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Purge.


Le silence d'une taverne en fin de soirée. Avec ses volutes de fumées de cigare, ses mégots, ses verres vides et ses épaves endormies à même le bar. Des bribes de conversation étouffées ou chuchotées, de vieux bûcherons moustachus jouant paresseusement aux cartes en consumant les restes de cigarettes à l'odeur étouffante, décidément, la soirée se fait tardive sur ce petit pub de Bocande. C'est comme si tout le monde avait oublié que, quelques jours plus tôt encore, la neige qui tombe paisiblement à l'extérieur, à la lumière des lampadaires, s'était couverte du sang de nombreux hommes. La garnison y était passé, les hommes du Teiko y étaient passés, les Hérauts de l'Aurore y étaient passés. Nuit rouge sur Bocande il y a à peine quelques jours,  juste le temps de nettoyer et de recommencer à vivre, juste le temps de compter les pertes et de pleurer les proches avant de reprendre le train du normal. Nuit rouge sur Bocande que tout le monde oublie peu à peu, avec ce rêve, cet idéal de liberté, ce nationalisme increvable des vrais hommes du Nord, ce rêve qui meurt. Ce rêve qui s'oublie lui-même et qui joue à l'amnésique lorsque des leaders tentent de changer les choses. Nuit rouge sur Bocande.

Comme ce soir.

La porte s'ouvre à la volée, pratiquement décrochée de ses gonds par un sonore coup de pied. Le claquement est si puissant que les alcooliques au bar se relèvent tous en sursautant. Ils sursautent alors de plus belle lorsqu'une dizaine de soldats de la Marine débarquent en trombe dans la taverne, renversant chaises et tables sous les cris de surprise des clients et du tenancier. Des fusils se braquent, des yeux se rivent, des bottes claques, le tout dans une efficacité mortelle. Chaque soldat sait où il se dirige, chaque homme sait ce qu'il a à faire, chacun obtempère sans se poser une seule question, simplement en agissant avec la rapidité du fauve et la précision du scalpel. Une tempête sectorisée en la seule enceinte de la taverne.

Une tempête qu'on appelle l'Élite.

Dans le cadre de la porte, une haute et mince silhouette se découpe, si grande que son propriétaire doit se pencher pour entrer. D'une main gantée de blanc, il retire son haut-de-forme, puis époussette son costard distraitement en jetant un regard vide sur la salle commune, où ses hommes ont transformé l'ameublement en champ de bataille et la fatigue des clients en vague de panique. Son visage semble fatigué et vieux, sa barbe, bien taillée, son sourire, absent. Il essuie calmement ses chaussures sur le paillasson, délaissant ainsi le peu de neige les recouvrant, puis lève le regard vers un seul homme, tout au fond de la pièce.

Monsieur Givrepoigne, au nom de la Marine, vous êtes en état d'arrestation.

***

Un peu de thé?
Oui.

Un peu de thé. Dans une tasse blanche, s'il-vous-plaît. Il boit une gorgée, Morneplume, puis détaille des yeux le bureau dans lequel il se trouve. Briques rouges, toiles et peintures de natures mortes assorties avec la température de Boréa, fourrures au sol, poêle à bois, théière, service de porcelaine sur plateau d'argent. Le Colonel Earl Grey a du goût. Vous avez du goût mon Colonel. Merci. C'est un plaisir. Une gorgée. Un peu plus de lait s'il-vous-plaît. Un sucre peut-être? Non, merci. Tenez, votre nuage de lait. Merci bien. Il se tient là, le Colonel, assit derrière son imposant bureau de chêne, pratiquement avalé par son massif fauteuil de velours. La tasse dans une main, une fiche dans l'autre.

Pourrions-nous parler des modalités de ma mission, Colonel?
Avec plaisir.

Une gorgée.

On m'a dit que vous étiez un agent volant plus qu'efficace. De tels gallons gagnés suite à des missions, à votre âge, ce n'est pas rien. On me dit que vous êtes un bon traqueur, Morneplume, ainsi qu'un combattant insaisissable.
Je ne peux que modestement acquiescer, Colonel.
Je suis à la recherche d'un homme du nom de Dwight Givrepoigne. Il est propriétaire d'une manufacture dans le nord du pays, il se spécialise dans la production de meubles en tout genre à partir du bois qu'il achète aux bûcherons de la région.

Il écoute, Morneplume, buvant régulièrement, son regard d'acier terne braqué sur celui qui l'a choisit pour nettoyer la région. Il est l'Élite, et Boréa ne perd rien pour attendre sa purge.
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Il a un air malin, Givrepoigne. Sa moustache se retrousse lorsqu'il lève les yeux de son verre à moitié vide et sourit d'un air jovial. Il sourit. Il sourit. C'est à peine si Morneplume se souvient de comment on fait. Pourtant, pour cet homme du froid, la chose semble naturelle, simple et spontanée. Il a dix fusils braqués sur son visage poilu, et il affiche toujours cette barrière immaculée et indéfectible. Un instant, peut-être, - lui-même n'en est pas certain- Edwin sent une pointe de jalousie le piquer, face à ce sourire qu'il ne saurait imiter malgré tous ses efforts. Et en plus de sourire, Dwight Givrepoigne, il parle. Fascinant.

Et en quel honneur, cher monsieur? questionne-t-il en terminant son verre.

***
J'ai réussi à faire perquisitionner le chiffre d'affaire des derniers mois de sa manufacture. Les comptes sont loin d'être à jour. À vrai dire, on a remarqué que d'importantes sommes de son chiffre d'affaire n'étaient aucunement déclarées selon l'importance de la production de sa manufacture.
Cet argent qu'il ne déclare pas, il le garde pour ses copains, c'est ça?
Non seulement ses copains, mais ses copains les Gris. À vrai dire, ceci n'est qu'une hypothèse. Ce dont on est plutôt certain, c'est qu'il a fait parti de l'organisation d'Alrahyr Kaltershaft.
Le Teiko.
Exactement, Morneplume. Responsable financier du Teiko, il tenait les comptes et répartissait les dépenses sous les ordres de Kaltershaft. Un beau morceau qui a vendu les autres à l'époque de la défection du Teiko.
Vous l'avez sûrement laissé aller, à l'époque. En échange de l'information.
Oui. Mais ça ne nous a pas empêché de garder un œil sur un révolutionnaire potentiel. Comme de fait, on ne s'est pas trompé.
Effectivement.
Encore un peu de thé?
Avec plaisir.

***
Moi? Soupçonné de détournement de fonds? De partisannerie illégale? La liste est un peu longue pour un homme qui n'a rien à se reprocher, n'est-ce pas, Sergent?
Suivez-moi sans faire d'histoire et tout se déroulera pour le mieux, monsieur Givrepoigne.

Il joue naïvement avec son verre, feignant d'oublier que toutes les tables autour de lui sont renversées et que dix canons son fixés sur sa tête. Dans la taverne, les clients sont nombreux à les fixer d'un air haineux, agressif. Dans les yeux des clients, c'est la tempête du nord qui se déchaîne, une émotion complètement inconnue à Edwin, cette colère et cette frustration de voir la Marine détruire une nouvelle fois la quiétude de Bocande. Ce genre de frustration, Edwin ne se souvient même pas de l'avoir vécu. Il a oublié l'orage éternel qu'était son cœur, il y a longtemps. Il n'est plus qu'une statue qui fixe ces villageois avec le même regard qu'une arme chargée.

