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[FB 1615]Au service du Cypher Pol 5 [FINI]

Un village typique un peu à l'écart de Marijoa. Son petit port de pêche, son château, son parcours de golf...


Il fait nuit et le village est désert et presque silencieux. Les gens sont couchés, les lumières éteintes, et seuls quelques discrets animaux nocturnes rodent encore dans le coin. Une paire de chouettes, quelques chats et souris, un ninja…
Pour l’heure, seul le ninja est immobile. Plus patient qu’une pierre tombale dans un cimetière désaffecté, il observe et il attend. Ses yeux se sont depuis longtemps habitués à la nuit et il suit soigneusement les moindres mouvements de la rue principale. Depuis qu’il est planqué ici, ombre parmi les ombres, il a entendu chacun des bruits qui parcourent la vie nocturne du village. Il reconnait les ronflements et les respirations des villageois, il identifie les chats à leurs miaulements, les deux chouettes à leur façon de voler…Il est capable de déceler le moindre changement de rythme, la plus petite anomalie dans le déroulement de la nuit paisible du village.
Et ce soir tout se passe comme prévu, tout le monde dort paisiblement. Même madame Michon la somnambule, même Teddy l’insomniaque… Et il est l’heure pour le ninja d’accomplir sa mission fatale.
Alors La Mort Qui Rode La Nuit se met en marche. La Mort Qui Rode La Nuit c’est son nom de ninja, autrefois il s’appelait Peeter, mais ça ne convenait pas vraiment au travail de ninja, pas assez effrayant, solennel. De nos jours il faut respecter les usages, trop d’assassins l’ont oublié et se baladent avec des surnoms à coucher dehors, Exécutor, Gunman. Il faut vraiment n’avoir aucune éthique pour s’affubler de ce genre de noms avant d’aller tuer des gens. C’est malheureux mais tout se perd de nos jours.
La Mort Qui Rode La Nuit est un vrai ninja, assermenté, diplômé de l’Ecole Secrète de la Mort Qui Tue Honorablement et en Silence (la célébre ESMQTHS). Il a étudié pendant douze ans pour en arriver la. Il a quitté sa famille, découpé au sabre des dizaines de pastèques innocentes. Il a étudié les quatre vingt dix sept façons de donner la mort à partir d’objets courants, les cent treize façons de donner la mort grâce à l’arsenal ninja. Il a appris par cœur les cinquante huit poisons autorisés et les quarante deux interdits. Il a appris à se déplacer sans bruit sur un plancher truqué, à dormir sur des matelas à clous, à casser des planches avec ses doigts et avec sa tête. Il connait par cœur les signes de reconnaissance et d’identification des quatorze grandes écoles ninja ainsi que les codes et lois de la profession. Il sait porter un pyjama noir et moulant en plein soleil sans transpirer et disparaitre dans un nuage de fumée sans même se mettre à tousser.
La Mort Qui Rode La Nuit est sorti premier et  d’ailleurs unique survivant de sa promotion, et ce soir, c’est sa première mission. Comme prévu dans le code déontologique de l’école, il a fait parvenir à sa cible la date et l’heure de son exécution, et cette nuit, c’est le moment fatidique. Le moment de démontrer une fois de plus la parfaite létalité du ninja.
La Mort Qui Rode La Nuit traverse le village, par les toits, sautant d’un toit à l’autre avec la grâce du félin et la légèreté du zéphyr. Arrivé à la dernière maison sans avoir dérangé la moindre tuile il se coule littéralement au sol, comme un liquide qui glisserait le long du mur. Le château, son objectif, ne se trouve plus qu’a quelques centaines de mètres.
D’une série de saltos arrière exécutés avec la vitesse et la maitrise d’un gymnaste de haut niveau, La Mort Qui Rode La Nuit traverse l’espace qui sépare la maison des arbres qui entourent le château. Puis, bondissant d’arbres en arbre tel un écureuil sous amphet, il progresse jusqu’aux contreforts des fortifications. Et s’y arrête, de nouveau aux aguets, aussi indétectable et discret qu’un gland sur sa branche. Ses perceptions poussées aux limites des potentialités humaines évaluant avec précision tout les détails qui l’entourent. Le piège grossier de la porte grande ouverte, l’absence de gardes…
Prenant tout son temps, La Mort Qui Rode La Nuit s’installe confortablement sur sa branche et étale son armement autour de lui, l’arme qu’il va choisir pour son premier assassinat est très importante, elle doit refléter sa personnalité de ninja, son moi profond… Le couteau ? Non trop classique… La chaine avec les pointes, trop complexe, les griffes ? Trop animal, trop sauvage… Le garrot et la sarbacane empoisonné, voila par contre qui est stylé, simple tout en étant mortel, discret, efficace…
La Mort Qui Rode La Nuit à fait son choix. Il s’assure une dernière fois que tout son équipement est correctement arrimé et silencieux, renoue soigneusement le bandeau noir marqué ninja que sa maman lui a cousu et envoyé pour son examen. Puis, plus rapide qu’une panthère il grimpe au sommet de l’arbre jusqu'à surplomber de plusieurs mètres le chemin de ronde.
Un dernier regard depuis sa nouvelle position sans détecter quoi que ce soit de plus et La Mort Qui Rode La Nuit s’élance. Et après un triple salto vrillé il atterrit exactement au point visé sur les créneaux du chemin de ronde.
Mais au moment ou il touche la pierre son pied glisse et il bascule en arrière cul par-dessus tête, ses mains plongent a leur tour vers le sol pour rattraper la chute, mais la pierre  est étrangement glissante et La Mort Qui Rode La Nuit est incapable de se raccrocher à quoi que ce soit et bascule par-dessus les créneaux aprés s'étre fracturé la machoire contre le coin du rempart.
Et deux secondes plus tard La Mort Qui Rode La Nuit s’écrase quinze mètres plus bas et s’empale sans un cri sur les piquets pointus qui parsèment le fossé…

