[FB 1615] Un passé commun

1615, Quatrième voie, Quelque part en mer

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Le Fâcheuse Destinée voguait avec une vitesse qui ne faisait pas honneur au fier bâtiment des hommes de Bylly Brandson. Le capitaine aux reliefs sombres venait de quitter avec son équipage l’île mystérieuse de Myriapolis où ils avaient payé leur manque de prudence. Les lattes crasseuses du navire abritaient des corps crispés de douleurs qui convulsaient à chaque fois que la houle animait le bâtiment. Certains lâchaient des trombes de vomissures si consistantes qu’on pouvait les ramasser d’une main sans les briser avant de les balancer par-delà le bastingage. La raison d’une telle détresse ? On pouvait la lire sur le visage boursouflé et hideux du quartier-maître, garant du respect des ordres, Scab Tournebroche.

Titubant de toute sa petite masse, le nain belliqueux à la jambe de bois alla trouver le médecin de l’équipage pour lui grogner quelques mots. Celui-ci s’activait d’un gars à l’autre.

« Morbleu Doc’ ! Keuf… Tu vas montrer que t’es autre chose qu’un boucher et que t’es capable de soigner ces gars ! Foutre de dieu ! »

« Mon… Monsieur Tournebroche… Je… Je… Je fais ce que je peux ! »

La silhouette élancée de George De Latre semblait vouloir se fondre entre les lattes du parquet tant il désespérait de ne pouvoir trancher quoique ce soit pour arranger l’état de ses patients. Tournebroche cracha au sol en maudissant le ciel de devoir adresser la parole à l’homme qui lui a baisé la patte à coup de scie.

Bientôt, c’est vers un barbu qui se saoulait le cul sur un tonneau que Scab se tourna. Son quasi homologue d’infirmité, une main en crochet et une patte en bois, Abe Jones descendait une bouteille de rhum comme à son habitude tout en riant de la détresse des autres.

« Zar Zar Zar ! Les sales têtes brûlées ! Quant on n’est pas capable, on n’fait pas ! Gloup… Zar Zar ! Et toi La Cloque ? Tu feignes la douleur ? »

« Keuf… Tu plaisantes j’espère… C’est rien que des piqures d’insectes… Zagaha… keuf… »

« Sacrés insectes... Par l’enfer des sept océans… »

S’appuyant contre le bastingage, Bylly titubait vers son second tout en descendant à pleine glotte une bouteille de liqueur blanche. Il toussota avant de s’asseoir contre la rambarde, tout en relevant sa manche, laissant apparaitre des marques noires à plusieurs endroits.

« Vrai que t’as sacrément dégusté ! Zar Zar ! A la santé du capitaine ! Zar Zar ! »

Un silence de mort planait malgré les quelques râles morbides. Brandson reprit.

« Au diable tes moqueries Abe ! T’as toujours eu une sorte d’immunité à ces saloperies de poisons… Kof kof… Qu’est-ce que fous De Latre ? »

« … Il ne cesse de brasser l’air et feuilleter ces bouquins… Foutu bourgeois qu’il est…  Il aurait dû combattre lui aussi… Tsss»

La sale affaire, l’équipage avait fais la rencontre malheureuse avec les Hommes-abeilles de Myriapolis. Les bestioles géantes avaient été les pires opposants depuis un sacré bout de temps si bien que les hommes de Brandson avait fuis pour la première fois d’un combat, le pose rechargé pour la prochaine. Seulement là, il n’était plus question de poursuivre avant de trouver un remède.

Tournebroche resserra son bandana bleu sur son front suintant avant de finalement retourner voir vers l’avant du Fâcheuse. Une dernière fois, il s’adressa à son capitaine.

« Capitaine… Je crois qu’il faut transmettre à l’homme de vigie l’indication de s’arrêter dès la prochaine île en vue »

« Zar Zar ! T’as trouvé ça tout seul La Cloque ? Zar Zar ! Gloup gloup gloup… aaaah »

Renvoyant un sourire belliqueux, Scab continua son avancée titubante en marmonnant dans ses poils roux, enfoiré de Abe. Il n’avait pas vu le reste des maîtres d’équipages, Bik’ ou Big Boum, ils devaient s’empiffrer dans les cales, en compagnie de Boll. S’ils n’avaient pas été de garde du navire, les choses auraient été différentes. Scab en était certain.

Alors qu’il continuait son avancé vers la proue pour distinguer un peu plus le paysage embrumé et prendre un bol d’air, il se figea en grommelant d’étonnement. Abe lâcha un rire gras.

« Zar Zar ! Voilà que les ennuis commencent véritablement ? Zar Zar ! »

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Allez.. viens.. je t'attends gros lard..

...

T'es un sacré vicelard toi, j'vais pas te louper, ça commence à m'démanger dans l'bras de t'en coller une...


Il faut dire que depuis vingt bonne minutes, ce monstre marin tourne autour de la frêle esquif du médecin. Il attend le moment propice, le moment où le médecin va baisser sa garde pour lui sauter dessus et le dévorer. Le monstre marin pourrait faire plus simple, basculer la chaloupe et ainsi, immerger son occupant mais c'est un monstre marin, ne lui en demandons pas trop tout de même. Rastignac, patient et debout dans l'embarcation, tient fermement dans ses deux mains une rame, telle une batte de baseball. Il vérifie régulièrement sa prise sur le manche par un habile jeu de main.

