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Echec au Roi

Rappel du premier message :


Les minutes se sont transformées en heures, puis enfin les heures en journée, couplé à une attente insoutenable et silencieuse, en ruminant la colère et la honte des échecs passés.

Impossible de déterminer pourtant combien de temps on s'est échiné sur vous, à vous faire souffrir pour une raison qui vous échappe toujours. Par plaisir, sans doute. Tout ce qu'il y a à savoir, c'est qu'une fois la nuit tombée, les tortures se sont arrêtées, et qu'à part les quelques visites de vos geôliers pour veiller à ce que vous soyez nourris et drogués, l'on ne vous a plus jamais touché, ni parlé. Vos cages sont devenus votre abri, et on s'est refusé à venir troubler le calme pesant de votre prison sur mer. Le ballottement des vagues, imperceptibles pourtant, a rythmé les humeurs de ceux qui tendaient le plus l'oreille. Et du reste... Rien.

Jusqu'à ce qu'une énième et dernière fois, la porte grince et que la silhouette résolument féminine d'Andrea ne trouble cette fausse paix retrouvée, en entendant ses talons claquer contre le bois sali du navire :


Il est temps, déclare-t-elle d'une voix chaude en laissant passer les pirates qui l'accompagnent pour venir ouvrir vos cellules, vous mettre les chaînes et vous traîner dehors.

Tous. Vous avez le temps de vous accommoder à la lumière du couloir, puis celle d'une salle, d'un étage, et enfin celle du dehors. Une lumière vive, qui après des journées dans la pénombre, vous agresse la rétine. Et sur ce pont, où on vous aligne, vous pouvez sentir le vent vous caresser. Une sensation que vous éprouver pour la première fois depuis un moment. Pâlis et amaigris, éreintés aussi. On passe parmi vous pour juger de votre état. Leila, tout d'abord, que vous reconnaissez pour l'avoir tous rencontré au moins une fois. Amy, ensuite, qui gonfle son chewing-gum avec une désinvolture qui taquine la claque.


Le galion sur lequel vous vous trouvez est escorté par deux chebecs aux voiles noires et au pavillon de la même teinte. Le crâne y virevolte.

Profitez, ordonne Leila en sifflant entre ses lèvres. Amy, à côté, éclate de rire. Profitez, car c'est la dernière fois que vous faites ce trajet.


Et Leila n'a jamais dit aussi vrai. Car si elle ne le voit pas, sous les eaux turquoises de Jaya, dans ses profondeurs insondables, un sous-marin attend patiemment le bon moment. Ça n'empêche pas Andrea de revenir sur le pont avec un petit escargophone à la main et de laisser à tout le monde l'opportunité d'entendre la voix de Flist :

Une barque approche. Une barque, pas un galion comme je le désirais.
Et donc ?
Ils ne respectent pas le marché.
Mh...
Ça tombe bien, nous non plus !


Passez leur les boulets, et balancez-les à la mer !
    Toujours tranquille. Les ballottements de la mer, la percussion lancinante des canons et les chuintements des balles qui sifflent m'évoquent curieusement des souvenirs agréables de permission. Des images de mousse blanche en plein soleil, de ressac en bord d'océan et de traces d'empreintes de pieds nus sur la plage. Je sens que je suis trempée de sel, que ça rentre dans mes éraflures, écorchures, lacérations, taillades et autres déchirures. Mais je ressens la douleur comme une chose lointaine, à distance, que je peux regarder peinarde sans frémir. Parce que je suis là sans être là. Sensation d'être sur le point de m'endormir en ayant la main prise dans une porte fermée. Déjà trop sur la rive des songes pour avoir envie de lutter, de réaliser (des mots dont j'envisage le sens d'encore plus loin que le reste). Je devine la présence de Craig, mais rien à faire, ça me foire la vue. A moins que ce soit parce que j'ai fermé les yeux. Ouais. Vrai de vrai. Je dors en pleins bataille, captive et salement entamée. Et je me donne même bonne conscience en me disant qu'au cas où je m'en sortirais, j'aurais un peu récupéré.





    De quoi ?

    -Ah. Ouais. Putain.

    Je me relève d'un bloc. Tête qui tourne, l'impression de sortir d'une mauvaise sieste alcoolisée. Apocalypse tout autour de moi. J'suis blessée, vraiment blessée. Je me tiens droite que par orgueil et pour me sentir à l'abri des bombes. Forte. Gradée. Mes yeux courent autour de moi, jusqu'à ce que l'évidence se dessine en face de moi, sous les traits du capitaine de l'Hypérion. Un vétéran asséché par le feu des batailles, croisé qu'une ou deux fois. Il me gueule un ordre de repli que j'entends comme je peux, avec la sensation que l'univers tout entier me revient d'un coup dans la tête alors que j'étais à distance de lui. Ordre qui se répète decrescendo au fur et à mesure que je trébuche en reculant, les pieds dans des cordages mués en serpents par les remous qui donnent vie à tout ce qui se trouve encore à bord.

