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On le nomme ... [Ft. Dena']

Quand Dena' veut me trouver, il fait appel à ses "petites mains". Les vagabonds, enfants abandonnés et autres déchets de la société, qu'il paye une misère et à qui il donne des tâches plus ou moins délicates. Contacter ses "employés" (mercenaires, épées louées, autre nom signifiant qu'on se bouge le cul que si il y a gros à y gagner) en faisait partie intégrante. Le message que j'avais reçu n'était pas codé, car après tout, ça ne servait à rien. Y'avait une chance sur deux que je comprenne pas ce qu'il voulait dire et que je me retrouve à North Blue, puis, de toutes façons, y'avait pas grand chose de marqué.

Juste qu'il me voulait me voir pour un petit travail. Mais à chaque fois qu'il disait ça, je me retrouvais dans un truc compliqué ... Genre la dernière fois, j'avais dû me trainer dans les égoûts pour kidnapper un clébs qui finalement s'est révélé ne pas être le bon, et on m'a envoyé sur une autre île à la con pour que je snipe les mariés. Vous non plus vous ne voyez aucun rapport entre ces deux activités ? Et bien, rassurez vous : moi non plus. Alors comprenez bien que quand Dena' il dit *un petit travail", direct je me mets sur mes gardes. Mais bon, je n'étais pas contre un peu d'argent, facile ou difficile.

J'avais vu une nouvelle paire de bottes juste gé-niales (en deux mots, comme vous l'entendez !).

Alors, bon, je suis allée sur une île à la con que très peu de gens connaissent, une île des South d'ailleurs, très tranquille et avec tout ce qu'il faut là où il le faut. La présence des Marines était, à défaut de forte, palpable, et la criminalité était basse. Comme par hasard, c'était là que Dena' avait élu domicile. Pas pour toujours ni pour maintenant, après tout il bouge beaucoup, mais quand même, il revenait souvent ici. Souvent dans ce même p'tit bar pas aussi bien fréquenté qu'il devrait l'être, avec ses fragrances de tabac bon marché et de whisky caramel.

Je poussais la porte de l'établissement, et reconnaissais sa sale trogne encapuchonnée. Jetant un regard autour de moi, je remarquais que mon passage n'était pas passé inaperçu, les habitués me jetant quelques regards plus ou moins appréciateurs / torves / je m'en foutiste. J'aurai même juré entendre un *D'mon temps, les gamines comme ça on les laissait pas rentrer*, qui m'a foutu de mauvais poil. Bref, j'atteignais la table et m'installais, hélant le serveur pour qu'il me raméne un truc light et sans trop de calories. Et c'est qu'après avoir eu mon thé aux orties que j'me décide à demander.

- Alors ?
      -Toujours droit au but hein?

      Dena esquisse un de ces petits sourires en coin dont il a le secret, d'autant plus révélateur que tu ne distingues pas grand chose d'autre de son visage plongé dans l'ombre par la capuche. Il attrape le verre a peine entamé qui attend devant lui et le fait tourner lentement, admirant le liquide ambré à l'intérieur.

      -C'est un des trucs que j'aime bien chez toi. Ce mélange d'enthousiasme et d'impatience... C'est très... Révélateur oui... Mais tu devrais y faire attention, être pressé et direct, c'est un truc de pauvre.

      Dena repose son verre et s'assure d'un coup d’œil que personne n'est installé aux tables les plus proches... Comme d'habitude, Dena est un type qui a élevé la paranoia et la prudence au rang d'art.

      -J'ai un boulot pour toi. Simple et bien payé. Exactement comme tu les aimes... Tu vois, j'ai un ami qui a eu des problèmes avec des voleurs il n'y a pas longtemps. Des voleurs aux allures très étranges. Et comme mon ami n'aime pas le désordre dans ces affaires, il m'a demandé de retrouver ces voleurs. Et comme je suis Dena, je connais quelqu'un qui peut nous mener à eux... Enfin, te mener à eux...

      Dena laisse passer quelques secondes pour que tu assimiles tout ça, puis continue...

      -Comprends moi bien Tao, je souhaite que tu ailles rencontrer ce type que je connais, et que tu me ramènes assez d'informations pour trouver les voleurs qui ont porté préjudice à mon ami. Rien de plus, rien de moins. Je ne veux surtout pas que tu te lances toi même aux trousses de ces types... Je veux juste en savoir assez pour pouvoir le faire...

      Qu'est ce que tu en dis ?
      Dena' parle comme un vieux.
      P't'être parce qu'il l'est, vieux.

      Avec sa morale à deux berries, son petit sourire tout bonnement agaçant, et, juste lui en soi, bah voilà que j'étais un peu à cran, surtout que parce que lui, contrairement à moi, il va pas droit au but. Et il me reproche de ne pas agir comme lui, pour arranger les choses. J'gonfle les joues, roule des yeux, et me contente de boire une gorgée de thé. Glacé, et pas chaud. P't'être que j'aurai dû préciser ... Bref, braf, bref.
      Et après qu'il ait fini son monologue (même si beaucoup pourraient croire qu'il s'adressait à moi, alors qu'en toute vérité c'était juste moi qui faisait ma médisante), voilà ce que je me contentais de répliquer, boudeuse.

      - Déjà, c'toi le pauvre okay ?

      Un haut niveau de répartie, comme vous pouvez le constater !
      Et après, seulement après être passée pour une conne (ça serait pas marrant sinan), bah je réfléchissais à ce qu'il m'avait proposé. Et, le premier point qui pêche, et que je n'hésite pas à lui faire remarquer, c'est bien celui là.