Soudain, le monstre se décide et passe à l'attaque, une accélération prodigieuse lui permet d'atteindre une grande vitesse, il s'élance par une forte impulsion de sa queue et se jette gueule ouverte sur le médecin. Hélas pour lui, son œil lui a joué des tours et il n'avait prévu une si grosse proie. Il fait taille égale avec le médecin et sa sortie de l'eau suffit à presque remplir la chaloupe. Rastignac lui décroche un homerun de l'espace et lui fracasse littéralement sa rame sur le flanc droit de la tête. La rame se brise sous le choc et le monstre marin voit sa tête déformée par l'impact. Sa trajectoire change de direction, le voilà dévié sur plusieurs mètres par ce coup magistrale. Le coup sonne le monstre marin qui s'écrase sur la mer avant de retomber d'où il vient, un peu plus en bas.


Le Toubib est trempé mais en un seul morceau, il rigole et trouve satisfaisante sa défense.

Ha mince...

Par contre, il vient quand même d'exploser une de ses rames, ce genre de petit détail qui fait toute la différence quand on doit encore parcourir une longue distance en bateau. Qu'à cela tienne, Rastignac se met à godiller, comme dans sa jeunesse. C'est plus épuisant mais on avance plutôt bien quand on sait y faire.. Un coup d’œil sur l'Eternal pose pour vérifier le cap et le voilà reparti en sifflant.

[...]


On n'y voit encore moins bien que dans un sphincter.


Fut la seule tirade du médecin en pénétrant dans cette épaisse brume. La purée de pois, l'un des grands fléaux de la navigation maritime. Rien de tel pour se prendre une roche ou aborder sans l'vouloir d'autres navires. C'est d'ailleurs ce qui manqua d'arriver au médecin quelques heures après. La brume n'escomptait pas disparaître facilement et le médecin, toujours à la godille, commençait sérieusement à avoir mal aux bras. Sa vigilance se relâcha un tant soit peu et il frôla de justesse un joli trois mâts. Dans la brume, celui si donnait l'impression de léviter malgré le peu de vent. Il devait être un sacré coureur des mers sous le vent. Ankou cessa de godiller afin de limiter les vagues pour le petit navire.

Rastignac était heureux, ça faisait des lustres qu'il n'avait croisé personne en mer, il s'approcha du petit navire et se pencha par dessus lui, il salua cordialement l'équipage du voilier d'un geste de la main. Son regard de géant fut attiré par l'état de l"équipage. D'habitude, son expérience parle pour lui et il n'a pas de mal à diagnostiquer des marins fébriles ou malades mais la brume avait quelque peu rendu difficile son observation. Néanmoins, après une inspection un peu plus minutieuse du navire qu'il avait du agripper aux bastingages pour se rapprocher, il remarqua nettement que cet équipage n'était vraiment pas en bonne santé.


Bonjour à vous, tout va bien ? Je suis médecin, je peux vous aider si vous le désirez.


Dernière édition par Rastignac le Lun 19 Aoû 2013 - 9:46, édité 1 fois
    Abe était entrain de se marrer en tapant le cul de sa bouteille, il frappait sa jambe de bois contre les lattes poisseuses du Fâcheuse. Sa grosse voix aux pouvoirs terribles brisa l’atmosphère.

    « Zar Zar Zar ! Voilà là où on en est ! Zar ! On fait tellement pitié que les civils viennent nous aider ! Zar Zar ! »

    Vrai que c’était la première fois que l’équipage de la lame sombre se faisait accoster pour autre chose qu’une partie de sabres. Tournebroche en avait mal au cou de regarder si haut, c’était de mémoire d’homme sa première fois face à un gusse aussi haut. Il semblait grogner tant il froissait sa tronche pour dévisager le médecin. Un grand type aux cheveux courts, ou long en fonction du gabarit qu’on avait, qui portait de grosses lunettes rondes sur le bout de son pif. S’il avait voulu retourner le Fâcheuse, il n’aurait eu besoin que d’une main, ça Scab en était certain. Pourtant, le bonhomme ne semblait pas d’une méchanceté maladive, rare ces temps-ci.

    Bylly se redressa et marcha jusqu’à la main du géant, au bastingage, il jeta un œil sur sa barque titanesque et pencha sa caboche en arrière pour le regarder dans la transparence de ses verres.

    « Hmmm… T’es toubib ? Bah ça les gars, c’est une sacrée veine ! »

    Rires maladifs d’une tripotée encore assez vaillants pour prêter la voix. Il reprit.

    « C’est qu’on n’est pas habitué à demander pitié, alors si c’est ta… Keuf… déontologie ou une merde de ce genre qui t’y oblige, sache que la notre t’emmerde… »

    Brandson tourna le dos et après quelques pas, il vacilla. Scab fit quelques pas rapides et proposa son épaule comme d’une canne à la bonne hauteur. La fierté des pirates, peut être la seule vraie valeur de cet équipage de chiens enragés et irrespectueux. Le capitaine se retint à l’épaule du contremaître sans manquer de lui broyer l’os entre ses mains, c’était pas le genre de Bylly d’accepter ce genre d’aide et il fit en sorte que tout le monde puisse y voir la dominance qu’il exerçait sur Tournebroche. La gueule de notre nain ne se plissa même pas, depuis le temps qu’il était là, il jouait aux mêmes humiliations avec les matelots sous lui. C’était ainsi à bord du Fâcheuse.

    Tout les gars vaillants s’étaient relevés pour faire face au géant, certains se marraient nerveusement et d’autres se contentaient de regarder l’impressionnante carrure. Tournebroche, toujours sous le poids de son capitaine, faisait face au géant et lâcha sa grosse voix.

