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Révolutionnaires à Tequila Wolf

Blew avait le moral très bas ces jours-ci. Il sentait ses forces l'abandonner et avait pensé assez souvent au suicide. Il reçut alors son bol de purée de pommes de terre en pleine figure. Le soldat qui lui avait jeté son repas du soir continua son chemin comme si rien n'était arrivé. Blew haïssait ces soldats de tout son corps. Dès la première seconde où il les avait vus, il avait su que ce n'allait pas être chose facile que de ne pas tuer ces soldats. Ils étaient plus de 8000 à surveiller les chantiers des ponts sur l'île de Tequila Wolf. En quelques semaines, Blew n'avait déjà plus les forces nécessaires à combattre plusieurs soldats en même temps sans son katana. Au bout de deux ou trois mois, il n'était pas question de seulement engager le combat avec l'un d'entre eux sans s'attendre à une raclée en règle. Mais au bout d'un an, Blew n'était plus qu'une épave dirigée par les vagues sur une mer sans île à l'horizon. Il dérivait vers une mort certaine, mais ne devait pas le laisser paraître s'il ne voulait pas être abattu sur place comme un chien ayant la rage. La seule chose le gardant en vie et lui donnant la force de continuer, c'était ses amis. Blew avait connu plus de gens en un an que pendant toute sa vie.

– Je déteste ces gars là, dit Blew.
– Ouais!, s'exclama Burden, Ils ne sont que des pions du gouvernement mais se voient comme des rois!
– Il faudrait leur donner une bonne leçon, dit Manny en laissant échapper un nuage de fumée de sa bouche.
– Non, ce serait trop risqué.. ils n'hésiteraient pas à nous tuer. Nous ne sommes que de la main d'oeuvre à bas prix... Souffle cette fumée vers quelqu'un d'autre, tu veux bien?

Manny et Burden étaient les meilleurs amis de Blew dans cette prison à ciel ouvert. Manny, un fumeur professionnel, était travailleur depuis sa tendre enfance sur Tequila Wolf. Ses parents y habitaient et y sont morts. Il n'avait que 24 ans, mais les ravages du tabac consommé depuis l'âge de 15 ans lui donnaient 40 ans. Burden, lui, était dans les plus récents travailleurs. Il était arrivé il y a quelques mois seulement mais connaissait déjà très bien l'endroit. Il avait été reconnu coupable de fraude envers des centaines de personnes à qui il avait vendu des actions inexistantes, il avait été envoyé sur Tequila Wolf à l'âge de 22 ans et n'allait probablement jamais en sortir. Blew connaissait presque tout le monde qui travaillait sur le même chantier que lui et avait souvent vu des corps sans vie se faire jeter à la mer et avait même déjà nettoyé des flaques de sang sur le béton sous ordre d'un soldat. Il luttait chaque jour de toutes ses forces pour ne pas lui même engraisser les poissons. Depuis son arrestation causée par son vol d'informations contraignantes sur la Marine dans une brocante d'East Blue, son état s'était détérioré de jour en jour. Contrairement à Burden, il n'avait pas eu de procès pour son crime. «Un traitement de faveur envers les révolutionnaires» s'amusait-il à dire.

– Comme tu veux... On pourrait créer une bagarre générale, aussi!
– Je ne survivrais pas à aucun coup... Je serais probablement piétiné par l'un d'entre vous alors que vous sautez sur les soldats... Excellente idée! Je meure d'impatience!
– Allez Kets' ! Tu dois te remettre sur pieds!
– Arrête de m'appeler Kets' .. S'il te plaît...

Blew ne pouvait pas se battre et il le savait. En fait, tout le monde au chantier le savait. Il marchait comme un vieillard et s'était même laissé pousser une barbe et n'avait pas coupé ses cheveux depuis 6 mois. Burden insistait à chaque jour pour le remettre sur pieds suite à leur traditionnelle discussion sur l'inhumanité de leurs conditions de vie ou sur les manières de faire payer aux soldats leurs mauvais coups. Cette fois-ci, le trio comptait vraiment faire quelque chose avant que Blew ne soit plus en état de travailler. Blew essuya alors la nourriture sur son visage et quitta la table pour l'endroit où il dormait. Les paroles de Burden résonnaient dans sa tête: «Tu dois te remettre sur pieds!». Blew gratta sa barbe. Il emprunta le rasoir de son voisin de gauche et se mit à l'ouvrage. Il s’aspergea le visage d'eau pour décoller les poils rasés de sa peau et s'essuya sur sa chemise d'un blanc crasseux et délavé. Il n'avait pas l'habitude de se laisser aller aussi longtemps avec des vêtements aussi sales. Il avait, au fil du temps, développé une certaine fierté envers son apparence et lavait ses vêtements au minimum à chaque semaine. Blew sortit alors une petite boîte de sous son lit. Il y avait rangé sa paire de gants blancs pour ne pas les salir. Je ne devrais pas les sortir... Blew sursauta en voyant quelqu'un s'approchant de lui. Il s'agissait d'une femme aux cheveux rouges vêtue d'un pantalon noir et d'un chemisier dans les tons d'orangé. Elle tenait dans sa main une paire de ciseaux.

– Burden m'a demandé de venir te voir. Je suis une excellente couturière, mais je coupe aussi les cheveux à mes heures.
– Sacré Burden... Il veut vraiment me remettre sur pieds comme il dit... Et votre nom, c'est..?
– Marie. Et nous voulons tous vous remettre sur pieds. Vous êtes dans le bon âge pour être un atout important dans la révolution de Tequila Wolf.
– Chaque chose en son temps...

Marie s'exécuta alors, alternant coups de ciseaux et replaçage de cheveux. Blew retrouva rapidement la coupe qu'il avait élaborée jadis lorsque ses cheveux en brosse ne lui plaisaient plus. Marie fit ensuite couler de l'eau dans les cheveux de Blew, le salua et alla retrouver son lit. Elle était une jeune femme dans la vingtaine. Ses parents habitaient Tequila Wolf depuis longtemps et y travaillaient, tout comme son grand frère. Elle avait offert ses services aux soldats surveillants de l'île en tant que couturière en échange d'un meilleur traitement pour sa famille. Son père pouvait donc prendre quelques jours de congé par mois, ce qui rendait grandement jaloux tous ceux qui étaient plus mal en point que lui. Marie ne semblait pas trop affectée par cet endroit, mis à part ses vêtements délavés, et semblait s'inspirer de ce lieu de désolation dans ses multiples créations artistiques ; elle ne faisait pas que coudre et raccommoder des vêtements, elle savait aussi peindre et dessiner. Cette jeune femme pleine d'entrain et de talent avait souvent attiré le regard de Blew, mais il ne lui avait pas prêté attention avant ce jour.

Blew se déshabilla et posa sa tête sur l'amas de couvertures qui lui servait d'oreiller. Il partit alors pour le royaume des rêves presque aussitôt et accueillit avec joie le sommeil qu'il convoitait depuis la seconde où il avait quitté son lit plus tôt au matin. Il n'était que 21 heures, mais le travail physique que Blew devait accomplir pendant la journée malgré sa faible condition physique le fatiguait énormément.

Un appel rauque et puissant réveilla tous les travailleurs assoupis. Sept heures venait juste de sonner et déjà un chef de chantier hurlait dans son porte-voix, laissant savoir à tout le monde qu'il valait mieux se lever et aller travailler si examiner les profondeurs de l'océan pour l'éternité ne faisait pas partie de leurs projets. Blew était déjà à moitié éveillé. Il se redressa sur son lit, fit craquer de multiples os de son corps et étira ses muscles. Il passa sa main dans ses cheveux et fut surpris de constater qu'ils n'étaient plus aussi longs que dans son souvenir. Blew était un autre homme ce matin-là. Son moral était plus haut que durant tout le mois. Il boutonna sa chemise, noua ses lacets et se dirigea vers le pont en construction. Les chefs de ce chantiers, en véritables salauds, exigeaient une heure de travail le matin avant de servir le déjeuner. Blew remarqua qu'une jeune femme n'arrêtait pas de jeter des coups d’œil dans sa direction. Il se demanda alors si ce comportement avait un lien avec son changement soudain d'apparence. Lorsqu'une main se posa sur son épaule, il sortit de sa réflexion.

– Kets' ! Regarde-toi! Tu as l'air si jeune!

– J'ai dix-neuf ans, Burden...
– Je sais! Ça te va bien ce look! Maintenant que l'apparence est arrangée, il va falloir travailler dans ta tête!
– Justement, ce matin ça allait plutôt bien...

Les deux jeunes hommes continuèrent de discuter tout en se préparant à travailler. Manny les rejoint rapidement et ils se mirent au travail. Le mandat du trio à cette étape de la construction n'était nul autre qu'un travail de fondations. Blew et Manny devaient déplacer et maintenir en place de lourdes plaques de métal pendant que Burden les soudait ensemble pour former un moule. Manny allait ensuite chercher une petite bétonnière et coulait du béton dans le moule alors que les deux autres égalisaient le tout. Cela leur donnait alors une dalle de béton qui serait ensuite transportée dans l'eau, placée et qui donnerait une fondation solide pour que des poutres d'acier y soient rattachées pour former une poutre du pont. À ce stade, deux équipes de bétonniers et soudeurs amateurs s'adonnaient à la création de ces dalles de béton sur ce chantier. À l'habitude, Blew avait besoin de la grande force physique de Manny pour transporter les plaques de métal. Mais aujourd'hui, il se sentait en pleine forme et se pensait capable de transporter des plaques de manière autonome. Il leur était normalement assez difficile d'effectuer ce travail dans leur condition et la durée moyenne de cette tâche était de huit jours incluant le temps de séchage du béton. Lorsque la cloche annonçant le repas sonna, tous les travailleurs se précipitèrent à la cantine. Le menu n'était pas très varié et pas de très haute qualité, mais les quantités étaient suffisantes pour redonner des forces. Ce matin-là, le déjeuner était composé d'un bol chaud de flocons d'avoine et d'eau, mélangés ensemble et créant ainsi une texture pâteuse et collante. On avait ajouté aux marmites un soupçon de cannelle pour donner un peu de goût à cette pâte froide. La file était déjà longue, mais Blew était dans les premiers servis pour une fois. Il allait enfin manger un repas chaud! Il alla réserver trois chaises à l'une des quelques tables installées plus tôt et attendit ses amis. Visiblement, certaines personnes allaient devoir manger debout. Burden et Manny finirent par arriver auprès de Blew.

– Le repas des pauvres par excellence...
– Moi j'aime bien le gruau!

