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[1624] Shootmania


Les Avalons - Arc I : L'ascension sur North Blue.


Shootmania. [Antélog]


On vogue vers une destination connue de Lloyd seul. Paraitrait que c'est une grande île des Blues style Manshon ou quoi. M'enfin j'pense pas vu son grand sens de l'orientation. Et v'là qu'on se retrouve sur une île de débiloss. M'enfin. Elle semble pas indiquée sur les cartes. Un bout de terre paumé au milieu des mers du Nord. Géant. M'enfin non. Vu que l'autre substrat a envie de s'entrainer. Et perso, la flemme. Les pulsions pourraient vite revenir et ça c'est pas forcément cool. Donc on la joue tranquille. Lloyd est surexcité aujourd'hui. Il a pas pris ses médocs'? Fyuuuu. J'suis pris de cette fleeeeeemme! Alors j'esquive. Fin j'dévie. En mode Ca te dit pas que j't'apprenne à tirer plus tôt ? Non qu'il me dit. Et il reprend son idée d'entrainement... Rahlalalala. Round 2. Le grand Lloyd Barrel serait-il trop faible pour refuser un entrainement de tir au pistolet ? PAK. Là ça mord. Ça galope même. Le v'là qui s'excite tout rouge et qui va chercher tous les flingues de la barque avant d'foutre une table à quai et d'préparer des cibles. Tout beauuuuuuuuuu. Il aurait répondu si vite à sa provocation? Un peu facile.
"Ouais ouais. Prépare les cibles, j'arrive !"

Quel nigaud celui-là. M'enfin. Lui apprendre à tirer fera de mal à personne. Quoique... M'enfiiiiin. C'est quoi ce bout de papier qui vole là? Ow shit. La mauvaise blague. Grand tournoi de tir au pistolet de l'île Shapdeuplon. Grand prix à gagner: 10 millions de berrys. Mais c'est une blague? Si Lloyd voit ça, il va vouloir y aller et ce sera un véritable carnage. Allez fyuuuuut. Ni vu ni connu c'est dans la poche. En espérant qu'il y en ait pas d'autres qui trainent. Nan mais écoutez le râler!

"Moi le Grand Lloyd Barrel ne pas savoir tirer ? Mais c'est une blague ? Une figure rhétorique de mensonge aggravé ? Une infamie ! Je vais te montrer QUI est le meilleur tireur de cette Blue ! C'est bien moi, le Grand Lloyd Barrel !"

Non mais écoutez-le pérorer. A croire que le gars serait né à Beth-Les-M, cité où, selon la légende locale, un fils de Dieu serait né. M'enfin. Croire au bon Dieu ne le fera pas gagner cette épreuve là. Et v'là qu'le Khan saute à terre, pistolets à la ceinture. Sa poire à poudre est pleine et ses pistolets déjà chargés. Que nous réserve le Barrel? Vu la manière dont il tient son flingue, il risque d'abattre une mouette. Enfin bon. On verra bien.
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Une très grande gueule qu'il a, ce Kanbei, mais très peu dans le pantalon je dirais. Toutefois, comme il me l'a suffisamment répété, ses talents d'ingénierie (et donc a fortiori d'artillerie) sont indéniables. Qui plus est, j'aime cette étincelle qu'il semble avoir dans le regard, cette soif d'aventure qui ne saurait être abreuvée que par le frisson et l'excitation que moi, le grand Lloyd Barrel, pourrait lui apporter. Et puis... Il a une personnalité forte. Si forte que c'en est même presque exaspérant. Mais je suis tout de même assez... "Satisfait" de mon choix de le recruter dans mon tout nouvel équipage. Il fera un bon larbin, je l'espère... A condition qu'il travaille son sens du respect, parce que ça doit faire au moins deux bonnes heures que je m'efforce de lui faire me vouvoyer, et que non je ne m'abaisserai pas à préparer ces fameuses cibles. Aussi, lorsque Kanbei revient et que je suis toujours en train de m'indigner sur les doutes qu'il exprime quant à mon habilité de tireur, rien n'a été préparé. En même temps, c'est pas avec les trois cailloux et les deux buissons qui traînent dans le sous-bois dans lequel nous nous trouvons que même moi je pourrais faire quelque chose qui puisse être qualifié de "cible". Aussi, il faudra se débrouiller avec les éléments du bord. Un arbre, un gros rocher... Ou encore mieux : une mouette. Je me saisis du pistolet que j'avais dérobé quelques jours auparavant au sergent de Tanuki et tente d'abattre une de ces sales bestioles qui piaille désagréablement et volette au dessus de nos têtes, sans doute dans l'espoir de nous lâcher une fiente dans les cheveux... Et ça... Au nom de ma magnifique chevelure, je ne pourrais pas le tolérer ! Je fais feu... Et manque lamentablement mon coup. Tsssk... En même temps, sans m'être jamais entraîné, à une pareille distance, sur une cible mouvante, et avec du vent... On ne peut pas réussir à tous les coups. Oui, c'est sûrement ça, d'ailleurs. Le vent...

"Hahahaha ! Ridicule ! Et c'est en visant comme ça que tu comptes devenir le seigneur des pirates ? Hahaha !"
"J'avais surement une poussière dans l’œil.", commenté-je alors, sans pour autant me justifier. Ça ne peut tout de même pas être ma faute, quand même.
"Tu as quand même réussi à toucher un rocher en visant le ciel..."
"Y'avait surement du vent."
"... Surtout que le rocher était à l'exact opposé de la mouette..."
"J'étais surement ébloui."
"... Avec le soleil dans le dos..."
"J'ai surement trébuché."
"... Et qu'on est en terrain plat."
"Ouais, ça va, j'ai compris...", abandonné-je finalement. Je m'explique : "J'ai jamais fait de tir. Je n'aime pas vraiment me battre avec des armes. C'est pour les faibles..."

Kanbei dégaine immédiatement son pistolet et me met en joue, pointant l'arme à un mètre de ma tête. J'arme mon poing en réflexe, et puis grand silence, plus rien ne se passe.

"... Pour les faibles, et pour toi."
"Je préfère.", répond t-il. Il se tourne de quelques degrés, et dégomme une pomme dans un arbre. Il change de pistolet, et en retire une deuxième dans la foulée. Il se retourne ensuite vers moi.

"Calme, sang-froid et précision. Ce sont les trois qualités qu'il faut qu'un bon tireur aie...", dit-il posément. Il ajoute, en faisant la moue : "Et un bon flingue aussi, accessoirement..."
"Je vois le topo, ouais. Et donc ?"
"Mets toi en joue. Respire. Et tu te concentres.", me dit-il dans un premier temps. Il poursuit : "Tire dans la cavité qu'il y a dans l'arbre là-bas."

Et pour me montrer l'exemple, il l'envoie en plein dans le mille, du premier coup.

"Allez, à ton tour."
"Tu vas voir...", dis-je en esquissant un sourire. Et je fais feu. Et je manque complètement mon coup, une fois de plus. La balle touche un rocher, ricoche, tape une branche, ricoche, touche le sol, bref, rebondit dans tous les sens. Et pendant ce temps, nos têtes se tournent pour suivre le mouvement de la bille de métal ou pour l'éviter quand elle nous passe à dix centimètres du crane. Finalement, cette giboulée cesse quand le projectile disparaît dans les buissons. Grand silence que Kanbei brise après quelques secondes :
"Ah quand même..."
"J'avais surement une poussière dans l’œil."
"AIE PUTAIN !", s'écrie une voix provenant des fourrés. Un homme, tenant un long chapeau haut de forme à la main émerge d'un taillis.

Spoiler:

Il semble tout excité pour on ne sait quelle raison.
"VOUS ÊTES BARJOS OU QUOI ?!! Qu'est-ce qui vous prend de tirer sur les gens comme ça ?!", hurle t-il. Il nous désigne un trou dans son haut de forme puis reprend : "Vous avez troué mon magnifique couvre-chef !"

Maintenant, on sait pourquoi il est excité.

"T'as un problème mec ? Mon capitaine saurait pas toucher un éléphant dans un couloir, mais moi je t'aligne un chiure d'anchois sur le dos d'un puceron à cinquante mètres. Et sans blesser le puceron. Me cherche pas.", répond sèchement Kanbei. Voila ! C'est comme ça qu'on répond aux péquenots chez les Avalons !
"Je sais très bien viser ! C'est juste que j'ai pas eu de chance ! Le grand Lloyd Barrel ne peut être mauvais à une quelconque discipline ! Quelle ignominie de penser cela !", corrigé-je immédiatement.
"Vermine insolente... Je suis Edward Chotte. Mais appelez moi Ed'. On m'appelle aussi le Roi du Hat-trick. Une légende. Le meilleur tireur de toute l'île de Shapdeuplon. Vainqueur du grand tournoi de tir trois années consécutives ! Et je compte bien le remporter une quatrième fois ce soir !"
"Et alors ? T'es p'tet connu dans ton bled et vénéré par tous les ploucs du coin, ça ne t'empêche pas d'être un connard insolent. Et si tu veux prouver que tu es le meilleur tireur, je suis ton homme."
"Calmez vous donc, tous les deux.", dis-je alors en m'interposant entre les deux fusilleurs qui semblent prêt à en découdre par un duel au soleil. Il cessent de se dévisager de manière agressive. Je reprends : "Le Roi de l'Arctique, c'est ça ?"
"Euh... Du Hat-trick en fait... C'est quand on réussit une série de trois coups au centr..."
"Non mais je m'en fous, en fait. Hmpf. Comme si je me préoccupais de détails comme ça... Bref. T'as bien dit qu'il y avait un tournoi de tir ce soir, hein ?", le coupé-je.
"Euh... Oui..."
"Parfait ! On va participer. Et on va te prouver que t'es rien par rapport à nous, les fabuleux, les magnifiques, les merveilleux Avalons."
"Hahaha ! Entendu ! Vous ne pourrez pas manquer le tournoi ce soir... Suivez les bruits de tir ! Et prenez des flacons avec vous..."
"Pourquoi ?"
"Pour y recueillir vos larmes, pardi !"
"C'était nul..."
"C'était pas drole... Et encore, je suis le grand Lloyd Barrel... Mon sens de l'humour est légendaire..."

Grand silence.

"Hmpf ! A ce soir, loosers !", lance alors Chochotte en nous saluant de son chapeau percé.

Grand silence, encore. Une saloperie de mouette passe. Un cri de rage provenant des bois m'informe que le chapeau de Chochotte a été victime d'un bombardement gastrique. Héhé. J'adore les mouettes, finalement. Kanbei ne dit pas un mot. Je me tourne vers lui et commence à lui parler :

"Bon. On a un tournoi à gagner, ce soir."
"Je sens que ça va partir en couille..."
"On allait quand même pas se laisser insulter par ce trou du cul, si ? Et puis, que veux-tu qu'on risque sur cette île de paysans ? On la rase si on veut. On est les Avalons. Faut que North Blue, puis le reste du monde apprenne à nous craindre.", lancé-je les poings sur les hanches et les cheveux au vent. Décidément, j'ai une putain de classe. Digne de moi.

