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Le prix de la liberté.

Dans l'énorme salle où les hommes s'entassent, il y a une porte. Simple, grande. Les gonds de ferraille pendent de chaque côté pour tenir encore droits les planches de bois mangées par le temps. Des griffures parsèment chaque parcelle comme si des dizaines d'hommes s'étaient enragés à casser chacun de leurs ongles sur le bois. Mais les quarante centimètres d'épaisseur ont toujours résisté et c'est à la force de dix hommes qu'elle s'ouvre chaque jour pour envoyer les esclaves en pâture dans les arènes ou à la vente.

Les hommes, eux, ne la regardent plus. Ils ne regardent que leurs mains souillés par le temps et leurs gueules qui trop sales se ressemblent toutes. Ce sont d’innombrables sosies de pitié qui se collent entre eux quand la fraîcheur de la nuit vient les faire frissonner.

La porte, c'est ce qu'ils ne veulent plus voir quand enfin, le repos d'un sommeil volé vient les chercher. La porte, c'est toute la puissance de l'homme qui les a écrasé pour en faire du bétail, pour les transformer en animaux bons qu'à trimer, incapable de penser à autre chose qu'à leur propre survie. Cette porte là, c'est celle qui explose.

D'un coup. Horrible. Violent.

Un énorme fracas survient et la porte se déchire comme du carton mâché pour faire voler un garde à l'autre bout de la prison. Comme un énorme boulet de canon.

C'est la stupeur. Les râles qui remplissaient la pièce se sont soudain tût. Aucun bruit ne vient déranger celui, discret, d'un homme que les esclaves n’aperçoivent pas. Les plus prêts de la porte semblent entendre un souffle, des mains venir frotter un pantalon. Puis la porte s'ouvre lentement, faisant grincer les gonds jusqu'à manquer de les faire lâcher.

Quand enfin elle s'ouvre c'est pour faire apparaître un homme, un seul, un Monstre. Il a une sale gueule avec une moustache finement taillée et un costume trois pièce qui voudraient le faire passer pour plus beau qu'il n'est. Chaque esclave le regarde comme s'ils croyaient rêver. Lui, remet lentement son nœud papillon en place. Ils croiraient qu'il prend plaisir à jouer cette scène mais pourtant aucun sourire n’apparaît sur les lèvres du Monstre. C'est peut être de la tristesse qu'ils croient discerner dans ses deux yeux fatigués.

-Hmm. Vous avez deux minutes pour quitter cette pièce et me suivre. Que ceux qui veulent rester le fassent mais ceux qui se rappellent encore de leur liberté, que ceux qui veulent enfin revivre le plaisir de se lever parce seuls eux l'ont décidé, alors que ceux là me suivent.

Il attrape un sac faisant plus de deux mètres pendant dans son dos qu'il lance d'un simple geste à une vingtaine de mètres, au milieu de la pièce. Deux hommes tentent de l'attraper mais manquent de se faire écraser sous le poids.

-Je n'ai pas d'arme pour tout le monde. Que chacune d'entre elle arrive dans la bonne main. J'aurai besoin d'aide. Beaucoup de personnes vont vouloir vous empêcher d'être libre et nous devons aller jusqu'au port.

Beaucoup d'hommes se regardent en chien de faïence mais déjà bon nombre d'entre eux se jettent sur le sac pour attraper pieus, arcs, flèches, épées, haches et même fourches. Le Monstre lui a déjà fait demi tour et c'est plus de cinq cent hommes, femmes et enfant qui lui emboîtent le pas. Ils s'engouffrent dans un tunnel où seuls quelques torches réussissent à éclairer les gueules blafardes d'esclaves affamés.

Gol est l'un d'eux. Un gamin d'à peine 12 ans et qui a déjà vécu la moitié de sa vie comme esclave. Il marche en suivant les autres comme un chiot suit sa meute : plus par instinct de survie que par volonté de liberté. L'enfant s’arrête un instant avant de se faire bousculer par les esclaves derrière lui. Il a crut rêver. Il a cru que le sol devenait mou mais plus il continue et plus cette sensation lui revient. Quand il baisse son crane, ses yeux voient des gardes au sol. Il voit ses pieds écraser le corps d'un homme qu'il ne connaît pas pour s'enfouir dans son bassin. Il sent son poids et celui des autres esclaves tuer un homme et cette idée lui donne une étrange sensation qui fait battre son cœur plus fort encore.

Aujourd'hui, Gol a tué pour la première fois.
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Aujourd’hui, je tuerai pour la dernière fois.

L’arène est noire de monde. Jamais je n’ai vu autant de monde entassé pour ce qui est annoncé comme l’évènement majeur d’Helliday Island. C’est la fin du tournoi du Nouvel An. Et à l’issu de cette journée, les douze meilleurs combattants lors de ce tournoi seront les nouveaux douze héros de l’arène d’Helliday. Un suprême honneur que chaque gladiateur ici présent désire avec une ardeur sans égal. Tous sauf moi. Ils n’ont d’yeux que pour ce titre. Le public n’a d’yeux que pour ce combat. Et moi, je n’ai d’yeux que pour les profondeurs de l’arène. Là, quelque part, Ishii a ouvert les hostilités. La libération est en marche. Et elle se fera sans encombre tant que l’attention ne sera pas sur cette évasion. Pour l’heure, le contrat est rempli.

Helliday Island n’a de regard que pour sa prestigieuse arène.

Ils sont des centaines. Petits et grands, surarmés ou juste avec leurs poings, hommes et femmes, voire anges, géants ou cornus. Chacun a une histoire particulière. Chacun a des talents qui leur sont propres. Mais tous vont s’entretuer dans une bataille qui fera sonner le glas du bon sens et de l’humanité. Ils seront des bêtes à qui on offre une viande après une famine terrible. Les membres tremblent sous une excitation sans cesse grandissante et les regards balaient l’arène à la recherche de ceux qui sont les plus à craindre. Le brouhaha est énorme. Il est bientôt midi, heure du lancement des hostilités. Et plus on s’approche et plus on semble atteindre un degré plus élevé dans l’intensité de la clameur du public. La majeure partie est du gratin du monde. Des nobles, de riches bourgeois, des officiers d’armées, des leaders d’organisations, des pirates aux primes à huit chiffres, des commerçants, des chasseurs de primes. Il y a même des marines, profitant d’une permission pour étancher une soif de sang impossible à satisfaire en service. Il y a aussi une foule d’anonymes, de gens faisant là leur voyage de la décennie, des servants de puissants et même des esclaves, promulguant les plus grands soins à leur maitre. Dans la tribune officielle, il y a les propriétaires de tous les combattants présent dans l’arène, tout aussi angoissé que leur poulain. De leur performance dépendra leur gloire à venir.

