Il était une fois dans Hat Island - Épisode 3

Fortifio, la ville la plus pacifiste de tout Hat Island. Il était extrêmement rare d’y apercevoir des querelles se terminant soient aux poings, soient à coup de balles de revolvers ou de tout autres types d’armes à feu. C’était depuis que John Northwood imposait sa loi dans cette agglomération. Les bandits le craignaient et baissèrent toutes leurs têtes en le voyant. Néanmoins, son imposante autorité n’avait pas réussi à mettre un terme aux agissements de Gabril et de Nnara. Il avait fallu que Jaina Rosenberg fasse ce nettoyage.

Ce fut donc en fin de matinée, que le convoi d’anciens esclaves de Corporation Enterprise entrèrent enfin en ville. Katie Carson était à sa tête et Jaina assurait l’arrière de la meute. Sa grande sœur Annie était couchée dans un chariot tirée par deux chevaux. Un ancien employé de l’usine travaillant autrefois en tant que médecin, surveillait l’état de santé laborieuse de la grande sœur de Jaina. Il avait réussi à baisser sa fièvre et à désinfecter des blessures. À l’heure d’aujourd'hui, l’aînée ne risquait plus de passer l’arme à gauche.

Des soucis en moins pour la Louve Blanche qui redoutait de perdre la dernière de ses sœurs. La mort de Pearl avait été très traumatisante et en aucun cas la pirate désirait revivre cette expérience.

Soudainement, le bout de chou du nom de Ruby se réveilla de son sommeil. Elle gémit et étendit ses bras pour s’étirer. La gamine de sept ans était assise devant Jaina. La cow-girl caressa tendrement la tignasse de l’orpheline. Ce fut à cet instant qu’elle remarqua la petite corne sur son front. Cette gamine devait provenir d’un mariage entre une humaine et un cornu. Car sa défunte mère ne possédait aucunement un physique similaire à Valkia Bloodfallen.

La mère de Wanda lui demanda si elle avait bien dormi et se rendit compte de son erreur. Elle avait oublié que Ruby était sourde. Jaina se débrouilla pour se faire comprendre. Un pouce en l’air fut très efficace pour sa question précédente. Ruby fit un mouvement vague avec sa paluche. L’enfant répondit "bof". Sa réaction était légitime, surtout en perdant sa mère quelques jours plus tôt. Katie Carson lui avait confié que le père de Ruby avait été lui aussi victime des atrocités de Nnara...

Faisant pâle figure en pensant au sort de cette orpheline, Ruby attrapa une des pattes de la Louve. Sa petite force, pression, fit comprendre à Jaina qu’elle n’avait pas à s’inquiéter. Chose difficile à faire pour une mère. Alors, Jaina lui proposa une alternative. La Dame Blanche lui demanda si elle désirait vivre à ses côtés. Le message fut ardu à transmettre, obligeant Jaina à faire d’innombrables signes à l’enfant pour composer son souhait.

La petite haussa ses épaules, ne sachant pas trop quoi répondre. Puis Ruby se mit à pleurer, déchirée par la perte de sa mère cornue... Elle se fit câliner par la louve.

« Je compte emmener tout le monde à l’hôpital de la ville. » avertit Katie Carson à la capitaine pirate. « La plupart auront besoin de soins, surtout votre sœur. »

« Entendu, néanmoins je préfère que ma famille puisse voir Annie avant qu’elle soit conduite à l’hôpital. Pour au moins rassurer ma mère, son mari et son fils... » Jaina se stoppa, imaginant déjà une retrouvaille non réjouissante. « Le foyer est sur la route de l’hôpital, il n’y aura pas besoin de faire un détour. »

Katie Carson accepta, sous réserve de ne pas trop s’arrêter à cause de l’état de certains prisonniers. Jaina comprenait tout à fait et ne rechigna pas. Il fallut moins de dix minutes pour que le convoi franchisse la propriété des Rosenberg. Pas besoin de frapper à la porte, l’attroupement et le boucan signalèrent à la famille de Jaina que quelque chose ne tournait pas en rond dans la rue. Immédiatement la porte décorée d’une grande incrustation de plusieurs roses, s’ouvrit pour laisser en sortir Daisy Rosenberg, la mère de Jaina. Elle fut très vite dépassée par un garçon de huit années, Terence le petit frère des sœurs Rosenberg. Il s’empressa de se rapprocher du groupe et manqua de se faire renverser par un cheval. L’animal se leva de ses deux sabots arrières, hennissant de surprise voire de peur à cause du maigrichon rebelle. Jaina arriva à temps pour attraper son jeune frère et ainsi lui éviter le drame.

« S’il te plaît évite de m’effrayer comme ça Terence. » supplia l’albinos qui essuya les larmes du gamin. Ce dernier avait été terrorisé par le comportement du canasson. « Ne pleure pas, c’est fini petit frère. » Elle lui tapota le dos, le berçant au passage et se demanda si son manteau en cuir allait un jour sécher pour avoir été recouvert involontairement des larmes de Ruby puis de Terence.

« Jai…Jaina ? C’est…c’est vraiment toi ? » La veuve Rosenberg s’empressa d’emprisonner sa fille et à la fois son fils dans ses bras. La chaleur de sa mère, son odeur, sa présence, tiraillèrent le cœur brisé de la cow-girl. « Comme tu m’as terriblement manqué, ma chipie ! Hutch est revenu il y a quelques jours avec Wanda. Dieu qu’elle te ressemble de plus en plus. Je suis certaine qu’elle… »

« Maman… » stoppa soudainement Jaina qui aurait ne pas voulu à devoir le faire. « J’ai retrouvé Annie. Elle est dans le chariot là-bas et sera emmenée à l’hôpital. Si tu veux l’accompagner c’est maintenant. »

Daisy écarquilla ses mirettes d’un vert pomme. Elle lui demanda de répéter, pour confirmer qu’Annie avait été retrouvé, qu’elle n’était pas morte. Jaina lui déclara à nouveau les faits, ce qui causa l’effondrement de sa mère. Daisy plaqua sa main contre ses lèvres pour taire ses gémissements de bonheur, de joie, de soulagement. Elle s’empressa de rejoindre la carriole, de câliner sa toute première fille. Aujoud’hui, la mère ne vivra pas un troisième deuil. Les morts de son mari et de sa troisième fille avaient été très pénible à surmonter…

Ne constatant pas la présence du mari ni du fils d’Annie, Jaina indiqua à Katie Carson de reprendre la route jusqu’à l’hôpital, la Louve Blanche comprit rapidement que sa mère resterait dans le chariot pour être aux côtés d’Annie qui avait disparu pendant plusieurs mois. Ce fut donc à Jaina d’informer aux autres membres de sa famille du retour de sa grande sœur. La Louve Blanche donna Ruby à Katie, lui fit un signe d’au-revoir par un mouvement de sa main et entra pour la deuxième fois de sa vie, dans la nouvelle demeure des Rosenberg au côté de son jeune frère…

Trois semaines passèrent à Fortifio. Les anciens esclaves furent pour la plupart hors de danger grâce à l’hôpital de la ville. Annie Rosenberg sortait enfin de sa convalescence, rejoignant sa famille à elle avant de revenir au domicile de sa mère, là où créchait en ce moment Jaina. La Louve Blanche s’était faite discrète, profitant de ce moment de répits pour se reposer et surtout de s’excuser auprès de Daisy. Son retour n’avait pas été très joyeux pour certains. Le mari de Pearl, sa défunte sœur, refusait de revoir Jaina, prétendant que c’était de sa faute si sa femme était morte, laissant derrière elle un époux et des enfants en deuil. La pirate ne souhaitait pas brusquer les choses avec la famille de sa petite sœur. Si ces derniers ne désiraient plus la voir, qu’il en soit ainsi… Pour finir, sa grand-mère Flora n’était finalement pas retourné à Hat Island. À l’origine, cette vieille louve devait accompagnée Lucian… Une promesse dont elle n’avait pas tenue…

Du côté de son propre enfant, Wanda se trouvait bien dans le domicile de Daisy, comme promis, grâce à Hutch. Dès le retour de Jaina, l’adolescente s’était empressée d’enlacer sa chère maman. Puis, pendant des jours elle parlait de sa rencontre avec son père, Lucian. L’ex-petit-ami de Jaina venait de s’installer à Fortifio, désireux de se rattraper en tant que parent. Visiblement, tout se passait bien entre-eux, néanmoins Jaina refusa la proposition demandée à son louveteau. Que Jaina et Lucian se remettent ensemble, ressoudant leur famille pour le bien de leur fille. Hélas, la cow-girl en voulait toujours au père de Wanda de l’avoir quitté pendant sa grossesse. Même si ce dernier possédait une excuse plutôt valable, l’albinos avait tourné la page avec Lucian. Elle ne l’aimait plus. Si la meneuse de la Rose Noire se remettrait en couple, ce ne serait pas avec Lucian, ni aucun autre homme… De plus, pouvait-elle encore aimer quelqu’un ?

Heureusement, son enfant était assez intelligente pour comprendre le refus. Surtout en apprenant la souffrance qu’avait enduré sa mère et dont son incapacité à s’occuper de Wanda dès sa naissance. Le choc émotionnel…l’avait totalement détruite…la rendant inapte à élever son propre enfant.

Pendant ces jours de congés, loin des tueries, des règlements de compte et de libération d’esclaves, Jaina se sentait soudainement plus légère qu’à l’accoutumé. Parfois, elle oubliait de porter son ceinturon, ses armes, ses munitions. L’albinos avait la tête ailleurs, sur son temps à être au côté de sa mère, de sa fille, de son petit frère puis de Ruby la gamine cornue esclave qui avait finalement voulu rester chez les Rosenberg. Plus les jours défilèrent, plus l’enfant était considéré comme le deuxième enfant de Jaina.