"Tu sais quoi Lloyd ?"
"Capitaine Lloyd..."
"Je vais y aller, et je vais gagner. Je vais lui prouver qu'il ne vaut rien, ce vantard prétentieux...", peste t-il. Il ajoute : "Je ne parle pas de toi, hein..."
"De quoi tu parles ? Hé, au fait, et qui t'a autorisé à me tutoyer tout ce temps ?"
"Il vaudrait mieux que je t’entraîne sérieusement, au lieu de dire des bêtises... C'est pas en tirant comme ça que tu te qualifieras..."
"Bah, j'me débrouillerai... Je suis le grand Lloyd Barrel après tout ! Le destin est avec moi !"

Grand silence.

"C'est bien ce qui m'effraie, Capitaine..."


Dernière édition par Lloyd Barrel le Dim 28 Sep 2014 - 22:44, édité 3 fois

    Et ça radote et ça papote. Pfff. Une journée aussi lassante. C'est l'enfer. De Dante. Mais sans la forêt. Sans l'enfer. Juste avec Lloyd quoi. Et v'là qu'il vient de transpercer le chapeau d'un bougre qui beugle à son tour. Dieu que cette journée risque d'être longue. Ce gars-là veut apparemment faire joujou avec les flingues lors du tournoi. Et merde. Lloyd veut y aller maintenant. M'enfin. Prise de tête tout ça. L'gars qui vient d's'faire arroser par les doux sphinx terrestres, pour rester poli, de la mouette, semble être doué à ce jeu là. Alors on doit passer l'temps pour expliquer tout le tir à Lloyd. Pourquoi suivre un crétin pareil sérieusement? M'enfin bon donc tiens bon bien donc. M'v'là. Tout prêt à expliquer à ce parle-sans-penser à tirer. Le fonctionnement de la mire, le mouvement du poignet, l'alignement de l'arme avec l'oeil directeur. Tout l'bordel quoi. Et la journée avance inexorablement. Jusqu'au tournoi. L'horaire approche.

    Hahahaha. Le Barrel se sent fort. Il vient de toucher une cible sans viser... A trois mètres en même temps. Quel boulet celui-là nan mais j'te jure. On met masse de temps à arriver au tournoi. Tout ça parce que monsieur se croit le plus grand navigateur du monde. Et on passe pour des cons. 20 000 berrys d'inscription. ET BIM C'EST A QUI DE PAYER? Putaiiiiiiiiiin. Cette journée commence à me prendre la tête. Je banque à cause de la connerie de mon capitaine. Vaut mieux que le cash prize me revienne moi je vous le dis. Sinon va y avoir des soucis dans l'île. Des morts peut-être?

    "Kanbei ! Regarde leurs têtes de bouffons ! Hahahahaha ! On va les exterminer ces bouseux !"

    Pas si sur que ça mon pote. Mieux vaut rester discret. En parlant de bonnes armes. En voilà tout un paquet. Et un gros paquet même. Des calibres 18 et 20 en passant par des gros pistolets de calibre proche de 10. De quoi faire mal. Très mal. Des crosses en or. De la belle mécanique. Bah voilàààààààà. J'me sens déjà un peu plus chez moi ici. OUH. Mais qui voilà? Les frères Rabuelto, premier et second canon des mers du Sud. Du beau monde tout ça. Y a même Sancho Pancho Muchacho della Muertationnato, le fameux tireur d'élite d'une île des Baronnies de je ne sais quoi. Il semble doué aussi. Et vu l'artillerie avec laquelle il se trimballe, il a l'air foutrement bon. M'enfin. Allons voir le déroulement des épreuves... Du hat-trick, du tir à 50 mètres et du tir à la bouteille aérienne. BOah y a de quoi faire. Reste plus qu'à le dire à Lloyd. Lloyd? Mais où il est ce crétin?
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    "Si !"
    "Non !"
    "Si !"
    "Non !"
    "Si !"
    "Si... ?"
    "Si !"
    "Rah, j'étais pourtant sûr que ma tentative de psychologie inversée allait marcher !", m'exclamé-je en levant les poings. Je reprends : "Tu y arriverais pas ! Et je toucherais la noisette à dix mètres !"
    "Je la toucherais à vingt mètres !"
    "Je la toucherais à trente mètres !"
    "Je la toucherais à quarante mètres !"
    "Je la toucherais à cinquante mètres ! Je suis le grand Lloyd Barrel !"
    "Ok. Prouve le.", concède t-il finalement. Haha ! J'ai gagné ! Il ne me reste plus désormais qu'à toucher une noisette à cinquante mètres, sur la tête d'un homme, les yeux bandés, en équilibre sur un pied. Hmpf. Facile pour le grand Lloyd Barrel. Je me mets sur un pied à une cinquantaine de pas de l'autre parieur, m'attache un foulard autour de la tête, et tente de me remémorer de la hauteur ou se trouve ce fichu fruit sec. Et quand je suis sûr de moi, je tire, en suivant bien les conseils de Kanbei...

    Pan !

    AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARGH !

    "Aaaaaaaaaaaaaargh" ? Ça aurait pas du faire "crac", normalement ? Je défais le bandeau qui m'empêche de voir, et constate avec grand étonnement que non seulement la noisette est encore intacte, mais aussi que mon "rival" (bien grand mot quand on est le grand Lloyd Barrel) est tout recroquevillé sur lui-même au sol, en se serrant à pleine poigne l'entrejambe. Tiens donc. Coutume locale ou habitude depuis la petite enfance ?

    "Tu m'as explosé les burnes, abruti !", hurle t-il les larmes aux yeux.

    Ah ? J'ai du déraper... Ou alors c'est un coup de vent. Ou le mec qui a bougé. Oui, c'est sans doute quelque chose comme ça. Le grand Lloyd ne peut pas se manquer à un tel point...

    "Hé, remarque, j'ai quand même touché des noisettes au final...", dis-je alors, amusé et fier de ma boutade. Au final, priver un plouc prétentieux de parties génitales ne peut qu'être un immense service rendu par ma fabuleuse personne à l'humanité toute entière. Ses descendants présumés me remercieraient sans doute aucun, s'ils le pouvaient, héhé... Tous les regards se tournent désormais vers moi, mais... Je doute (c'est vite dit) que ce soit pour admirer ma splendide chevelure (qui mériterait pourtant de l'être)...  Et mon doute (c'est vite dit aussi) est vite dissipé lorsqu'ils pointent tous leurs pistolets sur moi.

    "Si vous voulez ma peau, cloportes... Aillez au moins la décence de vous battre à mains nues, comme des hommes... A moins que comme l'autre tâche désormais, il vous manque des couilles...", lancé-je en me mettant en garde. Vu qu'ils actionnent les chiens de leurs armes, ils n'ont pas l'air d'apprécier ma remarque. Je déglutis.

    "Allons allons mes amis, calmez vous !", s'exclame alors une voix qu'il me semble connaître, dans mon dos. Je me retourne et tombe alors nez à nez avec l'homme au chapeau troué, le fameux Edward Chochotte qui était venu nous un peu plus tôt dans la journée.
    "Le roi de la trique !", m'écrié-je, surpris de me souvenir de son sobriquet ridicule.
    "C'est "HAT". "TRICK" !", articule t-il, l'air visiblement agacé.
    "Ah oui, c'est ça."
    "Cet enculé m'a pété les burnes, Ed' !"
    "Littéralement.", complété-je.
    "J'vais tellement te trouer la peau qu'tu ressembleras bientôt à un gruyère, enfoiré !"
    "Non tu ne le feras pas, Wilfried.", commence t-il. Il continue, l'air déterminé : "Je lui trouerai la peau, à ce petit con prétentieux et vide de talent, après le tournoi."

    Je tique de l’œil lorsqu'il prononce ces mots. Vide. De. Talent ? MOI ?! LE GRAND LLOYD BARREL ?! Je serre le poing... Et me prépare à lui enfoncer dans le nez.

    "Je ferais pas ça si j'étais toi, mon ami...", me dit-il doucement. Il reprend, en parlant de manière beaucoup plus audible, balayant l'assemblée de son pistolet : "Tu vois tous ces loosers ? Le seul truc qui les empêche de te remplir de mitraille, c'est que je peux leur mettre une balle entre les deux yeux avant même que mon ombre y pense."

    Et effectivement, au vu du silence qui s'ensuit et des mines renfrognées que tirent tous ces ploucs, il a l'air de dire la vérité.

    "Tu comprends mon ami, maintenant ? C'est ça la prestance, le charisme... L'aura ! Il ne suffit pas de ramener ses gros sabots à un tournoi et de gueuler fort pour le remporter... Tu l'apprendras à tes dépends, mon ami !"
    "Merci de tes conseils, "mon ami", même si je n'en ai que faire. Je vais t'en donner un moi aussi. Ne m'appelle plus jamais ton "ami". Le grand Lloyd Barrel n'a pas d'amis."
    "Qu'est-ce qui se passe ici ? Tu fous quoi Lloyd ? Ça va commencer et j'ai pas envie d'avoir claqué de la thune dans le vent.", tonne alors un Kanbei qui débarque, l'air un peu perdu.
    "Tu ferais mieux de surveiller ton cabot, l'ami. Il est en train de chier partout. A moins que ce soit toi le petit toutou et lui ta gentille nounou un peu conne. Je sais pas. Quoi qu'il en soit, l'épreuve du Hat-trick commence dans quelques minutes... Je te conseille de te ramener, blondinet, histoire que tu voies un vrai pro à l'oeuvre..."

    Et il s'en va, rengainant son arme à sa ceinture en lui faisant faire plusieurs moulinets. Nos regards se croisent, avec Kanbei.

    "Lui, on lui fait fermer sa grande gueule."
    "Oh que oui."

    Et on se met en route. Ainsi commence le début des hostilités.

    Quelques minutes plus tard.

    "Alors il est comment ? J'y connais rien moi.", demandé-je à Kanbei, les bras croisés et les yeux sur la performance de notre "ami" Chochotte.
    "Il est bon... Il est vachement putain de bon...", lâche alors mon larbin en se mordant la lèvre.

    Réussir un "hat-trick" (dont j'arrive enfin à me souvenir de la prononciation), dans le monde des armes à feu, c'est réussir trois tirs dans la tête en trois balles. Pour l'épreuve du hat-trick, les organisateurs ont donc disposé vingt séries de trois mannequins, chaque série étant reculée d'un mètre par rapport à la précédente : la première rangée se trouve donc à dix mètres du cercle de positionnement, et la dernière à trente mètres.

    "C'est quoi qu'il faut faire pour gagner des points en fait ?"
    "Facile. Pour chaque série, il faut toucher la tête de chacun des mannequins. Si tu manques, ou que tu ne touches pas la tête, tu perds ta série. Donc le maximum de points que tu puisses faire, c'est vingt points pour vingt séries."
    "Et il en est à combien là ?"
    "Seize points sur ses dix-neuf séries... Cinquante trois tirs réussis pour cinquante sept effectués..."
    "Ah oui, ça a pas l'air mal en effet..."
    "Dix-sept points sur vingt ! Ed' Chotte l'a fait ! Il a battu son record personnel et se hisse à la première place pour cette épreuve, dépassant les frères Rabuelto à dix et onze respectivement, et Sancho Pancho Muchacho della Muertationnato qui avait pourtant fait le superbe score de quatorze points !", tonne alors le présentateur dans son escarg-haut parleur. A l'annonce de ce dernier nom, une sorte de frisson m'envahit, et mes yeux s'écarquillent.