      - Puis tu mens. Si tu voulais juste que je rencontre ce mec, t'aurais dépêché quelqu'un de plus rentable - Parce que disons le clairement, même moi je me rends compte que ça l'est pas. Alors, c'quoi l'embrouille, parce que y'en a une, hein ?

      J'avais froncée les sourcils. bras croisés, regard farouche. J'aimais pas être manipulée, vu que c'était moi qui avait l'habitude de le faire. Et heureusement ! Parce que, croyez le ou non, à force de le faire, on le sait quand quelqu'un essaye de faire de vous sa marionnette. Et Dena', lui, il arrêtait pas, il adorait même. Et parfois, aussi futée que je pouvais l'être, bah je captais pas l'embrouille. Et c'était là que les boulots faciles et bien payés devenaient "halakon" et pas si bien payés que ça !

          -Évidemment, Sinon ce ne serait pas bien payé hum ?

          Claquant des doigts il attire l'attention du serveur. Lui faisant comprendre d'un geste que la boisson qu'il t'a apporté n'est pas à ton gout et qu'il a intérêt à se rattraper...

          -Ce type que je connais n'est pas mon ami. Si j'en crois ses tentatives répétés de m'assassiner sournoisement, on pourrait même dire que nous sommes franchement ennemis. Une vieille rancune sans intérêts mais il y a des gens qui prennent tout beaucoup trop à cœur... C'est toi que j'envoie car je suis tout à fait convaincu que tu es capable d'arracher des infos à n'importe qui. Et que je suis tout à fait sur qu'il ne dira ce qu'il sait que contraint et forcé...

          D'un mouvement de main probablement longuement répété Dena fait apparaitre une image dans sa main. Un de celle que produisent les visio den den. Une image d'un gros type à l'air coriace... Complet sur mesure et cigare aux lèvres. L'air du type qui a l'habitude d'obtenir ce qu'il veut, et quand il le veut, quel qu'en soit le prix...

          On le nomme ... [Ft. Dena'] The-boss-by-morgandesigns2_imagesia-com_3g5x_large

          -Il se fait appeler Gila. Tu sais ? Cet énorme lézard venimeux qui ne lâche jamais la proie qu'il a mordu. Même quand on le tue il continue de mordre. Une vraie horreur. La seule façon de s'en tirer c'est de couper immédiatement le membre mordu... Tu le trouveras sur Saint Uréa...

          Dena' avait appelé le serveur, pour qu'il serve un thé qui était chaud, cette fois.
          Au moins, il avait un peu de considération pour moi. A moins que ce soit juste pour que ce qu'il ait à me dire passe plus en douceur. Ce qui était probablement le cas.
          Ce thé là était bien meilleur. C'était pas juste qu'il était chaud, nan. Il était ... meilleure. Avec plus de goût. Comme quoi, ça avait certains avantages de travailler pour Dena' !
          Bon okay, c'est un avantage vraiment merdique mais il faut se contenter de ce qu'on a quoi !
          Alors, voyant que j'étais satisfaite de ma commande, Dena' décide de m'expliquer plus en détail ce qu'il attend de moi.

          Il me parle de quelqu'un qui ne l'aimait pas beaucoup, et ça m'étonnait. Pas que quelqu'un le méprise ou le haïsse au point de vouloir le tuer, nan. Mais qu'il en parle pas plus ! A force de faire ce qu'il veut, doit y'en avoir des milliers qui veulent sa peau ! Sauf que ce commentaire, je décide de le garder pour moi. Parce que, l'air de rien, je crois qu'il le prendrait pas très bien. Et qu'une a quand même besoin d'un peu d'argent pour traîner sa carcasse en fin de mois !

          Puis, quand il fait apparaître l'image de la cible comme par magie, bah, vous imaginez bien que moi, je suis bon public, alors j'ai laissé échapper un long "oooohhh" exprimant l'émerveillement. Son nom me fait rire, et le petit discours de Dena' rajoute à mon hilarité que j'ai bien du mal à retenir. Par contre, quand je regarde à nouveau sa tronche, bah le rire se meurt dans ma gorge. Mais bon, une est Tao, et une a déjà vu pire, non ?
          Alors, l'air désinvolte, un grand sourire colgate aux lèvres, je me lève et m'apprête à lui demander des détails.

          Jusqu'à ce qu'UN détail me stoppe nette.
          Il aurait pas dit St Urea par hasard ? Cette terre que je m'étais promise de ne plus jamais fouler de ma vie ? Si, il avait dit ça. Et j'étais sur le point de lui dire "Va te faire foutre et va trouver un autre connard" que je me souvenais de quelque chose.
          De magnifiques boucles d'oreilles serties de grosses émeraudes.
          Et bon, j'tais pas sûre que la vendeuse me les laisserait de coté longtemps ...

          - Bon ... Il est où à St Urea, et il y a combien de charmants monsieurs l'accompagnant ?

          Trois jours plus tard.

          Je venais de débarquer à St Urea, cette terre maudite.
          Mais une chose est sure : J'en repartirai l'esprit tranquille, et avec bien plus d'argent !

              Maudite maudite... Il faut le dire vite. Après tout, pourvu qu'on soit du coté des puissants, Saint Uréa est un coin ou il fait bon vivre. Pour les faibles évidemment, c'est une autre histoire. Une histoire nettement plus dure...

              Le type au nom de reptile est un type puissant. Pas assez pour se payer un passe droit et un habitat dans la ville intérieure au milieu des nobles mais important quand même. Assez pour se payer une villa à l'écart du peuplement crasseux et grouillant de la basse vile de Saint Uréa. Une villa au bord de mer avec même un accès direct via un escalier à flanc de falaise et un petit ponton privatif. Une villa avec un grand mur d'enceinte et un immense jardin à la japonaise, avec petite mare, carpes koi et tout... Luxe hors de prix alors que tout autour on entasse les maisons les unes sur les autres dans l'anarchie la plus complète. Une villa avec des gardes à l'air teigneux formant un cordon impénétrable et agressif entre la population des faubourgs et le caid qui vit au milieu de cette forteresse.