Annie et Jaina s’étaient enfin pardonnées. Ressoudant pour de bon leur lien fraternel. Cependant, le côté pirate de la cadette, n’était toujours pas accepté aux yeux de l’aînée. Un jour où l’autre, le Gouvernement Mondial pourrait s’en prendre aux autres Rosenberg. Les deux sœurs avaient longuement discutés sur ce problème épineux. Jaina lui avait partagé ses propres tords à devenir une bouchère chez les Ravengeuses, lui avouant même avoir perdu une femme formidable à cause de son passé de pirate. En tout cas, Annie conseilla à Jaina de trouver une alternative, car si Pearl avait été abattu suite aux représailles d’un officier de la Marine par la faute de leur père qui était un criminel dangereux, cette histoire pourrait se répéter une énième fois. La seule solution aux yeux dorés de l’aînée, devait être un changement de camps. Alors, quand Jaina protesta en ne voulant pas par exemple travailler dans la Marine, l’ancienne juge de Fortifio lui conseilla un autre poste. Celui d’être Corsaire…

Si Jaina continuait à grimper en prime, qu’elle adopterait le même procédé que sur Hat Island en protégeant les citoyens et éliminant les raclures de bandits, peut-être que le Gouvernement Mondial s’intéressait différemment à la Louve Blanche. Du moins, il s’agissait d’une simple théorie de sa grande sœur.

« Annie, ta proposition est alléchante, mais je me dois de te prévenir que je compte également dégager la marine de notre île. » prévint la cow-girl d’une voix motivée, prévenant Annie que sa frangine ne reviendra pas sur ses paroles.

Pendant que Jaina essuya une tâche de sauce tomate sur les lèvres de Ruby, qui avait terminé ses pattes à la bolognaire, Annie Rosenberg tapota ses doigts sur la table en réfléchissant aux dires de la cadette.

« C’est vrai qu’ils ont été inefficace du début à aujourd’hui. Je te propose une idée, très chère sœur. Tente de les faire partir sans commettre de bain de sang. Si toi et la Rose Noire êtes les responsables du massacre de leur QG à Bull Town, ils enverront des représailles avec des personnes bien plus fortes, plus expérimentés que toi. Notre père était l’un des plus grands criminels d’Hat Island, je t’en prie Jaina, ne suit pas ses traces. Devient plutôt…une personne aimée de cette île. Bien plus que John Northwood. »

À la mention du meneur des Juges, qui était John Northwood, Daisy Rosenberg fit tomber par mégarde un verre dont elle était en train de nettoyer. Le récipient transparent se brisa en plusieurs éclats sur le plancher. Les enfants de Daisy demandèrent si tout allait bien…

« En parlant du juge Northwood… » La daronne inspira profondément, exprimant une mine triste embarrassée et inquiète, surtout en posant son regard vert sur Jaina. « J’ai reçu aujourd’hui une lettre de sa part. Il m’a dit qu’il souhaitait que Jaina se rend immédiatement à son bureau. Il…il ne mentionne pas les raisons… »

« Il veut sans doute…que je me livre à la justice. » conclut vivement Jaina.

« Tu devrais t’y rendre petite sœur. En ayant côtoyé John depuis longtemps, je sais qu’il n’aime pas qu’on lui pose un lapin. » Annie ne quitta pas du regard sa frangine qui se leva du banc en bois collé à la table du salon et s’apprêta à déjà quitter les lieux. Elle fut surprise de constater que Jaina comptait s’y rendre sans arme.

« Je peux te… »

« Ne t’inquiètes pas. » coupa l’aînée des enfants de Daisy. « Je veillerais sur mes deux nièces, Wanda et Ruby. » dit-elle en insistant bien, sur la dernière venue de la famille. L’ancienne juge se surprit à sourire, amusée de voir que la Louve Blanche ne pouvait pas partir sans être cajolée par ses louveteaux…

L’un des endroits où les criminels, pirates et autres personnes n’aimant pas la loi, ne désiraient aucunement se rendre fut le bureau du célèbre juge John Northwood. Avec lui dans la bâtisse, à surveiller les geôles, l’évasion était impossible. Soit la corde attendait de pendre les vilains, soit un rappel à la loi était donné pour une dernière chance. Mais bon, vu que Fortifio était une ville pacifiste, la prison était toujours vide. Pourquoi attaquer cette agglomération quand le grand John Northwood y résidait ?

Bien que Jaina Rosenberg ait obtenu d’innombrables expériences au cours de ses aventures, elle craignait tout de même cet homme de loi, bien plus que certaines têtes célèbres dans la marine ou chez les pirates. Il fallait avouer qu’Hat Island tournait autour des histoires du célèbre défenseur de la loi. Personne n’avait réussi à l’égaler. Voilà une des raisons de pourquoi la Dame Blanche se rendait dans les quartiers du Juge sans arme.

Désireuse de prendre son temps, pour éventuellement savourer ces derniers instants de liberté, elle passa devant le fameux hôpital où avait emmené les anciens esclaves à son arrivée. Un groupe de Minks qui parlèrent entre eux, repéra la Louve Blanche et s’empressèrent de la rejoindre, de l’encercler pour la stopper sur sa route.

« Je vous préviens…je ne suis pas d’humeur. » grogna la capitaine de la Rose Noire. Instinctivement, elle s’assura de déverrouiller la sécurité de Lilith. Hélas, la cow-girl était désarmée et se maudit de sa malchance.

« Vous nous avez sauvé des griffes de Nnara et de Wyatt Buck. Comment vous remerciez ? » fit une louve qui agita sa truffe pour s’imprégner de l’odeur de l’albinos. Ses yeux s’illuminèrent d’excitation et Jaina comprit très vite ses intentions. La fameuse salutation de ses sacs à puces. Elle souhaita riposter, dire non, or Jaina fut prise de court. « Garchu !!! » s’écrièrent le groupe de Mink qui sautèrent tous sur la pirate afin de la saluer convenablement…

Lorsque l’assaut se termina, Jaina s’éloigna de quelques pas, pestant de sentir désormais le cabot. Puis, le groupe plia tous un genou pendant que le chef de la bande déclara un souhait à l’encontre de leur sauveuse. Ils souhaitèrent rejoindre la Rose Noire, partir au côté de Jaina pour la remercier de les avoir secouru. Les Minks étaient très insistants et la Dame Blanche n’avait pas la tête à un recrutement, surtout au vu de son futur sort d’être à l’avenir une prisonnière.

« Je vais y réfléchir et surtout en parler à Sherry qui fait partie de votre peuple. Je vous conseille de rester à Fortifio, de savourer votre liberté et de réfléchir à un meilleur avenir au lieu de vouloir rejoindre le camps d’une pirate primée. »

Jaina inclina son chapeau et empressa le pas pour s’éloigner le plus rapidement possible de ses sauvages qui avaient une fâcheuse manie à saluer les gens. Pas que ça ne déplaise pas l’albinos, mais elle aurait préféré des femmes…humaines ou cornues au vu de son passif avec Valkia Bloodfallen.

Arrivant enfin à destination, Jaina soupira de soulagement, surtout en réalisant que les Minks ne l’avaient pas suivi. Le bureau de Northwood frisait presque le ridicule comparé à d’autres bâtiments, ressemblant presque à une grande cabane de jardin. Jaina se demanda si c’était la réelle adresse provenant de la lettre. Haussant ses épaules, la desperada monta les escaliers et signala sa présence à cause des éperons accrochés à ses santiags. Rosenberg frappa à la porte et entendit l’autorisation pour entrer dans le bâtiment.

L’intérieur respirait la pauvreté, comme le bureau du juge corrompu d’Exact Town qu’elle avait éliminé il y a un an de cela. John Northwood se balançait sur sa chaise en utilisant deux pieds au lieu des quatre. Il était pieds nus, dans des habits déplorables. Jaina se demanda si c’était réellement l’homme qu’elle recherchait.

« Jaina Rosenberg, je te rencontre enfin. » Il se gratta le ventre de la main avec insistance et la dévisagea de ses yeux d’un bleu éblouissant. Jamais ô grand jamais la Louve Blanche avait été témoin d’iris aussi beaux. « Désolé de ma tenue hein, j’ai parfois du mal à me détacher des coutumes des Drognars. Tu peux t’asseoir sur une chaise, j’ai beaucoup de choses à te dire. »

« Sauf…qu’il n’y a pas de chaise où je peux m’assoir… » dit-elle en ne voyant qu’une place prévue à cet effet déjà occupée par le cul du meneur des juges.

« Ah oui c’est vrai, autant pour moi ta sœur avait détruite ma deuxième chaise en apprenant que tu étais primée à cinquante-six millions de berrys. Je t’épargne les innombrables insultes que tu as reçues de sa part. Heureusement qu’elle n’a pas vu ta nouvelle prime. » Il gloussa et croisa ses mains derrière sa nuque.

« Bon…évitons de tourner autour du pot John. Vous voulez me coffrer ? Allez-y… » dit-elle agacée en offrant ses mains jointes, prête à être menottée. « Je ne demande qu’une chose, qu’on ne s’en prenne pas à ma famille. »

« Je ne t’ai pas fait convoquer à mon bureau pour t’emmener à la justice d’Hat Island, Jaina. » répondit le juge qui reprit un peu de son sérieux. Pour autant, il resta vautré sur sa chaise et à se balancer comme un gamin le ferait. « J’ai reçu une missive de Mathilda sur tes exploits de l’avoir sauvé ainsi que la ville "On vous jure c'est pas du tout un piège City". Puis des rumeurs à ton sujet d’avoir libéré une centaine d’esclaves dont Katie Carson et mon ancienne subordonnée Annie Rosenberg. Tu es loin de ressembler à la pirate sanguinaire dont parle les journaux. Je souhaite donc te demander un lourd service… »

Il fallut une bonne grosse heure pour expliquer la situation d’où se trouvait actuellement John Northwood et d’une trentaine de minutes pour distribuer ses remerciements sur les bonnes actions de la Louve Blanche. Si John avait été incapable de sauver la grande sœur de Jaina, c’était la faute d’un problème beaucoup plus important. Une guerre pointait le bout de son nez entre les Chapeautés et les Drognars d’Hat Island. Après une paix de deux cent trente années, la hache de guerre fut mystérieusement déterrée. John Northwood n’en connaissait aucunement la raison et ne pouvait sortir de la ville en raison du manque d’effectif et de l’absence d’Annie qui avait été enfermée à Corporation Enterprise…

Pour John, les récents évènement s’enchaînèrent bien trop rapidement. Tout d’abord, Nnara qui kidnappait Annie la juge de Fortifio, contraignant John Northwood à occuper le poste de la frangine de Jaina. Puis l’attaque surprise des Manslouches à "On vous jure c'est pas du tout un piège City". Pour apprendre en même temps que les Drognars se préparèrent à une seconde guerre contre les Chapeautés.

