Quand on vaut trois milliards, on ne passe pas inaperçu...

Rappel du premier message :


- Tu es sûr que ça va aller ?
- Mais oui, en plus Léonov est pas invité donc tu n'as pas de raison de venir.
- Mouais... Et si Ravrak a ramené Tahar ?
- Raison de plus pour éviter que tu viennes...
- Ah bah sympa. La confiance règne !
- Princesse, rappelle moi ce que tu as dit y'a deux jours sur ce que tu ferais si tu croisais Ravrak et ton père ?

Je fais la moue, boudeuse, avant de répondre à contrecœur...

- Que je lui ferais manger ses dents pour inciter Tahar a nous rejoindre nous plutôt qu'un lambda comme ce type...
- Et est ce qu'on a envie que cette réunion deviennent une baston générale ?
- Non.

Il me sourit et m'embrasse délicatement sur la tête tout en me serrant dans ses bras.

- Allez, ça va bien se passer. Et puis tu as dis toi même que si tu venais c'était pour recruter un architecte sur Pantagonum. Faut bien que tes travaux se fassent non ?
- C'est vrai.
- Tu as juste à remonter les rails dans ce sens et tu arriveras dessus. Tu as bien ton éternal pour revenir ?
- Ça va, j'ai pas douze ans non plus... Bref, je file avant de changer d'avis...
- Et n'essaye pas de nous rejoindre en douce !
- Oui oui, j'ai compris...

Non mais ce qu'il peut être agaçant quand il a décidé de ne pas être d'accord avec moi... Pourtant, avec mon amitié avec Kiyori, la présence de Red et Frost la petite frappe, c'était carrément le bon moment pour me laisser dire deux mots à Ravrak et Tahar !
Enfin, si tant est que Tahar y soit...

Et puis zut, je suppose qu'il y aura d'autres occasions, et si je m'absente trop longtemps d'Eoleria, alors je laisse la porte ouverte à la marine... Non, faut d'abord que je m'assure de la construction de la ville de Dragonheart et de l'installation de la couverture nuageuse cachant l'île depuis la mer bleue pour ensuite espérer retourner conquérir le ciel.

Mais pour ça, il me faut un bon architecte. Oh, bien sur, j'aurai pu faire appel aux architectes d'Armada, et je me serais retrouver avec des têtes de morts partout dans ma ville touristique... Non, moi je veux du beau, du neuf et du design. Et d'après Red, Pantagonum possède le genre de style d'architecture que je recherche, c'est donc là bas que je vais recruter mon homme.

Transformée en dragon le temps de remonter la ligne de chemin de fer flottante, je me camoufle dans un mirage lorsque j'arrive enfin à proximité de l'archipel d'île dont la configuration me fait extrêmement pensé à Stymphale : ici aussi on a une île centrale qui semblent plus importantes et quatre îles autours. Diminuant mon gabarit en prenant ma forme hybride de vol, je me glisse, invisible, jusqu'à rejoindre la gare. N'ayant pas vu de train pour le moment, je la contourne pour aller plutôt au port de l'île afin de lever mon mirage depuis un tas de caisse à l'abri des regards.

Une capuche sur la tête et une cape descendant jusqu'à mes pieds et dissimulant aussi bien mes ailes que mon meitou, je sors la carte contenant les notes qu'Alfred m'a fait sur l'île et sur ce qu'il connaissait de celle ci.

De ce que je lis, le port est sur l'île de Hom, au Nord. C'est donc ici que je me trouve. Les constructeurs eux, officient sur l'île Est, Pescion qui regroupe une majorité d'hommes poissons. Pour y aller, je dois passer par l'île centrale. Mettant un poing d'orgue à ne pas me faire remarquer, je m'avance alors dans les différentes rues, suivant les panneaux indicatifs jusqu'au pont qui mène à Pantagonum.

- Vous, excusez moi !

