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Retour au bercail. [Log I-4]


Les Avalons - Arc I : L'ascension sur North Blue.



Retour au bercail. [Log I-4]


Je ne sais pas vraiment où je me trouve. Peut-être dans une sorte de clairière, de champ. Une chose est sure, une grande tâche d'encre parsemée de blanc recouvre le ciel : c'est la nuit. Je me déplace, tel un spectre, à travers les épais branchages et les buissons, vers ce qui semble être une lumière. Une lumière d'une grande intensité, qui me guide vers elle, comme un phare. J'ai l'impression d'être un papillon de nuit, attiré par une lueur qui peut me brûler les ailes. Brûler ? Oui, ça sent d'ailleurs le brûlé. L'odeur du bois qui flambe, du sang qui s'évapore. L'odeur de la mort et du carnage, comme j'avais pu la sentir hier soir. Je m'approche, et commence à discerner des habitations. Trois bâtisses. J'ai un sentiment bizarre, l'impression de connaitre cet endroit. Mais pas de le connaître dans le sens d'y être déjà allé. Non, non, plus que ça, c'est le genre d'endroits où il s'est passé quelque chose de traumatisant. Une expérience difficile, une blessure de l'âme qui ne se referme jamais, et qui laisse une profonde balafre cicatrisée sur le coeur. Et quand bien même ce n'est pas quelque chose qui se voit, c'est quelque chose qui se sent, quelque chose qui ne s'oublie jamais. Quelque chose avec lequel on doit vivre, un fantôme de honte et de regret qui nous hante. Il s'est passé quelque chose comme ça ici. Il m'est arrivé quelque chose ici. Sur ma peau courent les frissons, me donnant la chair de poule. Mais qu'est-ce que c'est qui m'arrive ? J'ai comme l'estomac noué, le coeur qui veut s'en aller en courant a toutes jambes. Le corps qui tremble, et la sueur qui tombe à grosses gouttes de tout mon corps. Et ce froid intense qui m'envahit, me recouvre, me dévore... Est-ce que je suis malade ? Est-ce de la fièvre ? Et où suis-je ? Et pourquoi suis-je tout seul, abandonné ? Est-ce que... C'est ça...? La peur...?

Un grand et beau jeune homme passe devant moi. Sa silhouette est fine, élancée, pleine de grâce. Rien qu'à apercevoir son corps, je remarque qu'il a une classe et un charisme naturels. Ses vêtements, quoique basiques sont impeccables, et il les porte plutôt bien. Je me rapproche de lui, et examine son visage. Fin, beau, doux. De magnifiques yeux bleus, un sourire impeccable, et une superbe chevelure blonde qui se termine en trois nattes parfaitement tressées. Mais, je le reconnais ce jeune homme. Je le connais bien, très bien même. Parce que c'est moi. Mais qu'est-ce que c'est que ce délire ? Comment est-ce que je pourrais être là... Devant... Moi-même ? C'est insensé, improbable, incohérent, impossible... Et pourtant, ça semble si réel, si vrai. Ce type... C'est mon double en tout point. Ha, je comprends mieux pourquoi il est si beau, si grand, si parfait. Je sais maintenant à quoi je ressemble vu de l'extérieur, et c'est magnifique à voir, un véritable régal pour les yeux. Je tourne la tête vers moi. Oula, c'est bizarre à dire, ça, mais bon, c'est pas ma faute si c'est un peu ce qui se passe. Je m'apprête à ouvrir la bouche, mais mon "double" le fait avant moi, prenant la parole :

" Bonjour capitaine Lloyd. Ça va ?"
"Euh... Oui ça va... Et... Euh... Toi, capitaine Lloyd...?"
"Moi ? Je ne me suis jamais senti aussi bien. Je suis radieux, tout comme toi. Ma splendeur est tout simplement sans limites.", dit-il lentement. Il parle exactement comme moi. Inquiétant. Je ne dis mot. Il continue : "Et tu sais pourquoi ?"
"Qu'est-ce qu'il y a ?"
"En fait, si je me sens bien, c'est parce que j'ai tué quelqu'un. J'ai enfin assouvi ma soif de meurtres. Je suis rassasié.", laché-je. Lache t-il. Enfin, je ne sais plus. Cette situation est vraiment bizarre, et étrange.

