Il était une fois dans Hat Island - Épisode 2

Depuis le début du voyage, Jaina était restée muette comme une tombe. Si la distance qui la séparait de l'usine de Bières-Hat se réduisait, sa crainte et sa colère montaient petit à petit. D'innombrables questions survolaient et provoquaient un immense chaos dans le palais mental de la cow-girl.

Comment se faisait-il que Annie Rosenberg soit capturée et réduit en esclavage dans Corporation Enterprise. Elle était pourtant une juge, une représentante de la loi et d'après les rumeurs le bras droit du légendaire John Northwood. Cette rumeur sonnait donc faux…

Elle mordit l'ongle de son pouce, songeuse aux futurs déroulements des choses. Jaina se demanda comment elle allait s'y prendre pour entrer dans l'usine. Par force ? Elle pourrait. C'est une pirate. Hélas, l'adjointe rousse qui l'escortait risquerait de poser problèmes.

Nom d'un cheval, Jaina était terriblement en colère qu'une simple chef d'entreprise arrivait à avoir le dessus sur les juges. Comment Nnara s'y prenait pour interdire aux représentants de la loi de fouiller dans Corporation Enterprise. De plus, autoriser l'esclavage sur cette île lui hérissait les poils. Encore une fois, la cadette des Rosenberg pensait fortement qu'Hat Island avait besoin de changement.

« Pourquoi être devenue une pirate ? » interrogea soudainement Becky, elle ralentit la cadence de son cheval pour être face à la droite de Jaina. « Ce que vous avez fait à "On vous jure c'est pas du tout un piège City" n'est pas un comportement de pirate, mais plus d'une juge. »

« Parce que j'avais besoin de me sentir libre. En prenant le chemin de la piraterie, j'ai ouvert les bras au monstre qui se cachait dans mon cœur. » Elle posa son regard carmin sur les billes claires de la rousse. « Vous avez du courage pour rester à mes côtés, ou alors vous êtes folle. Le monstre qui dort en ce moment dans mon palpitant pourrait vous dévorer. » plaisanta Jaina qui préféra se concentrer sur la route plutôt que d'avoir une envie de lorgner sur les courbes appétissantes de cette adjointe.

Aggripant la corne de sa selle, Becky se pencha en avant pour mieux observer le visage de Jaina. À l'instar de l'ensemble de sa bouille, seules les rubis de l'albinos étaient différent de Annie Rosenberg. La juge portée disparue possédait des iris jalousant avec la couleur de l'or. L'aînée lui avait toujours dit, que sa petite sœur Jaina était la plus turbulente de la famille. Celle qui s'était écartée de la voie des Rosenberg. Autrefois, Becky avait senti une pointe de jalousie dans les propos d'Annie à propos d'un sujet en particulier. Leur père préférait confier le rôle de chef d'entreprise du ranch à Jaina et non Annie.

« J'ai une tâche sur la joue ? » se mit à interroger Jaina à Becky. Elle se frotta la joue en soupirant doucement, légèrement gênée de ce regard insistant. « Ou vous voulez ma photo ?! »

« Pardon... » Becky se redressa rapidement, détourna son regard, confuse de ce qu'elle faisait. « Je me disais juste...que vous ressemblez comme deux gouttes d'eau à votre sœur. On croirait que vous êtes jumelles. »

Jaina préféra ne pas répondre. Rien ne lui obligeait à poursuivre la causette, surtout pour parler de sa famille. Ce n'était pas parce que cette rouquine avait un joli minois que l'albinos allait se résoudre à devenir un livre ouvert. La Louve Blanche claqua sa langue contre son palais, un ordre pour inciter son cheval à accélérer la cadence.

Corporation Entreprise n'était pas la porte à côté. L'usine se trouvait à quelques kilomètres de Fortifio, la ville pacifique où habitait à présent sa famille. Au moins, si Annie était retenue captive dans ce merdier, Jaina n'aura pas à une très grande distance à parcourir pour ramener sa grande sœur.

En songeant à cet endroit maudit, sa route l'emmena enfin à son objectif : Corporation Enterprise. D'un simple coup d'œil, l'endroit n'était absolument pas accueillant. Aucune envie de venir travailler dans ce bourbier. Elle repéra très vite l'entrée de cet endroit gigantesque. Jaina s'y rendit, suivit par l'adjointe. Becky rangea son étoile suite au conseil de la Louve Blanche. Elles auraient automatiquement un refus si un agent de la loi désirait rentrer dans cette entreprise.

« Halte-là !! » gueula un garde porteur d'une barbe très longue. « Si vous dépassez un centimètre de plus, je serais contraint de tirer. Ordre de notre directrice. » Prévint-il en chargeant sa winchester.

« Du calme. Justement j'aimerais m'entretenir avec la directrice Nnara. Est-ce possible ? »

Le deuxième gardien cracha sur le sable du désert. Il s'avança en tenant fermement son ceinturon. Comme-ci son pantalon allait descendre s'il lâchait prise.

« Les visiteurs sont interdits dans l'usine. Ça peut perturber nos employés. » Ronchonna le trentenaire qui savait pertinemment à qui il parlait. Contrairement à la rouquine, Jaina était connu en mal dans son île. Accepter de la laisser passer représenterait un grand danger. « Encore moins une pirate recherchée par le gouvernement mondial. Fichez-le-camp ! »

Jaina serra fortement les reines en cuir de son cheval. Sa colère montait au crescendo. Lui refuser l'accès alors que sa sœur pouvait être une nouvelle employée de l'usine la rendait folle. Son envie de dégainer Lilith et de plomber ces gêneurs évoluait positivement. La mission risquait d’être compromise.

