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Rien n'est noir, ni blanc.

Ils m'ont laissé mettre de côté le fauteuil roulant. Désormais, j'ai droit à des béquilles pour déambuler, néanmoins, la douleur et l'amertume restent. Nouvelles amies rencontrées dans l'unique intérêt de me rappeler mes erreurs passées. M'offrir en cadeau ce sentiment d'intense culpabilité ayant trouvé refuge au creux de mon être. Je n'aime plus ces instants passés sur le Léviathan, chaque homme ou femme croisée n'insert en moi que le doute. Chaque fois que j'ai le malheur de croiser quelqu'un sur le navire, ce qui s'avère fréquent, je ne peux retenir un sentiment de doute intense. Sait-il les crimes que j'ai connu? A-t-il vent de ces atrocités commises? Décidément, ma rencontre avec Rafaelo n'a rien apporté d'utile ou de bénéfique à mon existence. Mes journées ne sont plus que remise et question et dépression. Je ne sais pllus qui je suis, ce que je fais.

Seules les paroles de Rafael résonnent en boucle dans ma tête, comme diffusées par un escargophone insidieux cherchant ma perte à travers le doute.

Souviens-toi de ces paroles. Ta place n'est pas ici, Oswald. Tu te bats pour la mauvaise cause.

Ma Cause n'est pas universelle. Mais elle a le mérite d'être impartiale.


Marine? Révolution? Ai-je fait le bon choix, il y a de cela de nombreuses années? Ma place dans la Marine est-elle la bonne? Je n'en sais trop rien, je ne veux plus rien savoir.

"Tu sais Os'…"

-TOI SILENCE!

Ce cri, je l'ai poussé comme un forcené, seul dans mon bureau. Je ne veux plus l'entendre, le sentir. Lui.

Ça.

Cette chose.

Dark.

Ce monstre qui pense pouvoir faire de moi son jouet, non, il ne m'aura pas. Éperdu de colère, j'ignore mes os en voie de guérison et mes muscles endoloris et heurte de toute mes forces le mur de ma cabine. Mes mains tremblent. Une sueur froide parcoure mon échine.

Bon sang! Je ne suis plus que l'ombre de moi-même. Une ombre qui se terre inlassablement au fond de son refuge, évitant la présence des autres. Ils ne doivent pas savoir, ne peuvent pas savoir, c'est pour ça que Rafael a subit le châtiment.

"Oui, il le méritait…"

Oui, il le méritait.

Il fallait agir, pour que le secret soit enterré à jamais. Il en va de soit pour mon avenir, notre avenir.

"Notre avenir…"

Oui, Rafael était une mauvaise langue. Il fallait absolument lui montrer qu'on ne rigolait pas, qu'on ferait tout pour garder ce poste et cette reconnaissance si difficilement gagnée.

-NON!

Un nouveau poing vengeur s'abat cette fois sur la large table d'orme de mon bureau, y creusant une aspérité craquelée de mille fissures.

-Aarg… j'ai mal.

Et je ne parle pas de mon poing, mille fois non. Épuisé, brisé, je m'écroule au pied de mon bureau, enserrant ma tête dans l'étau de mes deux mains moites de stress et de questionnement.

Je ne peux continuer ainsi, je dois recouvrer une raison, un objectif. Oublier les évènements de Drum, oublier les paroles de Rafael. Me concentrer sur l'avenir radieux qu'on m'ouvrait. Personne ne sait pour Drum, personne, oui, personne…

Tout ira bien. Oui.

Souviens-toi de ces paroles. Ta place n'est pas ici, Oswald. Tu te bats pour la mauvaise cause.

Ma Cause n'est pas universelle. Mais elle a le mérite d'être impartiale.


-RAAAAAAH NOOOOON! SILENCE RAF! CESSE DE ME TUER AVEC TES DILEMMES DE FANATIQUES!

Un bruit. Sur mes gardes, je relève directement la tête avec le réflexe d'un animal traqué. Quelqu'un entre, non, personne ne doit entrer. Ils pourraient savoir, comprendre. En saisissant d'une main tremblante et pressée une béquille, je tente de ramper jusque derrière mon bureau, comme si de ce mobilier je pouvais m'attendre à une quelconque protection. Ce traître.

Ma respiration se fait rapide, presque sifflante. Je tente un coup d'œil vers la porte de mon bureau, une silhouette se découpe dans l'ouverture. Des contours bien fichus que je n'ai pas le temps d'apprécier car je remarque dès lors la chevelure rousse de ladite intruse. Je me colle contre le mobilier en espérant m'y enfoncer. Mais trop tard, Lilou est là, je ne peux fuir.

-Euh…je…je…

Je ne sais quoi dire, quoi expliquer. Pour elle, je ne dois avoir l'air que d'un pauvre fou victime des pires maux. J'ai honte, j'ai peur, j'ai mal.

-Je…Ne m'en veut pas… pitié… Je ne sais plus ce que je fais…

Une plainte, une supplique, une déchirure.  
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Soupire. Un autre soupire pour accompagner le premier. Elle est épuisée, sur les rotules. Sa tête cogne dur. Elle a l’impression que son cerveau tente de se faire la malle en passant en force par son front. Mais ce n’est pas ça le pire, parce qu’encore… sa gueule de bois, elle s’y accommode.

