Rappel du premier message :
Plic.
J’entends avant de voir. Je sens avant d’entendre, mais y a pas l’équivalent d’onomatopées pour traduire les sensations qui passent par les narines. Humide. Terreux. Frisquet. Renfermé. Ca c’est des mots. Ca c’est déjà analysé. Et c’est ce que je ressens. Jsuis en sous-sol. Jsuis dans le noir. Ca explique que j’entende avant de voir, même après avoir ouvert les yeux. J’entends pas grand-chose. Juste ce plic. Plic. Même pas de variation. Pas de ploc. Pas de plac. Juste plic. Des bruits sourds aussi. Pas grand-chose, pas tout le temps. Des bruits sourds et puis juste l’eau qui tombe, quelque part à ma gauche. Presque rien. Entêtant mais presque rien, le supplice de la goutte marche pas avec moi. Pas encore. Pour y être sensible, il faut avoir perdu tout espoir de sortir. Et l’espoir, ça me connaît. J’en ai pas. L’espoir sert à rien. La certitude, c’est mieux. Je sais. Je sais qu’où que je sois je pourrai sortir. Et là pareil qu’ailleurs, viendra un moment où je pourrai sortir. Les bandes de cuir sur mes poignets y feront rien. Y font rien, je
Merde. J’allais passer en mode sanguin, mais je peux pas. Je pars vite, trop vite. Trop vite en mode liquide. Je sais pas ce qui se passe, mais je le sens mal. Super mal. Et en bougeant, y a ce léger flottement dans l’air à côté de moi. Ce léger picotement dans le coude gauche. Je fais le lien, j’ai déjà été à l’hosto. Des glands m’ont foutu sous perf. M’ont attaché à un pieu en métal, m’ont foutu des entraves partout, et en prime m’ont calé à la goutte. Je sais pas ce qu’ils m’ont branlé, mais je suis crevé aussi. Pas au top. Affaibli. Faible. M’ont dépoilé aussi, avant tout ça. Mes tifs dressés à cause du froid, ça chatouille. J’essaie de me souvenir. Me presse le crâne avec les deux mains de l’imagination pour faire juter la rappelance. Les neurones luttent. Eux aussi sont pas au top. Je pense bien, mais question creuser la mémoire, c’est pas ça. Merde.
Plic.
Ta gueule la goutte, l’espoir sert à rien j’ai dit.
L’espoir sert à rien. Alors j’attends. Je fais le vide. Comme y disent dans les temples. Je me décentre pour mieux me concentrer. J’oublie la terre, j’oublie l’eau, j’oublie la température et j’oublie le cuir et j’oublie le métal. Je m’oublie moi. J’oublie les autres aussi, ça je sais bien faire en plus. Puis ça y est, ça déclique et je les ressens. Les autres. Mes choses. Bonne idée que j’ai eue, hein. Alex, je te taperai peut-être pas en redescendant. Redescendre ? Ah, un souvenir. Clockwork. Baston. Escalier. Narnak. Héhé, Ca fait dix-sept ans que je me balade avec un putain de meitou. Qui l’eût cru. Sont pas loin. Pas tous. Les autres. Jack et Walt. Hope je suis pas sûr, le pouvoir de l’afro me rejette alors c’est pas simple. Maya, aussi. Maya, tiens, bizarre Maya. Je veux dire, bizarre sur mon radar. Pas aussi nette que les autres. Comme d’habitude, remarque. Rimbau ? Ouais, Rimbau aussi. Toute la fine équipe, les autres sont trop loin. Vers le sol. En dessous. On est toujours dans le même coin, donc. Nous sur l’île et eux en mer. Tant mieux. Ca me vient. L’envie. La colère.
Pas besoin d’espoir, t’as vu la goutte. Colère froide, comme dehors. Celle du massacre sur les LSD avec le jeunot et le nain. Ici, perdent rien pour attendre. Qui qu’ils soient. Ca va fumer dans les chaumières, que les plus aptes mettent leurs jambes sur leurs cous. Eux je les épargnerai. Peut-être. Je me concentre. Partirai pas trop vite. Juste ce qu’il faut pour dégager les mains. Les jambes. La nuque. Juste ce qu’il faut. Juste ce que… Juste… Jehmerde… Merde. Merde ! Putain ça chie. Pu
Débranchez-le !