    Sonnée, j'entends encore siffler les balles. Mes pas sont incertains, ma veste ensanglantée frotte contre les lambeaux de peau qui pendent sur mon dos. Ils avaient commencé à m'éplucher au rasoir histoire de rire quand ils ont eu leur coup de barre, cette nuit. Le simple fait de parler a rouvert le labour sanglant que sont devenues mes lèvres. Je marche vers où il m'a dit d'aller, vers les soins, un semblant de sécurité, les drogues qui me permettront d'y retourner. Parce que je me doute que c'est pas fini. Qu'on a besoin de tout le monde pour descendre Flist sur son propre terrain.

    Je passe entre deux ou trois paires de mains et une paire de palmes qui m'aident à atteindre mon but. Hâtives, l'ennemi s'agite encore sous le nombre. Mais j'peux pas aider. J'suis désarmée et complètement HS, première rencontre avec la pierre des maudits ; j'ai pas aimé. Je me suis même vautrée, la faute aux mats qu'ont l'air d'avoir pris leur indépendance et de kiffer rouler sur le pont en écrasant les gens.

    Et quand je sens enfin monter, sous les embruns et les odeurs de poudre, le parfum de l'infirmerie, je me laisse tomber. Plus un pas de plus, voilà. Serena, zéro, granit marin, un. Qu'on vienne pas me dire que c'est une bénédiction, après ça. Mais on se presse autour de moi, malgré que je sois pas la seule. Ma chaleur me revient petit à petit. Le cœur étrangement rempli de reconnaissance pour ces professionnels de la guerre en habits blancs, ces techniciens pour petits soldats cassés, je me surprends même à concentrer mes pouvoirs sur mes plaies les plus vives. Je les cautérise de l'intérieur, puis je les calme en refroidissant. Agitée, mais ordonnée dans mes mouvements. Me concentrer sur mes soins me fait du bien, m'aide à remettre mes idées à leur place. A me focaliser sur l'essentiel. La bataille à venir ; les copains ; survivre ; Andy dans la cale qui compte sur moi ; survivre.

    -Bon sang. Si le médecin-chef voyait ça...
    -Il faut espérer qu'il en aura l'occasion.
    -Parle pas de malheur. Donne lui sa pilule.
    -A la fraise ?
    -A la fraise.
    -...
    -Vous pouvez nous entendre, lieutenante ?
    -Oui.
    -Ils se replient. Nous avons reçu l'ordre de vous garder ici. Vous allez nous écouter, ou faire comme tout le monde et vous ruer de nouveau dehors ?
    -Je vais vous aider.
    -Comment ?

    Je suis pas sûre que c'était la fraise. On aurait dit du cassis. Et le cassis de Wallace, il m'a collé des braises dans les yeux. Pas moyen de dormir, j'ai la bougeotte, l'envie d'agir, d'aider, de faire en sorte qu'on puisse très vite aller tous prendre des vacances sur une île un peu plus peace de Grand Line ou d'ailleurs.

    -Vous avez bien une ou deux infections à gérer ? Des trucs à geler pour couper sans trop que ça se sente ? Aller, quoi, soyez sympa, je peux pas rester là sans rien faire...
    -... de la fraise, hein ?
    -Alors ?
    -Venez par ici.
    -Quand le médecin-chef verra ça...
    -Ça lui fera une belle surprise.
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    J'anticipe le calvaire que Leila va me faire endurer. Mais d'une certaine façon, je suis sereine. J'ai enduré pire dans la salle de torture. Alors si la borgne décide de me passer à tabac. Soit. Je mourrai ainsi. Rouée de coups par une folasse sanguinaire. Je n'ai pas vraiment de regrets. J'aurai aimé dire adieu à ceux que j'aime. Et cracher au visage de ceux que je déteste. Notamment Oswald et Serena. Mais bon, je ne peux en vouloir qu'à ma propre faiblesse. Intellectuelle, dans un premier temps. Car si j'avais pris le temps de penser un peu plus, j'aurais sans aucun doute réussi à sauver ma peau. Et physique aussi. Parce que si j'avais eu plus de force, j'aurais pu sans problème compenser les lacunes de ma pensée. L'attente de la douleur est pire que la douleur elle-même. Je me surprends à espérer que la pirate en finisse vite avec moi.

    Mais rien ne vient.

    Je reste plantée là un instant. Je ne comprends pas ce qu'il se passe. La fatigue à réduit la portée de ma sphère perceptive à moins de deux mètres, du coup, j'ai du mal à saisir précisément ce qu'il se passe. J'entends bien que la pirate cyclopéenne s'est faite surprendre par une autre personne. Mais qui? Je m'approche un peu de mon sauveur. Je sais où aller car j'ai entendu le son de son atterrissage sur le pont. Le vent m'apporte une effluve particulière dans les narines. La Commandante Blacrow. Je ne comprends pas ce qu'elle fait là. Pas que je sois étonnée de la voir en vie. Enfin, façon de parler. Mais, de tous les secours potentiels, Rachel était clairement dans mon peloton de queue. Je l'ai torturée quand même! Je n'envisageais pas qu'elle puisse me pardonner ça dans un laps de temps aussi court. Elle me fait un geste de la main. Et ce n'est pas un "coucou". Ce serait plus un "dégages de là".