De ce fait, John proposa une mission à Jaina. Se rendre au campement principal des Drognars afin de comprendre pourquoi MacNessca souhaitait s’en prendre subitement aux autres habitants de l’île. Un sourire en coin se dessina sur le visage de l’albinos. Jaina avait déjà prévu le coup, sans se douter qu’une guerre imminente se préparait. Avant d’accoster sur Hat Island, la capitaine avait confié à sa quartier-maître de trouver le village Drognar, de les espionner et de préparer un long rapport à son retour à Fortifio. Si Sherry n’était pas encore revenu, cela voudrait dire que sa mission ne semblait pas terminée. Elle réfuta à l’idée que la renarde soit prisonnière ou tuée.

« Les Drognars m’ont surnommé Louve Blanche en raison de nos querelles passées. » dévoila Jaina à John. « Je doute fortement qu’ils m’écouteront si je devais résoudre ce problème par la parole. De plus, je refuse de commettre un nouveau bain de sang… » dit-elle en se souvenant d’un homme qui avait perdu toute sa famille à cause d’une Jaina qui avait été faite prisonnière par les Drognars. Pour se venger, elle avait éliminé l’intégralité du camps avec une gatling. « Vous perdez votre temps à… »

« Si tu résous ce problème Jaina, je m’assure de te donner une bonne réputation auprès des Chapeautés. » coupa net l’homme de loi qui était énormément respecté par les habitants de l’île. « Tu éviteras également d’être derrière les barreaux pour les nombreux meurtres que tu as commis. » ajouta John en sortant un papier enroulé, qui, une fois détaché, se déroula jusqu’aux pieds de la pirate primée. La liste…était très longue.

« Bien…nous avons un accord John ! »

Jaina accepta la mission de John en pâlissant d’avoir été…plus impitoyable que la Faucheuse sur Hat Island.

Les Rosenberg furent tous soulagés d’apprendre que Jaina n’était pas derrière les barreaux. Elle gardait encore sa liberté, à condition de remplir sa nouvelle mission. Une tâche assez compliquée destinée à une pirate n’ayant jamais réalisée de diplomatie, voire très peu. Elle aura tout le loisir de créer son discours pour enterrer la hache de guerre des Drognars. Sa sœur Annie désirait l’accompagner. Une aide précieuse non saisie par Jaina. Sa frangine ressortait d’un cauchemar puis d’une convalescence. Son corps et son esprit devaient être encore très fragiles. Jaina refusa également que ses filles l’accompagnent, préférant les savoir en sécurité à Fortifio auprès de sa famille.

Elle ne fit pas de vieux os à Fortifio. Préparant ses munitions, ses armes, des vivres pour quelques jours de traversée dans le désert et surtout une carte pour éviter de ce paumer. Jaina l’avait déjà fait au passé, à errer dans les plaines abandonnées d’Hat Island en cherchant un quelconque patelin pour s’y reposer et boire une Bière-Hat. C’était durant cet évènement que Rosenberg s’était battu contre une horde de Drognars, tuant ses agresseurs et brûlant leur village. Son surnom Louve Blanche naquit suite à ce début de confrontation entre elle et ces indigènes…

Enfin débarrassée de la rouquine adjointe du nom de Becky, l’albinos ne se sentait plus épiée par ses moindres actes. Elle reconnaissait cependant que sa présence fut plaisante à regarder, à savourer. Une jolie louve qui pouvait être mordue par Rosenberg. Soupirant en vidant son esprit de toutes idées luxuriantes, Jaina enfila ses lunettes de soleil qui corrigea sa mauvaise vue. Claquant sa langue contre son palais, le canasson qu’elle avait récupéré depuis son retour dans son pays trotta et entama le périple en direction du territoire des Drognars…

Les jours défilèrent à grande vitesse pour la cow-girl et le voyage fut bien plus agréable que de naviguer en mer. Sa traversée dans le désert lui redonna le sourire malgré son visage en sueur et son gosier qui réclamait systématiquement de l’eau. Heureusement que son chapeau lui permettait de se protéger de ces vilains rayons de soleil. De plus, être albinos rendait son aventure beaucoup plus difficile. La chaleur n’avait jamais été son tendre ami, sa peau résistait moins longtemps contrairement à des personnes lambdas. La faute à son albinisme. De ce fait, la meneuse de la Rose Noire recouvrait l’intégralité de son corps de vêtement. Autant dire que ça ne l’avantageait aucunement…

Son cheval, d’une couleur blanche rivalisant avec la couleur des cheveux de Jaina, fit comprendre à sa maîtresse que l’heure de manger était arrivé. Manque de bol, il ne restait plus grand-chose pour nourrir ce canasson au grand appétit. Néanmoins, sa chance lui sourit en repérant une petite fumée à l’horizon. Peut-être que son étalon avait senti l’odeur appétissante des haricots qui chatouillaient les nasaux de la louve. L’estomac de Jaina gronda de tout son être…

« Allons voir. »

Plus loin, trois cow-boys affamés se réjouirent de finalement pouvoir dévorer leurs haricots. Ils étaient enfin cuits et le café venait d’être servi. Ces trois hommes au look des chapeautés d’Hat Island, n’appartenaient pas à la liste de bandits ou de juges. Ils travaillaient en tant que chasseur de primes. Leur objectif ? Rejoindre Fortifio et arrêter à eux trois la dangereuse criminelle ou plutôt pirate porteuse de l’identité de Jaina Rosenberg. Ils avaient hâte de lui mettre la main dessus et…

« Haut les mains. » gronda la Louve Blanche en mettant en joue les lascars avec Lilith, la Faiseuse de Veuves.

Les trois hommes qui avaient si hâte de mettre la main sur Jaina, se retrouvèrent dans une situation totalement inversée. La recherchée trouva les chasseurs. Un doux sourire étira les joues de l’albinos, surtout en découvrant son affiche de recherche dans les mains d’une de ses cibles. Elle comprit très vite la nature de ces gens.

« Si vous permettez, j’aimerais que vous retiriez vos ceinturons, sans commettre d’action héroïque. Mon cheval crève la dalle et je doute qu’il soit patient pour une future querelle entre vous et moi. »

« On est trois…tu es toute seule. » répondit le plus idiot de la bande.

« C’est vrai. » dit-elle en se tournant pour vérifier s’il avait raison et également pour se moquer de ce simplet d’esprit. « Beaucoup m’ont déjà dit cette phrase et tous ont nourri les vautours et les corbeaux. Je vais être claire sur mes intentions, chasseurs de primes. Retirez vos ceinturons, poser cette casserole remplit de haricots et éloignez-vous du feu de camps. Avons-nous un accord ? »

Grâce au ciel, ces cow-boys ne furent pas si stupide que cela. Ils obéirent sans broncher, sans grogner et sans titiller la corde sensible ou plutôt la détente à moitié pressée de Lilith. Jaina se rapprocha du feu, rassembla les ceinturons près d’elle et attrapa la poêle qu’elle tendit immédiatement à son cheval. Le canasson s’empressa de manger et lorsqu’il termina sa part, Jaina ne préféra pas gaspiller les haricots restants qu’elle avala aussitôt.

« C’est très bon. » complimenta la pirate primée au cuisinier de la bande. Ce dernier fit un sourire amer.

Suite à ce compliment qui ne fut pas mensonger, le groupe se retournèrent face à un hurlement de colère. Un taureau sur deux sabots chargea à toute vitesse la bande. Jaina eut à peine le temps de se pousser pour éviter d’être embroché par les imposantes cornes de l’animal. Hélas, ce ne fut pas le cas des trois autres chasseurs de prime. La bête transperça un à un les hommes qui ne pouvaient pas se défendre, par faute d’être désarmé à cause de Jaina…

Puis, lorsqu’il ne restait que la cow-girl, l’animal souffla depuis ses nasaux percés d’un grand anneau d’or. Un Mink de l’apparence d’un taureau possédait l’accoutrement des Drognars.

« Louve Blanche, je suis Tahkeome de la tribu des Drognars. Que le Grand Esprit est généreux de m’offrir l’une des pires ennemis de mon peuple. Je vais ramener ta tête auprès des miens ce qui me permettra d’obtenir le titre de grand-chef. Prépare-toi à rejoindre les plaines sans fin racaille de Chapeauté qui ose piétiner notre territoire. »

Effectuant un bruit d’agacement provenant d’un claquement de sa langue contre son palais, Jaina Rosenberg aurait préféré ne pas rencontrer un gêneur sur sa route. Les regrettés chasseurs de prime ne lui faisaient pas peur, en revanche un Mink fou allié changeait la donne. Visiblement, sa réputation auprès des Drognars n’allait pas arranger sa mission de diplomatie. Elle rencontrait un de leurs et la première réaction était de la tuer.

Elle sentit qu’en utilisant Lilith, l’affrontement serait vite balayé. Hors, il n’y avait pas d’honneur à gagner avec son révolver en abattant une bête folle. Surtout que ce ne serait pas proportionné aux yeux de la louve. Utiliser ses armes à feu reviendrait à tricher et à bafouer ce duel. C’était sa manière de penser, elle qui avait instauré un système d’honneur, de gloire et de sagesse au sein de la Rose Noire.

Cette montagne de muscles aurait pu être très utile dans son organisation, pourquoi fallait-il que cet indigène soit dans le mauvais camps… Elle souhaita lui parler, détendre la tension, hélas ce fut un échec incroyable. Le Mink était focalisé pour tuer la Louve Blanche, un peu comme un taureau fonçant sans se poser de question sur un drap rouge lors d’une corrida. En fait, cette scène ressemblait énormément à cette course de taureaux de ce combat entre l’animal et l’humain. Néanmoins, la Dame Blanche refusa de donner des coups d’épée pour épater le public.