« Bien, une PDG qui se cache derrière ses hommes ne peut pas nous être d’une grande aide. » conclut la rousse qui s’interposa entre les deux gardes et Jaina. « Partons d’ici, nous perdons notre temps. »

Jaina Rosenberg pesta dans sa barbe invisible. Elle tapota ses éperons contre le flanc de son canasson afin de l’inciter à prendre le galop. L’adjointe l’accompagna, laissant le duo de sentinelles victorieux de cet échange…

La nuit venait de pointer le bout de son nez. Pendant que le soleil prenait congé, la lune s'offrit entièrement aux rubis de la Louve Blanche. Elle contemplait cet astre lumineux, comme un loup désireux de chanter pour cette gigantesque sphère scintillante.

Assise sur un rocher du désert, mâchouillant le cul de sa cigarette, Jaina ne s'était pas résolue à abandonner sa sœur. Tant pis pour la diplomatie, la Capitaine de la Rose Noire allait devoir s'infiltrer dans la fourmilière. Elle attendait depuis plusieurs heures, pour intervenir en pleine nuit. Le moment arrivait à grands pas.

Comment allait-elle s'y prendre ? En escaladant l'un des murs tout en faisant attention de ne pas se faire descendre par les gatlings des miradors. Fâcheux inconvénients et cela confirmaient les rumeurs à propos de cet endroit. On ne désirait pas qu'on entre et qu'on s'échappe de cet antre du diable.

Jaina fit rouler le barillet de Lilith, la Faiseuse de Veuves. Devoir ranger ses crocs, ne pas grogner rendait les épreuves beaucoup plus difficiles. Déjà que depuis son arrivée sur l’île, l’albinos combattait avec honneur au lieu de tout détruire sur son chemin. Il fallait le reconnaître, son temps chez les Ravengeuses étaient beaucoup plus simple. Pas besoin de parlementer, Jaina tirait dans le tas. Les questions venaient juste après. Elle soupira en soufflant sur deux trois cheveux rebelles qui chatouillaient son nez. Ses bras pendirent, Lilith tomba sur le sable du désert, gênant un scorpion sur sa route. La Louve attrapa la queue de la bestiole et la balança plus loin.

Tout à coup, le calme autour de l’usine disparut pour laisser place à de l’agitation. Jaina en fit tomber sa clope qui s’éteignit dans le sable. La pirate déplia sa longue-vue pour mieux se rendre compte de ce qu’il se tramait. Un groupe d’individus, salement amochés, se précipitèrent pour échapper à quelque chose. La scène ressemblait à des gibiers pourchassés par une petite horde de loups. Dans le lot des proies, une pauvre gamine beaucoup moins âgée que Wanda était portée dans les bras de sa mère. Des coups de feu résonnèrent dans le désert d’Hat Island, dérangeant le repos de rapaces…

Un corps s’écroula, se vidant de son sang et agonisant en sentant la mort dérober progressivement son âme. Un autre cadavre s’étendit plus loin, mourant sur le coup par une balle perforant son cœur. La Louve Blanche reposa sa longue-vue pliée dans une sacoche accrochée à sa ceinture. Elle glissa depuis le haut de sa colline ensablée en étant suivit par l’adjointe Becky O’Hara.

Prisonnière de ses émotions chaotiques, Jaina n’entendit pas les mégardes de son compagnon d’infortune. Le monstre, ou plutôt la Louve Blanche qui sommeillait dans son âme se réveilla et hurla. Les aura des ennemis de Rosenberg se mirent à briller grâce au Haki de l’Observation. La Dame Blanche tira une première ogive qui troua la gorge d’un cow-boy. Sa victime s’effondra sur ses genoux, ses mains qui agrippèrent sa gorge furent très vite tâchée de son hémoglobine.

Une balle fut propulsée du canon de Lilith, passant aux travers de deux crânes humains. Un homme et une femme bossant en tant que gardes de Corporation Enterprise. Puis, lorsqu’un adolescent de dix-sept ans arracha la vie à la mère du rejeton aperçue par Jaina, l’albinos le rattrapa. Rosenberg tira son col pour le ramener en face d’elle, la cow-girl ferma fortement son poing, l’imprégna sans s’en rendre vraiment compte de son Haki de l’Armement. Elle frappa de toutes ses forces, brisant la cage thoracique de son adversaire. Le jeune homme s’affaissa et Jaina se mit à califourchon sur lui. Elle récupéra son poignard dans sa santiag et transperça encore puis encore ce mécréant qui avait osé rendre orpheline la gosse…

Essouflée, se rendant compte de l’horreur qu’elle venait de commettre, Jaina lâcha le couteau de son père et regarda ses mains tâchées de rouge. Une couleur identique à ses iris. Heureusement que sa fille Wanda n’était pas présente. Elle aurait été bien déçue de l’attitude de sa mère. Toutefois, Jaina Rosenberg était extrêmement irritée de ce qu’elle venait d’assister. Comment la gamine allait-elle pouvoir vivre en ayant vu sa propre mère mourir des mains de son ravisseur ?

