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Dès l'arrivée, le départ se profile (PV Alheïri) FB

    La pluie s’abattait avec force sur le pont d’un petit navire. Les voiles étaient gonflées par la force du vent. L’on distinguait à peine les paroles des hommes dans cette tempête. Plusieurs hommes à l’habit bleu-roi détrempé s’affairaient à maintenir le cap du navire. Un véritable ballet s’exécutait devant l’œil sérieux d’un homme à la moustache fine et à l’uniforme d’officier impeccable. L’eau de pluie ruisselait sur son visage sans que cela ne semble l’affecter le moins du monde. Il conservait un œil attentif à tout ce qui se déroulait devant lui. Mains jointes dans le dos, il donnait de temps à autres quelques indications de la tête. Le petit équipage manœuvrait correctement et l’on pouvait distinguer au loin une île qui ne pouvait être que leur destination.

    Le vent était fort et les vagues en profitaient pour venir lécher le bastingage, les plus virulentes parvenaient même à dominer les hommes. Mais inlassablement ceux-ci reparaissaient à travers le rideau d’eau, ils traversaient ses vagues de leurs corps comme s’ils ne pouvaient être atteintes par elles. Un certain mysticisme s’imposait dans ces moments. Les hommes semblaient transcender les vagues, ils semblaient ne faire qu’un avec le navire. Mais quel navire ? Quel équipage ? Ce n’était autre que l’escadron bleu, le fameux équipage de marine d’élite qui commençait à se faire un nom sur les Blues. A sa tête, Charles Higan était probablement le plus heureux des sous officiers. Simple Sergent-Chef il dirigeait, selon lui, l’un des meilleurs équipages de la marine.

    L’escadron se dirigeait vers Shell Town pour se ravitailler et obtenir de nouveaux ordres. On parlait également d’officiers de valeurs défendant cette île avec ténacité. La "vague bleue" se dirigeait donc vers des amis et non des ennemis. Les visages n’en étaient que plus résolus, Charles affirmaient qu’il fallait se faire respecter davantage des ces alliés que de ces ennemis. L’escadron était donc sur le pied de guerre, ils allaient traverser cette tempête de front et réapparaitre de l’autre côté indemne, quitte à faire crier tous le bois du navire. Le vent était prit de dos, les voiles étaient pleinement gonflées et l’anonyme enfonçait sa proue dans la mer avant de resurgir plus puissant encore. Un tel vent de dos faisait « chanter » le navire avec majesté. Le navire arrivait maintenant dans le cœur de la tempête, les vagues atteignaient maintenant facilement le pont.

    Les flots s’abattaient avec répétition sur le pont, les hommes respiraient avec difficulté, les regards commençaient à être inquiets à l’approche du centre de la tourmente. Charles éleva alors la voix, s’adressant à ses hommes.

      -«ON NOUS REGARDE DE LA VILLE NON LOIN ! QUI DIRA AVOIR VU L’ESCADRON BLEU CONTOURNER UNE TEMPÊTE ? QUI DIRA AVOIR VU L’ELITE DE L’ELITE REFUSER UN COMBAT CONTRE LA MER ELLE-MEME ? »

    Les visages s’éveillèrent aussitôt comme s’ils sortaient d’un sommeil profond. Comme un seul homme l’équipage s’écria d’une voix dominant même le bruit de la tempête.

      -«PERSONNE !»

    On tira sur les cordages, on tendit encore plus les voiles, le foc semblait sur le point de rompre. Les hommes prirent de plein fouet des vagues les déplaçant de plusieurs mètres sur le pont. Mais le navire tint bon et l’anonyme traversa la tempête. L'équipage n'hurla même pas de joie, pour eux l’action se devait d’être normale et non miraculeuse...

    Maintenant il n’y avait plus rien qui les empêcherait de réaliser une entrée triomphante à Shell Town. L’équipage arriva au port et tous descendirent sur le ponton. Premier de la troupe, dans un uniforme bleu roi impeccable, Charles Higan avançait. Derrière lui ses hommes le suivaient dans une rigueur toute militaire, tous semblaient fiers de suivre le Sergent-Chef d’élite. Puis tous se stoppèrent net alors que Charles interpellait l’officier en charge de l’accueil des navires de la marine.