Quelques minutes passèrent avant que Manny commence à manger. Il disait ses grâces avant chaque repas, remerciant le ciel de le laisser en vie. Au bout de quelques instants, Burden se leva et alla voir à la cantine pour avoir une autre portion. Blew avala goulûment une cuillerée de gruau en regardant tout autour. Manny regarda à son tour et arriva à la même conclusion que lui : l'homme qui lui avait jeté de la purée de pommes de terre au visage la veille n'était pas là. En fait, bon nombre des soldats qui étaient là la veille ne semblaient pas être présent au travail ce matin. Burden revint, l'air penaud, le bol vide et semblait avoir remarqué la même chose. Il devait manquer le quart des hommes au chantier, soit deux cent cinquante soldats. C'était très inhabituel qu'il y ait un manque aussi flagrant d'hommes à une heure aussi matinale. Manny en conclut qu'un des sept autres chantiers devaient avoir eu besoin d'hommes supplémentaires et qu'il y aurait probablement d'autres habitants ou criminels jetés à l'eau par ces hommes du gouvernement. Il était déjà l'heure de retourner travailler. Blew se porta volontaire pour rapporter les bols en céramique à la cantine. D'autres travailleurs assis à la même table lui tendirent leur bol. Le révolutionnaire eut alors une nouvelle mission : transporter une vingtaine de bols, dix dans chaque main, jusqu'à la cantine sans en échapper aucun. Une cinquantaine de mètres le séparaient de son objectif, puis quarante, puis trente, vingt, quinze... Alors que Blew croyait avoir réussi, deux bols tombèrent de sa main gauche et se brisèrent en de multiples morceaux de céramique de taille et de forme variées. Blew regarda la cantinière qui le regardait avec un air surpris en tendant les bras vers les bols encore intacts. Il les lui donna, mais un troisième vint se briser sur le sol de béton. Une deuxième cantinière avec les mains pleines de mousse se plaça à coté de la première et regarda Blew avec un air exaspéré. Un grand homme musclé et bien bâti vint se glisser derrière Blew et lui tapa sur l'épaule deux coups secs. Blew se retourna lentement, quelque peu nerveux et déçu de ne pas avoir rempli sa mission.

– Nettoie ça!
– ...Oui, monsieur...

Le costaud prit alors la poubelle la plus proche et la posa sur le sol dans un mouvement sec, regardant Blew d'un air menaçant. Il se retourna et se dirigea vers le bout du pont, où les travailleurs avaient déjà recommencé à travailler. Blew ramassait les morceaux de céramique en prêtant attention pour ne pas se couper lorsqu'il vit l'homme du gouvernement s'arrêter brusquement, se pencher un peu vers l'avant et partir en courant vers les appartements des superviseurs. Cet événement n'était pas passé inaperçu aux yeux de Blew, mais celui-ci se concentrait plutôt sur sa tâche. Au bout de cinq minutes qui lui parurent une éternité, il avait ramassé chaque gros et petit morceau des bols et avait même nettoyé le sol des toutes petites particules de céramique qui s'y étaient déposées. Il alla alors rejoindre ses aînés qui tentaient sans trop de succès d'effectuer leur travail à deux. À la fin de la journée de travail, entrecoupée par un dîner de vingt minutes où une soupe aux nouilles a été servie, tous les travailleurs se préparèrent à prendre un dernier repas avant d'aller se reposer. Un bol de pâtes à peine recouvert d'une sauce tomate fut remis à Blew qui attendait son plat depuis déjà un bon bout de temps. Il engloutit rapidement ce modeste souper tout comme bon nombre de travailleurs. Personne n'osait se plaindre de ce repas car chacun d'entre eux savait que le lendemain il y aurait de la viande au menu. La journée de la viande servait à récompenser les efforts des travailleurs sur le chantier. Cette méthode était assez récente, laissant croire qu'une nouvelle personne dirigeait maintenant le budget des cuisines. Les tables se vidèrent sans trop tarder et le silence de la nuit remplaça le bruit des discussions. Il était temps de dormir.

Tranquillement, Blew se réveillait. Il devait être environ sept heures à en juger par la position du Soleil dans le ciel. Le jeune homme se dirigea vers le chantier pour faire ses soixante minutes de travail matinal. Il n'y avait aucune âme qui vive à proximité. L'intensité de la lumière se reflétant sur le béton sans aucun obstacle mis à part une mince couche de poussière força Blew à se couvrir les yeux. Il n'y avait aucun travailleur à ses côtés. Peut-être que je me suis réveillé en avance... Pourtant, il était bel et bien sept heures. Le monde entier semblait avoir du retard sur lui. Il inspecta la propreté de ses vêtements en quelques coups d'oeil, conclut qu'il avait une hygiène acceptable et s'assit au bord du pont, laissant pendre ses pieds dans le vide. Les reflets du soleil sur les quelques vagues au loin attirèrent l'oeil distrait de Blew. L'océan... Toute son enfance, il l'avait passée sur une petite île d'East Blue à jouer dans ces vagues avec les quelques amis qu'il avait. Il lui arrivait souvent de s'asseoir au bout d'un quai, les pieds pendants comme à cet instant, et de regarder le soleil et les vagues danser ensemble un tango passionné interminable. La distorsion de la lumière dans l'eau avait toujours fasciné Blew. Une légère brise du Nord souffla alors sur son visage, caressant doucement ses joues. Cette journée était une très belle journée. L'une des meilleures qu'il avait jamais vu sur Tequila Wolf. Tequila Wolf... Cet endroit de malheur lui avait partiellement sorti de la tête. Il n'y avait plus que lui et la nature. Pourtant, il était physiquement coincé sur un pont-chantier et devait travailler chaque jour de sa misérable existence pour une durée indéterminée. C'était décidé. Il fallait retrouver la liberté à n'importe quel prix.

Blew entendit alors du bruit derrière lui. D'autres travailleurs le rejoignaient, tous aussi étonnés que lui de voir à quel point le chantier était vide. Puis, quelques soldats sortirent des appartements des superviseurs. L'un d'eux tenait un porte-voix près de sa bouche et commença à hurler comme à l'armée. En quelques minutes, tous les travailleurs étaient debout et prêts pour une nouvelle journée. Blew remarqua que le nombre de soldats avait diminué encore aujourd'hui. Il regarda autour de lui et vit que plusieurs travailleurs ne semblaient pas aussi réveillés que les autres. Certains avaient le teint pâle, presque vert, et les yeux cernés. Quelques-uns semblaient se tenir le ventre alors que d'autres fermaient les yeux et se concentraient sur leur respiration. Blew fut sorti de son observation lorsque Manny lui souffla la fumée de sa cigarette au visage. Ils allaient commencer à discuter lorsqu'un grand homme vêtu d'un habit assez chic se plaça devant eux. Il portait des verres fumés et un veston bleu. Il se racla la gorge avant de se mettre à hurler comme un bouledogue sur les restants de société alignés devant lui.

– Réveillez-vous bande de moins que rien! Vous dormez debout! Vous faites pitié à voir! Quand je m'adresse à vous, vous dites «Oui monsieur», compris?

– Oui monsieur.  
Que quelques-uns des travailleurs lui répondirent avec plus ou moins d'intensité. Le colossal personnage exprima son dégoût par une grimace.
– Comme vous l'avez sûrement constaté, il y a présentement une épidémie d'une maladie non-identifiée. Cette maladie cause un dérangement des fonctions digestives. Nous avons remarqué que les gens les moins en forme dans nos hommes ont été atteints en premier. Nous leur avons accordé un congé et recevrons bientôt de nouveaux hommes et même de nouveaux restants de société comme vous.
Les gens commencèrent à murmurer entre eux. Le volume des discussions augmenta rapidement.  
– Silence! Fermez-la! Nous devons savoir si vous êtes aussi touchés par cette maladie. Y a-t'il, parmi vous, des gens qui se sentent incapables d'effectuer les travaux qu'ils effectuaient par avant?

Quelques personnes semblèrent hésiter. Finalement, un vieil homme s'avança sous recommandation de sa famille. Le pauvre vieillard devait avoir passé des dizaines d'années sur le chantier. Il semblait très mal en point et réticent à l'idée d'afficher sa faiblesse aussi ouvertement. Le costaud à verres fumés fit un signe de la main et un soldat se posta à côté du vieil homme. Il l'invita à le suivre, se dirigeant vers les appartements gouvernementaux en longeant le pont. Puis, sans avertissement, il l'assomma et lui donna un violent coup dans l'abdomen. Il le jeta ensuite à l'eau d'un coup de pied, mais ne semblait éprouver aucun regret envers cet acte. Le soldat regagna ensuite sa place parmi les siens derrière l'imposant homme au veston bleu.

– D'autres plaignards?
Silence
Pardon? J'ai rien entendu?
– Non monsieur.
– Parfait... Alors, au travail les esclaves! Ha ha ha!

Son rire sinistre résonna dans l'air. Cela faisait déjà un bon bout de temps que les travailleurs de ce chantier n'avaient pas été appelés «esclaves». Cette attitude hautaine de la part des soldats avait lentement perdu sa place. Blew était songeur. Il faut croire que les choses ne changent pas... Tequila Wolf reste un concentré de rebuts de la société et au bout du compte, nous sommes vraiment des esclaves. Burden tapa sur son épaule et lui fit signe de le rejoindre pour aller travailler. Le jeune arnaqueur de 22 ans était malade, fait qui n'échappa pas à Blew. Le travail semblait pénible pour Burden. Blew et Manny échangeaient des regards inquiets et jetaient souvent un coup d'oeil aux alentours pour vérifier si les hommes du gouvernement allaient s'en rendre compte. En quelques heures, une dizaine de travailleurs furent tués et jetés à la mer. Il n'y eut pas d'arrêt pour dîner, ce qui indigna plusieurs personnes qui restèrent relativement silencieux tout de même. Le souper ne fut pas celui auquel les travailleurs s'attendaient. Un petit bol de salade de maïs avait été remis à chacun d'entre eux et ils avaient été avertis qu'il leur fallait finir leur portion le plus vite possible avant de retourner au travail et finalement se coucher vers 23 heures. Tous étaient fatigués de leur journée. Le rythme habituel qui régnait sur Tequila Wolf avait changé avec l'arrivée de l'homme despotique au veston bleu. Une bonne nuit de sommeil attendait Blew.

Six heures et demie. Telle était la nuit des travailleurs qui avaient sué sueur, larmes et sang la veille. Blew n'en croyait pas ses yeux. Le soleil n'était même pas encore levé qu'un sifflet se faisait déjà entendre, annonçant le début d'une autre journée de travail. Durant l'avant-midi, deux hommes et une femme avaient été jetés à la mer après avoir commis leur dernière erreur: montrer leur faiblesse. Un autre homme avait délibérément sauté à l'eau sans hésitation et avait péri sur le coup. Le despote aux verres fumés avait même osé lever la main sur un enfant. Tequila Wolf était redevenue telle qu'elle était lorsque Blew y avait été envoyé: une véritable prison d'esclaves exploités jusqu'à leur dernier souffle. Certaines choses ne changent pas. Manny leva les yeux par réflexe pour couvrir Burden, dont l'état s'était stabilisé, et aperçut au loin une masse grossissante. Il attira l'attention de Blew vers ce lointain point en mouvement. La chose se rapprocha de plus en plus. Une dizaine de soldats se mirent à crier entre eux des informations qui semblaient plus ou moins importantes. La masse s'arrêta à la hauteur de l'île de Tequila Wolf, à quelques kilomètres de l'endroit où le trio se trouvait actuellement. Burden remarqua que ses collègues avaient arrêté de travailler et regarda lui aussi la masse au loin.

– Tiens... De nouveaux arrivants... Je parie que plus d'une centaine d'entre eux vont venir ici.
– Génial! Maintenant on va être encore plus tassés et encore moins confortables!
– Pas vraiment... Avec toutes les «mises à pied» qu'ils ont faites, on ne devrait pas être si mal...