Naaan…

Elle se retourne dans son lit, rabat la couverture sur sa tête en tentant d’étouffer le bruit. En vain…

Maaaaaiiiiis naaaaaaaan…

De nouveau, elle tente une méthode qui ne porte pas ses fruits en mettant son coussin sur ses oreilles. Mais une voix porte jusqu’à elle, en même temps qu’un coup violent dans un mur. Elle grogne en se relevant précipitamment, dévoilant des cheveux hirsutes et mal coiffés, avec une mine clairement marquée par la fatigue...

Mhhh…

Lilou se lève difficilement, enfile un short, file jusqu’à la porte de sa chambre en trainant des pieds. Bee, sur son coussin, n’a même pas la force de l’accompagner, préférant largement continuer sa « nuit ». La journée a été dure, aussi dure que la veillée. Lilou avance tel un zombie vers la sortie de sa pièce, avec une gueule de bois si carabinée qu’elle ferait passer Pinocchio pour un vrai petit garçon… Elle sort, traine le pas dans les couloirs, croisant quelques mousses qui la saluent poliment, murmurant sur sa tenue et son mode de vie un peu hors norme ces derniers temps. Lorsqu’elle arrive non loin de la porte d’où vient le vacarme qui l’a fait sortir de son bienheureux sommeil, elle ne prend pas la peine d’écouter ou de taper avant d’entrer.

Jenkins, par pitié…

La porte s’ouvre pour laisser entrevoir une silhouette chétive dans un pyjama grossier. A cette heure avancée de l’après-midi, voir du début de soirée, il est soit trop tôt pour aller se coucher, soit trop tard pour se réveiller. Mais les faits sont là, et la Lilou qui lui fait face est tout sauf particulièrement en forme. Ses cheveux longs sont emmêlés, son teint pâle, ses cernes clairement dessinées… Pour résumer, elle ne demande qu’une chose : qu’on arrête de taper contre les murs et gueuler à tout va dans les couloirs. Parce que malgré tout, le ténor d’Oswald porte jusqu’à sa chambre, et elle n’arrive plus à fermer l’œil.
Elle s’accroche à la porte et baille un bon coup en tentant de rassembler ses idées. La lumière lui pique les mirettes, elle plisse les yeux et fronce le nez pour essayer de distinguer Oswald parmi tous ses meubles. Non pas qu’Oswald ressemble particulièrement à une armoire, mais l’homme semble se planquer derrière son bureau. Elle n’y prête pas attention, l’écoute à peine causer et enchaine d’une voix endormie :

Y’a des gens qu’ont bossé toute la nuit et qu’ont la gueule de bois, Alo-euh… Attends… Quoi ?

Elle marque une pause en ouvrant grands les yeux. Probablement qu’elle vient de comprendre ce qu’Oswald lui disait un peu avant. Elle fronce le nez en s’interrogeant sur ces déclarations. Cela semble un poil poussif pour un réveil. Bien entendu, elle n’aime pas se faire sortir du lit de la sorte, mais ce n’est pas pour autant qu’elle va le maudire sur douze générations. Elle n’est pas la mieux placée pour se plaindre, de toute façon : S’Il y a des horaires de coucher et de lever, ce n’est pas pour rien. Elle lui fait un signe de main pour lui signifier que ce n’est pas grave, qu’elle ne sortira pas les engins de tortures et couteaux de boucher pour lui faire la peau…
Mais elle s’inquiète tout de même… Jenkins n’a pas l’air tranquille.

Oswald ?

Soudainement plus consciente de ce qui se trame, elle se permet d’entrer complètement dans la pièce du colonel et referme derrière elle. Elle perd également les formalités qui mettent une distance entre lui et elle. Méthode exceptionnelles pour des circonstances exceptionnelles. Lilou s’approche à petit pas, remettant correctement son T-shirt, attachant ses cheveux hirsutes grâce à un élastique pour lui sembler plus présentable et ne pas l’effrayer. Vrai que ressembler à un zombie face à un psychotique en puissance, ce n’est pas une bonne idée… Elle se passe la main sur le visage pour tenter de chasser les dernières traces de fatigue et reprend la parole avec une voix douce :

Qu’est-ce qui te prend, là ? Tu vas bien ?


Dernière édition par Lilou B. Jacob le Dim 9 Juin 2013 - 22:02, édité 1 fois
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Moi? Si je vais bien? Qu'est-ce qui me prend? Il me prend que je suis fou. Oui, fou. Que je réalise enfin que j'ai un truc dans ma tête qui ne me veut que du mal. Qui ne me fait respirer que pour que je tue, que je commette le mal sans filtre. Cette partie de moi me tue, me dégoûte, mais je la possède et l'héberge. Car elle me donne la force, la puissance nécessaire pour me trouver où je me trouve maintenant.

Je ne vais pas bien, décidément, tu peux le comprendre de par le bordel que j'ai mis dans cette pièce. Je ne trouve rien de mieux que calmer mes doutes et mes maux par la violence, la destruction. Les meubles payent, mais je ne guéris pas pour autant.

Je suis rongé par mes doutes, mes questionnements sans fins. J'ai fauté sur Drum, tu le sais Lilou, tu as vu, tu as su me ramener à la raison en quelque sorte. Bien sûr, Salem était là, mais tu as fait une bonne partie du travail. Je veux souffrir, je veux me faire mal, recevoir la raclée que je mérite. Je veux que tu me poignardes, que tu me mettes ton poing en plein dans la gueule comme tu l'as déjà si bien fait. Je veux que, toi qui connait mes erreurs, tu m'en veuilles à mourir. Que tu endosses cette haine que tout le monde me porterait si ils savaient à quel point je suis un monstre. Que tu l'endosses et que tu me la jettes en pleine figure. Que je sois écrasé par celle-ci pour en mourir.

