Une mer sous un ciel bleu et blanc, mais plus blanc que bleu. Au loin, le ciel plus noir que bleu grondait, les mouettes tournaient en rond au-dessus d'un vieux mât cassé, aux voiles déchirées et rongées par le temps, et un gros phoque du sud (une sorte de mammifère quadrupède aux doigts palmés mais pouvant tout de même marcher aussi bien que chat ou chien) beuglait son ennui. Sur une petite barque de bois moisi, cinq enfants voguaient. À la tête, un jeune garçon, cinq ans tout au plus, le bras pointant la grande silhouette du bateau échoué avec son auréole d'oiseaux, criant, émerveillé. Derrière, les jumeaux du barbier — le seul d'Hook Island — prenant à deux l'une des rames, celle de gauche, et avec coup de coudes et autres chamailleries, s'énervaient en ramant ; à droite, 'tit Jo, un enfant un peu solitaire, un peu naïf mais doté d'une grande force — ce pourquoi il ramait seul. Puis, celle qui tenait le gouvernail, Sarah, la fille des Crow, qui, avec un chapeau haut de forme chipé à son oncle sur la tête et une petite cape de tissu usé emprunté à son lit, se prenait pour le capitaine. La carte du vieil ivrogne du port en main —dérobée alors qu'il se tapait son énième sieste de la matinée — et la petite bande narquoise avait volée une légère embarcation aux pêcheurs se revigorant avant de repartir en après-midi. Puis, le cimetière d'épaves comme destination, ils étaient partis bien vite, priant que les parents ne se rendent compte de rien.
Bien sûr, Thomas (le petit garçon au devant de l'embarcation) ne savait pas lire une carte malgré son affirmation, et après bien des claques derrière sa tête, Sarah (ou Crow pour les plus vieux), en était venue à décider qu'ils feraient route selon ce que 'tit Jo dirait. Une chance que le pauvre enfant — le plus vieux du groupe — avait appris avec son père, chaque matin, avant que ce bon bonhomme ne disparaisse entre les vagues gigantesques d'une tempête tropicale typique de la mer du Sud : sans cela, aujourd'hui, la légende d'Old Crow n'aurait rien de plus intéressante que la façon qu'elle précipita ses amis et elle-même à une mort certaine.
Donc, ils arrivaient, dérivant un peu — les jumeaux ralentirent la cadence tandis que 'tit Jo la maintenait malgré les courbatures qui lui grugeaient le bas du dos. Dans la coque bien exposée de l'ancien fier galion que le vaisseau avait dû être, une immense ouverture se dessinait peu à peu, définissant l'entrée d'un monde que les enfants (excités) ne connaissaient guère. Thomas (toujours celui en avant) sautillait sur place, et Sarah X. Crow le frappa de nouveau pour le calmer. Puis, replongeant dans la carte qu'elle ne comprenait même pas un peu, la petite de six ans s'imagina un peu l'aventure qu'elle allait vivre. Car bien sûr, ces cinq enfants néo-aventuriers recherchaient un trésor pour devenir de riches marines, comme le voulait si bien la tendance de rêves des mioches de Hook Island. Un grand trésor ! Un énorme trésor !! Un gargantuesque trésor !!! Gardé pas des monstres tous plus grands les uns que les autres (bien que Crow ne comprenait pas comment le plus petit pouvait être plus immense que le plus grand) ! Gardé par des seigneurs des mers tous plus grands les uns que les autres !! Gardé par... Des dieux marins !!! Recherché par de viles pirates ! De viles et primés pirates !! De...
Sarah frappa de nouveau Thomas.
Il accostèrent du mieux qu'ils purent, lassant leur barque à un morceau de bois fracturé. L'ouverture, de loin si grande, était en fait toute petite, et les gamins durent rentrer leurs rames pour passer. Heureusement, le pont inférieur détruit était presque parallèle à la mer, légèrement en angle, un peu comme la plage d'une baie, et cela facilita l'amarrage. Débarquant la première, suivie rapidement de l'autre énervé sautillant, Sarah fit un bref tour des lieux, tandis que les jumeaux commençaient à se frapper et que 'tit Jo débarquait le matériel. Alors que le sang des frères remontait à leurs gorges, les trois autres installèrent rapidement leur campement : une tente de toile, des lits de draps et un petite nappe pour un pique-nique sous la voûte de la coque du galion.
Une fois prête, Crow déroula la carte, trouva un très vieux couteau rouillé et placarda le parchemin sur l'un des murs miteux mes secs du vaisseau. 'Tit Jo vint la rejoindre.