Les trois jeunes hommes gardaient le silence et regardaient la scène. Manny souffla la fumée de sa cigarette et écrasa son mégot sous son pied. De nouveaux visages arrivaient et la plupart d'entre eux ne devaient pas savoir ce qui les attendait.

[...]


Dernière édition par Ketsueki Blew le Dim 18 Mai 2014 - 16:53, édité 2 fois (Raison : Correction du français)
    Lorsque Samuzora posa le pied sur le sol, il prit conscience que son choix qu'était de s'aventurer sur ce navire n'était peut-être pas le meilleur choix qu'il avait fait dans sa vie. Suite à son séjour inutile et déplaisant sur la dernière île qu'il a visité, celle-ci offre une concurrence assez significative. Pour ajouter au plaisir, le moyen de transport utilisé pour se rendre jusqu'ici est plutôt douteux. D'énormes navires d'un gris maussade quittant les ports à des heures préétablies une fois remplis à leur capacité maximum. Les centaines de personnes qui prennent place sur ces embarcations semblent venir des endroits les plus délaissés de ce monde, seulement quelques-uns d'entre eux voyagent accompagnés de connaissances ou de famille. Ces visages semblent vides d'émotions et leur corps tout aussi vides d'énergie. Probablement pas tous des gens qui sont venus tenter de se faire recruter par la révolution.

    Le port qui permet aux navires de débarquer leur cargaison est immense et est déjà occupé par deux de ces tas de bois. Leurs passagers portent le même sourire au visage. Kogarashi semble être le seul à se trouver sur ce bateau pour des raisons autres que le manque de raison de vivre. Les vrais gens arrivent ici par de plus riches moyens, s'occupent des affaires et si on peut dire... du tourisme. L'île de Tequila Wolf est parcourue par de gigantesques constructions de béton vers lesquels se dirigent les occupants des autres navires grisâtres.

    Pour sa part, l'apprenti révolutionnaire ne sait absolument pas par quel endroit il faut passer pour faire savoir qu'on est contre le gouvernement. À en voir par le nombre de gardes qui parsèment les lieux, cela ne semble pas être une idée très populaire. Seulement quelques minutes après que tous les occupants soient sortis de la prison de bois et aient posé le pied sur le sol, on disait déjà de se diriger vers les chantiers.

    Vous devez savoir que ces navires sur lesquels vous vous trouviez, ils apportent les résidus qui ont rien de mieux à faire de leur vie que de venir se porter volontaire? On va faire simple. Vous suivez le dernier groupe et il vous guidera vers l'entrer des chantiers en cours.


    Quels chantiers? C'est quoi cette histoire de chantiers?

    L'homme qui vient de prendre la parole devant le quai porte un uniforme d'un bleu foncé différent de celui des Marines, accompagné de quatre autres colosses aux dents carrés il ne semble pas porté à vouloir faire visiter l'île aux nouveaux venus. C'est donc sans recevoir davantage d'explications et sans savoir ce qu'il cherche que Samuzora suivit le groupe en direction des fameux chantiers. La route du port aux ponts est longue de quelques cents mètres et tous ceux qui s'y dirigent semblent plus désespérés les uns que les autres. Ce n'est qu'une fois sur la structure de béton que le garçon réalisait dans quel genre d'endroit il était. Plusieurs postes de vérifications se trouvent sur le chemin qui mène au premier chantier accessible et des gardes armés zieutent les arrivants avec un regard méprisant qui ne semble pas avoir de grandes attentes. Les vieux autant que les femmes se font questionner sommairement et fouiller avant de se faire envoyer vers des affectations différentes. Ce n'est pas exactement le genre de recrutement que le révolutionnaire s'attendait à voir.

    Une fois parvenu plus près du premier poste de vérification, les gardes commencèrent à porter plus d'attention au bretteur et à l'arme à sa ceinture. Les regards des individus se trouvant dans la queue suivaient ceux des gardent et il était bientôt devenu la principale attraction. La présence de masques et de divers produits inconnus suscitèrent l'avantage de certains, y compris celle de Samuzora. Lorsque celui-ci parvint à la fouille il prit l'initiative de poser la question.

    C'est quoi tout ça derrière la table? On vient ici pour vous laver?

    Le plus grand garde alors présent dans les alentours se tourna immédiatement vers le garçon vêtu à la mode des samouraïs.

    Premier point. JE pose les questions. Deuxième point. Ces masques on les donne à ceux qu'on considère assez important pour pas crever du premier virus qui débarque sur l'île. Dernier point. Je sais pas ce qui t'amènes ici, mais ce truc à ta ceinture te sera pas très utile pour travailler sur ce chantier, tu devras le donner au gars.

    Guère impressionné par l'autorité de l'homme en uniforme debout devant lui, Zora posa la main sur son sabre et posa son regard dans les yeux de son interlocuteur, bien à l'écoute par les 150 témoins se tassant derrière lui.

    Écoute, j'ai jamais demandé à venir ici, je connais pas vos histoires de chantiers et le travail du béton pour être franc, ça ne m’intéresse pas vraiment. Le sabre que tu vois-là te tombera dans les mains quand je serai mort, ce qui, je crois, n'arrivera pas aujourd'hui.

    Impressionnés par l'agissement de leur potentiel compagnon de travail, les 150 volontaires concentraient maintenant toute leur attention sur la scène se déroulant devant leurs yeux. Les quelques dix gardes au poste de fouille se mobilisaient désormais pour faire comprendre au jeune qu'il s'était aventurer dans le mauvais endroit. Sans répondre à la menace, le plus imposant des gardes fit craquer ses doigts et d'un signe de la main, demanda au premier à sa gauche de lui tendre son arme. Enchanté par l'invitation que lui lançait son nouvel ami, Kogarashi dégaina son sabre et bondit entre les deux gardes qui venaient tout juste de s'échanger un fouet.

    Kareha !

    Samuzora s'arrêta net derrière les gardes. Il essuya sa lame sur la manche droite de sa veste et écouta les corps des deux fiers tombés l'un après l'autre aux côtés du fouet se trouvant sur le sol derrière lui. Ils venaient tous les deux de se faire sectionner les reins par la même lame à quelques dixièmes de seconde d'intervalle. Quelques applaudissements timides se firent entendre sous le regard inquiet des gardes dans les rangs des volontaires.

    Je savais pas que je pouvais le faire sur les deux en même temps.

    Le révolutionnaire leva la tête pour voir les travailleurs arrêtés à l'ouvrage qui venaient d'être témoins de ce coup.


    Dernière édition par Samuzora Kogarashi le Dim 18 Mai 2014 - 18:15, édité 2 fois
    • https://www.onepiece-requiem.net/t5684-samuzora-da
    • https://www.onepiece-requiem.net/t5603-samuzora-kogarashi
    Comme à l'habitude, plusieurs centaines de personnes sortaient des navires arrivant au port de Tequila Wolf. Cette cargaison de nouveaux arrivants devait être maintenant rendue à l'accueil, question de savoir dans lequel des points cardinaux ils passeraient le reste de leur vie. Il était presque impossible de les voir à ce moment-ci. Quelques minutes passèrent. Les travailleurs s'étaient remis à travailler. Tout comme la veille, la journée était magnifique. Aucun nuage dans le ciel bleu, le soleil frappant directement sur le crâne. La chaleur était accablante, car il n'y avait aucune brise. Les nouveaux bienvenus de Tequila Wolf étaient maintenant rendus à l'étape finale vers l'abandon de leur liberté : le poste de vérification. Ils étaient inspectés, fouillés et évalués. Passé ce point de non-retour, ils devenaient instantanément des rebuts de société. Des moins que rien. Des esclaves...

    Des vieillards, des femmes et même une famille complète passèrent à l'inspection. Les gardes leur souhaitaient ironiquement la bienvenue lorsque l'accès au chantier leur était donné. Cette vague de nouveaux visages semblait contenir la pire sorte de travailleurs qu'il soit : les volontaires. Les habitants de l'ancienne Tequila Wolf les avaient vus arriver par le passé et rapidement coloniser leur petit chantier supporté par le gouvernement. Les investisseurs n'avaient pas voulu donner plus d'argent, ce qui fit baisser le salaire des travailleurs jusqu'au point mort. Ensuite, le gouvernement décida d'y envoyer des criminels pour les rendre utiles, mais les vagues de chômeurs en recherche d'emploi ne cessèrent jamais. Autochtones et criminels s'étaient toujours demandés comment une personne sensée pouvait vouloir venir sur cette île volontairement. N'importe lequel des travailleurs aurait voulu échanger leur liberté contre celle de ces imbéciles en quête d'un but dans la vie. Pourtant, même si la réputation de Tequila Wolf était bien connue, il y avait toujours des volontaires à chaque année. Les gardes continuaient d'inspecter un à un les nouveaux arrivants. Quelques travailleurs les regardaient arriver en prenant une pause par la même occasion. Les nouveaux travailleurs se mêlaient aux anciens et ces derniers leur expliquaient le fonctionnement des chantiers. Aucun d'entre eux ne semblait savoir ce qui l'attendait.

    L'un d'entre eux semblait le plus perdu de tous. Burden explosa de rire en le voyant. «Regarde-le! Il ne sait pas du tout où il est, ça c'est sûr!». Manny approuva ses paroles après avoir jeté un coup d’œil vers le poste de vérification. Blew leva la tête pour regarder lui aussi. C'était un jeune homme d'à peu près leur âge. Au premier coup d’œil, Blew crût qu'il s'agissait d'une fille à cause de ses cheveux longs. Dès que Blew identifia son habit de samouraï, il sut que la suite des évènements allait devenir intéressante. Le garde semblait lui crier dessus. Le jeune homme prit alors une position défensive et mit sa main sur ce qui semblait être un fourreau. Les spectateurs arrêtèrent de travailler subitement en voyant qu'une dizaine de gardes se mobilisaient. En quelques secondes, le jeune homme aux cheveux longs avait passé entre deux gardes et essuyait maintenant la lame de son sabre. La foule s'excita lorsque les deux gardes tombèrent comme des mouches.

    À la vue de la lame de ce curieux personnage, Blew se rappela que la sienne lui avait été enlevée dès son arrestation. Son katana qu'il avait nommé Suraisā avait appartenu jadis à son oncle et représentait donc un objet d'une grande valeur sentimentale. Il avait aussitôt été accusé d'avoir volé cette arme au colonel Ketsueki jusqu'à ce que le lien de parenté entre Blew et son oncle soit confirmé par des documents gouvernementaux. Cette arme appartenait probablement maintenant à un quelconque collectionneur assez fou pour acheter un katana sans aucune valeur monétaire. Lorsque Burden acclama le jeune bretteur aux cheveux bruns, Blew fut sorti de ses pensées. Un peu plus loin devant lui, d'autres soldats tentaient d'arrêter le jeune homme, mais furent tous mis K.O. assez rapidement. Quelques jeunes femmes travailleuses s'étaient instantanément éprises de cet homme au visage couleur sable, dont Marie la couturière. Blew dévia le regard par jalousie et continua son travail seul sans succès. La foule s'agitait de plus en plus. Quelques soldats non armés se mirent alors à frapper des travailleurs pour les calmer. Cet acte eut rapidement l'effet contraire et poussa les travailleurs à frapper les soldats avec leurs outils et leurs poings. Lorsque Burden et Manny se mirent aussi de la partie, ils entraînèrent Blew avec eux en le tenant fermement par le poignet.

