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A toi implacable destinée

A toi spleen idéal, spectre de mon effervescence passé, de mon exaltation d’autrefois, de l’euphorie exquise et fabuleuse, lorsque je m’enivrais des méandres de ton eau distingué, de ta fragrance enchanteresse, des milles et uns arômes jaillissant de ta nuque délicate, de tes courbes voluptueuses, de ta peau laiteuse immaculé, encore inaltérée par les sévices du temps qui file, qui s’écoule, inexorable. A toi tendre et chaste inconnue, de tes lignes épurées découlent l’expiation de l’homme, de ton enveloppe éthérée se profile l’innocence et la candeur, de ta chair blême et hâve s’esquisse ma culpabilité, mon inconstance, mon impiété à ton égard. A toi charmante mélancolie où je me morfonds avec fatalité et chagrin, où je me complais dans cette douleur lancinante, obsédante, importune que je plais à m’infliger depuis tant d’années. A toi chère incarnation onirique, devant toi, je ne suis qu’un barbare devant la canopée, un païen devant les portes de Rome, subjugué par le faste et la magnificence de la cité fortifiée, un pécheur foulant de ses immondes appendices l’herbe fraîchement taillée du jardin d’Eden. Pour toi, je mangerais le fruit défendu sans même me soucier des conséquences, je libérerais tous les maux de notre nature vicieuse et déchaînerais les enfers sur ta simple volonté.

A toi, mystérieuse inconnue aux prunelles ambrées, des reflets dorés dansent sur les stries de ton œil candide et naïf, je n’ose plonger mon regard déchu dans tant de précipice, happé par une clarté dont je ne saurais contenir la poésie, dont je ne saurais appréhender le moindre trait de lyrisme. A toi, âme-soeur idyllique, surnaturelle, j’aime à te représenter à l’effigie de toutes celles qui dans ces draps t’ont précédées, toutes magnifiques et pourtant toutes incomplètes. A toi, déesse de mes nuits, logée dans le foyer de mon âme, tu meurtris mon cœur, le met au supplice de ton éminente singularité, le tourmente de milles et uns châtiments pour purger cette âme que tu sais t’appartenir. Tu m’éprouves pour ton bon plaisir, pour soumettre une volonté que tu te sais acquise, pourtant tu t’éveilles en moi en ces lunes où l’orbe est plein, tu submerges toute once de lucidité et de discernement qui pourrait refréner ton appétence insondable, avide et vorace. Tu étanches ta soif dévorante et me soulage en de brefs et chers instants de ces fardeaux qui me hantent, je crois toucher du doigt la libération, illusoire mais ce n’est qu’un mythe, une fable où plus je m’approche de ton astre radieux, plus j’en viens à me brûler les ailes. A toi, chimère prodigieuse, à qui j’ai tout délaissé, ma raison, mon corps et mon âme, il ne t’a fallut qu’une seconde pour me transpercer de tout ton narcissisme, de tout égoïsme, m’emprisonnant de tes chaînes infrangibles, me faisant éternellement tienne.

A toi, nostalgie entêtante, dans les plis de ta longue robe pourpre, je me perds dans le dédale qui est le tien, le labyrinthe qui est le mien,  l’attrait qui est le tien, la passion qui est la mienne. Je suis las de toute ma suffisance et j’attends, résigné, le jour du jugement, salvateur, où dans la toute fin, où les barrières cèdent le pas à l’immortalité, où le noir et le blanc se confondent dans des nuances de jais, où clarté et ténèbres se fondent dans le même creuset, ce jour où nos cœurs battront à l’unisson, où nos esprits s’entremêleront dans leur plus profonde symbiose et où nous demeurerons à jamais l’un pour l’autre.
 
  • https://www.onepiece-requiem.net/t4356-un-veteran-du-cipher-pol#4