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Loi de Murphy [FB 1623 PV Adrienne Ramba] [HOT]

[HRP: Je résume pour ne pas te forcer à lire mon histoire (oui moi même je trouve ça chiant). Yuwin a été prisonnier des Marines et a servit de jouet sexuel pour la fille du commandant (Maîtresse Sonia). Suite à un concours de circonstances il s'est trouvé devant un peloton d'exécution. Miraculeusement une tornade est venu interrompre l'exécution et l'a emporté au loin. On en est là x)]




Le néant. Des cris. Le bruit sinistre du chien d’un fusil, dégageant le verrou pour engager une munition mortelle dans le canon. La sensation de brûlure provoquée par le frottement de la corde sur ses poignets. Oui. Petit à petit les événements se reconstruisaient dans sa pauvre cervelle malmenée. Il s’était passé quelque chose de terrible et de grandiose à la fois…mais quoi ? Et d’abord où il se trouvait ? Il faisait noir comme dans un cul ici…Etait-il inconscient ? Il entendait un rire…quelque chose d’abominable…honteusement familier. Le rire se transforma très vite en ricanement hystérique, où perçait un accent de sadisme pur à en faire frémir le Diable. Elle était là ! La chose ! Si…rose…si cruel. Il devait courir ! Une sensation irrépressible de danger lui écrasa soudain les tripes, c’était davantage que de la peur. Une terreur primale brute et palpable lui donna soudain une force qu’il ne se connaissait pas. Courir. Courir. Courir. Sous le poids de l’effort, le goût du sang ne tarda pas à lui monter à la bouche. Mélange de bile et de sécrétions glaireuses qui manqua de l’étouffer. Mais il ne pouvait en aucun cas se permettre de s’arrêter. Il pouvait presque sentir le souffle du monstre derrière lui. Un bruit ignoble, bestial, un écho morbide aux trompettes de l’apocalypse. Et c’était derrière lui. Ses jambes ne le portèrent bientôt plus. Courir. Non, c’était trop tard. Sa carcasse s’effondra sous son propre poids et le laissa choir au sol, marionnette désarticulée coupée de ses fils. Le monstre était là à présent. Une sueur moite l’avait envahit. Poussé par un instinct de mort, le cuisinier tourna la tête pour faire face à son sort.

C’était elle ! Sa Némésis ! Revêtue d’une ignoble robe de flanelle dont elle seule avait le secret, brodée de chatons mignons, se dressait Maîtresse Sonia. Progéniture odieuse du 7eme cercle, son regard brûlait d’une flamme mauvaise, mais c’était son sourire qui lui glaça le sang. Indescriptible abjection. Sa main aux ongles vernis et cruelles se leva, et son regard s’agrandit en distinguant l’objet long et oblong d’une couleur rose éclatante qu’elle tenait. C’était beaucoup trop gros…presque indécent. Non. Laissez-moi. Laissez-moi. Un cri inarticulé jaillit de sa bouche face à l’ignominie qui allait s’accomplir, brisant les ténèbres de son inconscience.

-Non….PAS DANS LES FESSES !

Un torrent de lumière jaillit pour se déverser en une avalanche de formes éclatantes et aveuglantes. Ses pupilles se dilatèrent face à cette luminosité intense et Yuwin s’autorisa un soupir de soulagement. Son corps étant encore tremblant de cette terrible expérience, fruit de son subconscient traumatisé par des années de captivité et de…non il ne préférait définitivement pas s’en rappeler. Il avait donc rêvé ? Ou alors était-il toujours plongé dans sa tourmente, et son esprit lui jouait des tours. Avait-il cherché refuge dans la folie ? Le cuisinier prêta une attention plus soutenue à ce qui l’entourait. Un ciel bleu éclatant, une nature verdoyante et l’odeur particulière d’une merde bien fraîche d’un quelconque animal du coin, dans laquelle il avait précisément posé la main. Lâchant un cri de dégoût prononcé Yuwin s’empressa de s’essuyer la main sur ses habits, constatant en même temps leur état déplorable. Plus miteux et rapiécés que jamais, il lui manquait carrément son futal. Une chance que son slip ne se soit pas fait la malle avec lui. A présent non seulement il était à demi-nu, mais en plus il fleurtait bon la déjection animal. Une véritable combinaison gagnante. Ignorant sa situation il tenta de faire le point sur sa situation.

-J’suis où là… ?

La voix éraillée et la gorge en feu, il se rendit soudain compte de son état de faiblesse. Au moins il était à peu près sûr de ne pas rêver. La douleur puissante et brûlante qu’il commençait à ressentir dans tout son corps l’informait de cet état de fait. Il se tâta l’entrejambe d’un air rassuré. Ouais. Tout était en place. C’était au moins ça. Ces dernières années lui avait appris à relativiser et à toujours voir le bon côté des choses. Mais bon…paumé en pleine nature, sans pantalon ni chaussures, et de la merde plein la chemise, il fallait être un putain de Sage pour trouver la voie du positif dans sa situation. Or Yuwin savait que quoiqu’il se passe il tomberait toujours du mauvais côté de la Loi de Murphy. Il y avait de quoi se tirer une balle. Même ça il doutait d’y arriver. Sa bonne étoile était capable de faire en sorte qu’il se loupe. Ah…il oubliait presque qu’avec la tête d’ours qu’il se trimballait c’était de toute façon impossible. Trop looser pour mourir, tout un programme. L’ancien pirate essaya de se remettre sur ses jambes, peut être qu’il allait y voir plus clair une fois qu’il aurait trouvé de quoi se reposer et peut être-soyons fous-se nourrir.

Se remettre sur ses jambes fut un véritable calvaire. Tant et si bien qu’il regretta bientôt d’avoir nourri l’espoir aussi fou de simplement lever son cul du sol. Mais qu’est-ce-qui avait bien pu l’amocher à ce point ? Ses derniers souvenirs remontaient au jour de son exécution. Il se revoyait encore les mains attachées, victime pathétique d’un peloton bien décidé à se farcir sa tête d’ours. Tu parles de héros de la Justice ! Bourreaux d’innocents ! Par la Sauce Béarnaise-Wasabi du Chef Barnabé ! Il allait t’en foutre du guerrier de la veuve et de l’orphelin. C’est qu’ils étaient prêts à lui trouer la peau les bougres ! Après…il ne se souvenait plus de grand-chose. Il y avait bien eu cette mémorable tornade soudaine mais…Yuwin s’arrêta un instant pour chercher dans son cerveau de mollusque étriquée la suite des événements. Avait-il réellement été emporté par cette tempête ? Ha ha ! Ridicule ! Le Destin était joueur mais pas au point de…Oh merde…Survivre au peloton d’exécution était une chose, mais à une tornade ! Il comprenait mieux son état à présent. Si vraiment il avait emprunté, malgré lui, un tel moyen de transport il pouvait s’estimer heureux de ne pas avoir eu à chercher ses jambes. Une méfiance soudaine s’empara de lui. Cette aventure tenait du miracle. La Providence avait sûrement quelque chose en réserve pour lui.

Il se retourna, prêt à surprendre sur le fait un nouvel ennemi. Rien. Etrange. Il s’aventura à faire quelques pas, chancelant et titubant, se rappelant soudain à la triste réalité de son état plus que précaire. Il se retourna de nouveau. Il s’attendait à tout moment à voir un public invisible se tordre de rire. Il eut envie d’hurler son défi à la face du monde.

-Va te faire foutre ! J’ai pas survécu à tout ça pour crever aussi connement ! Nom d'un livre qui tire la couverture vers soi ! J’men vais te montrer moi.

Grommelant et jurant, Yuwin entreprit le début de sa marche. Il allait bien finir par trouver un village, un paysan, un tapir, n’importe quoi ! Et s’il était sur une île déserte alors de l’eau douce ou des fruits devaient sûrement se trouver en abondance. Sans s’en apercevoir il commençait à positiver. Il n’avait pas fait cinq cent mètres qu’une silhouette se détachait à l’horizon. Une vague de joie le submergea, lui faisant monter les larmes aux yeux. Chancelant et prêt à s’écrouler à tout moment, il zigzagua plus qu’il ne marcha vers ce qui ne pouvait être que son sauver. Sa tête d’ours imposante manqua de le jeter à terre plus d’une fois, poids mort supplémentaire dont il devait supporter la masse. Il agita les bras d’un air désespéré.

-Oh ! Ohé ! A l’aide ! J’pense que j’suis blessé ! J’ai besoin de soins et de man…
-Ôsu ! Je ne tomberai pas ton piège ôni ! Ton habilité à la Boxe de l’Homme Ivre m’a l’air redoutable, mais je te ferais subir le courroux de mon Zen !

Le malchanceux cuistot afficha une expression d’incrédulité, et essaya dans un vain effort de répondre pour éclaircir cette méprise qui promettait de lui être mortelle. La bouche faible et pâteuse, les mots s’embrouillèrent sur sa langue.

-Attfleuggeuh, je suize paflageuh…
-Ooooh ! Je reste sourd à tes maléfices démon ! Par le Poing Platine du Bélier Céleste !

D’une redoutable efficacité le coup de poing vint le cueillir en plein sternum. Une onde de choc acheva de le réduire à l’état de loque flasque complètement à la merci de son adversaire. Il fut proprement projeté comme un chiffon malpropre-et à l’odeur il s’en approchait-sur le rebord de la route. Le guerrier banda des muscles et prit une pose qu’il n’eut pas le loisir de contempler longtemps.

-Victoire ! Retournes dans les entrailles qui t’ont vu naître démon…A plus !

La fin de sa phrase cassait un peu l’aspect solennel de sa déclaration, mais déjà les ténèbres s’emparèrent de Yuwin qui sombra de nouveau dans l’inconscience. C’était trop. Quelques minutes…quelques heures passèrent lorsqu’à nouveau il refit surface. Trop abîmé pour faire le moindre mouvement il commença à se faire à l’idée qu’il allait simplement crever sur le bas côté. Bah après tout…c’était le sort qui lui était réservé depuis sa naissance non ? Se sentant lentement partir il perçu soudain une présence au-dessus de lui. Quoique ce fût c’était massif, son ombre le recouvrait entièrement. Un animal sauvage ? Après tout il n’avait plus rien à perdre.

-Sau…sauvez-moi !

Avec un peu de chance il était tombé sur un nouveau guerrier taré.



[HRP: Désolé c'est un peu long mais c'est un grand moment pour mon personnage du point de vue de son histoire ^^]


Dernière édition par Yuwin Mavrokoukoukalis le Sam 5 Mai 2012 - 22:35, édité 1 fois
    Écouter, monsieur. Je ne veux pas faire des arts martiaux. Non, ça m'intéresse pas. J'ai autre à faire, voyons ! Je ne suis pas une grosse brute sans cervelle qui passe son temps à frapper ! Je sauve la vie des gens, moi ! J'aide mon prochain ! Je suis une religieuse ! Ça ne se voit pas ?