      -«Annoncez notre arrivée à l’officier chargée de la défense de ce lieu. Nous désirons obtenir des vivres et des informations sur la situation aux alentours.»

    L’officier de la marine regarda Charles avec un air goguenard.

      -«Et vous êtes ?»

    Certains membres de l’escadron semblèrent s’offusquer tant la couleur de leur visage avait prit une teinte rouge vif. Mais Charles afficha un demi-sourire avant de tendre l’index vers le drapeau bleu-roi de son navire.

      -«Qui d’autre que moi, porte des couleurs de ce type au sein de la marine ? Qui d’autres que nous, porte des uniformes bleu-roi au sein de la marine ? »

    L’officier sembla tout aussi interdit qu’auparavant, aussi Charles tourna la tête vers ses hommes qui d’une seule voix s’écrièrent.

      -«PERSONNE ! » Le bretteur borgne acquiesça de la tête et reprit d’une voix calme «Personne.»

    L’officier responsable ne savait plus trop quoi penser des ces hommes et de cette mascarade, qui devait-il annoncer au final ???
      • Mais laisses toi faire, rhooo…

      • Sauf mariage, va crever connard !

      Et le coup de poing ne tarda point. Le corps d’un homme traversa toute la chambre avant d’aller s’écraser avec véhémence sur la porte d’entrée et de retomber pathétiquement au sol. Un peu plus loin, une femme à la chevelure rose bonbon réajustait son soutien gorge avec une certaine irritation. Une veine palpitait nerveusement sur l’une de ses tempes tandis qu’elle grinçait des dents, manquant même de grogner ou d’hurler toute sa colère. Et cette femme là, c’était Ketsuno Fenyang, lieutenant-colonel de la base et cousine du colonel en exercice. Par la suite, elle enfila un spencer et un jean moulant qui mettait en valeur son derrière bien rebondie, tout juste avant d’arborer un manteau d’officier de la marine sur ses épaules. La donzelle finit par soupirer et se retourna vers le corps de l’homme qui avait finit par s’adosser au mur. Croisant ses bras sous son opulente poitrine, elle le toisa un bon moment comme s’il s’agissait d’une simple chose répugnante bonne pour la décharge du royaume de Goa. Son regard brillait d’un amalgame de sentiments. Envie, répulsion… Thèmes contradictoires qui animaient tout son être. Comment supporter l’homme qu’on aime à la folie quand celui-ci nous considère comme un simple morceau de viande à déguster ? Une question pertinente à laquelle elle aurait voulu avoir bonne réponse…

      • Tu me dégoutes !

      • Et moi tu m’plais.

      • Rien que pour mes seins et mon cul, bien évidemment…T’es qu’une sale pourriture. T’avises plus d’hasarder tes sales pattes sur ma poitrine d’ailleurs, autrement, j’oublie vite fait que t’es mon… Supérieur !

      Cette fois là, l’homme se tut. La jeune femme bien que prise d’un moment d’hésitation concernant la fin de sa phrase, n’avait pas l’air de rigoler. Il n’y avait qu’à voir le regard mauvais qu’elle jetait au colonel pour s’en rendre compte. Conscient qu’il allait perdre deux ou trois dents dans l’histoire, le grand brun se leva du sol et s’attela à essuyer le filet de sang qui s’écoulait d’une de ses narines. C’pas pour dire, mais c’est qu’elle cognait fort, la p’tite demoiselle ! Pas pour rien qu’elle était à un pas d’être promue colonel. Alors qu’elle semblait être toujours en rogne après s’être fait grassement tripotée les nibards par son cousin, ce dernier se retourna vers la porte, toujours sans prononcer le moindre mot. Au moment où il voulut actionner le verrou de la porte pour sortir, Ketsuno finit par se précipiter vers lui en le bâillonnant tendrement de ses longs bras. Elle écrasa ses bigs boobs sur son dos et posa sa tête sur l’une des épaules musclées de son prisonnier. Si elle avait un sérieux penchant pour la violence et le sadisme, il n’en demeurait pas moins qu’elle l’aimait, lui. Elle n’arrivait pas à se l’expliquer, mais c’était comme ça et pas autrement. D’ailleurs, leur précédente position lascive contre le mur ne l’avait pas rebuté et même loin de là… C’est juste qu’elle supportait mal l’idée de n’être qu’un coup vite fait pour lui, elle qui voulait plus…

      • Pardon ! C’est juste que… Enfin… Reste avec moi s’il te plait… Alheï…

      • Ah bon ?! Demandais-je soudainement en me retournant vers elle, sourire béat aux lèvres. Donc j’peux te sauter alors ?