Pendant que Jaina reprenait progressivement ses esprits, elle se retrouvait bêtement sans défense, à la merci des autres ennemis encore en vie. Heureusement que la rousse adjointe était dans son camp. Becky neutralisa deux gardes de Corporation Enterprise en les blessant au lieu de leur retirer la vie. La rousse comptait sermonner l’albinos, de lui ordonner de se bouger les fesses pour regagner ses esprits. Hélas, un coup derrière son crâne lui fit perdre instantanément connaissance. L’auteur des faits ? Le meneur des opposants porteurs de l’identité de Wyatt Buck. Ce chacal ne termina pas avec cet exploit. Il attrapa la petite fille ayant perdu sa mère et plaqua son colt contre la tempe de sa proie.

« Pas un geste Rosenberg, où je tue devant tes yeux cet enfant ! » menaça le prédateur qui connaissait une des plus grandes faiblesses de la pirate : les marmots. Une mère comme l’albinos ne pouvait jamais tourner les yeux face à un petiot mal en point. Alors, il se mit à afficher un grand sourire en lisant le désespoir sur le visage de Jaina Rosenberg.

« Si tu lui fais le moindre mal… »

« Jette Lilith et ta carabine et il n’arrivera rien à cette gosse. » Voyant Jaina obéir docilement, il fit un signe de tête à l’un de ses subordonnés pour assommer la pirate primée…

Le réveil n’avait pas été très doux. Se faire asperger d’eau froide réveilla la Louve Blanche comme si elle venait de prendre une terrible cuite. Les rires des responsables se firent entendre par l’ouïe de Jaina. Elle ronchonna, s’essuya le visage et constata que ses jouets qui furent ses armes à feu n’étaient plus avec elle. On venait de la mettre à nue, de l’humilier. Fort heureusement, ses ravisseurs avaient eu la bonté de lui laisser son chapeau adoré.

L’endroit où elle se trouvait était totalement inconnu du premier coup d’oeil. Mais, à bien y réfléchir, en découvrant des personnes affaiblies et maltraitées un peu plus loin pour fabriquer de la bière, Jaina paria qu’elle se trouvait dans Corporation Enterprise. En se relevant, elle toisa les gardes et reconnu l’homme qui avait osé s’en prendre à la pauvre gamine.

« J’espère que tu as tenu parole. Où est la fille ? »

« Sûrement avec les autres esclaves Rosenberg. Elle n’est pas morte, tout comme toi. Désormais, tu vas pouvoir jouir pleinement de ta nouvelle destinée. Fabriquer de la bière-hat au triment de ta misérable vie. » Wyatt Buck sourit et plaça Morrigan, la winchester de Jaina contre son épaule. Son nouveau trésor qu’il ne comptait pas rendre à son ancienne propriétaire. « Tu n’auras plus besoin de tes pétards. Bizarrement je me suis senti mal à l’aise en récupérant la fameuse Lilith. Le flingue a été envoyé à Nnara. »

Au moins, son nouvel ennemi juré lui avait confié des informations importantes. La localisation de ses armes de prédilections. Hors de question de repartir sans et de les laisser à des moins que rien. La future Reine des tireurs n’avait pas dit son dernier mot. Enfin, le temps pour Jaina de trouver une solution pour se sortir de ce merdier. Les mains enchaînées, à la merci de nombreux gardes surveillants sur les rampes en hauteur, Rosenberg allait devoir trouver un plan de taille pour en venir à bout de ses ravisseurs.

On lui confia son nouveau poste, son job au sein de Corporation Enterprise. Transporter des caisses remplies de bouteilles pleines. Si elle brisait la moindre bière-hat, Wyatt Buck lui avait juré de lui faire payer au centuple. Une menace chatouillant les oreilles de la rebelle. Elle le provoqua en jetant sur ses pieds une caisse bien lourde. Résultat des courses ? Plusieurs gardes se sont déchaînés sur elle, la piétinant, la rouant de coups jusqu’à ce que la louve se soumette. Un comble pour son premier jour en tant qu’esclave…

L’albinos dût pour le moment se plier à son nouveau travail. Jouer la maligne lui avait donné d’innombrables hématomes. Elle en ressortit sans trop de blessures graves. Ainsi, elle rangea ses crocs, fit tomber ses oreilles de louve et retroussa sa queue, imitant d’être soumise pour éviter de trop aggraver son cas.

Pendant des jours, la cow-girl s’attela à son unique tâche, serrant ses crocs aux douleurs à ses bras, à ses mains et également à son dos. Les heures de travail furent interminables, épuisantes, inhumaines. Comment ces gens arrivaient à survivre par cette énorme dose de boulot ? Jaina ne trouva aucune réponse et pensa que d’autres esclaves souffraient bien pire que ceux de l’usine, comme par exemple les jouets des Dragons Célestes…

Perdant le compte du temps depuis son arrivée dans l’usine à bières, Jaina retrouva enfin la trace de la petiote. On lui avait confié la besogne de servir le repas des gardes. À sa pause, vingt minutes seulement, Jaina coupa la route à la petiote qu’elle avait tenté de sauver. Elle plia ses genoux, fronça ses fins sourcils neigeux et tenta de lui parler.

« Tu n’as rien ?! Je suis désolée de ne pas être venu à temps pour sauver ta mère… » dit-elle dans un premier temps. L’enfant l’observa longuement, ses billes jaunes luisant soudainement d’un prétendu espoir. Le blanc de ses yeux était assez irrité, signalant probablement des pleurs passés. La fille venait tout de même de perdre sa mère et d’être obligé à revenir dans cet enfer. Tout à coup, la gosse pointa ses oreilles à elle, ses gestes informèrent que cette dernière était totalement sourde. « Oh…je vois… » Doucement Jaina posa sa patte contre son palpitant, puis pointa son index dans la direction de l’enfant et leva son pouce en affichant une mine interrogative.