              Un peu d'observation t'a appris que comme la plupart des vieux caïds, le Gila est un type casanier et paranoïaque. Le genre à faire déplacer les choses et les gens qu'il veut plutôt que sortir de chez lui, a garder une surveillance constante sur son petit coin de paradis privatif. Et le genre à avoir ses petites habitudes et à ne jamais les changer.
              Habitudes de luxe d'ailleurs vu qu'il se fait livrer tout les jours et à heure fixe... Des produits frais et importés de loin pour sa table. Des poules de luxe pour les invités qu'il reçoit tout les soirs...

              Et quelquefois, plus tard dans la nuit, le Gila reçoit aussi des hommes aux allures plus dangereuses qui se glissent furtivement dans la propriété en y amenant des types attachés et cagoulés, et qui repartent sans...

              S'il y a bien une chose de sure c'est que ce Gila n'a pas gagné sa villa au soleil en jouant le marchand ou le fils de. Il l'a gagné dans les ruelles sordides et tachées de sang du crime, et qu'il n'a pas fini de mettre à la main à la pâte.

              Dena' avait pris grand soin de me donner les informations capitales sur ma cible. A savoir, nombre de gardes, plan de la baraque, dispositifs de surveillance, et aussi un planning de ses activités. Mais à part le plan, tout était à revoir.
              Pendant presque une semaine, v'là que je me terrais dans les fonds d'Urea pour observer les allées et les venues, j'épiais la demeure dans l'espoir de glaner des info' qui me serviraient à m'introduire à l'intérieur. Et bon, ça avait payé.
              Même si, quand même ... La sale odeur putride que je me traînais, j'tais pas sûre qu'elle, elle en vaille la peine.
              Mais bon, une est Tao, et Tao elle s'en moque de toussah tant qu'elle a des berries !

              V'voyez, j'ai appris assez pour élaborer un plan sans faille : Not' cher bonhomme, tous les jours, il invite plein de petits copains pour faire la fête chez lui. Et il a besoin de les occuper, alors il fait aussi venir plein de filles paumées.
              Et c'est là où je rentre en jeu : J'fais genre que je suis une cocaïnomane en manque, et avec un peu de chance celui qui se charge de trouver les minettes me remarque, constater mon état pitoyable, et avec un grand sourire de connard décide de m'embrouiller avec ses histoires avant de m'entraîner dans le cortège de catins !

              Une fois dedans ? Bah, j'fais en sorte de me trouver en tête à tête avec le mafieux, et je lui fais cracher ses infos. Okay, j'vous accorde que ça sera plus dur que ça mais bon, c'était le plan de base, parfait et pas complexe.
              Le problème, c'est qu'ensuite, plus ça va avancer dans le plan, moins ça le sera, de parfait ! Et là j'me fais chopper, et on me balance dans l'état pour nourrir les carpes.

              ... J'aurai peut-être dû y penser, à ça.
              Avant que le bonhomme chargé de ramener les filles me trouve, regarde ma jupe trop courte pour être celle d'une femme décente, et que je sois parmi le groupe de catins des bois plus ou moins excitées (mais totalement en manque de drogue), et que je traverse les portes du jardin aux décorations fastes.
              Il fallait le dire, c'était un très beau jardin. Un jardin avec un étang à carpes, comme me l'avait dit Dena'.
              Cela dit, j'ai pas trop compris pourquoi ce détail en particulier attirait mon attention. Ça aurait plutôt dû être les gardes et leurs armes à peine dissimulées pour pas nous affoler qui aurait dû l'attirer. Mais bon, que voulez vous ...
              C'était un putain d'étang quoi.

              Tout ça pour essayer de pas penser aux gens attachés et au regard aveugle qui ne sortent jamais d'ici.

              J'sens que je suis mal, là. J'suis même pas sûre qu'on laisse repartir les filles, après la soirée. Après tout, un mec aussi parano pourrait s'imaginer qu'on est des agents en mission d'infiltration.
              Ce que j'étais exactement. Le pire, c'est que j'avais aucune arme sur moi. Bah oui, vous pensez bien qu'ils nous fouilleraient avant d'entrer, et que n'importe quoi de suspect entraînerait juste ma mort directe.

              Bref, j'entrais démunie et à poil.
              Mais une est Tao, et une a beaucoup de ressources. Assez de ressources pour s'en sortir.

              Une fois l'intérieur, je constate l'état des lieux. Y'a du luxe à ne plus savoir qu'en faire, indécent vu ce qu'on trouve cinq cents mètres plus loin. Une réception a lieu, et y'a de tout, allant du serveur au costume cravate, avec les tables pleines de boissons et nourritures. Le genre qu'un des mendiants des bas-fonds pourrait pas se payer après dix ans de taff.
              Et moi ça me dérange pas plus que ça. L'endroit me plait, l'ambiance, tout. C'était ça la vie que je voulais avoir, alors pourquoi en vouloir à ceux qui pouvaient se la permettre ?

              Tssk tssk, choppant une flute de champagne, je m'installais sur un canapé, observant la suite des évènements. Quelque chose qui m'avait fait sourire, d'ailleurs, même si y'avait pas de quoi rire, c'tait un peu le contraste entre les prostituées pro', celles qu'on engageait en passant par une agence, et les filles comme moi, qui bien que lavées, parfumées, et habillées, avions l'air de ne rien avoir à faire ici.