Et son instinct lui souffle le mot danger.

Voyez-vous, Sergent. À Bocande, on commence à en avoir marre qu'on se mêle de nos affaires. D'ailleurs, on commence à en avoir marre de voir la Marine fourrer son nez partout où il ne faut pas…

Il dit ça sur un air jovial qui cache plus qu'un brin, mais plutôt un véritable silo de malice. Et comme son sourire s'élargit et que l'étincelle de la colère pétille à ses yeux, partout dans la taverne ça dégaine hache, fusil, pistolet, fronde et autres objets dangereux. De la bouteille brisée au couteau de cuisine, les clients grognent et hérissent leurs poils et barbes, prês à en découdre.

Allez vous-en Sergent, on ne cherche pas les ennuis par ici… poursuit-il, le Givrepoigne, sur un ton intimidant.

***
Et si il résiste?
Si j'ai demandé un agent de l'Élite, ce n'est pas pour rien, Morneplume. J'ai mes méthodes, vous avez les vôtres. Tout ne se règle pas par la diplomatie.
Bien entendu.

***

BAM! BAM! BAM! BAM! BAM! BAM!
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Ils sont tous… vous les avez tous…

Il écarquille les yeux, Givrepoigne. Il voit des choses, mais son esprit lui souffle que c'est faux. Il voit les corps ensanglantés de ses employés, de ses amis, de ses sbires et de ses frères d'armes. Il aperçoit les trous dont sont criblés ces fiers habitants de Bocande, mais il ne peut s'avouer, incrédule, qu'ils ont été si rapidement mis à mort. D'ailleurs, lui-même en vient à poser un regard hébété sur le reste sanguinolent qu'est devenu sa main, réduite à un tas de chair informe par le tir d'un pistolet. C'est approximativement à cet instant là, à cette seconde, à ce court laps de temps, que Dwight Givrepoigne réalise qu'il a perdu. Il a perdu une main, des confrères, la partie.

Et mine de rien, ça fait mal, perdre une main.

AAAAAAHAHAAA…. AAAHHH… AAAaaahh… Ma mAAaaaiiin! hurle-t-il comme un dément, l'énergie du désespoir prenant soudain possession de son être.
Saisissez-le.

Il se débat comme un diable, le pauvre, convulsant de douleur alors que deux soldats l'enfoncent violemment contre sa chaise. Il hurle et lutte contre eux, mais ils ne sont pas nés de la dernière pluie et font de leur mieux pour le garder en place. Ses yeux fous et larmoyants roulent dans leurs orbites comme il cherche un moyen de fuir autour de lui. Elle s'est envolée bien vite, sa calme et joviale assurance.

Depuis qu'on a consulté vos documents budgétaires, vous vous attendiez au pire, n'est-ce pas, Givrepoigne? C'est pour ça que vous aviez avec vous tout vos copains. Vous croyiez que des unités de garnison n'oseraient pas s'en prendre aux habitants de la place? Ça tombe mal. Je suis le Sergent d'Élite Edwin Morneplume, et je suis très loin d'être un simple soldat de garnison.

Il a peur, désormais, Givrepoigne. Ses yeux sont rivés vers l'homme à l'air froid et assuré qui se dévêtit calmement de son gant droit. Il est l'Élite, un électron libre, agent de la rédemption et pèlerin de son propre pardon. Morneplume soupire un instant, plus par lassitude que par dépit, alors qu'il range son gant immaculé dans sa poche intérieur.  

Il leur a ordonné de se débarrasser de ces villageois. Ils l'ont fait. Les pauvres bougres, surpris par la réaction des marins, se sont complètement fait laminer. C'est ça, l'Élite. C'est l'action bien avant la réflexion. Ces soldats sont formés pour accomplir de tels méfaits selon ces méthodes. Seul leur importe qui les donne et comment il les donne. Façon bornée, mais ô terriblement efficace d'agir, la manière que chérit Morneplume. Avec la partialité d'un simple animal, guidé par son intuition, il identifie le mal et l'élimine. C'est ça, la doctrine Morneplume, vaincre le mal par les moyens qu'il faut. Certains compareraient son stoïcisme face à ces exactions aux manières de l'Amiral Tetsuda. Toutefois, dans l'Élite, on est très loin de se plaindre de méthodes comme d'autres. L'importance d'une mission en est le résultat, pas la façon dont on l'obtient.

Et cette constatation agit à la manière d'une douche froide sur Givrepoigne. Il est cerné, vaincu, et il va goûter à

L'écume sur mon poing.

***
Une fois capturé, ramenez le à Lavallière, directement au QG. Là, on pourra procéder à de vrais interrogatoires en règle. Loin des regards et des questions.
Vous vous douterez que la subtilité est loin d'être ma priorité numéro un, Colonel.
Évidemment, Morneplume, mais j'apprécierais néanmoins qu'outre les arrestations, le gros de l'enquête se fasse à huis-clos.
Entendu.

***
Une salle sombre, austère, complètement faite de béton. Au centre, une chaise et un bureau, une petite lumière éclairant le tout. Sur la chaise, deux fesses, sur ces fesses, Dwight Givrepoigne, allègrement menotté aux jambes, aux poignets, mais aussi à son propre trône. La lourde porte de métal s'ouvre en grinçant, laissant entrer Edwin Morneplume. Il doit se pencher pour entrer, comme à son habitude, trop grand pour les cadres de portes conventionnels.

Bien le bonjour, Dwight Givrepoigne.

Il jette un instant un regard au bandage qui recouvre le tout nouveau moignon du détenu, puis dévisage momentanément l'énorme ecchymose recouvrant le côté droit de son visage. Il a peut-être frappé un peu fort. Peu lui importe à vrai dire.

Je vous saurais gré de bien vouloir répondre à toutes mes questions, Monsieur Givrepoigne. Votre coopération pourrait à nouveau avoir une influence sur votre avenir, comme il en a déjà été le cas, il y a quelque temps. Dans l'expectative que votre coopération ne soit pas complète, l'entretient pourrait s'avérer beaucoup plus long et pénible que je l'ai initialement prévu.

Et comme il dit ça, il range ses gants blancs, Morneplume. Il range ses gants et fait jouer ses longs doigts noueux, fixant de son regard terne et éteint le premier filon de sa longue traque.
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Qu'est-ce que vous voulez…?
Simplement des réponses, Monsieur Givrepoigne.
Je sais pas grand-chose, vous savez, ça peut prendre du temps…

Le poing d'Edwin décolle à une vitesse foudroyante, s'écrasant contre le nez de Givrepoigne avec une force hors du commun. Cinq phalanges lancées à toute allure suffisent à réduire en bouillie les os du pauvre rebelle qui, s'il n'avait pas été menotté à sa propre chaise, se serait probablement envolé à l'autre bout de la pièce. Un flot incessant de carmin est éjecté des naseaux du prisonnier, inondant et tâchant son visage et ses habits. Sonné, il dodeline de la tête en gémissant, laissant de glace Edwin qui, distraitement, fait jouer de ses longs doigts pour disperser la douleur s'étant propagée dans son poing.