Le message venait d’être compris. La gamine remua négativement son visage et enlaça la cow-girl. Non, elle n’allait pas bien du tout à la question mimée par Jaina. Elle pleura, mouillant la chemise de la Louve Blanche. Tendrement, Jaina l’emprisonna dans ses bras et la berça en attendant que le chagrin passe.

« Ce petit trésor s’appelle Ruby. » énonça une voix féminine. Jaina se retourna et vit une femme élégante, grande, aux longs cheveux corbeaux tombant jusqu’à son fessier. Des lèvres pulpeuses et un regard froid. De toute sa vie, Rosenberg n’avait jamais rencontré une dame aussi magnifique. « Que fait une pirate primée dans cette exploitation ? Je croyais que la grande Jaina Rosenberg ne désirait plus retourner dans sa terre natale. »

« Puis-je savoir à qui j’ai affaire ?! » tança la Louve Blanche continuant de réconforter cette Sakari en pleure.

« Katie Carson, esclave depuis longtemps et heureuse d’avoir peut-être trouvé une opportunité pour renverser Nnara. Que diriez-vous de bavasser un peu avec moi ? »

Katie Carson était en quelque sorte, celle qui dirigeait, commandait les esclaves. Pas au sens de leur donner des ordres, mais plutôt de les motiver à s’accrocher à la vie. Beaucoup de personnes travaillant par obligation dans Corporation Enterprise avaient fini par perdre l’envie de vivre. Katie jouait le rôle d’espoir, de pilier à suivre. Elle exerçait ces fonctions depuis plusieurs années et cette dame avait fini par gagner la confiance de tous les esclaves. Quand un problème éclatait entre des ouvriers et des gardes, la demoiselle s’interposait pour régler les conflits.

Alors, vu que Carson connaissait l’intégralité des travailleurs, Jaina lui demanda si sa grande sœur Annie faisait parti du lot. Elle aurait aimé entendre une réponse négative, que l’aînée de sa famille ne se trouvait pas enfermée dans cet enfer. Hélas, Katie lui affirma que sa frangine gisait ici. Il fallut la fin du service pour permettre à la dirigeante des esclaves d’emmener la cow-girl dans un dortoir différent du sien. Jaina découvrit sa sœur dans un lit en piteux état. Annie était recroquevillée sur elle-même, toussant fortement. Les joues creuses, son regard d’or presque vide de vie, son visage ruisselant de transpiration, Jaina n’avait pas besoin d’être médecin pour constater que sa sœur était malade et se laissait mourir à petit feu. Katie confirma les soupçons de l’albinos en l’informant qu’Annie était dans cet état depuis plusieurs jours après son séjour dans le cachot, la pièce réservée aux esclaves refusant de travailler. À l’intérieur, Wyatt Buck se chargeait de soumettre les têtes dures et il y arrivait toujours…

Parmi les trois sœurs Rosenberg, Annie était la plus réfléchit, la plus mature. Son caractère était bien plus fort que celui de Jaina. Imposante, sûre d’elle et débordant d’une aura de justice très importante. Elle ne se laissait aucunement marcher sur les pieds. Pourtant, ses ravisseurs réussirent à la briser…

Jaina secoua doucement Annie pour lui montrer qu’elle était là, que cette histoire allait prendre fin. Car oui, la Louve Blanche était déterminée à se casser d’ici tout en réglant ses comptes contre deux personnes. Wyatt Buck et la PDG Nnara.

« Jaina… » murmura d’une voix faible Annie. Elle caressa l’harmonica accroché au cou de Jaina, reconnaissant l’instrument de leur père. « Tu…ne devais…pas revenir… »

« Annie…je vais te sortir d’ici d’accord ?! » tenta de rassurer Jaina. Elle tenta de ne pas pleurer, de rester une femme forte. C’était impossible. Des perles mouillèrent son visage crasseux, dont quelques-unes s’écrasèrent contre les joues d’Annie Rosenberg. La Louve Blanche pleurait de joie de retrouver sa sœur en vie, mais aussi de tristesse de la voir dans un état aussi déplorable. Jaina remit correctement une mèche de cheveux derrière l’oreille de sa frangine, embrassa son front et lui sourit difficilement. « Tu n’as pas intérêt à retrouver Pearl…d’accord ? Je vais te ramener auprès de ton mari et de ton fils. Avons-nous un accord grande sœur ?! »

Annie ne répondit pas, du moins pas avec sa voix. Elle se contenta de hocher simplement son visage, rendant le sourire à sa petite sœur rebelle. L’heure de la querelle entre les deux ne voyait pas le jour aujourd’hui. Peut-être que lorsque les deux Rosenberg sortiront de ce merdier, elles se remettront à ce chamailler. À se reprocher d’un problème et d’un autre, puis à trouver une entente pour éviter que leur mère Daisy ne leur tombe dessus.

« Jaina !! Je vous retrouve enfin !! » se réjouit une rouquine qui n’était pas inconnue aux yeux de la meneuse de la Rose Noire. Becky O’Hara rejoignit le groupe, eut ensuite un mouvement de recul et plaqua sa main sur la bouche en découvrant Annie. « Juge Rosenberg…que vous ont-ils fait ?! » Elle tomba sur ses genoux détaillant les hématomes, blessures, tâches de sang et le visage malade de sa supérieure.