Lorsque son ennemi fonça, la tête en avant, les cornes dangereusement positionnées pour embrocher Jaina, la cow-girl recouvrit sa jambe de son Fire-Heart. Cette technique qui venait d’être active pour quelques secondes, épuisa progressivement l’énergie de Jaina. Les os de ses jambes n’aimèrent pas cette sensation. Ses muscles tiraillèrent l’albinos, comme après avoir réalisé une longue série de renforcement musculaire. Cependant, plus elle recourrait à sa passion brûlante, plus l’utilisation devint moins dangereuse. Tout cela grâce à ses expériences acquises pendant son bannissement du ranch familial en 1617. Treize années à peaufiner ses techniques, que ce soit ses coups de pieds enflammées ou bien ses adresses aux tirs. Une légère rage bouillonna l’intégralité de son corps, pinçant de frustration son palpitant en train de se reconstruire. Depuis son départ du ranch, Jaina n’était toujours pas la Reine des tireurs, encore moins une personne suffisament influente dans le monde la piraterie…

« Demonic Chin Queen !! » gueula la meneuse de la Rose Noire en venant de stopper la charge du Mink grâce à son coup de santiag sous le menton de son adversaire. Il effectua un petit décollage dans les airs, à cause de l’impressionnante force de l’albinos. D’ailleurs, la Dame Blanche ne s’arrêta pas en si beau chemin. « Demonic Spinning Queen !! » hurla-t-elle en effectuant un mouvement de rotation de son corps afin d’écraser violemment son pied dans l’estomac de son adversaire. Le Mink se fit propulser plusieurs mètres dans le sable chaud du désert.

Le Mink cracha pour retirer les grains de sable collés à sa langue et entre ses dents. Il récolta de vilaines brûlures sous son menton ainsi que sur ses abdominaux bien tracés et poilus. Il était dans l’incapacité de se lever, pris au dépourvu par les coups de pieds infernaux de Jaina. Impuissant, le taureau ne put que visualiser Rosenberg en train de remonter la manche de sa chemise blanche, dévoilant un avant-bras gauche recouvert de tatouages. Une branche de rosier détenait deux fleurs entourant son membre et à côté l’emblème du Jolly Roger, un loup mordant la rose. La desperada attrapa son poignet gauche avec son autre main, effectua un geste de chargement d’arme sur sa patte qui se recouvrit d’une teinte noire. Son Haki de l’Armement était en place.

« Sans rancune ! » exclama Jaina qui sprinta à son tour sur l’animal, sauta et abattit son poing de Haki dans la face du Mink. Le Drognar perdit immédiatement connaissance…

Plus tard, l’indigène se réveilla. Il n’était pas mort, il venait d’être épargné. Ses mains furent liées par un cordage bien résistant et ce dernier devait réfléchir à deux fois pour tenter de détruire ses liens par sa force, car sa ravisseuse le guettait en face. En effet, dans cette nuit qui venait de tomber, l’éclat du feu éclaira la bouille de l’albinos. Ses yeux étaient fixés sur le Mink, dégageant un redoutable regard meurtrier avant que la fumée de la cigarette cache les billes sanguines de la Louve Blanche. Le prisonnier ne perdit pas de temps pour la supplier de le tuer. Cela fit hausser les fins sourcils neigeux et bien épilés de la femme. Pourquoi donc l’animal souhaitait mourir au lieu de vouloir réclamer la clémence de Jaina pour épargner sa vie ? Retirant sa clope de ses lippes charnues recouvertes d’un rouge-à-lèvre pétant, elle expira la fumée prisonnière de ses poumons et refusa la demande de sa proie. Ce serait un gâchis de tuer une personne telle que lui, bien qu’il n’était pas très doué pour le combat.

« Si tu refuses de m’ôter la vie, accepte d’entendre mon histoire honteuse, Louve Blanche. Lorsque tu entendras mon récit, tu comprendras pourquoi je désire quitter ce monde. Même le Grand Esprit n’ose plus me regarder en face. Je suis une honte pour mon peuple, un comique pour les visages pâles. Promet-moi de revoir ton choix lorsque tu auras entendu ce que j’ai à te dire. »

« Je t’en prie, Mink Drognar. J’ai du temps à tuer jusqu’au lendemain. J’accepte de remanier mon choix après avoir entendu ton conte, tu as ma parole. »

Donnant à boire à sa monture, poursuivant la dégustation de sa drogue qui détruisait à petit feu ses poumons, l’albinos écouta attentivement l’histoire du conteur. Tahkeome était un ancien chaman guérisseur, l’un des meilleurs d’après ses dires. Il avait soigné d’innombrables Drognars malades et blessés. Il fut aimé de sa tribu, tout comme son meilleur ami qui était leur chef. Hélas, les indigènes rencontrèrent le fameux robot dont beaucoup de Chapeautés parlèrent : MacNessca. Une création d’un scientifique programmé pour aider les plus faibles. Ce dernier s’était rangé auprès des Drognars, jugeant le peuple de Jaina trop dangereux. Cette boîte de converse n’avait pas tort.

Jusque là, Jaina n’apprenait pas grand-chose, sauf bien entendu le lien d’amitié de ce Mink avec le chef de la tribu. En parlant de ce fameux ami, vu comme un devin auprès des indigènes, il fut carbonisé, brûlé par son propre peuple. La raison ? Parce que MacNessca était considéré aux yeux des Drognars en tant qu’un envoyé du Grand Esprit et des autres divinités. De ce meurtre gratuit ou plutôt sacrifice, MacNessca devint le nouveau chef de la tribu. Une réalité refusée par Tahkeome. Il s’opposa à l’ascension du cyborg, protestant que les Drognars n’avaient pas à servir une machine sans âme. Il considéra le meurtre de son meilleur ami comme un affront envers le Grand Esprit…

N'ayant aucun soutien de son peuple suivant une machine fabriquée par un visage pâle, le Mink tenta de défaire MacNessca. Un essai qui échoua, donnant une cuisante défaite au chaman et une victoire pour ce robot lâchant des blagues à chacune de ses paroles… Son attaque contre le nouveau chef des Drognars causa le bannissement définitif de Tahkeome… Un sort déjà connu pour la Louve Blanche au cours de ses dix-huit ans.

Il mit fin à cette histoire dramatique et redemanda à Jaina d’être tué par ses propres mains. Cela serait un honneur de perdre la vie des mains de la célèbre Louve Blanche.

« Non ! Je refuse de vous tuer, Tahkeome. » répondit-elle d’une note sévère. Elle s’apprêta à s’asseoir au coin du feu, à lui transmettre sa raison et découvrit bien vite que le Mink tenta d’avaler sa langue. Furieuse, Jaina frappa le crâne de l’ancien chaman avec la crosse de Lilith. Au vu de sa carrure et de sa race bien plus résistance que celle d’un homme, Tahk recevra simplement un léger hématome accompagné d’une bosse sur la tête. Toutefois, elle avait réussi à stopper l’action suicidaire de sa proie.

« Arrêtez de jouer à la pauvre victime ! Si je suis la gagnante de notre petit duel, j’ai le droit de dire si oui ou non vous pourrez continuer à vivre. Écoutez-moi le peau rouge, je vous propose de rejoindre la Rose Noire, ma famille. Si vous n’avez plus aucun honneur, vous pourrez en retrouver en servant sous mes ordres. » Elle plaqua son index contre les lèvres épaisses du taureau afin de le faire taire, de l’inciter à ne pas l’ouvrir. « La Louve Blanche que vous connaissez n’existe plus, je l’ai tué moi-même sur Grand-Line. Votre peuple souhaite déclarer une deuxième guerre contre les miens. Aidez-moi à instaurer une paix entre nos deux tribus, je suis certaine que si vous participez à la sauvegarde des Drognars, votre Grand Esprit vous pardonnera sur vos actes. »

« Mais MacNessca… »

« S’il participe à sauver et à protéger votre peuple, je ne vois pas pourquoi il ne mérite pas d’être le chef de votre ancienne tribu. Vous ne m’avez pas dit que ce robot avait ordonné aux vôtres de brûler votre meilleur ami. Si MacNessca est réellement programmé pour aider les plus faibles, alors il n’a pas commandité cette barbarie. Il est innocent, votre colère doit être tournée auprès des autres indigènes Tahkeome. »

Jaina retira les liens ligotant cet impressionnant taureau. Elle lui tapota l’épaule et se réinstalla près du feu, là où gisait la selle de son cheval qui allait servir d’oreiller pour la nuit. Sans se soucier de l’indigène, la cow-girl plaqua son chapeau contre son visage et ferma ses paupières maquillés de noir.

« Si vous voulez partir, je vous conseille d’attendre le lever du jour. Si toutefois vous comptez me quitter ou bien rester, faites moi le plaisir d’enterrer les corps de vos victimes. L’odeur de la mort n’a jamais été mon truc, même après avoir côtoyé une blonde psychopathe. Bonne nuit et réfléchissez bien à ce que je vous ai dit. » ordonna-t-elle en lui jetant à ses sabots sa mini-pelle, un accessoire toujours utile sur Hat Island, que ce soit de chercher de l’or, un trésor ou bien creuser un trou pour les morts.

« De rejoindre la Rose Noire ? »

« Oui, mais je ne parlais pas de ça. De plutôt trouver le véritable responsable de la mort de votre ami. »

Soupirant de frustration par son nez percé par un immense anneau, le Mink observa un instant le feu de bois, il revit les siens emmener de force son meilleur ami contre un totem, l’attacher et le brûler en chantant pour le Grand Esprit. La colère contre la machine se tourna contre ces traîtres qu’il considérait à l’exemple de frères et de sœurs. La Louve Blanche hurlait la vérité et le Taureau devait reconnaître ses tords. Peut-être que suivre cette femme ne serait pas une si mauvaise idée, ce dernier possédait toute la nuit pour bien y réfléchir. En attendant, il se détourna du corps endormi de Jaina et ramassa la mini-pelle ainsi que les cadavres des chasseurs de prime. Tahkeome s’apprêta à les enterrer dignement…

Elle se mit à tousser, à presque cracher ses poumons en fumant un calumet proposé par un habitant du village. Sherry Whitemane n’avait jamais fumé un tabac aussi fort. La renarde se demanda ce qu’il y avait à l’intérieur et rien que l’idée d’imaginer les composants lui retourna l’estomac. Peut-être que le moment était venu pour arrêter la clope. Une suggestion qui disparut lors de la dixième seconde écoulée. Aujourd’hui, en ce début de matinée, Sherry la maîtresse d’équipage de la Rose Noire était presque à sa quatrième semaine au sein de la tribu des Drognars. Elle avait réussi avec son formidable bagout à se rendre utile pour ses indigènes, pour par la suite devenir un membre à part entière. C’était plus simple de les berner, prétendant détester les Chapeautés et vouant une immense admiration pour le prétendu robot baptisé MacNessca.

