence, mais de toute cette sale engeance trainant sur Grand line c'est surement la mieux protégée. Alors niveau choix de cible...

Mais bon, Reyson est un grand garçon, par contre s'il faut encore se mouiller pour sortir les couilles d'Olek des ronces, je protesterai avec énergie...

On étale des cartes et on parle stratégie. Un boulot d'officiers supérieurs et de tacticiens, grand bien leur fasse, moi je venais pour livrer des armes, et c'est réglé. De toute façon pas besoin d’être bien malin pour savoir que la seule chance de tenir Jaya c'est d’empêcher l'ennemi de débarquer, et que c'est pas le genre de truc qu'il sera facile à faire face à une horde de pacifista. J'aimerais pas être troufion à Jaya le jour J moi...

Cela dit je reste dans le coin quand même, après tout, le chef aime l'information encore plus que l'or, alors autant en apprendre le plus possible sur le plan du bain de sang. Et dans la foulée j'en profite pour rejoindre aussi le bar, et sous couvert de me servir un verre, de glisser un mot à Jeska.

- T'as l'air en forme, ça fait plaisir... Je me demandais... Est ce que tu veux que je profite de mon retour pour lui confier un message ?

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Mon prix? Je ne sais pas s'il percute qu'il est en train de me traiter comme une prostituée de bas étage, où si c'est la profession de pirate toute entière qu'il insulte. Sans doute estime-t-il que parce que sa cause est "juste", cela fait de lui un combattant "vertueux" et que nous, qui venons nous joindre à la fête avec notre propre agenda en tête, ne sommes que des "mercenaires". Il n'a pas fondamentalement tord ceci dit, même si je trouve qu'il fait un peu trop la fine bouche pour quelqu'un au pied du mur. Mais bon, on ne gagne pas de guerre avec des bons sentiments, on gagne une guerre avec des alliés et une bonne stratégie.

"Mon prix, c'est un service pour un service. Je vous aide contre un Empereur, vous m'aiderez contre un autre."

Je me garde bien de dire lequel, et je savoure les réactions de l'auditoire. Oui, j'ai d'autres projets que de servir les intérêts de Red. J'ai de l'ambition! Bientôt, ce Monde ne pourra plus m'ignorer et je compte bien me servir de Jaya comme d'un tremplin. Intrigué, Baker vient me voir. Je le sais curieux de mes projets, mais je n'ai aucune intention de les lui révéler. Alors, je me fais énigmatique et lui murmure à l'oreille pour que lui seul entende.

"Je n'ai pas l'intention d'écarter gentiment ceux qui se mettront sur mon chemin. Si vos hommes me barrent la route, Red comptera les cadavres."

Et alors qu'Othar commence à détailler la stratégie, je me permets de le couper.

"Navré, mais tout ça m'ennuie. Cependant, j'ai à bord de la Lépreuse une personne tout à fait compétente en la matière, si vous voulez bien permettre à mon navire d'accoster, elle sera ravie de vous assister. "

Je quitte le bar et son duo de beaux gosses, pour me diriger vers la porte.

"Sur ce, messieurs, je m'en vais profiter de l'hospitalité de l'île. Et si quelqu'un veut m'accompagner, j'offre le premier verre."
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Jeska lâche une bombe comme ça avant de s’en aller ? J’espère au moins qu’elle ne pensait pas à Red lorsqu’elle parlait de se liguer contre un autre Empereur. Mais alors qui ? Je pense que l’on peut écarter le canard de la liste sans trop de doutes. Bon, en soit ce ne sont pas mes affaires, à la limite celles de Red, mais il a déjà des yeux et des oreilles ici qui lui rapporteront ce dont il a besoin de savoir. Je peux donc me concentrer sur l’aspect stratégique : qu’est-ce qu’on apporte aux défenses de Jaya ? Mis à part nous-mêmes, évidemment.

« Vous avez des nuisibles sur cette île ? Comme des rats par exemple ? »

C’est le moment où j’ai droit à des regards surpris et interrogateurs qui risquent très vite de se métamorphoser en dégout ou en admiration face à mon génie.