Au premier rang, il y a Dame Claire dans une superbe robe, entourée de plusieurs esclaves attentionnés. Son sourire angélique pue la cruauté. L’odeur du sang l’enivre autant que la gloire. Une gloire qui n’a cessé de grandir depuis le début du tournoi au fil de mes victoires et de mes coups d’éclat. Chaque fois que je gagnais le soutien du public, elle gagnait en prestige. Et les gens venaient à elle pour la féliciter. Saoul de tout cela, Dame Claire a peu à peu perdu de sa méfiance à mon égard. Je me suis prêtée à ce jeu de combat et de sang et j’ai su répondre présente. Tuer me laisse toujours un gout amer en bouche, mais je ne le fais que contre d’autres gladiateurs, des gens qui n’ont aucun scrupule à tuer pour le plaisir. Si ce n’est pas eux, c’est moi. En quelque sorte, je combats juste pour ma vie. Dans cette discipline, mes aventures dans la piraterie m’ont donné une expérience et des talents qui m’ont plus d’une fois sauvé la mise. Je m’élève un peu plus au dessus de la moyenne et c’est ainsi que je suis en bonne voie pour le titre suprême. Claire pense que je me suis prise au jeu, convaincu que le gout du sang est une drogue qui fait fi de toutes autres convictions. Elle se trompe et j’ai fait en sorte qu’elle continue à y croire.

Car tout cela, je ne l’aurais pas fait sans Uran. Dans un Yukata multicolore, brodé d’or et à sa taille, ma petite sœur m’a dit au revoir au travers des portes d’acier menant au domaine de Dame Clairen, Gnuh à ses côtés. J’ai pu négocier avec la maitresse, au terme d’une discussion âpre et pleine de pièges, pour qu’elle n’assiste pas à ce dernier combat. Uran a voulu refuser, mais je lui en ai dissuadé avant que Claire de Kharov ne soit mise au courant. Notre séparation s’est faite avec beaucoup d’appréhension dans son regard. Ses yeux ont déjà pu voir l’horreur du combat et du sang, mais son esprit reste encore pur, bien que fragile. Ça aurait été une expérience traumatisante pour elle. Et c’est une souffrance bien plus supportable que de savoir qu’elle restera dans l’angoisse de mon retour un certain temps. De plus, il fallait qu’elle ne soit pas dans l’arène. Au milieu de cette foule et de ces nombreux opposants, il aurait été mission impossible de la récupérer sans risquer sa vie. Parce que oui, aujourd’hui, je mets les voiles et je laisse en plan Claire de Kharov. Avec la libération massive d’Ishii en cours, ça va être le chaos sur Helliday, grâce au travail des alliés d’Ishii, mais aussi de celles des Étrangers. Au milieu du désordre, je compte bien m’extirper de l’arène et récupérer Uran au passage avant de rejoindre Ishii. Le seul problème du plan, ça reste l’arène.

Mais aussi Haya, ma partenaire. Avec elle, on forme les sœurs démoniaques à cause de nos fruits du démon. Haya, elle veut le titre de champion de l’arène. Et même si nos relations se sont un peu apaisées entre nous, il reste une certaine animosité à mon égard. Être l’artisan de tout ce chaos entravant son heure de gloire et le fait de trahir sa maitresse, ce sont deux choses qui la motiveront à mettre un point d’arrêt définitif à ma vie. Et je sais ce que vaut Haya. On s’est déjà affronté. On s’est même entrainé ensemble. Si moi, je peux prétendre à un titre de l’arène, elle peut y prétendre tout autant que moi. Si l’une doit le devenir, on le sera ensemble. Car notre réputation s’est faite en duo et pour le public, nous sommes indissociables. La trahir, elle, c’est aussi l’assurance de lui enlever toute chance ultérieure d’arriver au titre suprême avant un an, voire plus. Et ça, c’est clairement une chose qui lui déplairait fortement. Elle est à mes côtés, souriant à ses fans non loin. Ils m’aiment tout autant qu’ils l’aiment. On fait une paire qui marche plutôt bien auprès du public. Entre Haya l’exubérante qui sait répondre au moindre des caprices du public et Adrienne la réservé, qui ne s’attaque qu’à ceux qu’elle mérite légitime ; il y’en a pour tout les gouts. Cette posture que je me suis faite marche bien et m’arrange beaucoup. Ainsi, lors des mises en jambes sanglantes contre des esclaves sans défense ; ou armé, mais sans aucune chance de tenir tête aux gladiateurs ; je me permets de pas y participer. Ça fait partie de mon personnage, de mon rôle dans l’arène. Et le public se prend au jeu.

Ainsi, les grands acteurs sont en place et aujourd’hui sera une journée complexe. Je ne sais pas ce que le sort me réserve d’ici dix minutes ou une heure, mais je sais que ça ne sera pas simple. Et alors que le gong sonne et que l’arène se tait, douze guerriers entrent dans l’arène. Les douze héros de l’année dernière moins un. Car l’un d’entre eux a mordu la poussière et je ne suis pas étrangère à l’affaire. Mais ils sont bien douze. Car derrière les autres s’avance le Black Baron dissimulant toujours son visage derrière son masque d’ébène. Ma gorge se noue.
Ça va commencer.
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C'est drôle, le ciel est rempli de cotons roses ce soir. Ce sont toutes les larmes de sang qui couleront durant les prochaines heures et qui se mélangent aux nuages de laine. Le Monstre lève les yeux au ciel pour observer ce magnifique spectacle. Il est à l'entrée de la ville, sa gueule vient à peine de sortir des combles. Il se retourne vers une dizaine d'autres paires d'yeux pour mettre son index sur ses lèvres. Les premiers hommes de la file se retournent alors tous pour passer le message aux autres et c'est une longue suite de gestes silencieux qui s’enchaînent. Le message est passé.