    « On n’accepte pas les écuelles remplies autrement que par nos mains l’asperge ! Diantreblanche ! Kof Kof... Si t’es vraiment ce que tu prétends être… »

    Le son des chiens des armes qui s’enclenchaient perça le silence rare de la mer des périls. Tous les membres pointèrent leurs fusils sur l’immense montagne, Brandson resta quant à lui de dos appuyé contre Scab. Le son d’une écoutille qui s’ouvrait témoignait de la compréhension de la situation par Big Boum du fond de sa cale. C’est Abe qui mit fin à la réplique de Tournebroche en se redressant de son tonneau pour finir le fond de sa bouteille bien en face du gars.

    « … Tu vas soigner nos gars sous la menace de nos armes ! Zar Zar !! »
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    Hum... Je vois.. Je suis donc votre prisonnier ?!

    ...

    Hahaha.. Vous êtes vraiment rigolos et je ne veux pas vous froisser alors je vais, sous la contrainte, passé à l’auscultation si vous le voulez bien.


    La fierté des pirates est vraiment inimaginable. Menacer un géant qui pourrait retourner votre embarcation avec une facilité déconcertante pour ne pas perdre la face plutôt que de demander simplement de l'aide. Le médecin rigolait de la situation cocasse et tira un grand coup pour rapprocher le navire du sien. Il amarra les navires à couple et agrippa quelques matelots avec douceur pour les poser sur ses genoux.

    Vous savez, il n'y a pas de mal à demander de l'aide, au pire, je vous fais une facture à la fin, si ça peut vous consoler.

    Le médecin n'avait visé personne, il avait annoncé ceci assez fort pour que tout l'équipage en profite pendant qu'il réglait ses lunettes pour inspecter un des pirates.

    Déshabillez vous et oubliez la pudeur et ne craignez rien, j'ai déjà vu bien plus moche que vous, allez ! En Slip ! Vous portez un slip au moins ?

    Le pirate sur les genoux du toubib n'était autre que Scab, l'infâme pirate avait eu le bonheur (malheur ?) d'être choisis en premier. Rastignac attendait que celui ci obéisse mais il commençait déjà à réfléchir aux maladies ou infections qui pouvaient causer de tels dégâts. Le plus simple était encore peut être de demander.

    Vous pouvez me dire comment vous vous êtes fait ceci ? C'est alimentaire ? Est-ce à la suite d'une relation sexuelle ?

    Le Toubib posa un regard d'ensemble sur l'équipage, lourd de sens le regard

    Hum.. Pourquoi pas.. Alors une idée ? Vous autres, sortez sur le pont, alignez vous et commencez à vous déshabiller aussi, les plus malades devant. Je vais en profiter pour faire un check-up complet. Allez allez, en slip !

    Le médecin avait prit le dessus sur l'humain, il était lancé et désormais, plus aucunes bactéries, infections, contusions, malnutritions, foulures, cassures et j'en passe.. ne lui résisteraient. Par contre, le côté pudique et sauvage du pirate, il l'avait un peu oublié...
      Tournebroche était sur les genoux de la tige, la main sur le sabre, méfiant comme un chien en cage. Il montrait sa plus mauvaise mine et ce n’était pas à cause des marques noires qui commençaient à courir le long de son épiderme. C’était bel et bien les demandes venues d’un autre monde de l’immense montagne médical qui le mettaient dans cet état.

      « Va te faire voir l’asperge… Kof… Je ne retirera… »

      « La Cloque ! Keuf… Tu vas te mettre dans le plus simple appareil sans semonces ! »

      « Zar ! Zar ! »

      Bylly était assis en tailleur au milieu du pont, une nouvelle bouteille dans la paluche, le capitaine commençait à se noyer une nouvelle fois dans son vieux démon, Abe quant à lui jubilait. Les poils sombres de la barbe du supérieur de Scab dégoulinaient d’ivresses et il n’était pas bon d’aller à son encontre quand il était dans cet état second. Tournebroche faisait la taille d’un orteil du doc’, sur son genou ce n’était qu’une mouche belliqueuse. Il renifla bruyamment avant d’expédier un glaviot par-delà la chaire de son hôte et dégaina son sabre. Le fil de la lame arracha son ceinturon et son futal tomba. Il retira ensuite ses lanières de cuir qui entouraient son bide boursouflé. Le braquemart à l’air, le sabre en main, a nu, Tournebroche restait le plus laid des personnages. Le regard noir, il se tourna vers les gars du Fâcheuse et fit cesser les quelques ricanements d’un excès de voix.

      « Vous avez entendu ce gars ? A poil tous autant que vous êtes tas de mécréants !... Kof»

      Silence. Le sabre de Scab vola et se planta à un pas de la guibolle d’un autre. Après un regard vers Bylly qui n’était déjà plus assez réfléchi pour tenter de parlementer, les matelots se dessapèrent comme des filles de joies à la retraite.

      « Toi aussi De Latre »

      « Mais… je … Je ne suis pas malade moi »

      «  Mais t’as pas l’air non plus d’être un toubib ! Parbleu ! »

      Il s’exécuta sous le rire gras d’Abe et le regard songeur du capitaine.  Scab fit volte-face, son engin de même.

      « Kof… On s’est fait piquer par des abeilles... humaines.. Kof... sur l’île précédente… Kof… Arrêtes de poser d’autres questions et diagnostiques… Kof… »

      Un gars s’effondra en crachant une nouvelle quiche plus dure et compacte qu’une assiette de plomb. Une porte claqua avec violence et des pas lourds firent grincer le bois du pont principal.

