Once upon a time... Waram le Marine

... Et c'est ainsi que se termine l'histoire de Waram et de sa mésaventure chez les Marines. Enfin, fini. Non, pas tout à fait ! Car ... Quoi ? Pourquoi vous tirez cette tronche ? ... VOUS AVEZ QUOI ??? ... Mais j'y crois pas... Je me casse les noix à vous raconter la seule histoire de Waram où je réussis à mettre de l'intérêt, et vous... Vous ratez le début ?? Bon... C'est bien parce qu'on me paye cher, mais je veux bien recommencer. Par contre je vous préviens, cette fois, je fais aucun effort pour la rendre agréable, vous aviez qu'à être là. Non, mais !

Souvenez-vous de la dernière fois que je vous ai parlé de Waram. Il était sorti de ce qu'on appellera un rêve faute de mieux, et s'était retrouvé nez-à-nez avec un vendeur de sardines. Reprenons ici. Ce dernier beuglait sans même regarder autour de lui s'il y avait du monde ou pas :

" Elles sont bonnes mes sardines, elles sont bonnes ! "

Tandis que l'autre couillon se grattait la tête à essayer de comprendre ne serait-ce qu'un mot de cette phrase, le bougre aux sardines continuait sa route, si bien qu'il ne s'adressèrent jamais la parole. Oui ? Un soucis ? Ah, je vous avais dit que c'était nul à chier. Et puis vous devriez commencer à vous y habituer, maintenant... Mais tiens, tant que j'y suis, profitons de ce moment de calme pour situer un peu le personnage. Waram Reszuph, plombier-chauffagiste moustachu. Un mètre trente environ, porte une salopette bleue sur un pull et un casquette rouge. Une jeune fille modèle, quoi. Qui se prend pour un bonhomme à cause d'un traumatisme de jeunesse ( arrivé deux jours plus tôt ). Le tout amnésique, bien sûr, sinon c'est pas drôle, et qui ne parle pas la langue locale, histoire de rajouter un peu de joyeuseté dans tout ça. C'est bon, vous l'avez ? Bon, mettez le tout perdu sur une île qu'il aurait mieux valu déserte, et vous devriez avoir une bonne d'ensemble de la situation. Situation qui ne tardera pas à chauffer, mais je vous laisse le peu de plaisir qu'il peut y avoir à découvrir la suite.

" Bon... Qu'est-ce que je fais, moi maintenant ? "

Ah c'est vrai ça, qu'est-ce qu'il allait bien pouvoir foutre ? Bah faire comme tout le monde et fouiller l'île pour voir où tu es. Bah oui, c'est les bases, quand même... Waram se mit donc à marcher un peu au hasard sur cette île qui ne lui disait rien de bon. Rien de mauvais non plus d'ailleurs, mais on s'en fiche de ça.
La faim choisit ce moment précis pour se manifester, via un grognement abdominal qui dura une bonne douzaine de secondes avant de s'éteindre paisiblement pour laisser place à une douleur lancinante toujours au même endroit. Oui, tout ça pour dire qu'il avait faim. Il se mit donc à faire ce qu'il faisait de mieux : partir à la chasse au champignon...



***



" Dis-moi, Morris, tu sais pourquoi ils nous ont mis à ce poste ?
- Bein... C'est pas pour qu'on surveille l'entrée de secours ?
- Mais non, triple idiot ! Ça c'est la raison aux ficelles.
- La quoi ?
- La raison aux ficelles. Ça veut qu'on dit à tout le monde qu'on le fait pour ça, mais en fait, non ! On le fait pour autre chose.
- Mais... J'ai rien dit à personne, moi. Du coup, j'ai pas de raison aux ficelles ?
- Non mais attend, c'est là que c'est fort. En fait, nous on n'a rien besoin de dire, c'est les autres qui le disent.
- Ah d'accord... Mais ils le disent à qui ?
- Bah à tout le monde. Comme ça, personne sait pourquoi on est là en vrai.
- Et nous, on le sait ?
- Ah bah non, sinon c'est plus aux ficelles ! "




