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Pogrom Exotique.

J’ai vécu, j’ai vu, il paraît même que j’ai vaincus parfois. On n’fait plus attention à ça, la vie est comme une vidéo sur avance rapide. Toujours l’même type de mecs, toujours l’même combat, rien n’change ou si peu. On n’fait plus attention aux détails. Et puis v’la que s’éloigne la réalité. L’avenir est une endroit floue et froid, désagréable : On n’a pas envie d’y tremper un orteil. Alors on r’pousse l’échéance que l’temps fait peser sur nous.
Sauf qu’on gagne pas. J’ai eu beau frapper comme une brute, enchainer victoire sur victoire, rien n’peut l’arrêter.

C’est l’heure d’bifurquer et d’changer la donne.

J’ai arrêté la cage. Et mes mains n’saignent plus tous les soirs. Et les cris du public, qui montent et qui grondent, n’sont plus mes seuls contacts humains. J’ai pris un p’tit bureau dans Hinu Town, j’donne d’mon temps. Mercenaire qu’ils m’appellent tous. J’me verrais plus comme l’coup d’pattes dont on à besoin.
J’me suis installé ici, dans l’quartier est. Des gens sympa, des bonnes tavernes et une vie agréable. J’suis peinard, personne vient foutre la merde dans mo secteur. J’me sens pas obligé d’répondre à la violence. Ouai, même celle qui m’concerne pas. Surtout elle.
L’bureau est vide, impersonnel. J’viens d’ouvrir boutique, et y’a pas foule. J’dors au bureau, dans l’cagibi à coté des toilettes. Imagine ma surprise quand un type vient m’démarcher. Avec un contrat bien sur. Et juteux en plus. J’signe tout d’suite, l’entrain m’colle aux basques.
J’me paie une bonne bouteille et un bon cigare : Le plaisir après la déche. C’que tout homme civilisé d’vrait faire toutes les 24h. J’sors un peu, et drague la donzelle. J’vis à fond et m’sens bien.

- Mr Jefferson ?

J’me retourne vers l’intriguant qui m’jacte à l’oreille. L’auberge est pleine à craquer, c’est l’heure de pointe. Il crie un peu plus fort j’suis obligé d’plus l’ignorer. M’retourne vers lui. Oui, c’lui même mon p’tit. que j’lui fais, étendant mon double mètre penché sur l’comptoir.
Il balbutie, il déglutit. Faible. C’est une proie qu’on m’envoit, pour m’rabattre. Apparemment mon contrat va commencer, et j’vais rouler pour la marine. J’le plante là, retournant à mon bureau. Lui à mes trousses pour m’dire d’partir sur le champ. Moi qui jacte pas et s’contente d’marcher d’un air automatique. J’suis sous. Même carrément bourré.
J’met la clef dans sa serrure en arrivant. R’ferme la porte sur mon autoproclamé invité. J’attrape mes pièces d’armures. Mauvaises factures. J’ressort avec un sac en travers d’mon torse, et une bouse à la hanche. L’mec tombe et m’laisse passer. J’m’arrête pas, traçant ma route pour l’QG. Machoire contractée et poing serré, j’tambourine contre une porte. Une porte dans une autre porte. L’judas s’ouvre et j’vois une paire d’yeux.

- Bon gars, t’m’ouvres ou tu mate ? J’suis engagé par ton boss là. Ouai, l’gros truc qu’on appelle EMM. Cela même. Ouvre bordel !

Breg, après une minute d’pression, on m’ouvre enfin. J’passe à coté d’individus louches et d’soldat à la p’tite semaine. Y’a du bon et du carrément dégueulasse. Comme si on avait rassemblé tous les mecs qui savent tirer et s’battre dans un seul endroit.

***

Sale nuit. Encore une, noire et glaciale. On s’lève aux petits jours et on va tenter d’choper un truc à grailler. On s’est échoué à quelques heures d’notre point d’chute. Chute libre dans une des cascades dissimulées par un tourbillon naturel. On est tous au régime eau et pain sec d’puis. L’problème c’que même notre position signalée, on tarde à v’nir nous chercher. On est en pleine jungle humide, du style impénétrable et compacte. On a au moins deux jours à tirer ici avant d’voir l’bout du nez d’la civilisation. En attendant on s’organise. On fait un abri avec la carcasse d’notre flottant. On joue au carte, on chasse, on picole pas mal. C’est plutôt festif au finale.

Bon y’a un mec qui nous gâche toujours l’plaisir. Dans l’ombre, doit avoir les idées si noires et glacées qu’il en paraît froid. Capuche rabattue, rosaire et crucifix sur grande robe de bure. Râpée mais en bonne état malgré l’voyage. Il dégage une violence à peine contenue, comme un lion affamé prêt à vous sauter à la gorge. On voit jamais son visage.

Moi j’tente d’établir l’contact : Un mec qui bave pas, c’mauvais signe. D’ja que je galère à lui soutirer un bonjour, en d’mander plus s’rait trop beau. On a décidé d’aller en avant de l’équipe de recherche. On fait nos paq’tages est on part dans la forêt, vers la position d’nos camarades. Deux jours à débroussailler, à tuer la vermine et à échapper aux éléments. La nuit on a pas dormi, ou peu. On est tous sur les nerfs, l’ambiance est électrique.

On nous ramène au « QG », un espèce de préfabriqué en bois, un peu merdique. J’ai hâte d’quitter cette merde. Et surtout qu’on m’dise c’que j’devais faire exactement.






Dernière édition par Judas le Sam 10 Déc 2011 - 2:46, édité 1 fois