Aaaah….Ha… ahh…
La patience est une vertu à laquelle je suis tout à fait étranger, Monsieur Givrepoigne. J'apprécierais ne plus avoir à vous ramener à l'ordre de cette façon.
V…Vous êtes un malade…
Plaît-il?
Vous êtes complètement cinglé, ou quoi?! Vous les avez tous flingués, sans sommation! Vous les avez fait massacrer, sans aucun remords! Et maintenant vous allez me torturer jusqu'à c'que je vous révèle jusqu'au nom de ma grand-mère!

Morneplume soupire. Elle le dérange, cette introspection inopinée de la part d'un homme qui a tout perdu. Elle l'énerve au point de lui faire froncer légèrement les sourcils, c'est dire. Il plie ses longues jambes pour s'accroupir face à son prisonnier, le transperçant de ses iris couleur cendre. Il décèle des émotions extrêmes dans le visage tuméfié de sa proie, d'abord la peur, ensuite la colère, mais aussi la haine et le désespoir. Il n'est plus qu'un animal en cage, près à être euthanasier. Un agrume qui n'attend qu'à être pressé pour donner sa chair la plus juteuse.

Je suis très loin d'être cinglé, Givrepoigne.

Le ton est sec, légèrement impatienté, froid et sans appel.

Je fais simplement mon travail. Et comme de fait, mon travail me pousse à me débarrasser du Mal et des engeances qui le servent. Tout comme vos sbires, vous n'aurez été qu'un pion de plus qui quittera l'échiquier, Givrepoigne, mais laissez moi d'abord vous assurer que vous me direz absolument tout ce que vous savez avant ce moment fatidique.

Un fou ne peut justifier ses actes. Moi, au contraire, ma mission est la seule raison de ces écarts. Et agir ainsi ne me dérange absolument pas, Monsieur Givrepoigne.


***
Il allait à une révolutionnaire du nom de Jessika Hopkins, l'argent détourné. Dans les environs, on la surnomme Madame Flocon, c'est son nom de code.
Vous fumez?
Seulement quand on me le propose.
Tenez, je vous allume.
Merci.


Ça ne doit être qu'une collectrice de bas niveau. Une simple agente de terrain qu'on n'a pas peur de voir jouer avec le feu.
Selon vous elle n'est que la pointe de l'iceberg, n'est-ce pas Colonel?
Exactement. À mon avis, elle ne connait même pas qui perçoit la ristourne au sommet. Ce serait trop dangereux.
À vrai dire, elle a peut-être d'autres contacts qui pourraient s'avérer intéressants.

***
Elle collecte, mais elle redistribue aussi. De ce que j'ai compris, l'argent que je refile.
À qui?
Quoi qui?
À qui?
D'autres personnes, je n'sais pas!
SBAFF!
AAAAH… Aaah… Han… Han…
Qui?
Ve fais pas! Ve fais pas! Arrêtez! Non!
SBAFF!
Aaaarg… Ha… Ha… V'ai tout dit! Ve fais plus rien!
Vous savez que nous tenons présentement les membres de la Garde Impériale du Teiko ainsi que leur commandante, Nayami Yay. Quelle serait leur réaction, croyez-vous, s'ils apprenaient que leur nouveau compagnon de cellule est celui qui les a tous vendus?

***
Il semble qu'elle redistribue aussi l'argent à des cellules qui doivent fournir la Révolution d'une façon ou d'une autre, en biens ou en vivres, j'imagine.
Hm.
D'ailleurs, il semblerait, selon Givrepoigne, qu'il ne soit pas le seul à financer Madame Flocon, mais il n'a aucune idée de qui sont les autres.
Évidemment. Vous pensez à la même chose que moi, Morneplume?
Nous allons tendre un piège à ladite Madame Flocon.
Absolument. Un peu de thé?
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Chère Elsa,

Ces derniers jours, j'ai été très occupé, pardonne-moi de ne pas t'avoir écrit plus tôt, ma douce.

Il fait froid, à Boréa. L'air y est si glacé que parfois, surtout tôt le matin, lorsque le soleil peine à se montrer, il brûle la gorge et gèle les dents à chaque inspiration. Tu aimerais beaucoup les paysages, toi qui aime voir de nouvelles végétations, des arbres épineux à perte de vue, tous recouverts d'un manteau de givre. Avec ces montagnes et ces forêts, ces toundras et ces lacs gelés, chacun de mes voyages à travers le pays devient onirique. Hier, j'ai interrogé Dwight Givrepoigne, c'est un démon faible qui s'accroche trop à la vie, je l'ai écrasé comme un insecte.

J'espère que tu es fière de moi. J'ai hâte de te retrouver, mon aimée.

Ton amour,
Edwin.


***
La manufacture de Givrepoigne est un endroit qui, de nuit, semble vide et inhospitalier. Les chaînes de montage y sont comme laissées à l'abandon, tout comme les divers outils qui jonchent des postes de travail où gisent des meubles à moitié construits. L'endroit est vaste, un plafond haut, de grandes portes, la taille d'un véritable gymnase. À ce bâtiment principal sont annexés deux entrepôts où sont amoncelées des montagnes d'arbres abattus, attendant paisiblement l'heure où ils seront changés en chaise, en bureau, en armoire ou en table, à leur tour. Au fond de l'usine, un escalier grimpe jusqu'à l'étage, là où se trouve le bureau de Dwight Givrepoigne, un endroit qui brille par l'absence de son propriétaire depuis quelques jours déjà.

D'ailleurs, son propriétaire, Edwin l'a justement ligoté à une chaise placée au beau milieu de la manufacture. Partout sont répartis plus d'une trentaine de soldats d'Élite, cachés derrière diverses machines, tapis roulant, chaînes de montage ou postes de travail, près à tirer à tout instant. Morneplume, lui, termine de ranger l'escargophone personnel qu'il a trouvé dans le bureau de Givrepoigne. Il vient tout juste de lancer un appel à Jessika Hopkins, faisant communiquer Dwight avec elle, confirmant qu'elle serait bientôt sur place pour percevoir les derniers fonds mis de côté par Givrepoigne.

C'est un sentiment satisfaisant pour Edwin de savoir que la situation est bien sous contrôle, de voir le Mal se plier sous sa botte. En rangeant l'escargot, il s'assure que son pistolet est bien rangé dans la poche intérieure de son veston. Il est près pour une seconde arrestation, pour qu'à nouveau sa rédemption soit un peu plus assurée.

J'assume que vous ne m'en voudrez pas de vous bâillonner pour quelques instants, Monsieur Givrepoigne.
Vous faites le malin, Morneplume, mais vous avez tout faux.

Il est comme ça depuis l'interrogatoire, Dwight, mesquin comme une vipère, à constamment dénigrer et à agir en détenu cynique et tranchant. Son visage tuméfié ne s'est pas encore remis et c'est avec un air assez idiot qu'il continue de cracher son venin, arrachant un soupir d'agacement à Edwin à chaque réplique.