    Le type semble s'apercevoir pour la première fois depuis qu'il m'a abordée que je suis en soubrette. Je pensais que je passerais un poil inaperçue avec ça. Tantôt, il y a quand même cinq moines sur trois mètres qui m'ont arrêtée pour me demander de rejoindre leur dojo d'armes martiales ! Je sais que j'ai un peu de muscles, mais de là à devenir une catcheuse ou je ne sais quoi, il y a de la marge ! C'est terriblement pas féminin, les arts martiaux. De quoi j'aurais l'air, franchement ? Je perdrais toute ma féminité ? Et perdre sa féminité, c'est vraiment la pire chose qui pourrait m'arriver. Non, franchement, ne faut pas pousser même dans les orties. C'est criminel et le Seigneur sera pas content. Il punirait même, oh que oui ! Heureusement que j'ai trouvé quelques fourrées discrètes pour me changer. J'ai découvert un pervers, mais j'l'ai assommé. J'espère qu'il restera un peu amnésique. Je ne veux pas que ce vilain homme ait un souvenir de mon sublime corps élancé dans sa tête. Je me sentirais... souillée. Enfin, si je le croise pas, je le saurais jamais s'il s'en souvient. Mouais. Partons du principe qu'il a oublié. Ça m'évitera des cheveux blancs et ça, c'est plutôt bien.

    Si seulement j'étais pas tombée sur the voyeur de l'ile. Il a su me faire le corps même au travers des vêtements. Il s'est mis en tête de me faire devenir maitre des arts martiaux. Certes, ça sonne un poil bien, mais je ne dois pas être avide de titres. N'est-ce pas, ô toi, le Seigneur tout puissant, qui gouverne le visible et insensible, Dieu tout puissant pour les siècles des siècles ? Filou va. À part ça, ils commencent à me pomper l'air menu. On ne peut pas se balader tranquillement cinq minutes ? Je peux le taper ? Non. Roooh. Juste un petit coup. C'est un maitre des arts martiaux ? Ça fait mal ? Je me rappelle avoir vu un duel en débarquant. C'était impressionnant. Brutal aussi. Je comprends pourquoi ils me veulent. Je comprends aussi que j'ai aucune chance de lui faire le moindre dégât. C'te mouise. Vite, trouver une excuse.

    De toute façon, je suis contre toute forme de violence.

    Je tente de dissimuler un peu plus ma hache dans mon dos. C'est pour couper du bois de toute façon. C'est vrai ce que je dis, je mens pas ! La violence, c'est le mal. La juste Violence est permise, nuance. Quand c'est pour toi, on peut faire n'importe quoi. L'autre moche est sceptique. Tant pis, je force le passage. Je le bouscule un peu au passage. Je le vois réagir au quart de tour. Ça va trop vite ! Il me frappe ?! Il frappe pas ! L'instant d'après, il marche plus loin en sifflotant. Il a fait quoi, merde ? Timbré ce type ! Pas envie de rester plus longtemps à ses côtés. Je pars à moitié en courant le plus possible de ce type. Pire, je m'éloigne de c't'endroit. Trop de types bizarres qui vont encore me tripoter les bras en faisant des commentaires réducteurs comme si j'étais bonne qu'à taper. Rah. Les mécréants. Ils ne savent reconnaître l'âme de la religieuse en moi. Ils ne ressentent que le bois dont je suis faite. Le bois des forêts d'Endaur. Un bois massif et indestructible, comme ma foi !

    Je m'éloigne un peu de l'activité des humains. Qu'est ce que je fais déjà ici ?! Je cherche des pirates à convertir. Je veux faire cesser des gens de se battre inutilement. C'est sûr que j'ai tapé dans le mille pour l'inutile, mais ils ne font pas vraiment de mal à personne. C'est plutôt calme même. À part quelques voyeurs. Il y a pas de quoi faire tout un fromage. Pour la peine, je vais pouvoir reprendre le même bateau qu'à l'arriver. Je ne vais pas rester toute l'éternité sur cette ile paisible.
    Un type s'approche. Aïe ! On remonte les barrières d'autodéfense ; il va encore me tripoter, lui ? Il me voit et son sourire s'élargit tandis que son visage s'illumine comme s'il venait d'avoir une apparition.

    Ah ! L'envoyée céleste venue combattre le démon ! Il est par là ! Mon art l'a fait chuter, mais son coeur noir vit toujours. J'ai veillé. Je l'ai maintenu en état. L'ange vient chasser le démon. Mon poing est au service du Juste. Ma mission est fini. C'est bon pour le Karma !

    Hein ? Qu'est ce qu'il raconte ? Un démon ? J'suis au courant pour les pervers, merci. L'autre ne s'attarde pas plus et me dépasse en se parlant à lui même. Une sombre histoire de platine et d'ivresse. C'est bien ce que je disais ; complètement timbré sur cette ile, mais pas méchant. Comme j'ai rien à faire, autant aller voir de quoi il parle. Je prends la direction d'où qu'il est arrivé. Je fais une bonne centaine de mètres avant de tomber sur un cadavre.

    Un cadavre à tête d'ours.

    Pauvre ours ! Soit il dormait, soit il avait été assommé par l'autre timbrer. Le sans coeur ! Soeur Brigitte en aurait fait de la chair à pâté. De l'autre, pas de l'ours. Elle aime tellement les animaux. Un peu trop parfois... Enfin. En souvenir d'elle, j'vais voir s'il n'est pas mort. Ça soigne comme un humain, les ours. En plus, il ressemble un peu à un humain pour le bas. Il a dû perdre ses poils. En plus, il est un peu habillé. Quel mauvais goût. Je n'ose imaginer ce que ce type a fait à cet ours. Le Zoo... non... ça ne sortira pas. C'est trop gros. Pardon. Je me signe trois fois. Je m'approche et l'observe de haut. Bizarre comme ours, dans ses contrées.

    Surtout qu'il appelle au secours.

    Aaaaaahhhhh ! Un ours qui paaaaaarle !!

    Je fais un bond en arrière. Surprise, je chope ma hache et je la pointe vers l'ours. Un ours qui parle ? Trop étrange… Ce n’est pas possible. Il n'y a qu'une seule explication logique. L'ours a mangé un humain et il est toujours vivant ! Il faut le tuer ! Lui ouvrir son bide et sauver le pauvre homme ! Soeur Brigitte m'en voudra, mais je ne peux laisser un homme mourir dans d'atroce souffrance.

    Meurs, sale ours ! Crève ! Crève ! Crève !


    La hache bien haute, je m'apprête à lui couper la tête. Je reste sur mes gardes ; l'ours n'a pas bougé. Surement pour m'attaquer par surprise. Je le pourchasserais jusqu'à ce qu'il ait la tête couper, parole de soeur !

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    « Mort à cause des apparences » il pouvait déjà voir d’ici son épitaphe. Si tenté que quelqu’un ne se donne jamais la peine de lui donner une tombe. Yuwin n’avait jamais fondé de grands espoir sur les possibles avantages qu’aurait pu lui imposer l’apport, encombrant, d’un accessoire constitué par une tête d’ours, mais de là à le faire tuer… Non vraiment il y avait méprise. Sans blague c’était quoi cette île de taré où on attaquait les gens à cause de son physique ? C’était pire que de la bêtise, c’était de la discrimination ! Voilà que le système en plus du Destin voulait sa perte à présent ! Foutu société ! Certes il ne se serait pas donné lui-même le bon Dieu en confession, mais il avait quand même droit à quelques circonstances atténuantes ! Visiblement l’agent de la Providence en avait décidé autrement. C’était drôle quand même que se soit précisément une hache qui vienne sceller la fin de sa pitoyable existence, il y avait un rapprochement à faire avec la symbolique du bourreau quelque part. Lui si innocent-enfin presque-condamné sur un billot improvisé. Une bonne blague, à se fendre la gueule, littéralement. Yuwin ne s’avoua guère étonné de voir ses espoirs déçu de tomber sur quelqu’un d’un brin raisonnable, ce n’était pas comme s’il avait l’habitude mais presque. Quelqu’un devait s’en taper le cul par terre là-haut. Il était le show personnel de quelque dieu rieur. Le cuistot agita pathétiquement le bras en signe de dénégation face à l’exclamation.

    Un ours qui parle. Ha ha où allaient-ils chercher tout ça ? Braves naïfs ! Enfin une brave naïve qui s’apprêtait à lui foutre une bonne centaine de kilos d’acier tranchant en travers de ladite tronche d’ours ! Pouvait-il encaisser ? Il n’était certainement pas prêt à prendre le pari. Mobilisant ses dernières et ultimes forces pour un recul stratégique, s’émerveillant devant les ressources de son instinct de survie, il recula d’une brusque détente les bras levés dans une inutile posture de défense. Il eut alors l’occasion de pouvoir regarder droit dans les yeux son exécuteur. Enfin la poitrine plutôt. Etrange phénomène semblable à l’attraction d’un puissant gouffre gravitationnel, son regard était irrésistiblement attiré vers ses deux magnifiques melons de la création. Magnifique, même au seuil de la mort imminente il y avait quelque chose de réconfortant à rejoindre l’autre monde avec une telle vision devant soit. Prenant un recul étonnant sur la situation Yuwin essaya d’évaluer quel genre de bonnet pouvait contenir un tel buffet. Du F ? Du G ? Ca méritait carrément un nouvel alphabet. Un nouveau cri d’avertissement poussé par une voie étonnamment fraîche et juvénile, qui convenait aussi bien à une carrure aussi imposante qu’un accordéon à un dromadaire, le ramena brusquement à la brutale et urgente réalité. Il fallait dire quelque chose de convaincant pour retenir le coup ! Et vite !

    -Eyh ! Euh…Faut être gentil avec les gens ! Hein !

    Non ça n’allait pas décidément. Vite ! Quelque chose de circonstance ! Pourquoi lutter ? S’en était fini. Cet ange blond aux vagues airs de culturistes sur le retour allait moucher son existence comme on enlève une poussière d’un costume bien propre. Une coulisse tiède lui glissa le long de la cuisse, mais il n’y prêta aucune attention. Pas besoin de s’infliger en plus la confirmation qu’il venait de se souiller avant de crever. Dans un flash plus rapide que l’éclair sa vie repassa devant ses yeux. Comme il le pensait il n’y avait pas grand-chose à dire. De la décharge, à la prison en passant par son épisode au sein de dérangés du bulbe, il n’avait jamais eu véritablement le choix. Toute sa vie durant il n’avait été qu’une victime, et maintenant le Destin se débarrassait de lui comme d’un jouet qui n’amusait plus personne. Nom d’une mouche à merde constipé, la vie était quand même bien moisie. Le tranchant de l’arme se rapprochait dangereusement à présent. Il tenta une ultime et dernière défense. Levant les deux bras en avant il préféra verser dans le pathétique.

    -Aaaaah ! Nan pitié ! Je suis trop jeune pour mourir ! Je suis un homme ! Je suis un homme ! Bordel de Destin à la cooooon !

    Il serait au moins mort avec le juron aux lèvres contre cette vie qui ne lui avait voulu que du mal. Sans doute qu’il se réincarnerait en bonsaï avec sa chance.