« Elle ne tiendra pas longtemps si Annie reste ici. » reprit Jaina, elle arracha un morceau la manche de sa chemise, la trempa dans de l’eau et essuya le front brûlant et gorgé de sueur de sa sœur. « Je suis heureuse de vous retrouver en un seul morceau Becky. Vous allez m’aider à libérer ses esclaves et ma sœur. Nous allons éliminer les gardes. »

« Sans arme, je ne vois pas comment… De plus, ma qualité en tant qu’adjointe ne me permet pas de tuer… »

« Vous croyez que c’est le moment de penser à votre statut Becky ?! » coupa férocement la cow-girl. Elle était très en colère, le rouge de ses yeux brillaient d’une mauvaise lueur. Le monstre en elle se réveillait peut-être. « Corporation Enterprise a toujours été une tumeur pour cette île. Hector Grabil, l’esclavagisme, les Manslouches et le conflit qui dure depuis bien trop longtemps entre les Chapeautés et les Drognars. Qu’avez-vous fait pour cette île malade ? Rien. Je refuse que ma famille souffre encore plus, j’ai déjà perdu ma petite sœur, hors de question de perdre un autre Rosenberg. Vous avez le choix, soit vous m’aidez, soit vous restez planqué et j’en informais de votre incompétence à Mathilda. »

Elle appuya ses dernières notes pour pousser Becky à bien réfléchir sur sa décision. Si la rouquine refusait de lui donner un coup de main, alors Hat Island se passera de ses services en tant qu’adjointe. Mathilda n’aura pas besoin de poltron sous ses ordres. Attendant patiemment la réponse de sa compagne d’infortune, Katie Carson se permit de reprendre la parole.

« Comment comptez-vous faire pour nous sortir de là ? Le bâtiment est protégé par des gatlings, des tireurs d’élites et Wyatt Buck. Nous risquerons de nous faire massacrer en levant le petit doigt. »

Préférant ne pas répondre dans l’immédiat, la capitaine pirate qui était assise sur le sol, cala son dos contre le mur du dortoir. Elle fit travailler son palais mental, sa matière grise. Elle recroquevilla ses jambes contre son ventre et les enlaça avec ses bras. Jaina lui proposa un plan, le plus évident qui risquerait cependant de causer d’innombrables pertes. Il fallait créer une révolte, se servir de la force de tous les travailleurs pour renverser les gardes. Seule, Jaina n’arriverait pas à renverser la donne. Alors, la Louve Blanche conseilla à Katie de constituer deux groupes parmi les esclaves. Les plus fragiles, malades, enfants et vieux devaient se cacher dans les dortoirs. Quant aux autres, les plus costauds, ceux qui désiraient ardemment sortir de cette prison, allait mettre leur vie en jeu pour s’attaquer aux gardes.

Certes, un plan suicidaire, mais porteur d’un éventuel espoir. Si les prisonniers réussissait à commettre un véritable bazar, chaos, la Louve Blanche s’occuperait de son côté de Wyatt Buck qui détenait actuellement Morrigan, sa carabine. Avec son arme de prédilection, elle pourra éliminer les gardes derrière les gatlings, ainsi que les snipers. Permettant ainsi, d’augmenter l’espérance de vie des esclaves.

« Et si ça ne marche pas… ? » questionna Becky qui se mordait l’ongle de son pouce, anxieuse de ce plan.

« Nous aurons essayé…mais je suis certaine que ça fonctionnera. » attesta Katie Carson qui se préparait mentalement à trouver les meilleurs mots pour convaincre les ouvriers de se rebeller. Elle n’avait jamais pensé à le faire par le passé, car aucun esclave n’était assez fort pour contrer Wyatt Buck et ses gardes. Depuis que Jaina se retrouvait coincé dans cet endroit, le jeu en valait la chandelle. Une pirate primée à cent quatre-vingt-un millions de berrys, réputée pour avoir détruit l’organisation de Gabril, tuée un juge corrompu à Exact Town et récemment libérée une ville de Manslouches apportait de l’espoir aux yeux de Carson. « Je vais convaincre les ouvriers, retourner à vos dortoirs respectifs pour éviter d’attirer les soupçons auprès des gardes. »

Katie Carson n’était vraiment pas n’importe qui aux yeux de la Louve Blanche. Comme promis, elle avait réussi à rallumer et à agrandir la flamme de liberté des prisonniers. Cette dame possédait le tact, la manière d’influencer les gens dans son sens. Son bagout n’était pas à sous-estimer. Sans elle, Jaina aurait sans doute eu du mal à les convaincre aussi rapidement. De son actif en tant que pirate primée, l’ancienne Vouivre Immaculée apportait plus du désespoir que de l’espoir.

Maintenant que cette grande brune avait réussi à faire sa part du marché, que Becky O’Hara s’était décidée d’ouvrir les yeux sur la réalité, il fallait que Jaina assure de son côté. Elle avait réfléchi à la meilleure approche pour confronter Wyatt Buck et lui reprendre Morrigan. La Dame Blanche tâcha de faire un petit tour dans la fameuse pièce de torture, de defouloir pour Buck. Pour cela, rien de plus simple. L’albinos allait encore le provoquer, faire monter sa colère contre elle pour le convaincre de l’emmener dans ce lieu isolé. Allait-il réussir à la dompter ? Aucunement.