      • ENFOOOIIIIIIIIIIREEEEEEEE !!!!

      « BOOOOUUUMMMM ».

      Et c’est reparti pour un tour ! La porte céda sous le poids de mon corps de l’homme qui fila façon missile dans un long couloir jusqu’à se manger la face près des escaliers. De loin, au pas d’une porte, se tenait une femme dont les traits du visage étaient complètement déformés par la colère. Elle avait le poing droit qui fumait et une mine plutôt effrayante. « FENYANG ! JE VAIS TE BUUUTEEER ! » Houlà ! Chaud chaud chaud ! Sa manière de scander mon nom et son ton électrifièrent tout mon corps et c’est d’un seul bond que je me relevais. Ne me faisant pas trop prier, je me mis à courir au même moment où elle commença à me courser. Et la poursuite débuta dans tout un bâtiment. Sur notre passage, nous évitâmes sinon renversâmes maints objets et gens. Le brouhaha favorisé par notre course interpella bien de monde et c’est tout une unité qui coursait Ketsuno (Pour la maitriser) qui elle, me poursuivait toujours dans l’optique de me trucider au sens propre du terme. J’réussis à fuir pendant une bonne trentaine de minutes jusqu’à ce que dans un couloir, l’un de mes hommes se mit à courir à mes côtés comme si de rien était, en me faisant son rapport du jour… « Caporal O’Brian au rapport colonel ! Rien à signaler si ce n’est l’arrivée de l’escadron bleu ! Repéré par la tour ! Un pavillon bleu roi frappé du symbole de la marine. Pas de doutes donc ! » … Rapport là même qui me fit freiner automatiquement.

      • CREEEEEVVVVVEEESSSSSS !!!!

      A deux doigts de m’avoir, Ketsuno lança vers ma tronche l’un de ses fameux coups de poings capables de bousiller un mur. Mais cette attaque là, je la bloquais d’une main en fixant intensément le caporal qui vint me délivrer son message du jour. En voyant ma parade, Ketsuno écarquilla ses yeux de surprise en restant dans sa position d’attaque. Cette fois là, son regard fut plein de crainte mais aussi d’admiration. Généralement, elle arrivait sans mal à me bousiller lorsque je faisais des bêtises, mais là, elle était plutôt époustouflée par mon soudain sérieux qui ponctuait ma mire rayonnante et souriante. Un éclair zébra le ciel et le tonnerre gronda plus fort à l’extérieur. Tout était brusquement devenu calme au sein de la base de Shell-Town. J’finis par baisser ma main sans pour autant arrêter de fixer mon caporal qui parut soudain gêné par mon regard. Il avait fini par arriver ici… Le fameux escadron bleu… Qui n’en avait pas entendu parler dans les rangs de la marine ? Même mon père m’en avait parlé depuis MarineFord… C’est vous dire qu’il gagnait en renommée. Je tournais mon visage vers ma cousine qui haussa un sourcil l’air dubitative et je commençais à lui sourire. Celle-ci comprit toute de suite ma pensée et s’empressa d’aller préparer une voiture vu le mauvais temps. Pendant ce temps, je retournais mon faciès vers mon caporal et lui demandait…

      • Ont-ils accostés ?

      • Non ! Pas encore, mais ils sont proches des côtes.

      • Bien, allons-y les accueillir.