Et zut... Forcément avoir une grande cape et porter la capuche par le temps magnifique et chaleureux qu'il fait, c'est pas si discret que ça. Mais je me retourne quand même, essayant simplement de baisser la tête au mieux pour que mon visage ne soit pas reconnu.

- Vous n'êtes pas d'ici, je me trompe ?
- Non, vous avez vu juste.
- Et vu votre accoutrement, je suppose que vous n'avez pas très bonne réputation ?
- Il se peut que je sois effectivement recherché par le gouvernement mondial, oui... Mais je vous assure, je ne suis pas là pour générer des problèmes ! Vous avez ma parole.

En disant ces derniers mots, je relève la tête sans vraiment m'en rendre compte et ma légère agitation fait glisser ma capuche en arrière. De quoi révéler mon visage à toutes les personnes regardant dans ma direction sur le pont... Mais ce n'est qu'en voyant le visage du gardien de la sagesse blêmir un instant que je m'en rends compte. Alors rapidement je remets mon couvre chef et rebaisse la tête avant de chercher à me justifier.

- Je suis simplement là pour embaucher un architecte... Vous avez peut être entendu parler de mes actions sur Eoleria ? Je veux y construire une belle ville comme les vôtres c'est pourquoi je suis ici. Et j'ai de l'argent, beaucoup d'argent ! Regardez ! Je tourne alors mon sac en bandoulière pour le faire passer devant ma cape et l'ouvre pour montrer qu'il est presque exclusivement remplis de berries. Voyez ? Je viens en toute innocence pour rendre riche un de vos compatriotes. Du coup... Je peux passer, s'il vous plait ?

Ayant enfin repris quelques couleurs, le gardiens retrouve enfin l'usage de la parole.

- Oui... Bon... Soit. Si vous n'avez pas d'intentions belliqueuses il n'y a rien qui m'oblige à vous retenir. Cependant, je vais signaler votre présences aux Cybériens et vous serez surement mise sous surveillance le temps de votre séjour... Savez vous combien de temps durera t-il ?
- Le moins longtemps possible. De quelques heures à quelques jours je suppose, selon si je trouve quelqu'un rapidement ou pas. Et je me plierai sans discuter à toutes restrictions que vous me demanderez.
- Pour l'heure, gardez votre capuchons... Quelqu'un vous recontactera dès qu'une solution sera prise.
- Je vous en remercie.

M'inclinant face à mon interlocuteur pour le saluer, je peux enfin reprendre ma route, cette fois au travers de la grande Pantagonum centrale qui semble être le centre culturelle de l'île...

Étrange comme revirement de situation. Mais je crois qu'il ne m'a pas comprise.

- Je n'ai jamais dit que je n'avais plus de passion hein. Simplement que celles ci ce sont complexifiés. Est ce que je peux encore prendre du plaisir sur les choses simples ? Oui, mais comme elles sont finalement très accessible, elles en deviennent banales. Et sur les choses banales, seule mon cher chocolat ne me lasse jamais, tout comme ton café et ta clope ont l'air de le faire.

Mais ces attractions. Je ne vais pas me transformer en dragon pour t'en faire la démonstration mais elles sont d'une banalité certaine par rapport à mon pouvoir. Une banalité qui bien que sympathique, n'émoustille plus mon âme d'enfant.

Quant à être plus forte que je ne l'étais, oui, évidemment que je le suis. Aujourd'hui je pourrais semer le chaos dans cette ville et m'en sortir sans une seule égratignure, peu importe ta présence Alaaric Minaro. Est ce que je vois en toi un danger ? Non, un emmerdeur, tout au plus. Mais un emmerdeur suffisamment intriguant pour ne pas me faire perdre patience, une chance pour toi.