« L’idéal est de les couler en mer, c’est la faiblesse de tout être maudit et ils en ont un paquet avec eux. J’ai dressé quelques animaux marins qui pourront les tourmenter par le bas, quant à vous vous construirez des catapultes sur lesquelles vous déposerez des rats et un morceau de fromage. »

Ah non, leurs regards trahissent l’incompréhension. Sauf peut-être Baker qui connaît le mieux mes pouvoirs ici et ma manière de raisonner.

« J’aurais injecté des hormones de croissance dans vos fromages au préalable. A la première bouchée, vous envoyez le colis. Colis qui prendra des proportions démesurées en vol avant de produire un impact bien plus percutant qu’un boulet de canon. Faut juste que vous appreniez à manœuvrer le ratapulte. »

Et même si la salve n’atteint pas leur navire, soit ça produit suffisamment de remous pour détériorer leur navigation dans le cimetière d’épave qui encercle l’île, soit s’ils l’interceptent par la force ils seront recouverts par le sang du missile.

Alors ? Dégoût ou admiration ? Oh allez, un rat n’est rien d’autre qu’une ration de survie en cas de nécessité.

« Et s’ils parviennent sur l’île, on peut également profiter de vos souterrains. »

Une nouvelle voix jaillit dans la pièce sans prévenir : elle provient du miroir que je porte en pendentif autour du cou.

« Je vous présente Marc Page, mon meilleur cartographe. Ne vous inquiétez pas, ça fait souvent ça la première fois. »

Une voix qui sort d’un miroir, c’est peu banal.

« De ce que je vois sur vos cartes, vous avez toute une ville sous terre. Il faudra bien sûr renforcer les fondations et miser sur le fait qu’un dragon céleste préfère voir sa cible souffrir que mourir loin de son regard plusieurs mètres sous ses pieds, mais il est possible de créer un labyrinthe, des impasses et des pièges pour atteindre cette ville. L’empathie permet de savoir où vous êtes mais pas comment l’atteindre. »

Deux idées pour le prix d’une donc. Comme quoi on est plusieurs génies dans la bande.
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Olek n'était pas connu pour sa finesse ni ses talents de stratège. Il écoutait donc d'une oreille distraite les différentes recommandations de chacun, bien plus intéressé par l'offre de Jeska, qui venait de quitter la pièce. Mais il ne pouvait pas la rejoindre, du moins pas encore. Histoire de faire bonne figure, et surtout parce que l'eau-de-vie qu'il venait de boire était l'une des meilleures qu'il eût jamais l'occasion de goûter, il resta quelques minutes de plus. Le colosse hochait la tête, fronçait les sourcils et émettait des "hum" de réflexion ou d'approbation aux moments opportuns, même s'il ne comprenait pas la moitié des tactiques. Il espérait ainsi être crédible aux yeux de cette assemblée de gros bonnets, se disant qu'il devait faire un bon travail, étant donné les regards impressionnés que lui lançait Othar, dont le nez devenait de plus en plus rouge à chaque verre qu'Olek lui servait. Pour sa défense, le pirate avait une descente aussi rapide que les courants de la Red Line, et peu d'humains étaient capables de rivaliser avec lui.

Bien sûr, qui dit grande consommation d'alcool dit aussi envie pressante de se soulager, l'occasion idéale pour disparaître. Il lui manquait juste une excuse bidon. Olek toussa dans son poing fermé pour attirer l'attention, les regards se tournèrent vers lui, et il prit soin d'articuler chacun de ses mots.

- Il semblerait que mes talents soient requis ailleurs ! Othar, si tu veux bien m'accompagner et me présenter à tes gars avant leur permission, ça nous permettrait de faire connaissance !