Dans une des guérites du chemin de ronde un briquet s’allume. Illuminant brièvement une clope et le visage satisfait et souriant de l’agent Red.
-Tu vois ? Je te l’avais dit, les ninjas sont viscéralement incapables de passer par une porte. C’est comme une compulsion… Ils peuvent pas… Je crois bien que tu me dois cinq mille Berrys mec…A coté de Red un autre agent sort à son tour de l’ombre et s’approche des créneaux pour en toucher la pierre .
-Ouais t’as gagné… N’empêche, huiler le chemin de ronde c’était vraiment vicieux je trouve… pauv’ gars, il a même pas du comprendre ce qui lui arrivait…
Red vient à son tour jeter un œil par-dessus le parapet. En bas, La Mort Qui Rode La Nuit continue doucement de gargouiller en se vidant de son sang…
-Mouais, en même temps il a choisi son job non ? Allez on rentre, on s’les gèle ici. On aura bien le temps de le virer demain matin….


Dernière édition par Red le Jeu 26 Fév 2015 - 13:11, édité 9 fois
    Le même coin, une poignée de jours plus tard


    -Je ne comprends pas, pourquoi on ne le tue pas tout de suite ? On a au moins cinq fusils braqués sur sa gueule de rascasse, un claquement de doigt et c’est réglé. Avec la pleine lune qu’on a impossible de le louper…

    Red et son binôme étaient embusqués dans une des haies du jardin du château, Juste à coté du drapeau du douzième trou. Devant eux s’étendait un long green soigneusement entretenu parsemé de massifs impeccablement taillés et entres lesquelles serpentait de minces ruisseaux artificiels. Au bout de la pente le jardin finissait sur une falaise dominant la mer et sur une série de terrasses permettant d’y descendre. Pendant la journée les cascades tombant de terrasse en terrasse jusqu’au port privé de la demeure faisait du lieu un coin tout à fait splendide.
    Pendant la nuit c’était surtout le chemin le plus facilement accessible pour s’introduire dans la demeure. Surtout quand on était un homme poisson. Ce qui était précisément le cas de l’intrus que les deux agents observaient ce soir. Intrus qui venait de se glisser dans un des canaux et qui le remontait à contre courant avec une facilité assez remarquable.

    -Non sérieusement, regarde ce crétin, il croit vraiment qu’on ne surveille pas la flotte? Comme si ce n’était pas évident que c’est un chemin rêvé pour les hommes poissons…
    Je ne comprends vraiment pas pourquoi tu ne veux pas qu’on le descende !
    -Réfléchis un peu. Combien tu vaux de dorikis ?
    -Tu le sais très bien, je t’ai frappé ce matin…
    -Ah oui 423, bon, et moi je suis à 800 et tu sais pourquoi ?
    -Non, parce que tu es la depuis plus longtemps ?
    -Pas du tout, j’ai plus de dorikis parce que je ne me contente pas de tuer les gens de loin. Si tu veux t’améliorer il va falloir que tu apprennes à mouiller un peu ta chemise…
    -Mouiller ma chemise ?
    -C’est une expression. Je vais te montrer tu vas comprendre. Passe-moi donc une grenade et le fer de 5…