    Alors je ne fais pas prier.

    Je tourne les talons et je vais me réfugier dans la poupe. Au moins, à l'intérieur, je suis en sécurité. C'est en pensant ça que je me fige. Je suis misérable. J'ai fait du mal à Rachel. Et elle vient encore me sauver. Et moi, je trouve rien de mieux que de fuir? Nom d'une biscotte! Je me raidis. Je serre les poings. Un type rentre dans ma sphère perceptive. Je le sens prêt à m'attaquer. Son sabre fend l'air en ma direction. Rapide comme l'éclair, je pivote et lui tord le bras de façon à retourner son arme contre lui. Un gargouillis infâme sort de sa bouche, mais je n'ai pas le temps ni l'envie de m'apitoyer sur son sort. Il a choisi cette vie, il a aussi choisi cette mort. Et moi... je me refuse à laisser Rachel seule. Je file donc dans les coursives afin de trouver de quoi pallier à ma faiblesse.

    Parce que faible, je le suis.

    Je le sais. Et maintenant que je suis incapable de produire du poison, je le suis plus que jamais. Je croise quelques pirates anonymes dont je n'ai aucun mal à me débarrasser, même dans mon état. Finalement, j'arrive sous le pont. Là où sont les canons et les personnes chargées de les manœuvrer. Et je me doute bien que je ne pourrais vaincre autant d'adversaires en solo. Soudain, le navire se cabre. Je ne sais pas ce qu'il se passe, mais ça secoue terriblement alors que je me battais comme une lionne au milieu de pirates. Je perds l'équilibre. Je m’accroche à la première chose qui me passe sous la main. Quelque chose de lourd heure ma tête et je sombre dans une espèce de semi-inconscience. J'entends ce qu'il se passe, mais j'ai du mal à apprécier les distances.

    Quand ça se calme, je suis allongée sur le pont. Trempée. Il reste quelques types à coté de moi. J'ai la chance immense d’émerger avant eux. Je les occis sans hésitation. Et je réalise alors que j'ai un liquide chaud et poisseux qui me coule sur la paupière droite. Je me dis que ce doit être du poison. Mais lorsque je touche pour m'en assurer, je réalise que c'est du sang. Et je ne tarde pas à comprendre que c'est le mien en faisant glisser ma main sur mon front. J'ai une grosse plaie ouverte sur le coté droit de mon front. C'est marrant de réaliser qu'on souffre vraiment d'une blessure que lorsqu'on réalise qu'on est blessé. En fait, ce n'est pas drôle. La tête me tourne affreusement. Et j'ai peur d'avoir à vomir de nouveau.

    C'est dégueulasse!

    Le goût acre de la bile me tapisse la bouche tandis que je finis de me vider les boyaux. Je tremble comme une feuille. J'ai froid. J'ai l'impression que mes jambes sont en coton. Je crois que j'ai perdu beaucoup de sang. Trop sans doute. Je suis même persuadée, l'espace d'un instant, que je m'enfonce dans le sol. Il me faut quelque secondes pour réaliser l'horreur de la situation. Le navire coule. Et je suis dedans! Il faut que je sorte de là. Je cours comme si j'étais poursuivie par le Diable en personne. Ma sphère perceptive réduite à son minimum. Je me cogne plusieurs fois sur le chemin. Mais où je vais, d'ailleurs? En haut. N'importe où mais en haut. Historie de retarder l'inévitable. C'est alors que je réalise que je risque de tomber sur Leila. Non, je n'ose pas y penser. Rachel va gagner. On va survivre ensemble. On va sortir de cet enfer. Malheureusement, je me perds. Je n'arrive pas à m'orienter! Je vais crever noyée. Je panique. Je ne sais pas quoi faire. Je suis incapable de me diriger. J'échoue dans une cabine. Celle du capitaine. En m'appuyant sur un mur, je trouve une bouée. Super, je ne périrai pas. Enfin, il faut tout de même que je trouve une issue.

    Je suis soudain prise d'une furieuse envie de vivre. Alors plutôt que de chercher la sortie. Je vais me faire mon issue. Je prends la bouée, et je pulvérise toutes les cloisons en bois devant moi. Et, enfin, j'arrive au bout du navire. Je n'attends pas et je saute. L'eau est glacée. Et le sel dans mes blessures m'arrache un cri de douleur. Mais ça me file aussi un coup de fouet. Heureusement que la bouée me maintient à flot! C'est alors que j'entends Rachel qui se débat à la surface de l'eau. Elle appelle à l'aide. J'agite du mieux que je peux mes membres dans cette flotte qui draine le peu de forces qui me reste afin de me diriger vers elle. Je crie aussi que je suis là. Histoire qu'elle puisse savoir que j'arrive en amie. Et puis, si elle pouvait avoir la bonne idée de nager un brin en ma direction, ce serait parfait.