    Je ne retiendrai jamais un nom aussi pourri long.

    "Et c'est maintenant autour des outsiders de ce tournoi ! Le prochain candidat est Kanbei Wanajima ! Espérons qu'il ne se ridiculise pas trop après l'incroyable prouesse du roi du hat-trick !", m'arrache alors de mes pensées l'organisateur.

    C'est sûr que Kanbei va devoir se surpasser s'il veut faire fermer sa gueule à l'autre andouille. Moi, à la limite, dans le plus extrême des cas, j'ai mon formidable et divin haki pour leur en mettre la vue... Mais même avec tout ça, j'ai peur (enfin, c'est vite dit) que ce ne soit pas suffisant. Il est plus que probable que nous perdions cette épreuve et qu'il faille tout miser sur les deux prochaines pour remporter le tournoi... Et pourtant j'oublie un truc super important...

    Ah. Oui.

    Je suis le grand Lloyd Barrel. Nous sommes les Avalons. Et Kanbei entre en piste...


    Dernière édition par Lloyd Barrel le Dim 28 Sep 2014 - 22:27, édité 4 fois
      Couille de taureau poilu des montagnes de North Blue. Pitié. Il vient de tirer du plomb dans les couilles d'un mec. De quoi s'foutre la moitié des plébéiens ici présent à dos. Et c'est le cas. Le Khan vient de voir la scène et se tient prêt à agir. Mais ce débile d'Ed Chotte se ramène et s'envoie des fleurs avec une fausse leçon de morale. Quelle connerie. M'enfin. M'v'là que le Khan se presse d'intervenir en feignant ne rien avoir vu. Qu'est-ce qu'il faut pas être pour rester discret... M'enfin bon. Les choses se tassent et les étapes vont pour commencer. Sauf que le Chotte vient péter les boulettes à se la ramener une nouvelle fois. Quelque chose s'éclaire au fond du Khan. Une profonde envie de le charcler sur place devant tous ces pecnos dégénérés. Puis d'foutre le feu à leur putain d'île. Mais non. Aujourd'hui je fais la nounou. Alors on s'détend bande de corniauds mal rasés.

      Et le tournoi commence. Y a de quoi s'amuser globalement. De bons tireurs. Des mecs à balles chemisées, mouchetées et compagnie. De la très belle ouvrage. De quoi faire saigner à des centaines de mètres à la ronde. Et assez de plomb pour augmenter le poids de l'île de 10% probablement héhéhéhé. Bref. Le Chotte, j'vais le régler. Vite fait bien fait salement fait proprement bien fait du mal fait. J'le règle et pis c'est tout. Mais d'abord faut y aller calmement et regarder les autres. J'passe tard. Trop tard? J'sais pas. Le temps d'préparer une bonne poudre et on verra.

      Séries de tirs avant Kanbei

      Clonk. Clonk. Clonk. Les frères Rabuelto ont un score bien sympa. Pistolets à silex à poignée nacrée et canon strié à l'embout traité. De très bonnes armes pour qui sait s'en servir. Ces gars-là ont été bon mais le suivant est carrément bon. Sancho Pancho Muchacho della Muertationnato. Un véritable tireur d'élite. 14 points. De très bonnes séries même. Seul hic, le recul de son fusil à lunette qui l'oblige à prendre un temps fou entre chaque tir. En même temps, un calibre .50 c'est pas forcément le truc le plus facile à gérer. 14 points. Un sans faute mais le gong le stoppe. Trop de temps. Il faut passer au candidat suivant. Le Chiotte. Et là à vrai dire le Khan ne fût pas tant impressionné que cela. Le gars avait une bonne technique et de bons pistolets. Il était juste régulier. Ce gars devait tirer tous les jours. Rien de si impressionnant que ça en tout cas. Il venait de finir sa série et rangeait ses armes d'un air satisfait quand le commentateur annonça que c'était au tour de Kanbei de tirer. Ed' Chotte le regarda d'un air narquois et sortir du stand, bousculant le Wanajima au passage d'un air moqueur. Ce gars-là allait voir. Le Khan présenta ses armes au juge qui les déclara présentables pour le tir.

      BANG. BANG. BANG.
      BANG. BANG. BANG.
      BANG. BANG. BANG.
      BANG. BANG. BANG.
      BANG. BANG. BANG.
      BANG. BANG. BANG.
      BANG. BANG. BANG.
      BANG. BANG. BANG.
      BANG. BANG. BANG.
      BANG. BANG. BANG.
      BANG. BANG. BANG.
      BANG. BANG. BANG.
      BANG. BANG. BANG.
      BANG. BANG. BANG.
      BANG. BANG. BANG.
      BANG. BANG. BANG.
      Fwoush. Fwoush. Fwoush.
      Fwoush. Fwoush. Fwoush.
      Fwoush. Fwoush. Fwoush.
      BANG. BANG. Fwoush.


      "16 POINTS SUR 20! OH MON DIEU! Kanbei Wanajima a failli égaler le record d'Ed Choooooooootte! C'est énoooooooooooooooorme!"

      Et pendant que le commentateur se complait dans son commentaire stupide et dénué de sens au vu de ses talents de tireur, Kanbei range ses armes et sort du champ de tir pour rejoindre Lloyd. N'importe quel oeil avisé a pu voir qu'il a volontairement raté quelques tirs. Mais de là à savoir combien? Personne ne peut le dire. Les frères Rabuelto saluent discrètement l'outsider et Sancho Pancho lui fait même un signe de tête entendu. 50 tirs réussis sur 60. De bonnes statistiques pour un inconnu. Enormes même. Mais ça n'est que l'échauffement. La deuxième épreuve est sur le point de commencer et au vu de la tête que tire Lloyd depuis les séries de son second, une suite folle est à venir.
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      Kanbei vient de se placer en seconde position, après avoir réussi une excellente série, mais qui est tout de même imparfaite. Quoi de plus normal, pour le sbire du grand Lloyd Barrel ? Il ne me reste plus qu'à entrer en piste et à ravir la première place en faisant un perfect, de toute ma prestance légendaire. J'arme mes pistolets, bien que je préférerais largement m'en passer, et m'avance vers le...

      "Nous allons maintenant passer à la seconde épreuve ! Merci de tous vous diriger au stand de tir longue distance !", me coupe alors dans mon élan la voix du présentateur. Euh... La deuxième épreuve ? Mais je n'a pas encore participé à la première, et ce tournoi ne peut être un bon tournoi si le grand Lloyd Barrel ne participe pas... Il doit y avoir une erreur...
      "Hé monsieur !", m'interpelle alors un mioche de l'île, alors que j'ai justement tout sauf le temps de m'occuper des problèmes de la marmaille locale. Ceci dit, étant donné que je suis le bon et généreux Lloyd Barrel, il est de mon devoir (même si le concept "d'obligation" à faire quelque chose ne me concerne absolument pas) d'y prêter attention.
      "Oui ?"
      "Pourquoi vous êtes pas passé au Hat-trick ? On vous a oublié ?"
      "Haha ! Mais que racontes-tu dont ? Je suis le grand Lloyd Barrel, je suis inoubliable !", commencé-je. Je continue : "Vois-tu, il y a dans ce vaste monde des gens faibles... Bon, disons "sensibles" plutôt. Et les blesser dans leur orgueil serait très cruel. Je sais pertinemment que je suis le meilleur, alors je n'ai pas besoin de remporter un tournoi pour le prouver. Mon existence suffit amplement. Et puis... Si je le voulais, je pourrais remporter la première place quand même, même avec du retard. Il faut savoir se mettre du handicap pour s'amuser !"
      "On vous a vraiment oublié, en fait..."
      "Tais-toi sinon je te frappe."
      "Vous ne frapperiez quand même pas un enfant, hein monsieur Llyod Barrel ?", demande t-il finalement, tout naïvement. Charmant bambin.

      C'est donc avec une bosse sur le crâne que le gamin s'enfuit à toutes jambes, pleurnichant à grosses larmes. En attendant, je n'ai pas participé à la première épreuve. Mh. Bon, y'a qu'à rejoindre Kanbei alors, et s'arranger pour qu'il gagne ce fichu tournoi et fasse rabattre son caquet à cet enfoiré d'Ed' Chotte. Alors que j'arrive au stand de la deuxième épreuve, celle du tir à très longue distance, je retrouve le gamin d'il y a quelques minutes, en train de chouiner accroché à la jambe d'un type, comme une moule sur son rocher. Et le type en question, c'est justement l'autre tireur d'élite au caractère si haïssable... Qui vient d'ailleurs s'approcher de moi, et même daigner me parler. Décidément...

      "Hé l'ami ! C'est toi qui frappé mon petit frère Donky ? Réponds ou je te troue tellement la peau qu'on t'appellera bientôt la passoire !"
      "Je m'appelle Donald Killian Chotte, pas Donky !"
      "Je me disais bien que ce mioche avait une vilaine tête qui me revenait de je ne sais où... Et le grand Lloyd Barrel frappe ce qu'il veut, surtout si c'est aussi disgracieux !"

      Désormais, tous les regards de l'assemblée son tournés vers un Chochotte qui a dégainé son arme et vers moi qui ai armé mes poings.

      "Wohohohoho, calmez vous tous les deux ! Vous réglerez ça pendant le tournoi !"
      "T'as de la chance que ta nounou sois là..."
      "De toute manière, j'ai pour principe de ne pas taper les handicapés...", répliqué-je instantanément, alors que nous tournons tous deux les talons pour rejoindre nos places. Prends ça dans ta tronche, sale frimeur prétentieux...
      "L'handicapé au moins, on n'a pas oublié son tour..."

      Je m'arrête de marcher, tiquant de l’œil. L'enfant. De. Catin. Je me retourne vivement et hurle :

      "RÉPÈTE UN PEU CA POUR VOIR ?!"

      Et le duel de regards recommence, chacun prêt à fracasser l'autre à la moindre erreur d'inattention. Le présentateur nous interrompt avant la moindre effusion d'hémoglobine.

      "La deuxième épreuve commence ! D'ailleurs un nouveau candidat vient d'entrer en lice, alors je réclame un tonnerre d'applaudissement pour Lucky Strike, qui va justement ouvrir la manche sur cette épreuve du tir à 50 mètres !", annonce t-il par son escarg-haut parleur.

      Spoiler:

      "Un nouveau candidat ?"
      "Allez, encore un plouc à ridiculiser...", commence Chotte en rangeant son six-coups. Il reprend : "Je vais aller voir comment il se défend. Et toi, tu ne paies rien pour attendre... Si toutefois tu arrives à compenser ton retard, ce qui, au vu de ton talent, risque d'être très compliqué, mon ami !"