    Et vingt secondes plus tard, d’un swing parfaitement maitrisé, l’agent Red expédie une grenade dans le bassin servant de point de départ aux canaux. Grenade qui s’enfonce dans l’eau et explose juste au moment ou l’homme poisson débarque à son tour dans le bassin.
    Propagée par l’eau l’onde de choc frappe l’amphibien de plein fouet, le sonnant et l’obligeant à sauter hors du canal pour n’être pas emporté par le brusque courant. Il s’effondre sur l’herbe avant de se relever avec difficulté, de l’eau mêlée de sang lui coulant des branchies… Mais il faut plus qu’une petite explosion pour abattre un homme poisson et déjà ses gros yeux globuleux cherchent le connard qui a tenté de lui grenader la gueule.

    -Hé la rascasse! Te casse pas la tête, je m’en charge !
    Le mérou fait le point. Au milieu du jardin l’agent Red l’attend. Costard sombre, lunettes de soleil, gabardine noire et chapeau noir. Il tient un club de golf dans chaque main, leurs extrémités négligemment posé sur les épaules.
    De son coté Red évalue aussi l’adversaire du regard, maintenant qu’il est hors de l’eau et qu’il se tient correctement c’est quand même plus facile… Le type est rouge sombre, pas très grand pour un homme poisson, plutôt trapu, genre quasiment aussi large que haut. Il a une bouche énorme qui lui mange les deux tiers du visage et deux petits yeux noirs et globuleux. Sous les bras et derrière les genoux pendent de longues membranes à l’air molles. Hormis un pagne et une ceinture il est quasiment à poil. Et il a un couteau, enfin, plutôt une machette…

    Le poisson fait le tour du jardin du regard. Et ne voyant pas d’autres cibles valables il se jette sur Red d’un seul bond, frappant de haut en bas avec sa machette. Croisant ses deux clubs Red bloque le coup, la vitesse de l’ennemi suffisant à le faire reculer de plusieurs mètres en labourant la terre du jardin. Libérant le Putter Red frappe l’arrière du genou du poisson, se servant du club pour le tirer vers lui dans l’espoir de le faire tomber. Mais le poisson est rapide, et au lieu de basculer et de tomber en arrière il fait un salto sur place, et quand ses jambes passent devant le visage de Red les membranes derrière ses genoux se déploient soudainement, laissant apparaitre des aiguillons souples et ruisselants de poison que l’agent n’évite qu’en se jetant en arrière.
    A peine retombé sur le sol l’homme poisson attaque à nouveau, sans style, sans fioritures, mais avec une vitesse et une brutalité qui se passe de commentaires. Il frappe de taille et d’estoc, taillant sauvagement dans les massifs que Red traverse en reculant, jouant de ses deux armes et de son allonge pour garder le monstre à distance. D’un coup violent il lui ferme un œil. Et profitant de son avantage il coince la lame de l’adversaire entre ses clubs, et en les ramenant d’un seul coup vers lui il la brise au niveau de la garde..

    La main sur son œil gonflé l’homme poisson recule de quelques pas…
    -Idiot d’humain Arhh, tu crois que je suis sans armes et que tu vas pouvoir me vaincre ? Arrrhh contemple donc la vraie puissance des hommes poissons…

    La bête semble se tasser encore plus, croise les bras devant son visage, et déploie dans son dos et le long des bras de longs piquants à l’air dangereux et menaçants. Sur une contraction musculaire de chaque pointe se met à goutter du poison…
    Démonstration plutôt impressionnante hélas coupée par une balle de golf non réglementaire d’au moins 150g que l’agent Red vient de lui expédier en pleine tête.

