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The China Way

-Vous ne voudriez pas juste... baisser vos armes ?

Parce que les lances et les arcs ne sont pas les meilleurs alliés de la diplomatie, ou alors d'une sorte de diplomatie totalitaire où le mot d'ordre « cause toujours » aurait été remplacé par « ferme ta gueule ». Et Rachel espérait être écoutée ou au moins pouvoir plaider sa cause.

-Non pas que la solution « boutons les intrus hors de l'île » me déplaise, mais si l'intrus en question est une intruse et que c'est de moi dont il s'agit, alors en fait si, elle me déplait.

Autour d'elle, dans des vêtements assez simple leur permettant de se mouvoir aussi librement qu'un phoque dans un océan de glace et de supporter les chaleurs tropicales de leur île, les amazones la regardaient d'un air entre la curiosité, la méfiance et un truc que Rachel interpréta comme ce que l'on réserve d'ordinaire à la guêpe qui vient voler directement dans l'assiette un morceau de melon. Et devant le manque de réaction des amazones qui se bornaient à se lancer des regards hésitants en coin, Rachel soupira. Elle commençait à avoir mal aux bras à les garder ainsi levés.

-Qu'est-ce que vous n'avez pas compris dans « Mona Lisa arrive et elle est assignée à l'enquête sur Nazca » ?
Vous savez, Nazca, celle qui a congelé votre montagne en terre cuite blanche et transparente.
Eh bien il faudrait que je voie Hanabi pour m'entretenir avec elle à ce sujet. Je suis une messagère quoi.
...
Je vous inspire si peu confiance ? Je sais bien que je n'ai pas le beau rôle, mais tout de même... ?


Dans son dos, une partie de ce qui fut le mur des bains du palais. Vraisemblablement, elle avait déjà fait de meilleures premières impressions. Aujourd'hui, comme cette fois où elle était rentrée dans un dirigeable allié avec un dragon ennemi, c'était pas gagné. Même qu'on l'avait menacée d'une manière identique. Seulement il serait très certainement mal venu et probablement très mauvais pour la politique extérieur de l'île de les forcer à baisser leurs armes à coup de Silhouette Démoniaque et de cornes torsadées. Et puis connaissant les indigènes locaux, Rachel était à peu près certaine qu'elles garderaient leur calme et leur agressivité si naturelle qu'elle devait être gravée dans leurs gênes. Aussi s'obstinait-elle à leur parler, à attendre une quelconque réaction. Comme les débuts d'une hostilités qu'elle abhorrerait de tout son être ou l'arrivée d'une Reine passablement agacée qu'elle gérerait aussi facilement qu'elle avait pu gérer les Reines de Myriapolis. C'est à dire Mal.

-Je pourrais au moins m'asseoir ? Demanda-t-elle aux tombes gigantesques qui lui faisaient face. Je crois que mon genou n'a pas vraiment apprécié l'atterrissage.


*****


Trois jours de traversée. À croire que même les éléments n'avaient pas voulu contrarier la Valkyrie. La seule bourrasque qu'ils avaient rencontrée s'était arrêtée tout net lorsqu'elle avait jeté un regard noir dans le vide et la seule vague à s'être échouée sur le navire reluisant de Mona Lisa reflua en un instant à son approche. Ils avaient bien croisé une classe verte de chenilles nautiques en chemin, mais elles avaient fait un détour si ample qu'elles avaient disparu à l'horizon pour réapparaître dans leur dos. Mais pour Rachel dont la tâche principale était de se tenir non loin de la Valkyrie avec une cafetière à portée, rien de tout cela ne l'étonnait vraiment. Après tout, elle avait vue Drake commander un Knock Up Stream. Alors la trouée dans les nuages pour éviter la pluie ce n'était pas si impressionnant que ça. À bord, c'était même devenu normal.

Pourtant, si Rachel effectuait ses tâches avec la plus grande application, elle ne pouvait s'empêcher de se coucher amère après avoir pris soin de mettre la bouillotte dans le lit à baldaquin de la Colonel d’Élite.
Elle était peut-être de ce genre de femme à avoir des ambitions, mais se retrouver à faire la femme de chambre pour une dame qui se voulait grande n'avait jamais fait partie des chemins balisés qu'elle s'imaginait prendre un jour pour réaliser ses rêves. Elle mettait du temps à s'endormir, le soir, sa bannette ondoyante au rythme des dizaines d'autres respirations qui la berçaient. Dans ce qui ressemblait plus à un dortoir, elle était la seule femme. Chose certes étrange, mais si ça ne l'étonnait pas plus que ça, elle s'en serait bien passée. Heureusement, elle se levait la première pour préparer le bol de café qui permettrait à la Valkyrie d'un peu mieux appréhender sa journée.

Au final, Rachel ne fit pas plus de choses sur le navire de Mona Lisa qu'elle n'en avait fait devant la grande cascade à Enies Lobby. Rester silencieuse et obligeante, laissant souvent vagabonder son regard sur l'horizon. Vers une étoile polaire toujours en mouvement. À tel point que sur Jaya, un South Bird solitaire se sentit outré d'être ainsi plagié. Il s'envola dans une nuées de plumes et un cri méconnaissable. Sur le navire, tout le monde prit ça pour le bruissement des ailes des corbeaux qui les accompagnaient. Parce que oui, ils n'avaient pas laissé Rachel en paix. Bah, ils n'embêtaient personne, mangeaient ce qui ne plaisait pas au mousse et prenaient grand soin de passer à plusieurs mètres de la Colonel d'élite. Ainsi, personne ne les remarquait ou presque.