Mais toutes ces choses, je ne sais pas comment te les dire, comment les expliquer. Parce que je suis moi, un monstre sans pitié. Un horreur qui ne vit que des pulsations du mal qui la ronge. Alors je ne fais que soupirer, puis tenter une explication qui ne trouve pas le chemin jusqu'à l'extérieur et reste encastrée au fond de ma gorge.

-Si tu savais…

Elle sait ce que j'ai fait à Rafael. Plusieurs savent. Plusieurs savent aussi que je suis un monstre, mais ils ne connaissent que la façade de tout ça. Ils ne connaissent que l'enveloppe de l'aberration que je suis. Double Face. Et ils l'acceptent, parce que je tabasse des gens.

Elle a vu les blessures que j'ai faites à l'assassin. Elle les a même pansées, ai-je appris. Et pourtant, elle est là, tout près. Tout près de Double Face, le fléau de la Marine, le monstre qui assassine de sang froid.
Elle connait mes crimes, mes erreurs, et pourtant elle est là. Et me demande comment je vais.

"Non, ne te laisse pas bercer par des comptes de fées…"

Oui. Peut-être est-elle simplement là pour me faire chanter. Comme Raf'.

Puis-je lui faire confiance? Oui? Non? Je ne sais pas, je ne sais plus, mes mains tremblent de plus belle, un frisson me parcoure l'échine. D'un geste pressé et apeuré, je m'éloigne un peu de la rouquine, comme pour élargir le fossé entre elle et moi.

Lilou ne doit pas m'approcher, pour son bien, pour sa sécurité.

Mais elle reste, elle attend une réponse. Déchiré, je lève les yeux vers elle. Elle est belle, habillée modestement, ses cheveux en bataille tenus vers l'arrière. Pourtant, malgré son teint blafard, elle inspire tout de même le charisme, l'espoir, la volonté.

Dieu qu'elle est belle.

Je détourne le regard, réalisant soudain que le silence se prolonge, qu'elle me fixe toujours, et que je n'ai rien trouvé de concret à répondre.

-Je…

Je ne comprend plus qui je suis, où je vais, à qui j'appartiens vraiment. Je ne sais plus si la Marine est vraiment la faction à laquelle j'appartiens.

-Je… je ne sais pas… Lilou. Je tue, j'ai tué, j'ai torturé, j'ai commis trop d'erreurs.

Mes mains viennent obscurcir mon visage.

-Je ne suis rien, je ne suis qu'une ordure. Je veux mourir, être puni. Je suis un fou, un monstre, un problème. Je n'arrive pas à faire quoi que ce soit de cette vie, je n'ai ma place nulle part. J'…J'ai peur, peur de ce qu'on pense de moi, pire, de ce qu'on va penser lorsque Ça se saura.

Je ne crois pas qu'elle soit au courant de ce que Raf' et moi avons échangé. Des avances de ce dernier. Marine? Révolution? Je ne sais ce qui me rapproche de l'un ou de l'autre.

"…"

-Est-ce que tu me détestes Lilou? Est-ce qu'ils me détestent tous?

Les Storms, ma seule famille, mon seul repère dans ce monde corrompu et cruel. Ne suis-je rien pour eux aussi? Mes efforts ne valent-ils sincèrement rien? Je pose un regard piteux et désarmé sur les bandages qui recouvrent mon corps , les béquilles gisent de part et d'autres de moi.

"Non, ne pose pas de questions auxquelles tu connais les réponses. Tu es Double Face."

Je suis Double Face. Un monstre, personne ne m'aime.

Pas même elle, pas même Salem, pas même moi-même.

Je soupire à nouveau pour chasser les tremblements et les sueurs qui persistent. Inutile.

-D…désolé… je crois que j'ai parlé trop longtemps avec Raf'…

Ou alors que j'ai vécu trop longtemps avec moi-même…
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Je… Je n’en sais rien, Oswald. Je ne suis peut-être pas la mieux placée pour te parler…

Attendait-il vraiment une réponse ? Et s'il n'y avait rien à dire ? Lilou semble angoissée, paralysée parce qu'il lui arrive. Elle ne sait plus quoi faire. Si on lui avait dit qu’il réagirait de la sorte, qu’elle tomberait face à un Oswald complètement dépressif et prostré, elle serait simplement restée dans son lit à attendre que ça lui passe.

Je ne te connais pas du tout… Je… Euh… Mh…

Maintenant, devoir lui faire face, l’assumer, le porter à bout de bras dans cette mauvaise passe… Elle n’est pas celle qui peut le faire. Elle en est presque sûre. Elle ne l'a jamais fait avant, elle n'est définitivement pas la mieux placer pour lui parler... Non. N’étant proche de personne sur le Léviathan, elle ne sait pas comment résoudre ce problème... Gérer des situations de crises comme Drum, c'est simple à côté. Il n'y a pas que de l'humain à prendre en compte. Il y a toute une autre logistique... Mais gérer Oswald, après la discussion avec Rafaelo… C'est compliqué. Comme une sorte de problème a treize inconnues.

Et du peu que je te connais… il y a du bon, et du moins bon. C’est comme tout le monde, non ?