      L'ours tente de bouger, mais il n'échappera pas à la Justice divine ! Je fais quelques petits pas, histoire de bien me placer, pensant au prochain mouvement de l'ours pour m'attaquer. Je vais lui couper la tête ! Alors que j'amorce l'exécution, l'homme à l'intérieur se met à crier très fort. J'ai un doute. J'arrête ma hache à mi-chemin, mais, ma hache, elle s'arrête pas comme ça ! Elle s'arrête vraiment en stoppant à quelques centimètres du cou. Je serre les dents. C'est dans cette situation que je suis le plus exposé. L'ours va attaquer ? J'attends. Une seconde. Deux secondes. Non, rien. Je remonte mon arme, prêt à retrancher dans le vif du sujet au moindre geste suspect. Faut que je réfléchisse deux secondes. Si on part du postulat que l'homme s'est fait avaler tout rond par l'ours, pourquoi a-t-il dit de telles paroles ? Il est humain ? Je le sais déjà ! Il aurait dû dire autre chose. Genre : sauvez-moi ! Couper lui le bras, je sortirai par là. Je veux pas mourir. Tiens, prend ça, sale ours. Mais il a rien dit de tout ça. Étrange. Il craint de mourir ? À l'intérieur d'un ours, il est sûr de mourir ! C'est bizarre. Ça remet en cause le postulat. Ça veut donc dire... que ce n'est pas un ours ! C'est quoi alors ?!!

      C'est quand même pas une de ces histoires que maman me racontait quand j'étais petite ? Ces histoires de créatures mi-humaines, mi-animal. Je pensais que c'était que des histoires, ça serait donc vrai ?! Bigre ! Alors, c'est pas un humain dans un ours, mais juste un humain avec une tête d'ours ! Incroyable ! Je laisse tomber ma hache par terre, à côté de lui ; en douceur, évidemment, c'est quand même ma hache adorée. Je m'agenouille au côté de l'homme, je pose ma main de l'autre côté de son corps allongé et je le regarde dans les yeux. Inexpressifs. Il est aveugle ? Pauvre lui !

      Monsieur ? Vous êtes vivant ? Vous êtes conscient ?! Vous avez mal quelque part ? J'vais vous soigner ! Je suis infirmière ! Je suis même très bonne en amputation si besoin !

      Pas une seconde à perdre. J'arrache ses vêtements par quelques coups de main expérimentés. J'expose ainsi son torse meurtri. Houlala ! C'est pas joli, joli ! Vite, me souvenir des cours d'infirmière. D'abord... Il faut savoir si le patient est conscient. Et le maintenir conscient.

      Monsieur, vous êtes conscient ? Parlez ! Parlez ! Faut pas perdre connaissance. Z'êtes une créature mi-homme, mi-animal, c'est ça ? C'est fou !


      Un instant, cette créature est contre-nature. C'est la manipulation des hommes qui a créé cette engeance. Dois-je vraiment la soigner ? Ou plutôt mettre fin à sa pathétique existence ? Le choix est dur et je ne sais pas quoi choisir. S'il faut le sauver, pas question de perdre du temps ! De toute façon, même soigner, il ira pas loin. J'pourrais toujours le tuer si je chance d'avis. Je continue à examiner ses blessures. Deuxième leçon de la bonne infirmière ; éviter les infections. Pour ça, rien de mieux qu'une bonne bouteille d'alcool à désinfecter. J'ai toujours ça sur moi, dans ma trousse de premier secours. Je la sors justement. Je fouille quelques secondes dedans afin de trouver ladite bouteille. Sans m'y attarder, je l'ouvre. Plus qu'à choisir les zones à désinfecter. Il y a tellement. Ah ! J'ai oublié de prévenir le patient.

      Faites attention, ça risque de piquer un peu.


      D'un coup d'un seul, je verse la bouteille entière sur le torse de l'individu. Ça va être bigrement désinfecté comme ça ! Mais l'individu bouge un peu. Rah ! Jamais content, les blessés ! Ils croient toujours pouvoir se relever après les premiers soins, mais je n'ai pas terminé ! Je pose un bras sur le haut de son torse pour qu'il soit bien immobile, puis je nettoie le corps avec des compresses. J'en colle quelques-unes aux endroits qui risquent de saigner. Pour les hémorragies internes et tout le tralalala, on verra plus tard. Maintenant que le torse est fait, j'vais passer aux jambes. Si la gangrène s'installe, faut découper. Et découper, les jambes, c'est comme découper les arbres de mon ile. Ah. La nostalgie. Vite. Cacher cette pensée. Non, je n'espère pas qu'il ait la gangrène. Je ne suis pas aussi méchante.

      Je vais voir si vous avez quelque chose de grave aux jambes.

      Comme pour le haut, je déchire tout, sans ménagement. J'examine les jambes mises à nue, mais je ne trouve rien de suspect. Rah. Quelques blessures, certes, mais j'ai plus d'alcool. T'façon, il y a pas de risques. Puis, je capte l'espèce de protubérance à l'entrejambe. C'est quoi, ce machin ?! Il a attrapé une saloperie et ça le gangrène de là ! Je la prends en main et je la regarde sous toutes les coutures. Jamais entendu parler de cette chose. Quand on ne sait pas, faut pas reflechir, faut couper ! Je sors un couteau de ma trousse de premiers soins que je tiens dans la main gauche tandis que la main droite tient fermement l'affreuse chose.

      Faites attention, je vais découper le truc que vous avez au milieu. Ça va peut-être faire mal. Mais ça grossit de plus en plus, je crains le pire !

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      En moins d’un millième de seconde Yuwin venait de saisir la signification de l’expression « à un poil de cul ». Le regard exorbité il ne pouvait cesser de fixer le tranchant effilé de la hache dangereusement proche de son coup. Encore un peu et il se voyait déjà rejoindre le paradis des hommes sans tête. Le pauvre cœur traumatisé du cuistot manqua un battement et il se laissa retomber sur le sol. Ca c’était de la journée de merde hors compétition ! Yuwin eut le temps de bénir l’ange bienfaisant qui avait envoyé un éclair de génie et de bon sens dans le cerveau de son assaillant, avant de tenter de reprendre ses esprits. Des formes floues dansaient devant ses yeux, échos du trop plein émotionnel qu’il venait de vivre ses dernières minutes. Par les Nouilles Crevettes de Chef Cho ! Dire qu’il se croyait désormais tiré d’affaire ! Que nenni, quel naïf il avait été de croire qu’on en avait fini avec lui. Enfin cette grande folle semblait vouloir le laisser tranquille, c’était le moment pour lui d’exercer son art ô combien éprouvé de la « fuite discrète et rapide ». Une centaine de kilos d’acier forgé vint malheureusement lui barrer le passage. Nom d’un lampion ! Voilà qu’il lui prenait des envies humanistes à celle-là maintenant ! Yuwin voyait typiquement le genre auquel il avait affaire : une folle bipolaire, du genre qui se laissait mener par ses menstruelles. Bref. Une émotive. Une femme. Même si avec tous ses muscles il était dur d’être tout à fait certain sur la question du sexe. Il ne pouvait néanmoins pas s’empêcher de lui trouver un certain charme…animal. Ouais un animal avec une hache. La vague lueur d’intérêt qui s’était allumée dans son regard passa cependant inaperçu à ses yeux…bien évidemment.

      Alors qu’il se sentait sur le point d’entamer une approche préliminaire pour essayer de redémarrer sur de bonnes bases, il fut coupé dans son entreprise par ses initiatives. Infirmière ? Soigner ? Eh bien ! Il y avait peut être mit le temps mais peut être allait-il s’en tirer après tout. Furtivement le malheureux et malmené cuisinier s’autorisa un soupir de soulagement, examinant plus à loisir sa nouvelle bienfaitrice. Rude la bienfaitrice. Elle avait déchirée sa chemise, dernier lambeau couvrant sa presque nudité, avec un entrain et une poigne qui l’excita malgré lui. Une infirmière à ses côtés. Tous les deux seuls dans la forêt. Hé hé…le tableau n’était peut être pas si mal brossé que ça. Yuwin déglutit franchement lorsque son regard se posa devant ses deux remarquables obus, sublimé par cette carrure de catcheuse professionnelle aux tendances de déménageuses. Que c’était beau. Le genre de contact qui vous marque. Ce moment d’éternité où votre cœur fait comprendre à votre cerveau ramolli que quelque chose d’exceptionnelle est entrain de se passer. Essayant d’organiser un semblant de phrase correcte pour répondre à son empressement visible-et qui ne le laissait pas indifférent-le cuisinier entreprit de mesurer ses mots. Il s’agissait de ne pas passer pour un monstre auprès d’une telle beauté. Sans compter qu’il partait déjà avec un certain…désavantage.

      -Hein ? Ha non il y a méprise je le crains ha ha…c’est un simple masque, un déguisement, parce que c’est…c’est…

      Merde. Comment allait-il parvenir à lui dire la vérité ? « Enfant je vivais dans un tas d’ordure et je suis tombé malencontreusement dans un embout d’aspirateur miraculeusement adapté à ma tête, incroyable non ? ». Ouais. Il pouvait tout aussi bien lui vomir sur les cuisses pour rajouter au charme ! Il ne restait bien évidemment que la solution la plus adéquate, et la plus honorable : mentir. Levant le pouce bien haut devant son visage, affectant un sourire éclatant-et invisible une fois encore-il répondit d’une voix forte.

      -C’est parce que c’est la mode bien sûr !

      Bon, c’était un peu bancal mais il s’estimait lui-même assez convaincant. Maintenant il pouvait s’abandonner aux soins experts et attentionnés de sa récente sauveuse. Comme il était agréable de sentir le vent tourner dans sa direction pour une fois. Détendu du gland Yuwin n’entendit pas l’avertissement inattendu de la jeune femme. Piquer un peu ? La brûlure fut intense et horrible, parcourant son corps meurtri, mettant la peau à vif. Un cri inarticulé sortit de sa bouche. Par le Couteau Spatule du Père Lacroix ! Tu parles de soins médicaux ! C’était quoi ça ? Un jet d’essence…de l’acide peut être. En tout cas il douillait sévère, il pouvait presque sentir sa peau fondre et une odeur désagréable de désinfectant lui monter à la tête. Elle avait décidée de l’achever c’était certain ! Elle mettait au point un plan diabolique pour le faire fondre à petit feu ! Toussant et s’agitant pour s’échapper à cette menace nouvelle il s’électrisa à un nouveau contact…inapproprié.

      C’était ce qui s’appelait franchir la ligne jaune. Plus moyen de s’enfui à présent. Elle le tenait par les couilles…littéralement. Son contact d’abord hésitant et curieux, elle alterna les frictions et les caresses maladroites sur le membre turgescent. Yuwin en oublia la douleur. Oh ! Ooooh ! La petite…C’était peut être une tradition bien de chez elle pour nouer le contact avec les étrangers. Une personne à l’apparence aussi angélique ne pouvait pas être foncièrement mauvaise. Un gargouillis béat s’échappa de ses lèvres entrouvertes. De sa misérable existence Yuwin n’avait connu que peu de personnes de l’autre sexe, et sa récente expérience incluant une personne de la gente féminine ne l’incitait pas à la confiance. Mais il fallait reconnaître que celle-ci savait…prendre les choses en main. C’était peut être le début d’une grande histoire. Voilà qui brillait un couteau dans sa main à présent. Peut être voulait-elle simplement lui tailler le buisson. C’est vrai qu’il était plutôt touffu à cet endroit. Comme c’était gentil et attentionné de sa part. Son cerveau hurla un signale d’alarme cependant en saisissant le mot « découper ».