Soudain, sa bouche s'ouvre en grand, laissant couler un véritable flot, un déluge, une cascade de sang. Ses yeux sont rouges comme des rubis. Je jette un coup d'oeil à ses mains : elles sont complètement tâchées d'écarlate, et tremblent. Je me rends alors compte que des cadavres appairassent autour de nous. Des cadavres, des cadavres et encore plus de cadavres. Toujours plus de cadavres. Et c'est toujours le corps de la même personne. Il s'agit de Westlake, dont le visage figé par la mort et défiguré par mes poings. Mais qu'est-ce que c'est que ce délire ? Qu'est-ce qui peut bien m'arriver ? Je suis le grand Lloyd Barrel... C'est dans ma tête tout ça ? Cette tête que je prends entre mes deux mains ?

"Et toi, t'es comme moi, "capitaine" Lloyd. Un meurtrier."
"Non... Non... Non... Je ne suis pas comme ça... Pas comme toi..."
"Je serai en toi pour toujours, Lloyd, à tes cotés. Je donnerai de l'élan à tes poings lorsqu'ils voudront à nouveau prendre la vie d'un homme."
"Non... Ta gueule... Ta gueule !"
"Tu as peur... Tu te chies dessus en fait... Tu serais jamais capable de recommencer une chose pareille, avoue-le."
"Si... Je me le suis promis à moi-même... Je ferai tout pour survivre... J'ai pas peur... Jamais..."
"Tu as peur... Peur... Peur... Peur ! PEUR !", hurle t-il avant de se jeter sur moi, les poings en avant.

Manshon. North Blue.


"Aaaaaaaaaaaaaaah !!!"

Je me réveille en sursaut, hurlant à la mort comme un chien qui pleurerait le décès de son maître. Complètement trempé de sueur, je suis sur d'avoir de la fièvre, et je tremblote dans mon lit. Où est-ce que je suis déjà ? Mon regard vide scrute la pièce, mes paupières lourdes difficilement ouvertes. Ouf, quel soulagement : je suis toujours à l'auberge. Tout ce qui s'est passé au domaine Westlake s'est terminé hier soir, et ce que je viens de vivre n'était qu'un cauchemar. Ce n'était qu'un mauvais rêve, oui. Mais pourquoi ça me hante comme ça, bordel ? Pourquoi est-ce que je n'arrive pas à oublier tout ça ? Ma période de naïveté est terminée, et j'ai fais le choix de ne reculer devant rien désormais. Peut-être que mes craintes s'envoleront quand j'aurai plus tué. Je frissonne à cette idée. Je ne pourrai jamais prendre du plaisir, me sentir soulagé en tuant quelqu'un. Jamais.

Je m'assieds sur le lit. Le matelas grince et crachote un petit nuage de poussière. Cette chambre est vraiment miteuse, à la hauteur de l'établissement dans lequel elle se trouve. Je laisse s'échapper un soupir, blasé par cette abondance de crasse. Mais qu'est-ce que je fais ici ? Putain, j'avais tout sur mon île... Gloire, fortune, serviteurs... Et je me retrouve à écumer une mer inintéressante, accompagné par des monstres de foire, logeant dans des chambres de plus en plus minables. Bref, tombant chaque jour de Scylla en Charybde. Mais qu'est-ce que je raconte ? Putain, c'est que le début de mon aventure, de mon fabuleux destin. Bientôt les Avalons seront crains sur toutes les mers de ce globe, et quand nous aurons conquis le Nouveau Monde, plus personne ne sera en mesure de nous arrêter. Et le One Piece sera à moi.
Je m'habille, revêts mon manteau, sors de la chambre et descends les escaliers pour rejoindre la salle à manger de l'auberge. J'aperçois alors Kanbei, attablé, mangeant une sorte de purée immonde qu'on nous avait déjà servi la veille. Une vraie boue cette purée. Tellement terreuse qu'elle en avait été immangeable. Je me demande comment il peut avaler ça de bon matin. Je m'approche de lui, et me pose sur la banc à ses cotés.