Dans le jargon militaire, "faire connaissance" était synonyme de "se murger la gueule". Le pirate était persuadé qu'il en apprendrait plus sur les motivations des personnes avec trois grammes dans le pif que dans le respect de l'étiquette et de l'autorité dans un cadre officiel. Il avait également une petite idée en tête pour l'entraînement des nouvelles recrues, qui commencerait par une gueule de bois ancestrale et un réveil aux aurores. Le viking sembla lire dans ses pensées et s'excusa auprès du maire avant de quitter la pièce avec Olek. Celui-ci se permit un clin d'œil à Reyson et un salut militaire raté aux autres.

- Quand vous aurez fini, si vous souhaitez nous rejoindre, cherchez la plus grande taverne de la ville !

Et les voilà partis. Le révolutionnaire le mena à la caserne où la bleusaille terminait ses exercices martiaux, répartis en différents groupes à thème : combat au sabre, à mains nues et tir au mousquet. L'ordre régnait en maître, avec le tintement métallique des armes qui s'entrechoquaient et les hurlements des sergents beuglant sur les recrues épuisées. Le pirate fut agréablement surpris par le niveau global de la troupe, c'était propre, mais trop propre. Othar claqua des mains, un son qui sembla résonner dans toute la ville et que aucun soldat présent ne manqua. Ils se mirent en rang et au garde-à-vous devant leur supérieur, qui présenta Olek comme leur nouveau formateur aux techniques de pirate. Un titre pompeux pour expliquer qu'ils allaient apprendre à se battre comme des chiens. La renommée du colosse de feu n'était plus à faire, un mélange de peur et d'admiration animait les regards qu'il croisait.

La nuit tombait, avec elle, arrivait une obscurité grandissante, le moment idéal pour qu'Olek impressionne la galerie. Avant que l'ordre ne soit donné d'allumer les torches, il tendit ses doigts, crachant des dizaines de jets de feu à leur emplacement. Les morceaux de bois s'embrasèrent et manquèrent de mettre le feu à la caserne en raison de la puissance mal calibrée de son attaque. Il se contenta de sourire à pleines dents, persuadant le public par son assurance feinte que tout était calculé.

- Bon, l'entraînement commence immédiatement. Voici la première leçon : pour se battre contre des corsaires, il faut penser comme eux ! Vous devez trouver une pirate qui se trouve quelque part dans la ville, votre seul indice : c'est une femme magnifique et très célèbre ! La première patrouille qui la trouve sera dispensée demain matin et aura quartier libre ce soir ! Attention, c'est une alliée, pour votre sécurité, évitez de l'attaquer !

Alors qu'une foule en délire l'applaudissait, Othar le foudroya du regard, mais ne refusa pas pour autant ses ordres. Olek s'amusait comme un fou, la fête pouvait commencer. Il se joignit aux recherches accompagné du commandant révolutionnaire, en commençant par faire le tour de toutes les tavernes. Rien de mieux qu'un Barathon improvisé, couplé d'une chasse à la femme !
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- De mon coté j'ai débarqué des armes. La stratégie c'est sympa, mais ça ne sert a rien si on est pas armés pour la soutenir.

Quand aux idées de Reyson... Je ne dis pas qu'elles ne sont pas bonnes hein? Au contraire, très souvent ces idées sont très bonnes, ou plutôt, elles sont très efficaces. Leur soucis c'est plutôt qu'elles sont toujours terriblement salissantes. Et ça se vérifie très vite non ? Parce que la l'idée c'est quoi ? C'est d'utiliser comme projectiles des rats géants qui vont aller s'écraser sur des navires de la marine pour y maculer de sang et d'entrailles les braves soldats du gouvernement. Bien sur que c'est fonctionnel, mais personne ne mérite ça ! Parfois je me dis que la guerre devrait avoir des règles, parce que si nous on se laisse aller à ça, qu'est ce que risque de faire le gouvernement ?

Enfin, ça va être une horrible boucherie, je suis bien content que Red hésite encore a venir se battre dans le coin.

Mais j'ai visiblement le cœur plus tendre que les révolutionnaires du coin, ou alors ils font vachement mieux semblant, en tout cas ils prennent des notes et semblent prêts à suivre les idées de Reyson...