      Voilà qu’il était soudain renvoyé à une époque plus noire. Nom d'un abat-jour en peau de phoque retournée, tout lui revenait à présent. Les séances « particulières » dans le Donjon, les tortures sur le chevalet, les coups de fouet, les pinces-tétons et le rire de la démone en robe rose ! Renvoyé à son enfer Yuwin se déroba à l’emprise de sa mortelle aspirante émasculatrice. Quel naïf il avait été ! Le Destin ne s’était que mieux travestit pour lui pourrir la vie. Une colère légitime mêlée à une tristesse d’amoureux éconduit s’empara de lui. La colère prit d’abord le pas.

      - Nom d'un piano à queue circoncis ! On ne touche pas à ça ! C’est ma fontaine céleste de la pureté ultime ! Mon mandala du sixième sutra cosmique ! Espèce…espèce de…

      La déception et l’amertume vinrent prendre le relais.

      -Tu es avec eux n’est-ce-pas ? Le terme « eux » désignait chez Yuwin l’ensemble des personnes et objets regroupés en une coopérative amicale visant à lui pourrir la vie et causer sa perte. Comment as-tu pu me trahir ? Tout…tout est fini entre nous !

      Rien n'avait à proprement parlé commencé, mais ce n'était pas bien important pour l'exubérant homme à tête d'ours car c'était déjà fini. C’était peut être fini entre eux mais apparemment la troupe de gaillards forts agités qui venaient droit sur eux l’air martial n’était pas du même avis.

      -Ooooh ! Le démon est encore là camarades ! Il nous faut l’expurger !

      Une plainte monta de la bouche du cuisinier.

      -Bordel ! Mais c’est qui ça encore ? Et je suis tombé où à la fin ?

      Avec toutes ses conneries on allait véritablement finir par avoir sa peau.
        Alors que je m'apprête à découper la vilaine chose qui n'a surement rien de naturel et qui doit être éliminée, le malade se met à protester vivement. Bah quoi ? Il veut pas être sauvé ? Il parle de ça comme s'il connaissait son existence. Bizarre. Je regarde à nouveau la chose sous toutes les coutures. Mmh. Mon instinct me dit de m'en débarrasser, mais l'autre dit que non … Faut aussi voir ce que ça va faire de l'enlever. J'ai pas été formée pour opérer ce genre de chose. Il pourrait peut-être en mourir, si c'est un cas de malformation rare. Si c'est vraiment quelque chose propre à son corps, évidemment. De quoi a-t-il parlé quoi tout à l'heure ? Ah oui. Sa tête, c'est pas une tête d'ours ! Non... Sa tête est humaine ! Et il a une tête d'ours sur la tête ! Il est pas moitié-moitié. Ah ! Heureusement ! Je n'aurais pas à le découper en morceau pour son crime de juste exister. Si c'est vrai, cet homme aime bien porter des trucs bizarres. Il dit que c'est à la mode. Mouai. À la mode de où ? De Quand ? Faut avoir des tripes pour porter ce genre de truc. Moi, j'oserais pas. Enfin, s'il porte ça, il y a des chances que la chose là fasse aussi parti du costume. De bonnes chances même. Du coup, pas besoin d'opérer. Ouf.

        J'éloigne mon couteau de la chose turgescente. Bizarre quand même comme réaction. Pourquoi c'est droit et dur ? Il doit avoir des coutumes étranges dans son pays pour que ça, ça soit à la mode. Et puis, comment il fait pour la redresser comme ça sans les mains ? Il y a un mécanisme quelque part ? Cet homme cache bien des choses. En parlant d'homme, il me veut quoi là ? Pourquoi il me dit tout ça ? On dirait qu'il va pleurait. Il a honte de porter ce genre de chose ? C'est maintenant qu'il s'en rend compte ? Et bah, il est lent à la détente. Il doit pas avoir vécu une vies merveilleuses vu comment il parle avec tristesse d'autre personne. Avec qui ? Enfin, je peux savoir moi ! Avec ceux qui quoi ? Qui s'amuse avec ce genre d'accessoires ? Non ! Mon seul accessoire, c'est ma hache adorée ! Qu'est-ce qui est fini ? Je ne comprends rien !!

        Monsieur, de quoi vous parlez ? Je ne comprends pas. Si vous voulez garder votre truc là, j'y touche pas, si c'est que vous voulez !

        J'agite la chose un peu, histoire d'illustrer mon propos. Avec sa tête d'ours, il savait peut-être pas de quoi je parlais. Il doit sentir ce que je touche. Si ça pose pas de problème à lui, il y en a pas pour moi, c'est aussi simple que ça. Je me concentre sur les blessures visibles. Je mets des compresses et je sors le matériel à recoudre, on sait jamais. J'entends des bruits de pas. Je me retourne et je vois le type que j'ai croisé tout à l'heure venir avec d'autres gens dans son genre. Derrière, le patient semble au bord de la crise de nerfs. Il connait ces gens ? Ils l'ont mis dans cet état ! Les méchants pas beaux ! Je capte deux-trois mots dans leur baratin d'illuminer ; expurger ? Je vois pas trop c'est quoi, mais le genre de chose qu'on fait au démon, c'est les tuer. Ça doit être ça. Sauf que c'est pas un démon ! Je me lève et j'écarte les bras comme pour protéger l'homme à tête d'ours.

        Vous ne passerez pas ! Ce n'est pas un démon. C'est mon patient !

        La bande s'arrête et me fixe. Puis il fixe l'homme au sol. Leurs regards vont de bas en haut, puis s'arrêtent. Leurs yeux s'élargissent et ils portent leurs mains à la bouche comme s'ils avaient vu quelque chose d'horrible.

        Ce n'est pas un démon comme les autres ! C'est un satyre ! Regardez-le se pavaner avec son instrument démoniaque, dresser comme une injure ! Craignez cette chose, soeur … Soeur ?

        Soeur Marie Thérese.

        Soeur Marie Thérese ! Éloignez-vous de lui !

        Non, c'est mon patient et je vais le soigner. C'est quoi, un satyre ? Arrêtez avec vos bêtises, vous me dérangez ! Laissez moi, je dois m'occuper de cet homme.

        L'homme de tête me regarde comme si j'étais un monstre. C'est un changement de comportement bien rapide. J'ai fait quoi ? Ils doivent vraiment être méchant et dérangé pour en vouloir autant à un innocent qui ne fait que porter des choses à la mode dans son bled paumé.

        Il l'a corrompu ! Vous n'êtes plus vous même ! Pardonnez-nous, mais … saisissez-vous d'elle !

        Hein ?! J'ai à peine le temps de tilter que trois hommes m'attrapent et me mettent à terre. Je peux rien faire; Il se passe quoi ? C'est quoi ce bordel ! Je vois l'homme de tête sortir un long couteau et s'avancer vers l'homme ours d'un pas lent qu'on fait généralement lors de cérémonie. Le genre de pas que j'ai pour ça, en fait. Enfin, il s'apprête à faire quoi, ce dingue ?! Vite, me libérer ! Seigneur, donne-moi le coup de pouce !
        Je crie de rage tellement ils serrent, ces salauds.


        Dernière édition par Adrienne Ramba le Ven 27 Avr 2012 - 23:44, édité 1 fois
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        Ces gars là lui donnaient une mauvaise impression, la boule qui s’était formé dans son estomac n’était pas uniquement dû au traitement intolérable qu’avait subi son troisième bras. Non. Il y avait quelque chose de pas net chez ces espèces de fier-à-bras du discours à l’emporte-pièce. Yuwin avait un don particulier : celui de savoir quand les choses allaient réellement tourner mal. Et précisément, en cette occasion, ça puait du cul mais violent. Ses armoires à glaces modèle déménageur de l’extrême étaient au moins dix, et ce n’était pas exactement son nombre porte-bonheur. Quand bien même il aurait nourri le fol projet de combattre, il n’était pas vraiment en condition. Certes le tonic désinfectant au wasabi que son « infirmière » lui avait administré l’avait réveillé, mais de là à se taper un marathon il y avait une marge. Une marge d’autant plus grande que les gaillards en question avaient des bras aussi gros que ses cuisses. Merde ! Mais c’était quoi cette mode de se cultiver aux anabolisants ? Le monde avait-il tant changé depuis son séjour en détention ? La société n’était-elle plus que peuplé par des hésitants du verbe et des retardés du bulbe ? Ou alors on construisait les demeurés en série. Bien sûr, il devait se trouver sur un type particulier d’île, du genre qui laisse les fous et autres psychotiques en liberté, dans le d’environnement naturel et serein vanté par les brochures médicales. Il n’était pas du genre à faire de la discrimination, mais de là à ce que ça lui retombe sur la gueule, ça non. Il voyait déjà ce qui allait se passer. Son corps éviscéré, sa tête sur une pique, et ses précieuses parties transformées en hochet.

        Prêt à fuir ou à prier pour sa vie quelque chose d’inattendu se produisit. Voilà que sa bienfaitrice s’interposait ! Yuwin écarquilla les yeux, subjugué par tant de bonté spontanée. De toute sa vie jamais on ne lui avait témoigné une telle compassion. C’était même davantage que de la compassion ! Elle faisait bouclier de son corps, qu’elle avait très large, pour le garder du Mal. De toute sa misérable existence de larve larmoyante, le cuisinier de la malchance n’avait jamais compté pour grand-chose parmi ses pairs. Mais en instant cette femme venait de l’élever au rang d’homme, en lui témoignant le premier témoignage d’humanité qu’il n’avait jamais reçu à son encontre. S’il n’avait pas eu les canaux lacrymaux gélifiés par la crasse il aurait même pu verser une larve. Le poing tremblotant il regarda muet d’admiration et de reconnaissance cette personne prendre sa défense. Il y avait donc des âmes pleines de bonté sur cette terre ! Ô dieux ! Un halo de la lumière la plus pure semblait s’être déployé autour de sa sauveuse. Une aura chaleureuse et glorieuse, il pouvait presque entendre les trompettes angéliques sonner leur majesteux Te Deum. Yuwin tomba à genoux. Par le Pilon Maïs Mayonnaise du Chef Fu-Ang, était-ce seulement possible ? Comment avait-il pu être si aveugle ? Quel mécréant il était ! Sœur Marie-Thérèse ! Comme un violent coup de balais dans les parties l’illumination s’offrait à lui, la foi gagnait son cœur.