Ah bon?
Vous vous attaquez à une machine qui roule trop bien depuis trop longtemps, Boréa est gangrénée que vous ne le vouliez ou non. C'est pas un pauvre Sergent d'Élite qui va changer les choses.
Jusqu'à maintenant, je trouve que les choses ne se déroulent pas vraiment comme vous les voyez, Givrepoigne. Je gagne, vous perdez.
Moi je ne suis que la partie visible de ce que vous défiez, ils sont prêts à tout, sur Boréa. De toute façon, l'erreur qui causera votre perte, vous l'avez déjà commise, Morneplume.
Ah bon? Quelle était cette erreur?
Je n'appelle jamais Madame Flocon par escargophone avant une transaction.

BOUUUUUUUUUMMMM!!!


Dernière édition par Edwin Morneplume le Ven 29 Aoû 2014 - 20:18, édité 1 fois
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La déflagration est phénoménale. Le pan de mur où se trouvait la grande porte de la manufacture vole en morceau dans un torrent de feu et de fumée, propulsant vers l'arrière Edwin et son prisonnier. Ligoté à sa chaise, Givrepoigne exécute plusieurs tonneaux dans les airs avant de brutalement s'écraser contre un comptoir de cirage. Edwin, lui, percute une armoire à moitié montée qui éclate sous le poids du vieux Sergent. La course de Morneplume se termine lorsqu'il tombe lourdement au sol, couvert de sciure et d'échardes, juste derrière un tapis roulant où sont alignés des tronçons de bois en voie d'être coupés.

L'instant après la chute d'Edwin, c'est la débandade.

Des salves de tirs traversent les flammes et le mur de fumée provoqués par l'explosion et vont descendre à l'aveuglette les nombreux soldats d'Élite, pris au dépourvu. S'ensuit une terrible grêle de balles sur la manufacture. Par réflexe, Edwin saisit une longue latte de bois derrière laquelle il se roule en boule, tâchant d'éviter des dégâts majeurs. Les plombs volent au dessus de sa tête, à droite, à gauche, accompagnés de sifflements caractéristiques. Dans la manufacture, c'est l'enfer. Les détonations des armes à feu sont ponctuées par le hurlement des hommes touchés, la fumée se répand à la même vitesse que la panique dans les rangs des arroseurs arrosés.

Elle est bien moins brillante, tout d'un coup, l'Élite de Morneplume.

Et ça il ne peut le laisser passer.

Feu à volonté!

Ils perçoivent le ton dans la voix de leur supérieur, les hommes de l'Élite. Il est frustré, un peu. Toutefois, ce "un peu" est plus que significatif de la part d'un homme vide comme Morneplume. Ils savent qu'ils ont intérêt à contre-attaquer, qu'ils soient touchés à la jambe, au bras, au torse ou aux bijoux de famille. À travers la fumée et les flammes, malgré les balles qui volent et ricochent partout dans l'usine, ils aperçoivent tous la svelte et haute silhouette d'Edwin se relever, le pistolet à la main, et braquer son arme vers l'écran de purée de poix.

Ils doivent réagir, ils doivent le suivre.

Regarde-moi, Elsa.

Il est rare, pour les hommes d'Edwin, de le voir passer à l'action, mais ils savent tous très bien qu'il n'est pas un soldat que l'on peut sous-estimer. S'il est un Sergent d'Élite, c'est parce qu'il a gagné ses gallons à la sueur de son front, et cela est tout à fait estimable. L'estime, elle brille justement dans les regards de trente soldats lorsque, du haut de ses cinquante-huit ans, Morneplume bondit au dessus du tapis roulant derrière lequel il était à couvert pour foncer à toute allure vers le mur devenu débris enflammés.

Élite! Tous derrière le Sergent Morneplume!

Il file comme le vent, le Sergent Morneplume, enjambant les obstacles de ses longues jambes en sentant l'adrénaline le gagner. Les projectiles filent de toute part, le manquant parfois de peu, allant lui arracher un morceau de son costume en le frôlant dangereusement. Puis, soudain, d'une puissante propulsion, il se jette à travers le feu, forçant le passage à travers les langues ignées qui lèchent son costume et roussissent les poils de sa barbe.

Et il ne bronche pas, Edwin Morneplume.

Toute ces choses, il les accomplit avec un stoïcisme hors du commun, une incapacité à exprimer une émotion plus que phénoménale. Il combat comme un automate, sans se poser de question, fonçant intuitivement vers la menace. Son regard terne s'habitue à l'obscurité nocturne de l'extérieur de l'usine. Devant lui, une femme, Jessica Hopkins, et ses hommes de main, mitraillant la bâtisse sans modération. Il atterrit comme un félin dans la neige, Morneplume, haletant suite à sa prouesse, braque son pistolet et tire. Peu lui importe qui, mais il tire.

Un premier révolutionnaire tombe, face contre neige, atteint à même le torse.

Bonsoir, Madame Flocon.

Le remous de mes paumes.
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Je vous le sers comment?
Avec une larme de lait, s'il-vous-plaît.


Peut-être un cube de sucre, aussi.


C'est mieux?

Absolument.
Et donc, qu'avez-vous fait, à ce moment?
J'ai simplement renversé la situation, il fallait bien se sortir de ce mauvais pas.

***
Sa main s'écrase contre le visage d'un premier malchanceux, le giflant avec tant de puissance que sous ses doigts, Edwin sent la mâchoire craquer. Tourbillonnant au milieu des tireurs, véritable tempête virevoltant sans cesse, il percute et écrase chair et os au passage. Gagner du temps, voilà ce à quoi Edwin s'attend en s'en prenant à une escouade révolutionnaire complète. Il pivote si vite que la neige s'envole par volute autour de lui, lui donnant l'aspect d'un véritable fantôme. Esprit malin venu apporter sa propre loi aux impies. Et comme elle est juste et vertueuse, sa loi. D'ailleurs, c'est avec ces deux armes qu'il broie et brise les Gris pris au dépourvu, Sa Justice et Sa Vertu, qu'il enseigne aveuglément à tous ceux osant lui barrer le passage.

C'est un train qu'on ne peut espérer stopper dans sa course, Morneplume, une locomotive bourrée par le charbon de son ambition.

À moi l'Élite! crie-t-il alors que de nombreux soldats émergent enfin du bâtiment rongé par les flammes.

***
Et Madame Flocon, dans tout ça?
J'ai enfin pu me mesurer à elle.

***
Les tirs s'échangent, les balles volent, les corps tombent, tout ça sous le couvert de la nuit. Toutefois, c'est aussi avec la réalité de cette neige que l'on combat. Cette neige qui, à la manière d'un témoin à la mémoire infaillible, note chaque pas, chaque balle, chaque corps qui tombe ou qui saigne. Demain, la nuit n'aura pas tout avalé de ce dur combat. Il en restera une pour se souvenir. La neige.

