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Memorial Day [FB 1623]

Pas un chat. Pas un putain d’chat.

Tu la vois cette scène, jpense ? Elle te rappelle des moments que t’as déjà vécus, hein ? Ben on vit ça en c’moment. Une place, du soleil à en r’vendre, un vent sec qui souffle douc’ment, un bar à terrasse, moi qu’allume un clope à l’aide du nouveau briquet que j’viens d’m’offrir, des serveurs qui disent rien alors qu’z’ont dû bien nous spotter avec le Jacky. Et donc, comme jdisais, personne dans l’troquet à part nous, et personne dehors non plus. Pour un peu jcroirais presque qu’l’autorité avec un A nous a en embuscade et a fait évacuer les lieux. Mais soit mon instinct est dev’nu merdique, soit y a aucun mouetteux planqué nulle part. Et jcrois pas qu’mon instinct soit dev’nu merdique. Jcrois qu’c’est juste un d’ces jours sans. Sans quoi ?

Sans rien. Juste sans.

Ah, ça, j’avoue, c’tait un peu couillu d’venir à Hinu pour notre dernière semaine avant l’grand large. Avant l’Grand Line. Un peu couillu et en même temps, comme y paraît qu’on est des stars pour les gens qui nous aiment, c’t’à dire en l’occurrence pour nous-mêmes, ben on l’croit bien, qu’on peut s’le permettre. Et du coup c’plus si impressionnant qu’ça, si ? T’m’as pas suivi ? Laisse tomber.

L’important c’est qu’aujourd’hui et hier et demain c’est les jours de r’pos pour tout l’monde, qu’l’Ecume est à l’ancre au milieu d’Perpèt-les-Requins à quatre ou cinq lieues d’la côte qu’y a que Jack qui saura y r’tourner, qu’on est v’nus en Santa, qu’les autr’ zozos ont décidé d’aller s’la couler douce dans un spa, un bordel ou un autre endroit où y fait bon s’poser, et qu’Jack et moi on est donc assis là entre couilles, avec lui qui m’fait des r’marques philosophiques de haute volée genre "Tsais quoi, Cap’ ? Ben, moi, la nuit, j’conquiers." et sa putain d’guenon mâle qui joue à m’tirer les tifs depuis au moins quat’ secondes et demie. Qui jouait jusqu’à maint’nant que j’le chope par le colback et qu’j’l’envoie lui et son poil de singe lustrer un ptit coup la table d’à-côté.

Tiens ta bestiole, tu veux ?

Que jbalance. Pis après j’joue avec le briquet. Toujours l’même. Chopé c’matin sur les docks à un mec bizarre qui r’ssemblait comme deux gouttes d’eau au r’gretté commandant Tasseur tel que j’imagine qu’il aurait vieilli si un mec pareil était capable de vieillir. C’bon vieux Jemthro. C’bon vieux temps où j’martyrisais du révo pour le gouvernement. Hin. Bref. Le briquet. C’est un briquet qu’a une histoire, jsuis sûr, avec ses deux bottes de cavalier gravées sur le côté. Oui c’moche, mais jme dis d’un coup qu’ça a dû avoir une signification soit pour le mec qui les a fait incruster, soit pour celui même qui les a incrustées. Ptet même c’était l’même. Et puis ensuite il a changé d’main.

Une fois, deux fois, trois fois. Au fils, au frère, au fils du frère, à son fils après lui. Ouais, autant qu’ça. Y a plein d’générations jsuis sûr qu’s’sont transmises d’puis sa naissance c’briquet tout poli par les embruns c’est magnifique. Et ça m’laisse songeur. Et jsonge tell’ment qu’j’en oublie Jack et que j’me rappelle le temps qu’est passé d’puis l’année dernière. Les Saigneurs, tout ça. Et jremonte jusqu’au début, jusqu’à la formation d’la fine équipe au large d’ici-même sur l’Ecume qu’était alors l’Milicien. Et ça, ça m’fait r’partir avant, jusqu’à Goa carrément où j’ai croisé l’ptit Sans Honneur. L’casse donc, puis Gharr Hadoc, puis les cales du Passeur. Et jcontinue dans l’sens normal à partir de là. Après les cales du Passeur, y a eu… y a eu c’gamin et c’t’île chelou d’South sur laquelle jsuis arrivé après… après avoir buté c’type. C’type qu’m’avait lâché une peluche en forme d’rossignol, cadeau d’anniversaire d’un Edouard Désiré y paraissait. Peluche qui m’avait pété à la gueule. Enfin qu’avait pété à la gueule du type, plutôt. J’aime pas les cadeaux, jsais pas quand jsuis né. J’allais pas accepter.

Même pas ma mère le savait, quand jsuis né. Alors m’fêter mon annif quarante berges après, c’pas la plus crédible des idées aussi. Pis un rossignol, franchement… Quel con c’t’Edouard Désiré. Rossignol… Edouard… Désiré. Attends voir. Merde. C’l’sun qui tapote méchant ? L’anis avec l’quel z’ont coupé l’rhum ? Ou…

Red, petite enflure.

Jsens un fin sourire qui m’vient. J’jappe vers un serveur, qu’nous apporte une quatrième boutanche par habitude. J’la prends, sûr, mais jlui d’mande aussi la date. Bizarr’ment y s’sent obligé d’me répondre. On est fin 1623, qu’y nous dit. Et jsouris encore. J’ai l’pressentiment. Le. C’ui qui t’dit qu’y va s’passer un truc pack’ c’est l’seul moment où y peut encore s’en passer un. C’ui qu’tu sais. Tu sais. Et jdis à Jack.

T’voulais du fun avant d’partir, hein ?


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Terrasse et soleil. Posé. Ossé. Pas un chat. Juste Tahar, le monde, et moi.

Et l'singe. Salop'rie d'singe.

Mais j'l'oublie comme j'en parle. C'te merde d'bestiaux. Parce que là, j'suis bien. Longtemps qu'j'ai pas pu profiter du calme. Du plaisir de rien foutre. Plaisir que je meuble toujours d'la même façon. En musclant l'poignet. En crevant d'la 'teille. Ouais... j'dois bien l'dire. J'suis totalement flingué. Pas à l'arrache. Juste même mes ongles sont bourrés. Tous les morceaux d'ma carcasse, sans exception. Ivres. Héhéhé. héhé. hé. héhéhéhé. Impossible d'laisser un verre vide quand l'temps s'tue seul. Et puis... C'est bon d'plus être soi. Ou moi. 'fin. voilà quoi.

Si y a pas d'solution, c'est qu'y a pas d'problèmes.

Qu'je bave au Cap'. J'ai fait gaffe à pas trop trainé ma labial. 'Stoire de bien présenter. Comme y pointe le r'gard, j'explicite.

Tout ça, c'est affaire d'putain d'standard. Fais pas ci, fais pas ça. Boire rend con, fumer tue, la violence c'est mal. Conneries. R'garde moi, j'men sors. Des problèmes? mauvaise question. Des solutions? sûrement pas. Pas d'problème donc.

J'vide mon verre pour mieux l'remplir.

La logique même, Cap'. La logique même.

Dans l'lointain, l'soleil commence à descendre. Gentiment. Tahar reste tranquille. Il écoute, sans trop répondre. P't'être y s'dit un truc genre "Jack tu racontes vraiment d'la merde". P't'être y pense à d'autres choses. Une mignonne? Un vilain? Sa madre? ... Mhhh. Pour c'que j'commence à l'connaitre, j'dirais qu'y pense à lui. En tout cas, j'ferais ça à sa place si moi-même j'étais lui comme il semble l'être. ... Attends... J'ai rien compris là. Si j'arrive plus à comprendre c'que j'pense. Suis pas dans la merde...

J'plisse les mires, pour m'introspecter. Voir mieux dans moi. Mais y fait nébuleux dans Jack. Jack est une énigme, même pour lui. C'est beau. Vraiment.

Tiens ta bestiole, tu veux ?

Hm? Bestiole? Arf ouais. Un geste de paume et l'singe Anthrax se barre. A coup d'cris dégueulasses. Et ses yeux méchants qu'nous matent, à préparer un sale coup. Tsss.. Sale bête. J'pige toujours pas pourquoi j'le garde. Fais chier tout l'monde. Sert à rien. L'est super moche ne plus. A foutre les boules, vraiment. Plus. Son éducation, l'est d'jà faite. C'trop tard. L'animal est pourri jusqu'à la moelle. Alors, le t'nir ?

J'avais un pote comme ça... Joey Tsar, s'appelait. L'avait aussi un bestiaux. Type singe. Macaque. Lému ou bien ? J'sais plus. Et c'est pas l'important. C'qui compte, dans c'te histoire, c'est que Joey il tannait son singe. A gros coup d'patates. La bête kiffait pas. Vraiment pas. Et ça servait à qu'dalle. J'avais honte pour l'Joey. J'avais pitié pour l'singe. Alors même si Anthrax est possiblement la créature la plus détestable qu'cet océan ai porté, hormis p't'être d'autres, que j'connais pas encore, ben... arf... j'ai perdu l'fil. La faute au singe. Sale singe. J'm'en vais lui r'tourner un claque tiens. ... ...

Il l'a évitée. Bien joué l'singe.

L'tint'ment d'un briquet m'sort d'ma tête dédalesque. D'mes mots kafkaiens, qu'j'sais pas c'que ça veut dire mais qu'l'auteur aime comment ça sonne. J'en r'viens à la douce brise marine. Sur c'te terrasse trop vide. Qu'j'm'attent à voir arriver les condé' à tous moments. Et Tahar, pépère, qu'joue avec le feu. J'en profite pour sortir une tige. Le briquet clinque à nouveau. Le bout d'la tubulite à cancer crisse. S'consume, dans l'bruit qu'j'aime l'plus au monde. J'fais mine au serveur paniqué d'ram'ner la petite sœur.

Red, petite enflure.

Hein, quoi? Qui une enflure? Quelle p'tite enflure? Y broucouille ici. On est seul comme des cormorans au hammam.

T’voulais du fun avant d’partir, hein ?

D'fun? Du fun? Y craque ou quoi, l'Cap'! Y gamberge comme un rufion!? Non mais! Du fun! Après ça? Faut voir à pas prendre Jack pour un poire! Parce que Jack, c'est pas un gentil, comme ça. Pas une paillasse. T'vas voir l'fun "CAP' "! T'crois quoi? Qu'j'suis sourd, con ou demeuré? D'un bond, j'me lève, choppe la teille à table. La pète sur l'dossier d'chaise! Et check l'autre qui' s'fout d'moi! Le tesson pointé vers sa gorge.