      Je ne daigne même pas répondre à sa provocation futile, et me concentre plutôt sur les échos que j'entends parmi la foule, sur ce tout nouveau concurrent. Et ça ne présage rien de bon, car même si parmi les tireurs, l'homme semble assez peu connu, parmi les spectateurs, c'est radicalement différent. Apparemment, ce Lucky Strike serait comme un chasseur de primes... Mais en plus illégal. Une sorte de tueur à gages, le genre de gars qu'on appelle quand on a un problème gênant avec un tiers, qui ne laissera pas de traces, et ne se fera jamais choper. Et il s'agirait de l'un des meilleurs de sa catégorie... Si ces stipulations s'avèrent être vraies, pourquoi un homme comme cela participerait à un tournoi de tir sur une île aussi insignifiante ? Pour l'argent ? Mouais, même si je peine à y croire... Il doit y avoir baleineau sous le gravillon, où je ne suis pas le grand Lloyd Barrel ! Ceci dit, comme à mon habitude, vu que ce n'est sans doute pas mon problème, je n'en ai absolument rien à cirer, et me concentre plutôt sur l'épreuve à venir. Du tir à longue distance, qui requiert donc une arme à la fois puissante et précise... Nous nous positionnons sur le côté tandis que le fameux Lucky Strike se prépare à réaliser son tir. Kanbei me chuchote :

      "Je le connais, ce type... Du moins, de réputation. Apparemment, la marine lui a attribué pas mal de règlements de comptes mafieux... Sans toutefois réussir à prouver son implication."
      "Comment tu sais ça, toi ? Le grand Lloyd Barrel exige d'être informé !"
      "Des rumeurs.", répond tout simplement mon jeune membre d'équipage. Des rumeurs ? Ouais c'est ça... Et mon père c'est le type le plus riche de North Blue aussi, c'est ça ? Ah, quoique, mauvais exemple, parce que c'est peut-être le cas... Bref, Kanbei continue : "Bon allez. C'est à lui d'ouvrir le bal. Voyons voir ce qu'il vaut."

      Un silence de plomb règne dans l'assemblée, et candidats comme spectateurs retiennent leur souffle... Sauf moi, qui baille à bouche grande ouverte. Strike s'avance, dégaine son pistolet (un magnum noir comme l'encre), et tend sa main libre devant lui. Et puis, il ferme les yeux. Qu'est-ce qu'il fait ? C'est une sorte de tic superstitieux pour lui porter chance ?

      "Room.", dit-il alors soudainement dans le plus grand calme, sans que personne ne sache trop pourquoi. Est-ce le nom de sa fiancée qu'il souffle pour se motiver ? Ce serait vraiment ridicule si c'est ça. Puis, toujours les yeux clos, il se met en joue. Des murmures se font entendre dans mon dos, comme "Mais qu'est-ce qu'il fait ?" ou bien encore "Il ne va quand même pas tirer à cinquante mètres sans avoir sa cible en visuel ?"... Mais pas une de ces paroles n'ébranle la concentration de Strike et des autres tireurs. Il fait finalement feu.

      "Bounce."

      Cela se jouera effectivement à l'aveugle. La balle part et manque la cible. Chotte et les frères Rabuelto lâchent un ricanement de satisfaction, alors que le public et le présentateur semblent sans voix. Bon. Apparemment, ce guignol n'a rien d'exceptionnel, et Kanbei et les autres ont sans doute dû se tromper sur son identité... Je me tourne vers mon larbin, mais à mon grand étonnement, le tir râté de Lucky Strike ne semble pas le réjouir. C'est alors que je comprends pourquoi, lorsque je vois le projectile tiré par le candidat s'écraser dans l'air comme s'il heurtait un mur invisible, et repartir dans notre direction.

      "Mace.", murmure alors Strike en faisant pivoter sa main. Et, alors que la balle fuse droit vers un public qui commence à s'affoler, elle rebondit à nouveau en plein milieu des airs et commence à ricocher sans raison apparente dans toute la zone de tir, touchant le mannequin à plusieurs reprises, et continuant sa valse folle en prenant plus de vitesse à chaque fois. Je jette un rapide coup d'oeil au niveau des jurés, dont la bouche descend jusqu'au niveau du sol tant ils sont médusés par ce qui se passe actuellement. Mais qu'est-ce que c'est que ce truc ? Finalement, au bout de plusieurs dizaines de secondes de rebonds, la balle percute une dernière fois la cible, en plein centre, et au lieu de rebondir comme auparavant, explose littéralement le mannequin. Lorsque la poussière et la fumée retombent, il ne reste qu'un large trou au milieu de la poitrine du mannequin : toute la première et la deuxième zone valant le nombre maximal de points est complètement détruite. Plus personne ne fait le moindre bruit tandis que Lucky Strike fait mouliner son arme dans sa main droite et la range dans son étui à sa ceinture, après avoir stéréotypiquement soufflé sur le canon de l'arme. Brisant un silence presque inquiétant, c'est un présentateur euphorique qui se met à vociférer dans son escarg-haut parleur :

      "Oh mon dieu, mesdames et messieurs ! D'abord Edward Chotte, notre champion, qui bat son propre record au hat-trick, puis Kanbei Wanajima, un outsider au nom inconnu, qui a réalisé une performance spectaculaire, et maintenant... C'est au tour de Lucky Strike de nous faire une démonstration magnifique des effets pouvant être transmis à une balle... Le tout en alignant plein centre une cible à cinquante mètres les yeux fermés !"

      Applaudissements timides de quelques spectateurs qui se transforme assez vite en ovation la plus totale. Seuls les tireurs ne bougent pas d'un cil. Sauf moi, qui applaudit également la prestation de Strike. Même si ce qu'il a réalisé me semble complètement impossible à faire et défiant toutes les lois de la physique connues à ce jour, s'il est capable d'en faire autant, pas étonnant que ce soit un tueur à gages aussi insaissable.

      "Qu'est-ce qui te chiffone ? T'es muet comme une tarte. Tu ne nous crois pas capables de faire mieux ?", demandé-je à un Kanbei plus que silencieux, et qui affiche un regard des plus sérieux.
      "Quel imbécile ! C'est "carpe" et pas "tarte", l'ami !", tente de me corriger Chotte. Tente. Haha, quel idiot arrogant, celui là !
      "Parce que tu as déjà vu une tarte parler, peut-être ?"
      "Euh... Non, mais c'est pas la question... C'est une expression et puis c'est tout !"
      "Je suis le grand Lloyd Barrel, donc ce sont mes expressions les bonnes et puis c'est tout ! Et si t'as un problème, face de rat, je te refais volontiers le portrait !"

      Nous nous remettons en garde l'un contre l'autre, l'un poings levés, l'autre l'arme en joue. Nos regards se croisent une fois de plus.

      "Fermez la tous les deux.", nous coupe alors Kanbei, toujours aussi sérieux.
      "En quel honneur oses-tu manquer de respect à ma superbe personne, misérable larbin ?!"
      "En l'honneur que ce type est dangereux... Et que ce qu'il vient de faire est humainement impossible.", répond t-il sèchement en pointant du doigt un Lucky Strike qui s'allume un cigarillo.
      "Humainement impossible ? Comment ça ?"
      "Je ne suis pas un tireur débutant. Et l'autre enfoiré dont tu t'es entiché non plus. On sait ce que c'est que mettre des effets dans un tir. Et ce qu'il a fait n'est certainement pas un effet."
      "Tu t'en es rendu compte aussi ? Tu es bien moins nul que ce que je croyais, pour une nounou, l'ami... Et ça veut dire que les rumeurs qui circulent sur ce type sont fondées."
      "Pfff... Même un débile s'en serait rendu compte."
      "Euh... Oui, bien sûr, moi, le grand Lloyd Barrel, l'ai tout de suite remarqué d'ailleurs, c'est bien normal... Mais, juste au cas ou, remarquer quoi... ?"
      "Oui... Ce type à sans aucun doute mangé un fruit du démon.", lance alors Chochotte comme un pavé dans la mare. Un fruit du démon ? Ce type ? Voila qui expliquerait bien des choses, en effet... Mais lequel est-ce que cela pourrait bien être ? Tous les regards se tournent vers lui, tandis qu'il relève son chapeau haut de forme avec l'embout de son arme. Il reprend, un sourire d'excitations vissé sur les lèvres : "Voila qui promet de rendre la partie plus intéressante qu'avec l'autre couple d'attardés."

      Ah ? Il parle des frères Rabuelto ? Oh, et puis, de toute manière, ce n'est pas mon problème. J'ai recruté Kanbei, donc j'ai confiance en lui pour me servir à la perfection. Et étant donné que je lui ai ordonné que nous remportions ce tournoi haut la main, il n'y a pas d'autre issue possible...

      Les organisateurs marquent une courte pause le temps de remplacer le mannequin explosé par Strike... Et moi j'en profite pour aller fureter, et tenter d'en savoir plus sur ce supposé tireur démoniaque dont le nom est sur toutes les lèvres, tandis que le roi Patrick et Kanbei partent s'entraîner au tir longue distance un peu plus à l'écart du lieu du tournoi. Me glissant subrepticement du côté des bateaux amarrés de ceux venus spécialement sur l'île de Shapdeuplon pour le tournoi, ma séance d'infiltration commence. Après une dizaine de minutes d'investigation (c'est à dire plus des trois-quarts du temps accordé par les organisateurs pour la pause), je suis toujours bredouille d'informations, et il m'est complètement impossible de trouver le bateau de Lucky Strike. Serait t-il donc vraiment venu uniquement pour remporter le prix, bien qu'étant un tireur peu talentueux, comptant sur ses pouvoirs démoniaques ? Là où ça a du sens, c'est qu'un type travaillant comme tueur à gages ne peut résister à l'appat du gain... Mais là où ça en a moins, c'est quant à pourquoi un tueur de sa carrure viendrait s'afficher à la vue de tous pour participer à un simple tournoi. Je suis prêt à me raser la tête (et ainsi abandonner ma magnifique, que dis-je, sensationnelle coupe de cheveux) qu'il ne se participe pas à ces épreuves par hasard. D'autant plus qu'à moins d'être extrêmement confiant en ses capacités comme moi, l'époustouflant Lloyd Barrel, ne faire que deux des trois épreuves d'un tournoi et ainsi entrer dans la course avec des points de retard ne semble pas être la meilleure des stratégies si on veut dur comme fer le remporter. Finalement, alors que j'arrive près du bateau de Sancho Pancha de Gaspacho... Non... De Plancha Rolitos de Jamon con Queso... Non, c'est pas ça non plus... Bon, du mec qui est troisième au classement pour l'instant, je suis à portée d'oreille d'une conversation pour le moins... Intéressante, et où je reconnais distinctement la voix de Lucky Strike et de... Euh... Du type qui est troisième.