Quant à ta dernière demande : désolé, mais ça ne va pas être possible : j'ai bien trop donné ma confiance à tort et à travers durant mon périple pour le faire encore aujourd'hui simplement pour passer un bon moment avec un "ami", même de fortune. Et puis, je pense à toi mon cher, que dirai ton maître si son chien chien censé lui rapporter des pirates venaient à s'attacher à eux ? Continue comme ça et tu risques vite de rejoindre le côté de la liberté et surtout de la criminalité par amalgame. Alors pour aujourd'hui, tenons nous en à nos rôles : moi la vilaine pirate et toi le pauvre chasseur se sentant obligé de la surveiller pour s'assurer qu'elle ne fasse rien de suspect et ensuite pour tout rapporter à ses maîtres. D'ailleurs tu pourras saluer le Vice Amiral Scott pour moi ? Je suis certaine que je lui manque !

Et sur ces paroles, je me relève en engloutissant la dernière part de chocolat que j'avais devant moi, m'étire alors et le fixe un long moment. Que faire maintenant ? Continuer cette petite mascarade ou le laisser sur place ? Dur question. Le problème c'est qu'avec le grand poisson cybernétique qui me suit toujours avec une distance raisonnable, difficile de m'éclipser. Alors peut être que...

- En a t'on fini ici ? Vous ne deviez pas préparer un spectacle de magie pour ce soir ?

L'avantage du spectacle, c'est que si il est sur scène, alors il ne pourra plus me courir après à moins de ruiner sa prestation... Et puis je me demande quand même ce qu'il vaut en temps que "Joker de la fédération des magiciens". Bon, j'y connais rien en magie donc je risque pas de pouvoir le comparer à d'autres mais... Je suppose que ce sera exceptionnel, non ? Après tout, si j'ai bien compris, c'est le meilleur dans son domaine.

Enfin, j'espère quand même que je ne l'ai pas trop irrité à rejeter sa proposition d'un jour. Mais pour le coup, c'est assez insensé de sa part de proposer cela, surtout dans un lieu public comme celui ci : espérons que personne ne l'ai entendu et ne rapporte ses propos au gouvernement mondial... Sinon je le sens gros comme une maison qu'il me haïra pour le restant de ces jours de l'avoir fait devenir un criminel juste par association avec la terreur des mers que je suis...

Et bien, quelle réponse, quel monologue... Cette femme venait de réussir le tour de force de détruire le peu de sympathie que j'avais pour elle et quand on connais mon tempérament, c'était quand même une performance. Tout y été, l'ironie, le dénigrement, l'arrogance, c'était un carton plein pour la dragonne qui venait de démontrer le genre de personne qu'elle était en réalité en quelques secondes. Elle qui se croyait toute-puissante, tout simplement parce que le destin lui avait mis un fruit hors du commun entre les mains, quand j’entends ce genre de discours, je me demande si les gens ont conscient que n'importe quel idiot qui aurait manger ce fruit aurait eu accès a ses pouvoirs, c'est un pouvoir qu'on reçois de manière surnaturel et a mon sens, c'est le fruit qui fais l'homme et pas l'homme qui fait le fruit dans ce cas précis.

Même si l'envie de lui rabattre son caquet n'était pas pour me déplaire, elle avait néanmoins raison sur le fait que sur un affrontement en un contre un, je n'avais pas la moindre chance, pourtant, je n'étais pas le genre d'homme a me laisser arrêter par ce genre de détail et je n'allais pas manquer de laisser entendre ma version:

" - N'applique pas ta stupide échelle de valeur aux miennes, je n'agis pas par attrait pour le pouvoir, mais simplement, car je crois au bien-fondé de mes actes. "

Je prenais une seconde avant de reprendre:

" Je n'ai pas de maître, pas d'île que je contrôle, simplement des hommes qui ont décider de croire en moi pour les protéger d'individus comme toi ou le gouvernement mondial. Dans le fond, vous êtes pareils, a promettre une liberté qui jamais ne viendra, la seule chose qui vous importe, c'est être sur le siège de la personne qui impose sa volonté, la preuve étant que tu tu t'enorgueillis d'avoir une île entière sous ton contrôle. Tu a raison, tu a acquis un pouvoir par un malheureux concours de hasard et de chance, mais qu'est-ce qui te fais croire que ça fais de toi une meilleure personne ?