Au milieu de toute cette neige, de tout ce vacarme, il peut enfin s'avancer vers elle. Vers Madame Flocon. Vers Jessica Hopkins. Sous sa parka, elle affiche une mine déterminée, une assurance qui vient se volatiliser contre le mur d'indifférence qu'Edwin a depuis longtemps dressé sur son visage.

Jessica Hopkins, vous êtes en état d'arrestation pour partisannerie illégale avec la Révolution, mais aussi pour financement illégal et pour transaction non-déclarée.
Épargnez-moi ce baratin, Sergent Morneplume! On peut dire qu'il nous a bien vendu, Givrepoigne…

Elle voit qu'elle perd la bataille, Hopkins, c'est probablement pour ça qu'elle se frustre et se renfrogne. Elle voudrait probablement aider ses hommes, mais elle a une barrière bien difficile à franchir devant elle. Deux mètres de flegme et de calme qui la désarçonnent complètement, en déduit Morneplume qui la toise d'un regard exempt de fatigue ou de haine.

C'était votre faute de vous être fié à un homme chez qui la graine de la traîtrise avait déjà germé.
Mine de rien il fallait de l'argent! Et il en avait lui!
L'appât du gain est un bien maléfique objet de désir, Madame Flocon, j'ai cru que c'était la loyauté qui prévalait chez vos sbires.
On va discuter encore longtemps comme ça où on va passer aux choses sérieuses!?

Elle se déplace rapidement, sans un bruit, comme un songe qui s'évanouie dans la nuit. Simple feu follet à la tignasse rousse se mouvant avec la grâce et la fluidité d'un félin. En un instant elle est là, directement devant Morneplume, au plus grand étonnement de ce dernier. Un battement de cil et son poing vient déjà heurter les côtes du Sergent qui, déstabilisé, vacille puis trébuche en grognant. Il réagit, il s'appuie de son coude et tente de la saisir, de la broyer, vile démone espiègle à l'agilité féline. Une botte le percute au menton, irradiant de douleur son visage avec la vitesse d'un choc électrique. Puis, soudain, dernière image avant la pluie, elle est sur lui, la rebelle. Le poing armé, elle le toise un instant avec dédain avant de s'exécuter sans plus de cérémonie. Les coups fusent, les coups fusent, les coups fusent. Ils fusent, refusent, effusent et confusent, étourdissant et hébétant Edwin qui ne reconnait plus la différence entre douleur et douleur.

Il y a longtemps qu'il n'a pas eu de tel adversaire, Morneplume. Il y a longtemps qu'il n'a plus senti de genoux lui faire claquer durement les dents. Longtemps qu'il n'a plus reçu un talon en plein ventre. C'est un orage de sensations auxquelles il n'est plus habitué qui le martèle ainsi, éveillant en lui une pointe de colère qu'il ne se connaissait plus. Il revoit ses années de bagne, où chaque jour il a souffert de son impuissance face à ses propres émotions. Ces nombreuses années où il s'infligeait lui-même des sanctions dans le but de se maudire de ses actes malheureux. Il est de nouveau cette barque dans la tempête sur laquelle la foudre s'acharne sans ménagement. À chaque poing qui le cueille au visage, D'abord sous la forme d'un germe, elle croît, cette frustration qui lui éclaire l'œil. Elle s'étire et se répand à chaque coup qu'il reçoit, à chaque os qu'on lui met à mal, à chaque goutte de sang qu'on lui fait cracher et saigner.

Puis
soudain
elle
explose.

Une image, une vision, fugace, momentanée. Jessica, à cheval sur lui, reprenant son souffle après la pluie de coups qu'elle lui a fait subir. Il n'est plus que souffrance, plus que sang baigné par un visage, visage baigné par le sang, lui-même ne différencie plus l'un de l'autre. Ses dents se serrent, ses sourcils se froncent, son nez avec. Nouvelle vision, nouvelle sensation; sa main qui se dresse et empoigne la chevelure fauve de Hopkins, sa main qui sent la douceur des mèches contre ses paumes usées. Sa main qui broie, qui frappe, qui tue, mais qui sent tout de même la douceur à travers le monde de souffrance dans lequel il divague.

Vous avez vraiment de très jolis cheveux, Madame Flocon.

Il tire comme un forcené, d'un coup sec, sans prévenir. Il tire si fort que la tête de la Révolutionnaire est propulsé vers la sienne. Si fort que la pauvre rouquine ne peut rien faire lorsque son front s'écrase contre le sien. Étourdie, elle n'arrive pas non plus à esquiver lorsque ses énormes mains lui enveloppent le crâne pour la jeter comme une simple poupée de chiffon contre le sol neigeux. Vulgaire prisonnière, elle s'envole, s'écrase, dessine des arcs dans les cieux comme ses voyages entre ciel et terre se multiplient.

Edwin grogne. Une fois, mais assez fort. Les cheveux de Jessica s'ébouriffent. Puis, calmé, enfin, il soupire.

Devant l'usine grillée par les braises, le silence revient peu à peu. L'Élite compte ses morts, nettoie ses armes, cache ses larmes et ravale sa rancœur. La neige se met à tomber, par petits flocons éparses, comme un hommage à celle qui a perdu en cette nuit fatidique.

Sergent… votre chapeau.
Merci.

***
Et elle était forte, Madame Flocon?
Bof…

***
Vous êtes certains que vous ne voulez pas d'aide, Sergent Morneplume?
Si vous me le redemandez, je vous fait réaffecter, soldat.

Il se recoiffe tant bien que mal en passant sa main dans le peu de cheveux qu'il lui reste, Edwin, puis il remet son chapeau comme si de rien n'était. Comme si son visage n'était pas couvert de sang et d'ecchymoses, comme s'il ne venait pas de déguster une raclée phénoménale. Non. Il agit plutôt avec son stoïcisme habituel, comme si, aux yeux de ses soldats, les blessures ne pouvaient réellement l'affecter. Il crache une glaire au loin, ignorant de son mieux les douleurs lancinantes qui semblent façonner son corps.

Messieurs, nous avons une prisonnière à ramener au QG.
Bien, Sergent.
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La manufacture baigne dans ses cendres. De dernières volutes de fumée s'échappent vers un ciel nuageux alors que le matin pointe enfin. Au milieu des ruines, les mains plongées dans les poches d'un habit tout neuf, le chapeau sur la tête, la cigarette en bouche, Edwin. À ses pieds, brûlé, ligoté à sa chaise, troué de balles, la respiration sifflante, Dwight Givrepoigne vit ses derniers instants. C'est encore un miracle, selon le Sergent, qu'il ait survécu tout la nuit. Ça ne sert à rien de le ramener en ville pour tenter de le sauver, sa traîtrise l'a condamné depuis longtemps. Ses yeux s'ouvrent difficilement sur Edwin qui, exempt d'émotion, lui renvoie une mine froide et désintéressée. Givrepoigne gémit, ses lèvres craquelées se crispant au milieu de sa barbe roussie.

Il n'y a plus aucun doute sur votre défaite, Givrepoigne.
…Vous… Aarg… Vous êtes un malade, Morneplume… Keuf… Un fanatique…
Non. Je suis simplement quelqu'un que rien ne peut retenir d'accomplir son objectif.
…Rraah… Vous êtes un vieux con borné… Je vous étranglerais de mes propres mains… si seulement… Raaaah!!