    -J’te coupe ta présentation, mais je m’ennuie un peu la… T’es la pour te battre ou pour jouer les culturistes ?
    Rouge de rage, encore plus qu’avant si c’est possible. L’homme poisson récupère la balle et la croque d’une seule bouchée méprisante. Avant de se jeter à nouveau sur l’agent Red. Une charge furieuse de taureau poussé à bout que celui évite en se perchant d’un bond sur les branches de l’arbre derrière lui. Non sans coller un bon coup de manche sur le crane de la rascasse.
    N’ayant aucun gout pour le combat arboricole l’homme poisson tranche l’arbre d’un seul mouvement de bras. Red atterrit derrière lui et reprend l’offensive, deux nouvelles frappes, et deux échecs, parfaitement maitre de ses nouvelles armes l’homme poisson bloque et tranche les deux clubs de golf. Laissant Red en possession de bouts de métal nettement moins impressionnants.
    Mais il en faut plus pour décontenancer l’agent Red qui continue à lutter avec la bête. D’un assaut sauvage il se glisse dans la défense de son adversaire et lui enfonce les deux pointes métalliques en pleine poitrine. Avant d’encaisser un revers qui manque lui briser la mâchoire, le sonne et l’expédie droit contre une des rambardes bordant la falaise. Son adversaire maintenant désarmé l’homme poisson enchaine, d’un coup de poing il lui explose le nez, d’un coup de pied il lui brise une demi douzaine de cotes et l’envoie voler sur la terrasse en contrebas. Puis il lui saute dessus comme un catcheur, bras et jambes écartés. Red ne se redressant que juste a temps pour éviter les aiguilles empoisonnés qui se plantent dans le sol à l’endroit qu’il vient de quitter.
    Et la raclée continue, Red tente bien de tenir le coup mais impossible de rivaliser à main nue avec l’homme poisson. Red se fait balancer d’une terrasse, puis d’une autre jusqu'à se retrouver tout en bas au niveau de la mer…

    -Tu vas mourir humain. Mais tu ne vaux même pas la peine que je tue…Je vais plutôt, laisser mon poison agir…
    L’homme poisson fait le fier mais il ne va pas beaucoup mieux. Du sang lui coule abondamment de la poitrine, il a un œil poché, et même si il n’a rien de cassé, les frappes de l’agent Red commencent à se faire sentir. Il respire mal, bouge avec difficulté…Mais pas encore assez… Fonçant sur un Red qui se redresse péniblement en s’aidant d’un poteau de clôture il lui plante deux longues aiguilles dans la poitrine, y déversant immédiatement une bonne dose de poison avant de le balancer d’un coup de pied sur le bateau amarré à coté d’eux…

    Red va s’écraser dans la cabine, et l’homme poisson, haletant, fatigué reste quelques minutes à tenter de reprendre son souffle. Il arrache avec difficulté les deux tiges de sa poitrine, manquant s’effondrer sous la douleur. Puis il repart d’un pas lourd vers la falaise, il sait qu’il ne lui reste guère de temps avant d’être incapable d’accomplir sa mission

    -Hé poiscaille ! Ou tu vas comme ça ? Tu serais pas en train de m’oublier par hasard ?

    L’homme poisson se retourne la surprise presque visible dans son dernier œil…
    A quelques mètres derrière lui, titubant, ne tenant debout que grâce au sabre qui lui sert de béquille, et qu'un main providentielle a placé sur le bateau. Red est encore la…

    -Violent ton poison, mais pas assez pour le Cypher Pol. Tu vois nous autres agents on est bien plus résistants que des humains normaux… Et moi… (Red dégaine le sabre, continuant de s’appuyer sur le fourreau) Moi je suis vachement meilleur au sabre qu’au golf…
    Puisant dans leurs dernières ressources, les deux hommes se jettent l’un sur l’autre. Se croisant sur le ponton qui sépare le bateau de la terrasse.

    -Alors poisson ? Qu’est ce que je t’avais dit ?
    Red rengaine son sabre et se retourne vers son adversaire qui contemple avec stupéfaction ses membranes tranchées et la balafre en travers de son torse. Il tente d’articuler quelque chose, n’y arrive pas. Et après un dernier clignement de paupière il bascule à la mer…Pendant que Red s’écroule à son tour…

    (…)


    -Tu sais Red, j’ai pas mal réfléchi à ce que tu m’as dit l’autre soir…
    -…
    -Je sais que tu ne peux pas répondre, les médecins ne t’enlèvent les bandages que la semaine prochaine… Enfin, comme je disais j’ai beaucoup réfléchi. Et franchement ton histoire de mouillage de chemises, c’est de la merde en barre…Franchement, t’as vu ta gueule ?
    -…
    Oui je sais que tu ne peux pas… En tout cas la prochaine fois on le bute de loin. Et tant pis pour les dorikis…


    Dernière édition par Red le Lun 24 Oct 2011 - 9:19, édité 3 fois
      19h30 Dans une salle de spectacle de Marijoa