      Quelques instants plus tard…

      Une voiture tirée par deux chevaux fit son apparition vers le groupe d’homme arrêté devant le pauvre marine qui ne savait que faire en face d’Higan. Ce dernier l’avait profondément troublé. Il se rappelait d’une faction qui portait cette unique couleur au sein de la marine, mais il ne savait plus de qui il s’agissait. D’autant plus que le mec devant lui, il en imposait grave quand même ! Son faciès dur et son charisme le marquaient. Que faire ?! Alors qu’il voulut se retourner pour envoyer message à la base, il eut l’ouïe d’un hennissement. C’est en ce retournant qu’il vit la belle diligence du colonel au couleur de la marine, se stopper à quelques mètres d’eux. Soulagé, il fut. Au point de laisser un petit soupir s’échapper de ses lèvres. Le colonel avait un bon timing et cela ne pouvait que renforcer son respect à l’égard de cet homme qui administrait correctement la ville. Une très belle femme sortit de la diligence, protégée par un parapluie de même couleur que sa chevelure. Le temps ne semblait pas lui faire peur puisqu’elle était toujours vêtue d’un spencer et de son jean. Son manteau était sobrement accroché à ses épaules. D’un déhanché à en faire frémir le plus dur des homosexuels, elle se dirigea vers celui qui semblait être le leadeur, soit Higan et lui fit un beau sourire, une fois prêt de lui. Pour le protéger, elle haussa le parapluie au dessus de sa tête et fit un salut militaire de sa main de libre.

      • Mes respects monsieur ! Vous devez surement être le commandant de l’escadron bleu ! Le colonel Fenyang vous attend dans la voiture. Si vous voulez bien me suivre… dit-elle, en s’écartant doucement et en lui présentant la diligence qui avait la porte grande ouverte.

      Au même moment...
      Moi pendant ce temps, j’buvais un verre de vin rouge dans la voiture, m’impatientant de l’arrivée de ce nouvel homme qui faisait sensation dans les rangs. Parce que ouais, il me tardait vraiment de le voir de mes yeux.
        L’attente ne fut pas réellement longue, des destriers tirant une diligence manifestèrent leur présence par le biais de hennissements puissants. Une femme sortit bien rapidement de la voiture et se dirigea vers le groupe d’élite. Charles détourna donc son attention de l’incompétent qui devait l’accueillir pour s’intéresser à la nouvelle venue. La femme semblait disposer d’atouts percutants laissant une bonne partie des hommes présents pantois. Le bretteur aurait payé cher pour voir la tête de ces hommes restés derrière lui ; il n’aimait pas voir une simple femme prendre le pas sur des militaires du seul fait de son physique...

        Son œil valide s’intéressa également à la diligence qui attendait non loin. C’était un genre de voiture qui ne devait pas être utilisé par les subalternes. Finalement la femme arriva à hauteur du bretteur et le protégea de son parapluie. Elle l’invita alors à le suivre vers la diligence afin de rencontrer le colonel Fenyang. Franck, homme de confiance de Charles, fit balancer son fusil de précision sur son épaule et regarda son supérieur partir sans un mot. Le jeune tireur fronça les sourcils à la vue de ce départ impromptu. Évidemment après quelques pas seulement, le bretteur se retourna. Les membres de l’escadron firent claquer leurs bottes l’une contre l’autre avec puissance.

        Le bretteur s’adressa alors à son groupe.

          -«Quartier pour tous, roulement pour le navire, gérez entre vous.»

        Puis Charles se dirigea de nouveau vers la diligence d’un pas mesuré. Il était revêtu de son manteau de marine bleu-roi et portait à la taille une rapière de belle taille. Il entra dans la diligence et salua de la tête le jeune colonel. Prenant place sur un des sièges en face de l’officier, il marqua un léger temps de silence puis il prit la parole de sa voix calme et assurée.

          -«Charles Higan.»

        Alors qu’il allait poursuivre sa succincte présentation un bruit lourd vint se faire sentir au dessus de leurs têtes. On eut dit qu’un roc était tombé sur le toit de la diligence. Le bretteur afficha un léger sourire et son œil se plissa.

          -«Je crois que Franck vient d’élire domicile sur le toit de votre diligence. J’espère que cela ne vous dérange pas.» Sans même attendre une quelconque réponse à ce sujet, Charles reprit. «Je disais donc, je suis Charles Higan, Sergent-chef d’élite. Nous ne sommes que de passage dans cette Blue mais nous n’avons pas reçu d’ordres depuis un moment. Je suis donc en quête de missions dans le secteur requérant la présence éventuelle de tout ou partie de mon escadron. Par ailleurs j’apprécierai obtenir quelques denrées et potentiellement des munitions.»