Ah !
Putes ! Des connards entrent, slament la porte. Qu’était à droite. Et la lumière fut. Et m’aveugle. Rah. Et moi je récupère la forme solide aussi vite que je peux. Instinctif. J’aurais pas dû, j’aurais eu une chance de me défaire de mes liens. Mais l’instinct est une pute, comme ces connards. Et dès qu’ils avisent mon retour à la normale, ils rebranchent l’intraveineuse. Et je sens que je peux pas me retransformer, sous peine de pas pouvoir revenir à la normale. Et donc je suis resolide, recorporel, avec une sangle en cuir qui me traverse le poignet droit, et une autre la cheville. Traverse, oui. Au milieu. Je les sens au milieu des os de la jambe. Entre les os de l’avant-bras. Ca chatouille. Ca gratte. Monstrueux. Putes. Putes masquées. Catins timides. Gaupes peureuses. Trop d’infos à la seconde. Et le connard en chef, chef parce que c’est lui qui cause, qui me cause parce qu’il est chef.
Vous avez compris ?
Y a une poutre au dessus de lui. Une grosse poutre qui me rappelle celles de la mine de l’archipel vert. Un étai. On est bien sous terre. Et on est bien dans la merde. Surtout moi. Je le regarde avec mon traditionnel amour des humains dans les canines, mais lui me sourit de derrière son masque vert de médecin qui s’y croit. Genre tu t’en fous pas de la stérilité de la pièce, t’as vu les scolopendres au mur ? Crevard. Il poursuit. Blablate. Me bichonne. L’IV, c’est un produit qui me rend hémophile. Tu l’as dans le cul mon petit Tahar. Alors tiens-toi tranquille, on revient bientôt. Au vouvoiement bien sûr. Ca fait plus médecin. Médecin mon derche. Je vais te bouffer. Je vais me tenir tranquille et après je vais te bouffer. Prépare-toi. Mange du bœuf. Mange des herbes. Je vais te bouffer. Le noir revient.
J’entends avant de voir. Je sens avant d’entendre, mais y a pas l’équivalent d’onomatopées pour traduire les sensations qui passent par les narines. Humide. Terreux. Frisquet. Renfermé. Ca c’est des mots. Ca c’est déjà analysé. Et c’est ce que je ressens. Jsuis en sous-sol. Jsuis dans le noir. Ca explique que j’entende avant de voir, même après avoir ouvert les yeux. J’entends pas grand-chose. Juste ce plic. Plic. Même pas de variation. Pas de ploc. Pas de plac. Juste plic. Des bruits sourds aussi. Pas grand-chose, pas tout le temps. Des bruits sourds et puis juste l’eau qui tombe, quelque part à ma gauche. Presque rien. Entêtant mais presque rien, le supplice de la goutte marche pas avec moi. Pas encore. Pour y être sensible, il faut avoir perdu tout espoir de sortir. Et l’espoir, ça me connaît. J’en ai pas. L’espoir sert à rien. La certitude, c’est mieux. Je sais. Je sais qu’où que je sois je pourrai sortir. Et là pareil qu’ailleurs, viendra un moment où je pourrai sortir. Les bandes de cuir sur mes poignets y feront rien. Y font rien, je
Merde. J’allais passer en mode sanguin, mais je peux pas. Je pars vite, trop vite. Trop vite en mode liquide. Je sais pas ce qui se passe, mais je le sens mal. Super mal. Et en bougeant, y a ce léger flottement dans l’air à côté de moi. Ce léger picotement dans le coude gauche. Je fais le lien, j’ai déjà été à l’hosto. Des glands m’ont foutu sous perf. M’ont attaché à un pieu en métal, m’ont foutu des entraves partout, et en prime m’ont calé à la goutte. Je sais pas ce qu’ils m’ont branlé, mais je suis crevé aussi. Pas au top. Affaibli. Faible. M’ont dépoilé aussi, avant tout ça. Mes tifs dressés à cause du froid, ça chatouille. J’essaie de me souvenir. Me presse le crâne avec les deux mains de l’imagination pour faire juter la rappelance. Les neurones luttent. Eux aussi sont pas au top. Je pense bien, mais question creuser la mémoire, c’est pas ça. Merde.