Attends attends, CAP' ! C'est moi qu'tu traites d'enflure ?!!

Y m'regarde, avec les mires du doute. Antrhax gueule, veut voir du sang. Et j'doute aussi, un peu. L'air a changé non? Ou c'est la position debout qui m'donne des vertiges? Hein?! Réponds! Ouais toi!
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-J'comprends pas pourquoi c'est toi qu'a tout le fric, on devrait partager maintenant...
-L'a tout le fric parce que trop con et pis c'est tout, si on te le donnait t'irait direct acheter des capsules et tu serais tellement défoncé qu'on pourrait même pas te trainer jusqu'ici !
-Réfléchis idiot, j'ai deux millions et on est trois, comment tu veux partages deux en trois hein ? Faut d'abord qu'on bute ce type, et le mec nous en donnera quatre de plus, et la ça fera six et on pourra partager. Tu comprends ?
-Euh, pas tout chef, depuis ce matin j'ai mal au crane, je crois que je suis malade...
-C'est pour ça que c'est moi le chef. Allez, tu reprends une pilule et on se concentre...

Sur un toit à une cinquantaine de mètres de la terrasse ou Tahar et Jack luttent pied à pied et perdent doucement leur combat contre le soleil et le mauvais alcool, trois types sont visiblement en train de préparer un mauvais coup. Un très mauvais coup vu l'arsenal qu'ils viennent de déballer...une impressionnante quantité d'armes à feu, pistolets, tromblons, et surtout deux de ces lances grenades portatifs que la marine d'élite affectionne pour ces opérations de nettoyage, simples fusils surdimensionnés capable d'expédier une grenade à main à une centaine de mètres, le tout accompagné d'une dizaine de grenades...
Les trois hommes ont l'air louche qu'on assimile directement aux types en marge de la loi. Et pour cause, Pick, Puck et Pock sont trois des tueurs les moins cher et les plus brutaux d'Hinu Town. Pour peu qu'on leur fournisse de quoi acheter de nouvelles doses de leur poison favori ils sont prêts à faire sauter n'importe quoi, ou n'importe qui. Pour l'instant les trois hommes ont l'air à cran, sur les nerfs, et leur maigreur comme leurs gestes tremblants et un peu trop rapides et retenus les classent immédiatement dans la catégorie des utilisateurs abusifs de meth, cette drogue tiré de la distillation du poisson corail qui donne à ces consommateurs l’impression que tout ralentit autour d'eux. Les bandits de toutes sortes l'adorent.

Pick, Puck et Pock:
Spoiler:

-Pick ? Ils ont pas bougés ?
-Non c'est bon, ils sont toujours au bar, juste à portée.
-Alors on va s'faire de l'argent et des pilules faciles, Pock, prend le deuxième lanceur, on va leur balancer direct deux grenades dans la tronche, ça devrait suffire à les éparpiller partout.
-Je l'ai Puck, à cette distance c'est du gâteau, je parie que je peux l'envoyer direct dans leur cendrier.
-Chope déjà la table, ça devrait suffire..
-Y'a le deuxième qui s’est levé.
-Rien à foutre, on est payé que pour l'autre. Prêts ?

Puck étale le matos devant lui, chope deux des grenades, celles qui sont peintes en rouge sur demande express du client. Il les allume toutes les deux avant de les glisser dans les lanceurs de Pick et Pock. Deux détonations plus tard et les deux projectiles filent en sifflant vers leur cible qu'ils atteignent une seconde avant d'exploser. Enfin qu'ils atteignent. Pas évident de viser juste quand on est en manque. Conséquence directe de ce défaut de préparation, la première grenade atterrit dans un joli bassin à carpes juste à coté de la terrasse, et l'autre va rouler dans le bar par la porte ouverte. Goal !

Une seconde plus tard la première explosion disperse des carpes obèses de la flotte et des tripes de poissons sur toute la terrasse façon pluie divine, pendant que la deuxième est précédée d'une meute de servantes hurlantes et apeurées évacuant le bar à toute vitesse tout en poussant des hurlements stridents...

Comme on dit, c'est l'intention qui compte !

    Puutaaiinn, ces jeunes à qui l’alcool montent à la tête rapid’…

    R’pose ce tesson imbécile, t’vas t’blesser.

    Jdis ça mais en fait j’ai l’même regard qu’le Jacky, probabl’ment. C’ui où y a l’étincelle qu’met l’feu aux poudres. Euphémisme pour dire qu’j’ai déjà oublié l’affaire du Red et qu’si c’corniaud en face a pris mes phrases comme de la provoc’, ben on va suivre le train, lui casser l’crâne, et lui expliquer après qu’c’était une méprise. Manière de. On s’est jamais vraiment expliqués aussi, lui et moi. C’est l’occasion. L’occaz d’voir si on est vraiment compatibles. Avant Grand Line. Important qu’un Captain et son S’cond soient sur la même longueur d’onde avant d’mettre le pied dans la pire nasse de connards qu’y ait sur l’globe, pas vrai ? Enfin… la seconde pire nasse de connards, ptet, avant l’Nouveau Monde. Mais j’y suis jamais tété là-bas, alors bon, alors voilà. Et l’corps à corps reste encore et toujours le moyen d’tester si c’est l’cas.

    J’me quille aussi, donc. S’mettre à hauteur, règle de base pour les foutages dessus amicaux. C’pas comme si j’allais lui péter la rate juste en m’rel’vant, ça s’fait pas ça. Ou ça s’fait mais pas à Jack. Mérite mieux. Là, jsuis d’bout. Un peu titubant. Faut croire qu’ptet mon stomacal ’tait un peu trop à vide. Jdevrais écouter la Hope plus souvent. Grailler avant d’boire. Ou l’doc. Prendre une pilule magique avant. Mais j’aime pas écouter les gens. J’prends appui sur la table.

    T’sais quoi, mon Jack ?

    Non, moi non plus jsais pas en fait. J’ai l’temps d’me dire qu’j’ai dépassé mon seuil d’tolérance puisqu’ j’raconte des conneries, et qu’c’tait pas arrivé d’puis longtemps. J’ai l’temps d’me dire qu’c’est putain d’rare et j’en aurais presque un ptit fronc’ment d’zygomatiques parce qu’tout c’qu’est rare est précieux. Et puis.

    Et puis y a une ptite boîte rouge qu’nous r’bondit à deux pas puis plouf. Et une s’conde qui court qui court jusqu’à entrer dans l’boui-boui et s’échanger cont’ toute la floppée d’serveurs et serveuses et patrons et patronnes qui s’trouvaient à l’intérieur. Mine de rien ça fait du peuple, plus que jpensais.

    Mais ça j’ai pas l’temps d’y penser. La première boîte fait boum. Ou plutôt bloumf à cause de la flotte. Et une carpe m’atterrit dans la gueule. Jviens d’me faire slaper par une grenade avec une putain d’carpe ! Nan mais tu le crois, ça !? Quand j’me r’lève à nouveau. Packe jsuis r’tombé, ouais, sous l’choc et l’souffle. Quand j’me r’lève à nouveau, jvois plus le Jack. Faut dire qu’la deuxième machine a fait boum aussi. Mais là un gros boum. Genre l’bâtiment l’est kaput, en flammes et tout, pis s’casse la gueule un peu. Un des murs porteurs ou piliers d’soutien qu’a dû s’faire toucher.

    Mais bref y a d’la fumée et des cris comme à la guerre et on est séparés. Comme à la guerre.

    Jpourrais app’ler. Jack. Voir où il est. Mais quand une bataille commence sans qu’j’ai cherché, y a deux réflexes que j’ai. L’premier c’est d’me barrer, d’quitter tout c’qui menace d’se casser la gueule. Ca c’est humain, et paraît qu’j’ai encore un ptit côté humain aux tréfonds d’moi-même. La peur du gens d’armes ? Nan. Mais celle du fronton qui s’abat sur toi et tes fringues neuves, ouais.

    Et l’second ? L’second c’est d’trouver l’empaffé qu’a commencé l’bordel quand c’est pas moi. Pour faire connaissance. C’est important d’se montrer social. D’chercher à s’faire des potes.

    Mais là chais que jme f’rai pas des potes. Même si jsuis encore un peu sourdingue mon cerveau pas primal s’est r’mis à en branler quelques unes. Des idées. Et il a pensé. Il a r’pensé au Red. A la fin d’l’année qu’on est d’dans. Au rouge des boîtes qu’ont fait boum. Et y sait qu’c’pas des gentils qu’sont quelqu’part par là-bas d’où les grenades ont dû partir. Juste des tueurs.

    Des tueurs d’anniversaire. Comme des clowns, mais en plus drôles.

    Ah, y a un truc qu’a brillé là-bas, là-haut. Des lunettes ? J’l’ai rêvé ? J’l’ai ptet rêvé.

    Nàfout. Jme s’coue. L’bruit, l’stress et l’alcool ça fait mauvais mélange. Mais à c’mauvais mélange y a deux issues : la migraine, et ça c’est quand t’es pas habitué, et la décuv’ temporaire, pour quand t’es une outre. Du coup j’me s’coue et c’est parti, jsuis prêt à chasser. Tête claire, ou presque, et instinct r’trouvé. Ou presque. Un chasseur avec son instinct à plein aurait ptet pas monté les marches quatre à quatre jusqu’en haut du mur où s’trouvaient les trois connards, avisé l’premier des tordus maquillés en manque, et foncé sur lui malgré l’engin qu’il avait à la main et les quinze toises de course pour l’atteindre.


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    BOUM!


    BOUM!


    Et
    TADOUM!


    Partout ça pète. J'pige queud. Du bruit. D'la flotte aussi. Du gravas dans la tronche. Puis les flammes. Dans l'bar. Et les cris. L'petit personnel qui s'cavale. Plus ou moins entier. Moi? Un truc m'a filé dans la gueule. Droit dans l'arcade. J'crois. J'vois rouge. Au propre. L'sang s'écoule sur mes mires. Pour s'faire laver. Parc'que l'apesanteur qui m'tenait disparait. Laisse place à l'étouff'ment. L'manque d'air. Un temps d'suspend. Une bon bain.

    Je brasse réflexe, et sors la tronche de l'eau. Du bassin. Dehors, c'est toujours le chaos. Apaisé, ouais, mais y a d'la casse. S'est passé quoi, tidju? Sont passé où? Dernier truc qu'j'me souviens... verre... verre... soleil... autre verre... Tahar... J'reviens d'ssus. L'embrouille! Pourquoi? Sais plus. Pas moyen d'rev'nir dessus. Un truc à la con. Important sûr'ment. On s'serait battu? Crevant l'endroit... Mystère. Et avec l'Cap' a disparu, impossible d'savoir l'comment du peut-être.