        Charles, tout en discutant, analysait son interlocuteur. Le colonel Alheïri avait une très bonne réputation en tant qu’officier de Shell Town mais Charles connaissait davantage son père, le vice amiral Keegan. En effet, en tant que bretteur il ne pouvait pas ne pas connaitre le Destructeur.

          -«Pardonnez mon arrivée soudaine, j’espère ne pas troubler vos organisations personnelles.»



      Dernière édition par Charles Higan le Dim 11 Déc 2011 - 13:17, édité 1 fois
          Si j’croyais être le seul à en imposer et à avoir un charisme époustouflant, j’me mettais l’doigt dans l’œil. C’est pas pour dire, mais l’homme qui fit son entrée dans ma voiture m’époustoufla complètement. La rigueur qui émanait de son être forçait le respect. Et c’est pas un rien de le dire. Il devait avoir quoi… 4 ou 5 ans de plus que moi. Ouaip, un truc de ce genre. Un vieux de la vielle. Un mec qui respirait l’expérience. Et cela se vérifiait par le cache-œil qu’il arborait. J’aurais été une fille, perso, il m’aurait fait beaucoup d’effets. D’ailleurs, il semblait opérer un certain charme sur ma cousine qui était revenue dans la diligence en fermant la porte sur nous. Elle n’arrêtait pas de le dévisager avec un certain sourire aux lèvres. Légèrement émoustillé, elle se chargea de remplir un verre de vin qu’elle plaça tout juste devant le sergent-chef pendant que je l’observais toujours en silence. Sergent-chef m’avait-il dit hein… Pourtant, il semblait valoir bien plus que ça… N’était-il pas intéressé par une montée en grade ? N’avait-il pas les médailles conséquentes pour ? Et puis bof… L’important n’était pas là hein. J’avais affaire à un frère d’arme. Un frère d’arme qui avait eu l’humilité de venir me voir. Et je n’en pouvais être qu’heureux.

          • Je vous en prie Charles, vous êtes mon ainé. Si je me suis moi-même haté à votre rencontre, c’est qu’il n’y a rien de plus important qui puisse actuellement me tenir occupé à la base. Et il n’est pas non plus nécessaire que vous me vouvoyez bien que je comprenne totalement les formalités et le fait qu’il s’agisse de notre première rencontre. Ceci étant dit, je porte un toast à notre rencontre. Il me tardait de vous rencontrer. Santé très cher !

          Après quoi, je me mis à boire mon verre de vin rouge. Il était frais, exquis, parfait même. J’espérais qu’il soit au gout de mon invité car j’avais fait le choix d’un vin rare et extrêmement cher. Non pas pour me bluffer mais pour le mettre à l’aise et dans les conditions les plus respectables. Parce que oui, à mon sens, un marine qui œuvrait ardemment pour la paix ne pouvait qu’être respecté par ma personne. J’aimais aussi cela, tisser des liens forts avec les autres marines. Car nous autres de la génération actuelle, l’avenir nous appartenait. Alors que je finis d’émouvoir mes papilles avec l’arrière gout fruité de mon breuvage, la diligence commença lentement à avancer. Nous n’allions quand même pas rester ici pour discuter si ? Retour à ma base donc. Mais bien avant d’y arriver, nous allions faire un détour vers le chantier du Léviathan. Bon nombre d’officiers des Blues venaient aussi pour ça et je me doutais bien que Charles ne ferait pas l’exception à la règle. Et puis, cela lui ferait une petite visite malgré le temps de chien de la ville. Il était d’ailleurs rare qu’il pleuve autant. Et j’espérais qu’il n’y aurait pas de glissements de terrains comme à l’accoutumée. Du travail en perspectives là… Et c’était pas forcement pour me faire plaisir, ça, j’peux vous l’assurer...

          • Votre compagnon aurait pu nous rejoindre à l’intérieur, vous savez. Cela ne m’aurait pas gêné surtout s’il est votre bras droit, disais-je en brisant une nouvelle fois le silence qui s’était installé lorsque je dégustais mon verre. Pour les vivres, il n’y a pas de soucis à vous faire, vous aurez tout ce dont vous aurez besoin. Par contre, je suis dans le regret de vous annoncer que nous n’avons pas de missions à vous déléguer. Avec la construction du Léviathan, je me suis assuré d’optimiser la sécurité de la région et de ses alentours. Il n’y a quasiment plus de bandits. Quelques téméraires, mais rien de bien méchant.