Puis, après trois jours à admirer l'écume contourner la Valkyrie et à lui servir silencieusement un café plus noir que les ténèbres de Red, la Vigie hurla voir un miroitement à l'horizon. En réalité, les rayons du soleil se reflétaient simplement sur la montagne de porcelaine d'Amazon Lily. Tous se perdirent dans sa contemplation. Même Rachel s'était penchée par-dessus le bastingage pour tenter de discerner les fameuses têtes de serpent qui devaient maintenant briller de mile feux. Seule la Valkyrie semblait aux prises avec d'autres sentiments à mesure qu'ils s'approchaient. Comme un chat qui resserre progressivement ses griffes sur un lézard malchanceux. Une vague un peu trop aventureuse faillit tremper la Colonel, mais elle choisit au dernier moment de virer de bord en se disant que Rachel serait finalement une meilleure cible. Elle toussa, cracha et ce fut Mona Lisa qui se détourna pour parler à son contremaitre.

Prévenez-les que je veux un tapis rouge.
Euh... Elles n'ont pas de Den-Den. L'impératrice se veut « indépendante. »
Je n'aurai pas mon tapis rouge ?
Je crains que non. Seule Lust peut être contactée, mais elle est absente.
Et pour l'enquête ?
Il faudrait envoyer un message, Colonel. Un message tout ce qu'il y a de plus barbare.

Et tandis que Rachel essorait ses anglaises, elle sentit un lourd regard peser entre ses omoplates.


*****


Non, son genou n'avait vraiment pas aimé la catapulte.

Et les Bains non plus.

-Je sais pas... Vous n'avez même pas un truc cramoisi pour faire office de tapis ? Ce serait vachement mieux tout de même.

C'est ce moment que choisit un murmure pour enfler et prendre peu à peu la puissance d'un bruissement de feuilles. Sans baisser leurs armes, les amazones se détournèrent de Rachel. Autour de ce petit groupe fait de fer, de chair et d'hostilité, la vapeur des bains se répandait en lents filaments de brouillards évanescents que la commandante admira intensément pour oublier ces ustensiles de cuisines qui la prenaient pour un jambon. Dans le fond de la troupe, il y eut un mouvement fugitif et certaines silhouettes s'écartèrent pour en laisser passer une plus imposante. Rachel s'arracha comme à regret de ce qu'elle admirait avec tant de passion et admira la forme bleu qui s'avança vers elle. Un gémissement s'échappa de ses lèvres quand une femme poisson de près de deux mètres s'arrêta devant elle en la toisant. Pourquoi tous les héros d'un île devaient -ils faire deux têtes de plus qu'elle ? N'auraient-ils pas pu atteindre difficilement le mètre soixante-dix plutôt ? Bien qu'en y réfléchissant, elle se serait plus méfiée d'un petit héros que d'un grand. D'un grand héros, elle pouvait s'attendre à connaître ce qui faisait de lui quelqu'un de renommé. Alors qu'un petit... Par exemple, cette femme « Poiscalianne » comme les autres en murmuraient le nom, elle était à peu près sûre que sa force ne résidait pas que dans ses bras comme des faisans ou ses cuisseaux dignes de ceux de Toji. Et puis d'abord, pourquoi une femme-poisson ? Sérieusement. Elles étaient devenues quoi les femmes-papillons ?

Rachel déglutit et posa mécaniquement sa paume sur la garde de son sabre bien à l'abri dans son fourreau. Et elle était à peu près certaine qu'il rechignerait plus à en sortir qu'elle à le dégainer.

-Tu dis que la Valkyrie arrive ?
-Moi qui croyais avoir parlé dans le vide tout ce temps ! Fit-elle avec soulagement.

Tout ce qu'elle gagna, ce fut un regard noir et un crissement de dents. Puis les dents en question se dévoilèrent dans un sourire pas aussi chaleureux qu'on aurait pu l'attendre de son hôte.

-Bien, je vais aller l'accueillir comme il se doit.
-Euh... Votre reine ne vient pas avec nous ?
-Pas besoin de déranger Hanabi pour si peu.

Et comme la Déesse de l'arène s'en détournait avec un regard trop carnassier pour être de circonstance, Rachel se dit qu'elle n'aimait pas du tout la tournure que prenaient les évènements, qu'elle était maintenant sûre que même une Colonel d'élite n'était pas la bienvenue sur l'île ; et que ce n'était pas demain qu'elle ferait autre chose sur le navire que de servir son café à Mona Lisa.
Cela dit, notre commandante lui emboita malgré tout le pas en faisant fi des quelques armes volontaires qui la fixaient toujours. Autant qu'une lame chargée en haki puisse fixer quelqu'un. Elle rattrapa le produit échappé de l'étale d'un pêcheur et se posta sur son chemin, bras en croix, à peu près certaine que c'était la pire des choses à faire. Rachel les baissa alors vivement en jetant des regards de tous côtés pour tenter d'avoir chaque amazone dans son champ de vision. Entreprise assez compromise il fallait l'avouer. Elle abandonna et préféra se concentrer sur Poiscaliane.

-En fait, ce serait aussi simple que vous m'emmeniez directement à l'Impératrice. C'est un peu pour ça que je suis là. Pour pas faire perdre de temps à la Valkyrie. Alors... Termina-t-elle plein d'espoir.
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Mh... Soit...

Nous savons pour quoi vous êtes là, en réalité. Nous nous en doutons toutes.


Poiscaliane a l’air d’une femme forte, et je ne dis pas ça parce que sa silhouette fait trois fois la tienne… A côté, tu as l’air rachitique, franchement pâle, pire qu’un sac d’os… Et son petit ventre rond n’a rien à voir dans l’histoire non plus. Tu peux noter à son physique que c’est une bonne vivante, à ses mains immenses que c’est une bonne combattante. Elle t’invite d’un mouvement de main à la suivre, demandant aux autres de baisser les armes.

Va pour cette fois.

Et je comprends ce que vous voulez faire aussi… Donc, je vais vous faire une faveur qui n’en est pas une. Vous allez rencontrer Hanabi.