Les centaines de paires de pieds se mettent alors à fouler le sol sans qu'aucun n'ose même dire mot. Ils se mettent peu à peu à frôler la rue jusqu'à trottiner. C'est une drôle de meute d'humanoïdes qui avance aussi peureusement que décidée à s’enfuir. Le ciel vient rougir ces gueules blafardes pour leur donner de drôles de têtes. Les ruelles sont désertes. Pas même un chat n'erre dans la ville comme si même eux voulaient se lécher les babines de tout le sang du colisé.

Soudain, le Monstre s’arrête à l'encablure d'une rue. Une femme est là, de l'autre côté. Le haki la sent. Le Monstre prend lentement le virage pour apercevoir une ombre. Une volupté de cigarette s’échappe de son bec. La femme se tourne vers le Monstre mais c'est déjà trop tard. Le poing d'Ishii s'écrase trop vite sur le haut du crane. Le corps de l'inconnue s'enfonce lentement sur le sol et au pays des rêves.

D'un geste de la main, il intime aux autres de la suivre. Ils continuent ainsi plusieurs rues dans le calme de la nuit. Tout est silencieux. Trop silencieux. Pas une seule âme ne semble avoir envie de perdre ses jambes dans la nuit. Pas un seul homme ne s’enivre d'alcool au coin d'un café.

Il y a comme un mélange étrange de sentiments qui se fait dans les crânes de la meute. Ils ont peur. Oh ce qu'ils ont peur... Certains ont les mains tremblantes, d'autres ont les dents qui claquent les unes contre les autres. Et puis il y a les autres, les battants, les courageux, les soldats. Il y a ceux qui ont choisit les armes et qui trottinent derrière le Monstre les yeux affûtés, prêts à faire saigner n'importe qui, prêts à combattre.

Ils arrivent à l'intersection de deux rues. La meute s’arrête sous le commandement du Monstre. Soudain une ombre surgit de derrière l'embrasure d'un mur. C'est Shishou et Iwa.

-Hmm. C'est calme. Trop calme. Comment sont les trois chemins possible ?
-Les deux premiers sont bloqués par une centaine de marines. La dernière, il n'y a qu'un homme.
-Un homme ? Hmm.
-Taper ?
-Non Iwa, pas taper. Ça sent de trop le piège.
-Snif, snif, je sens rien, moi..
-Je n'ai pas reconnu l'homme. Il est assis à une table, à prendre un thé.
-Un thé ?

Le Monstre sourit.

-On prend le chemin C. Laissez moi cinq minutes d'avance.

Le Monstre part sans même attendre dé réponse. Il passe les quelques centaines de mètres le séparant du buveur de thé. Il le voit là, assis simplement à la terrasse d'un café. Il y a sa tasse qui fume et sa gueule qui respire l'air de la nuit. Sur sa table, une autre tasse est posée. Comme s'il attendait quelqu'un. Le Monstre ne réfléchit pas et s'assoit en face du buveur.

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L'homem n'a pas changé&. Il a toujours cet air las qui lui donne le regard d'un enfant malgré les rides qui lui mangent maintenant les traits. Il a toujours ce dos rond comme s'il mangeait la misère du monde entre ses deux épaules et n'arrivait pas à la recracher.

_Hoyla Monsieur Môsh. Ça faisait longtemps. Tenez, je vous ai préparé du thé.
-Hmm. Merci.
-Hoyla, c'est que ça me fait plaisir, vous savez. J'aime bien le thé.
-Hmm.
-Hoyla, surtout avant une bataille.
-Hmm...

Un ange passe.

-Hoyla, on dit qu'il vaut mieux périr libre et jeune que vivre vieux et enchaîné.
-Hmm. Cette phrase est d'actualité je crois.
-Hoyla hoyla, pour sûr.
-Hmm. Très bon, le thé.
-Hoyla. Oui, j'ai choisi le meilleur je crois. Thé Tonray, ça vous parle, non ?
-Hmm. Ca ne me dit rien.
-Hoyhoyhoy. Un gentil garçon, ce Tonray, très sympa. C'est étrange d'ailleurs parce que je lui ai parlé de vous et il m'a dit la même chose. Hoyhoy, j'ai pourtant certain de mon coup...
-La vieillesse vous égare, monsieur.
-Hoyhoy . Sûrement. La vieillesse ou le thé.

Le marine prend sa tasse et l'avale d'une traite.

-On ne casse pas de vaisselle. On évite les habitations.
-Hmm. Dans cinq minutes, un milliers d'esclaves passeront cette rue. Vous ne vous en occuperez pas. Vous ne vous occuperez que de moi.
-Hoyla, c'est dur ce que vous me demandez. Je pourrais en perdre mon poste. Arrangement criminel, tout ça. Ils ne rigolent pas là haut.
-Hmm. Moi non plus, je ne rigole pas. Vous les laisserez passer.

C'est au tour du Monstre de se lever. Deux lames se sortent au même moment.
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-Scissors Sisters !

Les vertèbres se brisent et le guerrier haut de trois mètres laisse échapper un cri de douleur malgré ses dents serrées et son heaume d’acier. Il s’écroule au sol et je lâche son cou un instant avant. A deux mètres, Haya fait disparaitre les piques d’un geste théâtral, piques qui sont venus se planter dans la chair du guerrier, au niveau de sa taille, l’empêchant de tomber. Retenu par les épines de ma comparse, penchée en arrière, il a suffi d’appliquer une force dont j’ai la capacité pour forcer son corps à toucher terre malgré l’incapacité humaine de ce genre de manœuvre. Mais avec un peu de force, on peut tout. Haya vient se poser contre moi, dos à dos. Elle passant sa main dans ses cheveux et moi, les bras croisés, on regarde la tribune où nos fans exultent. Elle exulte et me glisse quelques mots.