          Je marquais une petite pause, tandis que mes yeux qui détaillaient son visage depuis, roulaient enfin vers la garde son arme. Une rapière ? Joli. En tout cas, son arme était bien plus intéressante esthétiquement parlant que mon meitou un peu usé avec le temps. Ce mec était très raffiné apparemment. J’eus la soudaine envie de me frotter à lui vu qu’il était comme mon père et moi, un bretteur. Histoire de voir comment il s’en sortait. Vu ses muscles, il devait beaucoup miser sur la puissance bien que son arme supposait autre chose : « Vous comptez rester longtemps parmi nous ? » Ce que j’espérais très sincèrement avec un ton rempli d’espoir. J’connaissais bien les marines d’élite. L’appel de la mer ! L’aventure qui n’attendait pas ! De nouvelles zones à explorer ! Patati et patata… On aurait dit des pirates, très franchement. Moi personnellement, j’étais très fier d’être un marine de caserne. J’étais plutôt casanier. Sans aucun doute le contraire de l’contraire de l’héritier des Higan. Même si malgré tout, j’espérais qu’il veuille passer au moins deux trois jours ici, parmi nous. Repartir tout de suite serait d’un bête. Surtout par un temps pareil. Alors que je voulus parler, la diligence s’immobilisa au sommet d’une colline. Et de là, l’on pouvait apercevoir le chantier gigantesque du fameux Léviathan…

          • J’imagine que vous avez déjà entendu parler du bateau de l’amiral en chef… Tenez, regardez par la fenêtre.

          Malgré la pluie, on pouvait aisément le distinguer. Je tournais ma tête vers la vitre et souriait en le regardant. L’un des chefs d’œuvre de ma petite vie d’officier. Reconstruire ce mastodonte n’avait pas été facile, quand on sait qu’il avait été bousillé de moitié. Après Thriller Bark, il était certainement le deuxième navire le plus imposant sur cette Terre. Ce pourquoi il faisait ma fierté. Sa reconstruction m’avait couté bonbons et bon nombre d’efforts. Ne parlons même pas des attaques des pirates qui voulurent piller le granit marin et le bois d’Adam qui avait grandement servis pour la réparation. Bref. Alors que je me perdais dans la contemplation du navire, j’entendis la portière qui s’ouvrit. C’était Ketsuno. Qu’est ce qu’elle faisait ? Je l’ignore. Mais là voir regarder vers le haut de la toiture me mit la puce à l’oreille. Elle voulait convaincre l’homme d’Higan de rentrer à l’intérieur. Belle initiative en tout cas. Ce que je saluais intérieurement. Réussirait-elle ? Mystère. Car si franck semblait être un gros morceau aux premiers abords, Ketsuno l’était tout autant. Puis tout d’un coup, j’arborais une certaine mine sérieuse. Non pas totalement flegmatique, mais assez sérieuse tout de même pour surprendre, moi qui passait mon temps à sourire. Je posais mon verre sur la table et croisait mes bras sur mon torse en fixant mon vis-à-vis. Pour profiter de l’éloignement de ma cousine et éclaircir une chose…

          • Je suppose qu’il y a une raison particulière à cette visite. Habituellement, les marines d’élites ne font jamais escale ici. C’est très rare en tout cas. Aux derniers nouvelles, votre équipage n’était même pas sur ces Blues… A moins que je ne me fasse des idées…
            La diligence se mit en branle grâce à la puissance des chevaux. Sur le toit de la diligence Franck s’était arrangé pour se maintenir assis durant la traversée. Pour y parvenir il avait utilisé sa ceinture comme lien entre sa jambe et une barre sculptée qui permettait normalement aux bagages de ne pas bouger. Calé comme il se devait il remonta le col de son uniforme pour protéger sa nuque de la pluie. Sortant une cigarette il tenta vainement de l’allumer avant de la jeter à terre dans un grognement de dépit. La voiture tirée par les chevaux avançait rapidement dans les rues de la ville, Franck avait vérifié l’état de son arme et jetait maintenant des coups d’œil nerveux dans tous les sens.