              Charmant dis donc.
              Autant qu'ce vieux pervers qui a posé sa main sur ma cuisse nue.

              Froiiiid !

                  -Hey... En voila une mignonne petite chose... Mais tu trembles... T'as froid poupée ? Tu veux que j'te réchauffe ?

                  Autour de toi la soirée bat son plein. En acteurs principaux une dizaine de types aux allures de riches parvenus ou de mafieux bas de gamme, du clinquant, des fringues sur mesure au luxe aussi ostentatoire que possible. Pompes en croco, chemises de soies, bagues et chaines en or... Et un appétit commun pour ce qu'il y a de plus bas chez l'homme, drogue, alcool, sexe... Pour les contenter il y a tout ce qu'il faut à foison. Et les filles ne sont que la partie la plus bruyante de ce que l'organisateur offre à ses hôtes d'un soir...

                  L'organisateur... Gila...

                  Depuis que tu es arrivé il n'a pas bougé. Assis sur un fauteuil en bout de salle, à l'écart de la meute bruyante de ses invités Gila observe... Il est en tout point semblable à l'image que Dena t'en a montré. Un regard d'acier, une peau tanné comme du vieux cuir, et le corps massif et monumental d'un hercule de foire... Ses biceps doivent être plus gros que ta tête... Hormis son cigare il n'a fait montre d'aucun des vices de ses invités. Il se contente de les observer s'ébattre et jouer. Comme un vautour regarde un panier de chiot en attendant le bon moment pour frapper... Plusieurs fois tu l'as observé en coin et il t'a regardé fixement, te laissant avec cette désagréable impression d'avoir été percé à jour et lu comme un putain de bouquin.

                  Non décidément, ce type n'a rien à voir avec les autres... Depuis que tu traines dans les coins les plus louches tu as appris à reconnaitre ce genre de types. Ceux capable de tuer comme d'autres sifflent un godet... Il est dangereux, très dangereux...

                  Le Gila capte une fois de plus ton regard et te sourit... Un sourire faux, totalement démenti par un regard froid et métallique de reptile... Puis il claque dans ses mains...

                  -Messieurs... La soirée a bien avancé. Vous avez bu le vin du Gila. Mangé ses plats... Joué avec ses filles... Mais ce n'est pas pour cela qu'il vous a réunis ce soir...

                  Les types s'esclaffent, repoussent les filles, renversent leurs verres dans leurs efforts pour se tourner vers le boss...

                  -Le Gila vous a réunis parce qu'il a la preuve que huit d'entre vous ont usé de leur influence pour faire main basse sur des biens qui auraient du revenir au Gila...

                  Subitement dégrisés les visages des clients palissent, on s'agite, on s'affole, on tente de nier en cherchant les armes qu'on a posé à l'entrée...

                  -Et le Gila n'a qu'un traitement pour ceux qui le trahissent...

                  Les tableaux accrochés au mur du vaste salon s'écartent soudain pour laisser la place aux formes agressives de nombreux canons de fusils. Les putes hurlent, les hommes jurent... Tu te jettes au sol et l'instant suivant une série de détonations assourdissantes explosent dans la salle. Pendant quelques secondes ça tire de partout, un vrai peloton d’exécution.. Gerbes de sang sur les murs, bruits de balles traversant des corps, corps tombant au sol et sur les tables...

                  Et puis aussi brusquement qu'il a commencé le massacre s’arrête faute de cibles... La salle de réjouissances n'est plus qu'une vision de carnage. Partout des corps épars au milieu duquel les rares survivants s'auscultent en doutant d’être encore en vie...

                  Et Gila... Gila qui te regarde toujours....

                  -Sortez tous maintenant... Sauf toi...
                  Vous savez, j'ai toujours eu confiance en moi.

                  Toujours confiance en mes talents qui ne peuvent pas se dénombrer, en mes capacités clairement au-dessus du commun des mortels. Et surtout, dans ma façon d'agir et d'être ce que je ne suis pas. C'était dans ça, que j'étais douée. Être ce que je ne suis pas. Même si, soyons sincères, pourquoi de gens me connaissant me diraient que le rôle de pute est celui qui correspond le plus à ce que je suis réellement.
                  Des jaloux, des médisants, même qu'ils sont même pas un diziéme de la femme que je suis ! Bah oui, j'suis trop femme pour eux, huhu.

                  Alors bon, j'laisse un peu le costard cravate s'amusait avec moi, alors que je glousse aux conneries qu'il raconte, que je le fixe en battant des cils, et que j'affichais des sourires timides qui n'avaient rien à faire pour une femme se vendant en échange d'une dose de coc'. Il essaye de me toucher, et bon, soyons sincères, j'le laisse un peu. Mais quand il va trop loin, j'lui fais comprendre que nan, et j'me fais pardonner en le complimentant, en déposant un p'tit baiser sur sa joue, ou autres trucs que font les hôtesses dans les bars chelous.

                  J'étais pas à l'aise.
                  Mais pas à cause du mec à coté de moi. A cause du mec tout au fond de la salle.
                  Et qui est le Gila lui même, dans toute la splendeur de la description de Dena'.
                  Et moi, j'avais beau essayé de pas le montrer, j'étais pas à l'aise. Comment aurai-je pu l'être ? Je connaissais ce genre de mecs, je les avais fréquentés, j'avais travaillé pour eux et j'en avais même tué un ou deux.
                  C'était des gens dangereux. De cette espèce là qui n'en ont rien à foutre de la vie d'autrui, et la prenne aussi facilement qu'ils jettent un mouchoir par terre.
                  J'en ai rencontré, des gens comme ça. Mais lui, lui ...
                  ... J'crois que lui, il sait ce que je suis. Pourquoi je le suis. Il me le fait comprendre avec son regard de crotale, et ne fait pourtant rien d'autre pour m'arrêter.