Elle dit mais elle sait qu'elle ne s'en sortira pas comme ça, avec une pirouette et des phrases qui veulent tout et rien dire. Comme si c’était si simple. Elle se mordille la lèvre en regrettant amèrement d'avoir franchit cette porte. Mais maintenant, elle ne peut pas faire machine arrière et le laisser comme ça. Sinon, autant ne plus se regarder en face. Ne plus laisser personne en arrière, hein... Elle soupire un coup, puis prend une grande inspiration :

Excuse-moi, Oswald. Je ne sais pas faire ça moi. Parler aux gens. Je ne sais pas le faire, je ne suis pas comme Salem. Mais, je ne pense pas que qui que ce soit, à part Stark Lazar et maintenant Rafaelo, ne te déteste.

Elle marque une pause en se mettant à sa hauteur. Elle s’installe en tailleur, remet une mèche de cheveux derrière son oreille et lui fait un sourire qui se veut rassurant. Aussi rassurant qu’il puisse l’être avec une mine fatiguée. Elle cherche ses mots pendant un temps. Elle ne sait pas comment les aligner, les trouver. Elle ne l’a jamais vraiment fait, ça… rassurer quelqu’un. L’aider à tenir avec simplement des paroles. Elle est ce genre de femme qui se réfugie dans les actes. Mais les actes n’ont pas toujours de poids.

Tu attires l’œil, les questions, les interrogations, sur ce que tu es, et ce que tu fais. Mais… Pas forcément la haine. Et de toute façon, on n’a pas besoin d’être aimé de tous pour vivre. Pour avancer. On ne peut pas. Quoique tu fasses, tu attireras la jalousie des uns, la colère des autres, l’envie des derniers… Mais… Et alors ? Qu’est-ce que ça peut faire si l’un est jaloux, l’autre en colère ? Tu as tout ce qu’il faut pour réussir, et ça, tu ne le dois qu’à toi, pas aux autres.

C’est ce qu’elle pense. Pour en être ou elle en est, elle le doit d’abord à la colère des uns et à la jalousie des autres. C’est tous ces sentiments négatifs qui ont réussi à déclencher chez elle une soif de vivre, d’exister, de se faire une place parmi ses frères. De trouver une famille, aussi. Des amis, peut-être. Avant tout, des personnes de confiance. Elle est partie de chez elle avec cette idée en tête que s’il n’y a pas de place quelque part pour elle, il ne lui reste qu’à s’en faire une, ou à aller la chercher ailleurs.

Etre aimer… C’est surfait. C’est inutile, même. Il vaut peut-être mieux donner et avoir la confiance de quelques personnes pour avancer, plutôt que d’être aimé de tous. Et sur le Léviathan, tu as la confiance de Salem.

Elle marque une autre pause. Elle reprend son souffle en se passant nerveusement la main dans les cheveux.

Tu as la mienne aussi.

Elle lui fait un signe de la main. Deux. C’est le nombre de personne qui compte sur lui, aujourd’hui. Trois, si on y rajoute Bee. Et ce canard aura une confiance aveugle en Oswald à partir du moment où sa maitresse croira en lui. Mise à part quelques écarts, Lilou le trouve sympathique. Sincère. Elle se dit pour elle-même que compter pour trois personnes, c’est un sacré fardeau. Et c’est largement suffisant pour avoir envie de continuer, même pour un fou, un monstre ou un problème… Non ?

Il faut voir toutes les nuances chez les autres, comme chez toi... Tout n’est pas blanc ou noir. On fait tous des erreurs, ce n’est pas une fatalité. Prouve toi à toi-même que tu vaux mieux que ça, non ? Et si à l’avenir, tu es capable d’être mieux, de faire mieux… Peut-être qu’ils t’accepteront.

Et que tu te pardonneras.
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Mes mains cessent de trembler, légèrement, les sueurs se calment de même. Je respire mieux, cette femme a le don de me réconforter, de me faire reprendre mes esprits. En fait, c'est à peine si j'écoute le sens de ses mots, seul entendre sa voix qui se veut réconfortante repose mon esprit échaudé. Elle parle de bien, d'humanité. Ça m'aide, peu à peu, je me sens mieux.

Les paroles de Rafael s'effacent de mon esprit, momentanément.

Quelque chose coule le long de ma joue. Le reste des sueurs de tout à l'heure? Ou une larme? Peu importe, je me sens mieux, bien mieux.

Le doute persiste, certes, mais est atténué par ce sentiment de calme qui me gagne de plus en plus. Merci Lilou. Merci d'être là, assise. Merci à tes deux doigts dressés dans les airs. Merci à ce troisième que tu lèves aussi. Merci.

Merci.

Mon regard glauque plonge dans ses yeux. Je la regarde, et c'en est presque si pour une fois, j'ai l'impression d'être humain, d'être comme n'importe quel autre membre de ce vaisseau.

-T…Tu as raison.

Me faire confiance à moi-même. Gagner celles des autres, du moins, pas de tous. Au diable les Stark, les Rafael. Bonjour les Salem, les Lilou. Et avec ce regard encourageant échangé par la rouquine, je sens que je pourrais ignorer les douleurs dont est perclus mon organisme, me lever et à marcher jusqu'au bout du monde. En fait, lorsque j’écoute Lilou, lorsqu'elle me regarde, me parle, ce sentiment en devient plus qu'un. Il devient un objectif, un but. Mon regard la balaie à nouveau, et à ce moment, je sais que je ferais tout pour protéger une telle cette femme. Pour garder quiconque de mettre en jeu la vie d'une personne dotée d'une vision des choses aussi belle. Un talent d'acceptation si grand.

Je souris. Me masse le visage qui garde les marques de mes muscles crispés, derniers vestiges de ma crise de tout à l'heure.