    J'ai l'impression que je me débats depuis une éternité lorsque j'arrive à son niveau. Je l'attrape par je-ne sais-où et je la hisse vers moi. On a plus qu'a attendre qu'on vienne nous repêcher.  
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    Je m'agite sous les coups de lames, essayant d'avoir juste assez de bagou pour captiver ma partenaire de danse, mais pas trop pour qu'elle se lasse trop vite de ce petit jeu et m'achève... Jouer au chat et à la souris est tout un art, surtout quand le petit rongeur est loin d'être aussi délicieux qu'il doit l'être pour le félin échaudé. D'ailleurs, cette action me fait rire, non je ne suis pas encore plus folle qu'avant, c'est juste la preuve qu'l n'y a pas que du tabac dans ce cigare, d'ailleurs même l'odeur est différente et sans être une grande fumeuse je m'en suis tout de suite rendu compte... Du coup je rigole, prends des coups sans même que ça m'énerve et devient de plus en plus amorphe ce qui heureusement aiguise la furie de mon opposante.

    Mais alors que l'eau afflue de plus en plus, que je pensais que j'allais devoir fuir, j'ai enfin une autre bonne nouvelle qui s'approche : Craig s'est enfin décidé à arrêter de jouer la princesse et à venir me rejoindre. Simbad doit vraiment avoir du mal avec Serena s'il faut occuper encore plus l'autre dame. Est-ce que je vais oser ? Jamais je n'aurais imaginé qu'un jour je tournerai le dos à une ennemie ce qui est suicidaire et irrespectueux, mais aujourd'hui c'est différent car, j'ai l'esprit embrouillé par je ne sais pas quoi. D'ailleurs nul doute que s'il était suffisamment en état, mes yeux dilatés, l'odeur et même ma posture indiqueraient... En fait non, je crois qu'il va plus tiquer sur mon bras et ma jambe en métal, il n'a pas encore vu que j'avais fait boom l'autre jour.

    Donc dans un aplomb sans borne, je mets mes mains, enfin ma main et un moignon sur mes hanches et lance un regard boudeur à mon sauveur à écaille.

    "Il serait temps que tu arrives ! Je perds la main... Littéralement !"

    Oui je lui montre le moignon, il n'y a pas deux minutes elle a tranché ma main mécanique, désolée Lilou, c'est déjà un miracle que je suis encore debout, il a bien fallu que je laisse les coups arriver quelques parts. En fait je ne parierai pas sur l'état du reste du bras et celle de ma jambe de métal. La suite est rapide, très, même trop en fait et j'ai l'esprit lent, tellement lent.Explosion ? Non le mat principal qui se fait la mal ? De l'eau, beaucoup et alors que j'allais me noyais ayant à peine eu le temps de refermer la combinaison de plonger, il m'a tiré jusqu'au Serenity... Ou l'Hypérion ? C'est qui qui est censé sauver l'autre ?! Je ne comprends pas, je suis juste allongée sur un pont avec mon sauveur à côté de moi. Je le regarde et me permets de me relever juste assez pour déposer un baisé sur sa joue ou l'équivalent... Sur un truc dans les environs quoi c'est l'intention qui compte.

    "Tu n'aimes pas jouer la princesse hein, il a fallu que tu joues les héros... Désolé... Désolé d'avoir était aussi long pour vous retrouver..."

    Je me laisse alors aller, allonger sur un sol dur et n'ayant plus d'adrénaline pour me forcer à être aux aguets, je me sens trop en sécurité sur ce navire même s'il va sous les flots pour faire autrement et ne fait qu'observer autour de moi.

    "Tout le monde est rentré ? Lilou et Oswald ils en sont où ?"

    Je me laisse aller alors que les blouses blanches viennent s'occuper de moi, je devrais leurs dire qu'ils ont mieux à faire, pleins de blesser. Mais je ne réussis qu'à sortir un rire idiot et pas à réfléchir suffisamment vite pour penser à de telles réalités. Je vais me reposer un peu en attendant l'assaut pour aller récupérer les derniers Rhinos s'ils ne sont pas déjà revenus, pour aller chercher aussi la tête de Flist, si possible sur son corps et avec des chaînes et des boulets pour le conduire devant la justice.
    • https://www.onepiece-requiem.net/t2578-fiche-de-rei-yanagiba
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    Ah, le voilà, ça m'apprendra à être distrait. Je le retrouve donc après avoir suivi la corde envoyée dans la brèche, surement grâce à son arbalète. Pénible, vraiment... Du coup, il est là, mouillé, pas content comme d'hab', dans une cale pleine ou presque de flotte, et seul. Avec Andrea.

    ...

    Yay, il a vraiment réussi à se foutre dedans cette fois.

    Bref, au travail.

    Lentement, le galion se met à pencher sous leurs pieds. Le glaive dans une main, le PàC-D dans l'autre, il échange des passes avec la brune qui le pousse dans ses derniers retranchements. D'une taille ascendante puissante, la pirate réussit à le désarmer. Sa lame se fiche au plafond alors que son adversaire abaisse le bras, déterminée à trancher le sien.