Tu sens venir la promotion de loin, tu vas sans doute rentrer dans les bonnes grâces de la Valkyrie avec ça. Enfin, si tu réussis à parler avec l’impératrice. Et là, les choses s’annoncent beaucoup plus compliquées…

Pesez vos mots avec précaution face à l’impératrice. Elle panse encore son chagrin et ses blessures…

Et Poiscaliane te précise certaine chose. Notamment qu’avec le passage de Nazca, Hanabi a du mal avec les inconnues. Beaucoup. Et tu auras le temps d’admirer les dégâts causés par le dit-passage. D’autres précisions arrivent : Hanabi est silencieuse et toujours à l’écoute lorsque ça concerne les affaires de son île. Tu auras le temps d’afficher le pourquoi de ta venue, même si la réponse ne sera peut-être pas celle que tu attends.

Courage.
    Il y eut un petit temps de latence entre ce moment où elle l'invita à la suivre et celui où Rachel lui emboita précipitamment le pas. Ce petit temps de surprise où toutes les phrases préparées pour tenter de la convaincre d'accéder à sa requête faillirent franchir ses lèvres avec imprudence. Dans ce chaos qu'ont les soldats en entendant sonner la retraite. Ce petit temps où notre commandante dut jouer des coudes pour ranger ces bribes de paroles dans le bon tiroir et les y astreindre au silence religieux que tiennent les non-dits. Puis, tandis que les lances se rabaissaient à des hauteurs raisonnables et que les murmures soulagés enflaient dans les rangs qui se clairsemaient, Rachel allongea la jambe pour se retrouver presque au niveau de Poiscaliane qui la dévisagea du coin de l’œil. Lorsqu'elle eut fini de parler, notre faucheuse préféra ne rien dire de plus et garda le silence, vite imitée par Poiscaliane, mais plus fort. Son dernier mot n'était pas forcément rassurant.

    C'est pour éviter ce mutisme gêné que Rachel admira largement tout ce qui l'entourait. Partout revenait l'icône du serpent, l'animal totem des amazones. Sur les murs et les toits, gardant les entrées des maisons et bâtiments publics comme des gargouilles malintentionnées, en fontaines miroitantes, en peintures arabesques ornant des murs ou des pavés. Il n'était pas rare de trouver un serpent sur les épaules d'une amazone ou d'en voir d'autres tenus en laisse. Incroyable qu'elles ne s'en lassent pas. Pourtant, le plus impressionnant restait cette montagne qui avait été gravée aux couleurs locales de gigantesques têtes reptiliennes aux crocs saillants et aux gueules béantes. C'était tout du moins avant. Car aujourd'hui, en levant les yeux vers cette magnificence, les reflets du soleil sur la pierre devenue porcelaine agressaient les yeux et certaines parties de ce monument menaçaient de s'effondrer sous leur propre poids. Rachel en resta sans voix et devant cette réaction, Poiscaliane lui glissa un simple « Les dégâts en question » avant de laisser le silence de circonstance, chargé d'émotions, reprendre ses droits.


    Les femmes sur cette île avaient toutes une particularité commune : elles étaient fortes. Et ça se voyait à leur démarche et à leurs regards qu'elles jetaient à Rachel sur son passage. Et elles ne manquaient pas de la dévisager. Il faut dire que de la visite, elles n'en avaient pas souvent ; en plus, elle était habillée bizarrement, avec ses soies noires et ses broderies blanches. Elle était juste trop petite et avait la peau trop blanche pour leur sembler belle. Ou forte oui. N'oublions pas que le critère de beauté le plus prisé reste la force, ici. Beaucoup d'entre elles allaient vers le port alors que notre gothique et sa guide remontaient ce courant vers le palais royal de l'Impératrice Hanabi. Et beaucoup d'entre elles avaient ce port royal qu'ont ces femmes grandes et fières. Certaines faisaient même près de trois mètres... Et la plupart, en y regardant à deux fois, avaient du ventre. Non, pas ceux que la bière et les visio-denden créent d'ordinaire, mais bien ce genre de ventre tout rond qui marque la grossesse. Et pourtant il n'y avait que des femmes... Rachel préféra ne pas y penser ni se poser la question, mais les images saugrenues qui lui vinrent en tête finirent par la faire rire malgré elle. Aussi accéléra-t-elle le pas pour ne rien laisser paraître mais eut du mal à masquer sourire idiot qui flottait sur son visage.

    Puis les portes du palais s'ouvrirent devant elles. De gigantesques portes gravées aux armoiries des Kuja et surmontées de serpent de bois menaçants ou enjôleurs.
    L'intérieur était bien plus lumineux qu'elle ne l'aurait cru. Les nombreuses fenêtres hautes fournissaient une lumière plongeante sur les longs couloirs décorés où ça et là les serpents laissaient la place à d'anciennes statues d'anciennes reines. La plus récente représentait Hanabi. Poiscaliane laissa passer de nombreux couloirs qui débouchaient dans des salles inconnues et couvertes de soies ou de broderies murales. Puis une nouvelles volée de portes et le carrelage changea soudain pour des marques rondes au sol. De part et d'autres, des piliers décorés bordaient la voie vers un baldaquin cerné de pièces de tissus ample, comme les rideaux d'une pièce de théâtre. Dans la salle du trône, puisque c'était bien celle-ci, la lumière était tamisée. Aux fenêtres, des voiles de couleurs donnaient à la pièce une ambiance feutrée. Ébahie, Rachel suivit obligeamment Poiscalianne jusqu'aux tentures qui devaient masquer l'Impératrice Hanabi et s'immobilisa quand elle lui fit signe. La femme poisson continua et gravit une petite volée de marches et s'annonça aux rideaux avant de s'effacer. Une seconde plus tard, ils s'ouvraient pour laisser apparaître L'Impératrice des Amazones, une perle de beauté qui laissa Rachel dans une expression admirative.

    Hanabi, haute de par sa taille et l'estrade sur laquelle elle se trouvait, couvait la faucheuse d'un regard indéchiffrable. Alors ne sachant pas vraiment quoi faire d'autre dans cette situation, Rachel s'inclina respectueusement. Poiscaliane n'avait-elle pas dit de prendre la reine avec des pincettes ? Et qu'elle serait silencieuse ? Qu'à cela ne tienne.