      « ALORS QUOI ? TOUS A POIL ET ON S’CARESSE ?! BOWAHAHAHAHAHA ! J’étais prêt à canonner avec l’autre Bik’ là-bas en-dessous et voilà l'ambiance du dessus ! Bowahaha !!!»

      Biggest Storm déboula avec un canon sur son épaule, dans l’ombre de l’entrebâillement de la porte menant à la cale, on devinait la silhouette de Bikaros qui observait la scène. Le canonnier posa l’un de ses pieds sur un tas de cordages et donna de la voix aux rires d’Abe. Les deux plus gros rigolards s’en donnaient à cœur joie.
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      En fait non, Rastignac n'avait jamais rien vu d'aussi moche, enfin, pour un humain. Le médecin réprima un envie de rire de la scène, d'ailleurs, heureusement qu'une brume épaisse était présente, sinon, un navire passant au large, aurait eu une scène étrange à décrire dans son journal de bord. Malgré la laideur de Scab et la scène plutôt insolite, le médecin esquissa un sourire à la tirade de Biggest Storm. Décidément, cet équipage de pirates semblait de joyeux lurons, un peu cinglés mais surement de bons gars. Alignés, en rang d’oignons, les coquillettes à l'air, les pirates attendaient que le médecin les examine. Rastignac sorti une paire de gants en latex de sa poche arrière et les enfila.

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      Voyons voir un peu tout ça..

      Après plusieurs comparaisons, ils souffraient tous de la même chose, excepté un seul type, l'aspect et la texture ressemblait effectivement à des piqûres mais Rastignac n'en avait jamais vu d'aussi grosses. Ils n'avaient jamais vu d'abeilles humaines non plus d'ailleurs.. Il manipula Scab dans tous les sens, le pauvre se retrouvant quelques fois la tête en bas ou dans une posture tellement inconfortable et gênante qu'on vous passera les détails. Une fois l'examen fait en profondeur (ne cherchez pas un jeu de mot, il n'y en a pas), le toubib reposa Scab sur le pont du navire des pirates. Il se gratta le menton et chercha dans son sac un livre. le manuel était tout petit et c'est avec des pinces que le géant le manipulait, zieutant le contenu aux lunettes de précision.
      Spoiler:
      Humm.. Bon ! J'ai deux bonnes nouvelles.

      Reposant le livre dans son sac, le géant fit volte face et se pencha vers les pirates en s'accoudant sur son bastingage.

      La première, c'est que vous n'allez pas mourir, enfin, pas tout de suite du moins.. C'est indiqué dans le livre que je viens de lire, les plus forts d'entre vous vont passer plusieurs jours dans un état lamentables mais devraient survivre.. La deuxième, c'est que j'ai un moyen de vous soigner mais ça ne va pas vous plaire..

      Le médecin cherchait comment formuler avec tact et doigté sa proposition afin que les pirates l'acceptent. Ce n'était pas tant qu'il avait peur de les choquer, il pouvait être franc et direct mais Rastignac le savait très bien, des pirates comme eux, trop fier pour demander assistance, préféreront surement voir mourir quelques uns d'entre eux plutôt que de suivre le traitement..

      Le traitement est en deux phases, la première consiste à détruire la chambre des toxines que provoquent ses piqûres. Pour ça, vous devez chauffer près des endroits où vous avez été piqué puis, après une petite incision, faire écouler le venin et si jamais il ne sort pas.. Vous devez sucer la plaie pour l'aspirer et recracher le venin tout de suite... Je sais, je sais.. Ne me regardez pas.. Je vous aurai bien prescrit un anti-venin mais c'est assez difficile de trouver en pleine mer ce qu'il faut..

      La deuxième étape sera de purger votre organisme du venin déjà assimilé par vos tissus. Pour ça, vous allez devoir suer, suer beaucoup.. Vu votre forme physique et le peu d'espace à bord, ça va être complexe mais il va falloir le faire. Vous n'auriez pas un Sauna à bord ?  
        Tout en prenant appui sur la hanche du géant, Scab sauta sur le pli d’un vêtement. Après plusieurs bonds poussifs, il arriva à la hauteur du coude sur lequel il se hissa. Claudiquant et ses fringues sur l’épaule, il marcha le long de l’avant bras jusqu’à sauter depuis al main qui tenait le bastingage du Fâcheuse. Le son typique de la jambe de bois qui vint heurter le bois usé par le sel ne trompait pas l’équipage quant à la suite des directives. Le contremaître allait gueuler. Il dégaina son sabre de son fourreau tout en balançant le reste de ses fripes au sol.

        « C’est pas le jour du seigneur, mais vous allez faire une file pour vous faire bénir par les flammes et baptiser par cette lame ! Bougrededieu ! Que ceux qui ont encore des sacoches accrochées entre les guibolles s’avancent les premiers ! Biggest Storm ! Sacrerouge ! Montre donc tes talents à nos gars ! Zagahaha ! »

        Terrifiant, voilà ce qu’aurait pensé le premier civil qui aurait vu s’opérer cette scène. Une trentaine de bonhommes, déjà cicatrisés plus que le corps ne peut en contenir, qui font la queue en attendant qu’un monstrueux barbu craque du souffre et de la poudre au dessus de leurs plaies. Ensuite, c’est un affreux nabot déjà fripé par le temps qui les taillade bien grossièrement pour faire suppurer suffisamment de sang et de liquide transparent pour ne pas avoir à y revenir deux fois.