      "... Ce n'est pas mon problème. Vous m'avez embauché pour une seule cible. Pas pour deux. Donc ou vous vous débrouillez avec un seul mort, ou vous me payez double tarif. La balle, et c'est moi, est dans votre camp."
      "Vous vous foutez de ma gueule ? C'est hors de question que vous empochiez un berry de plus que ce que nous avions convenu. Lorsque vous avez accepté le contrat, vous avez garanti que j'aurais la première place du tournoi. Qu'il faille abattre une, deux ou quinze personnes, je m'en fous, votre boulot est de me faire gagner ce tournoi !"
      "Peut-être bien, mais vous étiez censé être deuxième : je tuais Edward Chotte et le tour était joué. Si vous n'avez pas été à la hauteur, ce n'est pas mon problème."
      "Pas à la hauteur ?! Je suis le meilleur tireur de l'escouade d'élite du Baron Flement ! Je suis le meilleur !"
      "Alors faites votre boulot et je ferai le mien. Après, c'est à vous de voir si la deuxième place derrière ce Wanajima vous convient."
      "... Combien ?", grogne t-il, acculé.
      "Tarif standard. Trois millions par tête. Plus un million si vous voulez que ça soit propre, et un autre million pour que je garde le silence."
      "Huit millions ? Mais vous êtes malade ? Le prix du tournoi n'est que de dix millions !"
      "Dans ce cas, il fallait vous débrouiller vous même.", continue de répondre Strike d'un calme placide, presque malsain.
      "Vendu. Huit millions pour la tête de Chotte et de Wanajima. Et pas intérêt à ce que ça s'ébruite, compris ?"
      "C'est vous le patron, héhé.", conclut le tueur. J'entends le bruit de sa chaise qui se lève, et je commence à tourner les talons pour aller avertir Kanbei... Et Chotte, éventuellement, même si j'hésite. En tout cas, ça sent vraiment pas bon du tout, cette affaire. Lucky Strike reprend : "Par contre, vu que vous êtes un bon client, je vais faire un geste et ne pas vous facturer le type qui nous écoute depuis toute à l'heure. Après tout, vous avez bien payé un million pour que ça ne s'ébruite pas, hein ?"

      J'écarquille les yeux. Oh merde. Strike bondit hors du bateau, alors que je me mets en garde. Fruit du démon ou pas, tueur à gages ou pas, hors de question que moi, le noble, l'incroyable Lloyd Barrel, ne parte en courant devant deux individus ayant un stratagème aussi lâche.

      "Désolé, je crois que tu pourras pas participer à la suite du tournoi !", s'écrie Strike en sautant à terre à une dizaine de mètres de moi.
      "Ca tombe bien, les tournois de tir, je laisse ça à ceux qui ont pas le cran de faire des tournois de combat à mains nues !"
      "Ah mais oui ! T'es ce type que les organisateurs ont oublié ! Lolyd Barnel, c'est ça ?"

      Et là, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase.

      "C'est LLOYD BARREL, abruti !", hurlé-je en m'élançant sur lui, poings armés, avant même qu'il ait eu le temps de dégainer son pistolet, tentant une attaque à la tête qu'il esquive de justesse en s'élançant sur le côté. Se receptionnant au sol, il répète la même opération que lors de l'épreuve de tir longue distance : main gauche en avant, il pivote ses doigts et murmure un mot.
      "Room."

      S'agit t-il encore son espèce de truc porte-chance ? Il se saisit ensuite d'un galet par terre, et commence à le lancer et à le rattraper avec sa main droite, la gauche étant dans sa poche.

      "Tu comptes m'attaquer en me lançant un caillou, moi, le puissant Lloyd Barrel ?"
      "C'est exactement ça !"
      "Et tu crois vraiment que ça va marcher ? En fait, c'est pas que tu es un inconscient mais que tu es un vrai débile..."
      "On verra bien, hein... ? Bounce !", dit-il amusé, en me lançant le caillou. J'esquive son lancé aisément, et ne perds pas une seconde pour me jeter sur lui. Il dégaine alors deux couteaux kukri et tente de me faire des estafilades au corps à corps. Immédiatement, j'effectue un saut en arrière.
      "C'est tout ce que t'as ? Du gravier et des cure-dents ?", lancé-je, affichant un sourire narquois.
      "L'épreuve de tir a pas suffi à te convaincre que non ?"

      Oh, merde. Vrai que Strike aurait des pouvoirs démoniaques... Tout à coup, une douleur intense me déchire le dos. Dans ma chute au sol, je me retourne et aperçois le caillou qu'il m'avait jeté quelques secondes auparavant.

      "Qu... ?!"
      "J'ai mangé le Fruit du Rebond, tocard ! Il me permet de créer une zone dans laquelle les objets que je lance rebondissent, accélérant et accumulant de l'énergie... Et quand je le commande, l'objet cesse de rebondir et cause de gros dégâts !"

      Bordel... J'ai été négligeant. J'ai sous-estimé ce type. Même si ça me fait encore plus mal que de recevoir ce rocher en plein dans le dos, je dois avouer que moi, le grand Lloyd Barrel, ait péché d'orgueil. Je m'écrase lourdement au sol. Tout devient clair dans mon esprit, et tout devient obscur dans mon corps. Mes paupières sont de plus en plus lourdes, la douleur de plus en plus intense. Je... Je m'évanouis.
      A mon réveil, je suis ligoté au mat du navire de Pablo Cervantes y Guernica, ou quel que soit son nom... Et Lucky Strike est en train de serrer fermement les chaines qui m'entravent. Impossible de bouger ne serait-ce que le petit doigt, même en y allant de toutes mes forces. Bordel...

      "Hmmm... ? Réveillé ? Surpris d'être encore en vie ?", m'envoie le tueur à gages.
      "Pas vraiment... Les héros ne peuvent pas mourir. Et je suis le grand Lloyd Barrel.", commencé-je. Je reprends : "Maintenant, relâche moi avant que je me libère et que je te fasse la tête au carré !"
      "Haha ! Tu es drôle, toi ! Naïf, empli d'idéaux ! Ta survie ne tient qu'au fait que tu n'es pas ma cible... Et que tu sembles assez proche de Chotte et de Wanajima ! Je ne sais pas qui ils sont pour toi, mais quand ils viendront te sauver et que tu les verras mourir en essayant..."
      "Ils ne viendront jamais me sauver.", réponds-je alors.
      "Parce que tu comptes t'en sortir tout seul, c'est ça ? Hahaha !"
      "Euh... Oui déjà... Mais surtout parce que Chochotte c'est un connard et que Kanbei... C'est pas comme ça qu'on fonctionne dans mon équipage."
      "Vous êtes des pirates ? Laisse moi rire ! Quel genre de pirate laisserait son équipage derrière lui ? Quel genre de pirate laisserait son capitaine derrière lui ?!", éclate t-il de rire, moqueur. En voila un qui n'a rien compris à ce que c'est qu'être pirate. A ce que c'est qu'être le grand Lloyd Barrel.
      "Moi et mes hommes. Ils ne vivent que pour me servir. Pas pour m'assister ! Pas pour m'encombrer !"
      "Hahaha ! Tu es bien drôle, Lloyd Barrel !"
      "Tu riras moins lorsque tu mangeras mes poings, enfoiré... Le grand Lloyd Barrel obtient toujours vengeance, et je m'appliquerai à ce que tu t'en souviennes !"
      "Bougez vous Strike. Le tournoi va reprendre. Et vous avez intérêt à valoir le prix que je vous paie.", débarque alors... Euh... Le troisième, visiblement assez pressé et stressé.
      "Ne vous en faites pas, je connais mon métier."
      "Je me demande simplement comment vous allez réussir ce coup là...", s'inquiète t-il. Lucky Strike sourit.
      "Ça, c'est mon affaire. Détendez vous et profitez du tournoi. Carpe diem, comme on dit."

      Je n'ai pas le temps de le corriger et de lui dire qu'on dit "tarte" et pas "carpe" qu'ils sont déjà partis. Bon, c'est pas tout... Mais il s'agirait quand même d'aller sauver mon imbécile de larbin, qui ne se doute de rien... Et de me venger de ce salaud de Lucky Strike... La prochaine fois, je ne le sous-estimerai pas...

      Gnnnnnh... Rien à faire. Les chaines d'acier, c'est super solide, mine de rien.

      ...

      Mine de rien... Si mon imbécile de larbin pouvait se pointer avec une paire de pinces coupantes, ce serait chouette.


      Dernière édition par Lloyd Barrel le Dim 5 Oct 2014 - 2:19, édité 6 fois
        Hahahahahahaha! Ils ont oublié Lloyd. Enfin des gens pleins de bon sens et désireux de faire veiller le calme et la sérénité sur cette île. D'ailleurs, où est Lloyd? Voilà qu'ils annoncent déjà l'épreuve de tir longue distance. Aïe aïe aïe. Va falloir strier du canon pour être le meilleur. Enfin bon, voilà Lloyd! En train de se foutre en rogne contre le Chotte et ce qui ressemble de près ou de loin à son petit frère. Et c'est sur ces entrefaits que l'Ed dégaine son arme et que Lloyd arme ses poings. Quelle bande d'enfants. En bon second, Kanbei se voit obligé d'intervenir et de calmer la situation. Rahlalalalala! Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour avoir une bonne image... Et les voilà qui se lancent piques sur piques jusqu'à ce que Lloyd n'explose. En même temps, il n'a pas été appelé et même le Wanajima ne peut s'empêcher de réprimer un sourire. Mais c'est alors qu'un nouveau candidat fait son apparition. Un certain Lucky Strike. La tension s'apaise et chacun des deux groupes en présence rejoint les tribunes pour observer les tirs du nouveau venu. D'ailleurs, son nom ne semble pas inconnu. Probablement un tueur à gages. Oui, la rumeur voudrait qu'il en soit un. Qu'importe, il va effectuer son tir. Ah voilà, il réglait des comptes dans la mafia. Mieux vaut le dire à Lloyd qui s'excite déjà avant même d'avoir vu quoi que ce soit de son tir. Le plus important sera de voir le niveau de menace que représente ce gars. Y a quelques bons tireurs voire combattants ici mais rien qui ne leur arrive à la cheville. A part peut-être le Chotte.

        Néanmoins, c'est au tour du mystérieux inconnu qui sort un très long pistolet noir, de très bonne facture par la même occasion. Il ferme les yeux et tire? Qu'est-ce que? La balle fuse et passe à côté de la cible mais Kanbei sait que ce gars n'est pas ordinaire malgré les rires des autres tireurs. La balle s'écrase alors littéralement dans l'air et change de direction. Vers le public. Tout le monde s'affole alors qu'elle repart à nouveau dans une autre direction. Puis une autre. Et tout cela pendant une bonne dizaine de secondes avant de démolir au sens propre la cible. Puis le gars range son arme comme si de rien n'était. Quelque chose vient de se passer et le cerveau du second des Avalons tourne déjà à toute blinde. Lloyd et Chotte se querellent à nouveau pendant que le commentateur lustre la performance du Strike. Chotte semble avoir compris lui aussi. Un fruit du démon. C'est la seule explication possible et cela rehausse immédiatement le niveau de la compétition. Ca a l'air de plaire à Chotte. Tant mieux, le Khan est satisfait lui aussi. Et c'est la pause. Le temps de changer le mannequin. Mieux vaut aller s'entraîner dans son coin et laisser les autres se débrouiller un petit moment. Et c'est pour ça que des stands de tir personnels avaient été aménagés. Le temps de passer au bateau prendre quelques trucs et en avant.