    -Impératrice Hanabi, je suis la commandante Blacrow Rachel. Je m'excuse d'avance, je ne connais pas toutes vos coutumes ni même la manière de bien me présenter devant vous... Silence... Je viens au nom de Mona Lisa, colonel d'élite de la marine, et je voulais m'entretenir avec vous au sujet des problèmes survenus chez vous il y a peu ; vous vous en doutez, L'affaire Nazca nous préoccupe... Silence... Regard fixe... Peut-être moins que vous, certes... Nous allons cependant la poursuivre, c'est ce que veut la Valkyrie (pardon, Mona Lisa)... alors si vous pouviez nous dire ce qu'elle vous voulait ou si vous aviez une idée de l'endroit où elle est allée... Silence... … Impératrice.

    Faire bonne figure devant l'impératrice se révélait plus ardu que prévu... Elle avait ces regards qui déstabiliserait un régiment tout entier et sans autre forme d'expression que fixer le vide entre elle et eux. C'était tout du moins l'impression qu'avait Rachel. Qu'elle fixait le vide. Et pourtant elle restait attentive. Assez déstabilisant comme état de fait. La désagréable impression d'avoir des fourmis qui lui couraient le long de la colonne vertébrale. Avec en prime cette petite voix qu'elle ne pouvait faire taire. Red est par là. Rachel étouffa un soupir.

    La journée serait longue.


    Dernière édition par Blacrow L. Rachel le Mar 31 Déc 2013 - 5:28, édité 1 fois
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    Il y a une chose que je ne comprends pas.

    L’impératrice se penche un peu pour mieux te voir, ou peut-être pour que tu la vois mieux. Et ce que tu peux admirer, c’est une petite balafre le long de sa joue qui remonte presque jusqu’à son œil. Une balafre mal pansée qui laissera sûrement une marque. En réalité, la seule et unique marque que porte l’impératrice de son combat, vestige d’un affrontement titanesque. Mais tu peux remarquer que les yeux de l’impératrice sont aussi sombre que ses cheveux noirs, sombres et haineux rien qu’en pensant à cette fillette…

    Vous poursuivez une furie sans être préparer à quoique ce soit ? Qu’elle ait détruit une partie de l’île et transformé certaine de mes guerrières en porcelaine ne vous inquiète pas ? Soit vous êtes des femmes extrêmement puissantes, soit complètement inconscientes.

    Et elle te détaille. De haut en bas. Avant de lâcher avec un dédain marqué :

    Et quand je vois ce que la Valkyrie m’envoie, « inconsciente » est le mot le plus juste.

    Un soupir lui échappe, méprisant :

    Tu es minuscule et maigrichonne, qu’est-ce que tu vas bien pouvoir faire contre une psychotique en puissance, qui a eu raison de ma bonne volonté simplement parce que je lui ai dit « non » quand elle voulait que je rejoigne les rangs du Malvoulant, Rachel ? Toi ? Contre elle ? Elle te transformerait en théière.

    Elle se réinstalle contre son dossier en détournant les yeux de toi. Visiblement, tu l’ennuies. Ce n’est pas toi en tant que personne, mais toi en tant qu’émissaire d’une affaire qui la touche de prêt. Sans doute a-t-elle plus envie de confier cette affaire à une consœur qu’elle connait un peu mieux, genre… Lust. Au fond, elle fait sûrement une bonne action, c’est ce qu’elle pense… T’envoyer à l’abattoir, toi qui a encore toute la vie devant toi, c’est simplement cruel. Et quoiqu’elle puisse donner l’air de penser, supprimer un joli petit brin de femme qui se dit « combattante » reste criminel.

    Et je vois que la Valkyrie a autre chose de plus intéressant à faire pour m’envoyer sa petite commandante. Ça en dit sans doute long sur « l’importance » de cette affaire… Plus rien n’a d’importance de toute façon : Nazca est partie.
      Rachel n'était pas sujette aux colères d'ordinaire. Jamais réellement. La jalousie, oui, ça lui arrivait. Maintenant un peu moins. Elle n'avait plus personne à jalouser. À la limite à envier ou à admirer. Elle enviait la Valkyrie pour ce qu'elle était et cette aura qu'elle dégageait. Elle admirait Hanabi pour cette prestance qu'elle imposait. Et elle eut été heureuse de pouvoir un jour compter parmi les grandes femmes de ce monde, tour à tour grâce à cette aura de puissance qui en impose et cette tenue qui la grandirait aux yeux de tous, qui leur ferait dire quelle grande femme elle était. Elle serait. Car actuellement, que ce soit cette bureaucrate coincée aux ongles trop bien limés, cette Mona Lisa trop péteuse et cette Impératrice supérieure, elle ne se sentait pas grande du tout. Pas grand chose même. Plutôt rien pour être honnête. Alors qu'auprès de Toji et de Red, mine de rien, si tous les avaient reniés, elle avait eu l'impression d'exister, d'avoir de l'importance, un rôle, sa place. Ici, elle n'était qu'un chien dans un jeu de quille. Un vulgaire nuisible qu'elles auraient aimé tour à tour asperger de citronnelle ou empoisonner à la mort aux rats. Dans son regard vert, un étincelle s'alluma comme elle faisait un pas qu'elle ne put retenir. Qu'elle n'avait pas voulu retenir d'ailleurs. Après tout, elle avait échoué à faire bonne impression auprès de la reine en agissant de manière respectable. Pire, elle n'avait même pas gagné le moindre soupçon de respect de leur part. Peut-être ne comprenaient-elle que les preuves, les menaces et les regards froids. De toute façon, au point où elle en était. Autour de l'officier Blacrow, l'air se distordait. Et sans en faire trop, elle allait lui prouver qu'elle aussi pouvait en imposer. Sans en faire trop. Il s'agirait de ne pas invoquer la mort ou de faire des trous dans le mobilier de la reine.

      -Chétive ? Moi ? Nazca joue plutôt dans la catégorie poids plume, me semble-t-il. Ça ne l'a pas pourtant pas empêché de transformer votre île en tasse à thé et de souiller votre visage royal.