Plic.
Ta gueule la goutte, l’espoir sert à rien j’ai dit.
L’espoir sert à rien. Alors j’attends. Je fais le vide. Comme y disent dans les temples. Je me décentre pour mieux me concentrer. J’oublie la terre, j’oublie l’eau, j’oublie la température et j’oublie le cuir et j’oublie le métal. Je m’oublie moi. J’oublie les autres aussi, ça je sais bien faire en plus. Puis ça y est, ça déclique et je les ressens. Les autres. Mes choses. Bonne idée que j’ai eue, hein. Alex, je te taperai peut-être pas en redescendant. Redescendre ? Ah, un souvenir. Clockwork. Baston. Escalier. Narnak. Héhé, Ca fait dix-sept ans que je me balade avec un putain de meitou. Qui l’eût cru. Sont pas loin. Pas tous. Les autres. Jack et Walt. Hope je suis pas sûr, le pouvoir de l’afro me rejette alors c’est pas simple. Maya, aussi. Maya, tiens, bizarre Maya. Je veux dire, bizarre sur mon radar. Pas aussi nette que les autres. Comme d’habitude, remarque. Rimbau ? Ouais, Rimbau aussi. Toute la fine équipe, les autres sont trop loin. Vers le sol. En dessous. On est toujours dans le même coin, donc. Nous sur l’île et eux en mer. Tant mieux. Ca me vient. L’envie. La colère.
Pas besoin d’espoir, t’as vu la goutte. Colère froide, comme dehors. Celle du massacre sur les LSD avec le jeunot et le nain. Ici, perdent rien pour attendre. Qui qu’ils soient. Ca va fumer dans les chaumières, que les plus aptes mettent leurs jambes sur leurs cous. Eux je les épargnerai. Peut-être. Je me concentre. Partirai pas trop vite. Juste ce qu’il faut pour dégager les mains. Les jambes. La nuque. Juste ce qu’il faut. Juste ce que… Juste… Jehmerde… Merde. Merde ! Putain ça chie. Pu
Débranchez-le !
Ah !
Putes ! Des connards entrent, slament la porte. Qu’était à droite. Et la lumière fut. Et m’aveugle. Rah. Et moi je récupère la forme solide aussi vite que je peux. Instinctif. J’aurais pas dû, j’aurais eu une chance de me défaire de mes liens. Mais l’instinct est une pute, comme ces connards. Et dès qu’ils avisent mon retour à la normale, ils rebranchent l’intraveineuse. Et je sens que je peux pas me retransformer, sous peine de pas pouvoir revenir à la normale. Et donc je suis resolide, recorporel, avec une sangle en cuir qui me traverse le poignet droit, et une autre la cheville. Traverse, oui. Au milieu. Je les sens au milieu des os de la jambe. Entre les os de l’avant-bras. Ca chatouille. Ca gratte. Monstrueux. Putes. Putes masquées. Catins timides. Gaupes peureuses. Trop d’infos à la seconde. Et le connard en chef, chef parce que c’est lui qui cause, qui me cause parce qu’il est chef.
Vous avez compris ?
Y a une poutre au dessus de lui. Une grosse poutre qui me rappelle celles de la mine de l’archipel vert. Un étai. On est bien sous terre. Et on est bien dans la merde. Surtout moi. Je le regarde avec mon traditionnel amour des humains dans les canines, mais lui me sourit de derrière son masque vert de médecin qui s’y croit. Genre tu t’en fous pas de la stérilité de la pièce, t’as vu les scolopendres au mur ? Crevard. Il poursuit. Blablate. Me bichonne. L’IV, c’est un produit qui me rend hémophile. Tu l’as dans le cul mon petit Tahar. Alors tiens-toi tranquille, on revient bientôt. Au vouvoiement bien sûr. Ca fait plus médecin. Médecin mon derche. Je vais te bouffer. Je vais me tenir tranquille et après je vais te bouffer. Prépare-toi. Mange du bœuf. Mange des herbes. Je vais te bouffer. Le noir revient.
Dernière édition par Tahar Tahgel le Sam 27 Oct 2012 - 19:32, édité 1 fois