- Fortifier la zone souterraine c'est une bonne idée. Si les marins passent votre barrière de récif, vos canons auront pas de quoi les arrêter et ils pilonneront toutes les positions de surface. Au moins en sous sol ils seront obligés de venir au contact pour vous déloger.

Et d'un mouvement a l'autre sur la carte stratégique, il nous faut plusieurs heures pour sortir enfin de cette réunion stratégique ou on nous lâchement abandonnés, et tout ça pour découvrir que pendant ce temps la; Olek s'est contenté d'organiser un cache cache géant !

- Vous cherchez une pirate hein ? Et vous connaissez son nom ? non ? ça me semble plutôt dangereux votre histoire...

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Contrairement à ce que la mission donnée par Olek semblait suggérer, je ne suis pas difficile à débusquer. Totalement ignorante du fait que je suis l’objet d’une chasse au trésor, je ne me cache même pas! Ce serait même plutôt le contraire! Installée en terrasse, je sirote nonchalamment un petit cocktail personnel à base de rhum blanc, de menthe, de citron vert, de glace pilée et de soda. Et je ne manque pas d’attirer l’attention : une femme avec mon physique et ma réputation ne passe pas inaperçue. Cependant, je commence un peu à m’ennuyer. Je pensais que les garçons auraient vite fait de me rejoindre, force est de constater que je me suis plantée dans les grandes largeurs.

Fort heureusement mes sens surdéveloppés d’ancienne aveugle captent sans mal la conversation d’un petit groupe d’hommes qui pistent la femme magnifique et très célèbre que cherchent Olek et Othar. Amusée par la situation, je décide d’accueillir mes invités comme il se doit. D’un geste discret, je sollicite un serveur pour réserver la plus luxueuse de ses suites, un baril de leur meilleur rhum brun et faire apporter deux verres et autant de chaises. Quelle est donc ma surprise de voir trois hommes arriver. Qu’à cela ne tienne! Je hèle un membre du personnel. Je ne vais pas laisser ce bon Baker en plan.

"Monsieur, veuillez apporter un verre et une chaise de plus ainsi qu’un jeu de cartes, s’il vous plaît."

Le garçon de café se dépêche et très vite, il revient avec ce que je lui ai demandé. Avant qu’il ne parte vaquer à ses occupations, je lui glisse un généreux pourboire et je lui murmure.

"Assure-toi que leur verres soient toujours pleins."

Il opine et file s’occuper d’une autre table qui vient de le solliciter. Quant à moi, j’invite les hommes à s’asseoir et j’annonce la couleur.

"Alors, messieurs, belote coinchée ou poker?"

Après tout qu’y a-t-il de plus pirate que de dépenser sa solde en alcool et en jeux d’argent?
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Quant à moi, je ne compte pas m’amuser avec les autres. Jeska est l’affaire de Red, pas la mienne. Il ne m’a rien demandé et il a déjà Baker sur les lieux, je ne souhaite pas m’immiscer plus que de raison dans ses histoires. Même si, je dois l’avouer, ça m’arrangerait qu’elle revienne auprès de lui pour qu’il délaisse Izya et que… Non. Si Izya est heureuse ainsi, qu’elle le reste. Je n’ai aucun droit sur elle. Je n’en ai plus… Voilà pourquoi je fais mieux de garder mes distances : je ne saurais qu’être partial, et ma partialité m’a déjà coûté assez souvent. Ce n’est pas une autre histoire de femme qui m’aura. En tout cas pas aujourd’hui.

Alors je me retire dans les quartiers que l’on m’a confiés et je me fie un bon moment à mon mantra pour m’assurer que tout aille bien pour Olek et Baker. Après tout Jeska manie le poison et il faut toujours se méfier de ce genre de serpents. Et lorsque le sommeil finit par me rattraper, c’est à Alice que je confie la surveillance par le biais des miroirs, qu’elle me réveille au moindre pépin.

En espérant qu’il n’y en ait pas et que ma nuit se fasse tranquille.
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