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L'amitié n'a pas d'âge.


Le soleil se montrait implacable de cruauté et abattait sur le monde une chaleur suffocante. S'ajoutait à cet étau une humidité agressive, la moiteur enserrait la poitrine et rendait l'air même étouffant.
Les odeurs, mêlant les effluves nauséabondes des déchets aux rejets écœurants des défections, semblait trouver dans cette fournaise moite le ferment putride de leurs exhalaisons suintantes. En bouffées nauséeuses, ces haleines fétides et insistantes attaquaient les narines sans relâche et ne laissaient à la respiration aucun répit.

Déjà aveugle, la saturation de son odorat rendait Greed particulièrement irritable. S'ajoutait à cela la lassitude du voyage : Luvneelpraad était la dernière escale de son long périple depuis Marie Joa.




La ville, seconde par la densité des habitants, était autrefois luxuriante et prospère. On raconte encore aujourd'hui le passé florissant de cette cité désormais en ruines. Les intempéries, les vents et les tempêtes avaient si bien pilonné cette ville que la richesse s'était érodée et effritée comme sable au désert.
Les tourmentes de la nature s'étaient si violemment acharnées sur les vestiges de cette prospérité passée que les habitations s'étaient écroulées en amas chaotiques de bois et d'argile brûlé.

Alors riche, la population avait fui le courroux de la nature, et on raconte que, pendant des semaines, les habitants se répandirent sur des miles et des miles de routes. L'exode n'avait rien épargné, tout ce qui restait de précieux fut emporté et tout ce qui avait la moindre valeur fut empilé dans les diligences et les charrettes en direction de Luvneelgraad.
Désertée, elle devînt rapidement le repaire des plus vils et des parias. S'entassaient entre les décombres les criminels de la pire engeance, allants de simples voleurs à la sauvette aux grands noms de la révolution. Les pirates avaient dans cette zone de non-lois un mouillage permanent qui, à défaut d'être sûr, n'était en tout cas pas sujet aux visites de la marine.
Luvneelpraad était devenue un havre pour les brigands de toutes confessions, elle n'était plus qu'un vaste dépotoir à ciel ouvert.





Greed était mortifiée : il régnait dans cette ville une atmosphère viciée, une ambiance corrompue et gâtée ; elle n'avait aucun mal à imaginer des meurtres se dérouler à chaque coin de rue, des viols se multiplier dans les ruines éventrées des habitations abandonnées.
Chaleur, puanteur, tout se superposait pour faire de cette ville détruite l'endroit le plus radicalement inhospitalier de cette partie du globe.
Mais la principale caractéristique du pire est qu'il n'existe pas : il y a toujours moyen de faire moins bien.
A mesure qu'elle s'avançait, un brouhaha informe s'ajoutait au tableau et accentuait son exceptionnelle laideur. Le marché était directement en face, et le vacarme qui s'en élevait était proprement dément tant il était confus.

Greed se résigna à dégainer le bâton de l'Ordre. Qu'un tel bijou lui serve de canne d'aveugle lui était absolument insupportable, mais sa vue disparue, son odorat compromis et son ouïe neutralisée, elle devait se plier aux exigences de la réalité. Et c'est le cœur serré et les lèvres pincées qu'elle s'engagea dans les rues encombrées du marché, son bâton tâtant le chemin à ses pieds.



"Viens ici sale bestiole ! Je vais t'apprendre à essayer de voler un pirate !
Les gars, attrapez-là !"



La voix explosive retentit à deux mètres de Greed et couvrit le vacarme infernal, le meurtre suppurait de ses accents haineux et la violence du ton présageait une non-moindre violence des bras.


      MALCHANCE !