        Voilà. Le pistolet à canon long. Son dernier bijou. Il avait passé près de cinquante heures à le bichonner et il ne l'avait toujours pas utilisé. Une crosse en ébène et un vernis de grande qualité. Un canon en acier traité fini à la forge par un artisan spécialisé. Ce pistolet là coûtait probablement plus cher que la coque de noix sur laquelle les Avalons voyageaient depuis le début de leur périple. Bref, il fallait maintenant préparer les munitions. Choisir la bonne dose de plomb, la bonne dose de poudre. Il fît tout d'abord plusieurs essais avant de se rendre compte qu'il fallait mélanger la poudre avec une seconde poudre plus puissante et hautement volatile. Au bout de quinze minutes, il était prêt et venait d'effectuer une demi-douzaine de tirs plutôt concluants. Le temps de rejoindre le champ de tir et le public déjà en folie au vu de ce qu'il avait vu quelques minutes plus tôt. Quelques gars venaient de tirer. Sancho Pancho machinchose venait de faire un tir plutôt réussi et se pavanait. Il passa devant Kanbei en souriant comme un gros porc infâme. C'était au tour de Chotte. Son petit frère lui apporta un coffret duquel il sortît un très beau pistolet blanc nacré encore plus cher que celui que Kanbei possédait. Il mît une bonne minute à faire ses réglages et ouvrit le feu. Sa balle voleta un instant avant de se ficher dans la zone rapportant le plus de points. Un tir de très haute précision auquel même le second des Avalons ne resta pas insensible vu qu'il applaudît. Les autres tirèrent puis ce fût au tour de Kanbei qui se mît dos à la cible, à la grande stupeur du public. Il venait de viser la cible avec son pistolet et s'était enroulé autour de son arme de manière à se retrouver dos à celle-ci. Il tira la langue puis la gâchette et le coup partît. Un tir magnifique. Il savait tirer lui aussi. Au moins aussi bien qu'Ed Chotte et Sancho Pancho. Il vît d'ailleurs ce dernier blêmir quant au tir qu'il venait de faire. Dans tes dents bouffon. Le commentateur hurla alors le score.

        "Mesdames et messieurs! Que de rebondissements aujourd'hui! En attendant la préparation de la troisième épreuve, une pause d'une heure aura lieu mais permettez-moi tout d'abord de vous rappeler le classement! A la première place j'ai nommé Ed Chotte avec 34 points sur 40 suivi de près par Kanbei à égalité avec Lucky Strike, à qui nous avons accordé un total de 33 points après son splendide tir. Vient ensuite s'ajouter à cela Sancho Pancho et ses 31 points! Les autres candidats dont les points sont inférieurs à 30 sont désormais éliminés! L'épreuve finaaaaaaaaaale aura lieu dans une heure au même endroit! A bientoooooooot!"

        Bon, c'est pas tout mais où est Lloyd? Même Chotte semble soucieux de ne pas retrouver celui qu'il appelle désormais son rival Llyod Barnel. Où est-il? Les deux tireurs qualifiés se dirigent vers la sortie jusqu'au moment où Sancho Pancho en profite pour les inviter à son bateau, amarré un peu plus loin. Pourquoi pas? Malgré tout, le Khan continue à se méfier de ce type et de son sourire mielleux. Raaaah Lloyd où es-tu?
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        "Héééééhoooooo ! Kanbei ?! Je peux pas trop bouger la ! Euh... T'es dans le coin ?"
          "Bon ben non. On dirait pas."
            Bon. Enfin, pas tellement. Kanbei ne vient pas. Et après une vingtaine à forcer comme un malade sur mes liens sans qu'ils ne rompent, je commence à me dire que la situation ne sent pas très bon. Et vingt minutes, c'est long. Ça laisse surtout le temps à ce fou dangereux d'aller éliminer mon (pour l'instant seul) serviteur qui, même s'il n'est ni faible ni sans défense, n'aura jamais la jugeote qui serait naturelle à un être de ma splendeur de pressentir qu'on puisse en vouloir à sa vie. Il n'est pas question que je le laisse faire. Le pont de ma glorieuse barque n'est pas encore assez bien briqué pour qu'il puisse prendre congé de ses fonctions !

            Gnnnnnnh... Raaaaaaaaaaaaaaaaah !

            Hah... Hh... Pfah... Mes cheveux trempés de sueur tombent sur mon front tandis que je halète, tête vers le sol. Et toujours aucun signe ni d'une simple petite détérioration des chaines, ni de la présence de Kanbei. Purée, dire que pour une fois dans ma vie je pourrais avoir besoin d'aide...

            Hein ?! Mais qu'est-ce que je raconte, moi ?! Je suis le grand Lloyd Barrel ! Le seigneur des pirates légitime ! Un être de légende qui sera craint et respecté de tous dès que je les aurai rappelé à l'ordre ! Comment pourrais-je avoir besoin de quelqu'un ?! JE. SUIS. LE. GRAND. LLOYD. BARREL !

            "RAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !", hurlé-je comme un démon en tentant de me libérer de toutes mes forces, veine sur la tempe et suant à grosses gouttes. Allez, saloperies de chaines...

            "ROMPEZ ! LE GRAND LLOYD BARREL VOUS L'ORDONNE !"

            CRAAAAAAAAAAAAAAC.

            "Craaaaaaaaaaaac" ? Des chaînes en métal qui se brisent, ça ne devrait pas plutôt faire une sorte de "Schkrliiiiiiiiing" ? Mais qu'est-ce c'est que ce... Wooooooaaaaaah ! Je bascule subitement en avant, et peine à garder mon équilibre tant le poids sur mon dos est lourd. Je me suis libéré ? Non, mes bras sont toujours attachés et les chaines d'acier sont intactes. Mais alors, que... ? Oh putain, j'ai arraché le mat tout entier ! Wooooaaaah ! Comment est-ce qu'on contrôle ce truc ?! Tournant sur moi-même à demi-penché pour retrouver un semblant de stabilité, mon fardeau se prend de plein fouet le deuxième mat du bateau. Ce dernier, beaucoup plus massif, ne semble pas prendre une égratignure tandis que celui que j'ai sur le dos se brise en deux, me permettant au moins de changer de direction, sauter sur la terre ferme et commencer à courir sans chuter en direction du lieu du tournoi. Une question me vient alors à l'esprit, en pleine ruée : comment vais-je me débarrasser de cet énorme poteau en bois ? En me cognant contre des murs une fois arrivé sur place ? Oh, et puis, je verrai bien. Je trouverai quelque chose. Ce n'est pas un esprit affûté comme le mien qui pourrait être en panne d'idées ! A l'assauuuuut !
              "Merci d'avoir attendu que nos candidats se rafraîchissent et nettoient leurs armes, mesdames et messieurs ! Le troisième round va pouvoir commencer ! Je vais d'ici peu de temps annoncer les modalités de cette dernière épreuve, qui, comme vous le savez, change à chaque nouvelle édition du tournoi !", annonce d'un ton enjoué le commentateur dans son escarg-haut parleur.
              "Bordel, Lloyd... Où est-ce que tu t'es encore fiché...", siffle Kanbei en serrant les dents.
              "Alors l'ami, t'as perdu ton pote ? Quel dommage, il va louper ma magnifique victoire et perdre une chance de voir son grand caquet rabattu en beauté !"
              "L'ouvre pas trop, toi. Le tournoi est pas encore terminé, surtout que personne ne sait ce que c'est que l'épreuve finale... Et t'as qu'un petit point d'avance.", rétorque le tireur blond tandis que Chotte lâche un grognement hautain.
              "Et l'autre la, avec son pouvoir démoniaque... Lucky Strike... Il est passé ou ?"
              "Aucune idée. Il s'est absenté vers la plage pendant la pause et je l'ai vu revenir, mais je ne sais pas où il est la, actuellement."
              "Euh... Je ne vois pas du tout ou il pourrait être...", dit alors Sancho Pancho Muchacho della Muertationnato, sans l'accent stéréotypé que son nom pourrait laisser présager.
              "Je crois l'avoir vu aller vers la loge d'arbitrage.", déclare en seule piste possible un des frères Rabuelto qui passe par la.
              "Hmmm ? Qu'est-ce qu'il irait faire la bas ? Il est de mèche avec les jurés et le commentateur ? Ça expliquerait pourquoi ils ont autorisé qu'il rejoigne le tournoi à la dernière minute...", commence Ed' Chotte, imaginant complots farfelus et pot-de-vins à foison. Sa réflexion est interrompue lorsque le commentateur se remet à son escarg-haut parleur et reprend, d'une voix... Pas très assurée :

              "Euh... Après une... Euh... Courte "délibération" avec les jurés, nous allons apporter quelques... Euh... "Modifications" à l'épreuve que nous avions prévu."

              Des murmures se font entendre dans la foule. Changer l'épreuve finale à la dernière minute du sacro-saint tournoi de l'île de Shapdeuplon ? Du jamais vu.

              "De quoi ?"
              "J'sais pas. Mais ça schlingue."
              "La... Euh... Dernière épreuve sera donc... Un tournoi. Une série d'affrontemets à balles à blanc... Et... Euh... En deux contre deux. Après une première manche, les deux membres de l'équipe gagnante s'affronteront en un contre un. Les... Euh... Balles seront des petites billes remplies de peinture, qui serviront à marquer qui est touché lors des tirs. A savoir... Euh... Que les points attribués dans cette manche ne changent... Euh... Pas. Soit quatre points pour le premier et un point pour tous les autres."

              Un grand silence suit cette annonce. Suivi d'un tollé de protestation de la part de quasiment toute l'assemblée.

              "En équipe ?!! C'est n'importe quoi !"
              "Qu'est-ce que c'est que cette connerie... Ben dis-donc ! J'suis presque content de pas pouvoir y participer !"
              "Le commentateur à pas l'air serein.", dit à juste titre Kanbei.
              "Les... Euh... Equipes seront constituées de Lucky Strike et Sancho Pancho Muchacho della Muertationnato qui affronteront... Euh... Eh bien du coup... Kanbei Wanajima et Edward Chotte.", continue le commentateur.
              "NON !"
              "NON !"
              "Veuillez vous présenter au stand pour que les... Euh... Balles à blanc vous soient remises."
              "Mais qu'est-ce que c'est que ce merdier...", peste Chotte.
              "J'le sens vraiment pas, ce truc."
              "Pourquoi, vous avez peur de perdre ?"

              Kanbei et Ed' se retournent vers un Lucky Strike, qui, discret, était venu se placer dans leur dos, et le dévisageant d'un regard mauvais.

              "Equipe de perdants, héhé.", ricane t-il juste avant que Kanbei ne l'attrape au col et le menace du poing. Sans opposer de résistance et nullement décontenancé, il reprend la parole : "Allons, calme toi, ce serait con de se faire disqualifier maintenant..."

              Et l'Avalon le lâche quand Chotte, sans doute soucieux d'imaginer son quatrième titre s'envoler à cause d'une simple provocation, le tire par la manche.