        Une foi qui le quitta brutalement lorsque sa bienfaitrice, et bouclier humain, fut sans ménagement mit à terre. Merde ! On pouvait vraiment compter sur personne ! Que faire ? Que faire ? Un égarement et un doute abominable saisit l’infortuné homme à tête d’ours. Devait-il sauver son ange gardienne qui s’était montrée si bonne envers lui, et ce à ses risques et périls ? Ou sauver ce qui restait de sa peau ? Le choix n’était…somme toute pas très difficile. Non mais sans blague, il n’allait pas se frotter à cette bande de tarés juste pour quelqu’un qui s’était découvert une brutale vocation de martyr. Se découvrant des ressources inédites, Yuwin déguerpit « fissa » comme on disait dans le métier. Il se sentit pousser des ailes, et creusa peu à peu l’écart entre lui et ses poursuivants. Fermant les yeux il tenta de rejeter au loin son remords et cet étrange dégoût de lui-même qu’il ressentait tout à coup. Encore une fois ses faux pas lui collaient à la peau. Il était fatigué, il voulait crier.

        -Aaaaah ! Je ne suis pas un héros ! Un héroooos !

        Fallait pas croire les journaux ! Le boulot de gardien de la justice et de défendeur des faibles c’était bon pour la Marine. Lui il n’était qu’un mec à demi-nu avec une tête d’ours et un ratio poids-muscle qui le mettait dans une claire situation de désavantage. Le cri de la Sœur pris au piège l’arrêta dans sa course. Semblable à un coup de poing à l’âme il fut incapable de faire un pas de plus. Sans compter qu’il avait sacrément mal aux pieds. Une résolution nouvelle, et effrayante, s’empara de lui. Peut-être que le Destin lui avait offert une nouvelle chance en l’envoyant ici ! Oui…peut être que ce n’était pas totalement pour se foutre de sa gueule. Peut être qu’il tenait là l’occasion de démarrer une nouvelle vie, d’effacer son ardoise karmique ! Oui ! Dans un geste théâtral Yuwin se retourna et fit demi-tour, à la surprise de ses opposants qui s’inquiétèrent de la brutale charge de cet étrange démon à tête d’ours. Il allait renaître aujourd’hui !

        -Ooooh ! Kuma Head Clash !

        Dans un mouvement emprunt davantage de bonne volonté que de technique, Yuwin asséna un puissant et violent coup de tête à l’assaillant le plus proche qui emprisonnait la bonne Sœur à terre. Etourdi le cuisinier remit du cœur à l’ouvrage et s’occupa du second malappris, lui ouvrant l’arcade pour son plus grand plaisir. Le troisième avait l’air plus coriace. Une technique plus subtile devait être utilisée.

        -Par les knackis du Père Alfredo et les boulettes de Tatie Longorio ! AYA !

        Le tibia rencontre les bourses molles du karatéka à une vitesse mortelle pour le fragile paquet. Jeté à terre il fut une proie facile pour un finish des plus délicats à coup de pierre dans la tronche. Effrayé et épaté par sa propre action d’éclat, Yuwin savoura l’espace d’un moment l’allure cool qu’il devait avoir en ce moment même. Mais ça n’allait pas durer et il ne désirait pas avoir le reste de l’équipe sur le râble. Saisissant d’une main frêle le bras de sa sauveuse, il essaya bon gré mal gré de la remettre sur pied, appréciant le velouté de sa peau. Mais c’était sans compter sur un nouvel obstacle. Le cuisinier manqua de tomber à la renverse face aux deux nouveaux venus.

        Spoiler:


        Le plus massif et le moins commode, avec sa cicatrice en travers du visage, prit la parole en premier :

        -Ata ! Plus un pas de plus démon ! Toi et ta complice fourvoyée allez rejoindre l’Enfer des Bêtes ! Par le Poing Argenté du Mouton Belliqueux ! Moi Schwarh Zi de l’école Yin te défis !

        Son comparse d’aspect plus humain mais à l’allure non moins redoutable, doté d’une moustache qui le rendait d’office suspect, surenchérit sur un ton méprisant.

        -Certes. Moi Barnabé Lee de l'école Yang participerai à votre châtiment. Mmmh certes, triste est ce jour qui doit voir le sang couler. Par la Paume Ondoyante de Bouddha !

        Yuwin ne comprenait pas bien ce que tout ça voulait dire, mais tous ses noms compliqués n’annonçaient rien de bon.

        -Ma sœur si vous avez une prière adaptée pour ce genre de situation ne vous gênez pas.

        [Merci à Daniel Balavoine pour l'inspiration "Je ne suis pas un héros"]

          Rah. Je ne sais pas ce qui se passe. J'ai deux bras qui me bloquent la tête, je peux pas la bouger. Mon champ de vision est obstrué par un moitié de corps. Arrêter de me toucher ! Rustre ! Vous allez subir la divine punition ! Je vais vous botter le cul comme il se doit ! Laissez-moi un peu de place et vous verrez qu'il faut pas se frotter à une soeur de la Juste Violence. J'arrive à entendre que plusieurs des types se mettent à courir. L'homme blessé doit s'être enfui. Le brave. Il a puisé dans ses forces pour protéger sa vie. Mon sacrifice lui a permis d'avoir l'espace suffisant pour échapper à un tragique destin. Il lui réservait surement la mort ! Les vils mécréants. Ils n'avaient pas d'honneur. À dix contre un blessé, ce n'était pas un combat, c'était une exécution ! Le pauvre homme. J'espère que ces pieds le porteront loin de cet endroit et de ses chasseurs sanguinaires. J'espère aussi qu'il guérira de ses blessures. Je l'ai bien soigné, mais il ne faudrait pas gâcher mon dur labeur !

          Tiens, des bruits se rapprochent. L'étreinte des hommes diminue aussi. J'arrive à tourner la tête. Je vois l'homme ours charger mes agresseurs. Mais que fait-il ?! Il doit plutôt se sauver ! Pourquoi me sauver ; ils ne me feront jamais de mal ! C'est évident. Je suis une bonne sœur. Même si me faire du mal est pas bien, me tuer est une autre chose ! Même son geste est débile, j'apprécie. Il vient me sauver malgré ses souffrances et le danger. Quel courage ! Quelle abnégation ! Quel défi au destin lui-même ! C'est surement Toi qui lui donnes cette formidable énergie de s'opposer à nos assaillants et de leur rentrer dans le lard comme ils le méritent ! Il met hors d'état de nuire tout ceux qui m'empêchent de bouger. Il m'aide aussi à me relever après en avoir fini. Quel gentleman. Je l'apprécie bien, c't'homme. Fugacement, j'ai envie de lui faire un gros câlin pour le remercier de son acte de bravoure. En y pensant, cette tête doit être bien douce. J'aime les trucs doux. Ça fait du bien quand on s'y frotte dessus. Sauf qu'on dirait que les zigotos ne sont pas prêts à me laisser câliner mon nounours gringalet.

          Deux types. Deux obstacles. Normalement, il faudrait parlementer avec eux. Les convaincre qu'ils ont tort, tout ça. Sauf que je pense que ça sera inutile. Déjà, ils m'ont attaquée et ça, c'est pas bien. Ils ont tenté de tuer nounours et ça, c'est pas bien du tout. Mais le pire de tout, c'est qu'il semble vénérer des déités païennes. Bouddha ? Mouton Belliqueux ?! Que de parvenus qui tentent de s'apitoyer les fruits de tes miracles, seigneur ! Ces adorateurs de divinités du mal doivent être punis. C'est un fait ! Ils ont tenté de me tuer, car je te sers, toi le Très-Haut, qui illumine cette terre de tes bienheureux bienfaits. Je cherche des yeux ma hache. Je la trouve. Ma chérie est pas abimée. C'est bien. J'hésite à la saisir, mais mes poings suffiront à mettre les points sur les i. Pas question de t'abimer pour ces apôtres du chaos. Mon sauveur poilu semble avoir peur à côté de moi. Je fais craquer mes phalanges et les vertèbres de cou. Ça va chier.

          J'ai une prière. Je prie pour le salut de leur âme. Je prie pour qu'il puisse entrer au paradis malgré leur crime. Mon livre de prières est mon poing. La Juste Violence appelle ses brebis égarées pour le jugement des hérétiques. Ils doivent être purifiés. Comme l'herbe sous les arbres, les feuilles tombent dans la prairie. La faux tranche. La racine subsiste, mais la terre en fera du compost. C'est le cycle de la vie. Je ne suis que son instrument.

          Je le fixe. Il a compris ce que j'ai dit ? Tant mieux. Seuls des ignares pourraient ne pas comprendre mes sages paroles. Je viens de les inventer. Ou plutôt, surement, c'est Toi qui les a mis dans ma bouche. En face, ils n'ont surement pas compris. Les ignorants sont ainsi. Ils n'écouteront jamais de toute façon. D'un coup, je m'élance vers les deux adversaires, prêts à frapper.

          Par la Paume Ondoyante de Bouddha !
          Par le Poing Argenté du Mouton Belliqueux !


          Par le Seigneur, fermez vos grandes gueules !

          Je frappe les deux en même temps, mais ils esquivent sans difficulté. Arf. Ils ne se laisseront pas avoir si facilement. Je me tourne vers le mouton et je le charge. Cette fois, il ne peut pas éviter mon corps tout entier. Je le fais reculer de dix mètres avant de le faire tomber et moi avec. On roule ensemble sur l'herbe. Il essaie de me frapper de toute sa force, mais coller à lui comme ça, il peut ne rien me faire. Je peux ne rien lui faire aussi. J'arrête de rouler en allant en sens inverse. Chacun profite de l'occasion pour se relever. Il me jauge comme si ma condition de femme le dérange. J'ai pas ces états d'âme. Je fonce, le poing en avant. Il encaisse ma frappe avec le sourire et répond par une patate dans le sein gauche. Putain ça fait mal ! C'te brute ! Comment il ose frapper mes attributs féminins ! J'enrage ! Je sens franchement la colère monter en moi. J'hésite pas deux secondes ; je profite de ma brève montée d'adrénaline pour me saisir de sa tête et de la fracasser contre la mienne. Coup de boule. Je sens un peu la douleur, mais les hormones de combat en inhibent les effets. J'enchaine sur plusieurs patates dans son torse. Pas de style particulier ni de « par le poing du bidule chouette ». Je frappe pour faire mal. Je frappe avec violence pour marquer les esprits. Cette violence doit faire basculer mon adversaire dans la défaite. Et je l'obtiendrais.

          Il riposte plusieurs fois, mais ne fait qu'encaisser les coups. Rapidement, il ne peut plus rien faire. Il finit par se balancer sur lui même, sérieusement amoché. Un uppercut bien en dessous du menton suffit à lui faire savoir que le mouton belliqueux est retourné dans son enclos. Il s'écroule au sol au milieu des pâquerettes. Fin du premier abruti.