                  Quelque chose de très mauvais va arriver.
                  J'sais pas pourquoi. J'le sens. J'ai peur, vraiment peur. Au point que j'arrive même plus à bouger, et qu'le vieux pervers en profite pour être plus insistant avec moi.
                  Mais v'là que le Gila, il claque des mains, et qu'le vieux se redresse et se met limite au garde à vous, avec un grand sourire.
                  Mais, c'tait avant. Avant que toute ne parte en vrille.
                  Quelques mots terribles de sens, des pans de murs se soulevant. Mon sang rouge qui s'étale sur le mur et le canapé.

                  ...

                  Ah nan je déconne ! Instinct de survie ou quoi que ce soit d'autre (sixième sens féminin j'dirai !), v'là que je me jetais au sol, avant que la première rafale fauche les rangs des boys et prostituées sont distinction aucune. Certaines de mes comparses réussissent à temps à se coucher, comme moi, mais la drogue les a rendues molles alors ...
                  Bah, c'tait un peu un bain de sang. Les rares personnes gémissaient de terreur, alors qu'osant redresser la tête, j'voyais le Gila me fixait de son regard insondable. Et ordonne à tout le monde de quitter, sauf moi, hein.

                  Et tout le monde a trop peur pour dire quoi que ce soit.
                  Et au fond, j'aurai bien aimé partir avec eux.
                  Il a quand même une main assez grosse pour éclater ma tête avec.

                  Il me donnait une occasion de le tuer, en me laissant seule avec lui. Mais il devait être assez confiant pour faire ce qu'il faisait. Il savait qui j'étais. Et il savait sûrement que j'étais avec Dena'. Et Dena', d'après ce que j'ai compris, il tient vraiment à le tuer.

                  Alors, me redressant lentement, un magnifique morceau de verre, caché dans ma main, voilà que je lui adressais un grand sourire, comme si de rien n'était, et lui disait sur un ton enjoleur.

                  - Que puis-je faire pour vous être agréable ?

                  Ridicule ? A n'en pas douter.
                  Mais pourquoi dire la vérité quand il s'attend clairement à ce que je mente, hein ?

                  Ca serait lui gâcher ce plaisir !

                      -Tu n'es pas comme les autres. Regarde les...

                      Le Gila se lève de son siège et va pousser du pied une des filles mortes, ses yeux encore tout plein de surprise et de terreur... Il bouge lentement, mais chacun de ses mouvements donne une impression de puissance contenue. Comme s'il devait constamment faire attention a ses gestes pour ne pas tout détruire...

                      -C'était des proies, de pauvres proies stupides et veules, elles ont vécues et sont mortes comme dans un rêve, sans même savoir pourquoi... Mais toi tu es différente. Tu es un poignard. Un poignard aiguisé et mortel...

                      Un petit poignard qui doit me croire bien stupide pour me faire une réponse aussi bête...


                      Il s'approche de toi, sans crainte. Et tend une main qui semble plus forte qu'un étau pour te saisir délicatement le menton et te regarder droit dans les yeux.

                      -Alors dis moi petit poignard. Qui t'envoie, et qu'est ce qui t'as amené ici? Répond moi. Et sache que si tu me mens une deuxième fois, je ne serais pas si indulgent...
                      Lorsque le Gila il commence à parler, mes doutes insidieux se confirment : Il sait ce que je suis. Mais au fur et à mesure qu'il s'avance vers moi, v'là que je comprends ce qu'il se passe : Il sait pas qui j'suis, et pour qui je travaille. Et tant qu'il le saura pas, y'a moyen qu'on puisse jouer un peu. Avant que j'doive utiliser ce qui est caché dans ma manche, et lui dessiner un nouveau sourire écarlate.
                      Alors, juste après tout ce qu'il dit, mon premier réflexe et mon plus juste, c'est de me dépêtre de sa poigne et de reculer de quelques bons mètres.
                      Je n'avais aucun intérêt à l'avoir trop proche de moi, là où il pourrait me cueillir uniquement en levant le bras. Ici, à l'opposé de la salle, je bénéficiais d'espace pour réagir.

                      Avec ce même sourire qui s'était glacé lors de son approche, voilà que je lui réponds, bien narquoise (même si en fait, j'crois que ma voix tremble et donne un truc chelou) :

                      - Ca tombe bien, j'ai donc droit à un mensonge avant que tu deviennes méchant ? Parce que bon, j'vois pas à quel moment je l'aurai fait.

                      Et toc, et de une. T'en dis quoi hein ?! Bon okay, c'tait pas le genre de discussions habituelles dans lesquelles je pouvais utiliser ma langue acérée. Après tout, lui pouvait me péter la gueule d'un revers de la main.

                      - Ecoute, moi je sais qui tu es. Je sais que tu as beaucoup d'informations. Et il paraît même que tu saurais qui est le responsable du massacre de Las Camp, c'lui là avec la bande à Rate'Ahta. Alors, j'te propose un truc correct : On joue à pile ou face, et si je gagne, tu me le dis. Et si tu gagnes, bah ... J'te dis qui m'a engagée. Alors ?

                      Le Gila a strictement aucune raison de se prêter à mon jeu. Strictement. Aucune.
                      Il y avait même de grandes chances qu'il essaye de me péter le crâne. Bien qu'en fait, pas autant que ça. Si son intention avait été de me tuer, il l'aurait fait depuis longtemps. Il aurait demandé à un garde.
                      Mais le Gila, ça a beau être un mec dangereux, c'est surtout un mec malin. Et les mecs malins, y'a toujours moyen de les trick.
                      Il me tue pas tout de suite car c'est plus utile pour lui de savoir qui focalise son attention sur sa personne. Et tant qu'il ne le saura pas, tortures ou mort ne seront pas au programme avant un moment.