    Les odeurs d'flambe m'prennent le pif. Direct. C'est pas notre œuvre, ça. Pas not'genre... 'Fin, p't'être sur la conséquence, pas sur la manière. Si pas nous ... qui? La mouette? Jouable. Mais pas trop leur genre non plus. Ou alors d'autres pirates. Des rivaux. Ça colle mieux. Et ça m'arrange. Avec les copains hors-la-loi, on a rar'ment des r'mords. Héhé. Alors, alors. Alors après l'pif, j'mobilise les pavillons. L'endroit reste calmos, une fois passée la tempête. Juste ce bruit d'cassage. Au loin. On passe aux mires. Direct, aux aguets, vers la source d'ramdam. Poussière au loin. Poussière qui grossit, qui enfle, qu'avance. Droit sur c'te gros bâtiment haut. Assez haut qu'pour en balancer des crasses. Bingo.

    J'sais pas qui. Ni quoi. J'sais queud. Mais s'il y a du zig à sale tronche par là-haut... Ça va pas être beau. Oh ça non. L'aprem était bonne. On nous a cramé l'apéro. Crime infect. Charlatan. Rancœur. Et c'est pas c'te écharpille dans ma tronche qu'va m'empêcher d'distribuer des pains mortuaires dans la douce lumière du Grand Clinquant. Nop Monsieur. Au contraire j'en frétille. J'en bondis. Hardi. Boosté. L'panard leste, la course assurée. Droit vers la maxi-batisse. en espérant y trouver que'qu'chose. Héhé. Faites que j'trouve. Ca f'ra du bien, après la grimpette.

    Hé Hé

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    Pick, Puck et Pock sont sur un toit, planqués derriére le parapet, et ils matent avec le regard émerveillé de l'enfant devant son premier sapin de noël les dégâts que leurs bombes ont causés un peu plus loin. Puis Tahar et Jack passent en mode contre attaque et la joie se teinte d'un soupçon de consternation incrédule.

    -Merde on les a loupés...
    -Oh non ils arrivent !
    -Rechargez vite vite !

    Pendant quelques secondes c'est la panique sur la terrasse. Pick et Pock tournent en rond en gesticulant et en agitant les bras comme des poulets décapités à la recherche d'une issue pendant Puck leur court après en distribuant des beignes, heureusement l'imminence du danger calme net les trois loubards. Et quand le bruit de la porte qu'on fracasse à coups de pieds leur parvient du rez de chaussée, les trois hommes se jettent à nouveau sur leurs armes.

    Le temps de monter trois étages en courant et en traversant les obstacles et Tahar déboule à son tour sur le toit, précédé d'un mètre par la derniére porte rencontrée sur sa route. Passant de la pénombre de la baraque à la clarté ensoleillé de la journée il marque un temps de pause pour repérer sa cible, repère Pock et lui fonce dessus. Et le Pock acculé fait la seule chose à faire, il braque son canon à main sur le capitaine pirate et lui expédie une grenade en plein dans le bide, stoppant net son élan. Et la drogue ayant totalement écrasé son instinct de survie il s'empresse de pécher une deuxième grenade pour recharger aussi vite que possible au lieu de chercher à foutre le camp.

    Un poil moins atteint les deux autres tueurs savent eux très bien que la distance de sécurité minimale est d'au moins dix mètres et que la grenade va exploser juste devant la porte, abandonnant sans remord le plus fondu du groupe ils foutent donc le camp par la seule issue qu'ils ont encore et sautent de la terrasse en visant le drapé de la boutique de souvenirs trois étages plus bas. Non sans croiser jack au passage qui lui suit le chemin inverse et est train d'escalader la façade à leur rencontre. Ne levant la tête que pour assister au passage des deux amateurs de chute libre qui ont quand même le temps de lui glisser un mot et un cadeau qui fait boum au passage.

    -Sucker !
    -Fire in the hall !
      Ploum.

      Quatre.

      C’est pas très r’présentatif comme onomatopée. Ploum. Mais c’est l’bruit qu’j’entends quand la mini-bombe et moi on fait connaissance. J’m’arrête net. Pas à cause d’la puissance du jet. Un lance-grenades c’bourrin mais pas pire qu’un coup d’boule de méga-ramier. Pas à cause d’la tête d’ahuri qu’fait l’camé qui m’a snipé, là-bas à cinq toises d’moi pendant qu’ses potes s’font la malle en jouant les filles de l’air. Pas à cause du s’cond tir qu’il ajuste et prend au lieu d’se barrer aussi, m’lattant les dents et m’offrant l’titre de premier gars au monde à avoir arrêté une grenade en l’avalant. Non.

      Trois.

      A cause que j’vais mourir.

      Deux.

      C’est brutal. J’ai d’jà pensé pas mal d’fois à c’moment. M’disant que j’craignais pas. Et jcrains pas. Mais jpensais qu’j’aurais un peu d’temps pour penser. Qu’j’agonis’rais en m’vidant d’mon sang dans un fossé. Qu’mon foie lâcherait et qu’j’aurais l’temps d’souffrir. Mais là même pas. Jsais c’que ça fait une explosion. J’ai déjà vu. Déjà fait ’xploser des gens. Tu souffres pas. T’es là. Et après t’es plus là.

      Un.

      Après t’es partout. Après l’compte à rebours. Quatre, trois, deux, un.

      Fini.



      J’ai pas eu mal.

      J’ai pas mal.

      Jsuis partout.

      Jvois tout.

      Jvois. Jvois pas vraiment.

      C’est curieux. Jvois pas avec des yeux. Mais jsens.

      Jsens qu’jsuis au plafond. Un peu. Qu’jsuis sur l’sol. Beaucoup. Sur les murs. Pas mal.

      En train d’dégouliner aux quatre coins d’la porte que j’viens de défoncer pour accéder au toit. Dans l’escalier en train d’couler vers l’étage inférieur. En train d’pleuvoir un peu partout. Sur les deux glands qui fuient. Sur le sable de la terrasse du bar en bas.

      Mêlé aux morceaux d’chairs du camé qu’était resté près d’moi.

      Jsens et jpense. Jpense et jsens.

      Jsouris pas. J’ai une conscience et si j’pouvais j’sourirais. C’est drôle la mort, vu comme ça. Mais j’ai pas d’bouche. Ma bouche est partout. Comme mes yeux. Et tout est rouge. Tout est rouge partout. J’ai pas d’œil mais jvois les couleurs. La couleur. Rouge. Tout rouge. Là. Là. Et là.

      J’entends aussi. J’entends Jack qui gueule. J’entends Boum encore.

      Jack aussi est rouge. Il est pas mort mais il est rouge. Jsais packe j’le sens. L’sens-vois.

      Il est rouge comme le camé partout à côté d’moi. Sauf que lui est mort. Lui j’le sens plus.

      Probablement qu’lui y sourirait pas. S’il avait une bouche.

      Pourtant c’est fendard la mort, vu comme ça.


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      Bouffées d'chaleur. Envie d'gerber. Tronche qui manège, en rond en rond. Et j'sue. Abondamment. Comme un rosse en cloque. Qui s'mange son état. Mon état, l'mien, de moi, est lattant. Rien à voir avec un chiard dans l'bidon. Mon état. C'lui d'un trop. Trop d'murge, d'surprises, d'chaleurs, en trop peu d'temps. Trop d'énergie, qu'j'me dit. J'ai démarré en trombe. Mode dragster. Sans échauff'ment autre qu'le pruneau pris sur la tronche. C'tait un peu peu. Insuffisant. Pour une prépa. J'en souffre. J'suis dans un aut' monde. Comme spectateur. Ma tronche s'est distancié, mon corps idem. En fait, j'sais pas vraiment quoi. Pourquoi? Quid d'l'histoire. C'est ...

      C'est grisant putain. Comme suivre un destin, sans savoir où y t'mène. Sachant qu'il t'y mène. Découvrir ta propre vie, mais sans la faire. ... Hm. Arf. Me perds. Pas oublier. J'ai des choses à casser. Un corps à venger. Et j'approche. Tout droit. Devant. L'masta truc vers l'quel pointait l'Cap'. Les cassages d'son sillage. Y s'dresse. Haut. Gros. Et sans porte d'entrée, à première mire. M'en fout. Ça a jamais été l'plan. Profitant d'l'élan, j'enjambe. Déjambe, à la dégourdi. Et bondis. Pour passer les fond'ments. Direction premier, coté façade. L'appui d'fenêtre est grippé facile, et j'commence l’ascension. J'ai l'singlet qui ruisselle. J'exhale la gnôle. Par la peau mec!

      Les étages défilent. Ascension impossible? Facile pour Jack. L'objectif est tout près. Les toits s'rapprochent. En fait, c'est plutôt moi. Qui m'rapproche des toits. Mais DOUM!

      Et re DOUM!

      Ca vient des hauteurs! Ça vient des toits! Et sans avoir les pavillons surpuissants, j'croie avoir griller aut'chose. Des sons bonus. Plus vrais. Comme du gluant. Comme d'la chair, qui s'répand. Qui s'éclate. Du dégat. Ça sonne comme un requiem. L'soleil est toujours haut. Mais j'tente la percée oculaire. La mire au cieux. Pas l'temps d'vraiment griller. Deux trucs tombent ?!? Des piafs? Y m'passent. Des mecs?!
      J'grille pas. Les gus vont s'écraser. Crever l'dallage. Y m'mirent. Braquent un truc. Ploup. Que ça fait.

      La f'nêtre, un pied sous moi, vole en morceau. A peine elle l'sonne qu'une gerbe d'flamme m'lèche la gueule. Un fracas d'truc m'défonce. J'décroche. Un peu. M'laisse porter, par l'souffle. L'brulânt sur l'torse, l'soleil dans l'dos. C't'un instant long. Long comme un battement d'cils. Qui battent. J'reviens. J'capte un gros trou dans la bâtisse. Coté façade. Qui crame. Gentiment. Moi. L'souffle m'a envoyé valser. Vers les nuages. J'mire aussi. Le toit. Couleur crématoire. Tapissé. J'déglutis. C'est vraiment pas joli. Ceux qu'étaient là sont plus. Ceux qu'étaient là... qui ? Les restes ci et là, indiquent deux trucs. Rien d'bon. 1. Y a trop d'mains, pieds, pour une seule âme. 2. Le kra-morceau d'costume rouge, j'le connais. Très bien. C'est à Tahar.

      L'Cap' est mort? ...

