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Il est temps de débroussailler

Voilà maintenant plusieurs jours que nous avions distribué nos prospectus incriminant Almerich de Kissinger. Nos sorties en ville se limitaient simplement à des excursions tard le soir pour prendre la température dans les bars et auberges quant aux rumeurs concernant le conseiller véreux du roi. De prime abord, tous étaient contre l'idée de se laisser coloniser par le Gouvernement Mondial, craignant à la fois pour l'économie de l'île mais également pour leurs possessions personnelles. C'était justement cette peur qu'il fallait canaliser et transformer en hargne, en fougue de se battre et de défendre leur terre contre l'envahisseur.

Maintenant qu'une idée commune avait germé dans l'esprits des pétaliscains, il fallait passer à l'étape supérieure. Depuis sa forteresse de champignons, Hypérion recommanda une nouvelle tournée de prospectus, invitant cette fois-ci les gens à se manifester et à montrer leur mécontentement, dans les rues et dans tout lieu public. L'occasion parfaite étant évidemment ce dimanche, journée où le roi et ses conseillers ouvrent les portes du palais royal pour s'entretenir tour à tour avec divers citoyens de l'île. Le but initial étant que le jeune roi puisse renouer des liens rapidement avec son peuple, mais cette possibilité représentait un tremplin parfait pour notre plan.

"- Est-ce que tout est prêt Violette ?" demanda Hypérion à son associée.

"- Oui, j'ai pu modifier le registre des rendez-vous pour inscrire vos noms. Votre audience aura lieu en fin de matinée, ne soyez pas en retard" déclara Violette.

Comme chaque dimanche, les rues étaient bondées de monde. Il fallait dire que le marché hebdomadaire qui occupait la place principale de la capitale n'aidait pas à la circulation. Cependant cette fois-ci, l'ambiance était différente, beaucoup plus bruyante et agitée qu'à l'habituel. Les gens commençaient même à se bousculer, à crier pour démettre Almérich de son poste, tandis que d'autres souhaitaient le voir enfermé voire pire, la tension était palpable. Violette nous guidait à travers les ruelles les plus praticables, tandis que nous étions toujours affublés de capuches, ne voulant pas être reconnus parmi la foule. Nous arrivions enfin à l'une des entrées de Tricastin, ville forteresse où réside le roi et ses proches. Un amassement de gens sans créneau d'audience continuait de hurler et de protester aux portes de la ville, défendues par des gardes.

"- Vous avez pris rendez-vous ?" demanda l'un des soldats, s'assurant de contrôler le flux entrant et sortant de l'endroit.

"- Oui, au nom de Calypso Blossom." dis-je distinctement en relevant ma capuche.

Il ne servait plus à rien de vouloir se cacher en entrant dans la pseudo-ville, après tout la plupart des criminels datant de l'époque du Sultanat avaient été affranchis par le nouveau roi. Après quelques instants à parcourir le registre, le garde nous adressa un signe de tête en relevant sa lance qui nous bloquait le passage.

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Dernière édition par Calypso le Mer 16 Oct 2024 - 8:29, édité 2 fois
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America avait été une vrai usine à prospectus ces derniers jours. Il en avait tant produit qu'il sentait dans sa bouche le gout de l'encre et que la surconsommation de fibre avait déréglé son transite. Il se sentait indisposé en cette journée si crucial et pourtant, personne ne semblait lui laisser l'occasion d'aller poser sa pêche. Non, les révolutionnaires avaient bien trop hâte de révéler les plans du grand méchant. Pas du même calibre que ce bon vieux Morales, mais dans le genre fourbe il n'était pas en reste.

Passant les gardes de l'entrée, America suivait Trisha et Calypso jusqu'à une grande pièce richement décoré. Là se tenait un grand nombre de plaignant, attendant surement leur tour pour eux aussi, râler au près du roi et espérer une solution à leur problème. Mais pour les révolutionnaires, c'étaient bien différent. Ce n'était pas leur problème qu'ils voulaient résoudre, mais bien celui du peuple entier de Pétale. Et pour cela, une bonne étoile semblait leur sourire parce que les filles avaient à peine le temps de poser leur fesse dans des fauteuil d'une la salle d'attente que voilà qu'une garde les appelaient en les invitant à entrer dans la salle d'audience. Se terminait alors une sombre histoire d'épidémie de chèvres boiteuses inquiétant drôlement un paysan.