    Alors que le jeune bretteur continuait à vaincre ses adversaires un par un, les travailleurs tombaient par dizaines aux mains des soldats armés. L'un d'eux, heureusement pas très costaud, se rua sur Blew qui, par pur réflexe de combattant, lui donna en coup de pied dans l'abdomen en criant «Agaru Kick!». Le soldat tomba sur le dos quelques mètres plus loin et ne se releva pas. Blew ramassa rapidement son arme : un sabre d'environ 40 centimètres. Il ressentit alors une forte vague d'adrénaline se diffuser partout dans son corps, comme à l'époque où il était un homme libre. Il combattit alors une dizaine d'ennemis, parfois en s'alliant à deux ou trois travailleurs, alternant coups de poing, de pied, de coude et de sabre. Puis, il se retrouva face à face avec l'homme qu'il avait vu arriver quelques minutes plus tôt au poste d'inspection des arrivants. Leur regard se croisa quelques instants.

    [...]


    Dernière édition par Ketsueki Blew le Dim 18 Mai 2014 - 17:16, édité 1 fois (Raison : Correction du français)
      Trois de ces travailleurs de chantier semblaient plus curieux que les autres, debout près du bord de cet énorme pont de béton, ils observaient avec intérêt les deux cadavres qui laissaient couler leur sang sur le sol. Ce que venait de faire le jeune révolutionnaire était peu habituel à l'ambiance générale de ces lieux. Les volontaires qui continuaient à applaudir dans les foules commencèrent à provoquer des questionnements chez Kogarashi, après tout aucun d'eux ne s'étaient révoltés avant lui. Pourquoi étaient-ils si heureux qu'un étranger massacre ces gardes?

      Le révolutionnaire passa ses interrogations et concentra son énergie à éliminer les hommes qui se ruaient un par un sur lui avec diverses armes inappropriées pour des surveillants de chantiers. Les travailleurs témoins de la scène ne tardèrent pas à s'y inviter et on vit bientôt une bagarre générale naître sur le sol du gigantesque pont. Plusieurs d'entre eux se servaient des armes des gardes vaincus pour attaquer les prochains. Les 150 volontaires qui, quelques instants auparavant étaient prêts à devenir les marionnettes du gouvernement étaient maintenant tous d'accord pour participer au massacre de l'autorité. Bon nombre d'entre eux étaient mis au sol et neutralisés froidement à coups de matraque et même d'arme à feu, ce que le jeune bretteur réussissait toujours à éviter. Les travailleurs s'alliaient entre eux pour neutraliser plus efficacement leurs bourreaux. Un en particulier attira l'attention de Samuzora avec son cri de guerre, il cria quelque chose ressemblant à;

      ''Amaru Kick!''

      Il réussit aisément à projeter un gardes sur le sol malgré sa condition qui semblait aussi minable que celle des autres travailleurs. Il était à première vue, comme Zora, quelque part où il n'était pas supposé être. Lorsque ce dernier tomba finalement nez à nez avec le garçon partageant sa couleur de cheveux, il prit la parole au milieu de l'hécatombe;

      Pour des gens qui étaient prêts à vivre avec l'idée de servir ces chantiers en échange de pauvres conditions de vie, vous êtes plutôt libres avec le concept de révolution, non? Je suis venu ici dans l'espoir de me faire remarquer par ceux qui la représentent. J'espère qu'au moins l'un d'entre vous est conscient de la misérable vie qu'il mène en ces lieux?

      Tous les gardes se tournèrent à nouveau vers lui, détenant toujours le centre d'attention il était maintenant la cible des regards moqueurs des hommes en bleu. L'un d'entre eux, oubliant le combat qu'il était en train de mener avec deux jeunes travailleurs, s'adressa aussitôt à l'épéiste dans l'espoir de peut-être rétablir l'ordre en ces lieux.

      T'es marrant toi, l'gamin! Tu crois peut-être que l'une de ces carcasses en piteux état est assez stupide pour tenter de s'enfuir d'ici? Dans quelques minutes les généraux vont se pointer et tu regretteras amèrement de t'être frotté à nous. Tu seras forcé comme eux à te mettre au travail.

      Samuzora n'accorda pas d'attention à ce discours de tête enflée et jeta son regard sur le groupe de curieux qui s'étaient approprié le bord du pont. Il pensa en particulier à celui qui avait crié sur l'un des gardes avant de le jeter au sol d'un grand coup de pied. Il avait le pressentiment qu'ils étaient probablement ceux auxquels la grosse tête n'osait pas penser.
      Kogarashi avait une chance de repartir d'ici avec quelqu'un qui partage sa haine des uniformes.


      Dernière édition par Samuzora Kogarashi le Dim 18 Mai 2014 - 18:12, édité 2 fois
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      Le jeune homme aux cheveux longs qui se tenait devant Blew, sabre à la main, prononça un discours qui n'alla pas chercher Blew. Il avait à peine entendu ses mots à cause des multiples cris de guerre et plaintes à travers la bataille. Il se heurta alors à un collègue en difficulté et l'aida à se débarrasser de son adversaire. Le petit groupe reculait de plus en plus vers le bord du pont. Un troisième travailleur donna alors une poussée au soldat qui tomba du pont en lâchant un cri apeuré qui fut aussitôt étouffé par son entrée dans l'eau. Blew regarda autour de lui et remarqua que le jeune bretteur le regardait. Du bruit se fit entendre au loin et les deux jeunes hommes tentèrent d'en identifier la source. Sortant de leurs appartements, une douzaine de chefs de chantier, facilement reconnaissables de par leur âge et leur petit chapeau gris ridicule supposé représenter leur autorité, se joignaient en vitesse à la mêlée avec leurs armes à la main. Ils venaient de changer la dynamique des affrontements, anéantissant chaque petit corps faible qui peinait à résister aux assauts des simples soldats. Blew regarda vers l'homme habillé en samouraï et vit qu'il se dirigeait directement à l'affront des chefs de chantier armé de son simple sabre. Blew soupira et se dirigea lui aussi vers ses ennemis.

      Alors que Burden et Manny travaillaient de concert avec d'autres travailleurs pour éjecter des soldats du pont ou pour en désarmer d'autres, Blew fonçait sur tout ce qui lui semblait hostile. Il était terriblement fatigué et ses efforts pour combattre ne semblaient pas porter ses fruits. La plupart de ses coups étaient bloqués. Lorsqu'il avait tenté de répéter son extraordinaire coup de pied sur un chef de chantier, celui-ci avait tenu son ventre quelques instants mais n'avait pas arrêté d'attaquer Blew avec sa batte d'acier. Ce dernier avait difficilement évité chacun des coups, mais fut frappé en pleine mâchoire par l’extrémité de la batte. Il avait été déstabilisé par le manque de réaction de son adversaire. Les chefs de chantiers étaient beaucoup plus forts que les simples soldats qu'il avait affronté. Blew heurta le sol. Sa mâchoire lui faisait extrêmement mal. Il avait lâché son sabre sous l'impact et celui-ci se trouvait probablement dans les mains d'une autre personne à ce moment même. Le jeune révolutionnaire tenta de se relever mais son adversaire ne lui en laissait pas l'occasion; Blew ne faisait que se déplacer avec ses pieds et ses mains sur le sol. Il passa entre les jambes de son adversaire à la première opportunité mais tomba face à face avec un autre chef de chantier. Son adversaire se retourna et balança sa batte vers Blew qui s'accroupit. L'autre chef de chantier arrêta la batte avec sa main droite, l'enleva des mains de son collègue, et donna un coup de pied à Blew qui roula sur le sol aux pieds de son autre adversaire. Les deux colosses s'échangèrent la batte tout en bottant Blew comme un ballon. Ce dernier ne put s'empêcher de penser à quel point la scène devait sembler ridicule d'un point de vue extérieur. Il avait les yeux rivés sur ses genoux et appréhendait le moment où l'un d'entre eux se déciderait à frapper. Puis, comme surgissant de nulle part, le jeune bretteur aux cheveux longs fit passer son sabre dans la gorge de l'un des hommes, qui laissa tomber la batte et oublia de botter Blew. Celui-ci ramassa l'arme d'acier et frappa l'autre chef de chantier avec les forces qui lui restaient.

      – Mer.. Merci...
      – Y'a pas de quoi. Dis, tu saurais pas où je peux rejoindre la révolution?
      – Qu- quoi?

      Un soldat se jeta sur Blew, qui esquiva et le fit trébucher pour finalement l’assommer avec sa batte.

      – T'es.. du genre.. plutôt direct, toi...
      – Oh, j'oubliais. Je m'appelle Samuzora Kogarashi. Et toi?
      – C'est pas vraiment le moment...

      Blew pointa en direction d'un autre soldat qui approchait à toute allure avec une pelle en mains. Samuzora s'occupa de lui d'un seul coup de sabre dans le visage. Il n'était pas mort, mais souffrait terriblement.

      – T'as l'air à l'aise avec un sabre, toi... Je suis Blew, Ketsueki Blew. Enchanté Kogarashi.
      – Appelle moi Zora. Alors, pour joindre la révolution?
      – J'crois pas être l'homme qu'il te faut... Ça fait un an que j'suis complètement déconnecté du monde.

      Samuzora donna un coup de pied sur l'homme se vidant de son sang à ses pieds. Blew frappa alors un soldat derrière la tête pour aider un camarade travailleur.

      – Oh. D'accord. Alors j'y vais.
      – Quoi? J'crois que t'as pas encore compris, hein... Tu es pris ici. C'est une île d'esclavage et de travaux forcés.

      Alors que Blew parlait à son nouveau compagnon, deux masses sombres s'approchaient d'eux à grands pas.

      [...]
        Tout juste sortie d'un cauchemar, la scène qui se déroulait sous les yeux du jeune épéiste laissait quasiment froid dans le dos. Les volontaires tombaient tous un à la suite de l'autres sous les coups sans remords des agents de Tequila Wolf. Au moment qu'on soupçonnait le moins, un gardes tentait d'attaquer par derrière ou encore par le côté. Ils tentaient de trouver la façon la plus vicieuse de frapper tout en ayant le moins de chance possible d'être atteint, sachant probablement qu'ils risquaient beaucoup face aux révolutionnaires. Là n'est pourtant pas le pire, ces adversaires étant plutôt faciles à repousser pour le fébrile Kogarashi qui tenait à faire valoir son point de vue sur ces affreux chantiers.