-Je suis désolé de t'avoir imposé ça, Lilou. J…Je crois que tous ces évènements me dépassent beaucoup trop. Drum a créé un véritable champ de bataille dans ma tête. Avec cette discussion avec Rafael, je ne savais plus trop comment distinguer tout ça, trier tout ça et agir en conséquence…

Mes yeux se perdent entre les lignes du plancher de bois, avec amertume. Sans réellement voir ce que je fixe, je ressasse les derniers instants.

-Tu dis du bien Lilou, tu parles de chose que j'aime et crois éperdument. Mais certes, je suis inconstant, aujourd'hui, je te parle, demain, je peux aussi bien tuer quelqu'un de sang froid. C'est pour ça que l'on m'a mit sous l'égide d'un homme comme Salem. Parce qu'il a la puissance et le charisme pour me contenir. Sinon, à mon âge et mon statut, il y a de cela longtemps que j'aurais pu diriger une grande escouade. Je reste quelque chose d'incontrôlable, je me fais peur à moi-même.

Un ange passe, j'ai difficulté à exprimer un aspect de moi que je ne comprend probablement guère plus que Lilou.

-Dans ma tête, c'est plus qu'une personnalité, ou un truc du genre. C'est… c'est… dangereux… Je ne le contrôle pas, il est plus fort que tout ce que l'on peut croire. Assez fort pour me faire rivaliser avec Krabbs…

Je suis presque à nouveau gagné par la peur à l'idée d'expliquer à quelqu'un ce en quoi consiste Dark. Mais la présence de Lilou me fait du bien, me rassure et me permet de parler librement. Un étau s'adoucit dans mon estomac. Ma tête me fait moins mal.

D'un mouvement douloureux du bras, je balaye l'air, comme pour chasser des mauvaises pensées en voie de revenir me hanter.

-Tu ne sais peut-être pas parler aux gens, mais en tout cas, tu te débrouilles pas si mal. Je trouve.

J'ose un nouveau regard vers la rouquine. Amical et reconnaissant, cette fois. Puis une de mes mains se dresse, calmement, lentement. De cette main se soulèvent alors deux doigts.

Car tout le monde doit avoir quelqu'un sur qui compter.

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Non… Ce n’est pas dangereux. Ça ne l’est que si tu as peur de lui.

Elle replie ses doigts pour pointer Oswald soudainement au niveau du cœur. En continuant ses mouvements de main, elle tente également de comprendre comment ça fonctionne. Ce qu’il veut dire. Ce qu’il y a de dangereux. Elle l’a vu à l’œuvre, sans pouvoir clairement définir le territoire de l’un et de l’autre. Sans pouvoir les différencier. Mais ils sont deux, et Oswald l’affirme. Les faits sont là. S’il le sait, s’il le sent, c’est que le problème est réel, palpable, symbolisable. Qu’il existe et qu’on peut poser des mots dessus.
Elle hésite. Continuer ? Parler ? Si sa parole le soulage, elle peut poursuivre, n’est-ce pas ? Elle hésite toujours.

Avoir peur, c’est normal. Tout le monde a peur de quelque chose. Ou de quelqu’un. Moi par exemple, j’ai peur de me tromper. Tous les jours, je me demande si j’ai fait le bon choix en arrivant ici. En intégrant la marine. J’ai peur de devoir devenir quelqu’un que je ne suis pas. Et puis, je me dis que c’est mon choix. J’ai peur…

De lui. Parfois. De son père. Ses pères ? Comment le dire ? Comment le formuler ? Simplement ne rien sortir. Il n’a pas à savoir, à comprendre. Elle était là pour lui, pas pour autre chose. Yumen attendra. Punk attendra, qu’elle en ait fini avec Oswald.

D’autres choses…

Sa voix s’éteint. Elle se perd, comme son regard. Jusqu’à ce qu’une lueur le retraverse soudainement, et qu’elle reprenne avec un sourire conquérant en brandissant son poing devant elle, comme en signe de victoire :

Mais c’est ma peur. Et j’en ai fait quelque chose qui m’appartient… C’est humain. Si tu n’avais pas peur de toi, des autres, de ce dont il est capable, tu ne vaudrais pas mieux que lui. Mais une peur, ça se contrôle. Ça s’apprivoise, même.

Elle s’apprivoise, n’est-ce pas ? Comme le manque, l’absence, la peine, la joie. Tout se régule en fonction de nous. Il n’y a qu’un seul maitre à bord, et Oswald ne devrait pas échapper à cette règle. Elle réfléchit, intensément. Elle veut lui faire comprendre ce qu’elle pense, comment elle voit son problème. Pour elle, c’est un peu une question de volonté. Pas seulement de puissance ou de force. Elle en est bien la preuve vivante, non ? Sa force se résume à peu de choses. Elle a juste la volonté de faire. Et Lilou ne voit que des solutions pour les ennuis d’Oswald, parce qu’il n’est fondamentalement pas un problème. Alors, elle souhaite les mettre en mot, mais rien ne vient.

C’est comme quand… quand on crée une machine !

La rouquine se rattache à ce qu’elle connait, à un terrain de jeu familier. Qu’il ne l’est peut-être pas tant pour Oswald. Alors, elle fait attention d’utiliser des mots accessibles, de ne pas partir dans des descriptions techniques. Elle a juste besoin d’une métaphore. Alors, elle pense à Bee. A ce qu’il est. Et elle songe qu’a ses huit ans, elle n’avait pas eu peur de lui, malgré ses quatre mètres de ferrailles et son apparence imposante. Elle savait, pourtant, que si elle l’avait craint la première fois, il en aurait été autrement pour eux aujourd’hui.