          Merde ! Il y en a un autre !! J'espère qu'il n'a pas abimé mon nounours !
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          Il y avait quelque chose qui n’allait. Définitivement. Cette moustache ne lui disait rien qui vaille, et le gusse en pyjama qui l’arborait non plus d’ailleurs. En l’espace de moins de cinq minutes Yuwin s’était vu mourir d’au moins quatre façons différentes, et elles n’étaient pas plaisantes. Tenant miraculeusement sur ses jambes, dans un semblant de garde tremblotante, il faisait face à son nouvel adversaire. Davantage que de la peur il pouvait sentir le goût amer du désespoir et du regret dans son palais. Qu’est-ce-qui lui avait donc pris de se remettre dans cette nauséabonde situation…assurément un quelconque esprit malin avait rendu confus son esprit en lui soufflant des suggestions trompeuses, et suicidaires. Mourir au combat. On pouvait dire ce que l’on voulait mais ça en jetait quand même un max. Le cuisinier itinérant qu’il était ne s’était jamais imaginé comme un grand guerrier. Même à l’époque de son séjour parmi les Cook Pirates il était plus du genre à nettoyer les armes qu’à s’en servir. Mourir au combat…Ouais enfin ça revenait toujours à mourir. Surtout que dans la situation présente : le cul à l’air, de la merde sur les vêtements en tremblant pour sa vie n’était pas exactement la combinaison gagnant synonyme d’une « mort glorieuse ». Ca sentait mauvais, et il ne parlait pas de sa propre odeur. Qu’était-il advenu de ses beaux projets de devenir un homme nouveau ? Honnêtement il n’en avait rien à carrer à présent qu’il avait devant lui ce malade au regard vide, qui semblait avoir décidé de dédier son existence à l’éradiquer de la surface de la terre. Il incarnait toutes les crasses que lui avait envoyées la Providence.

          Il pouvait deviner les muscles saillants sous ces vêtements amples, et c’était sans compter cette moustache…Plus que l’atmosphère oppressante que son adversaire dégageait, davantage que son poing meurtrier brandi devant lui, il y avait cet horripilant ajout pileux désopilant. Yuwin bouillait de l’intérieur, un nouveau malaise l’avait envahit. Il devait le dire ! Il devait réagir ! Soudain un mouvement imperceptible de la lèvre de son opposant haussa légèrement le fin trait du poil, et ce fut l'hallali. Déversant à la fois sa bile psychorigide, le stress et la tension accumulée, le cuisinier s’exprima avec rage un index majestueux accusateur pointé vers l’objet de son ire.

          -Oooh ! Par le Gigot Gingembre de Kan Ibal ! Il..il faut te trouver un rasoir pour cette moustache ! Tu ne le sais peut être pas les dépôts pileux accumulés communément appelés « barbe » sont source de miasmes graves ! Sans compter le soin permanent qu’il faut accorder à cette extravagance, et ce avec une lame aiguisée ! Alors si tu ne t’en débarrasse pas…voilà ce qui va se passer !

          Reprenant son souffle Yuwin se laissa porter par son entrain, tentant de lui expliquer ce qui allait inévitablement advenir.

          -Un jour alors que tu vas te lever de bon matin, l’air encore endormis tu vas comme à ton habitude tailler ce qui pour toi donne caractère à ton visage. SAUF QUE VOILA ! Distrait par une mouche passant devant le miroir tu vas vouloir la chasser d’un geste rageur, et TU VAS TE TRANCHER LE NEZ ! Plus que la douleur, tu deviendras la risée du voisinage et tout le monde te traiteras en monstre ! Tu seras alors très malheureux ! Jusqu’au jour où tu seras engagé par un cirque itinérant rassemblant des « Erreurs de la Nature » de ton espèce. Tu monteras alors un numéro, incluant une paille, je ne connais pas les détails mais ça sera sûrement hautement comique. Tu seras connu comme « Julio de Bergerac dit l’Homme Qui a Du Nez », et tu deviendras très célèbre…MAIS CE N’EST PAS FINI !

          Yuwin repris son souffle brutalement :

          -Malgré ton succès tu ne trouveras jamais le bonheur et tu tomberas dans le sexe et la drogue ! Avide de sensation forte, tu trouveras la mort lors d’une séance de masturbation, pendu à la poignée de porte de ta chambre déguisé en homme-grenouille !

          Encore haletant de son avertissement le cuisinier à tête d’ours croisa les bras et hocha vigoureusement de la tête. Bien évidemment ce ne pouvait être là que le chemin logique. Il espérait au moins qu’il avait réussi à lui faire comprendre combien il était important de se débarrasser de cette ridicule…

          -Je suis sourd à tes enchantements démon ! Par le Troisième Cercle Cosmique !

          Le contact fut rude. D’un puissant coup porté du tranchant de la main sur sa pauvre tête Yuwin fut proprement jeté au sol. Son pauvre crâne résonnait comme une cloche, la puissance de l’impact se répercutant à l’intérieur même du carcan d’acier qui lui avait évité un impact direct et fatal. Il espéra l’espace d’un fugace instant avoir au moins broyé, passivement, quelques phalanges à son opposant. Relevant la tête, son regard encore brouillé par le coup reçu, il dû se rendre à l’évidence que son adversaire semblait aussi importuné qu’un géant par une coccinelle. Pas le temps de s’appesantir sur la poétique de la comparaison que déjà il semblait vouloir remettre ça. Le cuisinier de l’extrême avait suffisamment eu d’indices sur ses capacités à s’opposer à son adversaire. Où était sa sauveuse ? Naïf qu’il était ! Sans doute que la pauvresse était déjà morte elle aussi.

          -C’est la fin pour toi démon !

          Il avait sans doute raison celui-là ! Mais il n’avait pas survécu à tant de batailles au sein d’un équipage pirate et au traitement disciplinaire de la Marine grâce à sa force ou à son talent. Non. Dans des moments comme celui-ci il fallait user de sa tête ! Ramassant une pleine poignée de terre Yuwin l’envoya directement dans les yeux de son adversaire. Momentanément aveuglé il était à présent une proie facile, et il connaissait le point vital à frapper. Le coup de pied dans les roustons le mit définitivement à genoux, mais il ne comptait pas en rester là. Yuwin avait bien l’intention de se servir de toute sa tête.

          -Kuma Head Clash !

          Avec la puissance du gong millénaire sa tête frappa celle du karatéka qui s’étala en un bloc. Ha ha ! Mieux valait être un lâche vivant qu’un héros mort ! Yuwin s’effondra à son tour au sol, en ayant pas même la force de se demander comment diable il avait pu finir en plus piteux état qu’après avoir survécu à une tornade.

            Je cours en direction de là où j'ai dû laisser Nounours et l'autre type. On est pas parti vraiment loin, moi et l'autre gus, mais il y a de quoi faire un sprint pendant dix secondes. Dix secondes qui peuvent être de trop. Vite ! Se dépêcher ! J'aperçois Nounours. Il est allongé, encore une fois. En face, il y a l'autre type. Le moustachu. Celui de l'ordre machin chose. Je le vois se frotter la tête et rouler sur lui même. Je m'approche à grands pas des deux types. Le méchant a l'air inoffensif, je fais un rapide check de mon homme ours. Il a pas l'air d'être plus abimé que précédemment. C'est bien. J'ai eu peur qu'il soit mort. Ça aurait été bête. L'autre bouge encore. Il baragouine un truc. Il doit vouloir dire « je vais me venger par l'ordre du soleil des cartapédales ». Ou un truc dans le genre. Je lui assène mon pied dans sa figure. Ça suffit pour le faire retourner là ou Teddy Bear a tenté de le conduire. Au moins, il ne fera chier personne avec ces lubies. Je lorgne deux types plus loin. Des collègues aux zigotos. Ils semblent juger le pour et le contre d'une intervention. Je peux vous promettre que vous allez en baver si vous la remmenez. Ils semblent comprendre le regard noir que je leur lance. Il décampe.

            On est enfin tranquille.

            Ou on en était ? Ah oui. Couper cette chose à l'entrejambe. Ou non ? On n’avait pas conclu sur la question ? Enfin, l'important est de le soigner, c'est évident. Ce n’est pas en restant à l'extérieur que je vais obtenir de bon résultat. Il faudrait une centre de soin. Mouais. Vu les autochtones et la rapidité avec laquelle il voulait le zigouiller, je vais éviter de l'amener dans un endroit ou des médecins pourraient jouer du bistouri pour le tuer. Leur raison m’est toujours inconnue. Enfin, il n'y a pas à avoir de raisons, on ne tue pas, point ! Que faire alors ? Le mieux reste encore de l'héberger quelque part. Il y a des auberges sur cette ile. Roupiller un coup, ça ne fait pas de mal. J'vais le transporter, il a pas l'air si lourd que ça. Mh. Il faudrait aussi le cacher. On pourrait me sauter dessus si on le voit avec moi. Je sais ! Je vais l'enrouler dans ma tenue de soeur et je le porterais dans mes bras. En boule, on ne saura pas que c'est un homme ours. Pour la grosse tête, ça va être compliqué. Je la collerais contre ma poitrine. On pensera peut-être que j'ai des seins plus gros, mais ça devrait fait l'affaire. J'm'en occupe aussitôt. Je me déshabille prestement et j'enfile ma tenue légère. J'enroule ensuite l'homme dans mon vêtement. Je me charge de mes affaires, puis je prends la boule humaine en calant sa tête entre mes seins. Ça fait vraiment gros. J'vais me dépêcher. C'est lourd, mais supportable. Je suis pas fragile, moi. Pas comme d'autres.

            Je me mets en route. J'ai vu une auberge à mon arrivée. C'est pas très loin. Je m'y dirige sans faire de détour. Ça paraitrait suspect. En route, je croise des gens ; les même que d'hab'. Au premier qui s'approche, je lui fais mon regard le plus colérique possible. Il n’insiste pas. Les autres n'ont plus. De toute façon, un duel éclate non loin et leur attention dévie vers cet événement pourtant si courant sur l'ile. Je m'attarde pas plus sur ce qui pourrait me perturber. J'ai beau dire que c'est supportable, je commence à suer sévère. Je me sens un peu collante, c'est affreux. Du coup, je me dépêche un peu plus ; je cours limite. J'ai la tête d'ours qui vole un peu dans tout les sens, mais on fera avec. Il y a quand même des amortisseurs. Je finis par voir une auberge. Pas le grand luxe, pas le dépotoir. Suffisante pour se reposer. Je rentre dedans sans m'arrêter, je bouscule un type au passage. Je m'excuse sans le regarder ; j'ai chaud !