-A ce rythme, on va être les reines !

C’est le troisième qui mord la poussière après nous avoir cherché des noises. Attirés par la gloire, les plus téméraires cherchent à marquer les esprits en faisant tomber les gladiateurs les plus en vogue. Kalmus aux « Poings de Géant » vient d’en faire les frais, à avoir les yeux plus gros que le ventre. On a à peine sué, en plus. L’arène et nos expériences respectives, couplées à nos entrainements et à un résidu de haine et de jalousie mutuelles nous rendent impitoyables. Mais dans cette arène où les os craquent, le sang coule et la foule jubile, les gladiateurs de hauts rangs sont encore nombreux et pleins de surprises. On garde la pose trois secondes. Trois secondes d’une gloire éphémère avant que notre public tourne la tête pour concentrer son attention sur une nouvelle action d’éclat, la chute d’un nouveau perdant et la pause héroïque d’un vainqueur exalté. On a bien fait. Un subtil mouvement au ras du sol m’interpelle. Je pousse Haya sur le côté sans prévenir tandis que je bondis en avant dans une roulade lancée. Du sable surgissent trois individus, habilement dissimulés par des capes imitant à la perfection la couleur et la texture du sable de l’arène, allant pousser l’exactitude à le tacher du rouge sanguin qui éclaboussent çà et là. Trois armes sortent de leurs fourreaux pour nous tailler en pièces, mais elles ne le font pas puisque nous ne sommes plus au centre de leur piège. Je les reconnais. C’est les trois frères Alubak d’Alabasta. Trois individus passés maitres dans l’art de l’assassinat. Discret, même si c’est raté pour l’occasion, efficace ; ça, c’est pas encore perdu.

Le plus grand s’attaque à Haya, maniant deux cimeterres avec une agilité rare, forçant mon associée à lui opposer une défense d’acier à l’aide du pouvoir de son fruit, multipliant les épines venant perturbées les trajectoires assassines de son adversaire. Les deux autres s’occupent de moi et alors que le premier me tient en respect avec une lance télescopique apparu dans un éclair entre ses mains, l’autre me lance plusieurs dagues suintantes d’un poison aux effets que je ne veux absolument pas découvrir. J’esquive la première lame en m’avançant avant d’attraper la lance et de tirer le frérot sur la trajectoire des lames. Deux se plantent dans son dos et son visage s’immobilise un instant. Je le regarde dans les yeux et je ne distingue pas de peur. Juste un éclat vicieux. Mon sixième sens hakiesque me sonne les cloches. Je le pousse en arrière à l’instant où son comparse, profitant de l’écran que lui procurait son frère, saute avec une larme courte, visant mon cœur. Je mets mon bras en opposition, sur la trajectoire, passant en forme semi-animal. La lame vient se planter dans la chair et glisse sur deux centimètres avant de se buter sur la carapace qui se forme. Il lâche la lame, mais il hérite d’une châtaigne corsée dans le plexus qui l’envoie sur son pote pas si empoisonné que ça. Mon petit doigt me dit qu’ils se bourrent d’antidote pour se permettre une certaine flexibilité. Par contre, moi, j’ai pas d’antidote et je sens l’engourdissement naitre dans mon bras. Sans attendre, je viens avaler goulument le sang à ma plaie pour en extraire le plus de poison possible. Heureusement, ils me laissent tranquille pour mieux s’occuper d’Haya. Le poignardé vient soutenir l’autre à coup de lame longue, réduisant sa mobilité à zéro tandis que le fada du poisson dégaine deux pistolets à barillet. Je recrache le sang avant de bondir en direction d’Haya et alors qu’une première balle vient lui arracher un grognement rageur, les autres balles ne feront que ricocher sur ma carapace dorsale, parvenant à faire barrage de mon corps. Les deux poings s’abattent sur les deux autres qui esquivent non sans mal, libérant Haya de leur oppression.

On se regarde. Haya regarde derrière moi. Ils sont derrière, regroupés. Nouveau regard vers moi. Elle sait ce qu’on fait. Je me retourne et je leur fais face avant de courir vers eux. Derrière moi, Haya pose les mains sur le sol et fait surgir des épines du sol, trois par trois, comme un escalier que j’emprunte sans douleur pour mieux surgir dans le ciel, éclipsant le soleil en me roulant en boule de carapace qui vient percuter, propulsant les trois compères sur les côtés. Ou juste deux ; j’en agrippe un d’une main rageuse qui se révèle être mon empoisonneur adoré. Je frappe. Ça craque. Et je tourne la tête vers les autres. Plus qu’un en fait. Profitant de l’onde de choc qui leur a détourné l’attention, Haya est venu embrocher l’un des survivants. Le troisième ? Il a disparu, profitant de sa capacité de caméléon. On se regarde avec Haya et on se sourit, parce que le l’empathie coule dans nos veines et même si ce n’est pas encore très simple de l’utiliser systématiquement, on peut l’utiliser. On agit de concert et alors que la lame de l’Alabastien s’élance du sol, une lance et des épines viennent l’arrêter dans son mouvement, le clouant au sol.

C’était un peu chaud.

Le léger engourdissement dans mon bras et mes premières blessures me donne un sacré coup de fouet. Et dans le même temps, c’est le démon qui se réveille, insidieusement, murmurant à mon oreille de me laisser les commandes. Je ne peux rien faire de concret sans lui. Je vais lui laisser, mais il y a un objectif derrière. A cette heure, Ishii a dû s’échapper avec les esclaves et l’alarme ne devrait pas tarder à être donnée. Il va bientôt falloir déguerpir d’ici et seule la rage primaire de mon démon peut me donner la force de sortir d’ici en force. Je n’ai pas le choix, mais je m’y étais préparé. Et j’ai longuement discuté avec la bête qui partage mon corps pour lui faire comprendre son intérêt en la matière. Et alors que Haya se met en place pour notre figure de victoire, je détourne la tête pour m’attarder plus que sur une seule chose. Cette douleur. Cette souffrance qui irradie depuis mon bras et qui catalyse mon esprit vers la cage que je lui réserve.