      Merde. J'ai oublié la chute. J'm'écrase violent sur l'toit. Traverse presque les plafonds. Mon corps m'en veut même plus. Y proteste plus. L'mal est là. Mais on s'habitue. Par contre, mes mires, elles, s'délectent. J'ai vu pleine sur l'carnage. M'relève, grattant ça et les croutes d'sang et d'chiasses sur ma trogne. Un coup d'oeil par d'ssus bord. En bas, Les deux gus, flingués. Immobiles et encastrés dans l'pavé. ... Alors quoi? Tout l'monde est mort? Sauf Jack? J'devrais être content, mais non. Non en fait parce qu'un truc cloche. La mort du Cap'. J'suis p't'être ravagé d'la tête, mais voilà, c'que je sens j'le sang. Et l'Cap' est pas loin. Lui ou autre chose. De lui. Cette vieille impression dans l'air. C'te truc malveillant et j'm'en-foutiste. Propre à lui, au chien fou. C'est là, tout autours. ...

      Hm.

      J'allume un clope.
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      Plus rien qui bouge.

      Plus rien qui putain d’bouge. Ni mes oreilles là-bas. Ni mes jambes dans la cour. Ni mon bide sur les marches.

      Rien. Suis dev’nu une flaque. Une flaque d’sang immobile qu’la gravité fait plus bouger.

      Fixes, les gouttes sur l’balcon. Fixes, les gouttes sur l’toit. Fixes, les gouttes épongées par l’sable.

      Fixes.

      Jamais été aussi serein d’toute mon existence. Même Jack qui m’marche sur l’fluide et les cendres d’son clope qui s’y mélangent m’atteignent pas. Me perturbent pas. J’sens mais j’sens ailleurs. J’suis partout et nulle part.

      J’suis l’sang. Mon sang. Son sang et l’tien.

      J’suis Tahar Tahgel, roi d’la mort-vie, seul vivant parmi les déjà-morts.

      La Mort a posé sa main sur mon épaule, m’a fait démon. M’a fait son Faucheur. Officiel.

      Héhé.

      J’ai en tête une image de statue super glauque qui rendrait super bien. Faut qu’je note cette idée pour.

      Bavé, j’ai bavé. Ri. Sardonique. -ment. Comme d’hab. Et j’ai entendu. Comme avant. Avant d’me mettre à tout sentir, à êt’ partout, à êt’ nulle part. L’son résonne dans l’air, chatouille les feuilles de Jack qu’en laisse tomber son mégot sur ma nouille. Ca m’atteint pas. Heureusement. J’lui pardonne. Et’ magnanime, c’est une bonne qualité pour un chef.

      Salut Jack.

      J’m’amuse. Jfais des essais. D’sonorisation. Des vocalises. J’ai pas encore récup ma vraie voix. Mais ça r’vient. Salut Jack, que jdis. Ca baigne ? J’rajoute. T’as vu un peu ? J’l’apostrophe. Tu m’marches dessus. J’le fais marcher. Pis ça y est. Jsonne comme moi-même. Jsonne comme l’chien qu’y connaît. L’chien fou. Et Jack y croit, y croit pas. Y croit peu.

      S’gratte l’occiput.

      Jdécide d’lui montrer. D’me montrer. Qu’c’est bien pas fini. Qu’jsuis bien mort mais vivant. Saignant, Saigné, Saigneur.

      Seigneur.

      J’essaie d’trouver la tech’ magique. Pour rapp’ler à moi toutes mes parties. D’puis celle qu’est tombée l’plus bas jusqu’à celle qu’a volé l’plus haut. J’galère. Un peu. J’grogne. Jack m’cherche du r’gard. Nope mon bon, suis pas planqué dans les murs. Héhé. Pis y s’fige. R’marque un truc. La flaque s’fixe. Comme caillée. Pis s’agite. Tremblote. Comme un lac gratté par un trembl’ment d’terre. Faut aller sur RedLine pour voir ça. Mais là on est pas sur RedLine.

      Là on est à HinuTown. Sur un toit. Au-d’ssus d’une terrasse. A côté d’un bar. En ruines.

      Les survivants aussi s’figent. Y a qu’le temps qui s’fige pas. Et l’sang. Et moi.

      Y pleut. Mais à l’envers. Et rouge. Les gouttes r’montent. R’montent vers l’toit. Où jsuis. Un peu. Informe.

      C’est comme respirer en fait. Les tissus d’la poitrine qui s’tendent quand t’inspires. T’inspires. Et t’inspires encore.

      Informe au début. Informe au milieu. Informe à la fin.

      Même les fringues sont r’venues. Ah non.

      Salut Jack, la pêche ?

      J’sais pas toi mais moi je pète la forme. Ptet bien qu’j’ai pris du sang qu’était pas à moi au passage. Ca m’gonfle la personnalité. L’Johnson aussi, sorry. Les à-côtés d’la vie. T’as vu pire, hein. T’as vu mieux. T’inquiète, y a des rideaux au s’cond. Vais m’enturbanner. Tahar en toge. A l’antique. La classe. Avec pour seul équipement sa bite et son couteau.

      Viens là mon couteau, d’ailleurs. Jvois qu’t’as survécu à l’explosion. T’es bien un sabre spécial toi, hein. Narny. Faudra qu’jcreuse d’ton côté. Voir c’que jtrouve. Voir c’que jtrouve pas. Et.

      Et soudain, en prov’nance de l’autre côté d’la ville, une clameur. Qui vient. Une clameur qu’pourrait être n’importe quoi.

      N’importe quoi, jprends. Jprends encore plus qu’d’habitude. J’me sens immortel.


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      Dernière édition par Tahar Tahgel le Mer 11 Juil 2012 - 19:10, édité 1 fois
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      J'ai fait tomber ma cibiche, quand j'ai entendu des voix. La clope s'est douc'ment viandé sur l'sol taché. Et moi, j'tais tétanisé. Les s'condes ont passé. Mais, j'suis toujours là, debout. Immobile. Et j'me d'mande, bordel qu'est-ce qui s'putain d'passe? C'est que c'est pas commun. Entendre des voix. Ou une voix plutôt. Qui change. Qui vient d'loin, pour s'préciser d'plus en plus. Pour sonner d'plus en plus comme du connu. Comme...

      Comme Tahar. Aussi dingue qu'ça semble, c'est l'cas. Alors quoi... t'es pas mort? Au vu d'tes trippes éparpillées ça et là, tu l'es sérieusement. Difficile d'en douter. Mais voilà, d'puis qu'j'ai foutu l'pied sur c'te toit du carnage, j'suis plus trop sûr de rien. P't'être qu'en fin d'compte, y a un truc. Après la mort. Mais qu'dans c'truc, y voulais pas d'feu, l'Cap'. Qu'son nom était pas sur la liste. Alors l'voilà, sous forme d'esprit. Qu'traine sur l'monde. Pour hanter ceux qui ... ... Pour hanter qui? L'bougre compte ses massacres avec un boulier. Un tourmenteur pro'. Qui r'vienne faire chier les vivants... Ce s'rait l'hopital qui se fout d'la charité.

      Et la voix r'vient! Sonne, à nouveau. Plus précise. Sans qu'puisse vraiment en trouver la source. Mais par contre, j'viens d'l'entendre, c'est sûr. Et elle m'a appelée par mon nom. Jack. Elle tourne ici, autours. Elle me cherche. Elle se cherche aussi. Pour s'préciser. Mon impression était la bonne. L'timbre s'est stabilisé. L'timbre du Chien Fou. R'venu d'entre les morts, pour un raison inconnue. Une histoire d'Karma, p't'être. Mais il est là. Pas loin. J'scrute, cherchant à voir s'y m'fait pas juste une mauvaise blague. S'il est pas juste planqué derrière un buisson. ... Non. Rien qu'à l'formuler, ça sonne abscons. Et j'tique. J'capte un truc, sans en croire mes mires. Au sol, du sang s'met à bouger. Une flaque d'abord, petit, qui... se fige. Puis r'mue. Coule, le long du dallage. R'jointe par d'autres gouttes vermeils. Elles suivent, fusionnent. Pour s'dresser, comme une fontaine. Mais à l'envers. J't'avoue, j'sais pas trop quoi. C'est pas commun d'voir ça. Pas commun et pas croyable.

      J'ai bu. Et ma trogne à jamais été un exemple d'équilibre. Mais j'sais différencier d'l'halu' psychotrope, et l'vrai. Ici, c'est du vrai. Les kra-restes humains qui meublaient l'endroit convergent. Vers un même point. Sans laisser d'trace. Pas le moindre. La mandibule en suspend, j'observe, sans savoir quoi faire. Sans savoir quoi croire. Parce là, d'vant moi, d'vant mes mires incrédules s'forme un amas sanglant. Amas qu'a sérieusement la carrure à Tahar. Sérieusement sa tronche aussi. L'rougeâtre s'estompe. Plus d'doute à avoir. C'est l'Cap' qui m'fait face. Droit. Et nu. Mais vivant. J'arrive à fermer ma bouche béante. Et j'allume une nouvelle tige. Faut bien ça, pour penser. S'remettre.

      Deux bouffées plus loin, j'prend mon courage à deux pattes. Et j'ose un nouveau r'gard vers l'mort-vivant. J'commence à capter la bête. Y va vouloir s'la jouer mystère. Pour préserver l'panache, enrobé d'crainte.

      Salut Jack, la pêche ?

      Son visage s'est fendu d'une expression vach'ment satisfaire, quand il a bavé ça. Une banalité, d'entrée, pour faire d'l'extraordinaire du banal. D'la normalité. Pour faire genre héhé. Sacré Tahar. Et comme j'suis plutôt retord, j'lui laisse pas la satisfaction. Celle d'savoir plus que les autres. Alors j'demande pas. J'affirme.

      Même là-bas, y voulaient pas d'toi... J'imagine que j'vais d'voir me coltiner ta tronche encore quelques temps.


      Il laisse échapper c'te rire qu'on sait pas c'qu'il augure. N'sorte de grinc'ment d'dents et d'lèvres. Au pas d'porte d'la folie. Puis, r'marquant l'vent qui lui caresse l'engin, s'trouve d'quoi masquer son impudeur. Une fois tojé, il s'arme. Il est prêt à r'vivre, faut croire. Et comme l'destin est parfois fort sympa, il fait un appel. Là-bas, dans ces quartiers qu'doivent être pleins, bondés, du bruit s'fait entendre. Des clameurs. Des ennuies. Autant dire, l'appel de la ravache. J'le sens. Tahar aussi. Y a des problèmes à trouver, dans c'coin au loin. Et on va aller y faire un tour. Parce que on est comme ça.