Ainsi, la cow-girl fit en sorte de bien se faire remarquer durant sa nouvelle journée de travail. Ronchonner, ne pas faire correctement son devoir, voire d’insulter les gardes. Puis, lorsque Wyatt Buck tint à mettre les choses au clair avec Jaina, la Louve Blanche lâcha une caisse bien lourde de bières sur les pieds de son ravisseur. Encore. Il se mit à hurler, à jurer de tous les noms Jaina et même sa propre mère en prit pour son grade. Elle reçut un coup de poing dans le ventre puis sur la joue, de quoi faire chavirer la meneuse de la Rose Noire. Elle tint bon, refusant de plier le genou ou bien de s’écrouler. Jaina afficha un sourire d’arrogance à Wyatt Buck, sa dernière action lui permit d’être envoyée dans le cachot.

Les gardes traînèrent Rosenberg par les épaules, suivit par son futur bourreau. Elle cracha un mollard rempli de sang, renifla un bon coup pour remonter très légèrement le sang coulant depuis ses narines. Lorsqu’ils ouvrirent la porte de la cellule, ils jetèrent Jaina comme un vulgaire sac à patates. Elle mordit la poussière, toussa pour reprendre son souffle et pesta dans sa barbe inexistante. Une vive doulour émana de sa cheville, la cow-girl venait de se la tordre dans sa chute. Une douleure passagère, mais pas la bienvenue pour les évènements futurs.

« Il est temps de dompter cette fameuse louve. » Wyatt cracha sur ses mains et les frotta par la suite, affichant un sourire radieux au traitement qu’il allait commettre. Il comptait la détruire psychologiquement en tapant un grand coup dans son honneur, sa fierté, sa dignité. Puis torturer l’intégralité de son corps afin de l’entendre crier. Il se mit à ricaner en s’approchant de sa proie. Il tourna autour d’elle en se demandant par quel morceau commencer.

« Dommage que tu ne sois pas une femme… J’avoue avoir un faible pour celle en uniforme de la marine. » révéla Jaina qui se releva difficilement pour faire face au cow-boy. « Mais les individus de ton genre me répugne… » Sa phrase fut coupée lorsque Wyatt Buck lui distribua un coup de crosse dans l’estomac. Jaina en perdit sa respiration et son esprit lui joua des tours. Des vertiges, une sensation de vouloir s’évanouir. Son adversaire n’y allait pas de mains mortes. « Tu frappes…comme un louveteau mal léché… » La santiag de Buck écrasa violemment la main gauche de la cow-girl. Elle se mit à hurler, à crier de tous son être à cause de cette terrible douleur. Néanmoins, la torture était moindre comparée à l’ancien équipage de Drangezul. Son dos recouvert de cicatrices causé par un fouet pouvait en témoigner.

Soudainement, de l’agitation perturba le petit plaisir de Buck. Les ouvriers se mirent à gueuler, à rouspéter de ce travail non payé, de cette obligation à fabriquer de la Bière-Hat sans pouvoir ressortir un jour de Corporation Enterprise. Les esclaves tentèrent de briser leurs chaînes, de témoigner leur colère et de réclamer leur liberté. Une aubaine pour détourner l’attention du possesseur de Morrigan. La Louve Blanche se releva tout en serrant les dents sur sa cheville douloureuse et de sa main gauche en feu. Elle remonta violemment son pied entre les jambes de Buck pour casser les noisettes. Son coup fit mouche, Wyatt relâcha Morrigan et s’écroula sur les articulations de ses jambes. Il gémit d’une voix très aigüe, manqua de verser une pauvre larme, affichant un visage bien rouge avec quelques veines ressortant de son front.

Les deux gardes près du castré ? Jaina les élimina sans éprouver le moindre remord avec sa carabine. Le doux son du mécanisme, du relâchement des balles et de l’odeur de la poudre redonnèrent un gain de forme à la meneuse de la Rose Noire. Lorsqu’elle souhaita se débarrasser pour de bon de Wyatt Buck, le bougre lui envoya un bâton de dynamite à ses santiags. La mèche était allumée, sur le point de disparaître pour brûler la poudre. Il fallut deux secondes pour permettre à Jaina de récupérer l’objet et de l’éteindre avec ses doigts, tout en se brûlant au passage.

Malheur, son ravisseur venait de disparaître, de s’enfuir la queue entre les jambes, car il savait que la Louve Blanche avait de plus grandes dents que lui, surtout lorsque cette dernière possédait une arme à feu dans ses pattes. Ce n’était que partie remise, Jaina le retrouvera pour refaire son portrait. Après tout, il avait brisé sa sœur.

Actionnant le levier de chargement de Morrgan, Jaina écrasa sa joue contre la crosse de son arme, aligna le point de mire à son œil directeur, le droit, puis appuya tendrement sur la queue de détente. Presser trop fort lui causerait des erreurs de tirs. Dont le fameux coup de pioche, qui était de baisser involontairement le canon vers le bas de la cible suite à la trop grande poussée sur la détente. Sans commettre cette faute, la pirate raya de la liste les utilisateurs des gatlings, ainsi que les fameux snipers. De quoi permettre aux esclaves d’augmenter leurs chances de survivre à cette révolte. Car oui, en ce moment même, les travailleurs se rebellèrent contre leurs ravisseurs. Il y avait malheureusement des morts, mais les centaines d’esclaves arrivèrent à dominer les sentinelles de Nnara.