                      Bon, même après cette analyse qui me rassure ...
                      Y'a rien qui m'assure, à moi, que je vais pouvoir lui extorquer l'information, ou même survivre si j'arrive à l'obtenir.

                      Mais j'aime bien jouer, y'a ce frisson qui parcoure mon échine, cette poussée d'adrénaline !

                      ... A moins que j'essaye juste de me trouver des raisons pour ne pas mouiller mes sous-vêtements.

                          Et le Gila sourit. C'est presque encore plus terrifiant qu'avant. Un avant gout de ce que doit ressentir une souris en face du serpent qui va la gober d'un coup...
                          Mais il y a rongeur et rongeur, et les mangoustes mangent les serpents trop sur d'eux...

                          -Alors jouons...

                          De sa poche de gilet Gila attrape un Berry en or et le fait tourner avec habileté dans ses doigts.

                          -Face.

                          Et d'une pichenette, sans même la suivre des yeux, il envoie la pièce tournoyer en l'air en une longue courbe qui l’amène droit sur toi.
                          Son sourire ne m'indiquait rien de bon.

                          Au contraire, si j'avais pu avoir peur au début, tout doute s'était envolé : C'mec, malgré ses mots de tout à l'heure, ne me prenait pas pour un poignard. Parce que si ça avait été le cas, il n'aurait pas eu une telle tête. Il se serait méfié. Il aurait fait quelque chose pour montrer qu'il saisissait la menace que j'étais. Là, le Gila, il m'prend juste pour de la viande. De la viande qu'il a envie de dévorer, mais surtout avec laquelle il a envie de jouer avant.
                          Au fond, il devait pas être si malin que ça.
                          Ou sinon, alors, bah il simulait 'achement bien. Même que moi j'y arrivais pas aussi bien, vous dire ! Mais ça existe, et parce que justement, y'a l'existence, une ce doit de la considérer, même si quand même, ça court pas les rues.

                          Il veut jouer, et il veut jouer parce qu'il est convaincu qu'il peut pas perdre.
                          Sauf que, moi, j'suis pas trop trop bête. Lorsqu'il me balance son Berry tout doré, je le rattrape en vol. Même si, 'faut le dire, j'le rattrape que du bout des doigts, et c'est limite si il tombe pas derrière moi, me faisant passer pour plus cruche qu'il imagine que je le suis. Au fond, p't'être que c'est ce que je voudrai faire. Même si, clairement, j'doutais que ça fonctionne. A trop vouloir paraître quelque chose, on finissait par refléter une image totalement divergente. Nan, continuons à agir de cette façon.

                          Et usons de mon petit tour de passe-passe.

                          Pourquoi pensez-vous que je lui ai proposé un pile ou face, hein ?
                          Bah parce que j'avais l'assurance de gagner, si c'était le cas. Parce que je suis une vile catin, et qu'en tant que telle, je suis gavée de fourberies en tout genre. Dont des pièces à même revers. Pile-pile, face-face, v'voyez ?
                          'fin le truc, c'est que mes berries truqués, ils étaient somme toute commun, pas clinquants comme le sien. Ca allait rendre les choses plus compliquées que prévues.
                          Mais si je ne tente, alors, j'suis carrément dans la merde.

                          D'un habile geste de la main, v'là que j'échange la position des deux berries. Le vrai est dans ma manche, le faux dans ma main. Je l'expose assez faiblement, jouant des quelques ombres présentes (et elles étaient pas nombreuses, notez le bien), avant de le lancer en l'air.

                          Et dans un sourire, clairement narquois, d'attendre qu'il redescende, annonçant un magnifique pile.

                          Mais serait-il dupe ? Bonne question ...

                              Gila sourit à nouveau de son sourire froid de reptile, et il éclate de rire en renversant le visage en arrière, découvrant un cou étrangement musclé et presque aussi large que sa tête...

                              -Ahahah ! Tu es un petit poignard plein de ressources. Ce cher Dena me surprend décidément une fois de plus.

                              D'un geste incroyablement preste pour un type de sa corpulence il détend son bras et sa main vient se refermer comme un étau sur ton avant bras. Mais comme prévu il s’avère bien trop fort pour toi et t'oblige à tourner et à ouvrir ta paume, te forçant à laisser tomber ton berry dans sa paume, avant de te lâcher immédiatement pour observer sa prise..

                              -Un berry double face... Rusé petit poignard... Maintenant regarde donc le mien...

                              Ta main va piocher la pièce d'or dans ta manche, et avant même de la regarder tes doigts en ont effleuré la surface et t'ont renseigné... Son berry aussi à deux faces identiques. Les vieux gredins ne perdent pas les habitudes de la truande, ça te fait presque sourire...

                              -Mais c'est toi qui gagne, alors je réponds. La personne sur laquelle tu veux des renseignements, la responsable de l'attaque de Las Camp. C'est ma nièce...


                              Et comme ce renseignement est aussi inutile que si tu me confirmais que c'est bien Dena qui t'envoie, je propose de continuer le jeu. Mais en changeant de méthode... Je suis sur qu'un petit poignard comme toi s'y connait en lames non ?


                              Sans que tu ais perçu le moindre geste de commandement, deux des gardes viennent de répondre à l'appel de leur maitre. Entre eux un autre homme, torse nu et cagoule sur la tête que les deux hommes lui arrachent avant de le jeter au sol dans la pièce...

                              -Petit poignard voici Conrad. Conrad voici l'occasion de gagner ta survie... Si tu la tues, je te laisse partir... Qu'on lui donne un couteau..