Et la bête hurle. Et le public lui répond en écho, attendant ce moment où les sœurs démoniaques ont acquis le plus grand de leur aura. Le visage d’Haya se décompose en un instant. Car le démon est incontrôlable. Et à peine son corps passant en forme semi-animale que son bras puissant vient frapper Haya sans qu’elle puisse s’y opposer. Encore une fois, elle vole dans le décor. Et tout à l’opposé, la bête s’élance dans la mêlée, hachant et brisant. Les coups volent. Les corps s’effondrent. Peu sont ceux à s’opposer à la créature devenue une furie incontrôlable qui s’approche petit à petit de ce coin d’arène ou l’on peut facilement monter dans les gradins avec un peu de puissance, avant de réaliser une courbe au milieu du public et de sauter du haut du colisée pour plonger dans les bassins du parvis du colisée. Une route parfaite pour déguerpir de là. Une route que suit le démon, étonnamment. Pendant longtemps, je me suis demandé sa réaction, même si je commence petit à petit à le comprendre. Ou lui à me comprendre. C’est encore très étrange. Sa folie meurtrière s'est transformée en une soif de puissance, mais une puissance ne peut s’exprimer qu’envers des puissants. Et attiser par sa haine bestiale, le démon ne trouve pas d’adversaires à sa valeur. Alors, il faut partir. Allez plus loin, vers d’autres lieux où il trouvera ce qu’il veut.

On est pas loin. On est plus très loin.
On était si proche.

Une ombre s’est glissée dans son champ de vision. Il l’a tout de suite vu et s’est arrêté comme un loup sentant l’odeur du sang, la langue se léchant les babines. Derrière son masque d’ébène, le Black Baron fixe, imperturbable, le gladiateur sauvage, un homme tenu dans sa main gauche. Il le laisse tomber comme s’il n’était plus rien et c’est le cas, cadavre de chair tuméfiée de telle sorte que plus personne ne saura jamais le reconnaitre. Son bras se lève, poing fermé avant de lever un doigt. Un seule. Et de faire un seul mouvement. Celui de s’approcher. De tout mon esprit, je lui crie de foncer. De fuir. Mais l’appétit féroce du démon est insatiable. Le Black Baron lui offre justement cette adversaire à la puissance incroyable. Ses puissants pieds se tournent et il va de l’avant. Au-devant de la mort. De ma mort.

Une partie de l’arène se tait, contemplant le défi lancé par le maitre de l’arène envers la bête. Certains gladiateurs se tournent vers nous. C’est rare de voir un tel défi. Jusqu’à maintenant, le baron s’est contenté de faire le tour de l’arène, massacrant avec une absence totale d’émotion ceux qui faisaient l’erreur de gêner son pas ferme et cadencé. On se fixe. On se jauge. Et puis un homme de cinq mètres de haut démarre les hostilités, profitant de l’intérêt du Baron pour mon démon pour tenter de s’offrir la tête du roi des poings. Armé d’une batte en acier trempé aussi longue que lui, le demi-géant tente d’envoyer le baron en orbite, mais c’est sans compter la puissance latente qui émane du personnage. Un instant avant d’être touché, le corps entier du Baron se recouvre d’une substance aussi noire que l’ébène de son masque aux reflets métalliques. Enveloppé dans cette armure surnaturelle, le Baron encaisse sans bouger. A l’inverse, c’est la batte qui se déforme sous l’impact avant de se briser en deux à l’endroit où elle a frappé son adversaire. Stupeur générale et la foule acclame le héros légendaire de l’arène tandis que ce dernier saute à hauteur du demi-géant avant de l’agripper d’une poigne puissante à la gorge. Comme s’il n’était qu’un fétu de paille, le Baron le propulse à terre et alors que l’opportuniste supplie de lui laisser la vie sauve, le Baron se contente de le regarder dans les yeux. Au fond des yeux. Une terreur abominable saisit le demi-géant qui se met à trembler de tout son long, les yeux révulsés et la bave à la bouche. Il aurait pu continuer longtemps, mais le Baron est magnanime et libère le fautif d’une ultime frappe au cœur de l’homme. Il ne le touche pas, c’est comme une onde de choc qui traverse son corps. Et si le cœur est au milieu, il a cessé de battre dans l’instant.

Le baron est inhumain.

Et alors que tous ceux qui ont vu cette scène espèrent ne jamais croiser sa route, il y a quelqu'un qui n’est pas humain qui espère tout le contraire. Le baron se tourne vers le démon.

-Il ne nous importunera plus.

Le démon crie sa rage et montre ses poings puissants. Le Baron dégrafe sa cape qu’il fait tomber négligemment sur le visage mortifié du demi-géant avant de prendre deux poings américains accrochés à sa ceinture.

-D’excellents outils de chez Panache Service. Je les conseille.

Son ton est glacial. Le fait d’avoir tué le grand bonhomme à ses pieds ne l’a pas du tout affecté. Nul déplaisir, nulle satisfaction. Rien. Nombreux ont été ceux à mourir sous ses poings. Ils seront encore nombreux à faire de même. Ses armes bien en place, le Baron teste les jointures avant d’aviser un gladiateur profitant du spectacle offert par le Baron en plein échauffement pour s’attaquer à des gladiateurs hypnotisés dans le dos. Il frappe. Une fois. Une fois dans le vide. L’onde de choc forme un cône stylisé qui vient se concentrer pile entre les deux yeux du lâche et il s’effondre dans l’instant, raide mort. Craquement de jointure.

Le baron est un monstre.

-Viens.

Il n’en faut pas plus pour que le démon s’élance comme si rien ne pouvait le faire reculer. Il met toute sa vitesse et toute sa force dans ses poings insectoides pour faire mal. Le premier impact touche le Baron qui n’esquive pas. C’est comme frapper une falaise, ça n’a aucun effet et ça semble vain. Puis le deuxième coup est encaissé à l’aide de son pouvoir le recouvrant intégralement d’ébène. Là, c’est comme frapper un bloc d’acier trempé. Ça n’a aucun effet et ça parait tellement stupide. Mais le démon ne sent rien. Il ne sent pas la douleur. Il continue de frapper encore et encore à s’en esquinter les jointures. Le Baron se laisse faire, esquive, puis riposte tel un boxeur avec des frappes associant puissance et précision. Chirurgical, il vise les points sensibles ainsi que les nœuds de vie du corps humain, même s’il n’est pas si humain. Mais ça marche. Et même au travers de moi qui absorbe toute la souffrance, le démon la sent, cette douleur.