        Ce n'est qu'en atteignant la personne qui pouvait détenir son salut que Samuzora se mit réellement à se donner à fond. Tranchant froidement tous ceux qui se plaçaient malencontreusement devant lui, il tentait toujours d'obtenir sa réponse à savoir si le jeune esclave pouvait lui être utile. Une fois à sa hauteur, face à face avec son compagnon de bataille, il fut surpris par des bruits plus loin sur le chantier. Des volontaires et des esclaves affolés criaient et courraient dans toutes les directions. La cause de cet affolement n'était rien de moins que la meute de chef de chantiers qui se dirigeaient tout droit vers eux. Le jeune révolutionnaire pris aussitôt la décision de prendre le rôle de prédateur et fonça droit sur eux, sabre en mains. Quelques coups de coude et de sabre plus tard, il était maintenant face à ses adversaires. Kogarashi se précipita sur l'un deux, le transperça de sa lame en un mouvement éclair qui ne pu être arrêté par les réflexes de son adversaire. Il retira sa lame de son ennemi puis jeta ensuite un regard inquiet pour repérer son compagnon. Deux des chefs de chantier, après avoir détruit les côtes d'une dizaine d'hommes se trouvant sur leur passage, choisirent le compagnon de Zora comme cible et se donnèrent à coeur joie sur sa carcasse en piètre état. La différence de force était maintenant clairement visible et ce jeune travailleur ne servait que de jouet aux colosses en uniforme.

        Sans le laisser souffrir plus longtemps, Samuzora coura dans sa direction et d'un geste souple, trancha la gorge d'un des bourreaux qui ne s'y attendait absolument pas. Ce qui leur servait de jouet se releva péniblement et mis K.O le deuxième, encore pétrifié par la mort tout récente de son confrère. L'esclave remercia aussitôt Zora qui profita de l'occasion pour lui demander comment il était possible de rejoindre la révolution. Sa réponse fut ralentit par un gardes qui tenta d'atteindre son interlocuteur. Ce dernier se débarrassa de lui en faisant savoir que le moment n'était pas choisi pour un dialogue.

        Malgré cette réticence, le jeune bretteur tenait fortement à obtenir le maximum de renseignements qu'il pouvait. Une fois les présentations fait, un autre gardes essaya de s'attaquer à Zora qui lui dessina une balafre au visage pour le laisser retomber en souffrance sur le sol. Après avoir insisté de nouveau pour retirer des renseignements au travailleur, celui-ci lança un regard vide au samouraï;

        J'crois que t'as pas encore compris, hein... Tu es pris ici. C'est une île d'esclavage et de travaux forcés.

        Ces paroles sans espoir furent très tôt accompagnées par l'arrivée de deux autres chefs de chantier portant fièrement leur veste grise délavée. Samuzora commençait à ressentir le rythme de la bataille et son souffle n'était plus aussi aisé qu'à son arrivée sur le pont. Ses rivaux étaient eux bien réveillés et ne voulaient qu'une chose, aplatir le crâne de celui qui avait causé toute cette anarchie. Zora empoigna donc son sabre de ses deux mains, pointa la lame dans leur direction puis fonça directement sur la gauche du gardes le plus près. Le géant réagit assez rapidement à la trajectoireprévisible de son adversaire et leva son bras droit au-dessus de sa tête. Dans sa main était placée un long bâton au bout duquel était fixée une lame quatre fois plus large que celle du bretteur. Ne pouvant désormais ralentir sa course, il exécuta immédiatement un puissant mouvement qui fit s'abattre sa lame sur celle de son adversaire. Le choc des deux pièces de métal fit réagir Blew qui ne put détacher son regard de la scène. Zora parvint tout de même à se glisser sur sa droite sans perdre une seconde pour lui trancher le flanc. Le bâton massif tomba sur le sol avec toute la force qui y était toujours exercée et réussit à faire une faille considérable dans le béton. Le choc attira l'attention du deuxième chef de chantier. Cet autre colosse n'eut besoin que de quelques pas pour atteindre le révolutionnaire, après quoi il envoya ses deux énormes bras devant lui pour aller enfoncer ses deux mains dans le dos du jeune épéiste. Le faible corps de Kogarashi n'étant plus sur ses gardes, il fut projeté quelques mètres plus loin sur le sol de béton, laissant au même moment son sabre échapper à sa prise.

        Le colosse ne lui donna pas d'importance une seconde de plus et se tourna plutôt vers son partenaire pour lui porter secours du mieux qu'il pouvait. Cela n'était pourtant pas la meilleure décision, car sa blessure l'avait déjà condamné. De son côté, Samuzora obtenait le temps nécessaire pour aller récupérer son sabre et reprendre l'assaut sur l'homme encore épargné. C'est ce qu'il fit aussitôt en apercevant son arme quelques mètres devant lui. Cette opération semblait simple à réaliser à première vue, mais s'avéra finalement impossible lorsque Zora vu l'homme sortir un énorme fusil de sa veste pour le braquer vers lui. Blew qui regardait toujours la scène avec toute son attention se tourna aussitôt pour atteindre un canon scié oublié près d'un cadavre de soldat. Il le ramassa et fit feu dans le dos de l'homme qui s'apprêtait à tirer sur Kogarashi. Un cri atroce se fit entendre puis fut suivi d'un autre coup de feu. Le tire du chef de chantier n'atteint pas sa cible en raison du choc qu'il venait de recevoir, la blessure que le tireur venait de se faire infliger dans le dos réduisit sa précision et la balle passa sur la droite du bretteur.

        L'homme qui s'était fait trancher les reins quelques instants plus tôt était maintenant couché sur le béton froid au milieu de tous ceux morts avant lui. Près de lui était agenouillé un homme aux épaules larges et aux bras plus qu'imposants. Sa barbe mal rasée était parcourue de plusieurs cicatrices difformes qui lui donnaient l'apparence d'un ogre. La veste grise qu'il portait était maintenant en lambeaux suite aux projectiles qu'il avait reçus de l'arme de Blew. Malgré cette blessure, il était toujours sur ses genoux et regardait Samuzora qui avait désormais son sabre entre ses mains. Les quelques gardes chanceux qui ne s'étaient pas fait tuer n'osaient pas avancer vers le lieu de cet affrontement et se contentaient de chercher d'autres esclaves à achever avec leurs armes de seconde main.

        Lorsque Zora posa de nouveau son regard sur le chef de chantier toujours en vie et qu'il remarqua que ce dernier avait les mains sur ses plais plutôt que sur son fusil, il empoigna son sabre de ses deux mains et commença à courir en direction de l'homme à genoux.

        La lame du révolutionnaire traversa le colosse à la hauteur de son cou, ses vertèbres ne résistèrent pas au choc et deux d'entre elles se sectionnèrent sur le coup, faisant tomber sa tête sur le sol de l'énorme pont, qui fut suivie duson corps massif qui s'effondra à son tour. Blew s'approcha lentement de Zora qui essuyait sa lame sur la manche gauche de son vêtement. Les deux révolutionnaires regardèrent autour d'eux pour contempler la scène des dizaines d'esclaves et de gardes couchés sur le béton au milieu des armes et des débris. Plus que quelques-uns d'entre eux étaient toujours debout et tentaient de trouver des survivants.


        Dernière édition par Samuzora Kogarashi le Dim 18 Mai 2014 - 18:08, édité 3 fois
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        Blew regardait son nouveau compagnon filer à toute allure à la rencontre des deux colosses qui faisaient leur apparition. Non mais il ne peut pas tenir en place celui-là? Blew fut rapidement tiré de son songe par les cris de guerre d'un soldat s'approchant de lui à toute vitesse en tenant une pierre dans ses mains. Le jeune révolutionnaire éloigna ses mains sur sa batte d'acier, renforça sa prise et donna un coup avec le bout de la batte en plein milieu du visage du soldat. Son nez éclata en mille morceaux, faisant gicler quelques centilitres de sang un peu partout. Tout son visage avait renfoncé dans son crâne ce qui laissait paraître un creux. L'homme était mort sur le coup et tomba en sens opposé à l'impact. Blew allait sortir une phrase épique et motivante pour décrire la scène, mais le choc de deux lames laissant échapper un son aigu le déconcentra. Il se retourna en sursaut et vit Samuzora résister à l'attaque d'un des deux colosses sur lesquels il s'était jeté. Blew tenta d'intervenir en lançant sa batte d'acier, mais Samuzora se glissa à sa droite et attaqua, ce qui eut pour effet de faire rater le lancer de Blew qui tomba quelques mètres plus loin sur un combattant d'un parti quelconque.

        Maintenant désarmé pour absolument rien, Blew se mit à chercher une nouvelle arme. Il donna un coup de pied dans l'abdomen d'un des soldats qui se mit en travers de sa route. Il trouva un canon scié en deux sur le sol, jeta un coup d'oeil rapide vers Samuzora et tira rapidement sur le colosse qui menaçait son ami avec un fusil. Samuzora acheva son adversaire d'une manière barbare qui fit frissonner quelque peu Blew. Il s'approcha de l'homme vêtu de vert et ils contemplèrent ensemble la scène: des dizaines de colosses, morts ou vivants, étaient éparpillés non loin d'eux, des centaines de soldats jonchaient le sol et une quantité presque toute aussi importante de travailleurs avaient subi le même sort. Puis, le silence règna; on ne pouvait plus qu'entendre quelques bruits de bagarre lointains. Il n'y avait encore que quelques personnes debout, dont un soldat qui s'approcha de Blew. Ce dernier tira une autre balle de son fusil qui l'atteignit au coeur. Le canon tomba sur le sol lourdement et Blew se secoua les mains qui étaient brûlantes à cause de ce tir. Il regarda autour de lui, croisa le regard de Samuzora et eut tout à coup un frisson. Manny... Burden... Blew se mit à regarder nerveusement dans tous les sens jusqu'à ce qu'il aperçoive Burden agenouillé sur le pont. Il s'approcha de lui et vit Manny étendu sur le dos, une plaie béante en pleine poitrine et un sabre sanglant sur le sol. Burden sanglotait à ses côtés.

        – Blew... Blew je n'ai rien pu faire...
        – Ce n'est pas ta faute, Burden...
        – Je me battais contre un soldat et il était derrière moi et..
        – Chuuuuut... Ce n'est pas ta faute... Ce sont des choses qui arrivent lors d'une bataille.

        Samuzora avait lentement suivi Blew à travers l'hécatombe. Il s'accroupit et ferma les paupières de Manny. Blew contemplait la plaie sur sa poitrine.

        – Un ami à vous?
        – Oui... Un grand homme...
        – Oui... J'ai toujours su que ses poumons le tueraient... Mais je ne pensais pas que ça arriverait comme ça...
        – Que voulez-vous? Ce sont des choses qui arrivent en combattant.
        – Blew l'a déjà dit!

        Samuzora ne semblait guère impressionné par le ton emprunté par Burden, un ton plein de mépris envers la cause de cette bataille et de la mort de son compagnon. Burden se trouvait à genoux à côté du cadavre, sanglotant, la tête entre ses bras déposés sur l'abdomen de Manny. Il tenta de dire quelque chose, mais ses paroles furent étouffées par de puissants sanglots. Au bout de quelques minutes, durant lesquelles Samuzora fit le tour des blessés sur le champ de bataille, Burden se leva et regarda Blew dans les yeux. Ses pupilles scintillaient de la lumière d'une sombre idée.

        – Blew... Je veux me venger...
        – Burden... La vengeance n'amène rien..
        – Blew! Je veux me venger!
        – Te venger de quoi, hein? Et comment? La vengeance n'est pas la solution! On se sent puissant et invincible quand on se venge, mais non! On est tout aussi faible et misérable qu'au début.