- "Bien alors ... je ferais mobiliser 10 .."
- " ... 5 ..."
Murmurait le vil Almerich à l'oreille du roi qui se reprit hâtivement.
- " 5 soldats pour vous aider à démêler cette affaire. Serait-ce suffisant ?"
- "Heu ... oui votre honneur, merci beaucoup."

Puis dans un grand fracas faisant sursauter America, Almerich venait apposer un tampon rouge vif sur une demande papier en clamant alors.

- "Suivant ! Calypso Blossom !"

Et enfin s'était au tour des révolutionnaires de dévoiler la supercherie.

- "Mon roi, je suis venu parce que l'heure est grave."
- "Que se passe-t'il donc ?"
- "Un homme ici, parmi vos plus fidèles conseillers, tente de se lier avec le gouvernement mondial !"


Puis dans un pointage de doigt dramatique, elle désignait Almerich qui adoptait un air furieux face aux accusations.

- "J'accuse ..."
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...Almérich de Kissinger de haute trahison !

La cour du Roi est remué par cette grave accusation. Des murmures s'échangent. Soufflant du nez d'un doux mépris, Almérich hausse les sourcils avec suffisance.

Cela commence mal. Ils n'ont l'air rien de plus que des agitateurs sans importance, votre Majesté. Trop leur donner une voix satisferont leur besoin d'attention.

La Cavalière Trisha prend les devants pour défendre sa camarade tout en scrutant les alentours alerte de tout danger pour leurs vies.

Un bon roi laisse son peuple s’exprimer.
-Un roi avisé ne laisse pas son temps et son attention pompé par des nuisances.
-Un roi de qualité est patient dans le jugement…
-Mais prompt à l’action. Le roi juste doit témoigner d'une sévérité devant les fauteurs de troubles.
-Et d’'une grandeur d'esprit devant les lanceurs d'alerte.
-D'une exigence morale, surtout.
-D'une tolérance bienveillante, avant tout.
-D'une promptitude aux décisions.
-D'un calme dans la réflexion.


Dans cette joute verbale, aucun des deux opposants ne semblent vouloir lâcher du leste. L'interruption de cette scène vient directement de sa Majesté visiblement amusé. Le jeune roi ricane avec un sourire benêt.

Est-ce un jeu?
-Rien de tel, Majesté.
-Cela sonnait pourtant divertissant. Êtes-vous ici pour divertir mon ministre ?

Involontairement, Amaryllis Dujardin soulage l'atmosphère dans la salle d'audience.
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"- Votre Majesté, cette personne en qui vous avez placé toute votre confiance, se sert de votre influence ! Des sources on ne peut plus sûres nous ont confirmé à plusieurs reprises que monsieur De Kissinger complote avec le Gouvernement Mondial pour que ce dernier mette la main sur le Royaume. Alors que cette île s'est récemment affranchi des griffes du Sultan et que ses citoyens font au mieux pour relancer la dynamique de ses contrées fleuries, voilà que le conseiller de notre cher Roi œuvre dans l'ombre pour l'offrir à la plus cupide et cruelle des organisations. Voyez par vous-même la panique dans laquelle cet homme se retrouve plongé alors que nous exposons ses manigances au grand jour." déclarais-je en regardant droit dans les yeux le principal concerné.

"- Almerich, ces femmes disent-elles vrai ?" demanda le jeune roi et se tournant vers son conseiller.

"- M-m-mais enfin c'est d'un ridicule ! Quel intérêt aurai-je à trahir ma patrie, retirez tout de suite ces accusations ou vous en paierez le prix !" s'énerva l'homme qui n'aimait visiblement pas que l'on fouille dans ses plans.

"- Allons Almérich, il n'y a aucune raison de vous énerver si vous êtes étranger à toutes ces complotises, non ? Dites moi plutôt ce que vous aimeriez pour apaiser vos peines." nous retourna l'héritier.

Et à cette interrogation, il n'y avait qu'une seule possibilité envisageable.

"- La démission de votre conseiller, Votre Majesté." répliquai-je dans le plus grand des calmes.