En parlant de ce chef de tribu, la Mink renarde ne l’avait toujours pas aperçu. Cette machine ne quittait plus son tipi orné de dessins représentant un robot guidant son peuple et tuant des individus porteurs de chapeaux. Tous les ordres de cet être mécanique passait par un porte-parole du nom de Viho. Un homme se rapprochant de la cinquantaine d’année, porteur d’une impressionnante barbe au menton tombant jusqu’à ses pectoraux. Le tout, accompagnée d’une moustache guidon parfaitement entretenue. Ce gaillard avait même tenté de charmer la renarde, en vain il essaya toujours avec un peu trop d’insistance.

Quelque chose ne tournait pas rond auprès de ce Drognar. Il était manipulateur, rusé et extrêmement prudent à chaque individu s’approchant un peu trop près du tipi de MacNessca. La dernière personne à avoir tenté de trop s’y avancer, fut un jeune homme d’une vingtaine année. Bizarrement, plus personne ne l’avait revu après sa tentative désastreuse depuis que des gardes l’avaient emmené dans une prétendue prison.

Soudainement, le regard verdoyant de la renarde qui était focalisée sur la tente de MacNessca, s’orienta sur un éclat de lumière dans un champ de blés cultivé par les fermiers indigènes. Curieuse, Sherry Whitemane décida d’arrêter ses occupations et de quitter le groupe de Drognars discutant autour d’un feu de camps.

En s’aventurant dans ces hautes céréales, méfiante comme jamais en décrochant la lame de sa Rope Dart de sa ceinture, elle fut prise au dépourvue lorsque le canon d’une arme se colla à l’arrière de sa longue tignasse rousse. La Mink n’avait pas réussi à sentir Jaina à cause de l’odeur bien trop forte du blé, ni même à entendre les bruits de pas de la louve.

« Vous en avez mis du temps, capitaine Rosenberg. » souffla discrètement la renarde qui osa se tourner pour faire face à l’albinos, celle qui avait réussi à la recruter après l’extermination de l’équipage Homme-Poisson de Drangezul.

« J’ai été retardé… » répondit du même ton de voix la meneuse de la Rose Noire. Elle devait rejoindre Sherry après son escapade à "On vous jure c'est pas du tout un piège city", puis avait été retardé à cause de Corporation Enterprise et de son repos auprès de sa famille. « Dans une heure, sur la basse montagne où se trouve un arbre mort. » Elle ne poursuivit plus son dialogue, rengainant son arme réputée par un prodigieux moulinet. À chaque fois, Sherry se demanda si Jaina le faisait exprès pour tenter d’épater la galerie. Un effet inverse envers la demoiselle à la fourrure d’automne.

L’heure passa extrêmement vite pour la Mink renarde, elle arriva sans peine à rejoindre le lieu de rendez-vous et fit la découverte de sa capitaine en compagnie d’un grand inconnu. Un autre Mink de l’espèce des Taureaux. La maîtresse d’équipage ne se gêna pas pour détailler le potentiel allié, elle s’arrêta sur cette monstrueuse musculature et sourit de toutes ses dents pointues. La patronne venait de dénicher un beau spécimen.

« Tahkeome, je vous présente Sherry Whitemane, ma maîtresse d’équipage de la Rose Noire. » présenta-t-elle en désignant de sa main la resplendissante renarde détenant un accoutrement de Drognar, comme celui de l’ancien chaman. « Sherry, voici Tahkeome un Drognar qui a décidé de rejoindre nos rangs. Il sera notre guérisseur, notre médecin. »

Les deux Minks se rejoignirent et échangèrent une poignée de main. Aucune animosité ne se dégageait des deux êtres poilus. Cela rassura dans un premier temps la pirate. Cette dernière était assez fatiguée des querelles. Elle se doutait que d’autres problèmes pointeraient le bout de leur nez en se chargeant de stopper ce début de guerre entre les indigènes et les chapeautés.

« Le Juge Northwood m’envoie enquêter à propos d’une guerre qui est en train de naître. Les Drognars seraient devenus assez hostiles ces derniers temps, beaucoup plus que d’habitude. Avez-vous fouiné comme je vous l’ai ordonné mademoiselle Whitemane ? »

La renarde descendit et monta son fin museau pour répondre positivement à la question de sa capitaine. Sherry dévoila ses informations à propos de MacNessca qui restait cloîtré dans son tipi tout en confiant ses ordres à son porte-parole Viho. Étrangement, le nom de cet homme était totalement inconnu aux oreilles tombantes de Tahkeome. De plus, le médecin affirma qu’avant son bannissement, le robot ne s’était jamais caché sous une tente. Cela sonnait faux pour le nouveau membre de la Rose Noire.

Jaina quant à elle s’arrêta sur la description de ce Viho. Les Drognars étaient généralement imberbe, sans barbe ni moustache. Sherry se rendit compte de ce petit détail et avoua avoir charmé un indigène en lui promettant d’être sa femme si ce dernier allait voir si le cyborg se trouvait bel et bien dans le tipi. Hélas pour le jeune homme désireux de prendre le cœur de la renarde, cette dernière ne l’avait plus jamais revu. Le Drognar s’était volatilisé et personne dans la tribu ne s’inquiétait de sa disparition.

« Je trouve que tu y vas un peu fort dans tes méthodes, sœur Mink. » déclara Tahk qui effectua une grimace suite à sa déception envers la renarde.

« Je suis loin d’être la pire, bienvenue dans notre famille. Tu aurais dû lire le règlement avant de signer. » se moqua ouvertement Sherry.

« Il faut que nous nous assurions si MacNessca est dans son abri. Si ce n’est pas le cas, nous devrons kidnapper ce fameux Viho. » expliqua la meneuse en coupant net la discussion de ses deux camarades. Elle savait pertinemment que la tension devenait palpable entre les deux Minks, la faute à Sherry qui adorait provoquer les gens. Pourtant Jessica Hellhound n’était plus de la partie.

« Je me chargerai de l’interroger personnellement. » reprit Tahk en craquant ses phalanges. Il était grandement énervé, surtout en apprenant que son peuple obéissait aveuglement à ce Viho.

« Non. Je m’en chargerai moi-même. Je connais des procédés peu orthodoxes qui feront l’affaire. Nous débuterons l’opération à la tomber de la nuit. Je précise  que je ne veux aucun mort, pas la vôtre ni celle d’un Drognar. Avons-nous un accord les Pétales ? »

Sherry et Tahkeome répondirent en chœur : "Oui capitaine !"

Au moment où la demi-Lune était très haute dans le ciel d’un noir parsemé d’étoile, un loup commença à chanter en haut de sa colline. Il hurlait de tout son être, témoignant son amour pour l’astre lumineux. Sa mélodie était douce à écouter, séduisante à charmer, jalousant la Louve Blanche de ne plus pouvoir le faire pour son ancienne Lune.

Au bord du village Drognar, l’albinos repéra l’animal qui était assis sur son perchoir, les oreilles dressées en avant fixant le paysage baigné dans les ténèbres. Il fit presque oublié la mission première de Rosenberg : trouver MacNessca. Il fallut que Sherry tapote l’épaule de sa capitaine afin de la sortir de ses rêveries. Elle lui demanda si tout allait bien et Jaina répondit positivement.

À l’instant où le groupe s’apprêta à entrer dans le territoire, l’apparence bien imposante de Tahkeome réveilla la vigilance des sentinelles. Deux d’entre-eux remarquèrent le taureau et lui ordonnèrent de s’arrêter. Sherry indiqua immédiatement à sa capitaine de partir seule, préférant manipuler les gardiens afin de secourir les fesses de la nouvelle recrue.

Le simple regard de la louve fit comprendre à la renarde d’être très prudente et d’obéir à son ordre : Ne pas tuer d’indigènes.

À pas de loup, Jaina Rosenberg s’aventura dans le village en se cachant dans l’ombre. La nuit était toujours idéale pour s’infiltrer dans les lignes ennemis. Heureusement qu’il ne s’agissait pas de la pleine lune, car cette magnifique boule blanche réduirait les nombreux coins ombragés. Le village offrait quelques bâtiments en pierre d’une architecture étrangère aux indigènes. Ces autres habitants d’Hat Island avaient normalement l’habitude de nicher dans des tentes nommés tipis. Peut-être que l’endroit avait été abandonné avant leur venu.

Les nombreux gardes patrouillant dans le secteur donnèrent du fil à retordre à la desperada. Elle n’était pas habituée à laisser la vie sauf aux gêneurs, préférant à l’époque éliminer ces derniers avec quelques munitions. Un simple meurtre compromettrait sa mission pacifiste et Jaina préférait ne pas penser au redoutable Juge Northwood à ses trousses. Elle aimait le savoir à ses côtés et espérer le recruter dans son équipage serait vraiment trop beau. Lorsque ses pensées se tournèrent sur John, la Dame Blanche se demanda si ce cow-boy avait vécu dans ce village. Car oui, beaucoup de Chapeautés furent au courant que le plus redoutable homme de la loi avait été élevé par les indigènes. Peut-être que les Drognars espéraient se servir de Northwood pour obtenir la paix, ou bien revendiquer qu’ils étaient les premiers à marcher sur les terres désertiques d’Hat Island.

En poursuivant son infiltration, Jaina découvrit assez vite le tipi en question où logeait le robot. En fermant ses paupières, elle appela à sa perception du Haki de l’Observation afin de visualiser si une âme se trouvait à l’intérieur de l’abri. La cow-girl fronça ses sourcils en constatant qu’aucune aura n’y vivait. Peut-être que les robots n’étaient pas perceptibles par le Haki. Une leçon dont Jaina tâcha de se souvenir pour éviter de reproduire la même erreur. Néanmoins, sa perception aiguisée lui informa que la tente était surveillée par quatre âmes situées chacune dans un point cardinal. Le Nord, l’Est, le Sud et l’Ouest. Aucun angle mort permettant à Jaina de se faufiler en douce dans la tente.