        Il tourna le dos à Burden, qui laissa les choses ainsi et s'éloigna. Blew fit un signe à Samuzora pour qu'il vienne l'aider. Ils soulevèrent Manny et l'amenèrent jusqu'au bord du pont. Puis, après une courte cérémonie improvisée, ils le jetèrent à l'eau. Blew regarda le corps frapper la surface de l'eau et s'assombrir au fur et à mesure que l'eau le recouvrait. Manny prenait une teinte de bleu de plus en plus foncée jusqu'à ce qu'il ne soit plus visible du tout. Burden avait observé la scène de loin.

        – Kogarashi, nous devons partir. J'en ai plus qu'assez de Tequila Wolf.
        – Oui. Nos heures sont comptées ici. Les renforts vont arriver. Le bateau qui m'a amené ici ne devrait pas être très loin...
        – J'espère qu'il n'est pas parti. Burden, va avec lui pour trouver le navire. Moi, je..
        – Je ne pars pas d'ici, Kets' ...
        *Silence*
        – Eh bien alors, t'as qu'à pourrir ici. Un de tes amis est mort, oui... Mais ce n'est pas la fin du monde! Tu peux sortir d'ici, fonder une famille!
        – Tu sais très bien que j'suis foutu, Kets' ...
        – Ne m'appelle pas...
        – ..Mon nom et mon visage sont connus... Des centaines de personnes me détestent pour les avoir escroqués... J'ai toujours su que je finirais ma vie ici...
        *Silence*
        – Bien... Je vais chercher le navire pendant que vous réglez tout ça...
        – Je vous aiderai à vous enfuir... Mais je ne viendrai pas... Va trouver Marie, Blew. Je vais avec ce gars-là.
        – Euhh.. C'est pas c'que j'allais faire... J'allais trouver.. des armes.. et des vivres... et des survivants!
        – Ouais, c'est ça...
        – Bon, va chercher ta bien-aimée, mais fais vite, j'ai pas l'intention d'attendre que leurs renforts arrivent.

        Blew partit en direction des tentes où habitaient les bénévoles. Sur le chemin, il prit la batte d'acier qui traînait au milieu des corps. Il reprit sa route, marchant d'un pas rapide et joggant par moment. Il croisa une petite fille qui sanglotait et criait. Il s'arrêta près d'elle et vu une nouvelle atrocité: les tentes où habitaient les bénévoles et leurs familles étaient enflammées. Quelques hommes essayaient d'éteindre l'incendie, de toute évidence criminel. Blew demanda à la petite fille s'il restait des gens dans les tentes, mais elle était en état de choc et ne pouvait lui répondre. Il courut jusqu'aux tentes et se mit à appeler Marie. Il passa dans les zones moins enflammées et fit le tour des tentes. Il ne trouva pas la charmante femme aux cheveux rouges et aux doigts de fée. Tentant de trouver quelques rebuts pouvant servir d'armes ou étant seulement utile, Blew se dirigeait vers l'endroit où il avait laissé Samuzora et Burden. Il croisa de nouveau la petite fille, cette fois-ci étendue sur le sol. Elle semblait avoir pleuré toutes les larmes de son corps, plus rien n'en sortait.

        – Comment tu t'appelles?
        *Snif* Je... Zoé...
        – Tu cherches quelqu'un?
        – Ma maman... maman...
        – Viens avec moi... Je n'ai vu personne.. Je crois que ta maman n'est plus...
        – MAMAN!

        La petite fille écarta Blew de son chemin avec une telle force qu'il perdit l'équilibre. Elle sauta dans les bras de sa mère, quelques dizaines de mètres plus loin. La scène, malgré l'incendie en arrière-plan, émut le révolutionnaire. Il se retourna et alla continuer son chemin quand...  «Blew?» Le jeune homme s'arrêta et se retourna. Il vit Zoé dans les bras de la jeune couturière et coiffeuse, celle qu'il venait chercher, Marie.

        – Marie? Marie! Je venais pour toi!
        – Maman! Tu connais le monsieur?
        – Oui chérie. Blew, pourquoi tu...?
        – Tu as un enfant? Depuis quand?
        – Bien, sa naissance.. Il y a 6 ans...
        – Ce n'est pas ce que... Il faut faire vite!
        – Pourquoi tu cherchais maman?
        – Quoi? Qu'est-ce qui se passe?
        – Venez avec moi, je peux vous aider à vous enfuir... Il n'y a plus rien ici pour vous...

        Blew tendit la main à Marie en la regardant droit dans les yeux.

        – Blew, je... Ils vont me transférer à un autre chantier...
        – Non, ils vont faire le ménage. De nouveaux prisonniers viendront nous remplacer et je ne crois pas qu'ils voudront courir le risque de répéter ce qui vient de se passer... Cela veut dire moins de liberté pour tous...
        Zoé prit la main de Blew. Elle affichait un grand sourire sur son visage. Le révolutionnaire remarqua que des larmes avaient coulées de ses grands yeux bleus à une cicatrice au bas de son visage.
        – Maman, je veux aller avec toi et monsieur Blew. Je veux m'enfouir.
        Marie ricana.
        – Pas enfouir, enfuir. Comment comptes-tu t'y prendre, monsieur Blew?

        Blew échappa un rire, demanda à Marie et sa fille de le suivre jusqu'au bateau. D'ailleurs, je me demande s'ils l'ont trouvé...

        [...]


        Dernière édition par Ketsueki Blew le Mar 20 Mai 2014 - 23:08, édité 1 fois
          Zora ne s'était jamais douté qu'il allait être celui qui allait apporter de l'aide plutôt que celui qui en recevrait. C'était même devenu une idée assez ridicule que de recevoir de l'aide de quiconque ici.

          Après avoir nettoyé le périmètre de tous ceux qui tentaient de les retenir, il devait maintenant aider ce qui restait de la révolution à reprendre la mer. Et pour ça, il lui fallait un bateau.

          En regardant Ketsueki s'éloigner d'un pas décisif, il eut soudain une réflexion qui pourrait couper court à leur escapade sur East Blue. Le navire qui l'avait mené ici n'avait aucune intention d'amarrer au port, il ne faisait que la livraison de travailleurs. D'esclaves. Si ça se trouve il est déjà au port suivant. Ce n'était cependant pas une bonne idée d'annoncer la chose directement, le taux de mauvaises nouvelles étantdéjà assez élevé pour tout le monde.

          C'est Burden ton nom? Plutôt ironique.
          Burden, oui. Tu te souviens du chemin qui mène au port?
          Évidemment, il suffit de suivre ce pont, t'as plus les idées claires j'ai l'impression. Reste alerte, on pourrait croiser d'autres de ces résidus de gardes. Je crois pas que ton ami apprécierait un autre mort en si peu de temps.
          On peut s'en tenir à la tâche?
          Oui, bien sûr.

          Enjambant les cadavres de travailleurs et de soldats, les deux hommes se tracèrent une route entre les conteneurs qui servaient de refuges à esclaves. La bataille les avait menés assez loin sur le chantier et les gardes postés ailleurs pouvaient désormais être assez près pour les rejoindre à l'entrée. Le bretteur suggéra à son compagnon encore sous le choc de se trouver une arme parmi celles qui se trouvaient sur le sol. Il ramassa la première pièce de métal qui croisa son regard, trop peu conscientisé pour se donner la peine de chercher quelque chose de mieux. Zora fut tout de même satisfait que Burden l'ait écouté. Ils finirent par rejoindre l'entrée du chantier sans croiser de gardes, d'où ils pouvaient voir le port.

          Continuant sa route au côté de Burden, la jeune recrue portait toujours en lui le doute de la présence de ce fameux navire. S'il n'y est plus, ils devront tout de même trouver un moyen de quitter cette île. La route de l'entrée du chantier jusqu'au port n'était plus bien longue et les deux révolutionnaires pouvaient bientôt apercevoir les navires de leur position. Leur vision mit soudainement fin à leur marche, non seulement le navire couleur cendre avait quitté le port, mais les deux seuls autres encore amarrés étaient gardés par un minimum de cinquante gardes en apparence plus gradés et plus forts que ceux affrontés sur le chantier.

          Il n'y a aucun moyen pour nous d'affronter ceux-là, ils semblent trop nombreux et plus forts. Je suis épuisé.
          Pareil pour moi, nous ne devrions rien tenter de stupide, mais plutôt retourner au chantier pour trouver et avertir Blew. Il ne doit pas s'éterniser là-bas, d'autres gardes pourraient le trouver.
          Tu crois qu'il aura un plan? Une solution miracle? Pour moi il ne semble y avoir qu'un moyen... Je devrai faire une diversion pour que tu puisses embarquer sur l'un de ces bateaux.
          Ce n'est pas une option, je ne crois pas que les autres soient d'accord. Pour le moment je suis responsable de te garder en vie.
          Tu n'es responsable de personne, je ne compte pas quitter cette île et je veux faire tout en mon pouvoir pour aider Ketsueki.

          Samuzora ne savait quoi répondre à cela, il n'était effectivement pas responsable de cet homme, il le connaissait à peine et il était venu sur Tequila Wolf pour obtenir des renseignements des révolutionnaires et non les secourir. Il regarda Burden quelques secondes puis tourna les talons en direction du chantier. Inutile de perdre un homme de plus sur un coup de tête.


          Dernière édition par Samuzora Kogarashi le Dim 18 Mai 2014 - 17:39, édité 1 fois
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          Une fois arrivé à l'emplacement où il avait laissé Burden et Samuzora, Blew se mit à attendre tout en sondant l'horizon. Marie ne semblait pas très enchantée par le fait d'être entourée de corps gisants et sa fille alla se cacher le visage dans le cou de sa mère. À peine deux heures s'étaient écoulées depuis l'instant où Samuzora avait bravé l'ordre et sonné les cloches de la révolution. Bien sûr, cela n'aurait pas été possible si le chantier avait été à pleine capacité de ses hommes. Les gardes pris avec un intense mal de ventre et une maladie les vidant de tout leur contenu gastrique pourraient, à tout moment, arriver par centaines et mettre fin à ce rêve d'évasion. Un prisonnier pris d'une folle envie de fuir courait dans tous les sens à quelques mètres de Blew. Il criait et tentait de trouver un bateau pour s'enfuir. Blew regarda alors l'horizon dans toute sa splendeur. Son regard glissa vers le ciel, où quelques nuages étaient venus s'installer, puis vers son ombre sur le sol. Le Soleil s'approchait de son zénith. Il était certain qu'il ne leur restait pas beaucoup de temps avant que les renforts arrivent. Leur chance ne pouvait certainement pas durer aussi longtemps... Au loin, la silhouette de Burden et de Zora se dessinaient. Blew remarqua au même moment qu'un mince brouillard se levait. Il demanda aux deux filles de le suivre et alla à la rencontre de ses acolytes.

          – Les navires sont... gardés.. par cinquante gardes chacun, dit Burden.
          – Oui, et celui qui m'a amené ici est déjà parti, ajouta Samuzora.
          – Ahhh.. Rien de bon tout ça.. J'ai un mauvais pressentiment...
          – Attends, c'est qui la petite?
          – Oh! Marie, je ne t'avais pas vue...

          Samuzora fixait la petite fille d'un air perplexe. Cette dernière cachait encore son visage. Alors que Burden demandait à Marie si elle allait bien, Blew fit de brèves présentations à Kogarashi. Il expliqua que Zoé était la fille de Marie et que les deux les accompagneraient.