"Salut, capitaine. Bien dormi ?", me lance t-il, se forçant a avaler la bouillie atroce.
"J'vois pas trop comment on peut bien dormir dans un établissement aussi minable... Et la bouffe est... Innommable."
"Fais gaffe à ce que tu dis sur la bouffe, toi."
"Me dis pas que tu as finalement accepté ce que la patron t'avais proposé hier soir ?! Me dis pas que t'es allé les aider en cuisine pour pas payer la chambre ?!"
"Si ! Et cette purée est un vrai délice !"
"Tu assumes ta purée ?"
"Complètement !"
"Dire que tu fais partie de mon équipage... Heureusement que t'es ingénieur et pas cuisinier..."
"Ta gueule... Bref, il nous reste un jour avant qu'on se retrouve avec les autres. Tu as prévu quoi maintenant que mes... "Ennuis" sont finis ?"
"Je ne relèverai même pas ce manque flagrant de respect envers ma splendide personne. Eh bien, je comptais peut-être retourner à Barrel Island. C'est juste à coté d'ici."
"Ton île natale ? Pourquoi faire ? Je croyais que ton père t'avais déshérité quand tu étais parti..."
"Oui, c'est bien ça. Mais on a besoin d'un bateau plus grand pour l'équipage, ma barque ne nous suffira pas éternellement, surtout vu qu'on est quatre maintenant. Et justement, j'en ai un là-bas, un superbe cotre. Je pense que ce serait bien pour les Avalons de le récupérer. Et puis, peut-être que je pourrais récupérer un peu d'argent aussi..."

... Et revoir ma famille aussi. Cela fait longtemps que je ne les ai plus vu. Je me demande s'ils vont bien...

"D'accord. C'est une bonne idée. Tu veux que je vienne avec toi ? Tu m'as aidé pas plus tard qu'hier... C'est à mon tour."
"Non, ne t'inquiète pas. C'est quelque chose que je dois faire seul."
"C'est comme tu veux. Tu pars maintenant ?"
"Ouais. Je mettrai surement la nuit à rentrer. On se retrouve demain avec les autres, pour le "vrai" départ des Avalons."
"Longue vie à nous !", dit Kanbei en portant son verre d'alcool à ses lèvres. Je l'imite.
"Aux Avalons."
"Aux Avalons."

Je me lève et quitte l'auberge, me dirigeant vers le port en faisant profil bas. C'est vrai que maintenant que je ma tête est mise à prix, même pour une somme injustement dérisoire, je me dois de faire un peu plus attention. J'arrive finalement à l'emplacement où ma petite barque mouille, monte à bord et commence à ramer vers Barrel Island. L'île ou je suis né. Où j'ai vécu tant de bons moments. Et où je ne suis plus retourné depuis bientôt plus d'un an. Comment vais-je y être accueilli ? Seul le futur me le dira...


Dernière édition par Lloyd Barrel le Lun 25 Mar 2013 - 20:05, édité 1 fois
    Barrel Island. North Blue.