Jaina se creusa les méninges en se massant le menton. Elle se pinça la lèvre inférieure après avoir stoppé l’activation de son Fluide. Elle chercha à créer une diversion et ses pupilles d’un rouge élégant s’orientèrent sur le parc retenant une dizaine de chevaux. Un seul guetteur veillait à ce qu’aucun intrus entre dans le pré. L’albinos attrapa un cailloux à ses pieds, le lança de toutes ses forces pour qu’il atterrisse sur le fessier d’un cheval. Le canasson fut surpris et eut le réflex de donner un violent coup de sabots arrière. Pas de chance pour le veilleur derrière la barricade, il reçut gratuitement la beigne de l’étalon, l’envoyant voler plusieurs mètres plus loin. De plus, le cheval détruisit une barrière de l’enclos, permettant à ses frères et ses sœurs de s’évader. Action qu’ils firent immédiatement. Ce boucan éveilla la curiosité et l’inquiétude des Drognars proches dont une grande partie des sentinelles surveillant le tipi de MacNessca, le laissant sous la charge d’un seul gardien.

Sans tarder, Jaina rejoignit la tente, enroula ses bras contre le cou et le crâne de la sentinelle. Sa main droite se plaqua fortement sur les lèvres sèches du Drognar, une mesure de sécurité empêchant la victime de hurler, d’appeler du secours. L’homme manqua d’oxygène suite à l’étranglement et perdit connaissance, cela permit à Jaina de relâcher son emprise et de cacher le corps dans le tipi.

Quelle surprise, de découvrir une silhouette immobile assise sur un trône en bois. Il ne bougeait pas d’un boulon, recouvert de poussière et d’une toile d’araignée de l’épaule à la visière du chapeau de cow-boy. Lorsque Jaina inspecta la chose, elle remarqua bien vite la supercherie. Il s’agissait d’un mannequin à l’effigie de MacNessca. Le vrai n’était pas ici, compliquant ainsi la quête de la cow-girl. Rageant, cédant à sa colère qui fut un supplice difficile à contenir depuis son retour sur l’île, l’albinos frappa de son pied le mannequin. Elle jura un peu trop forte et attisa la curiosité d’un fouineur. L’entrée s’ouvrit pour y faire la rencontre du fameux Viho.

« Toi !! » gronda mécontente la Chapeauté d’Hat Island.

« Une…une… »

Pas le temps pour lui de sonner l’alerte, son col fut saisi par Jaina. Elle lui ferma le clapet avec un violent coup de poing dans la figure. Peut-être qu’elle avait été trop brutalement en découvrant quelques dents sortir de la bouche de sa victime. Malgré cela, Rosenberg captura le faux Drognar et l’emmena avec elle, hors du village. Il s’agissait presque d’une mince affaire grâce à l’affolement des indigènes qui tentèrent toujours de rattraper leurs chevaux. De quoi faire rire intérieurement la meneuse de la Rose Noire à propos de cette fameuse déclaration de guerre. Comment arriveraient-ils à se battre contre les Chapeautés s’ils étaient aussi inutiles pour reprendre leurs montures…

Ils étaient éloignés du village des Drognars, permettant ainsi à la Rose Noire d’interroger le prisonnier. Viho, le porte-parole de MacNessca ne ressemblait en rien à un véritable indigène. Il respirait l’imposture et Jaina découvrit un tatouage sur son torse totalement inconnu. Les Drognars n’avaient pas pour habitude de marquer leur corps de tatouage, à l’exception des peintures de guerre qui s’effaçaient par la transpiration.

L’homme en question, ce Viho, avait été réveillé rapidement du royaume des songes, lorsque Jaina eut la brillante idée de ligoter l’imposteur sur un gros cactus. Les pics de la plante possédèrent une merveilleuse solution pour donner des réactions à un inconscient. Puis, au refus du prisonnier d’informer où se trouvait MacNessca, Jaina ordonna a Sherry d’enfoncer très lentement le bras de sa proie dans les dards du cactus. Plus l’homme refusait de coopérer, plus son corps se transformait en hérisson. Pour être inventive dans la torture, Jaina était passé maîtresse, surtout depuis son séjour dans les geôles de la Banshee commandée par Drangezul.

Au fond de ses pensées, Jaina espérait que le robot ne soit pas détruit. Cela compliquerait énormément sa mission. Toutefois, une tribu sans chef n’était pas une brillante idée, sauf bien entendu pour exterminer les indigènes. Si tel était leur cas, de vouloir anéantir ce peuple, pourquoi mettre autant de temps à le faire ? D’après Sherry, le porte-parole était présent depuis plus de quatre semaines.

Lorsque le rire du prisonnier se fit entendre, le sang de l’albinos ne mit pas longtemps pour brûler. Jaina Roseberg se tourna face à Tahkeome et lui offrit ce qu’il voulait, faire payer le prisonnier tout en l’interrogeant. Il souhaitait recourir à des moyens moins extrêmes, mais Jaina lui ordonna de faire bien plus. Casser un à un les os de la victime, du moins la moitié de son ossature pour éviter de le tuer. Une torture envisageable pour le chaman détenant des connaissances développées de l’anatomie humaine.

Jaina souhaitait obtenir les réponses à ses questions rapidement. Elle prévoyait la suite des événements moins compliqués, ce qui ne fut pas le cas.

L’absence du porte-parole Viho et la future découverte du mannequin de MacNessca provoqueraient encore plus la colère des Drognars. La guerre entre les deux factions verrait rapidement le jour, tant que le robot ne serait pas retrouvé...

Tahkeome s’apprêta à débuter ses actions peu orthodoxe et s’abstint à l’instant où Viho provoqua la Louve Blanche d’être une lâche, une femme n’allant pas au bout des choses et de toutes autres insultes à son égard se trouvant dans le vocabulaire de la proie. Il réussit à énerver encore plus Jaina, mais n’obtint pas ce qu'il désirait : la mort. En mourant, sa mission serait une réussite, la fameuse guerre serait inevitable, car lui seul connaissait l’endroit où était retenu MacNessca. Sauf que Rosenberg n’était pas si idiote que ça, au grand malheur de son ennemi.

« Tahkeome, indique moi où se trouve chacun des os de sa main. » déclara Jaina, prête à poursuivre le mauvais traitement pour quelques réponses du rieur. Car oui, le prisonnier se moquait au nez de la cow-girl, ne prenant pas au sérieux cette femme. Peut-être qu’il voyait les dames sans importance, sans force, inférieur à sa propre bêtise. Ce dernier changea vite de direction lorsque Jaina éclata chaque ossement de la main droite de sa proie sous les directives de son médecin.

Au tout début, le torturé serra les dents, hurla par la suite quand Jaina s’attaqua à l’avant-bras puis pleura pour quémander la pitié de Rosenberg qui débuta dans la partie du bras.

« Où est MacNessca ?! »

« Pitié, si je vous le dis...ils tueront ma famille. Ma femme, mes deux enfants. »

« Je suis capable de faire pire. » grogna la Louve Blanche. « Je peux retrouver trouver ta famille, tuer un de tes enfants devant les yeux de ta femme et de ton dernier gosse. Puis vendre le restant en tant qu’esclave. »

Sherry et Tahkeome se fixèrent un court instant, se demandant si Jaina était sérieuse dans ses propos. La renarde savait que sa capitaine pouvait être imprévisible, surtout pour arriver à ses fins.

« Je...je ne pensais pas que la Louve Blanche pouvait être...aussi cruel. » évoqua Tahkeome.

« Elle a fait plus mauvais et pourrait être une monstruosité si elle le voulait. Rassure toi le taureau, Jaina monte juste la pression avec des mensonges. Elle tente de le faire céder. » chuchota Sherry.

En effet, la maîtresse d’équipage avait totalement raison. Le prisonnier s’avoua vaincu, commençant à réciter tout ce qu’il savait. Les Manslouches étaient les responsables de l’enlèvement. Sa mission consistait à pousser les Drognars à une mort certaine contre les Chapeautés d’Hat Island. Il fallait que l’intégralité des indigènes soient exterminés, permettant à son supérieur Sergueï "the kid" Recat d’explorer une des mines abandonnées collé au village des sauvages. Le meneur des Manslouches pensaient fortement que le trésor qu’il cherchait tant depuis sa venue sur Hat Island qui était nommé "coeur de l'île" était enfouit dans une des montagnes.

Préférant éviter les pertes inutiles de sa confrérie, The Kid avait envisagé dans un premier temps de kidnapper MacNessca et de le reprogrammer pour qu’il ordonne à son peuple d’attaquer Fortifio. Sauf qu’il n’avait pas réussi à paramétrer comme il le voulait le robot. La technologie de ce dernier dépassait tous les compétences de sa confrérie. Sergueï proposa le plan B, envoyé Viho au village en tant que porte-parole et ordonner aux Drognars de déterrer la hache de guerre.

« Minute, pourquoi s’attaquer à Fortifio et pas un autre patelin ? » questionna Sherry à son groupe. « C’est l’agglomération la plus fortifiée et il paraît que John Northwood protège les habitants. »

« Mon peuple n’a jamais craint Fortifio, ils pourront passer aisément les murailles pour s’attaquer aux Chapeautés. » informa Tahk en frappant avec férocité son impressionnant pectoral tout en soufflant fortement par le nez.

« Il ne s’agit pas de la ville. N’est-ce pas Viho ? » reprit Jaina qui assemblait progressivement les pièces du puzzle. Elle vit le prisonnier hocher rapidement et positivement son visage à plusieurs reprises. « Sergueï espère que la guerre entre les Drognars et Chapeautés blesse ou tue John Northwood. Il est le dernier rempart contre la criminalité de cette île. »

Jaina se tourna face à ses deux compagnons, plissant ses rubis et comprenant l’attaque des Manslouches dans "On vous jure c'est pas du tout un piège city".