D’ailleurs, en parlant de la fameuse PDG de Corporation Enterprise, Jaina tenta de trouver son fameux bureau. Une épreuve bien difficile entre les surveillants sur son chemin et l’ignorance de la localisation du cabinet. Il fallut que la desperada attrape un homme de Nnara pour l’obliger à la conduire à son objectif en lui promettant de lui laisser la vie sauve. Une parole non tenue par la cow-girl. Pourquoi réaliser ce souhait à un homme sans honneur ? Qui avait travaillé dans cet enfer en menaçant des gens innocents ? Lorsqu’il conduisit Jaina devant les fameux quartiers de la directrice, la porte d’entrée fut aspergée par l’hémoglobine du sbire.

Sachant pertinemment que l’accès pour entrer dans la pièce était verrouillée à clé, Jaina réduisit à néant la serrure avec quelques cartouches de Morrigan. Le passage devint accessible, laissant une gamine indienne pointer Jaina avec la fameuse arme légendaire d’Hat Island : Lilith, la Faiseuse de Veuves.

« Pas un geste visage pâle ! Où vous connaîtrez la fureur de notre dieu MacNessca ! » menaça la jeune femme en lançant un regard dénué de peur à la Louve Blanche, celle qui avait été baptisée ainsi par la tribu de Nnara, les Drognars.

« Vous croyez vraiment que je vais vous obéir ?! » Jaina fit un pas dans le bureau, obligeant Nnara à appuyer fortement sur la détente de Lilith. Avec ses petites mains frêles qui étaient habituées à tenir un arc et non un flingue, la Drognar fut surprise de presque échapper Lilith suite à la pression du coup de feu. En tenant mal l’engin, le canon se leva et manqua de peu le chapeau de la cow-girl.

Avant que Nnara comprenne son erreur, la prédatrice venait déjà de bondir devant la Drognar pour la désarmer et tenter de l’assommer. Sa dernière tentative échoua, révélant à l’albinos que Nnara était une redoutable combattante à mains nues. L’indigène repoussa Jaina qui s’écroula sur le bureau. La PDG hurla de tout son être en se jetant comme une furie sur Rosenberg. Hélas, la cow-girl l’arrêta en plein vol en armant sa jambe d’Haki de l’armement et en l’abattant dans les côtes de la directrice. Nnara fut projetée contre le mur, sonnée de ce vilain coup, perdant contre la Louve Blanche…

Énervée, en colère, tiraillée par ses sentiments explosives, la prédatrice attrapa la natte indienne de la cheffe d’entreprise. Elle la traîna comme un déchet pour la faire sortir de ses quartiers et l’emmener au centre de l’exploitation, là où les esclaves mirent leurs vies pour goûter enfin à cette fameuse liberté. Jaina fit la sourde oreilles sur les nombreuses insultes à son sujet qui se transformait en langage basique puis Drognar. La PDG sentait son heure venir et sa langue de vipère devint moins agressive. Elle désirait rester en vie, de ne pas rencontrer la mort.

« Chapeautés d’Hat Island !! » aboya fortement la Louve Blanche qui ne comptait aucunement lâcher sa proie, son gibier. « Moi, Jaina Rosenberg met pour de bon fin au règne de l’esclavage de cette île !! La tumeur doit disparaître !! Vous avez mérité votre liberté !! » Lorsque Katie Carson tenta de s’approcher de Jaina, l’albinos braqua Lilith sur la femme. « Non ! Inutile de vous salir les mains ou de vouloir épargner sa vie. Son existence m’appartient à l’instant où elle s’est attaquée à ma sœur. » Braquant le visage en arrière de Nnara, Jaina posa son regard du diable sur sa proie. La rédemption ? Pourquoi en avoir contre cette demoiselle qui avait les moyens d’arrêter l’esclavagisme de son usine ? De rompre son partenariat avec Hector Gabril ? Nnara aurait pu devenir une bonne personne. L’excuse de ne pas avoir de moralité, de notion de bien ou de mal n’étaient pas pardonnables pour la future Reine des tireurs. « Tu vas pouvoir rencontrer tes dieux Nnara, ainsi sont les paroles de la Louve Blanche. Bon voyage en enfer !! »

Après ses dernières élocutions, la tireuse appuya sur la détente de Lilith. L’arme maudite ajouta un nouveau nom à sa longue liste. La Louve Blanche dévora l’âme de cette tortionnaire, libérant ainsi les victimes de Corporation Enterprise.

Le fameux goût de la liberté n’avait jamais été aussi bon de toute la vie de Rosenberg…

Il n'y avait plus personne dans l'usine, à l'exception des cadavres gisant sur le sol et baignant dans leur sang. Jaina fit attention de ne pas marcher dans l'hémoglobine. Elle farfouillait les environs, à la recherche d'un endroit bien précis. Si Wyatt Buck lui avait lancé un bâton de dynamite, peut-être que Corporation Enterprise cachait ce genre d'explosif.

Heureusement, elle pouvait compter sur l'aide de Ruby qui l'accompagnait dans ses recherches. Cette petite souris mignonne et bien utile lui permis de découvrir rapidement son objectif. Une chambre sécurisée, verrouillée à son arrivée et ouverte en quelques instants par un coup de pied gorgé de Haki.

Il s'agissait de la caverne d'Alibaba. D'innombrables TNT prêtent à être utilisées sur-le-champ. La Louve Blanche ne s'en priva aucunement, installant soigneusement ses gadgets préférés un peu partout dans l'usine, le tout relié à un fil conducteur. Bien entendu, elle empêcha Sakari de toucher à cette saloperie en la portant sur ses épaules.