      Rachel n'avait jamais été très forte en répartie et elle trouvait maladroit l'emploi du mot tasse à thé. N'avait-elle pas été traitée de théière quelques instants auparavant ? Poiscaliane ressortit de l'ombre. Visiblement sur ses gardes puisque Rachel n'écoutait pas les siennes, de mises en garde. Notre faucheuse ne lui porta pas la moindre attention.

      -Et si Mona Lisa m'envoie moi, auprès de vous, pour régler une affaire qui la concerne presque autant que vous, c'était soi pour m'envoyer au casse pipe, soit pour vous montrer tout le dédain qu'elle a pour vous. Vous irez lui demander plus tard, si vous le désirez, je ne suis pas dans sa tête.

      Ici, elle avait conscience de la jouer très serré. Trop. Son estomac aussi se serra. Alors pour garder sa contenance, elle fit un pas de plus et laissa ses cheveux se tresser en ces cornes torsadées qu'elle ornait souvent désormais, comme pour se donner du courage et peut-être une image plus affirmée.

      -Maintenant, impératrice, si vous n'avez rien à faire de moi, de Mona Lisa ou de Nazca, vous n'avez rien à perdre à m'indiquer l'endroit où elle vous a dit se rendre, n'est-ce pas ? Au mieux nous vous débarrassons de cette petite poupée sans vous avoir dérangées plus que ça, vous et Lust, au pire, elle vous débarrasse de moi et nous transformera en service complet. Marché honnête, non ? Vous n'avez même pas à bouger de votre trône. Ai-je également besoin de préciser que dans dix minutes nous aurons levé l'ancre et que vous ne me reverrez probablement plus jamais ?


      La colère n'avait en général pas d'emprise sur notre commandante d'élite. Et elle avait du mal à en vouloir à d'autres personnes qu'aux pirates et aux malandrins de toutes sortes. Comme ce joueur de flute qui lui avait volé son sabre ou ce Damien qui avait tué le Colonel Kimura. Pourtant, aujourd'hui, elle se sentait ivre de colère. Une colère sourde et froide, qui ne servait pourtant qu'à masquer un sentiment plus fort et plus enfoui. Si elle laissait la colère la gagner, c'était pour éclipser cette peur viscérale qui la malmenait, qui la fragilisait. Elle avait conscience de cette nouvelle fragilité, et tentait de refermer cette brèche par tous les subterfuges possible. Et malgré ça, elles semblaient toutes la voir, cette fissure, l'admirer avec ce sourire qu'ont les nécrophiles dans une morgue. S'y plonger et en rire à gorge déployée. Rachel était fragile. Hanabi l'avait bien vu. Il ne restait plus qu'à cadenasser cette faiblesse et cette peur derrière une colère mouvante, ondoyante et qui pourtant sonnait aussi fausse aux oreilles qu'un enfant tapant au hasard sur les touches d'un piano désaccordé. Un enfant auquel on aurait donné des gants de boxe...
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      Inconsciente, maintenant insolente et arrogante.

      Un petit rire la prend mais que tu devines tout de suite très nerveux. L’air autour de toi est plus oppressant, comme si tu manquais d’oxygène et qu'il n'était plus capable de se faire un chemin jusqu'à tes poumons. C’est juste son regard pesant, ses deux yeux assassins qui te font cet effet. Ou peut-être les propos qu'elle tient à ton encontre, réagissant à ce que tu lui as dit avec la même pointe de colère que toi. Tes mots ont trouvé un écho à l'intérieur, mais pas forcément celui que tu attendais.

      Tu agites tes plumes et tes couleurs pour essayer de te faire plus grande que moi et m’impressionner peut-être ? Nazca n’a pas eu besoin de ça pour ébrécher la moitié de la ville. Pour défier la moitié de mes guerrières. Pour les vaincre également. Et pourtant, nous sommes réputées pour être parmi les meilleures ! Alors, toi, tu viens, là, devant moi, avec tes grands airs de grande dame du monde, tu me parles comme si tu étais supérieur à moi, alors que tu as tout, TOUT, a prouvé et surtout ta force ? Vraiment, Rachel ? Et tu es là, dans la gueule du loup, en pensant que l’ombre de la Valkyrie va te protéger, comme l’ombre d’Arashibourei t’a protégé par le passé ?

      Décidément, les nouvelles vont vite. Beaucoup trop. Tu sais maintenant qu’elles reçoivent même le journal ici… Et que l’impératrice n’a pas son pareil pour savoir utiliser les informations qu’elle obtient rien qu’en ouvrant son quotidien. Elle peut même tirer des conclusions de ce qu’elle lit et de ce que tu lui dis :

      Tu sous-estimes ton adversaire et tu surestimes ta puissance. Ça causera ta perte.

      Elle s’est baissée, a quitté le dossier de sa chaise pour se pencher un peu plus vers toi. Physiquement supérieur à toi, elle prend l’ascendant psychologiquement, même si par sa place de reine des amazones, elle l’a sûrement déjà. La femme-poisson, quant à elle, quitte l’assemblée pour te laisser seule face à une impératrice déchainée, revivifiée par tes propos. Ca a au moins l’avantage de prouvé qu’Hanabi n’a pas perdu de son caractère et que la poupée de porcelaine ne lui a pas tout pris…

      J’ai peut-être eu des difficultés contre Nazca, et j’y ai sans doute beaucoup perdu. Mais ne me force pas à me lever et à te donner une leçon de respect. Je peux encore te briser entre deux doigts. Et je peux le faire avec moins que ça… Alors oui, maintenant que tu m’as montré à quel point tu es une enfant frustrée, te voir quitter mon île au plus vite me plait assez, j’admets. Et si ta colère et ton orgueil ne t’ont pas rendu sourde à tout bon sens, tu sauras où aller pour trouver Nazca. Je n’enverrais même pas Lust en soutient pour t’admirer te briser les dents et les os contre ton « poids plume ».  Mais je ne te préviendrai qu’une seule fois… Ne me prends plus JAMAIS de haut.