    C'est la mi-journée. J'arrive finalement aux cotes de l'île, et décide d'en faire le tour. Je ne tiens pas forcément à débarquer en plein milieu des villages. Ça attirerait trop l'attention.
    J'approche ma petite barque de la crique située juste au pied de la falaise sur laquelle le manoir Barrel est posé. En arrivant, je tombe nez à nez avec l'objet de mes convoitises, qui n'a pas bougé depuis deux ans. Qui m'attend.
    Il se tient la, fièrement et solidement amarré dans ce creux de l'île, ses huits voiles légèrement gonflées par le douce brise qui se fait sentir. Il est encore plus beau que dans mes souvenirs. Peut-être parce qu'aujourd'hui je me dis que ce bateau sera bientôt vraiment le mien, il sera celui des Avalons. Le navire sur lequel nous braverons les mers, celui avec lequel nous ferons parler de nous dans tout North Blue. Je souris. Je pourrais le récupérer maintenant, partir avec incognito. Même si naviguer un bâtiment de cette envergure tout seul relève de l'exploit, en réduisant le nombre de voiles et en prenant le temps, je dois pouvoir le ramener a Manshon sans trop d'encombres. Oui, c'est vrai, je pourrais faire ça. Mais je veux voir mon père. Je veux essayer de le faire revenir à lui, de lui rendre la raison. Il m'a chassé de la maison en me disant que je ne saurai jamais être un puissant, que je ne comprendrai jamais la vie.

    Mais j'ai changé. Aujourd’hui je suis un pirate, un vrai, et primé qui plus est, même si pour l'instant je ne suis qu'au début de ma grande aventure. Je sais ce que c'est la vie, et à quel point c'est précieux, car je sais désormais ce que c'est que de tuer un homme. Je sais ce que ça implique, les conséquences que ça entraîne.
    J'accroche ma barque par une corde à l'arrière du cotre à huniers, et pose le pied sur la plage de sable fin. Je prends une grande inspiration, une grande bouffée d'air frais. D'air provenant de mon île. Non, de mon ancienne île.

    "Barrel Island... Me revoila.", dis-je posément à moi-même, comme pour me donner du courage. Mais du courage, j'en ai pas vraiment besoin. Moi, je suis le grand Lloyd Barrel, donc du courage, j'en ai, ça c'est sur. Je commence à monter le petit chemin qui quitte la crique, direction le manoir de mon père. Je marche d'un pas décidé, confiant. Je ne me débinerai pas. Ce n'est pas du digne de la personne d'exception que je suis. Au fur et à mesure que je monte vers la demeure ou j'ai vécu pendant plus ou moins vingt ans, je commence à scruter et à reconnaître le paysage. Une fois arrivé en haut, je me dirige vers l'entrée de la propriété et marque une pause devant le grand portail. Je passe ma main sur ma barbe de trois jours, et lâche un soupir en observant le gigantesque "B" doré qui orne l'arche de fer noir. Pfiou... Quand faut y aller, faut y aller. Je pénètre dans la propriété, marquant mon pas d'une cadence très calme. Autour de moi, je sens les serviteurs se retourner et m'examiner, avant de se rendre compte de mon identité. Mais aucun ne bouge, aucun ne vient à ma rencontre. Tous se contentent de murmurer des "C'est Monsieur Lloyd !" ou des "Mais qu'est-ce qu'il fait la ?". Mais moi, je m'en fous d'eux. Je continue à avancer, les ignorant.
    Je finis ma traversée des jardins, et me plante comme un piquet de tente devant la massive porte en chêne du manoir. Au bout de quelques secondes, je me décide à frapper à la porte. Quelques instants plus tard, un majordome m'ouvre. Mon ancien majordome pour être exact, celui qui avait remplacé Willy après sa mort en 1622.