« À notre arrivée au port, une des lieutenants Recat s’est attaquée à l’ancien territoire de Hector Gabril et de l’ancien Juge Candy. Or, il a dû apprendre que la ville était protégée par la nouvelle Juge Mathilda. Son plan consistait à éliminer Maddox et ses adjoints pour s’emparer de l’agglomération et ainsi agrandir son territoire. Puis pourquoi pas reprendre le marché de Gabril. De plus, Sergueï doit être le responsable du kidnapping de ma grande sœur Annie, qui était la Juge de Fortifio. C’est sa confrérie qui a emmené ma sœur chez Nnara et il pensait peut-être obtenir la PDG comme allié. »

Sa grande sœur lui avait avoué ne pas se souvenir de ses agresseurs. On lui avait informé qu’une bande de criminelles trainait autour de Fortifio. Annie souhaitait y mettre un terme par ses propres moyens et se fit avaler dans la gueule du loup. Loin de la ville, hors de portée de Northwood, Sergueï s’empara d’Annie Rosenberg, rayant de sa liste les personnes qui pouvaient le contrer dans ses projets. Fort heureusement, sa sœur n’avait pas été exécuté par sa confrérie.

Le porte-parole précisa à la Rose Noire où se trouvait MacNessca. D’après lui, il n’était pas mort, seulement désactivé et caché dans une des planques Manslouches, non loin de leur position. Jaina avait toutes les informations dont elle désirait. Elle tapota l’épaule de Tahkeome, l’informant qu’il pouvait faire ce qu’il voulait du prisonnier. Le taureau souffla fortement de réjouissance, faisait bouger l’anneau percé à son museau.

« Lorsque notre médecin aura fini de s’occuper de Viho, nous irons à cette fameuse planque. » dit-elle à sa maîtresse d’équipage. « Il est temps d’avoir notre deuxième round contre les Manslouches. »

« Jaina, nous sommes que trois. C’est suicidaire… Sachant que les Furies avaient pour ordre de surveiller la Banshee. »

« Ne t’inquiètes pas, j’ai déjà pris les devants. Pendant que je me rapprochais du village Drognar pour te retrouver, j’ai emprunté un Den Den Mushi dans la veste d’un chasseur de prime tué par notre nouvel ami qui lui aussi désirait me perforer avec ses cornes. Quand la situation s’est calmée, j’ai contacté ma sœur pour qu’elle nous emmène des Minks désireux de rejoindre notre famille puis j'ai redonné la liberté à l'escargot. Tu te chargeras de les commander. »

Pendant que le dernier hurlement s’échappa de la bouche de Viho, laissant penser aux deux femmes que le taureau venait de le tuer, un nuage de poussière se dessina à l’horizon. De sa longue-vue, Jaina découvrit une meute de Minks chevauchant des chevaux et se rapprochant de sa position. Les renforts arrivèrent à point nommé.

Un hameau fantôme, un lieu abandonné par ses anciens occupants, voilà ce qui était l’une des bases des Manslouches. De loin, les passants ne virent que du feu, un lieu sans âme, sans vie, un endroit dont il n’était pas nécessaire de s’arrêter. La planque idéale pour des membres de cette confrérie criminelle. Néanmoins, la Louve Blanche avait réussi à flairer la trace de ces desperados. Cette albinos, faisant parler d’elle depuis son retour dans son pays, marcha seule dans le désert, réduisant la distance qui la sépara de ce fameux repère. Un virevoltant coupa sa route à l’instant où les lèvres d’un rouge élégant de Jaina se pressèrent contre l’harmonica de son père. Une mélodie naquit, accompagnant les cliquetis de ses éperons couleur d’or.

On ne tarda pas à entendre la douce musique dans la seule ruelle du repère. Bientôt, les plus curieux sortirent des baraquements. La plupart se demandèrent qui était cette chapeauté jouant toute seule dans le désert et sans public. D’autres reconnurent la patte de cette louve connue en mal sur Hat Island et s’empressèrent d’avertir le dirigeant de cet endroit. Très vite, un homme dont le crâne était presque dépourvu de cheveux fit son apparition. Il marmonnait tout seul dans sa barbe mal entretenu, fixant le ciel avec insistance, causant de la gêne autour de lui. Ivan "le poète" Recat était réputé pour être le plus lunatique de sa famille. Il inspirait une peur auprès de ses hommes, comme un homme possédé par un démon voire le diable.

Lorsque ses oreilles entendirent la musique de Jaina Rosenberg, il se tourna face à elle d’une vitesse effrayante. Ouvrant grand ses paupières, ne bougeant plus d’un centimètre, ses sbires ne savaient pas quoi faire de cette louve approchant un peu trop et de leur supérieur qui était immobile comme une statue. Lentement, il ouvrit sa bouche, son visage dessina une expression comme d’un homme reconnaissant quelqu’un. Celle qui avait été décrite par la confrérie, celle qui avait tué sa petite sœur Natasha.

« Pas…pas un geste Rosenberg ! » cria Ivan à s’en faire péter les cordes vocales.

Jaina stoppa sa promenade, laissa tomber son instrument de musique qui se mit à pendre autour du creux de son cou. La visière de son chapeau favoris recouvrait de son ombre la moitié du visage de Jaina.

« Je suis à la recherche de MacNessca. On m’a dit que vous le reteniez en otage, livrez-le moi et j’éviterai de faire couler le sang. » dit-elle en contenant du mieux qu’elle pouvait sa formidable envie d’ouvrir le feu. Si elle avait vu juste, si les Manslouches furent responsables du kidnapping de sa grande sœur, Jaina envisageait d’exterminer l’intégralité de la confrérie. La Louve Blanche pouvait fermer les yeux, mais attaquer sa meute était une déclaration de guerre ou plutôt de mort aux personnes qui venaient de s’en prendre à sa famille. « J’attends !! » hurla de colère l’albinos dont sa voix se perdit peu à peu dans le lointain du désert.

« Tuez-là !! » rouspéta Ivan. Il poussa devant lui deux de ses compagnons, situés à sa droite et à sa gauche. Un geste plutôt intelligent, Jaina ne perdit pas de temps pour dégainer Lilith et vider son chargeur en direction du poète. Ses deux hommes lui servit de bouclier humain et offrit à ce trouillard la possibilité de prendre la poudre d’escampette.

La fusillade contre Jaina, obligea l’albinos à se réfugier derrière un des bâtiments. Rester en plein champs de mir réduirait considérablement son espérance de vie. Fort heureusement, Rosenberg n’était pas seule. Pendant que sa petite mise en scène de tout à l’heure avait attiré le regard des curieux, comme d’une lumière séduisant les insectes, sa meute venait de se faufiler discrètement dans le territoire des Manslouches. Les nouveaux larbins de la Rose Noire nommés "Les Crocs" situées sur les toits des maisons, se jetèrent sur leur proie pour semer la discorde et l’animosité dans les rangs ennemis. Sherry Whitemane les coordonna depuis les hauteurs. Quant à Takheome, il restait en retrait, prêt à intervenir pour soigner ses frères et ses sœurs.

Le règlement de compte fut un grand bordel sans nom. Les coups de feu hurlèrent, l’Electro des Minks crépitèrent, des cadavres tombèrent et une Louve Blanche se faufila dans le champ de bataille pour poursuivre sa proie, Ivan Recat. Au grand malheur de Jaina, la difficulté survint à la manière d’une dynamite explosant sur le chemin de la capitaine pirate. Le poète décampa du repère à bord d’un chariot ou plutôt d’une diligence au vu de son apparence. Jaina coupa le chemin d’un cavalier, attrapa son bras pour le dégager du cheval et explosa sa tête avec une balle de Lilith fraichement chargée depuis tout à l’heure. La dame enfourcha sa monture, piqua à plusieurs reprises le ventre de l’animal avec ses éperons d’or pour l’obliger à galoper, à rattraper ce lâche qui laissait ses hommes derrière lui.

Un tireur se trouvant à côté de Ivan qui était le cocher, monta sur le toit, arma sa carabine et visa la poursuivante. Jaina plissa ses iris en amande d’un rouge rivalisant avec le sang. Elle tira d’une redoutable précision et son ogive entra dans le canon du fusil. L’ennemi pressa trop tard la gâchette et son flingue explosa dans ses mains causant une blessure mortelle à son visage. La victime pas encore morte tomba du chariot et perdit la vie écrasée sous les roues de la diligence.

Le formidable étalon de Jaina réussit à rattraper le chariot, cela donna divers possibilitées à l’albinos. La méthode A était de tuer le cheval en tête de course de la diligence afin de ralentir le véhicule, mais ce n’était absolument pas envisageable. Jaina avait beaucoup trop de respect pour ces équidés. Elle opta pour un plan B, qui était d’endommager le transport. Tout d’abord, la cow-girl fit hurler Lilith sur les deux lascars se trouvant à l’intérieur du chariot. Une ogive perça l’artère carotide externe du cou du premier et l’autre perfora le cœur du deuxième. Puis, elle endommagea l’une des quatre roues de la carriole en se servant de Morrigan, sa carabine à treize coups détenant des balles avec des têtes pointues. Plus grand calibre voulait dire plus grande efficacité. Ce qui fut le cas lorsque la barre en bois cylindrique permettant de tenir et faire tourner la roue fut brisée en deux. La diligence stoppa sa cavale, offrant une pause bien méritée au cheval volé de Jaina.

Ivan sauta de son siège, de sa place de cocher et courut à toute vitesse, emprisonné dans sa nature peureuse. Jaina attrapa son lasso, fit tourner sa corde en haut de son majestueux chapeau ténébreux et balança le cordage qui attrapa les pieds du trouillard. Ne pouvant plus s’échapper, la Louve Blanche fit la grossière erreur d’avancer sur Recat, d’attraper son col et de lui gueuler dessus pour savoir où se trouvait le robot MacNessca. De sa frousse, Ivan repoussa Jaina comme s’il s’agissait d’un démon. Sa force bluffa la cow-girl. Ses côtes prirent chères et l’albinos jura d’avoir entendu un craquement de l’un de ses os. Tombant sur l’un de ses genoux, son regard s’orienta à l’intérieur du chariot. Les rayons du soleil se percutèrent sur une carcasse en ferraille. En s’y rapprochant tout en donnant un monstrueux coup de pied dans la mâchoire du poète, la pirate trouve son trésor qu’elle cherchait temps depuis plusieurs jours, MacNessca qui était désactivé. La louve ne préféra pas le réveiller tout de suite, elle souhaita tout d’abord apaiser ses pulsions.