Givrepoigne hurle contre sa faiblesse, il s'en veut de n'avoir été qu'un pion inutile dans cette histoire. Edwin se reconnait un peu en Givrepoigne, à cet instant. Il s'est déjà vu ainsi, ligoté, brisé, regrettant ses erreurs. De l'intérieur de son veston, il dévoile un six-coups, préalablement chargé.

Ressentez la, cette colère, Givrepoigne. S'expier de ses émotions et comprendre ses erreurs est le premier pas vers une amélioration. Toutefois, sachez aussi que vous êtes responsable des erreurs que vous avez commises. Il n'y a pas de chance de retour pour ceux qui emprunte la voie du Mal.
…Err… Espèce de… de fou… C'est vous l'homme maléfique… c'est vous le monstre!... Il ne restera plus rien de beau en Boréa lorsque vous aurez accompli votre stupide besogne!

Le chien du fusil se relève dans un cliquetis sec.

C'est ce qu'on appelle communément des "dommages collatéraux". Adieu, Monsieur Givrepoigne.
Crevez espèce de démon des enfers! Je me vengerai de vous dans ce monde ou le pro
-BAM!


...



De démons je ne suis que le chasseur, Monsieur Givrepoigne.


Dernière édition par Edwin Morneplume le Ven 29 Aoû 2014 - 20:19, édité 1 fois
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Le bras en écharpe, un pansement sur la joue, une béquille sous l'autre bras, Edwin s'avance dans la salle d'interrogatoire où, quelques jours plus tôt, il s'était entretenu avec feu Dwight Givrepoigne. Il prend place sur une chaise, s'appuie contre le bureau et fixe, face à lui, Jessica Hopkins. Elle n'est plus que l'ombre de la fougueuse et hargneuse tigresse qu'il a affronté, réalise-t-il. Échevelée, couverte de blessures, commotionnée, elle peine à relever la tête pour regarder d'un œil las le Sergent. Elle, on l'a fait enchaîner à sa chaise, la considérant bien plus dangereuse que Givrepoigne. Edwin se racle la gorge, posant du même fait son chapeau haut-de-forme sur la table. Il se frotte un instant la barbe, respectant le silence lourd qui s'est installé sur la pièce, seulement brisé par la respiration pénible de Hopkins.

Dites-moi, Jessica…
Vous perdez votre temps.
Pardon?
Vous perdez votre temps. Je dirai rien. Vous pouvez m'arracher chaque ongle, chaque cheveux, m'ébouillanter, m'écarteler, me briser chaque os du corps, je dirai rien. Je suis pas une balance comme Givrepoigne, moi.
Tout ça commence très mal notre entretien, mademoiselle Hopkins.
Passez-moi la corde tout de suite, on va accélérer le processus. Je sais déjà que votre système de merde me dédie à une mort sur la place publique.
C'est pour ça que vous avez rejoint les rangs de la Révolution? Pour changer le "système"?
Et pas qu'un peu. Pour me débarrasser de ces idiots qui ont la mainmise sur le monde depuis leurs grandes tours, sur Marie-Joie. Ces idiots qui croient changer les choses depuis leurs sièges bien confortables au Conseil des Nations. Ils ne savent pas ce qui se passe réellement en bas, ils sont perchés bien trop haut pour comprendre ce qu'est la misère… Au lieu de ça, ils préfèrent envoyer des tyrans comme vous pour donner des coups de pied dans la fourmilière.
Et jusqu'à maintenant, je trouve que tout ça fonctionne très bien.
C'est parce que vous êtes un fou Morneplume! Un vieillard borné et violent! UNE ARME SANS CERVELLE DANS LES MAINS DU GOUVERNEMENT!
CLAC!

Il l'a giflé, du revers de sa main gantée de blanc. Du sang coule désormais sur la commissure des lèvres de la prisonnière. Morneplume, lui, observe une mine impassible, insondable. De sa veste, il tire un mouchoir et essuie le fluide vermillon. Il joue avec elle, il contrôle ses colères, l'amène où il veut aller. Elle souffle comme un buffle, regagnant en énergie et en frustration, la gifle d'Edwin n'a fait qu'alimenter le feu de sa rage. Tout ça est calculé pour Morneplume, il voit où aller chercher des réponses, il sait comment attiser ou nourrir la colère de la jeune femme. Bien plus bouillante que le Sergent ne le croyait, il sait qu'il pourra bientôt lui tirer les vers du nez. Elle sera bientôt prête.

Je vous inviterais à garder votre calme, mademoiselle Hopkins. En attendant, nous continuerons cet entretien demain. Bonne fin de journée. dit-il en remettant son chapeau.
C'est ça! Défilez-vous! Espèce de sous-merde! Chien du gouvernement!
Je préfère Fer de Lance, mademoiselle.

***

Chère Elsa,

Aujourd'hui, j'ai rencontré une femme charmante. Non pas qu'elle ne soit ton égale en quoi que ce soit, mais je l'ai néanmoins trouvé charmante. Elle s'appelle Jessica, vous vous entendriez probablement très bien.

Ton amour,
Edwin.



Dernière édition par Edwin Morneplume le Ven 29 Aoû 2014 - 20:20, édité 1 fois
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J'ai déjà prévenu le BAN de votre demande de renfort, Morneplume. Il s'y déroule actuellement un tournoi opposant les meilleures nouvelles unités, avec, à leurs têtes, les Sergents les plus compétents.
J'ai entendu parler de ce tournoi, oui. Ils nous enverront probablement le vainqueur du tournoi, est-ce exact, Colonel?
Tout à fait. À l'heure où nous parlons, la compétition doit déjà avoir atteint une finalité, notre homme et ses soldats doivent déjà être en route. Ils viendront remplacer les hommes que vous avez perdu suite à la bataille contre Madame Flocon. Nous pouvons entre temps nous occuper des modalités concernant les Impériaux.
Nayami Yay et les gardes impériaux, vous dites?
Oui, ils étaient les meilleurs combattants du Teiko. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle ils sont toujours vivants. J'ai pu me mesurer moi-même à mademoiselle Yay, une coriace jeune fille, si je puis dire.
Et donc leur procès a enfin eu lieu?
Effectivement, tous coupables, tous condamnés à mort selon les nouvelles lois gouvernementales.
Mort?
Pendaison.
Ah.

Où?

Sur la place publique, à Lavallière.
…Je vous reprendrais une cigarette, Colonel, si vous êtes d'accord bien sûr.
Tenez.


Et Nayami Yay, je pourrais lui parler, à elle aussi?

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Bonjour mademoiselle Nayami.
…Bonjour Sergent.