Le jeune homme prit un temps pour réfléchir, semblant réellement considérer cette option.

"- Mais enfin mon Roi, vous n'envisagez pas vraiment cette décision stupide ?" s'emporta Almérich. Devant l'absence de réaction de son protégé, il continua. "Je prends congé pour la journée s'il en est ainsi, je refuse que des étrangers m'accusent ouvertement en votre présence." annonça-t-il en se retirant, fermant les portes dans un vacarme retentissant.

"- Nous vous prions de nous excuser d'avoir causé une telle cohue, mais c'est l'avenir du Royaume qui est en jeu." repris-je, nous voulant pas juste paraître pour des fauteurs de trouble.

"- Merci de votre prévention. Je vais moi-même me charger de réaliser quelques interrogatoires. Je vais mettre fin à cette entrevue, le principal concerné ayant préféré s'en retirer de toutes manières." renchérit Amaryllis Dujardin.

Après une courbette commune de notre groupe, nous fûmes raccompagnés là où la foule scandait le nom du traître. Certains hurlaient qu'ils l'avaient aperçu sortir par une porte arrière, sûrement pour se réfugier dans sa seigneurie.

"- Bon... Je pense que ça aurait pu être pire. Que faisons nous désormais ?" demandais-je à mes collègues.

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Dernière édition par Calypso le Sam 2 Nov 2024 - 21:57, édité 1 fois
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- “Il ne faut pas en rester là. Il faut confronter Almérich ! Le peuple doit savoir !”
- “Méchant Almérich !”


Rapidement, les révolutionnaires en étaient arrivés à un constat simple, retrouver Almérich et le forcer à s’exprimer devant la foule sur ses relations avec le gouvernement mondial. Et cette décision avait été particulièrement motivée par la foule attendant à l’extérieur du palais et qui s’était regroupée pendant l'entrevue. Des rumeurs, des murmures, des flyers, … les informations sur les volontés d’Almérich avaient fait naître un mécontentement qui s’était amplifié dès lors qu’un fermier avait vu le conseiller quitter le palais en rage. Ce fermier qui en avait parlé à une servante, qui en avait parlé à un aubergiste, qui en avait parlé à un garde, etc … jusqu'à ce que tous les doutes installés les premiers jours motivent les gens à sortir pour demander des explications. Et ce groupe, les révolutionnaires comptaient bien les mener devant le conseiller pour faire pression.

- “Que tout ceux voulant une réponse nous suive ! Nous allons l’arracher des lèvres du conseiller !”

Et la foule criait sa joie et sa motivation avant de suivre dans des rangs épais les révolutionnaires. Tous se préparaient au voyage avec hâte avant que la grande délégation ne prenne la route.

Leur arrivée à Verminia était attendue et remarquée. Dès que les mécontents se rapprochaient de l’habitation du conseiller, une force armée leur faisait face pour empêcher leur progression.

- “Le conseiller Kissinger ne reçoit personne aujourd'hui, veuillez passer votre chemin.”
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Le peuple ne se retire pas sans réponse.

Trisha s’avance en tête de la foule. Elle préfère prendre les coups qu’un autre de ses camarades arborant la posture de leader. Le regard défiant, la Cavalière avance sans peur.

Faites un pas de plus et vous le regretterez !

Les hommes de Kissinger brandissent leurs armes sur elle  en dissuasion. Confiante de son Logia, l’ange fait un nouveau pas en avant.

Arrêtez d'avancer ! Dispersez-vous !

Un coup de feu retentit au loin. Trisha sent soudainement une balle lui traverser la tente et se planter dans le sol. Heureusement, pour son Logia, elle est indemne malgré un balancement sur le côté. La situation est trop vite interprétée par la foule en colère qui se décide à charger.

Il vient de la frapper ! Repoussez-les !