    Elle se maudissait d’avoir été aussi stupide. Il fallait apprendre à connaitre ses proies, avant de s’y attaquer ! Elle tacherait de retenir la leçon aussi bien que possible, maintenant que ses jambes agonisantes en faisaient les frais. Bien une demi-heure que la course poursuite avait débuté, et bien une demi heure que sa tignasse verte se précipitait de droite à gauche, au fur et à mesure de ses folles escalades. Sa peau moite –la chaleur qui régnait dans ce pays de malheur était inconcevable- rendaient ses mains glissantes, et c’est non sans manquer de tomber plus d’une dizaine de fois qu’elle s’acharnait à échapper au bourreau qui la poursuivait. Mais C-O-M-M-E-N-T avait-elle pu commettre une erreur si commune ? Une faute grave, impardonnable, et tout à la fois MINIME ! Elle fulminait. Contre le bougre qui la poursuivait, armé d’un sabre presque aussi grand qu’elle, et contre son manque évident d’expérience, à elle. La ville que les deux individus sillonaient à une vitesse hallucinante était typique de ces endroits où la foule compacte rends les murs poussiéreux, et le sol jonché de débris gênants. Elle se tortillait pour sauter de batiment en batiment, grimpant sur les toits plats dès qu’elle le pouvait. Mû mit le temps de sa cavalcade pour comprendre que l’endroit où elle avait accosté hier n’était pas normal. Ou du moins, ne se composait-il pas d’individus normaux. Pourquoi ? L’ignorance que chaque obstacle humain feignaient à sa vue et à la vue du pirate, armé jusqu’au dents précisons le, relevait d’une habitude évidente à ce genre de scène. Non pas de lacheté. Aucune ride de peur, ni aucune lueur éffrayée ne suintaient d’entre l’expression de calme qu’ils arboraient. On aurait presque eu dit qu’ils s’ennuyaient d’eux. Que leur apparition répétée au cœur des différentes rues –ils tournaient en rond- les exaspéraient au plus au point.

    Elle tourna à droite, et hurla de rage. Une impasse. Courir, trouver, s’échapper. Elle fut la première à bondire sur le rebord d’une fenêtre. La maison était basse, il lui faudrait peu de temps pour gagner en hauteur… Et après ? Après, elle rejoindrait la rue suivante. Un saute-mouton : c’était la définition parfaite pour caractériser sa tentative de fuite. Elle s’épuisait continuellement, et reproduisait les mêmes actions. Celui qui était à sa poursuite devait être stupide… Pour ne pas s’en apercevoir et ainsi lui tendre une embuscade. Mais elle n’allait pas s’en plaindre : c’était l’unique détail qui lui sauvait la mise.

    Mû évitait soigneusement de se remémorer le début de son altercation avec la bête à ses trousses. Car la moindre référence aux raisons de ce qui se déroulait présentement la rendait folle de rage. Tant c’était simple et risible. Elle était arrivée dans sa barque décrépie la veille au soir, avait débarquée en manque de tout : nourritre, eau, repos. Extenuée, l’ile avait été sa première escale et depuis, sa dernière. Elle s’était mis en tête de chaparder de la nourriture, faute de parvenir à en acheter. Il lui était déjà arrivé, dans son maigre village, d’emporter des fruits à un marchand de passage, ou d’agrandire sa bourse de deux berrys mystérieux… Mû s’était donc plu à croire que la tache serait facile, ici aussi. Et qu’aller dans un bateau, aussi grand ai-t-il été, pour s’emparer d’une cuisse de poulet ne serait pas acte à causer un grand remu ménage. Après tout, ils avaient l’air riches, ces gens là ! Aaah.. On ne l’y reprendrait plus. A l’instant où, faufilée dans une sorte de cabine –riche en décorations de bois : le navire était sculpté d’une très olie façon-, sa main minuscule avait saisit la nourriture, un beuglement sauvage avait brisé ses tympans. Un mousse, ou du moins c’est ainsi qu’elle l’avait interpreté, venait de sonner l’alarme. Zut ! Bof, à ce moment là encore, Mû s’était crue de taille : fuir, c’était simple. Avec sa petite taille et le nombre d’habitants dans cette ville, elle serait vite disparue de leur champ de vision. Folle jeunesse ou prétention exarcerbée…Allez savoir. Le résultat était là : elle se démenait pour se faire oublier de ce drôle de capitaine.

