- Haha ! Vous savez ce qui a dû se passer ? Comme les caisses étaient lourdes j’ai dû confondre les caisses de pierres précieuses avec celles-là…
- Moi je pense que tu as plutôt voulu nous rouler.
L’équipage avança d’un pas vers moi en dégainant leurs armes.
- Et cette trahison, tu vas la payer de ta vie.
- Qu’on le jette par-dessus bord !
- Excellente idée. Sortez la planche !
Deux pirates partirent installer la fameuse planche pendant que les autres me surveillaient de près, toutes leurs armes pointées sur moi. Quand elle fût sur place, ils m’escortèrent alors jusqu’à l’endroit indiqué pour plonger et une fois que j’y fus installé, dos à la mer, me firent jeter mes armes à leurs pieds. Tous me regardaient, me dévisageaient, attendant une sorte de discours, mes derniers mots prononcés avant de sombrer dans les profondeurs de la mer. Voyant que je ne disais rien, l’un des membres de l’équipage prit la parole.
- Tu sais, la planche ne paraît pas être une épreuve difficile pourtant, il est impossible de naviguer sur cette mer sans ceci.
Il désigna du doigt le Log Pose de leur navigateur.
- En admettant que tu saches nager, même longtemps et dans l’hypothèse que tu ne croises pas de monstre marin, tu ne pourras jamais trouver le chemin d’une île.
- … ça tombe bien que tu évoques les monstres marins, parce que je ne savais pas comment annoncer ce qui arrive derrière vous.
Je pointai du doigt la mer, dans laquelle évidemment aucun monstre marin n’était visible. Tous se retournèrent. Je saisis ma chance, sauta de la planche vers le pont, attrapant une de mes rapières et attaquant le pirate le plus proche de moi. Voyant qu’aucun monstre marin n’attaquait le navire, les pirates se retournaient. Mon coup fût paré. Deux pirates contre-attaquèrent à l’épée. Je parai le premier coup mais reçu le second qui m’entailla légèrement le bras droit. La surprise me fit lâcher ma rapière. Je la regardai glisser au sol puis relevai la tête pour découvrir une dizaine de revolvers pointés sur mon crâne.
- Hahaha …
Je retrouvais rapidement ma place sur la planche. Je ne voyais que deux issues possibles. Je pris tout mon temps pour crapoter une cigarette que j’avais demandée comme dernière volonté. Pendant ce temps deux pirates descendirent à la cale préparer les rames. Ils avaient donc une solution pour repartir sans gouvernail… au moins le temps d’atteindre la prochaine île et d’y faire réparer leur bateau. Chaque latte aspirée me rapprochait du moment où je devrais choisir entre plonger dans la mer ou mourir d’une balle de leurs revolvers. Ces bouffées étaient encore plus douloureuses du fait que je n’étais pas fumeur et que je n’avais demandé ça que pour gagner du temps et que je m’efforçais de ne pas tousser pour ne pas éveiller les soupçons. J’aperçus un navire s’approchait en face de moi… dans leur dos. Sans voir de drapeau, je décidai tout de même de saisir ma chance. Je ne pouvais pas laisser une bande de minables mettre fin à mon aventure ici. Je jetai la cigarette à la mer avant de prendre la parole.
- Les gars… Je ne me rappelle jamais. Les bateaux avec des voiles blanches, une mouette bleue et écrit MARINE en gros, c’est les bateaux de la marine ou des pirates ?
Les types me dévisagèrent avec un regard qui en signifiait beaucoup sur le Q.I qu’ils étaient en train de m’attribuer. Après quelques secondes, l’un d’eux se décida à me répondre.
- Euh… la marine, t’es débile ou quoi ?
- Ah non, c’était juste pour être sûr vu qu’un de leur navire fonce droit sur vous.
Les pirates retombèrent dans le piège. Je profitai de cet instant où tous retournés il ne me voyait pas m’enfuir. Je me suspendis alors à la planche, bras tendu et accédai à la cale du navire par un sabord en écartant des jambes le canon qui l’utilisait.
Je me précipitai sur une caisse d’armes que j’avais repérée pendant le voyage et y saisis une demi-douzaine de revolvers que je glissai à ma ceinture et deux que je gardai en main. Je remontai sur le pont pour découvrir un vrai champ de bataille. Le bateau qui s’était approché était effectivement un immense galion de la marine et qui, surement après avoir vu le drapeau et les hommes armés sur le pont, avait décidé d’aborder notre petite embarcation.
Tout s’exécuta très vite. Les soldats du gouvernement étaient plus nombreux et plus forts que nous. Nous fûmes rapidement désarmés et arrêtés. Mes tentatives de me défendre d’être un pirate furent veines. Le plus haut gradé me regarda et dit.
- Comment faire confiance à un type qui porte autant de pistolets à la ceinture ?
On nous enchaîna à la cale et nos armes, confisquées, furent enfermées dans un réduit au même niveau. Le bateau des pirates fût coulé. La bataille était terminée depuis quelques heures quand nous entendîmes l’appel du DenDen Mushi nous indiquant notre destination.
- APPEL À TOUS LES NAVIRES DANS LA ZONE ! LE PIRATE HOWARD PRINCE EST EN VIE ET A ÉTÉ APERÇU SUR HUNGERIA ! TOUS LES NAVIRES DE LA VOIE 2, DE BANARO À BULGEMORE ET N’ÉTANT PAS DANS UNE MISSION PRIORITAIRE SONT INVITÉS À FAIRE CAP SUR HUNGERIA IMMÉDIATEMENT !!