    Heureusement que je suis là pour le tirer de ses faux pas. Un peu au dernier moment, c'est sûr, mais bon, il avait qu'à me laisser causer.

    Sa peau durcit, noircit et le sabre de la diablesse ricoche contre son biceps. Les combattants s'étonnent un instant. Sebastian, plus prompt à se remettre de sa surprise en profite alors qu'Andra lâche au travers de ses dents serrées:

    "Le Haki !"

    De sa main libre, le lieutenant-colonel agrippe sa main et la plaque contre la paroi de bois. Le sol penche de plus en plus et l'eau semble se retirer vers le fond du navire. Trois coups, trois clous: la main, le poignet, le bras. Il ne perd pas plus de temps, et elle reste accrochée à ce qui deviendra bientôt le plafond. Il l'entend la maudire et elle le voit partir vers le haut de la pente. Il fuit, calculateur, conscient qu'il doit s'extirper de là au plus vite s'il veut survivre.
    Le sol atteint les quarante-cinq degrés et devant lui, à quelques mètres. Il bouge inhabituellement rapidement sans son armure. Lui même en serait presque étonné s'il n'était pas concentré sur la fissure qui s'écarte devant lui. La lumière augmente. L'inclinaison s'accélère. Plus très loin. Il se jette en avant, à plat ventre sur le sol quand une détonation retentit derrière lui.

    Andrea s'accroche. Elle a réussit à se libérer et c'est trouvé une arme. Si elle devait périr dans ce navire au moins ne le ferait-elle pas seule. Le tir est dégagé. Le pirate s'effondre. Heureuse, elle s'attend à le voir dégringoler vers elle.

    Sebastian s'accroche. Littéralement, lui. La balle l'a frôlé, heureusement, miraculeusement. Elle s'est perdue au dessus de lui, dans une corde ou quelque chose. En tout cas, un objet lourd s'est mis à glisser juste à côté du marin, dégringolant droit vers Andrea.

    Dans un craquement infernal, le galion de Flist s'éventre. Les pirates survivants se font une raison et se rendent. De la moitié encore émergée du bâtiment se redresse la silhouette d'un vétéran. il se jette dans une barque peuplée de ses subordonné et leur ordonne de retourner à l'Hypérion, et de faire vite.

    On les attend ailleurs.
    • https://www.onepiece-requiem.net/t7289-mavim-et-ses-tours-de-manc
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    Ah. Eh. Rei vient de m'embrasser. J'ai l'esprit dans mes pompes, qui met quelques secondes à calculer l'ampleur de c'crime. Ma petite voix intérieure s'en donne à coeur joie.

    Bah. La seule femelle qui t'avait jamais embrassé jusque là, c'était ta mère. Et encore, elle rechignait. Qu'est-ce qu'il lui prend, à cette folle ? J'ai manqué quelque chose ?

    C'est probable que tout un pan de moi-même ait loupé quelque chose. C'est même sacrément possible.
    La silhouette de Rei restait reconnaissable. Son corps, non. Les questions se sont bousculées au portillon, mais aucune n'a récupéré son droit d'entrée. Faut avouer que les questions sur les circonstances qui poussent à se faire carboniser la gueule, on s'en tape. C'est la guerre, c'est comme ça. Perdre des morceaux, les remplacer par de la vieille quincaillerie, marquer à jamais son visage d'une radieuse balafre en guise de souvenir impérissable, ça arrive. Mais c'est toujours l'esprit qui s'en retrouve le plus mutilé. On commence une guerre bondé d'idéaux, on en ressort qu'avec un vague instinct de survie surexcité.

    Dans la même minute, je viens de me faire insulter de héros, et gratifié d'un genre de bisou sur mon museau devenu sacrément disgracieux. J'ai pensé rêver, ou cauchemarder, je sais pas. Elle m'a sauvé de Flist et je l'ai sauvée de l'océan, ça me paraissait donnant-donnant. Cet extra qu'elle m'a offert m'laisse pantois, et j'y vois une blinde de sous-entendus qui m'inspirent encore moins confiance que le "cadeau" de Toji. Ou alors c'est mon manque d'affection latent qui m'émoustille particulièrement...

    Jenkins et Jacob s'occupent de Flist. Nous, on s'occupe de nous, pour l'instant.

    La partie se finit. Leur roi est désormais en échec, et moi, de simple pion, je suis devenu fou.

    Et plus fissuré encore que mon museau qu'a déjà vachement perdu en étanchéité, j'ai entendu leur navire pousser quelques grincements stridents de douleur tandis que je faisais trempette en-dessous. Fort à parier qu'on est dans la future baraque d'une adorable famille de poiscailles. Un rictus aimerait naître mais ma bouche fait fausse couche : trop crispée pour sourire et accoucher ma bonne humeur, qui manque pas, pourtant. Ma revanche est pas complète, mais entamée, et en bonne voie pour s'offrir une ampleur monstre. Rôle secondaire ou pas, je kiffe l'idée de ce sombre bâtiment embrassant les abysses et l'oubli comme si j'étais son propre bourreau. Un festin de vengeance. Et j'aimerais compter quelques têtes de pirates en dessert. C'est la bête qui fait la gourmande. Après avoir grignotée ma peur, elle m'impulse une rage vengeresse qui fissure les barrages de ma culpabilité.