      Puis, ça m'permettra p't'être d'piger c'qu'est d'venu Tahar. Un sorte de spectre? Un monstre? En envoyé d'la mort en personne? Ou juste un clodo d'l'au-delà. Un sdf du trépas..
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        Quand on atteint un certain niveau de maitrise tactique et d'expérience du commandement, tout les lieux deviennent des poste de commandement parfait. Le vice amiral Eustache Barnabé de Mont-Victoire, dit barbe d'acier n'est arrivé en ville que le matin même mais il a déjà modelé de son empreinte les alentours. Et le toit avec terrasse ou il s'est arrêté par hasard est devenu en quelques instants le point le plus stratégique du déploiement militaire local. Des militaires sortis de nulle part y ont amenés des chaises et des tables que d'autres ont immédiatement couvert d'escargophone et de types à l'air très occupés qui tapent des rapports à toute vitesse et parlent en langage codé. Un plan détaillé de la ville est apparu en même temps que les gradés qui le commentent et que les larbins qui y déplacent des pions...

        Jusqu’à la balustrade abimée sur lequel s'appuie le vice amiral qui semble être maintenant d'une rigueur et d'une propreté toute militaire...

        Quand on n'a pas l'habitude, c'est sur que ça peut surprendre, mais l'amiral vit la dedans depuis tellement longtemps qu'il ne remarque plus le changement qu'il produit; Et a ses cotés le lieutenant colonel Meynard n'est pas du genre à se laisser impressionner non plus. Et même s'il l'était, il ne le dirait pas. Ce n'est pas pour rien qu'on l'appelle cœur d'acier...


        Pendant que la frénésie des premiers rapports commence à s'emparer des gradés présents, Mont victoire lui conserve son calme olympien, absorbant sans en avoir l'air toutes les infos qui arrivent au QG pour les rajouter à sa vision globale des événements qui arrivent en ville. Dire que lui et ses hommes n'étaient la que pour une démonstration de force après le meurtre du colonel Daniel Douglas par des pirates. Pas de chance pour les saigneurs.. Non vraiment pas de chance.

        -C'est confirmé monsieur ce sont bien les saigneurs...
        -Capitaine Tahar, 77 millions, Jack, dit sans honneur, 14 millions, Walter Scott, 6 millions...
        -Deux autres repérés au niveau de la rue haute...
        -Nous avons localisés leurs bateaux, l'équipage est à bord.. Les hommes prennent position avec l'artillerie. Amiral ?
        -Contact établi avec Walter, Le lieutenant Elisabeth s'en occupe...
        -L'alerte est donné, nous vidons les rues...
        -Les divisions sept à douze finissent le bouclage de la ville haute, nous allons les canaliser vers le port
        -Brigades anti émeutes en position dans le secteur du port. Amiral, vos ordres ?

        -Amiral ? Alpha l'a repéré...

        La voix métallique du Colonel Meynard tranche aisément le brouhaha des conversations ambiantes, grâce à son mécafaucon, le fidèle Alpha, il vient de trouver la seule information que l'amiral ignorait encore. La position du plus dangereux des Saigneurs, la position du capitaine Tahar.

        Les deux hommes se tournent d'un bloc vers la carte de la ville et d'un geste l'amiral fait taire les officiers pendant que Maynard rajoute une figurine au centre du quartier du port.

        -Il est la. Jack est avec lui.
        -Très bien. Nous y allons. Messieurs voici vos ordres. Notre rôle est avant tout de protéger la population civile et la ville qui l'abrite. Maintenant que nous avons localisé tout les pirates nous allons refermer notre dispositif comme un sac, ne leur laissant libre que le chemin de la mer... C'est n'est qu'une fois qu'ils seront en fuite au large que nous pourrons les assaillir et les éliminer sans risques...

        En quelques mots l'amiral distribue des ordre clairs aux transmetteurs, ordonnant avec une facilité déconcertante le chaos apparent qui règne dans les rues et manipulant prés de trois milles soldats avec la même facilité qu'un sergent régissant une escouade.

        -Rex et Fifi, Vous restez la et vous surveillez.

        Et sur cette derniére consigne, l'amiral Mont Victoire et son fidèle bras droit s'élance vers leurs cibles qui commencent seulement à comprendre qu'Hinu Town n'est plus une ville d'accueil pour les pirates.

        Héhé.

        T’as tout compris mon Jack. Même là-bas voulaient pas d’moi. Les douze enfers, les deux paradis, aucun a pris l’risque. D’se voir ruiner en m’ouvrant ses lourdes. Alors Elle m’a r’calé. J’avais pas d’baskets pourtant. Nu-pieds j’tais. Comme là. Sur l’sol chaud du toit. Mais Elle m’a r’calé. Un air triste sous Sa cap’line noir. Dans son œil d’mort. Désolée mon beau, qu’Elle a dit. C’sra pour plus tard. Là-haut sont pas prêts. J’y r’pense et ça m’revient. Ou j’invente. ’s’en fout. Un tunnel d’lumière. D’lumière noire. D’lumière rouge. Pis rien. Pis ici. Pis maint’nant. J’suis re. Et nous v’là. Alors. Héhé.

        J’mire le Jack, j’mire le loin. La clameur. Qu’jreconnais. Ca, mon bon, c’est l’clinquant d’une armée qui bouge. Qu’on bouge. Qui s’bouge pour nous. J’mire l’étage et j’mire le d’ssous. Les d’ssous qu’j’ai pas sur l’avant-train. Sens l’vent qui passe. M’dis qu’c’est frais. Et jvais m’frusquer. Rapide, minimaliste. Un rideau vite coupé bien coupé. Echancré. Grunge. Tahar Kobbeyn. Tu connais pas Kobbeyn ? C’est un chanteur d’West qu’a mal tourné. A la ptite semaine. Qui s’fringuait sal’ment. Pis qu’a mal fini. Qu’j’ai mal fini. Une sombre histoire d’rien. Un conte sordide pour un aut’ jour.

        Aujourd'hui c’jour de célébration. Aujourd’hui c’l’jour où jsuis mort et où jsuis r’vivé. Où d’aut’ gars ont essayé et où z’ont eu des problèmes. Agent Corbeau, t’as pas honte ? Envoyer des gars au casse-pipe comme aç ? Où d’aut’ gars vont essayer et vont avoir des problèmes. Grande Mouette, t’as pas honte ? Envoyer des gars au casse-pipe comme aç ? Non ? Moi non plus, ça tombe bien. Amène-les tes gars. Amène-les. Ou plutôt non. On va y aller. On va s’amener. Ah putain j’en veux.

        Je veux je veux je veux. Rah. J’suis fébrile tiens. Comme une nonne qu’voudrait faire joujou avec les voies impénétrables d’son dieu. Castagne avant GrandLine fait passer bonne traversée d’Reverse Moutain. Pis c’truc. Qui coule dans mes veines. Rah, ça m’démange. Ca gonfle. Ca va ’xploser encore. J’ai du mal à m’cont’nir. A pas en foutre partout. Des morceaux d’moi. Faut qu’jforce. Pour rester un. Uni. Qu’jme concentre. Mais j’tiens bon. J’tiens. Et quand j’reparais on met les voiles. On s’tire. On va. On court. On vole. Et on va venger. Se venger. Y a toujours une excuse. Toujours une raison.

        Mais on a pas b’soin d’les connaître. Juste d’y aller. A la cogne. La grosse cogne sale. Sale et virile. Moi et Jack. Jack et moi. Dans HinuTown. A travers HinuTown. On cherche. On traque. La cogne. La garce aguiche. J’la sens. Aguiche et taquine. Jsuis là, jsuis pas là, jsuis là, jsuis plus loin. Nous fait tracer les rues, les routes, les toits. Nous tourne autour. Nous approche jamais. Même pas nous tire d’ssus d’puis une embusque. Pourtant on s’cache pas. Pourtant elle pourrait. Mais non.

        J’m’arrête soudain. Jsais. J’ai bitté. Jsais pas si Jack a, mais moi j’ai pané. Pané la manœuvre. Faut dire qu’elle est classique. Art militaire pour les officiers, chapitre deux. Déployer les araignées, tisser une nasse. Y faire rentrer l’pigeon. Tailler l’pigeon. L’pigeon c’te fois c’est nous. Deux beaux mâles. Plumes de luxe, qu’font bien sur un tableau d’chasse de mouette. D’belles bêtes qu’on est, vrai. Moins mastas qu’le mégaramier d’l’archipel mais plus denses, plus teigneuses m’est avis. Plus retorses aussi.

        Et manifestement on l’sait. Qu’on est vilains. Puisqu’on nous approche pas. Qu’on reste à distance.

        Jack ?

        Jack répond pas. L’est là ? L’était là y a pas deux pourtant. Encore derrière ? En train d’arriver ? Bloqué ailleurs ? Barf. L’est grand. J’me suis planté au milieu une aut’ place. La brise m’caresse l’entr’jambes sous l’tissu lâche. Reus’ment qu’j’ai récup l’ceinturon du Narnak, ça limite l’batt’ment d’la toile. M’dévoile pas tout entier. Après on aurait dit qu’jsuis exhib. Mh. Ca sent la mer, l’port doit êt’ pas loin. La Santa aussi. Touchez pas à la Santa, les condés. Touchez-y pas. Sérieux. Les pavés, c’t’un genre d’truc bien central, bien peuplé. Vidé d’sa populace mais j’les sens pas loin. La populace, dans ses bicoques pas droites autour du lieu. Aux meilleurs places pour l’spectacuclaire. Et la maréchaussée, dans ses bottes pas droites. Autour aussi. D’ailleurs, j’en avise un qu’a l’air d’un gars bien. Moins bien planqué, ou plus en vue, au choix. Vu comme jvois ses tremblements à trente pas, jdirais qu’c’est la première. J’m’approche.

        T’t’es perdu ptit ?

        Jdis ptit, l’a l’âge du Jack. Un sabre. L’air d’un gars bien qu’verra pas demain. Ca m’reprend. L’frémissement d’pucelle. Ses ors et fers m’titillent l’envie. J’me force encore, m’tiens. L’est encore trop tôt. Mais j’ai des mouvements que j’maîtrise pas. Genre l’assaillir. L’envoyer valdinguer quarante pas plus loin d’un r’tour de poulie. J’avais ’blié qu’j’avais un truc dans la palme. Pas d’poche, pas d’rang’ment.

        Va dire à papa-maman qu’sont d’mandés à l’accueil, ptit. Tu veux ?