      Elle a tellement insisté sur son « Jamais » qu’il résonne dans le palais, il pourrait même aller jusqu’aux oreilles de la Valkyrie qui attend toujours ton feu vert pour débarquer. Et puis, une fois cela fait, elle se réinstalle confortablement sur son trône, posant sa tête sur son poing fermé, arborant même un petit sourire complice.

      Nazca sert son maitre, et son Maitre a besoin de mains dans sa guerre dans le Nouveau Monde contre le Seigneur d’Ivoire. C’est une bataille qui ne concerne personne ici, mais qui affecte la terre à tous les niveaux. Les plus grands hommes du Malvoulant écument les mers de Grand Line pour dénicher des perles de puissance brute. Et Nazca est du genre à qui on ne dit pas « non ». Vu qu’elle n’a rien obtenu ici, elle continuera sa recherche jusqu’à trouver des bras prêts à soutenir son œuvre. Tortuga tombée, Jaya déjà occupée, je la pense assez inconsciente pour s’attaquer à des endroits mieux gardés pour libérer des forces armées. Dead End, peut-être. Impel Down n’abrite plus personne, mais un autre endroit du même acabit lui ira parfaitement. Tu as vu plus d’îles que moi et tu en connais sans doute plus que je n’en verrais jamais.

      Notre marché tient toujours, n’est-ce pas ?
        Rachel ravala la honte qui lui nouait la gorge. Avec autant de succès que si la honte en question avait été un morceau de viande en sauce trop cuite. Elle avait l'impression d'être passé dans un mixeur. Ses émotions étaient tellement contradictoires que certaines lui intimaient qu'il était l'heure d'aller dormir tandis que d'autres se plaignaient que le vent sifflait trop fort.

        En vérité, elle savait que Hanabi avait raison. Pourquoi aurait-elle tort après tout ? Il était vrai qu'elle était inconsciente, insolente ou présomptueuse. Qu'elle se surestimait ? Elle continuait d'en douter. Après tout, le contraire pouvait tout aussi bien être vrai. Rachel se savait véritablement avoir la force d'entrer dans ce monde qu'on lui disait la dépasser. « Non, tu l'avais » lui répétait la voix désincarnée de la bureaucrate aux ongles longs et fins comme des griffes. Et il était vrai que sans sa faux, elle n'était peut-être plus qu'un chat sans crocs. L'officier d'élite serra et desserra le poing dans un geste mécanique qu'elle ne remarqua qu'à peine. Elle regardait toujours l'impératrice, se forçant à rester aussi impavide qu'elle-même l'était. Même si son « jamais » résonnait encore à ses oreilles comme le glas d'une défaite amère.

        D'une défaite ? Pas vraiment. N'avait-elle pas eu ce qu'elle était venue chercher ? Enfin, dans les formes. Une réponse, à peu près floue, mais qui restait une réponse. Après tout, elle ne savait pas bien à quoi s'attendre. Ni vraiment ce qu'elle espérait. Peut-être un meilleur accueil. Même si sur ce dernier point, elle était la seule à blâmer. La seule excepté le regard supérieur qui la couvait depuis le baldaquin de l'Impératrice.

        Le silence entre elles deux s'étira. Comme un chewing-gum sous une chaussure. Mais contrairement au chewing-gum, le silence s'épaissit.

        -Notre Marché tient toujours. Finit-elle par lâcher comme à contrecœur, avec cet air piteux de ceux qui ont perdu une bataille importante.  
        Je ne peux pas dire que cet entretien fut une réussite et c'est quelque chose qui me chagrine, croyez-moi. Je ne vous ennuierai pas plus longtemps, je ferai avec ce que vous avez bien voulu m'offrir. Mais j'aimerais une faveur si vous le permettez. Une simple et petite.

        Rachel inspira longuement. Ses cheveux retrouvèrent leurs habituelles boucles noires qu'ils avaient abandonné au profit des cornes torsadées. Rachel planta profondément ses yeux verts dans ceux d'Hanabi. Sans aucune autre expression que si elle avait admiré une statue.

        -Dîtes-vous que c'est vous qui faites peut-être l'erreur de me sous-estimer.

        Et elle tourna les talons. Dans un mouvement un peu sec qui l'irrita aussi sûrement que si elle avait observé une enfant faire un caprice. Elle se serait damnée en d'autres circonstances, mais son pas garda l'assurance que sa tête n'avait plus. Elle franchit les portes sans se retourner une seule fois vers les tentures et l'alcôve de la reine pour retrouver Poiscaliane au-dehors qui s'approcha d'elle, visiblement peu surprise que l'entretien se soit si vite terminé. Et comme elle allait lui offrir de la raccompagner, Rachel la coupa avant même qu'elle n'ait pensé à ouvrir sa gueule bleue.

        -Elle demande à te voir. Ne t'en fais pas, je retrouverai mon chemin.

        Poiscaliane lui fit un bref signe de tête que Rachel lui rendit négligemment, la tête ailleurs. Ce n'est qu'une fois le lourd battant de la porte refermée sur le dos de la femme poisson que l'officier Blacrow y apposa son front et se laissa peser lourdement contre le bois épais. Elle réprima un soupir, puis deux. Elle se contenta de choquer d'un geste irrité la porte de son poing puis s'en détourna, lasse, pour refaire en sens inverse tout ce chemin que lui avait indiqué la championne locale. Le tout en se forçant à réfléchir. Elle ne donnerait pas à la Valkyrie la teneur de la discussion entretenue avec Hanabi, mais elle devait réussir à tirer au clair les indications de l'impératrice. Nazca voulait des hommes ? Des bras armés pour une guerre dans le nouveau monde ? Elle avait voulu taper dans le haut du tableau avec les amazones mais devant son échec elle devait maintenant viser plus bas, à plus faible échelle. Et peut-être avec plus de violence et de culot. Car elle devait être blessée dans son ego et que pour laver son affront, elle aurait besoin de plus. Prendre une place tenue par la marine, une île remplie de forbans ou taper directement dans des équipages entiers.