    Elle comprit l’ampleur de ses ennuis quand sa voix caverneuse, éraillée par le cigare, beugla ce qu’elle avait craint. UN PIRATE ! Ah, joie ! MON DIEU ! Mais…Pourquoi laissait-on un pirate se balader en liberté dans une ville ? Les rouages de son cerveau, rouillé par la fatigue, finirent par présenter à notre enfant un juste schéma de la réalité. L’endroit où elle se trouvait n’avait rien de bon à vanter, et il était propable que la majorité de sa population soit de la canaille. G-E-N-I-A-L. En désespoir de cause, lorsque sa première sandale s’arracha de son pieds sous le poids de l’effort –ou parce que la toile avec laquelle elles étaient attachée à son pieds était de qualité moindre-, Mû laissa craquer son sang froid.


      « DE L’AIIIIIDE ! DE N’IMPORTE QUI CONTRE N’IMPORTE QUOI ! »

    Sa voix suraigue fit s’envoler deux oiseaux qui se trouvaient sur un poteau. Leurs plumes se détachèrent et, voltigeant près de Mû, attirèrent son attention. Suffisamment longtemps pour que, essouflé mais toujours motivé, le pirate agrippe la fillette et la tire par la gorge. La graisse suante, ainsi callée sous son menton fragile, lui donna la nausée. Mince ! Zut ! M… Elle se débattait tant qu’elle pouvait, petite chose hystérique sous le joug d’une bête féroce. Journée maudite, journée maudite ! Elle se surprit à prier les cieux de lui envoyer de l’aide…Et, au comble du désespoir, débuta dans son crâne la liste fatidique de toutes les choses qu’elle avait souhaité faire et n’avait jamais accomplis.

    Mélodrame improbable.


      "DE L'AIIIIIDE ! DE N'IMPORTE QUI CONTRE N'IMPORTE QUOI !"

      Magnifique.
      La journée n'était apparemment pas assez horrible comme elle était. En plus des odeurs, du vacarme et de la chaleur, j'avais droit en prime à la voix suraigüe d'une adolescente.
      Vraiment magnifique.

      Malgré une affreuse tentation de la laisser tomber et en dépit de l'avis du Bâton qui me recommandait de continuer d'avancer, je décidai d'aider la fillette.
      Je déteste ces pitoyables élans de compassion qui, parfois, me prennent avec assez de force pour m'obliger à agir en dépit de la raison et de l'instinct. Et je me déteste d'y céder. Il n'empêche que je n'y résistais que rarement, et ce jour-ci, ce ne fut pas une de ces fois-là.

      Tâtonnant toujours avec le Bâton pour m'ouvrir la voie, je me dirigeai rapidement vers le pirate et sa jeune victime. La situation était exceptionnellement dangereuse : avec le vacarme ambiant et les relents nauséabonds, j'étais parfaitement et totalement aveugle. Bien sûr, j'avais encore une perception suffisante de mes environs immédiats, mais tout le reste sombrait dans un chaos confus et indistinct. Il allait donc falloir manœuvrer avec diplomatie car si jamais il fallait s'enfuir, je serais en bien mauvaise posture.


      Je m'avançais donc vers le pirate et la fillette, et ... lui filait une gifle monumentale. A la fillette. Vive la diplomatie.
      Profitant de la surprise de l'homme -et potentiellement de celle de la jeune fille- je lui arrachai l'enfant des mains, et prenant ma voix la plus chargée de reproches, je la grondai avec le plus de conviction que je pus :

      "ESPECE D'ECERVELEE !
      Abandonner une pauvre aveugle toute seule dans la ville ? C'est ce que doit faire une aide d'après toi ?
      NON !
      Tu vas recevoir une correction comme jamais tu n'en as eue ! Et crois-moi, jamais plus tu n'abandonneras une pauvre aveugle à son sort."

      Et me retournant vers le pirate, j'ajoutai dans sa direction :

      "Merci monsieur de m'avoir aidée à rattraper cette petite vermine."