    Ça ricane sec au fond de moi-même. Ça se propage par échos délurés, ça se gausse avec l'élégance et la pudeur du Diable. J'm'intimide tout seul. J'finirai par avoir peur de traîner avec moi-même. J'deviens de moins en moins fréquentable. Bientôt, je serai clairement plus le genre de type à qui on confie ses chiards. Tant mieux, je hais les chiards. En eux j'vois le spectre rieur de ma putain d'innocence.

    Tout ce que tu hais est le reflet d'une partie de toi. Tu crois que c'est qu'une coïncidence ?

    Tu penses que je m'en rends pas compte ? Tu m'rends malade, va baver ta haine ailleurs.
    Je n'ai plus de chaînes, si ce n'est celles de mes émotions. Harassé mais alerte, j'repousse en silence les avances des collègues en blouse blanche et m'empare du chariot de matos qu'ils avaient ramené à mes côtés, avant d'avancer avec vers la table de Rei.

    Ça ira, je m'occupe d'elle. J'passerai vérifier les autres après.
    Lieutenant, soyez sérieux...
    J'suis à peine éraflé. Juste un peu fatigué. Un café et ça repartira comme en 22. J'suis pas mécano, mais j'pourrai m'occuper de son bras et de la partie organique de sa main.

    Ils sont pas autant admiratifs que suspicieux. Et à raison, hein, je dois avoir quelque chose à prouver après ces jours d'humiliation à attendre la mort ! Me montrer qu'après avoir enduré ces sévices, qu'après avoir douté et qu'après avoir levé en moi une haine que j'me connaissais pas, je suis toujours capable d'être quelqu'un de bien. Je dois pas être dans mon état normal. Ça tombe bien, mon état normal me répugne; j'veux pas rechuter dedans...
    • https://www.onepiece-requiem.net/t10413-fiche-de-craig
    "Excusez-moi lieutenant ?"

    Un jeune infirmier, de ceux qui manquent d'expérience et qui sont casé aux inventaires au vu de son air blafard et nauséeux, ambiance sanglante oblige, tend au médecin-chef un escargophone dont l'air fâché indique que c'est certainement Mavim à l'autre bout du fil.

    "Kamina ? Je sais pas comment vous dire ça: j'ai encore besoin de vous."

    Le capitaine, quelques minutes plus tôt, lui avait demandé, non ordonné de ramener la canonnière à l'Hypérion et de se mettre à l'abri. Difficile à croire qu'un homme comme Mavim renvoie un frais rescapé sur le terrain aussi vite. En cherchant bien, on pourrait deviner une certaine gêne dans le ton implacable du supérieur.

    "Il y avait un objet sur le navire de Flist, un fruit du démon, que nous devions récupérer. Il aurait apparemment disparu. Perdu pour perdu, je ne tiendrais pas à dépenser des ressources là dessus. Mais..."

    Pause révélatrice...

    "Une barque a été repéré. Elle faisait cap vers Jaya et il est possible que le fruit soit à bord. S'il vous plait, il faudrait que vous alliez vous en assurez. Est-ce que vous vous en sentez capable ?"

    Un silence gêné plane dans l'infirmerie. Tous les infirmiers, ses confrères, certains patients même. Ces hommes et ces femmes à la botte de Mavim l’intransigeant, mais qui dépendent en ce moment du médecin chef écoutent la conversation.

    "Ce n'est pas un ordre lieutenant. Mais une requête."
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    Ce serait qu'une barque se pavanant à quelques lieux d'une bataille navale ? Alors il suffisait que j'pense à un dessert pour qu'on m'le serve sur un plateau. Et ce sera du gâteau. Intercepter une coque de noix pour en fouiller l'bord, j'en serais capable même dans l'état de Rei. Et c'est pas ce silence gênant qui m'encerclait qui parviendra à me convaincre du contraire.

    Je m'occupe des blessés et j'y file après.
    Après, ce sera trop tard, lieutenant...
    Z'êtes pas seul, médecin-chef, vous vous souvenez ? Sérieusement... Nous sommes tous aussi compétents que vous.

    Est-ce qu'il sous-entend que j'laisse l'impression d'anesthésier mes plaies béantes avec un espèce d'égoïsme orgueilleux ? Est-ce qu'il aurait raison ? Deux mirettes hagardes que j'lui scotche au visage. J'veux pas dégringoler d'mon podium pour passer subitement pour le dernier des cons.

    C'est pas c'que j'voulais dire. Vous serez assez pour gérer tout ce monde ?
    Faites nous confiance. Mais vous, vous tiendrez ? Vous nous jurez qu'on aura pas à revenir vous repêcher dans le coma ?
    Ouais, faites moi confiance. J'y vais tout de suite, capitaine !