          – C'est bon? Donc... On disait?
          – Impossible d'embarquer dans les navires.
          – Il faudrait attendre le bon moment pour frapper si on veut y arriver.
          Blew regarda le ciel.
          – Du temps, on en a pas. Faut faire vite.
          – Kets' , c'est la seule solution! On peut quand même pas nager!
          – Alors on a qu'à se poster derrière des barils et patienter jusqu'à ce que les renforts arrivent, nous trouvent et nous tuent, parce qu'on n'est visiblement pas en état de combattre une horde de gardes nauséeux.
          Zoé riait dans le cou de sa mère.
          – ...
          – Pourquoi pas le chantier naval?
          Les trois hommes regardaient Marie, perplexes, en attente d'une meilleure explication de l'idée.
          – Oui, des gens viennent ici faire réparer des bateaux par les prisonniers, non? Il y a sûrement un bateau qui n'est pas gardé.
          – Oui... Oui, c'est possible... On peut encore y arriver!
          – Tout doux, je t'arrête tout de suite. Quelqu'un sait comment naviguer un bateau?
          – On se débrouillera... Non?

          Les quatre protagonistes acquiescèrent. La distance les séparant du chantier naval était assez énorme, mais ils pourraient y arriver en moins d'une demi-heure. Ils se mirent en route: Marie à l'avant, suivie de sa fille, de Burden et des deux révolutionnaires. La jeune couturière semblait prendre goût à cette aventure et avait décidé de mener l'opération. Comme prévu, quelques gardes épars tentèrent de les empêcher de passer. L'un d'eux n'était pas très crédible, la main sur son ventre et le teint vert. Bien sûr, les trois hommes se chargèrent de mettre les gardes hors d'état de nuire. Samuzora tranchait de la lame de son sabre, Blew frappait du bout de sa batte d'acier et Burden se débrouillait avec le bout de métal semi-tranchant qu'il tenait. Marie s'occupait de protéger sa fille et, surtout, de lui couvrir les yeux lorsque les garçons faisaient couler le sang de leurs adversaires. Au bout d'environ une demi-heure, les cinq rebelles étaient arrivés à destination. Il ne restait qu'à trouver une embarcation facilement manœuvrable et peu gardée. Blew ignorait si le soleil avait atteint son apogée dans le ciel, car d'épais nuages avaient recouvert la presque totalité de l'horizon. Un léger brouillard les empêchait de voir l'emplacement des gardes. Il sera bientôt l'heure du dîner... C'est le moment parfait pour agir... Par contre, c'est aussi le moment exact où l'alarme sera sonnée, lorsqu'une centaine d'entre eux manqueront à l'appel. Blew rappela à ses acolytes qu'il leur fallait agir rapidement. Ils se consultèrent et établirent un plan. Blew et Samuzora, étant mieux armés et mieux entraînés, s'occuperont des gardes remplaçants alors que Burden, Marie et Zoé prépareront le bateau pour s'enfuir. Un plan ayant, certes, beaucoup de points faibles, mais ce fut le mieux qu'ils purent trouver en aussi peu de temps. Burden avait volé la lame d'un des gardes sur le chemin vers le chantier naval et pourrait donc prêter main forte aux deux révolutionnaires si quelque chose arrivait. De plus, au cas où un garde se trouverait à l'intérieur du bateau, il pourrait s'en occuper.

          Leur temps étant toujours compté, les jeunes fuyards durent composer avec le brouillard leur empêchant d'analyser véritablement les bateaux s'offrant à eux. Ils comptèrent 3 bateaux. Le plus près, assez massif, semblait être difficile à manœuvrer. Ils ne perdraient pas de temps à l'inspecter ou à le prendre. Le second, plus petit et quelques centaines de mètres plus loin, semblait être dans un état lamentable. Soit il avait un très petit mat, soit celui-ci était brisé. Le troisième, à moins d'un kilomètre du premier, était trop éloigné pour que Samuzora, celui ayant la meilleure vision des cinq, puisse analyser son état. Il était au moins certain qu'il flottait et que son mat était bien droit et intact. Le groupe révisa le plan de match. La petite Zoé faisait preuve d'une grande maturité et comprenait bien la situation dans laquelle elle se trouvait sans pour autant paniquer. En fait, le plus nerveux d'entre eux était Blew. Il repensait à tout le temps qu'il avait passé sur Tequila Wolf. Il se souvenait des 2 tentatives d'évasion auxquelles il avait assisté. Les 6 personnes y ayant participé s'étaient faites abattre sur-le-champ. Tequila Wolf était trop bien gardée et ses «murs» avaient des oreilles. Plusieurs conspirateurs y avaient aussi passé, de même que quelques centaines d'hommes rendus trop vieux pour travailler, de femmes ayant refusé de se soumettre aux règles imposées par les gardes et même quelques enfants handicapés, jugés d'aucune utilité pour le chantier. L'enfer avait un nom: Tequila Wolf. Blew se souvenait de son arrivée, très difficile. Il avait rencontré Manny sur le chantier, car ils avaient été jumelés. L'homme en charge de son chantier était mort quelques mois plus tard et un autre, un peu moins despotique l'avait remplacé. Blew se souvenait aussi de l'arrivée de Burden. Il le regarda et lui mit la main sur l'épaule. C'est alors que la réalité frappa Blew: Burden était malade. Son état avait empiré depuis le matin. Il avait le teint vert et les yeux creux. Il semblait lutter contre l'envie de se décomposer sur place. Marie fit un regard à Blew lui signifiant qu'elle savait quels étaient les risques de faire équipe seule avec un homme malade et qu'elle allait tout de même le faire.

          Samuzora surveillait les mouvements flous des gardes. Lorsqu'il sembla y avoir plus de mouvement, il en informa l'équipe et se mit en position pour agir. Burden rassura Blew d'un tape sur l'épaule, se plaça près de Marie et attendit le signal de Samuzora. Blew marcha vers ce dernier, prit sa batte à deux mains et le regarda dans les yeux d'un regard confiant. Il sentait qu'une véritable complicité s'installait tranquillement entre les deux révolutionnaires. Zora donna le signal de départ. Les deux hommes se dirigèrent rapidement en direction des gardes en tentant de ne pas être repérés. Les trois autres suivaient derrière, mais passaient plus près des bateaux. Ils arrivèrent au niveau du premier bateau. Il était effectivement très grand et pouvait certainement contenir une trentaine d'hommes, sinon plus. Samuzora et Blew passèrent le plus loin possible des gardes, mais l'un d'eux les remarqua. Il y avait cinq gardes, tous armés et tous alertés que des intrus s'étaient glissés jusqu'au chantier. Samuzora allait s'avancer vers eux pour les attaquer, mais Blew le retint, agita sa batte et fonça vers les gardes. Samuzora le suivit de près, sabre dégainé. Foncer d'abord avec une arme de mêlée, plus lourde, allait briser leur garde et les rendre plus vulnérables aux coups de Zora, du moins en théorie. Seul l'un des cinq gardes vint à la rencontre de Blew et tomba dans le piège. Il mourut sous la lame de Samuzora Kogarashi. Les quatre autres gardes se jetèrent alors sur les deux protagonistes. Burden, qui courait vers le second navire en compagnie de Marie et Zoé, s'arrêta d'un coup sec et se dirigea vers le combat. Il cria à Marie de continuer et de se rendre vers le second navire.

          L'homme supplémentaire n'était pas de refus. Les quatre gardes étaient bien entraînés et livrèrent chaude lutte aux révolutionnaires, mais l'effet de surprise qu'eut Burden en arrivant par derrière avec sa lame rétablit l'équilibre du nombre de combattants. Samuzora combattait seul un ennemi de la même taille que lui alors que Burden et Blew se mesuraient à deux hommes. Les jeunes hommes réussirent à obtenir un avantage numérique lorsque Blew gratifia un adversaire de son Agaru Kick en direction de Burden qui ne manqua pas de le trancher de sa lame à l'abdomen. Vaincre un adversaire à deux contre un fut alors une chose facile. Lorsqu'ils eurent terminé, ils se retournèrent pour prêter main forte à Samuzora, mais celui-ci avait déjà terminé son combat et allait les aider. Les trois vainqueurs reprirent alors leur route. Puis, alors qu'ils étaient à quelques dizaines de mètres du bateau, ils entendirent Marie crier. Elle avait embarqué dans le deuxième bateau pour le vérifier, mais celui-ci avait déjà un visiteur: un vieil homme qui s'affairait à réparer son mat.

          Une alarme se fit entendre au même instant. Celle qui signifiait qu'ils savaient maintenant pourquoi tant de gardes manquaient à l'appel. Ils avaient trouvé le champ de bataille.

          [...]


          Dernière édition par Ketsueki Blew le Mar 20 Mai 2014 - 23:27, édité 2 fois (Raison : Correction du français)
            Satisfait d'avoir affronté et vaincu un garde de sa trempe, Samuzora s'apprêtait à nettoyer sa lame souillée du sang de son adversaire lorsqu'il entendit en même temps que ses deux partenaires un cri strident provenant du bateau sans mât. Il n'avait pas besoin d'en chercher l'origine, c'était sans aucun doute Marie qui était partie vérifier l'embarcation sans être accompagnée de l'un des trois hommes. Ces derniers se mirent donc à courir dans cette direction, armes en mains, prêts à éliminer toute menace. Samuzora fut le premier à mettre le pied sur le pont, alors que les deux autres révolutionnaires étaient toujours sur le quai. Il regarda nerveusement dans toutes les directions puis aperçu Marie dos à lui tenant sa fille par la main. Devant elle se tenait un homme d'au moins une cinquantaine d'années, un marteau dans sa main gauche et un énorme clou rouillé dans sa main droite. Bien qu'il ne semblait pas avoir l'intention de s'attaquer aux deux demoiselles, Zora fit quelques pas pour parvenir à glisser la lame de son sabre sous le menton du vieillard. Il s'arrêta net et tourna son regard vers la jeune mère qui se tenait désormais entre Blew et Burden, elle fit un signe de tête puis baissa les yeux vers sa fille. Il rengaina alors immédiatement son sabre pour attraper les deux mains du vieil homme, desquelles il retira le clou et le marteau pour les jeter à l'eau. Il ouvra la bouche pour tenter d'en extraire quelques mots mais Kogarashi lui coupa la parole.

            Qu'es-..
            Ils ne te seront plus utiles désormais.

            Ketsueki s'approcha du bretteur, puis le questionna sur ce qu'il venait de se passer sans quitter le quinquagénaire des yeux. Burden, lui, restait près de Zoé pour s'assurer qu'elle allait bien sans porter d'attention particulière à ce que faisait ses partenaires. Zora détourna son regard de l'homme aux cheveux gris pour s'adresser à Blew.

            Marie te le confirmera, il n'a rien tenté.
            Je m'appelle Hector
            ''Hector'' n'a rien tenté contre elles.