                              Puis revenant à toi.

                              -Montre moi ce que tu sais faire, et je répondrais à une autre de tes questions...


                            Dernière édition par PNJ Requiem le Lun 11 Mar 2013 - 14:56, édité 1 fois
                              La pièce est tombée du coté pile. Le contraire m'aurait mortifiée.

                              Le Gila, ça l'a fait bien marrer. Si bien que, j'essaye d'esquisser un mouvement de recul, nerveuse. Mais c'trop tard. Définitivement, trop tard. Malgré sa masse, il est d'une rare vitesse. Et il réussit à attraper mon bras et à me ramener vers lui.
                              Je stresse, je sens la situation échapper à mon contrôle. Je ne suis qu'une poupée de chiffons entre ses mains.

                              Il allait m'arracher la tête, et éparpiller le son écarlate à l'intérieur de mon corps dans toute la pièce, comme il l'a fait avec tous les autres.
                              Nan, sérieux. Je méritais mieux que ça, nan ?
                              Je sais pas, je crois pas avoir été foncièrement méchante. Vraiment méchante, comme d'autres le sont.
                              Alors, pourquoi moi, hein ..?

                              Mais, c'pas la mort qui m'attend, nan. Ca serait trop facile, hein ?

                              Il me tord le bras, et j'fais pas trop d'efforts pour lui résister. Mon berry, celui que j'ai rattrapé, il tombe au sol dans un p'tit fracas métallique. Et ça le fait bien marrer. Il savait. J'avais envisagé cette possibilité, j'suis pas conne hein.
                              J'avais aussi envisagé le fait que ça puisse l'amuser ou sérieusement le mettre en rogne, aussi.
                              Mais j'avais pas prévu qu'il puisse me dominer aussi facilement.
                              Pourquoi, pourquoi j'ai cru à un moment pouvoir y arriver, hein ? Parce que Dena' m'a filé le job ? Parce que j'ai supposé qu'il me donnerait un truc accessible ? Parce que j'étais assez conne pour penser qu'il m'épargnerait ?!

                              J'suis vraiment qu'une conne.
                              Mais une conne qui tient à la vie, alors j'm'en sortirai de celle là ! Pas vrai ..?

                              A ce moment là, il me dit de regarder le sien, de berry. Et j'ai juste à effleurer la pièce à nouveau pour comprendre. Ouais, il a essayé de me faire le même trick. On est de la même espèce pourrie, tous les deux.

                              Et là, il me donne l'info' que je cherche. Mais qui m'avance à rien.
                              Par contre, lui, il a l'unique information que j'étais prête à troquer pour pas grand-chose.

                              Ah ouais, il est malin en fait.
                              ... Si j'le remarque que maintenant, c'est que c'est moi qui suis vraiment attardée en fait ...

                              Bref, j'ai pas le temps de lui dire *Ah bah nan vous vous trompez en fait c'est ... c'est ... BIDULE QUI M'ENGAGE !* qu'il finit son discours, et que deux gardes se raménent avec un mec à cagoule. Un peu amoché, mais il a l'air frais.
                              Et quand il dit *Hey Conrad, tue cette donzelle pour gagner la liberté, veux-tu ? Ca serait 'achement sympa d'ta part gros !*, là, le seul truc que j'ai trouvé à faire, c'est me tourner vers le Gila et lui dire, clairement choquée.

                              - J'ai pas envie de jouer à ça moi !

                              Sauf que c'tait le Gila qui imposait les règles. Et le Conrad avec son nouveau couteau était plus qu'enthousiaste d'y jouer. J'étais vive, et heureusement. La lame effleurait ma côte, déchirant le tissu bon marché et traçant une fine ligne écarlate sur mon corps.
                              Ca faisait mal, comme une brûlure. J'marmonnais un truc qui r'ssemblait à *putain d'connard*, avant de recevoir un nouveau coup.

                              Le Conrad, c'tait pas le Gila.
                              Il était là pour me tuer sans s'amuser, lui.

                              Je reculais tant bien que mal, à deux doigts de recevoir l'estoc dans la poitrine.
                              'faut dire que cette saleté de robe cheap entravait pas mal mes mouvements.

                              Mais pas moyen de déchirer le tissu pour libérer mes jambes, les assauts étaient trop soutenus. J'sentais le regard métallique du Gila sur moi. Ca me brûlait la nuque, me pressait. Il fallait que j'aille dans l'offensive, tôt et non tard. A partir du moment où je le ferai plus rire, il me descendra lui et mon pote de danse sans sourciller.
                              Un corps à corps était inenvisageable. Il avait trop de masse pour mon frêle p'tit corps, et il m'écraserait et me finirait dérechef si je laissais cette situation arriver. D'un autre coté, j'avais pas beaucoup de portée. Bah oui, avec un maigre morceau de verre pointu, vous imaginez bien ...
                              Mais bon, lui, il avait juste un un peu moins maigre couteau.

                              Donc niveau portée, on se défendait.

                              J'aimais pas ce que j'allais faire.
                              Mais j'allais quand même le faire.
                              Parce que j'aimais encore moins l'idée d'être morte.

                              Je lui fonce dessus, c'qui a le bienfait de le surprendre l'espace d'une seconde. Après tout, d'puis tout à l'heure, c'est lui le chat et moi la souris.
                              Mais il se reprend rapidement, et il m'accueille avec une frappe en estoc. Que je me prends délibérement dans le bras. Qui m'arrache un hurlement de douleur et un haut le coeur.
                              Il sait pas quoi faire. Et même moi, j'suis pas trop sûre de quoi faire. Même si en fait, j'décide de lui planter dans la gorge mon truc pointu.