Dans les yeux du baron, il n’y a nulle douleur. Juste parfois, une fluide noir.
Un dernier échange de coups et il se saisit du poing de la bête avant de lui murmurer quelques mots aussi violents que ces poings.

-Tu n’es pas de taille, avorton.

Il arme son poing, et le mot est juste, car à l’impact, c’est une explosion qui vient cueillir le démon, projeté en arrière, fumant et sentant la chair roussie. Le poing fumant, le Baron reste là, immobiles comme un roc inexpugnable, contemplant son adversaire agonisant. Ce n’est qu’à moitié le cas. Le démon ne souffre pas. Moi, je souffre. Je suis au bord de l’évanouissement tellement cette douleur me ronge chaque parcelle de mon esprit. Et malgré ça, je lui hurle. Je lui hurle de fuir. De faire attention à ces gens non loin de la tribune officielle qui cherche à attirer l’attention du Baron, surement pour lui dire ce qui se trame dans les profondeurs de l’arène. Je lui hurle de faire demi-tour et de tenter sa chance. De survivre. Qu’on survive ! Mais il n’écoute rien. Il n’a que la puissance et le combat dans ses pensées. L’idée de la mort ne l’effleure pas. Cette idée m’obnibule. Je ne vois qu’elle devant moi et ce n’est pas de l’empathie. C’est la certitude du destin du chemin qu’il compte emprunter. Peu importe son pouvoir d’armure, peu importe ses poings, peu importe ses ondes de choc et ses explosions. Il ira. Et il s’affaissera.

Il se lève. Une dernière fois. La dernière fois. Pour se battre à mort.

Non.

Il s’arrête.

Je ne le laisserais pas faire.

Je ne le laisse pas faire !

Et cette douleur qui est mon présent, je lui renvoie à la figure. J’inverse les rôles et je reprends les commandes de mon corps, l’enfermant dans une cage avec toute la souffrance de mon corps comme si c’était celle du monde. Je m’apprête à faire demi-tour, échappant au terrible baron pour viser les tribunes. Et plus haut, le ciel. Mais ça ne se passe pas comme ça. La bête hurle en moi. Elle hurle de cette souffrance qu’elle ne veut pas ressentir et qu’elle a provoquée. Son enveloppe psychique devient difforme comme si des excroissances poussées çà et là. Et comme une réaction en chaine, mon corps change. Les muscles s’agrandissent, se déchirent tout autant que l’esprit de la bête se déchire comme le voile du monde. Je grandis. Je prends de l’ampleur. Je sens tout mon être se changer. Et alors que je prends conscience de ce que je deviens, je ne peux m’empêcher de jeter un regard vers le Baron de l’arène. Et ce que je vois dans ses yeux me conforte dans l’idée qu’il se passe quelque chose de vraiment puissant.

Dans ses yeux, je vois un doute.
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Fil m'a regardé d'un œil bizarre. Il avait la main posée sur l'un des flingues qu'avait donné le Monstre. Ses pieds se tortillaient. Il pouvait pas rester en place. J'ai hoché la tête et on est parti. On était trop restés longtemps emprisonnés pour devoir encore obéir dès la première seconde de liberté. On a tourné l'angle pour apercevoir le Monstre et le Marine se faire face.

C'était bizarre. Ils ne bougeaient pas d'un poil. Il se regardaient en chien de faïence. Et puis c'est parti. D'un coup. Il nous a fallu un moment pour nous en rendre compte. Nos quatre yeux de soldats n'avaient rien vu bouger que le table les séparant était déjà coupée en deux. Il nous fallait un moment pour habituer nos globes. Les corps bougeaient trop vites. Trop loin. Les gestes étaient trop inattendus, trop vifs et trop brutaux. Même pour d'anciens pirates comme nous deux, ces gars là étaient au dessus du lot. Bien au dessus. Plus on les regardait et plus on prenait peur.

Oui, j'ai eu peur.

Parce que à les voir combattre, ça nous rappelait de mauvais souvenirs. Ça nous rappelait cette corsaire qui nous avait laminé en quelques coups pour nous amener en enfer. Le marine avait un style académique. Ses coups étaient prévisibles mais il avait une telle vitesse, une telle force, que parer une seule de ses attaque revenait à un miracle. Un miracle ou un incroyable talent. Et le Monstre en avait, du talent. Je n'avais jamais vu un combat aussi fou, aussi beau. C'étaient deux forces de la natures qui dansaient leurs morts. L'un académique, l'autre Monstrueux. Le cachalot n'avait pas la technique du Marine mais on reconnaissait à sa manière de se battre le style de Cocoyashi. Il y avait un mélange de Monstruosité, de fourberie que seul un pirate pouvait avoir et quelques restes d'académie qui se mêlaient dans un style unique.

C'était drôle parce qu'ils dansaient sans presque bouger. Seuls leurs pieds changeaient d'appui et malgré la puissance et la vitesse des coups, ils restaient dans un minuscule périmètre comme deux éléphants au milieu d'un magasin de porcelaine. Soudain on a vu un coup partir bien loin et les deux gus se sont arrêtés. D'un coup. Ils sont restés là, aussi immobiles qu'au départ, avec juste leurs souffles courts qui soufflaient comme des cheminée. Derrière le Monstre, une baraque s'effondrait, coupée en deux.

Il y avait les gravas qui tombaient, la fissure qui se déchirait dans un bruit de craquèlement, et la ruine toussa de la poussière jusqu'à haut dans la ciel.

Ça devait être une maison sympa. Un petit recoin de paix où une famille se croyait en sécurité. Y'avait peut être même encore des gens, dedans.

-Hmm. On avait dit « pas de dégât ».
-Hoy hoy, c'est que c'est parti tout seul...