        Le manège dura près d’une heure trente, temps durant lequel l’ensemble des gars passa. Les cris que certains poussèrent auraient pu alerter jusqu’à Marijoa de la présence d’une embarcation en plein milieu de la brumeuse Grand Line.  C’est aussi pendant ce temps que Abe partagea un tonneau de rhum entier, l’un des derniers, avec le toubib géant. C’était pas vraiment dans l’esprit de l’équipage que de remercier, mais c’était surtout parce que le second n’aimait pas boire seul longtemps. Il fallait toujours qu’il puisse engrainer plus solide que lui sur le terrain de la picole. Et puis, il n’était pas homme à qui l’on refuse un godet. Encore moins un tonneau.

        Bylly ne passa pas entre les mains de Scab et de Storm, il se taillada lui-même avec sa propre lame et c’est avec la bougie d’une des lanternes qu’il se fit exploser les cavités venimeuses. De Latre était à pied d’œuvre pour recoudre les plaies béantes, à poil, mais le médecin pirate ne chômait pas et il avait cette capacité à recoudre aussi vite que Tournebroche embrochait. C’est donc tout naturellement que La Cloque passa en dernier, après les hommes dont il avait la charge.

        « Zar ! Zar ! Alors monsieur le contremaître ? Voilà que nous en arrivons au second passage du traitement ! Zar Zar ! Que proposez-vous ? »

        Scab faisait la tête d’un homme qui savait fort bien qu’il allait être jugé sur sa réponse. Abe savait que Tournebroche venait d’user de son autorité sur les hommes bien trop souvent depuis que le braquemart titanesque s’était présenté, ce genre de situation mettait les nerfs à vif de beaucoup. Tout en se rhabillant, il balança vers l’entrebâillement de la porte de la cale d’où une silhouette continuait à les observer.

        « Bik’ ! Morbleu ! Va secouer les puces de ce gros porc de Boll ! Qu’il écrase tout ce qui reste de citron dans tout ce qui reste de rhum ! »

        Bylly se laissa tomber sur le dos tout en regardant la brume qui cachait le ciel.

        « Gahahaha… Bien… bien… »

        Puis, Scab, se tournant vers le géant.

        « Les citrons donnent de l’énergie non ? Vitamine, c’est ça ? »

        De Latre leva le doigt pour répondre à la question, discrètement.

        « Quand j’aurais besoin d’une couturière ou d’un boucher, je te ferais signe l’Noblio… »

        L’équipage se marra bien gras. Tandis que l’asperge répondait par l’affirmation, deux tonneaux ouverts par le haut furent déposés avec violence par les bras graisseux de Boll. Le gras cuisinier de l’équipage, victime du fruit du porc. Il lui allait comme un gant crasseux.

        « Ché pas qu’est-cé qu’tu veux la Cloque… Mais c’que j’ché c’est qu’c’est du gâchis ! Peuh ! »

        Il cracha un mollard plus noir que de la poudre à canon et retourna dans la cale tout en s’épongeant le front avec son tablier rouge de sang.

        « Il va falloir se dépenser bougres d’affreux ! Buvez tant que vous pouvez ! Zagahaha ! Que la douleur se fasse muette d’ivresse ! Zagahahaha ! »

        Un Yoho puissant fit se précipiter les gars vers l’un des tonenaux, l’autre revenait naturellement à Bylly, ou du moins, une partie du tonneau, le reste, aux maîtres d’équipages. Abe, Biggest, De Latre et Scab furent ceux qui partagèrent le rhum citronné. Pis du citron, il y en avait à bord, ce n’était pas le genre de l’équipage de consommer du fruit. Pour une fois.

        Il fallut moins d’une dizaine de minute pour finir vingt litres d’un rhum de North Blue au goût d’agrume. Les bouches s’essuyèrent d’un revers de main et les cœurs se remplirent de chants enthousiastes.

        « Zar ! Zar ! C’est pas de la transpiration ça ! Zar Zar ! »

        Tournebroche ne releva pas et se contenta d’aller vers le gouvernail sans un regard vers le géant qui assistait à la scène en se marrant de toute sa masse. Seul Bylly était réellement actif, il venait de remettre sur ses épaules son épais manteau et son tricorne. Presque à voix basse, il interpella le sauveur.

        « Monsieur le Médecin ! … Vous nous avez demandé de suer ! Par le cul des sept nonnes du saint Père, nous suerons gras !! GAHAHAHAHAHA ! »

        BOWAH !

        La gueule d’éclopé soiffard d’Abe s’ouvrit bien large et il lâcha une boule bleue d’une puissance et d’une rapidité égale à son cri de dément. Elle percuta le géant en pleine poitrine et il retomba sur le cul de son embarcation.

        « HISSEZ HAUT LA VOILE ET SORTEZ LES CANONS TAS D’IMPOTENTS !! DU MOUVEMENT ! DU MOUVEMENT !»


        BOWAH YAAAH !


        Une boule plus plate que la première s’extirpa de sa gorge toute déployée et percuta la surface de l’eau. Une vague monstrueuse souleva l’embarcation jusqu’à une trentaine de mètres de là tandis que les voiles se gonflaient déjà et que Tournebroche entamait les manœuvres autour du géant.

        « Feu ! GAHAHAHA ! »
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        Tout le monde se trompe.. c'est ce qu'aurait pu dire le médecin si il n'était pas occupé à se redresser après s'être fait renverser comme une crêpe sur sa coque de noix. Il s'était fait surprendre et ne comprenait pas vraiment ce qui lui tombait sur la tête. Quand il se releva enfin, les pirates avaient déjà un peu de distance. Il zooma avec ses lunettes pour comprendre ce que diable faisait ces bougres d'ânes. Le géant écarquilla les yeux, ces abrutis chargeaient les cannons et..