Rapidement, La Cavalière lève les yeux en direction du tir. Une silhouette est positionnée stratégiquement sur un toit. Un sniper chargé d’éliminer les têtes de fil de l’agitation. Serrant les points, Trisha fuse en pleine lumière. En un clin d’oeil, L’Eclair Blanc fait fâce au tireur d’élite. Celui-ci, le regard surpris dans l’espace de cette micro-seconde, n’est autre qu’une femme. Trisha agrippe le canon du sniper entre ses mains, dans le moment de stupeur de son adversaire, le brise. La tueuse de Kissinger disparaît soudainement sous ses yeux. La révolutionnaire scrute les environs. Deux nouvelles balles traversent le flanc sans la blesser, une nouvelle fois. Elle regarde dans cette direction pour voir son ennemie avec un glock la pointant. Visant de son doigt, Trisha tire un rayon de lumière. D’une acrobatie habile, la femme esquive le tire de justesse. Une explosion retentit derrière elle, le rayon a touché un autre toit.  Écarquillant les yeux, la tireuse laisse échapper sa frustration par quelques mots.

“Putain de logia…”

Rangeant son arme rapidement, elle sort un nouvel objet avec une dextérité remarquable. L’écrasant au creux de sa main, un amas de fumée implose. L’ange reste prudente, son regard scrutant tout autour d’elle. Jusqu’à que la fumée se dissipe, Trisha se rend compte avec amertume que la tueuse à fuit. Elle regarde vers la foule qui se déchaîne avec appréhension. Il semble que le Conseiller du Roi est capable de tuer son propre peuple. Serait-elle capable de les protéger?


Dernière édition par Trisha Campbell le Ven 8 Nov 2024 - 15:36, édité 1 fois
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La cavalière possédait des facultés impressionnantes, mais elle devait définitivement apprendre à mieux viser à l'aide de ses rayons lumineux. Peu importe, il ne manquait déjà plus grand chose pour que les tensions entre le peuple et le corps armé de Kissinger ne dérapent en émeutes incontrôlables. Je n'avais même pas eu le temps de m'exprimer que le coup de feu était parti et que les lances des gardes s'entrechoquaient déjà avec les fourches et les diverses armes improvisées des manifestants. Il fallait agir, ou cela allait être une boucherie, heureusement que j'étais accompagné de mes camarades révolutionnaires pour l'occasion.

Certains des gardes personnels de Kissinger, soit par moquerie, soit par très mauvais goût, avaient conservé l'uniforme de la garde des ronces, anciens gardes du corps du sultan, et cela m'arrangeait bien à en juger par leur armures recouvertes d'épines de fer et de bois. Activant mes propulseurs bioniques, je me glissais entre les forces armées, effleurant suffisamment longtemps nos ennemis, qui voyaient chacun leur tour les fibres de bois de leur armure se refermer sur eux-mêmes, entravant la plupart de leurs mouvements. Dans ma vision périphérique, j'aperçus un pauvre homme, venu protester avec ceux qui devaient être ses petits enfants, être sur le point de subir le zèle d'un garde. Sans attendre que l'action n'aille plus loin, je fonçai dans sa direction, et pendant le trajet, mes prothèses de bras, intégralement composées de bois, fusionnèrent pour créer un bouclier suffisamment imposant et épais pour supporter l'assaut.

La pointe de l'épée passa quand même au travers de mes défenses, s'arrêtant à quelques centimètres de mon visage. A l'aide de mon fruit du démon, j'ordonnai aux fibres du bois de maintenir solidement l'épée dans le bouclier, tandis que les bords de ce dernier se repliaient sur l'assaillant, tenant captifs l'arme et les bras du soldat qui était désormais en tête à tête avec moi. J'aurai voulu me charger de son cas, mais l'homme âgé que je venais de sauver n'attendit pas mon accord pour l'assommer à coup de casserole sur le crâne, ce qui laissa une sacrée cabosse sur l'ustensile rutilant.

Malgré l'équipement militaire de ceux qui cherchaient à protéger Almerich, notre supériorité numérique et notre fougue semblaient suffisant pour nous conférer un avantage non négligeable. A peine eus-je fini de reformer correctement mes prothèses, que je fus dans l'obligation d'en transformer une pour créer un fouet et arracher une lance à un garde prêt à massacrer des gens pour la simple raison qu'ils soient d'un avis contraire à celui de leur maître.

"- Mettez un terme à cette tentative de massacre Almérich, assumez vos actes et répondez y !" criai-je à destination de celui qui laissait ses hommes se faire battre à cause de ses propres convictions.