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        On part comme appâtés. L'odeur du vide d'avant a pris une senteur métallique. L'air pue le déploiement d'corniaux en uniforme. L'évacuation des riv'rains. Ca sue comme un provocation. Et on est bon joueur. Tahar r'vient d'entre les morts, l'est d'humeur joyeuse. Moi? Moi, j'suis toujours ouvert pour mettre un brin d'chaos. Surtout dans les rouages bien huilés d'une manœuvre militaire. Alors on s'lance. Pleins d'entrain. Comme des mômes. En plus insouciant. Et dangereux.

        Les pavés d'Hinu résonne des soufflades ventues. Croisées à l'écho d'nos pas. Nos bons panards bien sûr d'eux. Y nous portent, vers la bataille. Parce bataille y'aura. Et d'la bonne. J'capte d'plus en plus la mouette. A force. Savent faire les choses bien ces p'tits là. Savent mettre les p'tits plats dans d'autres, moins p'tits. Avec une règle d'or: si as défaut d'les voir, tu les sens... bas c'est pas bon. Ça veut dire qu'z'attendent. Un truc. L'bon moment, par exemple. Sacrés farceurs.

        Mais j'ai la parade. Enfin... Une parade. Un truc extra qu'j'fais avec mes doigts. T'sais c'est quoi? Du dégat! Ouaip. En dehors d'la rime facile, tout est là. Rien d'tel qu'un peu d'hasard, d'ingérable, pour foutre en l'air un plan bien établi. T'peux pas prévoir c'qui suit pas d'logique. J'suis d'venu champion dans c'domaine. Ma recette? Tu lis mes rp's? Non!? Parce qu'elle a pas changé: j'vais foutre le feu. Pas stratégiqu'ment. Juste ça. Et là. Ici aussi.

        Laissant Tahar qui m'précède, qu'essaie d'garder une forme d'lui même, c'qu'est vachement zarb', mais soit, j'bifurque. Défonce une porte. D'maison. Pas au hasard. Du coin d'l'oeil, j'ai miré une lueur, dans la f'nêtre. Celle d'une lampe à huile. Héhé. Dans l'salon, deux vieux sert contre eux leur p'tite fille. Les mires en soucoupes, qui crient en silence "neuh meuh tué po". Pfff. Nuls. J'tire une chaise, d'ssous la table. En casse le pied. J'attaque la nappe. qu'je déchire en bande. Plus d'jolie tablée. Avec ça, maintenant, j'ai une torche. Reste plus qu'à choper la lampe, sur la commode. Et r'partir, sans mot dire.
        J'sens sur mon dos trois paires d'yeux, soulagées. Cafards.

        A nouveau dehors, j'éclate la lampe sur l'toit d'chaume d'la bicoque. L'huile s'enflamme rapide. J'y trempe ma torche d'fortune, et m'voilà paré. L'feu s'répand sur le toit. Et de un. Mais c'est qu'un début. J'inspire à fond. J'sens les embruns, qu'viennent de gauche. La flotte. Le port. c'est par là. L'reste du paysage, y sent l'arme chargée. A croire qu'on a qu'un échappatoire. Notre bateau. La mer. ... Ouais mais non. J'ai bien envie d'visiter Hinu moi. Plus en profondeur. Les quartiers résidentiels par exemple. Au vu d'la gueule du paysage, j'vais suivre c'te rue joliment pavé. C'te rue d'belles bicoques bien blanche. Ouais, j'vais faire comme ça.

        Et comme j'suis quelqu'un d'sympa, j'laisse un cadeau. A chaque maison. Une petit flamme. Qui d'viendra grande. J'la dépose à l'instinct. Sur une haie. Un volet. Le fourrage d'un toit. La charpente d'une baraque. Héhé. Il va commencer à faire chaud, dans l'coin. A tout niveau. Car j'entends là, autours, l'silence pesant s'rompt. A croire qu'les feux multiples, ça aide pas à tenir un timing. C'est con. Alors, bien décidé à pas m'faire griller mon jouet, j'me hâte. J'enflamme encore quelques trucs. 'Stoire d'être sûr, d'pas avoir taffé pour des clous. Une fois la rue bien colorée, j'balance la torche loin. J'lui souhaite bonne chance, dans sa mission. Sa raison d'être.

        Et j'me barre. en coup d'vent. Faut r'trouver l'Tahar. J'ai envie d'voir c'qui peut faire. Maintenant qu'il est mort mais non en fait. Ça va être marrant. Alors voyons... A vue d'nez, c'est par ... là.

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          Tu armes le bras pour larguer ton boute feu de fortune sur un coin plus accueillant que les autres quand un souffle d'air vient trancher la torche juste au dessus de ton pouce. Soufflant la flamme dans la foulée comme on éteindrait une bougie. Dans la rue une série de souffle identiques soufflent de même les flammes les plus proches. Et l'instant suivant le bruit des détonations finit enfin par suivre le mouvement, s'abattant de concert sur la rue comme si un régiment de fusilier venait d'y lâcher une salve complète.

          Pour un type aussi aiguisé que Jack, repérer le tireur est presque instantané, repérage d'autant plus rapide que le mec ne se cache pas et que sa position en hauteur lui fait perdre en discrétion ce qu'elle lui fait gagner en pose m'as tu vu. Entre l'uniforme rouge, les dorures, le métal lustré, le panache qui s'agite au vent et le fait qu'il est juché sur un toit de maison et se découpe parfaitement sur le ciel derrière lui. Impossible de louper le colonel Meynard et son bras fusil encore fumant...

          Memorial Day [FB 1623] 12021910

          Pendant que le temps d'une pause classique dans le récit jack enregistre tout les détails censés remplir d'une terreur abjecte un pirate de base, le reste de l'opération nécessaire à sa capture se met en place.

          Surgissant en travers de la rue dans un vrai concerto pour bottes métalliques sur pavés et armures clinquantes, une horde de marines se répand des ruelles transversales les plus proches, bloquant la visite des quartiers riches du type sans honneur. Un coup d’œil a leur uniforme et à leur matos suffit pour reconnaitre les hommes de la division anti émeutes. Après tout il n'y a qu'eux pour porter des pavois de cette taille la, fort utile quand il s'agit de reconfigurer un carrefour pour diriger une foule déchainée vers un cul de sac improvisé. Une foule déchainée ou un pirate solitaire a l'impact sensiblement identique...

          Et Jack de se retrouver tout seul au milieu d'une rue déserte dont le seul coté qui n'est pas bloqué par une horde de marines donne sur un tireur d'élite jouissant d'une portée et d'une altitude supérieure.

          Au dessus de la scène on voit déjà les charognards se mettre à tourner...


          (...)


          Du coté de Tahar la discipline est tout aussi impressionnante, mais les ordres sont visiblement complétements différents. On entend les bruits de bottes, on aperçoit quelques discrets observateur qui matent le pirate en tremblant de peur. Mais le gros des troupes reste précautionneusement en retrait. Au point qu'a chaque fois que le pirate fait quelques pas vers un des bords de la place la marine suit le mouvement et recule sur le champ de quelques rues. Salement frustrant quand on a soif de sang...

          Heureusement l'attente ne dure pas. Sautant d'un toit avec la légèreté d'une tonne de fonte, le vice amiral Eustache Barnabé de Mont-Victoire, uniforme tendu et éclatant de blancheur, médailles rutilantes alignées sur un torse bombé, barbe grise aux poils au garde à vous, vient de surgir sur la scène. Dans le dos du pirate évidemment, histoire de le forcer à se retourner.

          -Colonel Tahar !

          Memorial Day [FB 1623] 12021911

          -Je suis le Vice Amiral Eustache Barnabé de Mont-Victoire, commandant des Stells Gulfs.

          Légèrement de trois quart pour te faire admirer son meilleur profil, son regard d'aigle et sa barbe d'acier, l'amiral déclame assez fort pour que tout le monde l'entende, nul doute que son nom doit faire forte impression chez les peones locaux...

          -Et je vais te faire regretter d'avoir choisi de remettre les pieds dans mon monde.

          Crépitement dans la ruelle d’à-côté. Jack qui s’fait trouer comme un fromage ? Anthrax qui prend à sa place ? Hinhin, enfin débarrassé d’cette saloperie d’singe. Le pied qu’ce s’rait. Mais.

          V’là. Papa-Maman s’sont pointés à l’accueil. Dans un seul corps. Un seul gros corps mastoc. Vêtu d’blanc. Qui m’parle dans l’dos. Qui brille. Jvois qu’ça quand jme r’tourne. Un peu magmateux encore. Jsens l’dard qui m’pousse sous la toge et les veines qu’exultent leur joie à grand coup d’sang à moitié mêlé. L’instinct du combattant m’fait saliver d’partout avant l’heure. Merde, j’ai taché mon linge. Barf, l’était déjà pourpre. Bref. En face ça rutile d’partout sous l’clinquant. Un exhib. Un vrai. Pas comme moi. Moi jfais pas exprès. Lui s’montre. Veut qu’on l’voie. S’est mis sur son trente-deux. Pas l’air rieur.

          C’lui ton papa, ptit ? T’dois pas t’marrer tous les jours.

          Jbravache au soldaton que jviens d’étaler. Mais l’poilu m’laisse pas l’temps d’continuer la moque, m’interrompt. M’prend à partie. Eustache-truc de Machin-Victoire ? Un VéA, comme on abrégeait dans l’temps ? HoHo, l’a du cran. L’dernier qu’j’ai croisé a fini en deux morceaux pas très bien répartis un soir d’automne pas comme les autres sur un rocher tout miteux…

          Hm, attends un peu, Mont-Victoire ? Barbe d’Acier ? Eh mais j’le connais lui, l’est d’VilleTaneuz ! Breuh. D’Marie-Joa. Kif-kif, r’paires de cons. Putain, c’vieux Barb’ d’Ass ! Ah ben si j’m’attendais. Badass. Putain putain. Ce mec, mon héros. Contre-am’ à combien, d’jà ? Héhé. 1615 en tout cas, ça jme souviens. C’t’année-là, tfaçon, pour l’oublier… Même qu’la Harpie tirait la tronche en lisant l’article sur le Vagabond, tiens… Sorry vieux, tu disais ? M’faire regretter d’être r’venu dans ton monde ? Sérieux ? Mais pourquoi tant de haine ? Grulrb. Erf. Jcrache un peu, scuze, ça sort tout seul. Voilà.

          Salut Eustache, la pêche ?

          Nan, rien d’plus qu’un frémiss’ment d’poils ? Broh, ça avait fait son ptit effet au Jacky tàl pourtant, merde… Arf, j’avais oublié l’coup d’l’explosion. Vrai qu’sans l’contexte, niveau efficacité ça s’pose plus trop là. Mhouais. Bon, tant pis, on va tester aut’ chose.