            A l’intérieur Charles écoutait avec attention le discours du Colonel. Manifestement l’officier n’appréciait guère les coutumes hiérarchiques imposant un respect certains entre les hommes. Le bretteur se contentait pour sa part de respecter les usages. Dans la pratique il ne se faisait respecter que par ces compétences et non par son grade qui n’était au final qu’un grade de sous officier. La réalité hiérarchique est parfois bien différente de la théorie militaire. Le colonel Fenyang semblait, lui également, aménager quelque peu les règles établies en termes de protocole.

            Ce qui intéressa plus en avant Charles était les informations qui filtraient peu à peu du discours du défendeur de Shell Town. Tout d’abord il semblait évident que le bretteur de l’escadron bleu était connu de Fenyang ce qui était un petit exploit personnel pour Charles qui ne savait pas réellement qu’elle était la réputation de son escadron au sein de la marine. Le colonel se montra assez généreux pour ne pas discuter sur la question des vivres, il n’y avait donc pas lieu de s’inquiéter à ce sujet. Cette question étant réglée le borgne pouvait donc prendre plus de liberté dans son discours et se « livrer » davantage à un homme qui semblait on ne peut plus honnête.

              -«Franck n’est pas mon bras droit c’est juste le seul sous officier m’accompagnant. Mes autres hommes sont tous des matelots de première ou de deuxième classe. Le caporal est un fin tireur qui considère ma sécurité comme une condition sine qua non au bon fonctionnement de l’escadron. Mais parler de bras droit est un peu fort.»

            Charles porta le verre de vin à sa bouche et en apprécia le gout en bouche. Il fit se mouvoir le vin dans son verre afin d’en capter toutes les subtilités de la robe. Après quelques secondes passées à considérer la qualité du vin il reprit sa conversation, replongeant son regard dans celui du Colonel.

              -«L’escadron est organisé comme une organisation militaire à part entière. La hiérarchie y est pyramidale, par conséquent il est impossible qu’une personne soit mon égale au sein de l’escadron bleu. Néanmoins je ne considère pas que l’on obtient le respect d’hommes de cette trempe par la seule présence des ces galons. Cette règle s’applique à mon sens à tous les officiers de la marine. S’ils vous respectent pour des raisons dépassant de loin la conception de grade alors vous serez comblé de succès dans votre entreprise d’officier.»

            La diligence traversa une ruelle aux bâtiments pourvus de nombreuses fenêtres, Charles se stoppa encore une fois. Il tentait de percevoir dans le reflet des vitres la silhouette de son caporal qui devait prendre l’eau de très belle manière.

              -«Mais vous avez des arguments bien plus percutants que les miens colonel. En effet, un Sergent Chef ne peut se targuer exclusivement de son grade alors qu’un Colonel peut obtenir le respect et la confiance rien qu’à l’évocation de son grade. C’est une force pour vous, réellement.»

            La diligence passa alors à proximité du chantier abritant le Léviathan, le navire de l’amiral en chef. Difficile de ne pas s’intéresser à cette force des mers qui représentait l’un des navires les plus imposants jamais construit. L’œil averti du bretteur ne considérait néanmoins qu’une seule chose, était-il possible de battre un tel navire ? Charles s’imagina un instant à la poursuite de ce navire, quelle mission formidable cela pourrait être ! Mais alors qu’il rêvassait devant ce monstre silencieux, la diligence s’arrêta et la femme qui accompagnait le Colonel Fenyang sortit pour s’adresser à Franck. Les deux hommes étaient maintenant seuls et la mine d’Alheïri S. Fenyang prit une gravité inattendue. Il l’interrogea rapidement, mais avec sérieux, sur la raison de sa présence ici. Le bretteur afficha un air interdit pendant quelques longues secondes avant de prendre la parole d’un air tout aussi grave que son vis-à-vis.

              -«Il n’y a jamais de fumée sans feu et les autorités usent de plus en plus de mon escadron comme d’une arme multifonction. Pour ce qui est de ma présence sur cette Blue... Ce n’est pas une information extraordinaire en soit ; je suis contraint de passer de Blue en Blue aussi vite que possible. Mais effectivement la raison de ma venue à Shell Town n’est pas anodine. Avez-vous une idée de ma venue ici, Colonel Fenyang ....... ?»