            Je dépose mon paquet au sol, le temps de sortir les Berrys pour une chambre discrète à l'étage. Je reprends mon fardeau jusqu'à ladite chambre. J'entre et je referme derrière moi. J'fais trois derniers pas et je dépose le type dans le grand lit. Waouh ! Fini ! J'suis morte ! Je respire fort et je suis tout humide. Je m'évente un peu avant de m'occuper de l'homme. Je le déballe puis je l'allonge dans le lit. Il respire. Il a pas l'air très secouer par le voyage. Tant mieux. Un instant, j'hésite à m'occuper de ses blessures. J'suis fatiguée aussi ! J'ai bien besoin d'une bonne douche. Pour le prix, il y a ça. C'pas top, mais ça ira. J'vais dans la petite salle d'eau, je me déshabille et je passe sous la douche. Ça fait du bien ! Je me sentais vraiment sale. Je vais faire quoi après au juste. Je vais le soigner, ouep, mais après ? Pourquoi il se fait attaquer ? J'dois m'en occuper ? Je dois l'aider ? Tu ferais quoi, toi, Seigneur ? … Tu t'en fous ? Ok. Sympa. Bon, profitons de l'eau. Il y en aura surement bientôt plus.
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            Un véritable coma. Après l’épisode harassant et odieusement mortel qu’il venait de vivre, Yuwin Mavrokoukoukalis avait fini par plonger dans un profond sommeil proche de l’évanouissement. L’inconscience était la meilleure chose qui venait de lui arriver depuis. Des flashs flous et vagues lui revenaient parfois en mémoire. Le souvenir tenace d’un environnement incroyablement doux…et encombrant. Deux mamelles divines ruisselantes et maternelles. Un doux sentiment de chaleur, comme lorsqu’on colle ses fesses contre un réchaud ronronnant de tiédeur. Oui, il était bien. Soudain un ballotement insupportable, la sensation d’être un bébé kangourou en cavale, bien callé dans la poche. Et enfin le calme, puis le silence. Un environnement incroyablement calme et doux. Il avait sombré dans les profondeurs de coton du sommeil des bienheureux. Cool, calme, détendu du gland. Pas de guerrier de la vertu complexé par son monotesticule, pas de folle dingue en trop plein hormonal. Puis le temps du réveil vient, et ô miracle le rêve ne se dissipe pas. Une odeur de draps frais entourait le cuisinier bienheureux, accompagné du moelleux d’un bon matelas. Son cerveau tente de lui faire comprendre qu’il s’agit d’un « lit », quelque chose qu’il n’a plus connu depuis trop d’années. Etait-il mort cette fois-ci ? Un ange allait-il apparaître pour lui annoncer la fin de ses malheurs ? Ou bien le Destin en personne allait-il venir avec un grand sourire en travers de sa sa gueule ? Apparemment ni l’un ni l’autre.

            Prenant peu à peu conscience de ce qui l’entourait, Yuwin se sentait étonnamment plus reposé et serein qu’il ne l’avait été depuis un moment. Bon, il n’y avait aucun guerrier en pyjamas dans les alentours, ce qui était irrémédiablement un bon signe. Des fleurs, du crépi sur les murs, des bougies bon marchés et le bruit de l’eau qui coule agréablement. Ca ressemblait méchamment à un hôtel, du genre que son équipage avait l’habitude d’occuper bruyamment pour dépenser le fruit de leurs rapines, les filles nues en moins. Reprenant ses esprits, le cuisinier se palpa le corps. Une fois encore rien ne manquait. Tout ceci était presque trop beau. Quelque chose de monstrueux allait forcément se passer dans les minutes qui allaient suivre. Une météorite peut être, ou le plafond allait se dérober, un serveur zozotant arriverait avec du cola tiède en jouant de l’accordéon. L’instinct de l’homme à tête d’ours lui criait de s’enfuir tant qu’il le pouvait encore, mais sa curiosité prit le dessus. Se pouvait-il que…Il y avait bien souvenir de s’être retrouvé avec cette bonne Sœur aux gros obus après avoir défait l’autre empaffé mais…Ce pouvait-il ? Le rouge lui monta aux joues et son second cerveau commença à travailler. Se trouvait-il réellement dans une chambre d’hôtel seul avec une femme ? Sa poitrine commença à se soulever avec force, le souffle lui manquait. Du calme, du calme. Le vieux Joe à l’époque lui avait déjà dit comment réagir dans ce genre de situations. S’il se souvenait bien cela impliquant de la vaseline, un bâillon et une bûche. Ouais…ce n’était peut être pas si judicieux, il se souvenait également que le vieux Joe parlait aux meubles.

            Secouant la tête, Yuwin se força à reprendre un semblant de tenue. Là, calme. Par le Tartare Saumon de Chef Lafouquet elle devait se trouver sous la douche en ce moment même, et nue en plus ! Il empêcha in extremis un saignement nasal inopiné et se rendit compte que son troisième bras lui au moins savait quel choix il devait faire. C’était que le malheureux cuisinier n’avait guère d’expérience dans ce domaine. Il y avait bien eu cet épisode avec la grosse Clara mais…il ne tenait guère à se souvenir de cette macabre scène. Par le Saint Saindoux il revoyait encore cet immonde instrument en latex pendant entre ses cuisses ! Non ! Ca n’allait pas se passer ainsi ! Son ange blond assurément n’était pas du même calibre, et nul doute qu’elle ne l’avait pas amener ici sans arrière pensée. La coquine. Devait-il la rejoindre ? Fièrement dressée ? Un mot s’imposa soudain à lui, quelque chose comme « romantisme ». Ca ne lui parlait pas vraiment, mais profondément en lui il sentait que jaillir comme un violeur psychopathe le membre prêt à l’assaut ne collait pas avec ce mot. Sans compter qu’avec sa tête d’ours cela pouvait prêter à confusion…Un dilemme s’imposait à lui. Que faire ? Jetant un coup d’œil circulaire il identifia les éléments nécessaires pour mettre à exécution un plan efficace propre à lui permettre le coït avec cette déesse au bonnet de rêve.

            Jetant ses défroques au loin, il mit glorieusement à nue sa constitution de crevette de troisième choix. Guère appétissant et séduisant que tout ça jugea-t-il, et il ne parlait pas de l’odeur. Farfouillant dans le panier traditionnel mit à la disposition du client il mit la main sur l’accessoire indispensable pour l’homme à l’affût : une bouteille de parfum. Plissant les yeux il déchiffra avec un certain mal l’écriture enroulée et large qui ne laissait aucun doute quant à la virilité de son auteur.

            -Nuage furieux d’été fugace.

            Bordel mais quel odeur ça pouvait bien avoir un truc pareil ? Quelle senteur associait-on généralement à un nuage ? Furieux en plus le nuage ! Pour l’été il avait bien une vague idée, quelque chose qui se rapprochait de l’odeur d’un cadavre au soleil, ou de merdes de chien en dégel. Ca ne lui disait rien qui vaille tout ça, mais il estima rapidement que tout valait mieux que son odeur actuelle. Yuwin s’aspergea donc allègrement de la petite bouteille, le parfum lui arriva aux narines comme la caresse d’un boucher. Reniflant avec classe, il lui semblait avoir déjà sentit pareille effluves dans les toilettes de la Marine. Bon ! Il s’agissait de s’occuper de l’ambiance à présent, le cadre du bouge minable n’était pas vraiment propice à mettre à l’aise. Se trouvant soudain un instinct de la romance innée, le cuisinier s’occupa de disposer de multiples bougies dans toute la chambre, accompagnant son œuvre par un carnage de pétales de fleurs. Voilà ! Ca avait de la gueule ! Quel effet ça allait avoir ! Honnêtement il ne préférait pas vraiment y penser, mais il continua son office en ajoutant le clou de sa scène. Le vieux tourne-disque n’offrait rien de particulièrement attrayant, à croire que le patron de ce trou n’était pas versé dans l’art de l’Amour ! Gueux ! Enfin il trouva son bonheur.


            Yuwin s’allongea sur le lit, exposant glorieusement son anatomie offerte, relavant la jambe droite et prenant appui sur son coude gauche, une rose entre les dents. Le cadre était posé et il était roide, comme un mât majestueusement dressé en l’honneur d’un monarque, figure de proue virile prête à l’assaut. Il se sentait en feu ! Une qualité que semblait partager les rideaux derrière lui, flambant doucement mais sûrement.


              Les dernières gouttes d'eau tombent de la douche. Il n'y en a plus. Je profite au maximum. Je les sens s'écouler sur ma peau, passant sur mes courbes, de plus en plus lentement comme si le temps se figeait. Déjà, la fraicheur relative de la pièce me prend. J'en frissonne. Les dernières gouttes de chaleur tombent sur le sol, laissant mon corps propre en proie à cette morsure glaciale. Il faut que je sorte. Je chipe une serviette et je me frotte hermétiquement. Visage, cheveux, puis le reste du corps. Une fois que c'est fait, je me regarde dans le petit miroir de la salle d'eau. Je me retourne et je m'observe sous toutes les coutures. Je suis quand même trop belle. Il y a bien ces petites traces de mes récentes blessures, mais ça ne se voit pas trop. J'suis parfaite ! Pourquoi on veut de moi alors? Ils ont peur. Surement. Toi, tu as vu en moi. Tu seras peut-être mon seul chéri. T'as de la chance. J'suis hyper fidèle même. Jusqu'à ce que je trouve mieux. Enfin, on peut partager aussi ? Tu t'en fou ? Parfait. Je fais un rapide contrôle des textures de peau. Ça a l'air bien. Il faut faire attention avec tout le stress et les conditions difficiles, il s'agirait de ne pas griller les chances qui pourraient s'offrir à moi. Une fois satisfaite, je m'habille avec le strict nécessaire, c'est à dire, sous-vêtement. Le reste, je le passe à l'eau. Pas question de les remettre, ça sent la sueur ! Et puis, c'est pas comme si j'allais en avoir besoin dans pas trop longtemps ! Ces prochaines heures, c'est repos. Le patient en a besoin et, moi, aussi. Au pire, je peux toujours mettre ma tenue de nonne. Ouaip, voilà. J'ai tout prévu. Je retourne dans la chambre, la serviette sur la tête, après avoir mis à sécher mes vêtements.

              C'est quoi, cette ambiance bizarre ?!



              Tout a changé. Ça semble plus chaleureux. Plus intime. Il y a des bougies allumer et des pétales de fleurs un peu partout. Waouh ! C'est trop étrange ! Je zieute mon patient. Il est allongé, là ; il me regarde de ses yeux vides. Nu comme un ver, il semble m'attendre. Trop trop étrange ! Je fais quoi ? Je suis censée faire quoi ? Je ne comprends pas la situation ! Mais qu'est-ce qui m'arrive ! Je sens comme une force monter en moi. Je me sens plus. Je me contrôle plus. Ma main se déplace toute seule, quoi ! Elle vient se coller en haut de ma poitrine puis caresse jusqu'à l'épaule avant de redescendre en suivant la courbe du bras. Mon autre main aussi se déplace ! Elle vient attraper le coude de mon autre bras. Je les regarde sans comprendre, puis je relève les yeux, presque implorants, en direction de mon patient. J'essaie de lui dire : tu sais ce qui m'arrive ? Je ne prononce pas un mot. En fait si. Une sorte de ronronnement comme font les chats. Je suis pas un chat ! Rah ! Il m'arrive encore un truc bizarre ! Mon corps se déhanche ! Y a mon popotin qui fait des huit ! Il faut que je me tienne. Avec toute ma détermination, je me retourne et j'attrape les montants de la porte. Je sers fort ! Du coup, mes mains ne font plus rien, mais le déhanchement ne s'arrête pas ! Pas bon ! Pas bon du tout ! Autre solution ; j'attrape le montant gauche des deux mains. Ça a l'air d'aller mieux, je bouge moins du bas, mais je bouge du haut. Ma main passe du montant à mon sein, puis du sein à ma fesse avant de continuer sa route sur ma jambe. C'est vraiment la mouise. Je bascule la tête en arrière, la bouche ouverte.