    "Monsieur Lloyd ?!", s'écrie t-il de surprise en me voyant.
    "Jacky.", lui réponds-je, toujours tendu mais calme.
    "Mais que faites vous ici ?"
    "Je suis venu voir mon père."
    "Monsieur votre père est occupé, il reçoit un vieil ami à monsieur votre grand-père en ce moment. Je doute qu'il accepte de vous recevoir maintenant..."
    "Lloyd Barrel passe avant tout. Mon père me recevra.", dis-je fermement. Cette dernière phrase clôt la situation, elle fait office de loi. J'ai décidé que je verrais mon père, et c'est ce que je compte faire, et tout de suite. J'essaie de passer le pas de la porte, mais Jacky m'en empêche.
    "Non, monsieur Lloyd, ce n'est pas une idée de déranger monsieur votre père pendant qu'i...", commence t-il à bafouiller. Je coupe Jacky en l'empoignant par le col et en le repoussant en arrière. Il tombe sur les fesses, au sol.
    "M-M-Monsieur Lloyd ?", gémit-il. Le pauvre semble tout choqué. C'est vrai que ça ne me ressemble pas de faire ça. Enfin, ça ne ressemble pas à l'ancien Lloyd Barrel, celui qui n'était pas prêt à tout pour réussir. Je continue mon chemin, le laissant parterre, là ou est sa place légitime.

    Je monte au premier, emprunte le couloir de gauche, et me retrouve finalement près du but, devant la porte du bureau de mon père. Le grand moment est arrivé. Sans frapper, j'ouvre la porte et pénètre dans la pièce. Elle n'a pas changé, même si elle me paraissait un peu plus grande dans mes souvenirs. Il y fait toujours aussi frais, et j'ai l'impression qu'aucun meuble, qu'aucune décoration n'a bougé. Tout est à sa place : les tableaux, les ornements et les têtes d'animaux empaillés sont accrochées aux murs, les tapis brodés reposent sur le sol. Le bureau est au fond de la pièce, c'est vraiment le centre de la salle. Et sur le beau fauteuil rembourré qui se trouve derrière est assis mon père. Il est posé là, confiant, un verre de whisky à la main. Il n'a lui non plus absolument pas changé. Il porte toujours le même costume marron et beige, le même haut de forme, et a bien sur son monocle vissé sur l'oeil. Sur le dossier de sa chaise est posé son épais manteau de fourrure, et à ses cotés sa canne l'attend patiemment. Tout son attirail est présent, exactement comme avant. Quelque part, il ressemble un peu à Sir Westlake, de part l'image que j'ai de lui, de part la crainte qu'il peut m'inspirer J'en frissonne rien que d'y penser. Dès mon irruption dans le bureau, il lève sa tête vers moi. Ses yeux s'écarquillent. Un rictus prend la place de son sourire.

    "Lloyd ?!"
    "Père."
    "Qu'est-ce que tu fais ici ? Qui t'a laissé entrer ?"
    "Le grand Lloyd Barrel n'a besoin de personne pour aller et venir, où que ce soit."
    "Qu'es tu venu faire ici ? Tu n'es plus mon fils, je te le rappelle."
    "Eh bien, je suis venu à la base pour récupérer mon bateau. Mais après, je me suis dit que je pourrais passer vous saluer, et récupérer quelques uns de mes biens dont vous m'avez injustement privé."
    "Jeune insolent... Tu ne manques pas de toupet...", commence t-il, se mordant les dents, me jetant un regard haineux. Il continue : "Tu me fais bien rire... "Ton" bateau ? "Tes" biens ? Tout ce qui se trouve sur cette île, tu le dois à ton grand-père et à moi. Tu ne mérites rien."
    "J'ai toujours plus de mérite que... Toi.", finis-je par dire. Ma phrase s'abat comme un couperet sur mon père. Je ne l'ai jamais vu dans un état pareil. En vingt ans, je ne l'avais jamais tutoyé.
    "Comment... Oses-tu ?"
    "J'ai plus de mérite quoi toi, oui, tu m'as bien entendu. Que toi, Abraham Barrel, fils de Théodore Barrel, et père du grand Lloyd Barrel, que tu le veuilles ou non. J'ai plus de mérite car moi je vais accomplir mon fabuleux destin et devenir le seigneur des pirates, alors que toi, tu perds ton temps ici, sur cette petite île pourrie. Oui, j'étais venu pour récupérer ce qui m'appartient de droit, mais au final je me rends compte que je n'ai besoin de rien qui puisse provenir de toi."
    "Quel irrespect..."
    "Je m'en fous de toi. Je suis un pirate maintenant, un vrai.", conclus-je, aplatissant sur le bureau de mon père mon avis de recherche. D'accord, c'est pas une grosse somme, mais c'est bien la preuve qu'aujourd'hui je vole de mes propres ailes. Je n'ai plus besoin de mon père, dont les yeux s'injectent de sang et virent au rouge quand il voit la feuille de papier.