      Et saisissant la fillette par la main, je reprenais tranquillement mon chemin. Diplomatie et tranquillité, que demander de plus ?


      "MWAHAHAHAHAH
      C'est donc toi qui est responsable de cette gamine ?! Tu sais, elle nous a volés, nous les Fushia Pirates ! Il va falloir nous dédommager ! Mais pour une femme aussi belle que toi, il ne devrait pas y avoir de problèmes, si tu vois ce que je veux dire !"


      Ses doigts atteignirent presque mes fesses avant que le Bâton ne s'abatte sur son poignet dans un effroyable craquement.
      Au temps au pour la diplomatie, au temps pour la tranquillité...

      "AAAAAAAAARRGG !
      Cette fille de chienne vient de me casser le poignet ! Attrapez-la les gars, ce soir elle me fera oublier ma douleur !"


      Pas un gramme de sens de l'humour ces pirates...


      *Attention, un groupe assez conséquent se rapproche, et cela va sans dire qu'il n'a pas les meilleures intentions.*

      Oui, le Bâton adorait enfoncer les portes ouvertes, et il le faisait avec un certain talent. Mais il n'empêche que même s'il ne disait que de banales évidences, elles n'en restaient pas moins d'une poignante réalité : si je voulais survivre à cette charmante rencontre, je devais m'éloigner au plus vite du vacarme ambiant et récupérer un usage effectif de mes sens.

      Tenant la fillette d'une main, le Bâton de l'autre, je le fis tournoyer à la vitesse ahurissante qui conditionnait la réussite de la technique de l'Œil Aveugle, et presque aussitôt, le Bâton prit feu : les pirates hésiteront peut-être un peu plus à attaquer une guerrière armée d'un bâton de combat enflammé qu'une aveugle avec une canne.
      Piètre défense, mais à situation désespérée, solutions toutes aussi vaines.

      "Alors fillette, tout va bien de ton côté ? Comme tu le vois sûrement, j'ai quelques problèmes du mien, et j'ai aussi quelques soucis au niveau de mes yeux. Ca te dérangerait de nous emmener dans un endroit un peu plus calme ? Le plus vite sera le mieux, enfin, cela si tu veux qu'on puisse en reparler un jour..."


      Et j'assurai ma prise sur la petite menotte de la jeune fille, que l'envie de me fausser compagnie ne la tente pas trop.



        Beauté violente.

        La gifle avait filé dans l’air, claquant sur l’épiderme de la fillette avec rudesse. Il lui avait semblé que jusqu’alors, aucun coup reçut n’avait eu cette violence. Elle avait hoqueté, hébétée, et avait tenté en vain de comprendre ce qui s’était passé. Face à elle, au milieu de cette ruelle étroite, trônait une très belle jeune femme. Son corps élancé proposait une tête blanche, d’où s’échappait un flot compact de cheveux bruns. A la puissance de sa frappe, pourtant donnée avec, lui avait-il semblé, une légèreté dérisoire, Mû devinait que cette femme n’avait rien de commun. Elle imposait à elle-seule une autorité certaine, provenue d’on ne sait où, mais ressentie pas n’importe qui.
        Mû n’était pas stupide. Elle avait mis un temps record à saisir la ruse. Déboussolée durant quelques seconds, les reproches de l’aveugle lui avaient vite fait comprendre qu’elle avait tout intérêt à se laisser prendre au jeu. Improviser. Hm, il ne lui restait qu’une seule solution. Rougissant de honte -nul besoin de comédie, la teinte cramoisie qu’avait pris sa joue suffisait amplement, elle s’était tournée vers l’adulte avec une sorte de peur-panique plaquée au visage. Le pirate n’avait aucun moyen de déceler le mensonge.