Il eut un silence. Il fit lentement oui de la tête. Crow sourit. Elle aimait bien 'tit Jo. Puis elle se retourna, poings aux hanches et torse bombé. Malgré ses six ans, elle avait en elle l'étoffe d'une femme d'action, et le respect d'un vieux capitaine d'expérience, ou du moins, sa sombre silhouette. Souvent, lorsqu'elle retrouvait son vieux père et sa vieille mère à la taverne d'Hook, les plus habitués la regardaient gentiment, lui tapotaient la tête et disaient en riant que plus tard, tout Hook serait à ses pieds. Qu'il fallait une femme comme ça à la tête de l'île... Ils n'avaient pas si tord, dans le fond.
Bien sûr, Thomas (le petit garçon au devant de l'embarcation) ne savait pas lire une carte malgré son affirmation, et après bien des claques derrière sa tête, Sarah (ou Crow pour les plus vieux), en était venue à décider qu'ils feraient route selon ce que 'tit Jo dirait. Une chance que le pauvre enfant — le plus vieux du groupe — avait appris avec son père, chaque matin, avant que ce bon bonhomme ne disparaisse entre les vagues gigantesques d'une tempête tropicale typique de la mer du Sud : sans cela, aujourd'hui, la légende d'Old Crow n'aurait rien de plus intéressante que la façon qu'elle précipita ses amis et elle-même à une mort certaine.
Donc, ils arrivaient, dérivant un peu — les jumeaux ralentirent la cadence tandis que 'tit Jo la maintenait malgré les courbatures qui lui grugeaient le bas du dos. Dans la coque bien exposée de l'ancien fier galion que le vaisseau avait dû être, une immense ouverture se dessinait peu à peu, définissant l'entrée d'un monde que les enfants (excités) ne connaissaient guère. Thomas (toujours celui en avant) sautillait sur place, et Sarah X. Crow le frappa de nouveau pour le calmer. Puis, replongeant dans la carte qu'elle ne comprenait même pas un peu, la petite de six ans s'imagina un peu l'aventure qu'elle allait vivre. Car bien sûr, ces cinq enfants néo-aventuriers recherchaient un trésor pour devenir de riches marines, comme le voulait si bien la tendance de rêves des mioches de Hook Island. Un grand trésor ! Un énorme trésor !! Un gargantuesque trésor !!! Gardé pas des monstres tous plus grands les uns que les autres (bien que Crow ne comprenait pas comment le plus petit pouvait être plus immense que le plus grand) ! Gardé par des seigneurs des mers tous plus grands les uns que les autres !! Gardé par... Des dieux marins !!! Recherché par de viles pirates ! De viles et primés pirates !! De...
Sarah frappa de nouveau Thomas.
Il accostèrent du mieux qu'ils purent, lassant leur barque à un morceau de bois fracturé. L'ouverture, de loin si grande, était en fait toute petite, et les gamins durent rentrer leurs rames pour passer. Heureusement, le pont inférieur détruit était presque parallèle à la mer, légèrement en angle, un peu comme la plage d'une baie, et cela facilita l'amarrage. Débarquant la première, suivie rapidement de l'autre énervé sautillant, Sarah fit un bref tour des lieux, tandis que les jumeaux commençaient à se frapper et que 'tit Jo débarquait le matériel. Alors que le sang des frères remontait à leurs gorges, les trois autres installèrent rapidement leur campement : une tente de toile, des lits de draps et un petite nappe pour un pique-nique sous la voûte de la coque du galion.
Une fois prête, Crow déroula la carte, trouva un très vieux couteau rouillé et placarda le parchemin sur l'un des murs miteux mes secs du vaisseau. 'Tit Jo vint la rejoindre.
« Qu'est-ce t'en dis, Jo ? C'pas beau, ça ? »
Il eut un silence. Il fit lentement oui de la tête. Crow sourit. Elle aimait bien 'tit Jo. Puis elle se retourna, poings aux hanches et torse bombé. Malgré ses six ans, elle avait en elle l'étoffe d'une femme d'action, et le respect d'un vieux capitaine d'expérience, ou du moins, sa sombre silhouette. Souvent, lorsqu'elle retrouvait son vieux père et sa vieille mère à la taverne d'Hook, les plus habitués la regardaient gentiment, lui tapotaient la tête et disaient en riant que plus tard, tout Hook serait à ses pieds. Qu'il fallait une femme comme ça à la tête de l'île... Ils n'avaient pas si tord, dans le fond.
« Bon, les gars, par où qu'on commence ? »