        Le premier boulet de la salve frôla la tête du géant, les autres frappèrent l'eau, créant des gerbes plutôt impressionnantes qui trempèrent le médecin. Celui ci, toujours dans l'incompréhension la plus totale se refusait à croire que les types avec qui il avait passé les deux dernières heures étaient en réalité, des vrais loups des mers. Ce qu'il avait prit pour de la fierté était en fait, bel et bien une "prise d'otage".

        Bha mince alors...

        Le géant ôta ses lunettes et les rangea dans son sac alors qu'une deuxième salve, tout aussi précise le frôla à nouveau. La troisième eu plus de succès, deux boulets vinrent percuter la barque d'ankou et le troisième fit voler en morceaux une latte du navire. Cette latte, sous la forme d'échardes se planta dans le cuissot du géant qui réprima une grimace. Tout ce petit manège commençait singulièrement à l'agacer.

        Avant que les pirates lâche une nouvelle salve, le médecin se mit débout dans son embarcation, saisit à une main son aviron, palette vers l'avant. Il opta pour le démâtage et lança son aviron comme un sportif lance un javelot. Sans regarder le résultat il ramassa son pistolet à seringues hypodermiques et glissa une cartouche de seringues taille humaine dedans. Il arma son pistolet et le pointa vers le navire, il déchargea la totalité de son chargeur en tir courbé, sans vraiment beaucoup de précision mais dans la masse, quelques uns, surtout ceux sur le pont, en recevraient peut être une.

        Mais ce n'était pas fini, Rastignac voulait aller dire deux mots aux pirates qu'il avait aidé, il se déshabilla à son tour mais garda un peu de pudeur, lui. En short, il s’apprêter à plonger quand la quatrième salve le faucha. Il vit venir les boulets, il plaça ses bras devant lui pour se protéger. L'impact fut rude, rastignac déséquilibré, tomba à l'eau en arrière. De loin, les pirates pouvaient avoir l'impression d'avoir terrassé la montagne.

        Malheureusement pour eux, une silhouette sombre, dans l'eau, se dirigeait vers eux..

          « BOUGEZ-VOUS BANDE DE FEMELLES ! DU MOUVEMENT ! DU MOUVEMENT ! FAUT QUE JE SENTE VOTRE TRANSPIRATION JUSQUE DANS MES NARINES ! »

          Tournebroche faisait tourner le gouvernail à s’en faire des nœuds avec les bras, il commençait à en avoir les poils roux de son contour de barbe qui suintaient de transe. La dizaine de gars dans les voiles en suaient deux fois plus en suivant le rythme des manœuvres de leur contremaître. Le gars de la vigie hurla avec caisse.

          « AVIRON EN PLEIN FLANC ! »

          « Bordel ! Aviron ?! CAPITAINE ! »

          Bylly, main sur la garde, entamait déjà une course sur le pont du Fâcheuse. La lame sombre sortit de son fourreau et, après un pied d’appui sur le bastingage, Brandson sauta en tranchant l’air. Une lame de vent vint fendre net l’objet en deux bouts distincts qui allèrent percuter l’eau à l’avant et à l’arrière du bateau. Le capitaine plongea dans la flotte pour finir son assaut.

          « Capitaine à la mer ! »

          « ET VOUS CROYEZ QU’IL VA REMONTER PAR L’OPÉRATION DU SAINT ESPRIT ! QUE DEUX HOMMES LUI ENVOIENT UNE LIGNE DE VIE ! »

          Plusieurs gars coururent et balancèrent plus de cordages à la flotte qu’il n’y en avait dans les voiles.

          « Seringues ! »

          « JE VEUX VOIR DES SLALOMS DIGNES DES MOUVEMENTS DE BASSIN D’UNE FEMME DE NORTH BLUE ! PARBLEU ! »

          C’était moche à voir, alors que les canons continuaient à gueuler leurs boulets, les matelots faisaient un footing au milieu d’une pluie de lames piquantes. Dégoulinant. Certains tombèrent avec le mollet percé et Scab se retrouva avec une seringue plantée dans la lèvre.

          « Il est sous l’eau ! »

          « BIK’ ! GRILLE ‘OI C’TT ‘ A’PERGE ! P’’’ ! » (Bik’ ! Grille moi cette asperge ! Parbleu)

          Rastignac était sous la flotte impétueuse de la deuxième plus dangereuse mer du monde dans un concours de brasse coulé. Malheureusement, géant ou pas, l’ombre rapide de Bikaros fusa dans sa direction avec la vitesse propre à ceux de sa race. L’homme-poisson de la race des anguilles s’agrippa au cou du colosse et une décharge électrique violente lui fit cracher l’intégralité de son air, forçant la masse à remonter à dix mètres du Fâcheuse. Scab se redressa sur le bastingage, corde en main et sabre dans l’autre. Il était en sueur comme pas permis. La peur et l’excitation aux tripes, limite un sourire.

          Si Rastignac avait pensé à regarder la Cloque à ce moment là, il aurait vu le plaisir au fond de ses yeux. Les pirates en face de lui ne semblaient pas spécialement vouloir l’envoyer rejoindre les bas fonds, mais ils semblaient surtout beaucoup s’amuser en se dépensant intelligemment. Alcool ou pas, c’était un fait.

          « TOUS A L’ABORDAGE DE CETTE CARCASSE ! SAUCISSONNEZ-LE ! TRANSPIREZ DANS LA FLOTTE COMME SI VOUS VENIEZ AU MONDE! »



          Plouf d’unijambiste.