Je savais que je prenais des risques, sauf que je n'ai jamais eu le don pour mettre ma langue dans ma poche et ça n'étais pas prêt de changer:

" Pour ma part, je n'ai pas besoin de faire croire que je ne trouve rien de satisfaisant uniquement parce que je suis plus puissant que quatre-vingts pour cent des gens sur terre, j'aime boire du café, j'aime fumer, j'aime les attractions et je n'arrêterais jamais d'aimer les choses les plus simple, car c'est le genre d'homme que je veux être, c'est ce qui fais de moi quelqu'un de fort, c'est la force de mes propres convictions. "

Elle me parlait de mon spectacle de magie, et pourtant, je ne pouvais pas m'empêcher de sourire:

- Tu penses vraiment que je vais mettre mes hommes en dangers en te laissant assisté a un spectacle? C'est hors de question, de même que toi qui est si puissante, tu n'auras sûrement aucun intérêt pour de la magie, alors je pense qu'il est temps pour moi de te laisser vaqué a tes occupations, après tout, j'ai bien compris que je n'apprendrais rien de plus intéressant sur toi. "

Je tournais les talons, et commençais a partir les mains dans les poches, tout en restant quand même sur mes gardes, au cas ou est-ce que le dragonne soit prise d'une envie de violence. J'envoyais quand même un message avec mon escargophone pour demander a mon équipage de plié bagage, je n'avais pas envie qu'ils prennent le moins risque. Cette surveillance était une perte de temps, elle voulait simplement une maison. La nouvelle lubie d'une mégalo, poursuivre cette mascarade n'aurait aucun sens, hormis mettre mes hommes en danger.

Ah bah, il semblerait que je l'ai irrité finalement... Monsieur n'aime pas être rejeté de la sorte ? Bon. Soit.

- Et bah, si j'avais su que lui rappeler ce qu'on était l'un pour l'autre aurait cet effet, je l'aurai fait plus tôt.
- Hm...
- Quoi ? J'ai dit quelque chose de mal ?
- Vous ne comptez pas réellement détruire la ville n'est ce pas ?
- Si je l'avais voulu, est ce que je me serai embêtée à satisfaire les envies d'un magicien mal léché à votre avis ?
- Non, bien sûr mais... L'entendre de votre bouche c'est pas pareil que simplement le penser.
- Rohlala, faut vous détendre tous là. Enfin, maintenant que j'en suis débarrassée, allons à l'hôtel, j'ai envie d'un bon bain bien chaud.
- Soit, suivez moi je vous pris.
- Ah voilà, ça c'est gentil ! Merci !

Je jette un dernier regard dans la direction où le magicien grognon est parti. Quand même, je comprends pas vraiment qu'il ait pris la mouche comme ça. M'enfin, vu les réponses qu'il m'a encore fait, il ne m'avait toujours pas comprise, à moins que ce soit moi qui ne l'est pas comprise ? Bah, qu'est ce qu'on s'en fout après tout ! Si je suis venue c'est pas pour sympathiser avec le premier venue mais bien pour me trouver un architecte pour ma ville. Et ça, ce sera réglé dès demain. Et après, je serai enfin en mesure de me casser de cette île pour rentrer chez moi !

Ahlala, quand je repense à ce qu'il a dit comme connerie franchement... Ça se voit que le bougre ne me connait pas. Comme quoi, le gouvernement dit bien ce qu'il veut sur moi dans les informations qu'ils propagent. Je trouve ça un peu triste quand même autant d'affabulation à mon sujet mais bon, ceux qui vivent dans mon royaume eux savent la vérité, et c'est bien ça le plus important.
Comme si j'en avais quelque chose à faire de l'avis des autres...