              Je veux mourir.

              Je jette un regard à mon patient qui semble plutôt énergique, mais un détail anodin me saute carrément au visage. Il y a son truc, là, entre les jambes dressées comme pas possibles. La chose. La tête animale. Ça me rappelle des trucs. Je cherche dans ma tête alors que je continue à faire des trucs pas bien du genre à malaxer la poitrine. Rah ! C'est quoi ?! … J'ai trouvé !

              C'est un satyre !

              Je me souviens de ce livre que j'ai dû lire au couvent des Soeurs de la Miséricorde. Le satyre est une créature diabolique à tête d'animal qui corrompt les ambes purs et les amène à faire des choses blasphématoires. Sa « chose » est le calice de son pouvoir démoniaque. Les cinglés avaient raisons ! Il est vraiment un diable incarné sur terre ! Il sait que je suis la seule à pouvoir l'éliminer et il cherche à me corrompre, manipulant mon esprit ! L'être abject ! Il mérite cent fois la mort ! Vouloir me transformer en créature de l'enfer, moi, si pur, si innocente ! Impardonnable ! Avec cette découverte, je me sens reprendre le contrôle de mon corps. Je continue à me caresser le ventre histoire de ne pas attirer l'attention. Qui sait ce qu'il me fera quand il découvrira que je ne suis plus sous son emprise démoniaque ? Je n'ose imaginer. Ça sera surement … horrible ! Mais je dois faire face ou sinon, c'est toute l'ile qui risque de flamber dans les flammes de sa vilénie ! Je me glisse le plus loin possible de lui. Il n'arrête pas de me fixer. Barbare ! Monstre ! Tu paieras de ma divine hache ! Sauf que la divine hache est à l'opposé de ou je suis. Il faudrait lui passer dessus pour l'atteindre. Il n'attend que ça. Le sadique. Il me faut une diversion. Les sourires charmeurs ne seront plus efficaces bientôt. Je regarde autour de moi rapidement. Il y a des bougies et divers objets. Je sais ! Je vais le canarder et le faire rôtir dans les flammes de son enfer luciférien ! Un piège ! Il me faut un piège ! Je vais lui en donner, du stupre !

              Je glisse délicatement un doigt sous ma culotte tout en soutenant le regard du satyre, puis je me retourne. Ma main libre s'approche des bougies tandis que mon autre main fait glisser très lentement mon sous-vêtement vers le bas, découvrant peu à peu mes fesses. Je le sens. Il est surement tombé dans le panneau. Il va payer pour ses crimes passés et futurs ! Je me retourne brutalement, remontant ma culotte d'un coup. De l'autre, je lui balance trois bougies allumées qui viennent le percuter. Aussitôt fait, j'enchaine des deux mains en balançant tout ce qui passe à portée. Bougies, ustensiles et autre. Quand j'ai plus rien sous la main.J'hésite pas. Je saisis la commode, je la porte à bout de bras et je la balance sur le monstre.

              Meurs ! Satyre Démoniaque !

              Il ne m'aura jamais ! Moi ! Soeur Marie Thérèse la pure !
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              La commode, c’était peut-être un peu trop brutal, j'le reconnais. Le machin a traversé la pièce et a cueilli mon satyre en vol alors qu'il venait de sauter sur moi. Il aurait pu se faire aplatir contre le mur, mais il est juste tombé au sol, de l'autre côté du lit. La commode est venue se fracasser contre le mur, faisant trembler ce même mur, et du coup, des cadres sont tombés au sol, accroissant davantage le chaos. Mais c'est pas le pire, oh que non ! C'est que j'ai foutu un bel incendie avec mon attaque ! Les rideaux crament sévères et le bois est attaqué. J'sais pas ce qu'il y a dans l'air, mais ça crame facilement. Déjà, j'entends des bruits à l'extérieur. Il y a l'incendie. Ça gueule fort. C'est probablement le moment de se barrer d'ici. J'laisse cramer le satyre dans les flammes qui l'ont vu naitre et je me tire avant qu'on me mette à dos l'incendie. J'ai fait que me défendre ; j'pense pas qu'on va croire. Fichues gens qui ne comprennent rien. Je saute par dessus le lit. L'autre est toujours au sol, allongé comme un I. Et c'est mes deux panards dans le bide pour lui faire passer l'envie de se relever de si tôt. D'un coup de main rapide, je récupère mes affaires et je me précipite ves la salle d'eau. Là, j'fais pareil qu'à l'instant, je prends tout l'inutile et j'l'envoie se fracasser sur la créature démoniaque dans la chambre pour pas qu'elle se relève. M'étonnerait que de simples objets lui fassent grand mal, en fait. Il y a que le feu qui peut faire quelque chose. Quand c'est le petit meuble de la salle dos que je lui envoie sur la figure, je me dis que j'vais avoir une fenêtre assez grande. Il disparaît littéralement sous les projectiles, probablement assommés. J'en profite pour m'habiller rapidement. Tant pis pour les vêtements humides. J'aurais peut-être la crève, mais c'est mieux que de finir rôti ou de passer un séjour en cellule. Et la bure, c'pas très pratique pour fuir. Sac sur le dos, vêtement sur la peau et hache dans la main, je ressors de la pièce alors que l'homme à tête d'ours sort justement sa tête des décombres. Et boom. Un pied dans le nez au passage, et j'enchaine avec un pied dans la porte pour me libérer le passage.

              Sauf que là, je tombe nez à nez avec le propriétaire. Le gus perçoit rapidement que l'incendie qui dévore l'étage de son auberge provient de ma chambre. Et quand on voit partir en cendre son fonds de commerce, j'peux comprendre qu'on le prenne mal. J'serais trop triste si Endaur venait à cramer. Ça serait criminel de toute façon. Là, c'est juste une erreur. Et même pas en fait. C'est une quête pour tuer le démon qui a tenté de me corrompre. C'est d'la légitime défense et le Seigneur est avec moi. Pas de bol, l'auberge doit servir à la crémation. Dieu te le rendra, ça compte ?

              QU'EST CE QUE VOUS AVEZ FOUTU, BORDEL ?! VOUS CRAMEZ MON CHEZ MOI ?!

              Mouais. Ça va peut-être pas l'aider mon petit discours. Faut que j'emploie la manière forte alors. C'pour la bonne cause. Je lève mon poing devant moi et je prends une mine terrible !

              Arrière ! Ou l'engeance du démon viendra te corrompre ! Le démon à tête d'ours doit bruler dans les flammes de l'enfer qui l'ont vu naitre ! Fie-toi à moi ! Je suis l'ange exorciseur du mal !

              C'est un peu pompeux, mais faut bien ça pour impressionner les faibles d'esprit. Sauf que j'ai plutôt l'impression que j'ai eu l'effet inverse. Avec le fond rougeoyant dans le dos, j'dois passer pour le démon. Et la tête d'ours qui se relève, ça aide pas non plus ! J'le zieute rapidement et je choppe la première chose qui passe à ma portée pour lui balancer. J'me retiens une seconde avant de balancer l'aubergiste dans les flammes. Heureusement qu'il gueule comme un goret. J'aurais zappé ce détail. J'le relâche avant d'empoigner le vase posé pas loin dans le couloir et de le balancer avant qu'il puisse s'y opposer.

              Naaan ! C'était le vase de ma belle-mère !

              Il était pourtant moche, ce vase. Il aura fait deux malheureux en tout cas. C'est le cinquième shoot à la tête pour le satyre, non ? Il retombe à nouveau dans les pommes tandis que le vase éclate en morceau. L'aubergiste tire la gueule et puis j'le vois me faire une grimace pas très sympa. Geste rapide vers son dos et j'ai le réflexe de lui bloquer le bras. Je tords et c'est un couteau qui vient se planter dans le sol.

              Hé ! C'est dangereux ça !
              Meurs ! Créature infernale !

              Nan mais t'as pas capter que c'est l'autre, gus ? Moi je suis pure. Moi je suis honnête. J'veux te sauver la vie et l'incendie, c'pas ma faute. C'est juste le vase qu'est ma faute. Là, j'suis désolée. Mais il s'en fout. Il me tape. Il me tambourine le poitrail. Mais ça fait bien longtemps qu'il n’a pas tapé quelqu'un avec suffisamment de force pour que ça fasse d'effet. Je reste imperturbable. Pas longtemps. Il y a un peu le feu tout partout et la fumée s'immisce dans tous les recoins. Il serait temps de se bouger pour sortir de cet endroit, non ? La fournaise, c'pas ma tasse de thé. Mais j'ai l'autre qu'est effondré contre moi. Pétage de boulon ; les nerfs ont lâché. Pas grave, j'le prends sous le dos ; il n’est pas trop lourd. Je referme la porte, on sait jamais, et j'la bloque la poignée avec un pied de chaise que j'arrache d'un coup sec. Un peu fait à la va-vite, mais je compte sur les flammes pour qu'il finisse par se désintégrer rapidement. Maintenant, c'l'heure de tracer. Je cours dans le couloir avec mon aubergiste sous le bras. Le pauvre se prend quelques murs dans la tête, mais il l'a dur. Ça passe sans problème. Je zigzague dans les couloirs esquivant les nuages de fumée toxiques et les zones de l'incendie qui s'est sévèrement propagé à tout le bâtiment. Arrivant à l'escalier, celui-là est déjà en feu. Pas moyen de trouver une autre solution pour sortir. Je passe rapidement dans l'incendie. Les marches craquent, mais tiennent. Sauf la dernière ; j'me casse la figure et l'aubergiste fait rouler bouler dans la vaisselle de son bar qu'était là. Les verres tombent. Désolé mec. J'espère que ce n’était pas l'héritage de ta grand-mère. J'le récupère et me dépêche de sortir de la baraque. Le grand air m'accueille avec joie tandis qu'on m'entoure pour me délester de l'aubergiste. On vérifie si j'vais bien. Ouais, l'autre ne pense pas encore à moi et on pense que j'y suis pour rien dans l'histoire. C'qui est un peu le cas, non ? Mais j'm'inquiète pas pour la suite, ça finira par me retomber sur le coin de la figure. J'm'inquiète en fait, ouais. J'finis par me faire oublier et je m'éloigne un peu. Dans l'obscurité, l'auberge est une sacrée torche. Selon les rumeurs, le satyre est pas sorti. J'me sens rassurée. Le monstre démoniaque brule. J'aurais pas brulé l'auberge pour rien. Euh. C'est une façon de parler. C'pas ma faute, toujours.

              Avant que l'aubergiste se mette à m'accuser, je m'éclipse au loin. Vivement le prochain bateau que je puisse échapper à d'éventuelle poursuite. J'me souviendrais de cet épisode. La première fois de ma vie qui je renvoie un satyre dans les ténèbres. J'me sens un peu guerrière du Seigneur sur le coup. C'pas pareil que de faire du mal à des gens. J'aime pas ça. Mais là, il était pas naturel. Alors, j'ressens comme un certain plaisir. Le plaisir du travail bien accompli. Pour le coup, tu m'offres moins d'emmerdes pour la suite, non, Seigneur ?
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