    La mitrailleuse à sarcasmes du collègue a pas du rassurer l'capitaine sur la pertinence de la mission qu'il me refilait. Mais ils ignorent tous que j'ai une armure inébranlable qui inhibe trouille et fatigue : cette saleté de peur de décevoir, un moteur bien absurde. Tout ces devoirs qui fusent dans tous les sens me tiraillent, grignotent ma conscience, pondent des regrets. Navré, Rei, je pourrai pas te rendre ton baiser surprise en te recousant le poignet. J'me rattraperai plus tard et autrement. Mais j'te préviens tout de suite, ça sera pas physique...

    J'rends le den den au minet blême qui porte une blouse trop lourde pour sa sensibilité. Sauf que j'l'entends derrière moi, tandis que j'retourne au turbin, le souffle encore haletant et le front toujours cuisant. Je l'entends. Il insiste pour se noyer de nouveau les mirettes dans l'sang nauséabond et les tripes baladeuses, il veut aider, quitte à garder un seau à ses côtés pour y gerber, lorsque les horreurs qui lui passent sous les yeux lui frôleront de trop près l'âme. C'est mignon, c'est louable. Quand tout ce cirque sera fini, j'irai partager mon seau perso et on y dégueulera nos maux en coeur.

    En attendant, c'est l'heure du dessert.
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    […] Du reste, le mât principal dégringole furieusement et happe au passage son confrère, l'artimon, qui fracasse la poupe. [...]

    Mais ce n'était pas le vent qui était en cause. Pas plus la marée que les canons. Les hurlements furibonds et la ferveur en ébullition n'émeut pas plus qu'une larme dans un bassin d'eau salée. Le mât ne s'était pas non plus écroulé par l'opération du saint esprit et surtout pas par celle du saint d'esprit. Les boulets de canon l'avaient jusqu'alors miraculeusement épargné et les abordeurs fourbis n'en avaient cure. La Misaine n'avait pas non plus attiré les fureurs divines.

    Il s'était juste trouvé sur le chemin d'un poing mécanique plus destructeur que les habitants d'Erbaf eux-mêmes – quoi que puisse en penser actuellement Oswald. Un poing qui malgré les handicaps desquels fleurissait sa propriétaire, ne perdait pas grand chose de sa puissance, de sa vitesse ; de sa superbe. C'était même plutôt le contraire. La haine en décuplait ses facultés. Ainsi Rachel était contrainte d'éviter attaque sur attaque, d'esquiver percée sur percée, de fuir chaque frappe qui la visait. Dont elle était la cible unique et virevoltante. Bien que « virevoltant » fut un bien grand mot. Son corps dopé au haki et son sens de l'équilibre exemplaire, sur ce terrain qui était le sien (disons qu'un navire qui chavire et au sens de l'équilibre précaire demeurait son meilleur terrain de jeu) ne lui fournissaient pourtant qu'un très léger avantage : son assaillante, après tout, avait pour elle l'Empathie et deux bras intacts – ou du moins le laissaient-ils entendre.
    En revanche, Rachel heurtait sans cesse des obstacles ; des personnes. Leila, du haut de sa furie vengeresse et de sa fierté prodigieuse, faisait fi de ses larmes imposées par un gaz disparu, les essuyait d'un revers de main, et tranchait une cabine entière pour passer sa frustration sur la marine insaisissable.

    Que les marées changent, que les navires coulent, que la gravité s'inverse ou que les blessés combattent à la place des bien portants n'endigua pas la violence du combat – unilatéral – entre les deux femmes. Le navire tombait en pièce à chaque seconde qui passait. Une salle de quart vola en éclat sous un poing puissant. Le pont supérieur fut labouré de lames d'air. Le Gaillard d'arrière vit un trou béant naître en son sein, comme un pims morbide. Le tout ponctué de glaviots articulés par Leila ; une chouette crachant ses boules de poils, d'os, de haine et d'insultes. Ce à quoi Rachel répliquait par un silence narquois et impénétrable. Si elle avait pu, elle aurait répondu mais elle préférait économiser sa salive, ses mots – précieux à ses cordes vocales – et son souffle qu'elle peinait à retrouver. Jeska n'avait pas fait dans la dentelle, et elle souffrait encore de frissons belliqueux qui pouvaient encore – au détour d'une esquive ; d'un regard hâtif – disjoindre son corps de ses sensations. Et dans un combat face à une femme aussi vive, rapide, puissante et prévoyante que Leila, mieux valait rester entièrement concentrée. Aussi la commandante n'avait-elle plus utilisé le Soru. Pour s'économiser mais surtout pour habituer son adversaire à une vitesse moindre – ce qui fonctionna au-delà de ses espérances.

    Car soudain... l'Ouverture.