        Kamabaka. Jaya. Tortuga. Dead End. Strong World. Le Trou. Kuraigna. Et en cas de problème, elle aurait Thriller Bark pour se replier. Beaucoup de possibilités. Enfin, beaucoup.
        Jaya était déjà en possession d'un autre empereur, Dead End sous la tutelle de Wrath et Tortuga se baladait dorénavant selon les vents et les marées. Sans parler de Kuraigna qui n'était que le lieu de vie de gorilles. Et si Potemkin savait parler, ce n'était probablement pas le cas de ces primates là. Nazca ne devait pas être si désespérée que ça. Ne restait que le Trou, Kamabaka ou l'une des îles de Strong World. Sans parler les différents équipages qu'elle pourrait attaquer sur sa route. Seulement, les îles célestes, elle avait déjà donné. Et si les dragons ont quelque chose de Magique, Rachel ne se voyait pas retenter l'expérience. Les hauteurs lui donnaient le vertige... Et si elle devait choisir entre le trou et l'île de Kédétrav... elle préfèrerait se damner que d'aller sur l'île des Okamas. Une chance, le Trou n'était pas si infernal que Impel Down. Une destination toute choisie, probablement à la hâte, mais étrangement, elle n'avait aucune hésitation sur son bien fondé.

        Puis soudain, Rachel se retrouva sur la baie intérieure de l'île des Amazones. En soi, ce n'était pas une raison suffisante pour se figer dans une expression proche de l'extrême fatigue. Mais le détail qu'elle n'avait pas vu en entrant par la voie des airs avec toute la discrétion et la délicatesse qu'un Colonel était possible de montrer -et qui du coup expliquait l'absence du Colonel en question sur Amazon Lilly- c'était cette gigantesque porte ronde aux armoiries des Kuja. Le genre de porte blindée qui ferait faire demi-tour aux plus grands cambrioleurs de ce monde. Même à Alucard ou Juusei. Fallait dire que sur Calm belt, pour dormir ses ses deux oreilles, il fallait au moins ça.

        Notre commandante d'élite regarda de droite et de gauche. Et attrapa une Amazone au ventre bien rebondi et chargé d'une caisse entières de fraises. Si c'était pas un signe.

        -Excusez-moi, mais pour sortir de l'île...
        -On peut pas.
        -PARDON ???
        -Ou alors faut demander à Hanabi, mais les portes sont pratiquement tout le temps fermées.
        -Vous voulez dire qu'il faut que j'y retourne...?
        -Si tu en viens, probablement. … Mais pourquoi mettre cette corde autour de ton cou ?
        -Oh. Ça ? Une impulsion soudaine.


        Dernière édition par Blacrow L. Rachel le Mar 14 Jan 2014 - 1:26, édité 1 fois
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        Une fois la corde retirée d'entre ses doigts par l'amazone de deux mètres trente aux mains comme des gants de base-ball, Rachel fut contrainte de faire demi-tour. Contrainte ; toujours par cette femme aux cheveux d'un rouge flamboyant et à la mine sévère d'une mère irritée. Si elle avait pu, elle aurait porté l'officier sur son épaule pour la déposer devant la porte du palais, mais s'étant dit que la bienséance l'interdisait dans à peu près tous les pays du monde par de nombreux rappels à l'ordre qu'elle imaginait douloureux, elle se contenta de la pousser dans le dos, gentiment mais avec cette force qu'ont les mères pour emmener avec une délicatesse conjuguée à l'impératif leurs enfants à l'école. Abandonnée devant la grande porte qu'elle avait franchie moins de cinq minutes auparavant dans l'autre sens, Rachel se retrouva à faire des signes de mains gênés à une amazone dont les propres gestes enjoués donnaient l'impression qu'elle chassait un essaim de mouches. Les grosses, les noires et les persistantes. C'est donc découragée qu'elle franchit une fois de plus l'arche gigantesque.

        Elle y croisa quelques servantes, cette fois, et se trompa de couloir à une intersection qu'elle ne se souvenait pas d'avoir franchie la première fois. Ni même la seconde à bien y réfléchir. Au sol, le dallage présentait parfois quelques traits féminins comme s'il s'agissait d'une gigantesque mosaïque. Et devant le risque d'attraper une migraine, Rachel cessa d'observer le sol. Elle fut fascinée par le contrôle de la luminosité dans tout le palais malgré la cuve minérale dans laquelle la ville se situait. Il aurait dû y avoir plus de nuit que de journées en de pareilles conditions, mais il semblait ne rien en être. Elle aurait bien posé la question à une des servantes, mais en plus d'être incapable de retrouver son chemin, elle ne réussit pas à remettre la main sur ces dames soigneusement drapées.

        Puis soudain, la porte de la grande salle ; comme si elle venait de se matérialiser devant les yeux de Rachel. Elle l'observa avec hésitation, redoutant qu'elle ne s'ouvre d'elle-même, mais à bien y regarder, elle l'était déjà, ouverte. Entrouverte pour être exacte. De l'angle exact qui laisse passer la lumière, quelques subtiles images et qui invite à entrer alors qu'on n'y est pas autorisé. Par précaution mais en désespoir de cause, elle frappa à la porte. Il n'y eut pas de réponse. Après avoir dégluti, notre faucheuse frappa plus fort et alors que le silence lui répondait de nouveau et plus longtemps, elle poussa le battant bien moins lourd qu'il ne lui avait semblé jusque là et entra, la boule au ventre.

        La salle aux piliers était silencieuse. Plus loin, les tentures ouvertes laissaient apparaître l'alcôve vide et étrangement froide.

        Contre son instinct, à grande goulées d'air, elle fit plusieurs pas à l'intérieur de la salle, la désagréable impression de ne pas être à sa place enflant dans sa poitrine. Ses pas étouffés étaient les seuls bruits qu'elle put discerner. Mais maintenant qu'elle n'avait plus un regard braqué sur elle à l'image des porte flingues de la mafia dans les rencontres de dealers, elle laissa ses yeux trainer dans les coins et y découvrit une porte dérobée, cachée parmi les tentures rouges sur le mur à sa droite. Zigzaguant entre les piliers d'un blanc laiteux, elle s'en approcha. Consciente qu'il ne faudrait pas, mais assez décidée à honorer le contrat avec Hanabi et quitter cette île. Même si ça impliquait de s'imposer dans un cadre où elle n'aurait pas dû se trouver.