"- Oh mais je compte bien y mettre un terme..." déclara une voix bien trop familière mais qui sortit d'un escargophone que la tireuse d'élite portait maintenant sur son épaule.

Au même instant, les doubles portes fortifiées de la seigneurie s'ouvrirent, et des hommes en combinaisons hermétiques et portant des masques à gaz surgirent par dizaine. Sur leur dos, se trouvaient des bonbonnes opaques mais dont les symboles qui y étaient dessinés ne laissaient présager rien de bon. Je n'eus pas le temps d'ordonner un repli général que les appareils des nouveaux soldats commençaient à disperser un gaz épais et dont les effets se firent vite remarquer sur les premières victimes. Les civils ayant inhalé le produit tombaient rapidement au sol, toussaient et mettaient leurs mains autour du cou, comme pour tenter de se libérer les voies respiratoires d'un quelconque agresseur tentant de les étrangler. Le mal semblait déjà fait pour certains, tandis que d'autres se râclaient fortement la gorge en tentant de fuir.

"- Mais qu'est ce que vous faites..." me contentai-je de dire d'une voix désespérée, désemparée par la vitesse à laquelle la situation avait pu empirer.

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Les éclats de voix guerriers et les fracas des lames s’étaient bien vite arrêtés dès que le nuage s’était élevé. America avait sorti ses armes technologiques, non pas pour tirer à vue mais pour dissuader les gardes imposants d’approcher les manifestants en colère. Il avait fait barrage, grognant, devant les regards furieux des protecteurs de Kissinger. Et rapidement, alors que sa nouvelle troupe sortait du bâtiment pour répandre la mort et la souffrance, le chien avait vite été pris de panique. Il regardait à droite et à gauche, voyant les humains ramper au sol de douleur en respirant le gaz infâme. Dans des aboiements, il invitait les masqués à ne pas l’approcher davantage alors que son système déployait La Meute qu’il avait baladé sur son dos depuis la fin de l'entrevue avec le roi.

Dans un écho cybernétique, le tas de balles de métal se disloquait pour laisser chaque sphère rouler au sol indépendamment. Puis rapidement, elles se déployaient les unes après les autres dans une multitude de loup robotique. La cinquantaine de canidés courait vers les nombreux humains pour les tirer hors de la zone de contamination toxique et ainsi éviter plus de mort. Et America se changeait en oiseau d’acier, glatissant avant de battre des ailes avec force pour repousser le gaz vers l’habitation de Kissinger.

Et si pour son entourage cela fut suffisant, c’était bien loin de permettre de chasser toute trace de l’attaque chimique. Les gardes menaçants continuaient d’avancer vers les civils que La Meute s’affairait à mettre en sécurité. Alors le chien changeait de stratégie. D’instinct, souhaitant repousser la ligne s’approchant, il transformait en serpent métallique imposant pour chasser d’un puissant coup de queue les hommes de Kissinger.

Mais rien ne semblait être suffisant pour arrêter le massacre perpétré par l’homme au regard satisfait depuis sa fenêtre entrouverte.

- “Vous ne m’avez pas laissé le choix ! Vous avez monté le peuple contre moi ! Le gouvernement mondial aurait pu apporter énormément à Pétale !”

Le reptile d’acier repoussait une nouvelle vague d’adversaire en battant de la queue alors que ses haut-parleurs sifflaient d’une voix robotique :

- “Méchant !”
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La bride est lâchée. Almérich vient d'une arme de répression bien pire que ce que l'ange aurait prévu. La colère de Trisha montante, elle tend son bras vers le palais seigneurial. L'éclatante lumière émane progressivement sur sa paume. Ses cheveux blancs scintillent et semblent se mouvoir dans cette concentration d'énergie. Ses pupilles gorgées de haine, débordent à présent de rage…


Un large rayon de lumière transperce brutalement le bâtiment, frôlant de peu le conseiller royal. Guidant cette puissante lumière, Trisha vient littéralement de scinder la demeure seigneuriale en deux. La bâtisse éventré, laissant Almérich dans une grande stupeur. Malgré cette choquante démonstration de puissance, elle brandit à nouveau ses deux bras décidé à raser ce lieu d'oppression abject. Au moment où de nouveaux rayons sont envoyés, la tueuse à gage réapparaît de nul part portant un miroir comme un bouclier. Sur des pattes de criquets, elle vient de bondir devant Trisha. Les rayons sont renvoyés pour transpercer la Femme-Lumière. Inoffensif pour elle, mais rendant ses capacités de maudite inopérante.