    Le poing mécanique frôla le crâne de la brune alors que celle-ci se jetait dans la garde de Leila et les treize coups de pieds simultanés dont elle gratifia l'ensemble du corps de son adversaire la stoppa net dans sa course folle. Le temps se suspendit un instant ; une seconde durant laquelle les inspirations furent prises et les décision décisives. L'Empathe, venait juste de voir sa défaite. Le coude de la pirate revient se fracasser contre la tempe offerte de Rachel dont le genou remonta enfoncer le diaphragme de Leila. Son souffle s'enfuit comme elle tomba à genoux.

    Marteau pilon. Jambe droite. Qui vise la nuque. Talon Renforcé au Haki. Fuir.

    La raison s'affola chez la pirate, mais son corps ne bougea pas pour autant. Se mouvoir, sans oxygène, est chose ardue. Mais le crâne planté dans trois étages de ponts, les vertèbres enchâssées les unes dans les autres et le bras mécanique par dessus le tout, même avec de l'oxygène il aurait été ardu de se mouvoir ; même pleurer devait être douloureux.

    Rachel se redressa, pantelante, des frissons glacés dans tous ses membres. Et ce n'était pas à cause des embruns marins mais plutôt la vague de bonheur que procure une victoire. Surplombant le trou qu'avait creusé le corps de la pirate, les cheveux torsadés en cornes diaboliques, elle mirait avec avidité la silhouette immobile. Dans son ventre, dans sa poitrine, un vent enfla. Un vent qu'elle n'avait pas connu souvent ; un vent catabatique, réveillé du plus profond de ses entrailles par un désir de vengeance qui remontait comme un saumon le courant de ses pensées. Descendre dans ce trou et trancher ses tendons. Descendre au fond de ce puits et la priver de ses yeux – de ses doigts pourquoi pas – ou même de sa langue ; lui écorcher les joues ou la scalper ou lui ouvrir les entrailles ou éviscérer ou lui arracher le cœur alors qu'il battait encore et même la marée n'empêcha pas ses pensées ou même sa conscience juste lui faire mal et jouir de cette douleur comme elle avait joui en lui retournant l'index en brisant ses carpes en déboîtant ses métacarpes simplement lui faire mal pour elle et pour Wallace et Serena et Jeska et Craig et sentir sa volonté se briser et lire le désespoir en elle et enfin seulement et seulement enfin la livrer pieds et poings liés à la justice ou à Davy Jones malgré la petite voix de sa conscience et malgré la petite voix de Red et la petite voix de Salem et les souvenirs de douceurs et de violence juste évacuer toute cette peine toute cette souffrance toute cette frustration descendre dans ce puits et la priver de ses yeux pourquoi pas de ses doigts ou même de sa langue lui écorcher lui déchirer lui trancher lui arracher lui défaire lui désarticuler lui...

    Rachel ne remarqua même pas la tâche de sang qui glissait de sa tempe et ne sentit même pas la morsure des échardes contre sa tête quand elle s'écroula lourdement, de tout son long, contre la rambarde. Elle ne se vit pas tomber dans les pommes et elle ne se surprit pas à délirer. Elle ne se sut pas seule sur un navire en train de couler.

    *****


    L'eau. Encore l'eau ; toujours l'eau. Froide et agitée, Noire et avide.

    Quand était-elle tombée ? Comment ? Depuis combien de temps était-elle sur le point de se noyer ? Rachel paniqua soudain en ouvrant les yeux, entourée de bulles d'air prisonnières des flots, malmenée par les courants d'un navire qui sombrait. Frénétiquement, la peur au ventre, elle se débattit pour atteindre la surface. Jamais Davy Jones ne sera satisfait du nombre de noyés, et Rachel aura été un corps parmi d'autres. À peine plus faible. Sans bras, elle ne pouvait luter contre la gravité que la poussée d'Archimède ne pouvait contrecarrer complètement. La commandante aurait pu se laisser couler, simplement, comme elle l'avait décidé en libérant Wallace plus tôt (honneur du sacrifié à la noix), mais cette fois, c'était différent. Elle avait eu un black out et se retrouver à la mer sans avoir pris le temps de le penser, de le réfléchir et de le mûrir, entraîna immanquablement un air de panique. Un vent cabalistique même. Comme tout un chacun, en remuant grossièrement du bras blessé, du moignon manquant et des jambes arquées, elle finit par crever la surface et prendre une respiration glaçante, brûlante, puis elle appela à l'aide. Bêtement. Une aide qui se téléporta presque devant elle sous l'apparence de Jeska. Le choc fut tel que Rachel cessa de battre des pieds et coula lentement en la regardant fixement. Sa sauveuse leva les yeux au ciel et la repêcha tant bien que mal. Direction : ailleurs.

    Mais un ailleurs pas encore meilleur.

    *****

    -Salumen ? Mais qu'est-ce que tu fais là ?
    -J'aime bien la marine. Ils savent me sortir le cul des ronces quand ça chauffe trop pour moi.
    -Et pourquoi t'es pas sorti plus tôt ?
    -J'aime moins les PJ. Y'en a toujours que pour eux. et moi, parce que je suis black, on m'oublie...
    -...
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