        S'approchant à pas doux, son instinct lui intimant de ne pas se faire repérer, elle glissa un regard par l'ouverture et avant d'avoir pu ouvrir la bouche de stupeur, elle dut étouffer une exclamation de surprise alors qu'une main bleue et rugueuse se refermait sur son épaule.

        *****


        -Tu en as mis du temps.
        -Elles ont dû huiler la porte.
        -Et alors ?
        -La porte est grande. Vraiment.

        Retrouver le plancher des mouettes avait rarement été une source aussi fraiche de soulagement pour notre officier à l'absence de faux. Derrière la poupe du navire de la Valkyrie s'éloignait l'île. Les rames étaient de sortie ce qui expliquait le peu d'activité sur le pont du navire. Toutes les voiles étaient ferlées et Rachel avait la désagréable impression qu'ils n'avançaient pas assez vite. Pas assez vite dans le sens où, régulièrement, une croupe de la taille de Reverse Moutain brisait la quiétude de flots et reconnus olympiens. Même les Dieux de l'Olympe seraient prêts à céder à Calm Belt une place sur leur montagne pour son calme sempiternel. Notre officier trouvait donc qu'ils n'avançaient pas assez vite du tout ; aussi devait-elle se restreindre à ne pas crier des ordres supplémentaires pour augmenter une cadence trop lente à son goût. Le souci, c'était que ses goûts n'avaient aucune sorte  importance sur ce pont. Le plateau d'argent qu'elle tenait et sur lequel reposait une cafetière entière d'un café si noir que le jais de ses cheveux semblait terne en était une marque probante.

        -Quel rapport avec mon café ?
        -Oh. Aucun.

        Rachel resta imperturbable. C'était bien moins oppressant de rester à côté de la Valkyrie à lui servir son café que de soutenir le regard de Hanabi. Et bien moins déstabilisant que de trouver cette dernière à genoux devant...

        -Alors ?
        -Pardon ?
        -J'attends ton rapport.
        -Ah. Navrée. Un temps. Je peux déposer le plateaux ?
        -Hum.

        Devant l'une des plus proche forme d'acquiescement qu'était capable de proférer Mona Lisa, Rachel ne se fit pas priver et s'éloigna de quelques pas déposer le plateau plus loin.

        -Nazca essaie de recruter des gens de quel bord que ce soit pour le Malvoulant. Elle attendit une seconde ou deux une réaction qui ne vint pas puis enchaîna. Et pour faire simple, Hanabi a dit non, elle est repartie toute colère et doit se diriger maintenant soit vers Kamabaka, soit le Trou voire Strong World.
        -...Strong World. Un navire de porcelaine a été retrouvé dans cette direction approximative. Et les courants ne sont pas assez forts pour l'avoir fait tant dévier que ça.
        -Sur Grand Line vous savez... crut bon d'ajouter Rachel que la perspective de revoir des îles volantes exaltait au moins autant qu'elle ne lui retournait l'estomac.
        -Je sais. Fit-elle claquer d'un air de reproche. Tu es sûre pour les deux autres destinations ?
        -Sûre, pas vraiment, mais ça me semble le plus logique, à moins qu'elle ne cherche à recruter les singes de Kuraigna ou aille attaquer Jaya.

        La réponse se fit attendre. Rachel eut donc tout le loisir d'observer cette gigantesque tête de mouette aux branchies disproportionnée qui creva la surface à un ou deux miles nautiques de là. Elle avait le regard vide et mastiquait une herbe de la taille d'un arbre et dont le nom resterait probablement à jamais inconnu de notre officier. Et le regard qu'elle lança aux rangées de rames qui dépassaient de la coque allaient en ce sens qu'elle n'avait qu'une seule envie : quitter cette mer au plus vite avant qu'un Roi des Mers ne vienne les gober en pensant que le navire n'était qu'une mouche un peu grosse et pleine d'échardes.

        -Je vais envoyer mon second vers le Trou. Tu iras vers Kamabaka. Je ne vais pas gâcher des chances de mettre la main sur cette poupée de porcelaine.
        -À tout prendre, je préfèrerais volontiers le Trou...

        Après avoir essuyé un regard assassin et un geste de dédain, Rachel eut donc gain de cause dans un ton de rémission excède.

        -Soit !

        *****

        La main la tira en arrière en lui ordonnant silencieusement de se taire. Poiscaliane la souleva même de terre pour que ses talons ne fassent pas l'affront d'effleurer les dalles au sol. C'est une fois assez loin de la grande porte de la salle du trône qu'elle la reposa, un peu trop vivement pour les membres gourds de Rachel.

        -J'aurais pas dû être là...
        -T'étais censée être partie !
        -Il faut bien qu'on m'ouvre la porte !

        Poiscaliane maugréa un juron plus qu'elle ne l'articula. Puis elle vrilla de nouveau son regard dans les yeux verts de Rachel,

        -Juste... Pardon mais... Il n'y avait pas de photos au-dessus de la tablette...
        -Normal. C'était une fausse couche. Laissa tomber Poiscaliane presque sans s'en rendre compte. Viens, je vais t'ouvrir cette porte !

        Elle s'élança d'un pas décidé. Et si elle avait pu fendre les dalles sur son chemin, elle l'aurait fait ; du moins si toutefois ça avait pu faire partir Rachel plus rapidement.
        Et si cette dernière lui emboita le pas avec des hésitations que la femme-poisson avait perdu en route, c'est qu'elle essayait de formuler la question qui lui picotait la langue de la manière la plus douce possible.

        -Et c'est Nazca qui...
        -Bien évidemment !

        En y repensant, le regard froid et le ton sec de l'Impératrice Pirate lui parurent tout à coup emplis de tristesse.

        Et elle s'en voulut monstrueusement.
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