Agacé par sa manœuvre, l'ange envoie des tirs de lasers en continue, mais la porteuse du Zoan du Criquet parvient à se repositionner pour protéger le palais de la seigneurie. Au fur à mesure de son acharnement, Trisha réduit la distance sans que la tireuse d'Almerich ne s'en aperçoive, trop concentré à encaisser les tirs lumineux.

Soudain, un bruit de miroir brisé retentit. Le bras de Trisha ensanglanté a transpercé l'objet. S'étant laissé blesser par les bouts verres brisés, sa main lacérée prend son adversaire par le cou. La tireuse prise de cours par ce changement de stratégie, tente de dégainer son glock d'une main en vitesse.

“C'est fini.”

Un nuage sombre les surplombe subitement. Les yeux perçant de la révolutionnaire brillants dans cette nouvelle ombre. En un clin d'œil, un éclair frappe inéluctablement les deux femmes. Amplifié par son electro, la charge électrique est fulgurante.

L'arme de son ennemi tombe, puis glisse du toit pour chuter. La main blessé et, encore fumante, de la révolutionnaire lâche sa prise. L'agente d'Almerich, en vérité sa femme, tombe lourdement, inconsciente. Trisha se libère du miroir percé, le bras dégoulinant de ses lacérations. Redressé, son regard dur croise celui d'Almerich à travers une de ses fenêtres. L'homme comprend qu'il doit fuire de sa propre demeure s'il ne veut finir sous les gravats.


Dernière édition par Trisha Campbell le Ven 8 Nov 2024 - 23:57, édité 1 fois
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La menace de la tireuse d'élite semblait réglée, cependant le bras de Trisha dégoulinait de sang et les forces masquées d'Almerich continuaient leur gazage des protestants. Il fallait protéger les innocents et mettre hors d'état de nuire ces criminels.

"- Vous n'avez que faire du peuple, et vous le savez aussi bien que moi, en témoigne la mise au point de cette arme inhumaine !" répondis-je à l'homme qui criait depuis sa demeure qui tombait en ruines.

Une silhouette discrète entre les arbres retint mon attention, comme lors de notre arrivée sur l'île, Violette veillait sur nous, à sa manière. A la différence que nous avions besoin de son aide, maintenant. D'un signe de tête, l'espionne comprit que je sollicitais son intervention. Avec ses lames dissimulées dans ses longues manches, elle se chargea de clouer littéralement au sol les pieds de plusieurs gardes, lançant tour à tour ses armes. En allongeant mon bras de bois, je parvins à attraper la cheville d'un des hommes et à le traîner vers moi, le faisant lâcher son arme alors qu'il labourait la terre de son propre corps.

Un coup de coude bien placé plus tard, l'homme était inconscient et j'ôtais son masque à gaz pour m'en équiper. Si je pouvais m'approcher du nuage toxique, il était pour autant compliqué pour mes alliés de m'aider. Du moins pas directement.

"- America ! Déracine moi trois ou quatre arbres !" criai-je à l'animal désormais volant après un rapide sifflement.

L'animal s'exécuta et arracha à la force de ses serres lesdits arbres, les déposant non loin de moi. La préemption des pattes de l'animal n'était définitivement pas à sous estimer. Les imposants troncs jonchaient maintenant le sol et rapidement je m'assurai de modeler dans mon esprit l'œuvre que je souhaitais créer. Si j'avais déjà cette habitude avec la peinture, la sculpture me demandait tellement plus d'efforts pour m'approprier l'espace autour de moi. Mais aujourd'hui, ce n'était ni l'espace, ni les ressources qui manquaient, et c'est ainsi qu'une structure de trois mètres de haut prit forme. Arborant en quelques sortes l'allure d'un gorille, j'avais modelé les arbres à ma guise, créant deux pattes arrières puissantes et sur lesquelles m'appuyer, tandis que les deux pattes avant, aux formes plus menaçantes, étaient là pour mettre un terme à cette comédie de mauvais goût.