          Ton monde Eustache ? T’parlais d’ton monde c’est ça ? Mais ton monde mon bon.

          Un truc classe. Jcherche un truc classe.

          Ton monde j’en ai rien à carrer.

          Ou pas. La classe. Ton monde Eustache, jsuis là pour le détruire, pour le casser en ptits bouts fumants jusqu’à c’qu’y reste plus rien qu’des ruines pleines de sang. Ton monde, Eustache, jsuis là pour y graver ma gueule à chaque fronton d’porte. Ton monde, Eustache. C’est l’mien désormais.

          Mais stu veux t’fritter pendant qu’on y est, là. On peut. Lance. Jbouge pas.

          Lance vite, pendant qu’j’tiens encore à peu près en forme. Après ça va d’venir sale.

          Allez, viens, faisons comme ça.


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          Une nouvelle rafale siffle! C'sont plus les incendies qui sont ciblés. J'plonge. Derrière un muret d'fortune. Une bastos transperce mon froc, l'temps qu'j'range ma guibolle. C'est passé à quoi? Un d'mi-pouce? Deux pruneaux s'écrasent encore dans les pierres qui m'séparent du tireur. Les impacts dans l'muret font un peu d'poussière. Et quelques lapis.

          J'reprend rapidos mon souffle. Et j'envisage. Au nord, sur sa tour, le tireur. Rapide et précis. Vient d'm'en faire la démo. Suis pas un spécialiste d'la gachette, certes. Mais pas b'soin d'être un génie pour comprendre que c'gus est infaillible avec un gun. Viser d'où il est, avec c'te précision... On dirait qu'on nous a envoyé du gros ponte de la marine. Héhé. Gaffe au Nord donc. Autours: les troupes qui s'amassent. Qui m'encerclent. J'les entends. J'les entrevois. Hmm.

          Une nouvelle rafale cogne dans l'muret! Une bastos passe, juste au-dessus d'moi. Mon abri d'fortune part littéral'ment en poussière. Ca m'donne une idée. J'chope rapide un p'tit morceau d'pierre, tombé des suites d'un tir. J'la broie. Elle s'transforme en fine poudre. Bien volatile. Héhé. Confirmation. Alors au boulot. Pas b'soin d'tergiverser des heures. R'prenant à pleine main un poignée d'crasses pierreuse, j'la balance, au d'ssus d'ma tête. Direct, des coups d'feu retentissent! Chopant les saletés au vol. J'en profite pour bondir!

          Run this Way!

          Tout en grillant qu'sur ma divertion, y a quand même un plomb qu'm'a frôlé ma main. Elle a été a découvert pour quoi... une seconde? Merde, il est fort! Qu'j'me dit en fonçant vers la porte close d'une baraque. J'm'y engouffre épaule en avant, défonce la porte. Sur mes pas claquent les tirs. Proches. Très proches. Mais j'suis dans la maison. A plat ventre. J'rampe, évitant les f'nêtres qui donnent au Nord. Une fois relativement safe, J'me r'lève. L'est temps d'lancer la suite. J'assouplis un brin mes musculeux, prend une grande inspiration.

          Ouste!


          Mon corps s'élance. D'sa propre conscience. Mes pattes commencent à battre l'espace. Et c'qui l'emplit. Murs. Meubles. Autres crasses. Tout. J'détruis tout sur mon passage. Mon ch'min, qui suit l'sens de la rue. Une grosse patate dans un mur porteur, m'voilà dans la maison d'à coté. J'm'arrête pas. J'continue d'avancer, d'détruire. Les murs particuliérement. La baraque qu'j'viens d'traverser s'écroule derrière moi. Et j'remarque du coin d'l'oeil qu'suis dans l'bon. Les murs, les maçonneries, en s'écrasant, font d'la poussière, toujours plus de poussière. Qui s'envole, qui s'étend. On commence à avoir difficile à y voir. J'continue néanmoins. Deux maisons d'passées. Deux maisons d'ravagées. J'attaque la troisième. Et l'gros nuage d'micro-particouilles prend d'l'ampleur. D'la hauteur. Foutant l'endroit, ses alentours, dans l'flou total. Les fumées provoqués par mes feux précédents, qui s'répandent plus loin, arrangent rien. Un smog dégueulasse s'répand. J'en connais qui va avoir difficile à viser. Héhé.


          Dernière édition par Jack Sans Honneur le Dim 3 Juin 2012 - 11:59, édité 1 fois
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            Mont Victoire secoue lentement la tête. Il a dans les yeux le genre de regard qu'on adresse a un chien fidéle atteint de la rage et qu'on doit se résoudre malgré tout à abattre avant qu'il ne morde la main qui l'a nourrit. La mort dans l'âme, mais la justice au cœur... Enfoirés de bien pensant de marines toujours bien droit dans leurs bottes...

            -Tu aurais mieux fait de rester mort...

            L'amiral dégaine son sabre et t'accorde malgré tout un bref salut en levant une seconde sa lame devant son visage. Puis ayant satisfait aux usages il passe immédiatement à l'attaque.

            -Bullmastif !

            D'un soru que tu as déjà suffisamment côtoyé pour le reconnaitre n’ importe où l'amiral se jette en avant, disparaissant un bref instant pour réapparaitre juste devant toi. Tenant son sabre de la main droite il te donne un puissant coup de taille en travers de la poitrine pendant que son autre main vient te saisir à l'épaule pour t'empêcher de fuir. Et comme c'est aussi un utilisateur averti du shigan, sa poigne s'avère aussi dangereuse et puissante qu'un bon vieux piège à loup.

            (…)

            -Pluie des dix milles balles !

            Coté Jack, la technique dite du passepartout s’avère plutôt efficace. Mais en partie seulement. Malgré la distance, la fumée, et les couverts que tu interposes entre toi et la position du tireur à chaque maison que tu traverses, une véritable grêle de balle continue de crépiter sur tes talons. Truffant littéralement de plomb tout ce que tu laisses derrière toi mais frappant heureusement toujours juste un peu trop tard pour t’atteindre, du moins tant que tu restes mobile et que tu continues de progresser dans le décor.

            D’autant plus surprenant qu’au moment ou tu t’arrêtes pour faire face au tireur qui en toute logique doit se trouver juste derrière toi pour te canarder de cette façon, les tirs s’arrêtent aussitôt.
            Te laissant dans un charmant salon de style vieillot complètement dévasté par la chute du mur qui a précédé ton arrivée dans le coin. Un couple de vieux propriétaires aussi tendance que la déco te regarde avec l’air amorphe de ceux que l’arrivée du puffing town en travers de leur maison ne dérangerait pas plus que ça, mais à part eux il n’y a personne et les marines ne semblent pas t’avoir suivi. Sauf évidemment celui que tu as choisi d’attirer dans le coin.

            Une nouvelle rafale de balles éclate au dessus de vos têtes, et une seconde plus tard un rond de plafond se détache du toit pour venir s’écraser à quelques mètres de toi. Et sur le rond, resplendissant dans son bel uniforme à peine poussiéreux, ton copain le tireur, sa gueule de métal, et son chapeau qui siffle en faisant de la vapeur…

            -Café chaud !

            Le type te braque avec le flingue qui semble faire partie intégrante de son bras, mais cette fois c’est un nuage de vapeur brulante qui en jaillit pour fondre sur toi. A l’œil ça à l’aire assez chaud pour te cuire direct, Jack sans honneur à l’étouffée, chaud devant….

            Plouf, plouf. Barbe d’Ass m’fait un coup à la David Cloverfield l’illusionniste bien connu et m’apprend par la même qu’il est fervent partisan des parties d’jambes en l’air avec des CP. Tendancieux ? Non, nostalgique. Ca m’rappelle Viper et la dernière démo publique d’ces arts occultes qu’elle a pu m’faire avant qu’on s’cause plus. Drait qu’j’reprenne contact, tiens, huit ans après not’ folle nuit d’plaisirs au Baratie. Voir où elle en est, si elle survit, tout ça… Merde, sabre ! Mes yeux voient à peine l’ombre du métal assoiffé qu’le bulbe envoie ses ordres. Bras, Kan, au pied ! Au d’vant ! Vos gueules, parez et déconnez pas. Dzing ! Kan le fidèle s’est dégainé, Kan le fidèle est monté, Kan le fidèle a paré. Ou alors est-ce que c’était Manbraque le Magicien ?

            Mais c’est pas fini. Jveux m’dégager d’un saut réflexe en arrière pour moi aussi pouvoir faire dans la taille bien lourde en r’tour, œil pour œil et dent pour dent et toutes ces conneries qui servent qu’à justifier une envie d’bouffer du collègue bretteur, mais ce connard de vieux me r’tient l’éclanche d’une mâchoire à doigts bien clapés comme y faut. Pas moyen d’bouger, et l’est pas tard quand jsens qu’le magma informe d’mes chairs s’remet à faire des bulles sous ma toge. Notamment au niveau où c’que la pression sanguine est la plus forte, comme de par hasard. Rien à faire, j’ai la partie qui s’liquéfie tout seul en restant en forme, les doigts passent au travers et y a pas qu’ça.

            Bam, un coup d’pistol-finger m’envoie un d’miard de sanguin sur le sol. ‘reus’ment, jsens rien pour ce genre de trucs. Immortel, j’t’ai dit que jme sentais. Mais bordel, ça veut dire qu’il va m’faire l’intégrale du roku lui aussi ? Donc l’idée vieil homme c’est que si jveux t’défonce à coup d’papaye dans la gueule tu m’fais l’coup d’l’armure invisible ou d’l’homme en papier, et que si jcherche à t’trancher tu m’sautes à quinze pieds de haut pour m’envoyer une raie manta invisible dans la face ? Ouais ? Ha ! Challenge accepted, prépare tes moustaches !

            Jsuis encore mort, grand-père.

            Bim, j’estoque en ligne droite pour l’éloigner un peu.

            Et du coup jpeux t’confirmer avant d’te guider vers mon monde : aie pas peur, ça fait pas mal.

            Bam, jme r’lâche, jme r’tiens plus. Peux plus. Après tout ça d’excitation mon corps au grand complet finit c’que mon épaule a commencé et j’explose en une maousse gerbe qui fouette bien fort au passage les frisottis du bon vieil Eustache tout en allant tacher jusqu’aux abords d’la grand-place. C’est qu’la s’conde fois, et c’est qu’la première où jfais ça presqu’ volontairement, c’est putain d’chelou encore. Mais j’maîtrise mieux déjà. Jvois mieux c’que jfais déjà. Enfin. Voir. Sentir, toujours. Jsens mieux c’qu’y s’passe, voilà. Et j’ai l’impression d’en foutre encore plus partout, genre d’noyer les péons sous une pluie torrentielle digne des plus grands orages qu’j’ai vus. M’vient l’idée qu’c’est ptet packe j’ai absorbé l’carmin des camés en m’refaisant une beauté tout à l’heure.