A partir du moment où l’inventeur a peur de ses propres capacités, de ce qu’il peut inventer, de sa propre création, la création deviendra dangereuse. S’il canalise sa peur, s’il l’utilise pour aller plus loin, s’il la transforme à son avantage… Sa création sera parfaite, mais imparfaite. Tu comprends ce que je veux dire ?

Aucune œuvre n’est parfaite. Elle l’est à la façon de son auteur. Mais elle a ses défauts, exploitable par celui qui saura les voir. Aucune peur n’est insurmontable. Car une peur se rationnalise, se gravit, s’exploite. Elle se mue pour donner une autre forme de force. Aussi concrète, aussi puissante que lorsqu’elle terrifiait. La peur est un moteur extraordinaire lorsqu’on sait l’utiliser. Elle pose des bases concrètes : des limites.

Il est fort. Il est dangereux. Mais il n’est pas infaillible. Peut-être en prenant le problème dans l’autre sens ? Pourquoi ce n’est pas lui qui a peur de toi ? Pourquoi ce n’est pas toi qui prends sa force ?

Elle hausse les épaules simplement, tendant la main vers Oswald avec un air décontracté. Petit sourire aux lèvres, yeux plissés, elle n’attend que des salutations en bonnes et dues formes avec ce il dont ils parlent tant.

Présente-le-moi, un jour.

Peut-être pas aujourd’hui, se retient-elle de dire en songeant à ces heures de sommeil qui foutent le camp. Mais elle pense pour elle-même que si elle n’a pas peur de son il, de son cauchemar, alors peut-être qu’en échange, elle saurait faire face à ces propres démons.
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La peur. Je n'ai pas peur, du moins, ne veux pas avoir peur. Je vaux mieux que la peur, oui. Encore une fois, les paroles de Lilou m'animent, je n'ai pas à avoir peur. Dark est puissant, une bête qui ne peut être facilement maîtrisée…

…Mais une bête dont je ne dois pas nécessairement avoir peur.

Certes, il fait partie de moi, en quelque sorte, mais il n'est pas là pour régir mon existence. Je dois le dominer, le dompter. Ainsi, Double Face ne serait plus un simple monstre, non. Je serais bien plus que ça, bien mieux. Je serais un homme en contrôle de son avenir, de sa vie. Encore, la rouquine me parle, trouve solution à des problèmes qui me semblaient tout à l'heure insurmontables. Pourtant, soudain, alors qu'elle fait voleter un réconfort sonore vers mes oreilles, je sens un doute pointer dans sa voix.

Je réalise alors qu'elle ne fait que penser à régler mon problème. Que depuis tout à l'heure, cette discussion ne tourne qu'autour de moi. Rafael avait-il raison sur un point? Me considèrerais-je réellement comme le nombril du monde, à ce point? Peu importe, ce que je sais, c'est que Lilou a probablement un problème aussi. De même envergure que Dark? Peut-être pas, mais problème il y a néanmoins.

De d'autres choses? Ces mots, fussent-ils prononcés par qui que ce soit d'autre, n'auraient probablement provoqués aucune réelle attention chez moi. Mais venant d'elle… Un besoin me prend, le besoin de savoir, de l'aider comme elle m'aide. D'écraser quiconque ose causer des problèmes à la rouquine qui se reprend après cette vague incertitude qui s'envole avec son franc sourire. Un sourire de passionnée, celui d'une femme qui aime ce qu'elle fait.

Canaliser mon pouvoir, trouver un moyen de canaliser cette haine constante véhiculée par Dark pour en faire une arme à la puissance décuplée. Je suis un arme, l'arme qui taillera mon propre destin. J'ai la certitude en l'accomplissement d'une destinée bénéfique pour moi. Oui, Lilou me fait croire en l'avenir.

Je vais dompter Dark, un jour il sera mien. Un jour, je serai fier de dire par moi-même que je suis Oswald Jenkins, un homme fier, dont seul le surnom sera Double Face.

Mon visage retrouve une douceur que je ne lui connaissais plus depuis quelques jours, je ne suis plus crispé, sur les nerfs. Tout va bien, je peux enfin respirer avec sérénité. Dark, lui, est loin, il s'est à nouveau réfugié dans les tréfonds d'un doute et d'une haine faible, mais néanmoins omniprésents dans mon esprit. Il est retourné attendre son heure à l'ombre de mon bonheur recouvré grâce à la mécanicienne.

La main de Lilou vient à ma rencontre, grappin salvateur me tirant définitivement de l'enfer dont je sortais pratiquement. Je l'empoigne doucement, heureux.

-Merci… Lilou.

Lui présenter Dark. Un jour, oui. Pour qu'enfin la lumière affronte directement les ténèbres, que celle-ci les chasse ultimement de mon esprit gangréné. Oui. En attendant, j'espèrerai, je combattrai pour ne jamais me laisser vaincre par ma propre déchéance psychique. Mais rien de tout cela est terminé, non. Lilou, elle-même, ne doit pas souffrir en silence.

Des affinités sociales? Je n'en ai que très peu, mais je crois être capable de venir en aide, pour une amie.

-Peut-être pourrais-je rencontrer le tiens, aussi. Ton Il?

Cette phrase se veut engageante, compatissante. Car les problèmes ont été mon quotidien de nombreuses années, je sais ce qu'ils font à l'esprit. Et pour rien au monde je laisserais qui que ce soit créer un trouble chez celle qui sait repousser mon mal. J'affiche un demi-sourire, je plonge mes yeux dans les siens, tentant de paraître complice. Personne ne mérite de souffrir comme je souffre et ai souffert. Surtout pas Lilou. Allez, parle-moi, parle-moi que je puisse t'aider. Lilou.