          « Zar Zar… Je passe mon tour »

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          Nager n'avait jamais été un problème pour Rastignac, bien au contraire, il adorait ça. Sur Erbaff, dans sa jeunesse, il pêchait en apnée des coquillages et poissons. Quand il débarqua sur Drum, il se mit à la nage classique et de façon sérieuse, cela prit du temps à cause des températures glaciales mais il y arriva. Dès lors, se baigner dans n'importe quel océan ou même rallier deux îles à la nage n'était plus un problème pour le géant. Son entrainement à la chasse sous-marine développa sa cage thoracique et ses capacités pulmonaires, si bien qu'il pouvait parcourir une grande distance en apnée.

          C'est d'ailleurs ce qu'il comptait faire pour aborder le navire des pirates ingrats. Craignant de recevoir une nouvelle salve de boulets qui lui avaient amochés les avants bras, il décida de parcourir la distance qui les séparaient sous l'eau, à l'abri des coups de canons. Il n'était plus très loin d'eux, à une brasse de la coque des pirates quand une décharge lui foudroya l'épine dorsale. Il n'avait pas vu l'homme poisson arriver, il faut dire qu'il n'avait pas de masque ou lunettes de plongée et que la visibilité était médiocre. La décharge le força à regagner la surface et à s'exposer de nouveau, aux tirs des canons et autres félonies des pirates.

          La peau du cou légèrement cramoisi, le géant s'emporta et tapa à la surface de l'eau à plusieurs reprises avec le plat de sa main pour provoquer des ondes de choc sous l'eau. C'était une technique de pêche très souvent utilisée dans le monde; Cogner fort la surface avec une rame de façon à sonner les poissons. Vu la grandeur de sa main, l'action fonctionna plutôt bien, ce qui lui permis d'agripper l'homme anguille après une rapide plongée pour le débusquer.

          Rastignac remonta à la surface et projeta comme une simple balle de baseball l'homme poisson à bord du navire. Se servant des voilures pour amortir le choc et être sur qu'il retombe bien à bord. Les canons se remirent à cracher leurs munitions létales mais sans grandes précisions. La fatigue, l'alcool et les plaies des marins, ne les aidant surement pas dans leur basses besognes. Pour faire taire ces bouches à feux, Rastignac se prit pour un pélican et emmagasina dans sa bouche une quantité impressionnante d'eau de mer  qu'il projeta telle une puissante lance à incendie sur la bordée des pirates, renversant au passage bon nombres d'eux par le choc. L'eau pénétra aussi dans les canons et sur les réserves de poudres ou sur les mèches, résultat, une bonne partie de la bordée était inutilisable.

          Le corps du géant n'était pas non plus indemne, la décharge électrique l'ayant bien secoué, il commençait à fatiguer, les battements de son cœur étaient puissants et sourds. Un courant électrique subsistait à lui parcourir l'échine du dos, sensation on ne peut plus désagréable. De plus, des pirates plantaient grappins sur grappins dans ses chairs afin de l'entraver et de lui grimper dessus. D'autres hommes se lançaient à l'abordage grâce à des bouts suspendus sur les baumes de mâts. Refusant de s'occuper un à un des pirates, au risque de les blesser sérieusement. Rastignac opta une nouvelle fois pour une plongée rapide. Provoquant de grands remous à la surface, gênant la nage de certains pirates. Une fois sous l'eau, il agrippa l'ensemble des bouts et cordages qui le lié au navire, il les rapprocha et au final, prit en main une seule tresse faites  des dizaines de bouts. Il tira un coup sec, aussi sec qu'il pu car il était sous l'eau (ceci est un double jeu de mot \o/) pour faire basculer le navire et/ou tirer les hommes à la mer.

          Dans sa plongée, les pirates qui s'étaient accrochés à lui, lâchèrent peu à peu leurs prises, de peur d'être entraînés vers le fond. Le cœur battant désormais à une vitesse vertigineuse, le géant devait mettre un terme à la plaisanterie pirate avant d'être touché sérieusement. Il arracha un grand coup les cordages restant, faisant gîter dangereusement le navire et il ne toucha pas aux grappins qui lui trituraient la peau. Il se focalisa sur le fond, à la recherche d'une pierre. Le fond n'était qu'à 35 mètres, quelques brasses, tout au plus pour lui. Il trouva son accessoire de pacification et remonta en flèche après avoir pris appuis sur le fond. A la sortie il brandit la pierre dans son immense main au dessus du navire. La pierre, bien lourde pour lui, devait représenter le quart du navire.


          Ça suffit maintenant ! Calmez vous ou je vous colle une météorite dans la trogne !

            C’était la débandade océanique dans la flotte impétueuse de la route des périls. Le géant n’était pas homme à se faire captif aussi facilement, les différents grands coups secs qu’il avait opéré sur les bouts avaient fais giter dangereusement le navire, les canons roulaient, sous la puissance, de tribord à bâbord. Certains hommes s’étaient fais aspirer dans la bouche et s’étaient fais propulser à la manière d’un geyser sur le pont principal, d’autres avaient profité d’une puissante vague pour réintégrer le plancher des vaches marines. Tournebroche gueulait comme un sourd et tirait sur l’ensemble des cordages qui passaient à proximité de ses membres balafrés. Si bien qu’au bout de quelques minutes de lutte, il serrait entre ses chicots plus de cordages qu’il avait de cheveux. La bave aux lèvres, encourageant ses hommes.