***

Bonjour mademoiselle Jessica.
…Salut…

***

Comment s'est passé votre séjour jusqu'à maintenant, Nayami?
Ne jouez pas la carte de l'amabilité avec moi Sergent! Ils nous traitent comme des chiens ici, vous me narguez!
Je vous inviterais à garder votre calme, mademoiselle, nous sommes ici pour discuter.
Qu'est-ce qui vous est arrivé? Pourquoi ces bandages et cette béquille?
Disons que mon enquête a été confrontée à un léger imprévu. Mais si vous le voulez bien, j'aimerais que nous attaquions le vif du sujet.
Je n'ai rien à vous dire sur la Révolution, Sergent.
Loin de moi l'intention de parler de la Révolution, mademoiselle. J'aimerais plutôt que l'on parle de votre compagnon Alrahyr Kaltershaft.

***

Vous voulez qu'on joue au même jeu qu'hier? Je dirai rien bordel de merde!
Oh, à mon avis vous parlez déjà beaucoup pour quelqu'un qui ne veut rien dire.
Vieux con aveugle! Vous croyez que vous allez me faire cracher quoi que ce soit?
Oh que si mademoiselle Jessica.
Pfff…
Rappelons-nous donc les raisons de votre venue dans la Révolution… Changer le monde, renverser les autorités.
Et faire échapper à la misère et à la tyrannie les plus faibles! Les sauver de sales tyrans comme vous!
Ah, voilà quelque chose de nouveau. C'est un joli curriculum, très poétique sur papier…
…Mais voyons voir si vous savez réellement allier théorie et pratique.


***

C'était mon supérieur, rien de plus!
Faux. C'était un ami proche.
N'importe quoi!
Vous savez, mademoiselle Yay, je suis très loin d'être un homme dupe. J'ai vu beaucoup de choses durant ma longue vie, et je sais très bien reconnaître dans les yeux d'une femme lorsqu'elle ment. D'ailleurs, me permettriez-vous d'avancer que vous étiez peut-être tous deux… intimes?
La ferme! Vieux con! Chien de la Marine!
CLAC!
Gardez votre calme, je vous prie.
Aah… Ha… Salaud… Aah…
Oui, ça fait mal. Et ça peut faire mal chaque fois que vous hurlez. Les choses que j'avance, je les tiens de témoignages, mademoiselle. Des témoignages d'un homme qu'on a repêché au large de Boréa, à bord d'une barque, un matin…
Non…
Il était couvert de sang, blessé et fatigué…
Non…
Il portait les couleurs d'une organisation qui depuis peu n'existe plus…
Non…
Il s'appelait Alrahyr Kaltershaft, mademoiselle.
NOOOON!

Elle hurle. Au point de vriller les tympans d'Edwin. Elle hurle tout son désespoir, toute sa tristesse, sa peur et son incertitude. Dans les couloirs du QG, certains ont un pincement au cœur. Edwin, lui, avec satisfaction, remet son chapeau, se relève à l'aide de sa béquille, puis la laisse là. Il ferme la lourde porte d'acier au moment où des sanglots éclatent et étouffent les cris de rage et d'abandon. Il l'a détruit en quelques phrases, il a écrasé son moral de guerrière avec un simple mensonge, sans aucun remords ni aucune preuve à l'appui.

***

Deux soldats font entrer un révolutionnaire dans la pièce, le jettent à genoux, puis se placent en garde à vous. Une barbe de plusieurs jours, le dos un peu bossu, le visage large, le front ridé, un vieux loup de mer, à première vue. Il a les pieds liés, les poignets entravés, le bâillon en bouche, le regard haineux. Un révolutionnaire de plus ou de moins qui, aux yeux d'Edwin, n'est qu'un moustique à l'échelle de sa purge. À l'aide de sa béquille, il se lève et vient se place debout, près de l'homme entravé. Une étincelle brille alors dans l'œil de Jessica; pas de colère, pas d'assurance, pas de haine. Non.

Un doute.

La suite est très simple mademoiselle Hopkins…

Il dit ça et il dégaine son six-coups, Edwin, vérifiant d'un œil expert le barillet de l'arme. Chargée.

Nous allons ensemble découvrir si vous êtes effectivement à même de sauver quelqu'un d'un "sale tyran" comme moi.

Sa mine change; elle se décompose, blêmit, de la sueur perle sur son front. Juste là, Edwin vient de faire un plus grand pas qu'il ne le pensait. L'interrogatoire pourrait porter ses fruits plus rapidement que prévu. Sans prévenir, Edwin braque son revolver directement contre le front du révolutionnaire, celui-ci sursaute et se crispe en gémissant, retenu par les épaules par les deux soldats d'Élite.

NON!!

Elle a crié, la rouquine. Son visage est blanc comme un drap, la sueur ruisselle sur son visage. Elle a eu peur, désespérément peur. Si ça se trouve, elle le connait depuis un moment, cet homme qui n'est rien pour Edwin, ce rat dont il était prêt, à l'instant, à éliminer.

Non? Alors peut-être que vous pourriez répondre à la question suivante: quels-sont les noms des gens à qui vous redistribuiez l'argent?
Je…. je peux pas…. Non…
Alors je vais descendre votre compatriote, mademoiselle Jessica.
Non! Non! Arrêtez!

Des larmes viennent mouiller le visage ridé et crispé du révolutionnaire qui fait un signe de la négative avec sa tête, implorant Madame Flocon du regard. Edwin a trouvé le point faible, la camaraderie est quelque chose de très important chez les Gris, une envoyée de terrain comme Hopkins n'échappe pas à cette règle. Voir un de ses subordonnés dans une telle position l'ébranle dangereusement.

Qui?
Je… non! Je peux pas… je sais pas… Arrêtez!
Qui?
Je ne peux pas le dire!
Qui?
Déposer votre arme! S'il vous plaiiiit!
Qui?
Arrêtez! Arrêtez! Ne tirez pas! Ne tirez pas!
QUI?
Je…non… je peux pas… je dois pas… non… Non!
BANG!
Non… non… non…
Débarrassez-vous de lui.

Les deux soldats s'éclipsent avec leur macchabée, sans un mot, sans une seule mimique ou grimace. Jessica, elle, s'écroule contre le bureau, des larmes baignant son visage. Edwin, lui, ferme la lourde porte d'acier au moment où des sanglots éclatent et se mêlent à des gémissements de résignation. Il l'a détruit en quelques phrases, il a écrasé son moral de guerrière avec un simple tir, sans aucun remords ni aucune méthode bien compliquée.

Pour la deuxième fois cette journée là, Edwin verrouille la lourde porte dans un grincement métallique, puis, le regard perdu dans le vague, prononce:

À demain, mademoiselle.
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La porte du bureau du Colonel Earl Grey s’ouvre en grand, laissant passer un Edwin triomphant. Il traverse la grande salle toujours aussi bien décorée, puis lance une pile de papiers qu’il avait en main directement sur le bureau du Colonel. Ce dernier relève la tête et jette un regard inquisiteur au Sergent. Il lâche son stylo, écarte les documents qu’il remplissait avant l’intervention de son subordonné, puis, sous le regard terne, mais satisfait, d’Edwin, consulte les papiers. Il sirote calmement son thé alors que, de derrière ses lunettes, ses yeux parcourent avidement les informations couchées sur les feuilles.

Vous avez fait vite.
Évidemment, mon Colonel.

***

Je veux des noms.

Jessica, je veux des noms.