        Le contact d’une main puissante, empoignant la sienne, donna à son cœur un rebond douloureux. Cette humaine l’intriguait. Le seule fait d’être venue l’aider, dans une ville dépourvue de bonne mœurs, donnait à Mû l’implacable conviction que ce n’était pas n’importe qui. Il y avait dans ses actes une sorte d’assurance que seule une personnalité criblé de principe et d’expérience justifiait. Pour Mû, il n’y avait ni l’idée de fuir, ni l’idée de désobéir. Seul le désir insatiable d’en savoir plus l’éreintait, pesant sur sa poitrine comme la crainte de se faire prendre quelque instants plus tôt.

        Mais rien ne se passe jamais comme prévu. Le Pirate, sans perdre le nord, revenait à la charge. Ce fut l’occasion pour l’enfant d’avoir une preuve irréfutable de la vénalité du gros bonhomme. Elle cligna des yeux, paniquée à nouveau, avant d’entendre un bruit sourd. Celui des os qui craquent. Elle se mordilla la lèvre, empathique à la douleur causée à la main du malfrat. Une sorte de fierté, sûrement celle d’avoir été sauvée par une femme aussi forte, regonfla sa motivation à bloc. Avant que les choses ne se gâtent. Réfléchir, vite. Elle regardait à droite à gauche, rassemblant ses souvenirs avec une difficulté irritante. Tandis que l’aveugle subissait les assauts grossier de la bande de pirate, Mû fulminait en quête d’une échappatoire.

        Son poignet la brûlait. Elle comprenait que l’aveugle prenne ces mesures de sécurité en lui labourant la main. Mais la douleur physique demeurait : en l’étreignant à ce point, elle assurait surtout à Mû une jolie allée de bleus. Tant pis ! Elle hocha la tête avec vigueur, et, sans que personne n’ai été prévenue, démarra en trombe. Elle ne doutait pas que sa sauveuse suivrait la cadence : si elle avait sut où aller, elle l’aurait sûrement dépassée, la traînant sur le chemin poussiéreux comme un boulet de prison.

        Endurance.
        Les deux complices durent traverser au moins cinq fois la ville, sillonant des chemins plus ou moins abruptes, les barbares aux trousses. La fillette avait d’ailleurs la singulière impression de vivre une situation comique : pas l’un des pirates ne semblait émettre l’idée de leur couper la route en créant un coupe gorge. Nombreux qu’ils étaient, l’entreprise aurait été du gâteau. Mais non. Mû commençait sincèrement à douter de l’intelligence de leurs poursuivants, quand une porte attira son intention. Là, au bout d’une minuscule ruelle, trônait un vieux bâtiment. Décrépi, effrayant : mais l’heure n’était pas à l’esthétique. Fuir, c’était tout ce qui comptait. Sans oublier que la jeune femme qui l’avait aidée souffrait de problèmes de vue. L’urgence l’emporta sur son témperament juvénile et craintif, et sans se poser trop de questions, la tignasse verte avait enfoncé la porte et filé à l’intérieur.
        La lourde armature de bois claqua dérrière elle, ne leur laissant pour seule source de lumière qu’un imperceptible trou dans le toit. Bien. Le silence retombé –elle entendait au loin les exclamations irritées de ses adversaires-, Mû se calma. Sa respiration, devenue un râle bruyant, s’apesa lentement pour ne laisser s’extirper de sa gorge qu’un son fin et continu. Bien. Elle réalisa soudainement qu’elle se trouvait seule avec une inconnue dans un noir opaque, et son un frisson lui glaça l’échine. Et si… Elle secoua la tête. Non. Cette inconnue n’était pas une traitresse. C’était une femme courageuse qui l’avait sauvée d’une fin tragique. Ou tout du moins, de quelques ennuis fort dérangeants.

          « Merci beaucoup ! Vous… vous allez bien ? Au moins ? »
        Question stupide. Elle n’avait aucune raison d’aller mal. Ou tout du moins, une réponse négative aurait eu le don de la surprendre. Elle imposait une telle présence de force physique et caractérielle, que la fillette l’imaginait mal se plaindre. Elle laissa retomber l’épais silence, patientant jusqu’à sa réponse, tout à fait satisfaite d’être au repos.