Jaina serra la corne de sa selle pour grimper sur son cheval. Ses santiags dans les étriers, la corde de son lasso dans ses pattes, la meneuse de la Rose Noire ordonna à sa monture de galoper pour traîner Ivan sur le sable du désert afin de le tuer très lentement. Au bout d’une petite minute, le sang de Recat marqua le passage de la pistolera. Les hurlements de plaintes furent séduisants à entendre. Plus tard…lorsque le silence régna chez Ivan, Jaina fut convaincu que la mort venait de récupérer l’âme de ce salopard. Elle stoppa son canasson, rejoignit le cadavre qui ne ressemblait plus à grand-chose.

« Pour être certaine que tes petits copains comprennent qu’il ne fallait pas s’en prendre à ma sœur… » arriva à marmonner Jaina dont ses lèvres tremblèrent d’irritation, d’une humeur massacrante, voire violente. L’une de ses crocs avait eu le malheur de couper une partie de sa lippe inférieure, causant une légère hémorragie misérable. La pirate sortit le couteau de son père depuis sa botte, se baissa et entreprit le rôle de boucher. Elle recopia la technique de son ancienne amie Valkia Bloodfallen. Planter la tête de son ennemi sur un pieux en bois, morceau de bois qu’elle arracha de la dégradation de la diligence.

Satisfaite pour aujourd’hui, la louve entra dans le chariot, remit correctement le Stetson du cyborg et l’étudia pour savoir où se trouvait le bouton d’activation. Au bout d’une bonne heure…la cow-girl finit par trouver le fameux interrupteur. Par son action…MacNessca put reprendre vie…

Ce fut l’histoire de deux Chapeautés qui virent la silhouette d’un Drognar couchée sur le sol. Les deux hommes décidèrent de se rapprocher et s’aperçurent que le peau rouge était à plat ventre, l’oreille contre le sol. Le duo se fixèrent droit dans les yeux et le premier dit au second que le Drognar était en train d’écouter les vibrations du sol. Que ce dernier pouvait être capable de déterminer si un cavalier ou un attelage arrivait et à quelle distance il s’y trouvait. Ce fut à cet instant, que le Drognar tourna son visage et déclara qu’un chariot ouvert venant du sud poussé par deux chevaux était passé par ici. Le tout dirigé par une famille composée d’un homme, d’une femme et de deux enfants possédant des affaires dans leur transport. Les deux cow-boys furent estomaqués, applaudissant la prouesse de ce sauvage et demandèrent finalement qu’elle procédé il utilisait pour être si précis. Le Drognar se leva, croisa ses bras et continua d’observer les étrangers. Il révéla alors que ce chariot en question lui avait roulé dessus tout à l’heure…

Un rire mécanique s’échappa de MacNessca, il s’agissait de sa huitième blague pendant que Jaina essayait avec peine de lui parler sérieusement d’une paix durable entre les Chapeautés et les Drognars. Elle perdait patience, se demandant s’il ne valait pas mieux désactivé le robot, le remettre à sa tribu et leur dire que les responsables furent tué de sa main. Hélas, elle craignait de s’attiser encore plus la colère des Drognars.

Toutefois, les efforts de l’albinos en révélant ce qu’il s’était passé depuis l’enlèvement du robot, d’une prétendue guerre qui allait sonner l’extermination des Drognars, du complot des Manslouches, que John Northwood ne souhaitait pas faire parler la poudre contre le peuple de MacNessca, le cyborg perdit ses cordes vocales mécaniques et se mit à réfléchir. Il sortit du chariot, suivit de près par la Louve Blanche lorsqu’il perçut le galop de plusieurs chevaux. MacNessca arriva à identifier les cavaliers, les plus grands guerriers de sa nouvelle famille. Tous recouverts de peintures de guerre, Jaina comprit très vite que les Drognars avaient retrouvé le mannequin de leur chef dans le fameux tipi. De l’autre côté, la Rose Noire se fit voire au loin, signalant que la meute de Jaina venait de terminer le travail, qui était d’exterminer le groupe de Manslouches présents dans le repaire.

La présence de MacNessca calma les ardeurs des guerriers, dont l’un désirait lancer son tomahawk sur la Louve Blanche. Jaina quant à elle stoppa son équipage pour éviter qu’un nouveau conflit éclate et réduise à néant les efforts de leur capitaine à réussir sa mission. Comme d’habitude, le robot parlait sous forme d’énigme, de devinette et également de blague. Cependant, Jaina saisit que la hache de guerre des Drognars n’avait plus besoin de faire couler le sang des Chapeautés et qu’il était temps de l’enterrer pour de bon. Il donna la parole à sa sauveuse, jugeant nécessaire que la Louve Blanche explique les faits qui s’étaient déroulés en son absence. Chose qu’elle effectua aussitôt, avec beaucoup de moins mal comparé à tout à l’heure pour MacNessca.

« Peuple Drognar, je suis Jaina Rosenberg, votre fameuse Louve Blanche. Je ne suis pas ici pour me battre, on m’a envoyé pour parlementer avec vous sur cette fameuse guerre qui plane entre votre tribu et mon peuple. » Elle pointa de son index ce qu’il restait du cadavre de Ivan Recat. « Les Manslouches, une confrérie de criminelles espérait vous envoyer à l’abattoir pour récupérer un fameux trésor dans les mines abandonnées proches de votre village. Ils n’ont rien à voir avec les gens pacifistes de Fortifio, ni les Chapeautés des autres patelins. »

« Mensonge, ta langue ressemble à celle d’un serpent. Viho nous racontait le contraire ! »

« Viho était un visage pâle et non un peau rouge comme nous. » rétorqua Tahkeome. Il se mit à la droite de Jaina, ne préféra pas la dépasser pour ne pas s’imposer. Néanmoins, en tant que Drognar, il avait son mot à dire. « C’était un Manslouche et il avait réussi à vous berner avec des paroles fausses, déshonorant le Grand Esprit… » Il jeta un regard sur le robot, reconnaissant le fait que ce dernier aspirait bien à la protection de son peuple. « …et votre protecteur MacNessca. » finit-il par lâcher en terminant sa phrase. « Vous osez contredire les paroles de la Louve Blanche, vous agissez comme un peuple égoïste comme la fois où vous avez brûlé notre ancien chef qui était notre devin. Il serait temps de grandir… Si le grand Juge aspire à une paix entre nos deux clans, nous pourrons enfin fumer le calumet ensemble. Réfléchissez mes frères et mes sœurs, enterrer la hache de guerre nous permettra de commercer avec les Chapeautés, d’améliorer nos liens et de partager cette terre en toute sérénité. »

« Vous n’avez plus besoin de vous battre, ni de vous occuper des Manslouches. Ces scélérats ont osé saccager mon territoire, il est dans mon devoir de répondre à leur attaque. Si vous acceptez de cesser cette folie, je vous donne ma parole qu’une entente verra le jour entre nos deux peuples et que le sang cessera d’être versé. Je vous demande simplement d’attendre, le temps pour moi de revoir le grand Juge Northwood et de lui confirmer que le problème est enfin résolu. Je pense qu’il viendra de lui-même vous voir, lui qui a été élevé par votre peuple. Il saura respecter vos traditions et trouver le meilleur des accords pour une paix durable. »

Les indigènes chuchotèrent entre-eux, l’animosité avait disparu et certains se référèrent à l’avis de leur chef MacNessca, qui lui, leva son pouce en l’air en signe de réponse positive à propos des paroles de Jaina et de Tahkeome. À la fin, la pirate réussit à obtenir ce qu’elle désirait bien avant son entretien avec Northwood : la fin du conflit qui perdurait depuis trop longtemps, à condition que leur territoire ne soit pas envahi et que les Drognars ne soient pas mis en danger. Hélas, la Dame Blanche n’échappa pas aux traditions qui étaient de fumer avec le calumet de la paix et de fêter dignement cet évènement. Ce qu’il y avait à l’intérieur de la pipe était un tabac extrêmement dégoûtant, aggresif, qui conseilla fortement à Jaina d’arrêter de prendre cette drogue. La fête eut lieu dans le village Drognar entre ses habitants et les membres de la Rose Noire. Chant, danse, tabagie, tous s’amusèrent pour tenter d’oublier cette vilaine histoire.

Jaina Rosenberg profita de ce moment festif pour se soigner et s’entretenir avec le nouveau chaman de la tribu, car elle était tourmentée par le massacre qu’elle avait commise autrefois. Tuer les guerriers qui avaient tenté de la scalper puis d’humilier son honneur passaient encore, mais massacrer les civils d’un petit camp, dont des femmes et enfants innocents lui donnaient parfois des cauchemars. La Louve Blanche souhaitait prier, demander pardon et ce racheter. Sa rédemption pour les Drognars consistait à les unir pacifiquement avec les Chapeautés, pour protéger les générations actuelles et futures…

Après une journée et une nuit bien festifs, le chapeau de Jaina fut orné de deux plumes d’aigles. Elles symbolisèrent le respect, l’honneur, la force, le courage et la sagesse. Il s’agissait aussi de montrer que Jaina avait fait un pas en avant, tournant la page d’un nouveau chapitre de son histoire. Puis, MacNessca lui donna en cadeau, en signe de gratitude pour son sauvetage, un coffret où se trouvait à l’intérieur un Fruit du Démon. Il lui raconta une devinette dont la réponse représentait la nature de ce fruit. Non pas une Vouivre, mais celui du Loup. Une malédiction qui irait parfaitement à celle nommée Louve Blanche chez les Drognars.

La Rose Noire salua une dernière fois la tribu d’indigènes et repartirent en direction de Fortifio. Une traversée qui dura quelques jours à dos de cheval. Puis, lorsque l’équipage revint dans la ville la plus pacifiste d’Hat Island, Jaina ne manqua pas une seconde pour faire son rapport à Northwood qui était mieux sapé que la dernière fois. Elle lui rapporta la bonne nouvelle, quémanda son dût et demanda en prime une belle somme de berrys. Il fallait bien de l’argent pour vivre convenablement et donner un salaire à sa meute. Comme promis, Northwood se chargea d’émettre une opinion positive et non négative aux Chapeautés de Fortifio, à propos de la réputation de Jaina Rosenberg…

Cette histoire se termina enfin, permettant à l’albinos de revenir auprès de sa famille, de se reposer et de savourer ce moment de paix avec ses deux enfants. La Louve Blanche s’endormit, laissant place à une simple mère à nouveau maudite par un fruit du démon.