      Depuis les coulisses l’agent Red jette un œil sur la scène. La grande salle de spectacle commence à se remplir de militants. Dans une vingtaine de minutes il n’y aura plus un siège libre. La foule brandira des drapeaux du gouvernement et entre deux slogans insultant les hommes poissons elle scandera le nom de son favori, son tribun. On éteindra la lumière et comme dans tous les bons spectacles on fera languir un peu la foule en balançant une bonne vieille bande son patriotique. Et dans un roulement de tambours et des effets pyrotechniques dignes des meilleurs péplums antiques, le défenseur des vrais humains fera son apparition. Sourire orgueilleux, bras levés faisant le V de la victoire. S’avançant au contact de cette foule dégénéré pour la galvaniser et la nourrir de sa colère.
      Quand ces gens sortiront dans les rues d’ici quelques heures ils seront gavés de propos racistes et de haine pour tout ce qui n’est pas humain. Prêt à tirer sans raison sur le premier truc louche qui croisera leur chemin. Il ne fera pas bon être un homme poisson ou un ange à Marijoa ce soir.

      Depuis six mois qu’il suit comme une ombre le leader du mouvement "humain d’abord" Red a appris à connaitre par cœur le rituel et s’en trouver complètement écœuré. Six mois qu’il est son garde du corps, son bouclier, son ange gardien. Six mois qu’il maudit le jour ou le Cypher Pol lui a confié la protection de « Moustache » (Son nom de code pour les dossiers du service). Six mois qu’il s’acquittait de sa tache comme un bon petit soldat, avec un zèle exemplaire et en réfrénant l’envie de vomir devant les idées et les buts de « Moustache ». Il lui avait permis à ce jour d’échapper à trois ninjas, deux attentats à la bombe, et quatre à l’arme blanche. De l’excellent boulot comme d’habitude.

      La salle est maintenant bondée. De sa place en coulisse Red parcourt l’assemblée comme il le fait avant chaque apparition publique de « Moustache ». Son œil vigilant inspecte chacun des visages de la foule qui lui fait face. Et soudain une alarme retentit dans sa tête. L’assassin est la. Un batard, un mélange d’homme poisson et d’humain glissé entre deux banderoles et qui soigneusement déguisé sourit béatement pour se fondre dans la foule. Cela fait bientôt une semaine qu’il assiste aux discours en cachette sans agir, une semaine que Red l’a repéré et identifié grâce au jeu des six formes. Mais ce soir c’est différent. Red le sent, le sait… Ce soir l’homme poisson va essayer de tuer « Moustache »

      Red porte la main à son chapeau, et comme pour se rassurer en caresse le fil soigneusement aiguisé.
      Dans la salle la lumière s’éteint, l’orchestre attaque les premières notes de « la chute des hommes poissons » Et une main vient se poser sur l’épaule de Red qui se retourne. « Moustache » se tient juste derriére lui, jovial et rougeaud, jetant un regard avide sur la pénombre de la salle.
      -Tout va bien Loiseau ? 20 heures piles ! C’est l’heure d’entrer en scène…Red n’a pas le temps de répondre que déjà une voix hurle « Le voila ! » Les projecteurs se rallument, le rideau s’ouvre, et « Moustache » s’avance d’un pas qui se veut dynamique sur la tribune. Red lui emboite aussitôt le pas, les yeux rivés sur l’assassin malgré l’obscurité qui l’entoure.
      « Moustache » arrive à son pupitre et Red se place à sa gauche.
      L’orchestre s’arrête, remplacé par des applaudissements nourris. Dans la foule l’assassin frappe des mains comme tout le monde pendant que Red continue de l’observer. Saluant le public « Moustache » lève les bras en l’air, mains jointes. Un tube métallique apparait dans les mains de l’assassin.
      Plop
      « Moustache » s’écroule, une fine flèche plantée profondément dans l’œil.
      Red n’a pas bougé…

      (…)


      Alors qu’il regarde les marines emmener le cadavre de « Moustache » Red ne peut s’empêcher d’ôter son chapeau pour y pécher le message reçu ce jour du quartier général. Et le relire pour la centième fois.

      De Cypher Pol 5 à Agent Red,
      Suite à votre rapport il s’avère exact que « Moustache » œuvre en sous main pour la révolution. Je vous informe que vous êtes relevés de vos fonctions à partir de ce soir 20h. Retournez au QG pour y recevoir une nouvelle affectation.
      YR

      -Les ordres sont les ordres…
      Red sourit, puis froisse le papier avant de partir d’un pas joyeux vers le port.