Je crois bien qu'on a su, avec Fil, qu'il n'y aurait pas d'autres coups. Je crois bien qu'à regarder ce combat on avait su que ces deux guss étaient du genre à respecter leurs paroles. Alors ils ont rangé leurs lames aux fourreaux et le temps s'est arrêté. Fil grignotait un cure dent qu'il avait trouvé je ne sais où. Ces deux yeux révulsées étaient obnubilés par lme combat comme un chien qui mire un os qu'il ne peut avoir.

Et puis les deux lames sont sorties. Le Monstre a visé la tête et s'est tordu le corps pour éviter celle de son adversaire. Il a été plus rapide. Sa lame a cogné la gueule du marine pour l’assommer. On est resté bluffés, comme des cons, mais le Monstre lui est surtout resté à grogner. Le marine lui avait fait un dernier cadeau : Une gentille entaille dans le bras gauche.

-Hmm. Vous deux, appelez les autres. On y va.

Il s'est retourné vers nous sans que l'on sache comment il nous avait vu. On a obéit comme des cons. Quand on est revenu, le Monstre n'était plus là. Nous, on ne savait pas trop quoi faire. Se sauver la queue entre les jambes ne nous plaisit pas trop. Ce n'était pas notre genre. On a laissé filé la meute vers les bateaux. On est resté devant la carcasse du Marine qui râlait ses douleurs au pays des rêves. Et puis on a suivi les gouttes de sang. On a suivi les traces du Monstre et les gouttes rougeâtres se sont transformées en corps de soldats et la route s'est agrandi jusqu'au Colisée.

Le Monstre s'était engouffré dans l'arène. Au milieu du combat. C'est comme s'il n'avait pas eu assez de misère avec le marine et qu'il en voulait d'autres. Fil s'est mis à courir les gradins pour descendre les marches à tout rompre. Je l'ai vu escalader la grille qui séparait les spectateurs du ring et il a sauté au milieu de l'arène, comme un con. Et comme un con, je l'ai suivi.
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Il y a comme un instant de flottement où tout le monde se met à me regarder. Même les combats les plus endiablés se taisent. Les combattants tournent la tête, gelant leur bras dressé vers le ciel pour tuer d’un coup violent, tandis que les spectateurs voient l’arène, dans son ensemble, se faire soudainement remplir par une masse imposante. Peu sont les gens à s’exprimer et c’est un silence de mort qui prend possession de l’Arène. Ça me laisse le temps de prendre conscience de tous les changements qui se sont opérés dans mon corps. Je fais mine de bouger un pied et je sens tout d’un coup que rien n’est pareil. C’est massif, c’est pataud. Je bouge la tête pour voir, mais mes libertés de mouvement à ce niveau sont totalement réduites. Mon champ de vision est quasiment limité par la présence imposante de deux cornes acérées probablement capable de découper un paquet d’hommes en un seul coup. C’est tout bonnement monstrueux. Il y a un peu d’air frais qui souffle sur ma peau, mais je ne sens rien, en vérité. Ma peau est devenue une carapace infranchissable. C’est comme si j’étais dans une prison d’os et de chitine qui me recouvre totalement. Mais l’avantage de cette prison, c’est qu’elle me procure les armes et la défense adéquate pour me libérer d’une autre prison, celle de l’Arène.

La rumeur commence à se répandre dans l’arène. La rumeur d’un combat comme on en a peu vu dans cette arène. Les géants, c’est sympathique, mais c’est devenu quelque chose de banal à force. Une sorte de friandise que l’on s’octroie volontiers, mais qu’on ne réclame pas à grand renfort de cris. Ma forme gigantesque est quelque chose de nouveau, d’unique. Et c’est cela qui rend les spectateurs de plus en plus enthousiasme, criant leur envie de sang aux gladiateurs. Il ne me reste plus beaucoup de temps. Les combattants ne vont pas tarder à lancer l’assaut sous les cris d’encouragements devenant des ordres par leur intensité. Devant moi, le Baron reste silencieux et immobile, seuls ses yeux trahissant son impassibilité ordinaire. Resserré, comme s’ils cherchaient à me transpercer, à regarder au fond de mon cœur, aux fonds de mes tripes ; savoir de quoi je suis capable. Moi seule le sais. Moi seule peux voir à l’intérieur de ce corps. Et à l’intérieur, il n’y a que de l’obscurité avec en son centre un halo de lumière. Là, mon esprit démoniaque est torturé par un afflux de douleurs qu’il ne peut contrôler, ni même renvoyer. Il est prisonnier comme moi, je me laissais prisonnier de cette souffrance. Sa conscience est encore intacte, mais elle se fendille. Et c’est là que je me rends compte que tout ce pouvoir et cette forme ne sont qu’une bombe à retardement. Il arrivera le moment où mon démon n’en supportera pas plus et s’en sera fini de ses pouvoirs. Fini de cette forme. Même une forme hybride ne pourra pas être utilisée avant un moment.

Je dois agir, vite.

Justement, les premiers gladiateurs s’élancent dans ma direction. Abattre la bête leur accordera beaucoup plus de prestige que d’abattre la dangereuse, mais non moins « normale » Adrienne Ramba. Deux combattants s’élancent pour me décapiter ; propre et net. D’instinct, j’ai envie d’aller à leur rencontre pour leur foutre une mandale, mais sous cette forme, je me rends bien vite compte que c’est pas pratique. Du tout. Je me rends compte que mes cornes acérées vont être mon principal atout dans l’affaire et je n’hésite pas à m’en servir. Faisant face aux deux types s’élançant dans les airs, j’envoie une de mes cornes le faucher en vol. Si leurs armures les empêchent d’être séparés en deux, l’impact de cette monstruosité d’os aiguisé les renvoie dans les cordes ; ils s’incrustent dans le bord de pierre de l’arène, K.O.