                              Abandonnant son colifichet fiché dans ma chair, le Conrad recule de façon érratique, avant de trébucher et s'écrouler au sol, la gorge pissant un sang bien trop vermeil.

                              Je tombe à genoux pour ma part, pour l'accompagner symboliquement dans sa chute.
                              Les larmes de douleur roulent sur mes joues. Mes yeux sont clos, alors que je tente de faire le vide dans ma tête, où un hurlement strident me déchire le crâne, m'empêche de penser à quoi que ce soit d'clair.
                              Et naturellement, j'garde le bout d'feraille dans mon bras, parce que je suis définitivement trop lâche. Vu à quel point ça a fait mal quand c'est rentré, je tenais pas à savoir à quel point ça allait me faire mal quand ça sortirait.

                              Connard de Dena' ...


                              Dernière édition par Tao Song le Lun 11 Fév 2013 - 7:06, édité 1 fois

                                  Le garde qui vient s'accroupir à coté de toi est aussi efficace et professionnel que celui qui vérifie que ton adversaire est bien mort. Il t’immobilise le bras, en retire la lame rapidement et presque sans douleur avant de juguler la plaie et l'écoulement de sang d'un bandage serré.

                                  Puis les deux hommes reprennent sans un mot leur faction dans la pièce adjacente, probablement prêt à en surgir a nouveau instantanément en cas de besoin.

                                  -J'aime ta façon de donner la mort petit poignard. Rare sont ceux qui sont prêt à s'offrir eux même à la lame pour porter le coup qui leur donnera la victoire...

                                  Je n'ai qu'une parole, la mort de Conrad t'offre le droit à une réponse, choisis bien la question que tu vas me poser...

                                  J'avais pas envie de répondre, mais j'avais quand même écouté ce qu'il disait, le Gila.

                                  Juste une envie de lui cracher à la gueule, de le maudire de tous les noms, de lui mutiler sa sale face et même de lui arracher son petit cœur abject et l'exposer à sa vue morte en criant, sauvagement *Ça te fait marrer hein ?! Avoue, hein hein hein ?!*.
                                  Mais je pouvais pas. J'sentais à peine mon bras, pour tout vous dire. Et ça m'avait appris une grande leçon. Nan nan, pas le *Ce qui ne te tue pas te rend plus fort*. Nan, plutôt le *Ce qui ne te tue pas fait un putain de mal sa mèreeeee !*.
                                  J'avais honte, aussi. Honte d'avoir offert des larmes à un pareil déchet. Honte d'avoir dû en arriver à de telles extrémités.

                                  Beaucoup de honte, et encore plus d'amertume.
                                  Amertume envers le connard qui gisait dans son sang, là. Pourquoi il avait cherché à jouer le jeu, hein ? Puis y'en avait après le Gila, avec sa fascination morbide à me voir tromper la mort avec autant d'insolence. Et pis encore, j'éprouvais une véritable aversion pour Dena', qui m'avait balancée dans ce traquenard en sachant parfaitement ce qui allait m'attendre. Parce que Dena', il sait tout. J'dirai pas tout, mais presque. Et c'est bien de ce qu'il vous dit pas, c'est bien de ses silences qu'il faut avoir peur, avec lui.

                                  J'suis encore qu'une débutante, qui n'y connait rien à la vie.

                                  Mais j'étais vivante, malgré tout. J'trompais la vie, la mort, les gens et les pas gens, et quelque chose semblait vouloir me faire continuer sur cette voie, branlante.

                                  N'empêche, c'pas un endroit pour philosopher sur ma vie de merde.
                                  L'gros lard m'a offert la question que je souhaitais tant avoir, et qui me permettrait de revenir auprès de Dena' en lui demandant CINQ fois ce que je prenais d'habitude.
                                  Oui, oui, même meurtrie, blessée, et dans une situation aussi inextricable, je perdais pas le nord !

                                  Mais là, que lui demander ? J'étais tentée de lui dire *Qui est ta nièce ?* mais avant que les mots sortent de mes lèvres, je les retenais. Je les connaissais, les gens comme le Gila. Ils étaient pas à un mauvais coup près, et rien ne les obligeait à jouer propre. J'aurai dit ça, le Gila aurait dit *La fille de mon frère/soeur*, et il aurait effectivement répondu à ma question. Sauf que je me serai pris un couteau dans le bras pour rien, et que Dena' apprécierait pas grandement de me revoir éclopée et sans info' à lui donner.

                                  Alors, j'suis restée là, à réfléchir, l'air un peu bête.
                                  Jusqu'à ce que je sache exactement ce que j'allais lui demander :

                                  - Sous quel nom est connu ta nièce, sur les mers ?


                                      -A sa naissance on l'a nommée Perle de Jade. Puis Cueille la vie quand ses parents sont morts. Puis elle a portée beaucoup d'autres noms, elle a toujours trouvé amusant d'en changer...

                                      Ses yeux se perdent dans le vague un bref instant, laissant enfin transparaitre un semblant d'humanité derrière ce visage de pierre sculpté dans le crime et le sang.

                                      -Aujourd'hui elle s'appelle Kiyori. Et son nom sera bientôt si connu que tout ceux qui l'auront approché ne resteront dans l'histoire que pour ça...

                                      Un discours pour le moins étrange dans la bouche d'un type qui doit compter parmi les plus puissants boss du crime d'une des plus grandes ville des Blues.

                                      -Pourquoi Dena s’intéresse t'il a elle petit poignard ? Si tu me le dis je répondrais à une autre de tes questions... Et je t'offrirai gratuitement un conseil... Un conseil que même Denavellion serait avisé de suivre à la lettre s'il ne veut pas se retrouver dans la peau de l'homme qui essaye en vain de chevaucher le tigre...