            « GNAAAA ! BANDE DE MAUVIETTES ! GNAAAA ! »

            Puis le géant plongea et Scab lâcha le tout en avalant une rasade  de sel conséquente. Il remonta à la surface en crachant un mélange de rhum citronné et d’eau salée avant de gueuler une nouvelle fois.

            « Vous n’avez pas assez… »

            ZZZzzzZZ
            ZZzz
            ZZZZzzzzZZ ROoooon ZZzzz


            « Zar Zar … Beau boulot contremaître ! Zar Zar… »

            Abe était accoudé au bastingage et saluait Scab de son tricorne dans un rire franc et vivant. L’ensemble de l’équipage ronflait dans des positions rocambolesques au milieu des débris et certains encore accrochés aux bouts sur lesquels ils s’étaient hissés pour remonter à bord. Tournebroche était le seul homme encore à la flotte, en sueur malgré la température et l’humidité de l’océan des Périls. Bylly ronflait avec la garde de son sabre devant les yeux et enroulé dans son épais manteau noir.

            Soudain le niveau de la mer s’éleva et Scab se fit embarquer à plusieurs mètres au-dessus du sol sur le crâne chevelu du géant binoclard, un caillou suspendu dans les airs entre ses mains.

            Ça suffit maintenant ! Calmez vous ou je vous colle une météorite dans la trogne !
            Tout en tapant de la jambe de bois sur son crâne, Tournebroche l’avisa.

            « Parbleu ! Ça va pas de faire tout ce boucan ?! »


            Silence.

            « Zagahaha ! Bon diagnostic Doc’, j’avais jamais vu les gars ronfler comme ça du sommeil du juste, pour sur que le remède était bon ! Zagahaha ! »

            Tournebroche continua à taper du bout de sa guibolle de bois sur le crâne du toubib jusqu’à ce qu’il le repose sur les lattes du ponton. Après un craquage de lombaires, la Cloque pencha de nouveau la tête en arrière.

            « Belle bataille l’asperge… »

            Il se retourna et commença à escalader les marches en écoutant le géant et, au terme de sa claudicante ascension, il lança.

            « … On te libère…. De tes obligations ! Keuf… Ah… J’ai sommeil aussi… Je vais juste faire un somme… Et… »

            « La Cloque… Hmmm… T’es de quart jusqu’à l’aube… Pis t’annonceras aux gars qu’il n’y a plus de rhum… Hmmm »

            « … A vos ordres Capitaine ! »

            Brandson s’enroula de nouveau dans son menton, tandis qu’Abe titubait dans sa cabine en délirant seul. De nouveau.

            « Prudence sur la route le Toubib, c’était un sacré remède ! Zagahaha… Scab Tournebroche, ne retiens pas ce nom, tu l’entendras jamais, retiens juste que Bylly Brandson, la Lame Sombre, deviendra le plus redouté des mers… Palsambleu ! Zagahahahaha… »

            Il écouta le nom de la tige, puis rigola.

            Un nain au gouvernail d’une épave, seul parmi les endormis. Avachi sur sa roue, il toussotait, encore une fois le contremaître avait fais son boulot… Il n’eut la force que de continuer à rire en regardant le géant disparaître dans la brume.




            Hrp:


            Dernière édition par Scab Tournebroche le Sam 17 Aoû 2013 - 17:12, édité 1 fois
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            Haletant, épuisé par l'affrontement, le géant luttait pour se maintenir à la surface et l'eau tandis qu'il menaçait le navire avec son énorme pierre. C'est avec un soupir de soulagement qu'il accueillit la "reddition" des pirates. Aussitôt, il lâcha son projectile rocailleux qui retourna d'où il venait, au fond des océans. Le médecin aida les hommes encore dans l'eau à remonter à bord puis il s'agrippa aux bastingages du navire en prenant soin de ne pas trop le faire gîter. Le médecin inspecta l'équipage à la recherche de personne à soigner mais il n'y en avait point. L'homme n'était pas du genre rancunier, il avait calmé les pirates aux prix de quelques contusions. Sans y prêter très attention, il écouta d'une oreille le charabia du capitaine, sa fausse modestie et ses bons conseils.

            Je suis le Dr Rastignac, membre des Toubib 20 et peu m'importe qui vous êtes, je n'ai fait que mon métier. C'était stupide de me provoquer et je trouve votre comportement particulièrement ingrat. Je ne demande jamais d'honoraires quand je propose mes services mais pour une fois, je vais faire une exception.

            Vous allez me payer le prix d'une consultation par membre de votre équipage et j'ajouterai à ça un dépassement d'honoraire pour m'avoir malmené. Je ne suis pas vache, je pourrais vous faire sombrer d'une main, ne faites pas le radin et payez moi ou je termine ce que j'ai commencé.

            De plus, en bon médecin, je vous avertis que si j'entends parler de vous en mal et que j'apprends que vous semez la mort ou le malheur sur votre passage, je reviendrai vous faire une piqûre de rappel et croyez moi sur parole. Je ne me contenterai pas de brandie un caillou au dessus de votre tête.

            A la revoyure messieurs...


            C'est ainsi que s'acheva cette rencontre improbable en haute mer. Le médecin récupéra sa rame fendue en deux et la noua avec des cordages tant bien que mal. Rastignac rafistola sa petite baque, écopant l'eau et colmatant les petits brèches causés par les boulets. Ensuite il s'occupa des grappins restés dans ses chairs, tels des hameçons pour vous les humains. Il se rhabilla et jeta un dernier regard au navire pirate mais celui ci avait déjà disparu dans l'épaisse brume.


            Fin