              "T'inquiète, l'ami. Il fanfaronne et se la pète avec son pouvoir, mais niveau technique, il fait pas le poids, surtout vu qu'il fait équipe avec Sancho, qui vaut pas un clou, haha ! On va les éclater !", s'exclame t-il devant un Kanbei qui garde le silence.
              "Que vous croyez... Des manchots comme vous j'en mange six tous les matins au petit déjeuner. Vous vous surestimez grandement... Et c'est ce qui causera votre perte."
              "J'aimerais bien voir ça, tiens..."
              "Tu devrais faire attention, toi, l'blondinet... Quand ils ont le corps troué, les morts la ramènent un peu moins..."
              "C'est des menaces ?"
              "Pas des menaces... Disons plutôt...", commence Strike, avant de marquer une pause. Changeant de ton et arborant le regard le plus torve qui soit, il continue : "Un avertissement."
              "Disqualification ou pas, toi, j'vais te fumer, j'te pré..."
              "L'épreuve commence dans cinq minutes !", l'interrompt alors le commentateur,  toujours dans un état à l'exact opposé du calme et de la sérénité, empêchant sans doute Kanbei de faire une bêtise. C'est ainsi que, contraints, les quatre finalistes, parmi lesquels la tension règne, se dirigent vers le lieu de l'affrontement et récupère leurs munitions inoffensives. Le petit homme à l'escarg-haut parleur reprend : "Vous disposerez de... Euh... Trente billes par personne. Il suffit que l'une d'entre elles vous touche, et euh... Vous êtes éliminé. C'est... Euh... Compris ?"
              "Bordel..."
              "Mettez vous en place et que... Euh... Le "meilleur" gagne... C'est parti !"

              Et les balles commencent à pleuvoir. S'en suivent une dizaine de minutes d'une manche finale du tournoi de l'île de Shapdeuplon... Qui se transforme en enfer.

              "Bordeeeeeeeeel !", hurle Kanbei en tirant une de ses précieuse munitions en sommation, à couvert derrière un rocher, accolé à Chotte.
              "Putain c'est la merde ! Son pouvoir rend les billes en caoutchouc aussi perforantes que des vraies !"
              "J'avais remarqué !"
              "Putain, et les juges disent rien ! C'est de la triche... !", tonne Ed', se figeant brutalement, et perdant son regard les herbes jaunies qui parsèment le sol de la plaine dans laquelle à lieu l'épreuve. Il reprend, lentement et en bégayant un peu, sans doute réalisant le bourbier dans lequel il se trouve : "Hé... Tu crois pas qu'il... Qu'il aurait vraiment soudoyé les jurés ?"
              "Quoi... ?"
              "Même si l'épreuve change chaque année, la dernière manche a toujours été un test d'adresse et de technique... Et la, c'est un affrontement pur et dur et en équipes en plus ? Où un type avec un fruit du démon est autorisé à participer, même en arrivant en retard... Où du coup ses balles et seulement les siennes peuvent faire de sérieux dégâts ?"
              "Ouais, c'est vrai que c'est louche. Mais pourquoi essayer de nous tuer s'il peut payer ou menacer les juges pour gagner ?"
              "Parce qu'il y a un contrat sur votre tête, voila pourquoi !", s'écrie alors Lucky Strike en bondissant par dessus l'abri de fortune de Kanbei et Chotte, plusieurs billes rebondissant dans les airs derrière lui, prêtes à fuser et exploser les deux tireurs.
              "Merde !", crache Kanbei, comprenant qu'il est trop tard pour esquiver l'homme qui s'avère être un tueur à gages.
              "Fais tes prières !"
              "JE SUIS LE GRAND LLOYD BARREL !"
              "Hein ?"

              Lucky Strike ne se doutait sans doute pas qu'il se prendrait un mat de plusieurs mètres de long en pleine figure. Ni qu'il allait me revoir. Ha, le faible ! Il pensait pouvoir se débarrasser du splendide Lloyd Barrel aussi facilement ? Quelle faiblesse ! L'assassin part valdinguer sur une bonne distance, tandis que je me réceptionne par un splendide pas glissé.

              "Lloyd ?!"
              "Capitaine Lloyd ! Et je t'ai attendu pendant au moins vingt minutes, larbin, pendant que toi tu t'amuses ! N'as tu pas honte de faire perdre son précieux temps au grand Lloyd Barrel ?!"
              "S'amuser ? Bordel, tu rigoles, l'autre con, là, c'est..."
              "Un tueur à gages, payé par Poncho Sans Mancho, ou quelque chose du genre, pour vous faire la peau à toi et à Chochotte et gagner le tournoi ! Et il a osé m'attaquer en traître avec son pouvoir démoniaque ! C'est un crime qui ne peut rester impuni !"
              "Quoi ? Sancho Pancho Muchacho della Muertationnato l'aurait payé pour nous buter ?"
              "Ouais, et il a même payé très cher...", dit alors Lucky Strike, qui, s'étant relevé, nous met en joue de son pistolet, avant de marquer une légère pause pour sourire à pleines dents. Il reprend la parole, en me fixant : "Je suis surpris de te voir ici toi. Mais ça tombe plutôt bien ! Je vais tous pouvoir vous tuer dans la foulée ! MACE !"
              "Merde !", s'exclame Chotte en tentant une roulade pour s'éloigner du lieu prévu de l'impact. Mais... Pourquoi essayer d'esquiver ?
              "Je crois pas, non !", m'écrié-je alors en sautant en plein dans la trajectoire, le dos tourné vers Lucky Strike. Son projectile amélioré frappe en plein dans l'énorme mat dont je me sers de bouclier, qui explose en deux sous un impact fort coloré, ne me laissant plus qu'un morceau d'environ deux mètres toujours accroché par ces saletés de chaines.

              "Tenace...", peste Strike en se désengageant du combat et en rechargeant.
              "L'heure des comptes à sonné... Je vais te montrer qu'on ne s'en prend pas aux Avalons, et encore moins au grand Lloyd Barrel impunément ! Et ensuite nous allons gagner ce tournoi !"
              "Nous ? Haha ! On t'a oublié, du con ! Et ensuite ? Vous pensez encore qu'il y aura un ensuite ? Aucun d'entre vous ne quittera cette plaine en vie !"
              "Ça, c'est ce qu'on va voir !", proclame Kanbei en armant son pistolet.

              Un grand silence s'installe.

              "Sérieusement ? Tu me menaces avec des billes de peinture ?"
              "Qui a dit que c'était des balles à blanc ?", dit alors mon serviteur en souriant, avant de faire feu. Lucky Strike a à peine le temps d'esquiver cette balle belle et bien réelle, qui part se ficher dans un autre rocher plus loin, le réduisant en gravier sous la violence du choc.
              "Qu... ?"
              "Bah, tu crois être le seul à tricher, gros malin ? Je suis un pirate ! Les règles je les emmerde !"

              Strike jure, et est obligé de plonger se mettre à couvert pour éviter la pluie de mitraille de Kanbei. Voila ! C'est comme ça qu'il faut faire, larbin ! Même si franchement, ce serait mieux de se battre à mains nues, comme les vrais guerriers, comme moi, le grand, le fort, le fabuleux Lloyd Barrel !

              "Chotte ! Profites en pour aller éliminer Sancho Pancho Muchacho della Muertationnato ! Lloyd et moi, on s'occupe de lui !"
              "Vendu. J'aime pas trop trop qu'on engage un tueur pour gagner un noble tournoi de tir ! J'aurai deux mots à dire à ces vendus de juges !", s'exclame t-il, une flamme dans le regard. Il se tourne ensuite vers nous, et demande : "Vous allez le gérer seuls ?"
              "Fierté de pirates, ouais.", lâché-je, assez remonté. Mon serviteur acquiesce.
              "Haha. Alors on se retrouve en phase finale, l'ami, que je te montre qui est le meilleur tireur de North Blue !"
              "Compte la dessus.", lâche Kanbei en ricanant. Puis, sortant son deuxième pistolet, il s'avance vers l'endroit ou Strike est planqué, en tirant en continu et en rechargeant dans un ballet non sans classe. Ma noble personne, quant à elle, fait le tour de l'autre côté, pour le prendre en tenaille... Et je frémis, bouillant d'impatience à l'idée d'enfoncer mes points dans la sale face de ce tueur de bas étage. Nous avançons ainsi, assurément et synchrones, vers le massif rocailleux contre lequel Strike se terre, et au moment de surgir et de frapper... Le caillou explose, et c'est un homme en noir entouré d'un nuage de balles qui ricochent dans tous les sens autour de lui qui nous apparaît devant les yeux.

              "Bouncing Swarm !", hurle t-il en se jetant sur Kanbei. Ce dernier riposte en lâchant plusieurs balles en direction de notre adversaire, qui sont toutes interceptées par l'essaim qui virevolte autour de lui... Et intégrées au tourbillon, prenant de la vitesse et rebondissant dans l'air. Kanbei peste alors que Strike lâche un rire tonitruant : "Hahahahaha ! Laisse tomber ! Mon armure de balles est infranchissable ! Tu vas mourir ici, Kanbei !"
              "Putain !", peste Kanbei. Je profite que l'attention de Strike soit détournée de moi pour lui bondir dessus... Ça y est, je tiens ma vengeance de toute à l'heure... Et aussi par rapport au fait qu'il OSE m'ignorer et attaquer Kanbei, sous prétexte que je suis poings liés à un demi-mat de caravalle ! Et puis quoi encore ? Comme si quelque chose d'aussi futile pouvait inhiber la fabuleuse puissance du grand Lloyd Barrel ! C'est ainsi qu'étant en l'air, je lui envoie un coup de pied sauté en plein dans la face... Ou du moins, c'est ce que j'aurais fait si trois balles rebondissantes ne m'avait pas frappé en plein dans les côtes. Sous la brutalité de l'impact, je me retrouve propulsé sur plusieurs mètres en roulant, étant à chaque fois écrasé par le poids du pilier de bois... Et me retrouvant bloqué au sol, dans l'incapacité de me relever.

              "Ha ! Toi aussi tu veux ta dose ? Alors vas-y, c'est la maison qui régale !"

              Kanbei attaque à son tour en beuglant, suivant le même raisonnement que moi (ou plutôt, copiant mon idée géniale)... Et est balayé également.

              "Aaaah, ils sont beaux ces pirates ! Pour dire que tout va bien et aboyer vous êtes forts ! Mais dès qu'il faut mordre, on se rend compte que vous avez pas de crocs !"

              Pas de crocs ? PAS DE CROCS ?! Raaaaaaaaah !! Je me relève rageusement en effectuant une coupole et fonce sur lui, la tête baissée pour attaquer avec mon mat. En réponse, Strike relâche une de ses balles tournantes qui éclate contre le bois, me faisant ressentir de violentes vibrations dans tout le corps... Mais il en faut plus que ça pour m'arrêter. Suivant mon mouvement de déséquilibre j'envoie un coup de pied retourné dans une deuxième balle qu'il essayait de m'envoyer, et l'explose dans une gerbe de peinture. Toujours sans m'arrêter, je me sers de mon élan pour lui envoyer un troisième coup de pied qui se heurte à son mur et me renvoie une fois de plus en arrière, mais sans que je tombe au sol cette fois.