Amie.
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Un maigre sourire perce son visage fatigué. Son il ? Elle y pense. Souvent. Sans pour autant le considérer comme une peur. Comme elle disait à Salem, les choses sont nettement plus compliqué qu’une séparation entre bien et mal. Elle se sait le genre de fille à vouloir d’abord s’occuper des nuances avant de prendre une décision. Ce qui lui cause souvent plus de torts qu’autre chose. Actuellement, il lui est tout bonnement impossible de se mettre d’accord avec elle-même sur ce qu’elle doit faire. Quand elle le verra… Qu’est-ce qu’elle lui dira ?
Elle se renferme peut-être. Un peu. Parce qu’elle ne sait pas quoi dire à Oswald sur ses propres démons, et n’en a pas envie non plus. Si lui s’inquiète sur ce que les autres peuvent penser de lui, elle s’inquiète de ce que les autres peuvent penser de ses géniteurs. De ses choix. L’accepter ou non. S’accepter ou non. Il y a, pour elle, un enjeu de poids, qui peut remettre en question une partie de son avenir, comme de son passé.
D’où elle vient, qui elle est. Si tout ça fini dans des dossiers, ou arrive aux oreilles de certain, qu’adviendrait-il ?

Si je ne lui ai pas réglé son compte avant.

Elle se permet l’humour. Elle se permet de faire la forte. A côté de ça, elle se sait défaillante. Pour avoir déjà tenté une fois de tuer son père, elle se connait déjà faible. Nouveau sourire, elle ne sait pas où elle doit s’arrêter dans ses paroles, et hésite à aller plus loin. Son il… Qu’est-il ? Peut-elle vraiment le considérer comme tel ? Peut-il lui faire du mal ? Probablement. Mais le ferait-il consciemment ? De son propre chef ? Malgré les années d’absences, l’inconnu qu’il est, elle en doute. Pourrait-on vouloir faire du mal à sa propre chaire ? Elle espère que non.

Disons que c’est compliqué. Je n’arrive pas à déterminer s’il est dangereux ou pas, pour moi.

Compliqué. Voilà. Elle résume tout par un simple mot. Un mot assez vague pour ne pas aller plus loin, pour l’intimer à ne pas poser plus de questions. De toute façon, elle n’aurait pas les bonnes réponses à lui fournir. Il y a des choses qu’il vaut sûrement mieux garder secrètes. Dire à son supérieur, qui se veut également son ami, mais d’abord son supérieur, que son père est un criminel recherché depuis des années, et qu’à priori, elle n’a pas l’intention de l’arrêter s’ils venaient à se recroiser… Ce n’est pas une bonne idée.
Secret donc.
Motus et bouche cousue.

Tahar est au courant. C’est amplement suffisant et dangereux pour sa réputation.

Je pense que le doute et l’ignorance sont plus dangereux que le reste. Ne pas savoir amène à faire des choses que l’on regrettera forcément par la suite. Disons que je suis dans cette situation aujourd’hui, et que mon il est encore flou.

Voir, puis aviser. C’est ce à quoi elle s’en tient. Comme elle disait à Rafaelo, elle ne peut pas se permettre d’agir dans la précipitation. Elle ne peut pas condamner sans savoir de quoi il en retourne complètement. Elle a déjà des pistes, mais ça… que des suppositions. Et elle a tellement à faire sur Alabasta qu’elle ne sait pas par quel bout le prendre. Débuter par quoi ? Jörge ? Punk ? Judas ? A qui peut-elle confier ces tâches qu’elle doit mener de front ?
Elle relève les yeux. Elle remarque Oswald. Alors, elle ose. Peut-être qu’après tout, il pourra lui être d’une très bonne aide. Peut-être même qu’il saura faire les bonnes choses. Si elle lui laisse sa chance, si elle lui fait confiance, sûrement arrivera-t-il à s’en sortir. Puis, elle se ravise : Lui confier une partie d’elle ? Tout ça, Judas, Punk, la famille Shell, Gargarismov, ça ne relève que du personnel. Du trop personnel. Trop en lien avec son passé, ses écarts de conduite, les écarts des autres (nettement plus condamnables, aussi). Non, elle ne peut pas. Peut-être juste lui faire entrevoir ce qu’il en retourne ?
Elle tente.

J’ai des choses à faire sur Alabasta. Mais si tu veux faire une partie du voyage avec moi, tu pourras peut-être le voir.

Elle n’affirme rien. Mais c’est toujours mieux que de lui fermer toutes les entrées. Il a le mérite de vouloir l’aider, non ? Tout du moins, c’est ce qu’elle a compris dans ces mots. Après, elle peut se tromper. Au pire, il ne le rencontrera pas. Au mieux, elle y gagnera un ami.
Ne pas se fermer. Elle soupire, repense à Drum. Elle remonte ses jambes à sa poitrine et songe un petit instant de ce qu’ils peuvent avoir en commun pour l’amener à la suivre un temps durant son voyage… Et là, tout s’éclaire.

Et on pourrait parler Haki, non ?
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Elle m'explique, parle, déstabilisée, incertaine. Bon sang, qui est-ce? Qui peut être puissant au point de réduire cette femme à la poigne de fer à un si piètre état? Certainement quelqu'un de dangereux, quelqu'un qu'il vaut mieux ne pas connaître.