Je siégeais bien sûr en haut de cette construction, déplaçant ses membres comme s'il s'agissait des miens et avec plus de fureur qu'il n'en fallait pour dégommer les gardes du conseiller. Les poings se transformaient tantôt en boulet couvert de pics, tantôt en pince, attrapant les ennemis en les serrant suffisamment fort pour broyer leurs outils. La nature ne craignait pas Almerich, c'était maintenant à lui de comprendre sa position de chassé.

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L’oiseau d’acier observait la scène et s’il n’était pas tout à fait certain que la méthode de Trisha soit la bonne, il sentait la rage de la Cavalière. Il fallait mettre un terme à ces combats le plus rapidement possible et avant que plus de personne ne soit blessé, innocent comme coupable. Car le cerveau cybernétique d’America était bien incapable de faire la différence dans cette mélée qui n’avait plus rien de légitime.

Rappelant la meute à lui, l’oiseau fonçait en piqué sur le sol. Avant même que son bec ne touche le sol, la horde de chien d’acier l’avait rejoint. Les canidés sautaient sur le volatile, se désarticulaient pour venir le recouvrir de métal grondant. Rapidement, les pièces prenaient place et une nouvelle forme se mettait en œuvre : celle d’un imposant tyrannosaure.

Forme Hadès activée.

Le reptile préhistorique chargeait alors son laser buccal, tirant un rayon et venant tracer une ligne devant l’arrivée de nouveau garde. L’impact puissant et le passage du rayon laissaient les hommes d’Almérich sur place, surpris et effrayés alors que Calypso continuait de repousser ceux qui s'étaient déjà trop avancés.

Puis la bête se mit en marche. Courant en suivant la jeune cavalière et sa construction de bois, sa vision robotique repérer leur cible au regard terrifié, tourner les talons pour s’engouffrer dans les ruines de son palais. De sa mâchoire puissante, America saisit la construction de bois et la projeta dans les airs, droits sur Almérich. La propulsion envoya Calypso directement sur sa cible qui avait déjà commencé à fuir, mais le bras en pince du gorille venait attraper les hanches du conseiller et le tirer à son contact.

- “Vous avez perdu Almérich !”

Et alors que leur leader était capturé par la révolutionnaire, les gardes venaient encercler le dinosaure cybernétique qui les menaçaient de ses canons en grondant.
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Des flashs lumineux traversent subitement les gardes pointant leurs armes sur le duo. Traversant leur corps de part en part, cette lumière éthérée finit sa route au côté d'America sous sa forme offensive. Lorsque Trisha reprend sa forme physique, les soldats sont pris de convulsion. Ils tombent comme des mouches électrifiées. L'aura d'Electro de la Cavalière s'estompe progressivement. De sa main ensanglantée, Trisha se déleste du poids mort qu'elle a transporté jusqu'ici. Lachant ses cheveux, la femme de Kissinger tombe à leurs pieds. Les autres pris de stupeur paraissent pris d'une certaine détresse devant cette situation.

Vous avez trois secondes pour baisser les armes.

Des multiples courants parcourent à nouveau l'ange de la Révolution. Sa chevelure en suspension s'illumine progressivement. Un premier mouvement de recul parmi les gardes, une seconde passe. Les soldats s'échangent des regards avant de fixer Almérich à la merci de Calypso, deux secondes défilent. Le premier ministre finit par soupirer en hochant la tête. Ses hommes lâchent leurs fusils laissant la voix libre au trio. Trisha calme son afflux d'énergie et agrippe la tueuse d'Almerich à nouveau par sa tignasse. Sa tête se tourne, un instant, vers ses camarades. D'un regard, la Cavalière ouvre la marche. Les gardes fixent les révolutionnaires embarqués le couple Kissinger, impuissants. Traversant les ruines, le trio sort du palais seigneurial par la grande porte.

La fumée encore en suspension dans un paysage silencieux. Les ventilateurs d'America séparent ce brouillard toxique pour continuer leur chemin. Les combats ont cessé, la foule a été dispersée. Mais l'injustice ne restera pas impunie. Ainsi, les Révolutionnaires tracent leur route vers la capitale.
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