            Marie fit de nouveau un signe de tête, mais cette fois-ci pour acquiescer à ce que venait de dire le jeune bretteur. Burden se plaça devant elle pour demander à Blew de se dépêcher à quitter le port avant que d'autres gardent n'arrivent. Son état était loin de s'améliorer et l'inquiétude dans le regard de Marie se faisait sentir. Hector prit alors la parole:

            Je peux vous aider à vous échapper, j'ai été marin pendant plus de la moitié de ma vie. Je sais naviguer et manœuvrer un navire comme celui-là.

            Il pointa au loin l'embarcation que les trois hommes s'apprêtaient à voler. Ils se regardèrent un cours instant puis Burden prit la parole à son tour, favorable à cette idée.

            Pour quelle raison laisserais-tu cet étranger monter avec nous sur ce bateau? Le même que Marie et sa fille.
            Kets, tu as entendu comme moi, il peut faire quitter ce maudit tas de bois de ce port, et vous mener loin d'ici.
            ''Vous'' ?
            Je ne survivrai pas au voyage, pas dans cette condition. Je préfère utiliser ce qu'il ne reste d'énergie pour retenir les gardes pendant que vous vous échappez.

            Il y eu un moment de silence, quelques secondes qui durent sembler une éternité pour certains. Blew ne semblait pas fébrile à l'idée de laisser un ami de plus sur Tequila Wolf, mais il ne s'opposa pas à cette décision, il se contenta de regarder Burden dans les yeux et de lui poser la main sur l'épaule alors qu'il passait près de lui pour débarquer. Ils étaient bientôt tous sur le quai et se dirigèrent vers le bateau qui allait les mener loin de l'enfer. Zora menait la course alors qu'Hector était derrière et tentait de rester près du groupe.


            Dernière édition par Samuzora Kogarashi le Dim 18 Mai 2014 - 17:11, édité 1 fois
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            Le groupe avançait de plus en plus vers le navire, dont les traits exacts se dessinaient droit devant. Samuzora tranchait le flan de quelques adversaires et Blew s'assurait que leur corps ne gêne pas ses acolytes en les frappant du bout de sa batte. Ils commencèrent à être à bout de souffle et leur pas ralentissait. Les gardes arrivaient par vagues espacées de 3 ou 4 pendant quelques minutes. Les six rebelles arrivèrent à quelques centaines de mètres du navire. L'un des gardes vit clair dans leurs intentions et entreprit, avec l'aide de deux autres gardes, de détacher le navire du quai, empêchant ainsi l'évasion des prisonniers.

            Hector n'en pouvait plus. Burden allait être malade. Marie ne tiendrait pas très longtemps. Samuzora et Blew sentaient eux aussi la fatigue s'emparer d'eux. Blew arriva à la hauteur de Zora et lui dit qu'ils devraient arrêter les gardes s'occupant de détacher le bateau. Il répondit par l'affirmative et changea légèrement de cap. Blew jeta un coup d'oeil vers l'arrière, s'assura que les autres ne risquaient rien et fonça avec Samuzora. Les quatre autres continuaient à avancer à basse vitesse alors que moins de 200 mètres les séparaient du navire. Zoé était émerveillée par la grandeur de ce dernier. Ils trouvaient la force de continuer en voyant que leur but était tout près.

            Lame et batte. Un duo d'enfer lorsque manié par deux hommes expérimentés, mais presque totalement inutile lorsque confronté à une arme de plus longue portée. L'un des gardes s'affairant à faire échouer le plan des révolutionnaires était armé d'une chaîne de 3 mètres munie d'un crochet au bout. Il maniait le tout avec une dextérité plutôt moyenne, mais assez bien pour garder Blew et Zora à l'écart. Ces derniers tentaient des feintes à gauche et à droite et bloquaient le crochet avec leurs armes, mais ne parvenaient pas à s'approcher des gardes. Blew vit une ouverture, y fonça, mais fut aussitôt jeté au sol par la chaîne. Il décida d'affronter l'arme de longue portée par sa faiblesse : sa flexibilité. Blew agrippa la chaîne qui s'enroula autour de son bras, puis tira sur cette chaîne de toutes ses forces. Samuzora profita de l'occasion pour frapper, mais un second garde vint s'en mêler et l'affronta en duel au sabre. Blew vit qu'il devait finir son combat seul et relâcha la tension qu'il exerçait sur la chaîne. Il enroula l'excès autour de son bras et se trouvait désormais à moins de 2 mètres de son adversaire. Le crochet s'était piqué dans son épaule. Il relâcha la tension encore et, pendant que le garde retrouvait son équilibre, il le frappa d'un bon coup de batte en pleine mâchoire. Ce coup sonna quelque peu son adversaire, mais n'eut comme effet que de le faire reculer et remettre de la tension. La chaîne s'était un peu déroulée et le crochait s'enfonçait de plus en plus.

            Pendant ce temps, les quatre civils arrivaient tout près du navire. Malheureusement, il s'était éloigné du quai et il leur était impossible de sauter à bord. Samuzora combattait vaillamment son adversaire au sabre, enchaînant feintes et coups. Il en avait reçu quelques-uns au visage et le sang qui coulait de ses plaies allait se loger dans ses yeux, ce qui lui troubla la vue. Il avait aussi salement amoché son adversaire et augmentait la fréquence de ses coups. Le troisième garde continuait de détacher les amarres. L'adversaire de Blew avait compris sa tactique et la répètait maintenant pour prendre l'avantage. Il avait réussi à envoyer Blew sur le sol à quelques reprises et tentait de le déloger de sa chaîne. Le crochet était maintenant bien enfoncé dans son muscle deltoïde ce qui l'empêchait d'utiliser son bras droit pour se relever.

            Ayant compris qu'il ne sortirait pas vainqueur de son combat en cette situation, Blew décida de se diriger rapidement vers le combat de son compagnion et, avant même qu'aucun des gardes ne s'en aperçoive, il assomma l'adversaire de Samuzora. Le jeune homme vêtu de vert vint tout de suite à la rescousse de celui habillé d'une chemise blanche souillée de sang et, après quelques secondes, tua le garde à la chaîne. Pendant ce temps, Blew parvenait, au bout du crochet lui déchirant le muscle, à atteindre le troisième garde de sa batte. Puis, il ne sentit plus de tension dans la chaîne et vit son complice arriver à ses côtés. Ensemble, ils tentèrent de ramener le bateau sur le quai. Hector et Burden s'étaient mis à la tâche eux aussi à l'autre extrémité du bateau. Quand il fut assez près, les deux jeunes hommes projetèrent la mère et sa fille à bord, rapidement suivies du navigateur Hector. Puis, Samuzora aida Blew à se hisser sur le navire, tout en faisant attention de ne pas empirer sa blessure. Vint ensuite le tour de Burden, qui refusa de monter avant Zora. Ce dernier insista ardemment, ne voulant pas laisser un homme derrière, mais à proximité se levait une masse sombre et bruyante. Voyant ces nouveaux ennemis se diriger vers ses amis, Burden prit en main la chaîne du défunt garde, étouffa un juron causé par la pression additionnelle sur son ventre, et fonça vers l'ennemi.

            Il fut arrêté en plein élan par le jeune révolutionnaire, qui lui mit une main sur l'épaule. Son expression signifiait qu'il n'était pas nécessaire de se battre. Une flèche lui frôla la joue. Les deux hommes retournèrent en vitesse vers l'embarcation. L'homme de main possédant un arc mettait le feu à ses flèches avec l'intention de brûler le navire maintenant ennemi. À peine réunis à bord, les jeunes révolutionnaires s'affairaient à éteindre les flèches qui atteignaient la structure. Hector avait pris place à la barre et les deux filles attachaient quelques cordes pendantes. Burden, lui, malgré la volonté de Samuzora et de Blew, avait profité de ce moment de confusion pour détacher le reste des cordes et chaînes tenant le navire près du quai. Il avait également ramassé la batte que Blew avait échappée en embarquant plus tôt. Au bout d'un moment, celui-ci remarqua que leur embarcation était en mouvement, puisque Burden n'y était pas. Samuzora fit instantanément le lien et se précipita à bâbord. Le bateau avait déjà dérivé d'une dizaine de mètres et n'était plus amarré. Burden hurla à Hector de mettre les voiles, ce qu'il fit à contre-coeur, ayant compris la situation. Blew arriva aux côtés de Zora. Burden se retourna à nouveau, le vit, cria à Hector de se dépêcher et regarda son ami, une larme à l'oeil.

            «Bonne chance à vous ! Kets', merci pour tout. Je ne t'oublierai pas... Fuyez pauvres fous!»

            Blew perdit son calme. Malgré sa blessure, il se jeta sur la barre et tenta de faire faire demi-tour au navire. Hector l'en empêcha. Ce fut les yeux pleins de larmes et le coeur plein de désespoir que Blew finit par se calmer, adossé au mat principal en position foetale.

            L'horizon disparaissait sous une couche d'un léger brouillard. Après tout ce temps passé en constante compagnie de ses deux camarades, il les avait perdus pour faire équipe avec une mère et sa fille, un vieillard et un jeune combattant. Ils avaient quitté l'île-prison-chantier ensemble, mais sans Burden et Manny. Ils étaient tous morts. Eux et de nombreux autres aussi. Le nombre de personnes s'étant évadées n'était que très petit par rapport aux décès. Blew éprouvait une haine profonde pour cet endroit et pourtant, il n'en avait vu qu'une infime partie.

            Le soleil ne serait couché que dans quelques heures. La journée avait été tellement chargée. Marie avait nettoyé les coupures assez profondes sur le visage de Samuzora. Zoé était impressionnée par l'assurance que dégageait ce jeune homme. Elle était folle de joie de voir la mer tout autour d'elle. Elle considérait Zora comme son héros et ne le lâchait plus d'une semelle. Tequila Wolf n'était plus qu'une zone ombragée au loin. Marie s'installa auprès de Blew pour lui nettoyer sa plaie à l'épaule. Elle le serra dans ses bras et devint tout de suite plus détendue. Elle était infiniment reconnaissante et pouvait désormais rêver d'une vie meilleure. Blew la regarda. Il comprit ses sentiments et se dit qu'il n'avait pas tout perdu finalement. Non. Rien n'était joué. Il allait retrouver la civilisation et reprendre le cours de sa vie. Non. Burden n'était pas forcément mort. Ils pouvaient l'avoir capturé. Blew se promit de retourner à Tequila Wolf pour aider Burden à s'en échapper. Il devait d'abord retrouver toutes ses forces. Il se leva et se dirigea vers la proue, aux côtés de Zora. Les deux révolutionnaires se regardèrent et se sourirent. Blew baissa les yeux vers la mer et remarqua ses mains. Ses gants n'y étaient pas. Ils étaient restés sur l'île. Peut-être était-ce pour le mieux. La vision du monde de Blew avait été modifiée au cours de son séjour. Il signifierait ce changement par un nouveau style, à commencer par le retrait de ses gants blancs de sa garde-robe. Le style samouraï de Samuzora lui plu, mais il ne s'était pas encore décidé.

            Les cinq passagers du bateau naviguaient vers une destination inconnue. Aucun d'entre-eux n'avait idée d'où il voulait aller. Seulement, Zora savait qu'il voulait rejoindre la révolution et il avait fait un pas dans la bonne direction.


            Dernière édition par Ketsueki Blew le Mar 20 Mai 2014 - 23:35, édité 1 fois (Raison : Correction du français)