***



Pendant ce temps, Waram avait trouvé son bonheur. Il venait d'enquiller une trentaine de champignons, tous plus délicieux les uns que les autres ( enfin, ça, c'est lui qui le dit ). Comble de la chance, un petit ruisseau passait non loin. Il se posa au pied d'un arbre repu et désaltéré. Une sieste plus tard, il était prêt pour une journée pleine d'aventure. Notre plombier suivit le ruisseau vers l'amont en se disant.... En se disant pas grand chose en fait. Une longue marche se profilait, et vu qu'on a tous déjà entendu cent fois une histoire de marche solitaire dans la forêt durant laquelle il ne se passe rien, je vais vous épargner ce supplice. Avançons donc au moment où il se passe quelque chose ( oui, bon, tout est relatif... ). À un moment, Waram put entendre :

" Dîtes, chef. Y'a un truc que j'ai pas bien saisi, tout à l'heure. Pourquoi je dois vous appeler chef et vous dire vous ? On est pas du même grade ?
- Si, mais c'est moi qui suis le chef. Je dois charger la mission.
- Ah bon ? Mais pourquoi on me l'a pas dit à moi ?
- Mais tu le fais exprès ? Ils l'ont dit devant nous, quand le Colonel a dit « Tristan et Morris, vous filez surveiller l'entrée 12. ». Il a dit mon nom en premier, donc je suis le chef.
- Ah d'accord. Et quand est-ce qu'on s'occupe de notre vraie mission, celle qu'est pas aux ficelles ? "


Waram ne comprenait pas un mot de ce que disaient les deux compères ( qui s'étaient forts bien trouvés, soit dit en passant ). Il ne savait pas que des gens pouvait parler une autre langue que la sienne, et cela le déconcerta un moment. Il décida donc de s'approcher pour tenter d'en savoir plus.

" ... Et c'est pour ça qu'on doit fait semblant de surveiller.
- Ah... Oui, je vois... Nan, en fait j'ai rien compris, chef... Hey, y'a quelqu'un là !
- Où ça ?
- Là, devant. Mais du coup, on surveille ou on surveille pas ?
- On surveille pour l'instant. C'est quoi déjà la phrase qui faut dire ?
- C'est pas, euh... Ah zut, je l'avais...
- Halte au feu !
- Ah oui, voilà ! Halte au feu, moi aussi ! "


Waram ne bougeait pas. Pas à cause de la demande des gardes, c'est juste qu'il était planté là avant. Il tenta une phrase dans sa langue, au cas où.

" Bonjour, je m'appelle Waram, et vous ? "

Ça c'est ce qu'il s'était entendu dire.

" Tagazok, eoylimadouarame, enoello ? "

Ça, c'est ce que Tristan et Morris entendirent. Pas la peine de vous dire qu'ils n'avaient rien compris.

" Chef... J'ai peur... On dirait qu'il parle aux démons... Vous croyez que ça peut être un démon nain ?
- Mais non, ça existe pas les démons nains. En fait, en dessous de deux mètres, on n'appelle même pas ça un démon. On dit un... Un Gueux Nome.
- Donc c'est un Gueux Nome nain ?
- Ouais ça doit être ça.
- Et c'est dangereux ?
- Ah c'est bourrin, quand même. Mais ceux-là ils peuvent pas nous maudire. Ils sont pas assez épithètes.
- Ah, d'accord. "


Manifestement, la tentative de Waram avait été un échec. Il essaya autre chose. Il se pointa du doigt en prononçant son nom, puis tendit le doigt vers eux. Il répéta l'opération plusieurs fois pour bien se faire comprendre.

" Et ça, c'est pas des gestes ... Comment on dit ? Ah oui, réseau-métriques ?
- Hein ?
- C'est quand on fait de l'oculiste. Ça veut dire qu'on parle aux démons.
- Donc il parle aux démons, j'avais raison ! Mais ça va pas nous tuer, ça ?
- ... Bah mince, si ! Vaut mieux qu'on se tire de là vite fait mon vieux ! "


Ils n'attendirent pas pour courir à travers les bois sans se retourner.

" Bah, pourquoi ils sont partis ? "


À suivre...