              "Comme je le disais..."
              "Ha ! Faquin ! Tu as de la chance que ce morceau de mat bloque mes déplacements et entrave mon champ de vision... Sans ça, je t'aurais démoli depuis bien longtemps ! Surtout que tes balles... Elles sont un peu faibles.", lancé-je, me dressant face à lui. Il ricane une fois de plus avec ce rire agaçant.
              "Ah ? Pourtant ça a l'air de plutôt bien marcher depuis toute à l'heure... Surtout sachant que ce n'est même pas ma puissance maximale de rebond ! Hahaha !"
              "Ha ! Laisse moi rire !"

              Comme je pouvais m'y attendre, il est agacé, et répond à ma provocation en faisant rebondir avec encore plus d'intensité son tourbillon de balles. Vas-y, envoie la, ta balle, mords à l’appât que le grand Lloyd Barrel te tend, que ta fichue balle explose ce mat qui, mine de rien, m'empêche de te dérouiller de façon nette et sans bavures... Sauf que Strike se met à sourire.

              "Sérieusement... Tu croyais pas que j'allais tomber dans un piège aussi pourri ?", dit-il calmement, avant que ses yeux injectés de sang s'écarquillent et que son sourire mesquin lui monte jusqu'aux oreilles. Et il fait feu... Mais en visant mon pied droit. Oh merde. Je n'ai que le temps de sauter sur place pour l'éviter... Et de me mettre tout seul dans l'incapacité d'esquiver cette balle qui, depuis quelques secondes, rebondit bien plus vite et bien plus fort que les autres.
              "Putain !", lâché-je instinctivement. "Putain !" ? C'est tout ? Je vais sans doute mourir ici, et c'est tout ce que je trouve à dire ?! Hein... ? Mourir ici ? Moi ?! Mais qu'est-ce que je raconte ?! Je suis le légendaire Lloyd Barrel ! Impossible que je meurs ici, tué par un vulgaire tueur à gages de bas étage, en participant à un tournoi de tireurs de merde sur une île à la con ! Et pourtant. J'ai beau réfléchir et me tortiller l'esprit dans tous les sens, aucune solution ne vient. C'est sans issue.

              "T'as perdu, gros naze ! Doom Bullet !", hurle Strike, ses yeux s'injectant de sang et son sourire remontant jusqu'à ses joues, en lâchant cette balle qui pourrait vraiment être la dernière que je vois. Le projectile fuse avec une vitesse inimaginable et une force sans doute proportionnelle en direction dans mon thorax. Avant de serrer les dents en me préparant à recevoir l'impact, j'inspire une grande bouffée d'air, dans un dernier souffle, et, comme un cri de désespoir...

              "HAKI !"

              La balle se rapproche toujours aussi vite. C'est alors que Kanbei, qui s'était relevé (sans doute grâce à la toute puissance de mon Haki), plonge sur moi et me percute violemment dans l'épaule, me faisant vriller sur moi même. La balle vient frapper les maillons de mes chaines qui devaient sans doute être pas mal affaiblies par mes tentatives pour me libérer (après tout, impossible que Strike ait plus de puissance que moi) et dans un grand fracas les explose en morceaux. Je me retrouve propulsé sur le côté, et, alors que mon lourd fardeau de bois retombe au sol, je me rétablis sur mes deux jambes en dérapant sur plusieurs mètres. Je souris alors que je suis enfin libéré de mes entraves.

              "Aaaaaaaah ! Enfin !"
              "Tsssssk ! Je t'avais presque oublié, Wanajima, pendant que l'autre faisait le con avec son mat !", peste Strike. Il reprend, vociférant : "Ton pote peut peut-être se servir de ses bras, mais ça ne change rien à l'issue de ce combat !!"
              "Ça, ça m'étonnerait ! Lloyd ! Fonce !"
              "Uniquement parce que c'est ce que j'avais prévu depuis le débute et que tu ne fais qu'essayer de comprendre et d'imiter ma pensée supérieure et en aucun cas parce que je décide d'écouter ton avis et encore moins d'écouter un ordre que tu oserais me donner ! Et c'est Capitaine Lloooooooooyyyyyyyd !", hurlé-je en fonçant sur Strike les poings en avant. Très vite, une balle approche de mon visage. Je la fracasse d'un crochet. Puis une deuxième vient vers mon ventre. Je l'encaisse en contractant mon autre bas. Je gagne progressivement du terrain en me rapprochant du tueur à gages, couvert par un déluge de ferraille tiré par Kanbei.

              "Haha, imbécile ! Tu ne fais que me donner plus de munitions pour mon bouclier ! Et en plus avec des balles réelles que je vais pouvoir rebalancer sur ton pote !", s'écrie Strike en lâchant son affreux rire encore plus fort que la fois d'avant. Suite à sa phrase, Kanbei s'arrête de tirer pendant quelques secondes, comme hésitant. Et puis, il reprend, affichant un large sourire.
              "Qui a dit que c'était des balles réelles ?", rétorque alors mon serviteur. Les yeux de Lucky Strike s'écarquillent alors que Kanbei tire deux balles, une avec chacun de ses pistolets... Et que les deux se percutent a quelques centimètres à peine de la zone délimitée par l'essaim du tueur à gages. Sous la force du choc, les balles s'écrasent l'une contre l'autre... Et la membrane en caoutchouc se perce, projetant une gerbe de peinture au visage de notre adversaire. Ce dernier pousse un hurlement de douleur, et, portant ses deux mains à ses yeux, perd la concentration qui lui était nécessaire pour gérer ses rebonds. Ses balles se relâchent toutes simultanément partant dans toutes les directions avec force. Je plonge alors au sol instantanément, et, tournant sur moi-même, le fauche d'un coup de pied circulaire. Tandis qu'il chute de toute sa hauteur, je continue dans ma rotation et, m'appuyant de mes deux mains par terre, me propulse au dessus de lui... Avant de lui asséner un formidable coup de poing en plein dans l'estomac, l'écrasant sur le sol et en lui faisant cracher un jet de sang, entouré d'un mélange de vraies et fausses balles qui auparavant folles, retombent par terre dans une symphonie de tintements métalliques et plastiques. C'est fini, Lucky Strike. Les Avalons ont gagné ! Moi, le grand Lloyd Barrel, ait gagné !

              Le silence s'installe à nouveau dans la plaine, tandis que je me relève, le vent soufflant dans mes magnifiques cheveux blonds. Et bien sûr, le commentateur (qui était resté silencieux à fermer les yeux sur cette tricherie éhontée tout ce temps) casse cette ambiance très classe en reprenant la parole :

              "L-L-L-Lucky Strike est éliminé... !"
              "Une bonne chose de faite. Au fait, Kanbei, pas mal pensé le coup des deux balles. Et  c'est un compliment que le grand Lloyd Barrel te fait. Quand as-tu interverti tes munitions ?", demandé-je, curieux.
              "Après qu'il m'ait envoyé bouler, juste avant que je vienne te sauver. J'avais l'idée en tête, il manquait plus qu'une diversion."
              "Sauver, sauver, c'est un bien grand mot, après tout, c'est mon fantastique Haki, guidé par la force de mon destin, qui, une fois de plus, m'a bien rendu service... Hé, tu ne viens pas d'oser me traiter de diversion, la ?"
              "... Et avec l'élimination d'Edward Chotte et la disqualification de Kanbei Wanajima pour avoir utilisé des balles réelles et l'aide d'un individu extérieur à l'épreuve..."
              "QUOI ?!"
              "QUOI ?!"
              "L'autre a fait que tricher mais c'était normal, et moi quand je me défends alors qu'il essaie de me tuer, je suis disqualifié ?!"
              "L'autre idiot a réussi à se faire battre par le type au nom tout pourri et super long ?!"
              "J'ai glissé sur une flaque de peinture par terre et je m'en suis foutu partout...", se lamente Chochotte, recroquevillé sur lui-même et tenant ses genoux avec ses bras à quelques mètres de nous. Son affreux petit frère lui tape dans le dos pour le réconforter.
              "Le classement final est donc Lucky Strike en troisième position ex aequo avec Kanbei Wanajima avec trente-quatre points... Et en premier ex aequo, Edward Chotte et Sancho Pancho Muchacho de la Muertationnato avec trente-cinq points qui auront la joie de se partager le prix ! Quel compétition serrée et pleine de rebondissements ce fut !"
              "Si quelqu'un reparle encore de rebondissements ou de rebonds, je le frappe."
              "Premier... Ex Aequo... La honte... Parce que j'ai glissé... Ouin..."
              "Mais quelle merde !"

              Ça proteste dans tous les sens. Et surtout, ça ne cite pas mon nom en position "zéro", c'est à dire au dessus de tous les autres participants. Hmpf. Quelle disgrâce. Quel tournoi de merde. Mes pensées sont interrompues par une plainte, bien plus sonore que les autres :

              "QUOI ?! QUE LA MOITIE DU PRIX ?!"
              "Tiens, donc, toi, tu tombes bien."
              "Un peu, ouais. Alors comme ça on a engagé un tueur à gages pour nous crever ?"
              "Vous comprenez pas le pétrin dans lequel je suis...", commence t-il alors que Kanbei s'approche de lui en retroussant ses manches. Il reprend : "Lucky Strike... Je vais devoir le payer, vu que la clause du contrat était de me faire gagner le tournoi..."
              "Et tu comptais le payer avec l'argent de la récompense, salaud ?"
              "Oui...", se lamente euh... Truc.
              "Combien ?"
              "Huit millions."
              "C'est ça..."
              "Et tu ne les as pas."
              "Non..."
              "Ha ! Bah oui ! Tu comptais te faire deux millions de marge et tu te retrouves dos au mur avec un assassin fou à lier qui va te traquer jusqu'à ce que tu le paies ! Cher payé pour gagner ce petit tournoi tout pourri, hein ?!", s'exclame Kanbei en riant aux éclats. Il reprend : "Je comptais franchement te faire la peau pour avoir voulu me faire tuer. Mais te laisser dans ta merde, c'est encore plus jouissif."

              Parfois, Kanbei est effrayant (du moins, pour les hommes normaux, le grand Lloyd Barrel n'a jamais peur). Ceci dit, il a raison. C'est vraiment plus drôle comme ça. Et puis y'a le côté "je donne une leçon et en plus je t'épargne", ce qui est très très classe. Bien sûr, une fois de plus, Kanbei ne fait que recopier mon idée fantastique. Ah la la... Quelle humilité, j'ai, parfois... Euh... Hum... Bidule fond en larmes, au sol, sachant pertinemment qu'il ne fait pas le poids contre Lucky Strike et que dès que celui ci se réveillera, il passera sans doute sa vie s'il le faut à le pourchasser sans lui laisser de répit. Voila ce qu'il en coûte de s'en prendre au grand Lloyd Barrel, le message est dit. Je m'étire, réveillant toutes les parties endolories de mon corps. Argh... Il m'aurait pas mal amoché, quand même, l'autre connard... Je crois que j'aime encore moins les armes à feu qu'avant. Déjà que c'est des armes de lâches...

              "Bon. J'en ai plein le cul de cette île pourrie. On s'arrache ?"
              "Cesse donc d'essayer de t'approprier mes raisonnements ! Et, au fait, c'est "On s'arrache..." ?"
              "... Capitaine..."
              "Voila qui est mieux ! Allez, quittons ces péquenots et ces pleurnichards et voguons vers notre destin !"
              "Euh... Ouais..."