Un doute nait dans mon esprit. Qui est vraiment Lilou? Rouquine arrivée si promptement en compagnie d'un homme étrange jamais revu sur le Léviathan. Qu'explique ce problème qu'elle semble couver et qu'en est-il de ce passé qu'elle cache de la même façon? Non. Je ne dois pas me poser ce genre de question. On ne doute pas d'une amie, on ne remet pas en question un proche. Mes aptitudes sociales ont beau être défaillantes, il y a des choses qui coulent de source.

Alors, je continu d'écouter, laisse mon regard aller de la rouquine qui regarde plus ou moins dans le vague jusqu'au bordel qu'est devenue ma cabine. Ma crise a laissé un beau gâchis, des papiers par-ci par-là, des meubles abîmés, des bibelots renversés.

-…Ouais…

Une approbation. Je n'ai rien de mieux à répondre. Une simple approbation qui vaut peut-être mieux qu'une longue phrase, parfois, il faut savoir écouter, ne pas empiéter sur les paroles de autres. Je réalise dès lors que Dark a échappé à mon esprit, que mes problèmes se sont comme envolés. Comme quoi, la présence d'un ami me permet de décompresser, de calmer les ardeurs de Dark.

Elle parle soudain de m'inclure dans ses projets. Elle veut bien de mon aide, une fois sur Alabasta. Comme gêné par une telle proposition, je fixe le sol, me sentant rougir.

C'est donc ça.

Ce sentiment. Le sentiment d'être voulu.

C'est bien la première fois que je côtois une telle émotion, que je la vis. Une boule chaleureuse se niche dans le creux de mon ventre, nouvelle sensation qui se fait accepter avec plaisir par mon organisme chatouillé. Oui, chatouillé. Chatouillé par cette découverte émotionnelle dont je reviens à peine. On veut de moi, de mon aide, de ma participation à quelque chose de personnel, de concret. Ce n'est pas un simple ordre donné par un supérieur, non, c'est plutôt une demande, une invitation.
Du jamais vu. Du nouveau. J'en suis littéralement bouleversé.

-Ahem… C'est… euh…. Heh….

J'en perd complètement mes moyens, apprivoiser ce nouvel aspect d'une relation sociale aussi rapidement me prend un peu trop sur le fait.

-Euh… oui…oui, bien sûr.

Comment refuser? Et puis, c'est bien ce que je voulais au départ, aider Lilou. Je suis servi, dans ce cas. Je sens le cramoisi quitter mes joues et mes oreilles. Ça se calme à l'intérieur, mais j'en reste néanmoins gracieusement réjoui.

-Et on pourrait parler Haki, non?

Je me redresse, me met à genoux et saisi la mécanicienne par les épaules sous le choc d'une telle déclaration. Je croyais être le seul à connaître une telle chose, le seul à être au courant de ma découverte, le seul à vivre avec un tel pouvoir. Il faut se faire à l'idée que Lilou est loin d'être n'importe qui.  

-Comment tu sais que j'ai découvert ce truc? Tu sais comment ça fonctionne?! Tu l'as toi aussi?

Comme surprise, elle me fixe un instant, je lui rend ce regard surpris. Puis réalise la brusquerie que j'ai commis. En fait, je réalise même un peu tard que je suis normalement incapable de me tenir vigoureusement sur mes jambes. Et comme pour me le rappeler, ces dernière décident d'un même accord de flancher et de me faire tomber directement vers l'avant. Je ne suis pas le premier à être pris dans la chute. Lilou elle-même est emportée avec moi et nous nous retrouvons tout les deux au sol, elle écrasée par mon corps.

-Euuh… Désolé…

***

Karl traverse un couloir vide, un paquet de paperasse plein les bras. Le courrier des matelots, moyen faire garder le moral à tous sur le navire en finançant la correspondance entre les marines et leur proches restés sur les Blues. Le bois grince sous ses pas rapides d'homme naturellement pressé, toujours près à rendre service à ses supérieurs. Il s'est remit durement de Drum. Little Garden avait su laisser une marque chez lui, mais le chaos rencontré sur l'île polaire avait été tout autre, de quoi laisser une trace indélébile des évènements dans son esprit.

Mais peu importe, il garde le sourire, cherchant à remonter un peu le moral de chacun en distribuant le courrier dont il a les bras chargé. Alors qu'il poursuit sa progression à travers un des couloirs du colossal navire, il croit entendre des voix en passant à travers le quartier des officiers. Rien de bien grave, selon lui, probablement Double Face tergiversant simplement avec lui-même. Problème auquel il avait su s'habituer avec les aventures vécu aux côtés du troublant soldat.

Mais jamais Karl ne s'est attendu à la scène qui suivit.

-DÉGAGE BORDEL!

Le cri poussé est féminin, digne d'une femme qui sait se faire écouter. Et comme de fait, il réussit rapidement à mettre un nom sur cette voix féminine en voyant un Double Face couvert de bandages être éjecté d'une pièce en vol plané. La porte en sort même de ses gonds sous la force du choc avec le haut gradé du Léviathan. Bousculé par Oswald, le pauvre Karl se voit étalé au sol, les lettres qu'il transportait voletant partout autour de lui. Sacrée Lilou.

-Aïe… Désolé, Karl, je réparerai la porte.

-Tout va bien Monsieur Jenkins, et bon début de soirée.

-La même Karl, la même.

Et une Lilou ayant les nerfs à vif de sortir de par l'ouverture de la porte défoncée.
-En voilà un avant-goût, de Haki! 
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