            Tell’ment jsens mieux les choses, jsens même qu’le Narnak a été s’ficher dans un corps d’officier subalterne qui traînait par là. C’est encore un peu brouillon, mais j’entends l’goutte à goutte de la perf qui s’étale au sol en une mare pourpre qui s’mélange à la mienne. Et goutte et goutte. Et goutte et goutte dans l’aut’ sens. Me r’prends apparence humaine en essayant d’entasser dans une silhouette normale tous les kils rougeauds qui m’passent sous l’doigt. Et m’retrouve d’nouveau à poil sans mes bottes, mais cette fois-ci avec la tenture et l’ceinturon jsais pas comment, d’vant un parterre de gars m’regardant sans réussir à ciller et s’désorganisant sans même s’en rendre compte, qui avançant, qui reculant, qui bougeant à gauche ou à droite, jusqu’à r’ssembler plus à grand chose de militaire. Même Mont-Victoire a plus l’air bien réveillé. Héhé. C’moment d’confusion m’paraît bien idéal pour goer POSTAL.

            Jvais ramass’ le Narnak tranquille en sifflant, pis jme lance dans un ballet aérien à faire pâlir les albatros. Par deux fois avant d’attaquer, j’renifle. A la base histoire de m’donner une contenance nonchalante, genre c’est parfaitement normal. Dans l’mouv’, m’vient une carte mentale des alentours, où tous les badauds qu’ont été imbibés d’ma pulpe sont classés par poids, taille, et situation topographique précise. Jsais où y sont et d’quoi y z’ont l’air avant d’les choper. Et pour les choper, j’les chope bien du coup. Tailles, estocs, lattages de nouille, et encore, et encore, et encore pour la forme, ha ! C’est en tranchant qu’vient l’appétit. Et l’appétit m’vient d’bouffer celui dont j’ai souillé l’mieux l’plastron, à savoir celui qu’était aux premières loges quand j’ai encore rendu l’âme. A savoir lui, l’médaillé qui rutile plus tellement au soleil à cause du bordeaux d’sa tenue. Et les yeux fermés j’y vais. Sur lui. Tornade mode. Tornarde style. Toujours lancé et tournant comme un beau diable. Toujours tranchant comme une faux balancée sur toupie dans une foule. Au passage, jrécolte la poulie qu’m’avait échappé. Et armé du bras gauche et armé du bras droit, jfonds donc.

            Et jtaille, et j’brasse, et j’pointe. Et jbrasse, et jpointe, et j’taille. Et je. Et je. Et je. Et soru ou pas. Et roku ou pas. T’éviteras pas, grand-père. Tu par’ras pas. T’encaisseras pas. Pas tout. Pourras pas. Mais t’en fais pas.

            J’t’ai dit. Ca fait pas mal d’crever.


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            Dernière édition par Tahar Tahgel le Lun 25 Juin 2012 - 16:39, édité 3 fois
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            Chaud café? F'sons comme ça. Noir, pas amer. Comme mon âme. Un sucre donc, steuplait.


            J'aurais pu l'dire. Tout haut, bien fort. L'type aurait p't'être ri. Et moi, j'tron'rais grillé, façon spar ribs, au milieu d'ce kra-salon. La teinte magenta assortie à la couleur du canap'. C'est c'qui s'serait passé. Mais perso, j'ai pas trop envie d'finir en lunch. En roti cuit vapeur. J'ai bondi, direct. Sans savoir, sur l'moment, quelle était la couille.Sans savoir c'qu'on m'réservait. Mais quand un gus te pointe un gun sous l'pif, t'hésites pas, tu cavales. C'qui va en sortir, promesse, est jamais bon pour toi. Ca s'confirme, à la vue d'la moquette qui s'bouffe sur elle-même. Cramée qu'elle est. Idem pour l'reste du mobilier, autours... Saloperie.

            J'roule-boule, donc. D'coté, sur réflexe. Et vite, très vite. Mais pas assez: l'bout d'mes panards à l'temps d'gouter, un peu, à la chaleur d'cette attaque. Aujourd'hui, j'porte des pompes, et c't'une bonne idée. Mes orteils font un grand ouf, s'rendent compte qu'sont passé à deux doigts d'devenir des p'tits boudins grillés. Merde. C'type est retord. Adapté. J'croyais avoir l'avantage, dans c'genre d'espace réduit. Mais l'coup d'la vapeur bouillante, c'est triché. Pas honnête. ... Héhé. Faisons comme ça dès lors.

            Ma fin d'pirouette m'ramène à un pas des deux p'tits vieux. Sont comme paralysés. Les yeux fixes. La bouche ouverte, immobiles. Stoïque, en poste, au lieu cavaler... C'est tant pis pour eux. Ils proposent, j'dispose et donc, j'bondis! Droit sur eux. Chope le mâle, d'ma patte gauche. Ou c'qu'il est reste. Un jour, c'mec à du être un homme. Maintenant, c'une relique du passé. Bientôt, c'sera plus rien du tout. L'bras autours d'sa gorge ridée, j'te l'tiens. Y laisse échapper un drôle d'cri, s'raidit encore un peu. L'est comme tétanisé. Bien, bien, reste comme ça, mon bouclier humain. La vieille bouge pas non plus. Son dentier va bientôt tomber. Parfait. J'regarde l'autre. L'tireur. L'métallique. Faut qu'j'lui trouve un nom... Truc. Voilà. C'est fait. J'regarde Truc donc, bien planqué derrière la chair flasque et rassie d'mon vieux. Truc hésite. Pas dans ses habitudes de cramer du civil, j'imagine. L'revers d'la médaille, héhé.

            Vas-y Truc, fais toi plaiz' ! Troue l'ancêtre! Crève le!


            J'attends pas sa réaction! Direct, d'ma main libre, j'tire un flingue d'ma ceinture, qu'j'vide sur Truc. Aucun doute sur l'fait qu'ça l’égratignera pas d'un pet. Mais ça permet d'enchainer direct! J'fond sur lui! L'vieux en bouclier! J'aime pas c'que j'vais faire. Mais entre la morale et l'instinct d'survie, j'ai fait mon choix. Y a longtemps. ... Quand même... Ouste les r'mords. Basta. Profiter d'la surprise. V'la c'qu'il faut. Papy est entre moi et Truc. Truc est a portée. Moi j'suis prêt à frapper. Fort. Mon pain droit qui rugit. Rougeoie. Veut du meurtre. Bien planquée, dans l'dos d'papy. Et MÔK!

            KRAPAX !!!!


            La droite part! L'dos du débris s'effrite comme du sable. S'troue sans résistance et laisse passer mon pain! Droit vers l'bide à Truc! Mange ça! Truc. Et ... sorry vieux. Vraiment.

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              Ta frénésie de carnage et de sang s’arrête net quand une masse compacte te percute avec la vitesse et la puissance d’un train à vapeur. Tes particules volantes se concentrent soudainement pendant qu’une paire de mains te saisit au niveau du torse, te décolle du sol et te balance en l’air.
              T’envoyant traverser une série cloison et de plafond et finir sur le toit de la maison la plus proche.

              Le temps que tu remettes à jour niveau décor et équilibre et ton train se propulse d’un Geppou au même niveau que toi. Tu as l’impression qu’on vient de te passer dessus avec un bateau ou que tu sors d’une sacré gueule de bois, l’invincibilité en prend un coup…Visiblement le vieux Mont Victoire a encore de meilleurs restes que prévu et il veut se la jouer à la main façon boxeur… Jeux de mains…

              Mais Mont Victoire ne fait que passer à ton niveau pour prendre une impulsion et décoller loin au dessus de toi avant de frapper l’air de sa paume. Une vague d’air en forme de main gigantesque fond sur toi comme une chape de plomb, te plaquant contre le toit qui cède sous la pression et s’effondre pendant que la main continue sa plongée destructrice vers le sol, traversant les différents étages jusqu’à t’écraser sur la terre meuble de la cave de la maison.

              -Marines jagdetrrier !

              L’étau se desserre enfin et te permet de bouger, mais pas assez vite pour sortir de la maison avant que les murs fragilisés par le séisme et le trou béant que ton passage a laissé ne se décident à s’effondrer. Et au moment ou tu bouges quatre étages de maison bourgeoise te tombent en avalanche sur la gueule.

              Y’a des jours, être un logia c’est quand même chouette…


              (…)


              L’enfoiré de Truc à beau avoir l’air entièrement façon cuirassé de fer il en faut plus que ça pour t’arrêter. Bien que tu te démontes méchamment les phalanges sur son ventre blindé tu réussis ensuite à attraper un bout qui dépasse, et si ça dépasse ça peut se tordre, c’est bien connu. Alors tu agrippes, tu tords et tu arraches. Non sans te prendre un liquide brulant sur tes doigts déjà à vifs. Ouille ça brule...Mais avec la visite de torse de vieux que tu viens de faire, difficile de voir si c’est ton sang ou celui du vieux qui t’inonde les phalanges.
              Quand à ce qui t’as cuit le bout des doigts ? Du café ? Ouais du café, et salement corsé, le genre spécial marin d’élite, on jette une balle dans la tasse de café et si la balle coule on rajoute du café.

              Enfin, si c’est du petit noir qui lui coule dans les veines, au moins le premier sang est techniquement pour toi.

              Difficile de comprendre les expressions qui ne défilent pas sur le visage de ton adversaire mais il a l’air choqué par tes techniques de protection. Au point qu’il ne remet pas immédiatement la dose de vapeur qu’il t’a envoyé une seconde plus tôt.

              -Jack sans honneur, rarement surnom aura été si mérité. Mais tu ne fais qu’aggraver ton cas sans espoir de t’en sortir… Je vais maintenant te faire regretter tes actes immondes…

              Meynard se décale et balance un coup de pied dans le rocking chair de même qui part direct suçoter son dentier en direction de la cuisine. Et il ouvre une nouvelle fois le feu.

              -Carambole !

              Sauf qu’étrangement il ne te vise pas, semblant au contraire tirer au hasard dans la pièce comme s’il essayait de niquer le mobilier avant de s’occuper de ton cas. Ce n’est quand la première balle ricoche sur le mur derrière toi et te revient droit dessus que tu comprends l’emmerde. Le type es un génie des bandes et ça siffle autour de toi comme si tu te retrouves tombé dans un nid de frelons…

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