    "Tu salis le nom de ton père et de ton grand père ! Tu déshonores notre famille !", s'égosille t-il. Je ne dis mot. Il continue, toujours vociférant : "Ce nom, que tu n'as rien fait pour mériter, tu es en train de le pourrir par tes conneries !"
    "Des conneries ? C'est pas conneries ! C'est mon rêve, bordel ! Et ce nom, je le porterai jusqu'au bout du monde ! Et on craindra le grand Lloyd Barrel, on le respectera !"
    "C'est pitoyable... Tu ruines la belle réputation de notre famille, et tout ça pour des conneries de rêves de gamin ?!"
    "Redis le encore une fois...", dis-je en l'empoignant par le col et en le tirant sur le bureau, renversant encrier et feuilles de papier. Je termine ma menace : "Redis encore une fois que ce sont des conneries, et je te le fais regretter."

    Il ne fait nul doute qu'après mes récentes aventures, je me suis considérable endurci. Je ne suis plus le même qu'avant, et l'homme qui autrefois m'inspirait crainte et respect ne représente aujourd'hui pour moi plus que dégoût et rejet. Je le tiens si fermement par le tissu de sa chemise qu'il ne peut pas bouger. Oui, c'est indéniable, je suis devenu bien plus fort.

    "Lloyd, lâche moi de suite !!", me coupe t-il dans mes pensées. Je ne sais pas si son visage exprime de la colère ou de la peur. Surement un bon mélange des deux. Et il ne sait pas encore de quoi je suis capable, même si j'aimerais à tout prix éviter d'en arriver la...
    "Sinon ?", posé-je la question. Oui, sinon quoi ? Que peut t-il faire face au grand Lloyd Barrel ?
    "Sinon, je te tue."

    Je sens alors la froideur de l'acier contre la peau de mon cou. Un inconnu vient de parler, et sa lame s'appuie sur ma gorge. C'est impossible qu'il soit là depuis le début... Alors quand est t-il arrivé ? Je ne l'ai pas entendu entrer dans le bureau, je ne l'ai pas senti approcher... Et surtout qui est t-il pour me menacer comme ça ?

    "Qui es tu ?", lui demandé-je, sans bouger d'un cil, et surtout sans pouvoir apercevoir qui il est. Mais même si je ne sais pas à quoi il ressemble, je ressens quelque chose d'étrange. Ce mec me fait une impression des plus inquiétantes. C'est une sensation très bizarre, et c'est la première fois que ça m'arrive.
    "Toi, ta gueule.", dit-il très calmement. Je suis comme paralysé. Ma bouche s'ouvre mais n'émet pas le moindre son. Profitant de mon silence, il reprend, s'adressant à mon père, cette fois : "Monsieur Barrel, toutes mes excuses de faire irruption comme ça dans votre bureau..."
    "Je vous dois une fière chandelle, monsieur Tigan...", répond mon père, en dégageant ma main qui le retenait par le col. Je n'ose pas résister, pétrifié par la terreur que m'inspire l'homme au sabre, ce "monsieur Tigan".
    "Et ce jeune homme est... ?"
    "Mon fils... Lloyd..."
    "Je peux vous aider à faire quelque chose ?"
    "Et si je vous demandais de le tuer ?"
    "Je le ferais. Votre père aurait fait pareil pour moi. Et puis, j'ai besoin de vos services tout comme vous pourriez avoir besoin des miens."
    "Bien, alors.", conclut mon père. Je sens la lame appuyer plus force sur ma gorge. Je sens la peau se rompre sous son tranchant. Je sens mon sang qui coule le long de mon cou.
    "A... Attendez... !", dis-je alors. J'ai l'impression d'accomplir un acte surhumain en ouvrant la bouche pour parler.
    "Ah, tu reviens à la raison ?"
    "Ou... Oui..."
    "Excuse-toi."
    "Je m'excuse..."
    "Je m'excuse, qui ?"
    "Je m'excuse, père..."
    "J'ai changé d'avis, ne le tuez pas, monsieur Tigan.", s'adresse t-il alors au sabreur, qui décolle sa lame de mon cou et la range au fourreau.

