[Époque : 1621]
Un temps au beau fixe pour entamer la journée. Que pouvait-on donc souhaiter de plus? Pas grand-chose, surtout à l'approche de la grande nuit du nouvel an. Très bientôt, une nouvelle année commencerait, dans quelques semaines à peine, en même temps que son anniversaire. Hé oui, le premier janvier n'était pas seulement le premier jour de l'année, mais aussi la date de naissance de Tammy. La jeune fille avait alors déjà rejoint les forces de la marine. Être une simple mousse n'était pas toujours facile et pourtant, cette gamine accomplissait sa tâche avec le sourire. Comment être fâchée par un temps ensoleillé? Une réflexion d'un optimiste sans faille pour une gamine quelque peu marginale. Alors que certains se plaignaient d'une trop grande chaleur, la fillette ne voyait là que douce attention de l'astre solaire. Ne disait-on pas que la plus accueillante des couvertures était celle nous tenant le mieux au chaud? C'était une manière de voir les choses. Il n'y a rien de bien bien effrayant chez quelques degrés supplémentaires lorsqu'on les comparent à une parcelle de vie partagée avec les nobles. Cela n'empêchant pourtant pas plusieurs de convoiter la place de ces sieurs et dames de la bourgeoisie. L'herbe nous semble souvent plus verte de l'autre côté de la clôture dit-on. Milady Tales avait souvent pu constater la véridicité de ce dicton. Fort heureusement, la petite ville figurant sur son trajet d'aujourd'hui ne semblait pas touchée par ce nuage de médisance.
Shell Town était sa destination. Sans peur et sans reproche, depuis la plus proche caserne de la marine, cette demi-portion s'était aventurée jusqu'à échouer ici. En tant que simple mousse, aucune caserne ne lui avait encore été affectée. C'est pourtant à l'approche de ses quinze ans qu'on l'encourageait à découvrir les bases entourant celle où elle avait récemment reçue une grande partie de sa formation. Deux voir peut-être trois mois s'étaient écoulés. Désormais, on lui parlait donc de se caser. Il était inconcevable qu'un membre de la marine soit toujours à se balader de gauche à droite. Ainsi, on l'avait encouragée à voir un peu plus du pays. Des villes sous l'étendard des marins lui avait été indiquées. Déjà trois elle avait visité, mais de ses arrêts, elle ne souhaitait pas nous parler. L'un des cinq endroits ciblés allait, très possiblement, devenir son prochain lieu d'activité. Pour en revenir à la ville actuelle, elle lui plaisait bien. Des gens accueillants accompagnés de leurs sourires éclatants déambulaient à travers les rues. Enfants et chiens talonnant ses braves gens égayés au-delà de ce que ses yeux avaient en ligne de mire. Pour une enfant sans parent, c'était à la fois touchant et intimidant. Par chance, on ne la dévisageait pas. Les passants se plaisaient à lui faire signe de la main et poursuivre leur route pas à pas.
C'est finalement au milieu de ce flot humain que la demoiselle de petite taille trouva son bonheur. Non pas la base de la marine, mais bel et bien, un marchand de breloques. Bagues, bijoux, jouets, peluches, babioles et autres farandoles abondaient à ce seul endroit. Et là où plusieurs y voyaient simplement un ramassis de camelote, Tammy découvrait la beauté de nouveaux objets fabriqués. L'azur de ses yeux pétillait de la joie de la trouvaille. Pas étonnant lorsqu'on voyait sur quels marchandises ils s'étaient finalement posés. Quatre petits lapins, finement tricotés, avaient été rapidement détectés. À celui déjà présent dans son dos, ils n'auraient point pu mieux s'harmoniser. Sans plus de retenue, on pouvait entendre la "femme" matelot déclarer :
-Kawaaaaiiiiiiiii! Ils sont trop mignons! Combien pour les quatre?
-Ah! C'est toujours un plaisir de faire affaire avec l'oeil connaisseur de la marine! L'ensemble est en réduction pour vous! Seulement 1000 berrys!
Aie. À bien y penser, la totalité de son voyage jusqu'à maintenant n'avait pas été de moindre coûts... L'exploratrice savait d'ailleurs qu'il lui restait encore un endroit à visiter, sans compter les frais de retour jusqu'à la base. Si ses habits de bleu et de blanc lui donnait effectivement accès à cette alléchante réduction, se permettre une telle dépense revenait à un pêché d'insouciance. Ils étaient si mignons... mais elle devait se montrer raisonnable. Se serait pour une prochaine fois. Son esprit avait déjà pris sa décision. Malheureusement, ses envies ne semblaient pas être en accord avec ce dernier. Voilà ainsi donc comment elle se retrouvait à rester bêtement plantée là, cherchant à convaincre sa connaissance la plus crédule : elle-même.