Les finissions prêtent, la meneuse de la Rose Noire sortit de l'usine et rejoignit le monde au loin, qui furent les centaines d'esclaves dont parmi eux Katie, Becky et Annie. Ce fut alors que Carson lui demanda ce que Jaina trafiquait. L'albinos lui confia l'orpheline, monta sur la selle d'un cheval pour être mieux aperçue par les personnes qu'elle avait sauvés. Rosenberg demanda à Carson d'avoir toute l'attention du groupe, car elle désirait énoncer un long dialogue.

« Certains me connaissent comme une pirate sanguinaire, une hors-la-loi qui tue pour le plaisir. » se mit à aboyer la Louve Blanche. Elle tenait fermement les rênes de son canasson. « Si ces rumeurs furent vrai, je ne m'embêterais pas à tous vous sauver le cul. Mon nom est Jaina Rosenberg, meneuse de la Rose Noire. » Elle dirigea son index en direction de l'usine. « Depuis trop longtemps, Hat Island souffre de défauts, dont l'esclavagisme. Je ne suis pas la responsable de la mort d'Hector Gabril, le premier auteur de vos cauchemars. Mais, j'ai détruit toute son organisation pour éviter que d'autres personnes subissent le même traitement que vous. »

Elle claqua sa langue, incitant son cheval à trotter et à tourner autour du groupe des rescapés. Jaina visualisa chacun des anciens esclaves en restant impassible et elle entendit un homme mentionné qu'il espérait qu'un jour la Marine fasse quelque-chose pour eux.

« Vous auriez pu être sauvé par la Marine, par ces personnes qui assurent le maintien de l'ordre. Mais ces soldats n'ont pas bougé le petit doigt depuis plusieurs années. Leurs yeux sont braqués sur les mines d'or à Bull Town, plutôt que sur la sécurité des Chapeautés. » La cow-girl descendit de sa monture, se rapprocha de l'homme qui avait mentionné la Marine et lui fit face. « Croyez-vous toujours en ces gardiens de la paix ? Vous n'avez pas besoin de ces misérables pour assurer votre sécurité. L'île possède sa propre force, les Juges. Néanmoins, certaines choses sont à revoir. » fit-elle en jetant un regard réprobateur à l'adjointe Becky et à sa sœur Annie.

Une femme aux habits délabrés, lui demanda ce que Jaina désirait en échange pour ce sauvetage. Après tout, elle était une pirate, une femme mal vu par le peuple.

« Je veux simplement que vous portiez désormais votre confiance à la Rose Noire. Que vous ébruitiez le fait que je vous ai sauvé. Je n'aspire pas à vous dominer, à vous faire souffrir. Je souhaite que les nouvelles et futures générations puissent vivre en paix sur Hat Island. Ne portez plus votre intérêt sur la Marine, ils doivent être chassés de notre pays, tous comme les pourritures qui rendent malades ces terres. »

Elle quitta le groupe, sortit Lilith et tira en direction de l'usine. La balle frôla le fil conducteur, le brûlant à son passage. La flammèche entama son périple et actionna les nombreux explosifs. Corporation Enterprise fut détruite dans un merveilleux feu d'artifice. La tumeur disparut, mettant fin aux années de terreur d'Hector Gabril et Nnara. Des personnes se mirent à pleurer, réalisant que ce long cauchemar prenait fin. Par ce geste, ce sauvetage, la faible et malade Annie Rosenberg retrouva enfin sa sœur cadette. Non pas une pirate assoiffée de sang, mais cette gamine qu'elle avait vue grandir, aspirant à être meilleur qu'un Juge.

Cette Jaina rejoignit Annie, enroula le bras de sa sœur autour de ses épaules pour l'aider à marcher. Un acte bien difficile lorsque Sakari se précipita pour enlacer fortement la jambe de son bienfaiteur.

« Pearl souhaitait...que nous nous réconcilions toutes les deux... » murmura Annie en étant torturée par une toux grave et alarmante. « Sache...que c'est en bonne voie...petite sœur. »

« Arrête de parler et garde tes forces. » ronchonna Jaina. L'ombre de son chapeau camoufla son regard. Ses lèvres charnues tremblaient. Les paroles de sa grande sœur soudèrent un peu plus son cœur brisé.

Ainsi, s'acheva l'histoire de Corporation Enterprise. Une usine célèbre sur toutes les Blues employant des esclaves comme main-d'œuvre. Les auteurs de ce cauchemar n'étaient plus de ce monde, bien qu'un certain Wyatt Buck avait réussi à échapper à la Louve Blanche. Il allait devenir un hors-la-loi recherché par les Juges d'Hat Island suite à ses méfaits contre les esclaves dans CE.

Allait-il y avoir une pénurie de Bière-Hat ?  Aucunement. Car lorsque tout le monde rentra sain et sauf à Fortifio, la ville la plus pacifique d'Hat Island, Katie Carson reprit l'héritage de son père. Toujours aussi fortunée grâce à son paternel, la dame acheta une vieille usine délabrée à Fortifio. Elle engagea de la main-d'œuvre pour retaper l'endroit, lui redonner une seconde vie, puis une nouvelle entreprise naquit : Carson Industries.

On y fabriqua de la Bière-Hat à base de cactus, tous en vendant les marchandises à des prix plus attrayants. Carson Industries recruta des employés et non des esclaves. Tous pourront jouir d'un merveilleux salaire. Katie ne s'arrêta pas là, donnant une meilleure image à son produit. Une affiche publicitaire d'un cow-boy arborant un sourire radieux et tenant sa Biere-Hat à la main, avec en slogan : "Le goût de la liberté."