              • L’inspection de ma base… ?

              C’était sorti comme ça, d’un seul coup, comme par pur reflexe. N’était-ce pas l’habitude des gouvernementaux ces temps-ci ? Et ouaip ! Personnellement, ça ne m’étonnerait pas qu’il soit là pour ça. Les marines d’élites étaient certainement les mieux placés pour effectuer ce genre de boulots. D’autant plus que ces sales gouvernementaux n’avaient l’occasion de m’envoyer des Cipher Pol pour ce faire. J’en avais trop vu et une exagération de leur part pouvait entrainer une sérieuse scission entre ces derniers et mon groupe. Ce qu’ils ne désireraient certainement pas vu que la construction du Léviathan sur laquelle ils voulaient impérativement garder un œil. Higan semblait être la personne taillée pour effectuer ce genre de missions brèves. Mais et si ? Et s’il y avait d’autres raisons ? Et si je me trompais… ?

              • Ou bien la curiosité qui pousse à vouloir connaitre le fils du destructeur… ?

              Oh ! Ca aussi, c’était une bonne raison. Faut dire que dans le temps, l’on ne me connaissait pas trop… Pour ne pas dire qu’on ne me connaissait pas du tout. J’étais insignifiant vous savez… Tout simplement le fils du vice-amiral Fenyang. Sa doublure… Son ombre même. Un gus qui ne valait rien sinon que le respect qu’on devait lui porter pour son sang de noble. Cependant, les choses ont changées depuis dix bonnes années. A cette époque, le lieutenant fit son apparition. Les mauvaises langues parlaient d’avantages, de pistons, mais je fis vite de les faire taire en réalisant moult exploits à leurs yeux, aux yeux de la population, aux yeux de tous. Et depuis l’accession au poste de colonel à la tête de Shell-Town, c’était l’apothéose. Tant et si bien qu’on me considérait sur toutes les blues comme…

              • Ou encore, l'acquisition du style des Fenyang… ?

              … Le légataire du style de Keegan. Ma famille n’était pas seulement noble, elle était aussi connue pour ses aptitudes à l’escrime. Pour preuve, le surnom de mon vieux venait de son incroyable capacité à décimer des navires à lui tout seul, surtout quand il s’agissait de navires révolutionnaires. C’était une légende. Quand à moi, je commençais plus ou moins à réaliser ses exploits. Trancher un navire comme du beurre n’était plus chose difficile pour moi et nombreux étaient les officiers des blues qui venaient se frotter à moi pour s’assurer de ma renommée sur le sujet. Si certains ne se contentaient que d’un petit match à l’amical, d’autres allaient jusqu’à me demander des entrainements intensifs. J’étais devenu une référence. Loin de moi l’idée de prétention, mais apprendre aux autres était un grand plaisir pour moi…

              • Les idées sont nombreuses vous savez… A vrai dire, je ne saurais vraiment pas… Mais peut-être ai-je touché une part de vérité ?

              A peine la question posée que Ketsuno signalait son retour à l’intérieur… Enfin, pas pour bien longtemps apparemment.

              • Hare hare… Rien à faire… Cet homme n’a même pas daigné m’adresser la parole… Mais puisqu’il veut jouer à ça, j’vais lui montrer à qui il a affaire. Mes respects sergent-chef Higan !

              Avait-elle dit avec vigueur pour d’avance, s’excuser de son insolence. Je tournais la tête en sa direction avant de voir la porte qui se referma doucement. Puis un deuxième bruit se fit entendre depuis le toit, signe qu’elle avait prit place aux côtés du fameux Franck. Il croyait être grincheux ? Il avait trouvé son alter-égo féminin là. Je soupirais un peu en remuant ma tête avant de m’empresser de présenter mes excuses : « Sincèrement désolé pour son comportement… Elle a toujours été ainsi… » J’espérais qu’il me comprenne et qu’il ne m’en tienne pas trop rigueur. D’ailleurs, pour gommer ce petit incident, je me redressais un moment et m’emparait de la bouteille pour remplir son verre une nouvelle fois comme il faut. Puis, je me rassis en prenant le mien juste au moment où la voiture se remit à démarrer…

              • Alors ? Suis-je dans le vrai ?