Ce n’est ni en évitant mon regard, ni affichant cette tête renfrognée que vous obtiendrez quoi que ce soit, Jessica.

Pourquoi?

Je vous demande pardon?
Pourquoi vous faites ça?
Ça?
Pourquoi vous agissez comme ça? Vous tuez des gens pour en détruire d’autre, vous intimidez et vous écrasez sans vous poser de question…
J’agis sous l’égide du Bien, Jessica. Que vous ne puissiez le comprendre me désole tout-à-fait.
Vous n’agissez pour le bien de personne en tuant des gens comme ça!
Oh, vous êtes dans le faux, mademoiselle. Je travaille pour le bien du monde. Le monde qui ne peut que se porter mieux suite à l’exécution d’engeance du Mal comme vous ou Givrepoigne.
Mais c’est vous qui êtes aveugle ma parole! Nous œuvrons pour le bien des peuples! Vous n’êtes qu’un pathétique tyran prêt à tout pour accomplir les ordres qu’on lui a remis!
CLAC!
Si je fais ça, c’est pour m’assurer une rédemption que j’ai perdu, autrefois, un peu à votre façon…

Malgré la gifle, elle arque un sourcil, soudain inquiète. Dans l’œil de Morneplume, un éclat de nostalgie, fugace, momentané. Elle croit l’avoir vu et penche la tête vers lui, la mine inquisitrice. Mal à l’aise, Edwin passe sa main dans son visage, comme pour le cacher et reprendre contenance.

Vous…
Faites le entrer!

La lourde porte métallique s’ouvre dans un grincement caractéristique, laissant passer les deux mêmes soldats qu’hier, cette fois accompagnée d’une nouvelle cible. Un nouveau révolutionnaire, bien plus jeune et maigre que son prédécesseur, avec un regard terrifié et des tâches de rousseur, des cheveux blonds et un bâillon lui couvrant la bouche. Un nouveau rat dans la cage du fauve Morneplume.

Oh non. Non. Non. Nonononon! Pitié! Je peux rien dire! Mais s’il vous plait! Non!

Le visage de Hopkins se décompose à nouveau, même que cette fois, les larmes affluent déjà à ses yeux en souvenir de l’horrible de séance de la veille. Elle se braque, tente de lutter contre ses chaînes, s’énerve et hurle.

NOON! NOON! NOOOOON!
Je veux des noms Jessica. Je veux savoir à qui tout cet argent était redistribué.
JE JURE QUE JE VOUS TUE SI VOUS OSEZ
-BANG!!

Elle est comme frappée en plein cœur. Sa tirade s’éteint dans sa gorge, lorsque sous ses yeux, un autre homme meurt par sa faute. Un ange passe. Un long moment durant lequel Edwin, inébranlable, fait signe aux gardes de disposer. Un instant lourd et tendu où Jessica ne détache pas son regard une seule seconde de là où la balle a frappé. Edwin soupire, range son revolver, puis s’accroupit à la hauteur de Madame Flocon. Il perçoit le faible tremblement de son corps, il entend sa respiration saccadée, il hume l’odeur de la peur en elle.

Alors, dites-moi, Jessica. Qu’est-ce que ça fait de savoir que de pauvres hommes meurent par votre faute? Comment on se sent après avoir vu deux camarades se faire sombrement exécuter, sans rien pouvoir faire? Oh, mais attendez un instant, je me souviens… vous pouviez faire quelque chose non? Vous pouviez me donner les noms de ceux à qui vous distribuiez les fonds, n’est-ce pas exact?

Sa voix est celle d’une vipère, il siffle aux oreilles de la pauvre forcenée qui ne peut plus retenir ses larmes. Elle est brisée, déchue. Edwin fouille dans son veston, en tire son fusil qu’il dépose sur la table.

Je pourrais en appeler un autre pour vous rappeler ce que…
Non!
Non?
Non…
Vous allez parler?

Vous allez parler?
…Oui.

***

Dites-moi, Nayami. Comment se sent-on lorsqu’on apprend que le leader pour lequel on a donné sa vie s’est bêtement fait exécuter en mer?

On se sent triste? C’est pour ça, vos yeux tout rougis? Vous savez, j’ai déjà été triste moi aussi, terriblement triste…
…Pourquoi?
…Parce que j’ai tué celle que j’aimais.

Horreur dans ses yeux de gamine. Cicatrice dans son cœur de marin.

Je sais ce que ça fait, de perdre un être cher. De s’en vouloir à mourir pour ne pas avoir mieux fait, Nayami. Je comprends votre douleur.

Ce que j’ai fais à l’époque était mal, terriblement mal. Encore aujourd’hui je souffre de cet acte que j’ai osé commettre. Toutefois, je sais aussi que c’est ce point tournant dans ma vie qui m’a ramené sur la voie du Bien.
…?
J’ai compris qu’il me fallait me racheter pour qu’on me pardonne mes méprises. Et vous aussi, Nayami, vous pouvez vous racheter. Vous n’avez qu’à me parler de lui, celui en qui vous avez cru, celui à qui je ne veux pas plus de mal que vous.

Alrahyr Kaltershaft faisait-il partie de la Révolution?
…Non. Leur idéologie n’était pas la sienne, il voulait bâtir un empire.
Est-il déjà entré en contact, néanmoins, avec un membre de la Révolution?
…Je… je ne saurais dire…
Mais il a déjà tenté de se trouver des alliés?
Oui.
Qui?
…Je sais qu’il s’st déjà entretenu longuement avec le roi lui-même.
Nayami, tout en vous n’est peut-être pas que Mal. Sachez, mademoiselle, que je vous suis très reconnaissant pour cet entretien. Bonne fin de séjour au QG.

***

Et vous avez fait abattre des prisonniers?! Dans MON QG?
Effectivement Colonel.
Mais que vous est-il passé par la tête Morneplume!? Ces hommes n’avaient même pas eu de procès équitable! Ils n’étaient jusqu’alors que de simples détenus!
Faux. En vertu des lois de Mesures de Guerre, il était totalement dans mon droit d’exécuter ces hommes de façon arbitraire et non consultée.
Peut-être mais il en reste que vous êtes sous MA juridiction, Morneplume!
Et n’est-ce pas mon enquête, Colonel?
Je… raahh…
Vous l’avez vous-même dit, Colonel, vous aviez besoin des méthodes de l’Élite. Ainsi, les méthodes, je les applique. Je vous l’assure, Colonel, ma traque touche bientôt à sa fin, faites moi confiance pour la suite, j’ai presque toutes les cartes en main.
…Je commence à croire que vous allez un peu trop loin Morneplume, quelle autre sottise pourriez-vous me sortir la prochaine fois…
La diplomatie est loin d’être le remède de tous les maux, Colonel.
Sortez de mon bureau. D’ailleurs, les renforts sont arrivés.
Bonne fin de journée, Colonel.

Il reprend ses feuilles, Morneplume, puis, il s’en va, sans se retourner. Sans même un regard pour cet homme faible qui ne supporte plus ses méthodes. Sa traque aboutira, enfin la véritable purge pourra débuter.

Regarde-moi, Elsa.
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