    Je me relève instantanément et bondis vers la sortie du bureau. Je peux désormais voir l'homme qui me menaçait. Putain, c'est qu'un vieux balafré avec un sabre. Mais pourquoi m'a t-il fait un tel effet ? Je pose à nouveau mon regard sur mon père. Un regard plein de haine.

    "Maintenant, Lloyd, si tu veux bien sortir... J'ai des affaires bien plus importantes à traiter."

    Il fout de ma gueule. Il me met hors de moi. Je m'avance vers lui, mais cette fois en faisant bien attention au vioque au sabre. Il me m'aura pas par surprise, cette fo... Sa lame se retrouve a nouveau contre ma gorge. Il s'est déplacé si vite que je n'ai même pas pu le voir. Comme s'il s'était téléporté. Ce mec... Il est extrêmement puissant. Je ne fais pas le poids. Moi, le grand Lloyd Barrel, il pourrait me tuer comme il en aurait envie. Comment est-ce possible ? Je suis complètement impuissant ?

    "Tu disais ?"

    Je suis muet, choqué, stupéfait. Je suis à sa merci la plus totale. Je ne pensais pas connaître ça un jour.

    "Ri... Rien...", dis-je. Je me dégage de la lame de "monsieur Tigan", et reprends ma position initiale. Je reprends : "Adieu, père. Tu ne me reverras pas, mais tu entendras parler de moi, je te le garantis. Guette bien les avis de recherches et le journal, tu risques d'y voir bien souvent le nom de "Barrel" inscrit..."
    "Va-t'en immédiatement."

    Je tourne les talons et sors de la pièce, laissant mon père et son "associé" discuter, magouiller. Je ne reviendrai plus jamais sur Barrel Island, ma décision est prise. Je sors du manoir, et admire pour la dernière fois les magnifiques paysages de l'île sur laquelle j'ai grandi, l'île qui aurait pu m'appartenir. Je passe ma main dans mes cheveux, et tombe sur mes trois nattes, parfaitement tressées. C'est mon père qui avait voulu me coiffer comme ça quand j'étais petit, et j'ai gardé cette coupe jusqu'à aujourd'hui. Oui. Je défais mes nattes. Mes longs cheveux blonds tombent sur mon visage et sur mes épaules. J'avais oublié a quel point c'était bon, cette liberté.
    J'enlève mon manteau vert, celui auquel je tiens tant, et le laisse tomber au sol, avant de partir vers la crique. Vers mon nouveau bateau. Vers mon nouvel objectif. Mes nouveaux rêves. Avec mes nouveaux compagnons. C'est ma vie à moi. Celle que je mérite. Celle que j'obtiens par mes propres moyens.
    Mon destin, je le pensais écrit. Ma vie, toute tracée. Mais c'est faux. Moi, le grand Lloyd Barrel, ne suis pas le meilleur de tous. Je viens de m'en rendre compte, malheureusement ou heureusement pour moi.
    Mon destin je vais le forger, en trempant mes mains dans le sang et dans la merde jusqu'aux coudes s'il le faut, jusqu'à ce que mon nom résonne sur toutes les mers du globe. Oui, mon nom... Lloyd Barrel.

    "Un nouveau Lloyd Barrel est né."

    Fin du RP.