Ça suffit à calmer les plus excités. Je vois là une ouverture pour m’échapper. J’amorce la course en avant, vers la sortie, vers l’extérieur, tournant tout simplement le dos au Baron Noir. Même sous cette forme, je ne me risquerais pas à tenter l’impossible. Fauchant tout sur mon passage, les gladiateurs n’ont que peu d’options. Fuir pour leur vie, les plus malins. Les plus lents sont fauchés par les lames sans aucune pitié. Deux gladiateurs sont tranchés net ; le désavantage de combattre sans armure. Un plus lent se fait tout simplement piétiner par mes pattes qui font tout bonnement trembler le sol sous ma charge massive. J’approche du bord de l’arène, mais une forme jaillit des airs pour me stopper. C’est le Baron. Il ne me laissera pas sortir. J’accélère pour le frapper de front et déjà, son fluide recouvre son corps, s’apprêtant au choc. Pour augmenter l’impact, je m’apprête à le faucher de mes deux lames incurvées.

Et c’est le choc.

Cela provoque une onde qui bouscule les gladiateurs proches. Les murs annexes se sont fendillés. Je serre de toute mes forces pour briser la défense d’acier du baron, celui-ci résiste. Résiste contre les lames, résiste contre la masse de mon corps. Il est une petite tache noir face à mon immensité. Et cela me confirme encore plus qu’il est dans des niveaux qui me dépassent. Carrément stratosphérique. Je mets tout ce que j’ai. Et d’un coup, je sens comme du relâchement. Il glisse. Les pieds ancrés dans le sable, il ne parvient pas à résister. Quelques millimètres. Derrière son masque, le Baron a les yeux exorbités sous l’effort. Mais je m’aperçois bien vite que c’est un mal pour un bien. Il parvient à écarter mes lames. Une corne avec un bras. C’est tout bonnement prodigieux. Et au moment où il a assez d’espaces, il s’échappe de ma pince pour se glisser sous ma défense et me décrocher un coup de poing américain fulgurant directement dans la tête.

Ça fait mal.

Il pourrait enchainer, mais il ne le fait pas. Car c’est le moment choisi pour un autre Monstre de faire son entrée. Je croise son regard et je voudrais sourire, mais je ne crois pas que cette forme est faite pour ça. Ishii a trouvé plus monstre que lui, pour une fois. Le voir ici, cela veut dire que tout s’est bien passé de son côté. Il ne partira pas sans moi. Okay. Mais il faut se libérer d’un problème gênant avant. Il sait ce qu’il doit faire, il sait que l’obstacle est l’homme de l’arène. Son champion. Et il l’engage. Suffisamment pour être le centre de son attention ; il ne connait pas ses capacités. Il n’aura pas la chance de tous les connaitre. Je reprends l’initiative d’une charge afin de le briser sur son côté. Il ne peut s’occuper d’Ishii et moi en même temps. Alors, au dernier instant, il abandonne le combat et se recroqueville sur lui même. Telle une batte, je tape dedans ; une balle toute de noir vêtue. Un boulet de canon humain recouvert de fluide qui vient exploser une tribune entière de l’arène. Il pleut des spectateurs et des gravats. Ça pourrait être sa fin, mais je sais déjà comment on le verra sortir. Indemne. Et parait à en découdre.

On a pas le temps. Et je suis sûre qu’Ishii comprend. Je lui fais comprendre de monter sur moi et ensemble, on fonce vers une tribune. Je découpe les premières rangées d’un coup de lames fracassant, m’offrant un escalier de gravats vers les tribunes supérieures. Ainsi, je monte sans cesse, faisant peu de choses des spectateurs sur mon chemin. Quand on prend plaisir à voir des hommes s’entretuer, il faut se préparer à faire le spectacle soi-même. Et alors que l’arène est en proie au chaos, je m’élance dans les airs. Adieu l’arène, je ne reviendrais pas. C’est la dernière fois qu’on se voit. Ce fut désagréable.

Le choc contre le sol fut violent, mais je m’en tire pas trop mal. Il va falloir faire vite. L’ile va être sens dessus dessous. Et j’ai une chose à faire. La plus importante qui soit.

Récupérer Uran.
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L’arène d’Helliday Island a l’avantage d’avoir une taille plutôt respectable. Suffisamment grande pour y proposer suffisamment de places assises pour une grande partie des touristes de sang de l’ile. Et pour les autres, on fait croire que ce n’est pas fait exprès, mais il y a suffisamment d’endroits aménagés pour que les moins fortunés s’entassent, debout, observant le spectacle entre deux autres infortunés spectateurs. Le résultat de tout cela est là, devant mes yeux.

Les rues d’Helliday sont vides.

Pas aussi vide que je l’aurais souhaité. Les touristes sur le départ profitent de l’attraction de l’arène pour s’amuser aux attractions qu’ils n’ont pu faire pendant leur séjour tout en évitant la cohue pour entrer dans l’arène. Les nouveaux venus découvrent les lieux, les yeux amplis d’étoiles, comme des enfants découvrant le pays du père Noël. Et ils tremblent d’impatience quand il lance leur première pièce sur le mur des lapidations. J’en croise quelques-uns, des groupes, comme ça, levant un regard étonné sur ma masse imposante, frôlant les maisons. Et parfois, en ne les frôlant pas, mais je ne me préoccupe pas beaucoup des détails et je prête assez peu attention aux jurons et aux appels à l’aide que je crée dans mon sillage de destructions urbaines. Les débris sont autant de petits cailloux menant à moi, mais je n’ai pas le temps. Surtout que Helliday a beau être un beau centre de vacances, elle n’est pas non plus dénuée de service de sécurité. Plusieurs types se sont jetés sur ma roue avec l’infime espoir de m’arrêter. Je les ai piétinés. Sans ménagement. Les os ont craqué et ils n’ont plus bougé. Ishii a soupiré d’approbation. Un sourire carnassier s’est glissé sur mon faciès monstrueux. Pour les touristes, ça n’avait pas l’air rassurant.

Le mur des lapidations. Justement, je déboule sur sa place. Là, des pauvres hères sont livrés aux pierres des touristes de sang. Le sang coule sur leur corps désormais sans vie. Il est bientôt temps de changer la « matière première » comme les gens disent dans le coin, au milieu d’un tas d’autres sobriquets tout aussi inhumains. Je sens la poigne d’Ishii se renforcer tandis qu’il se maintient à la carapace qui s’est bien développée sur mon dos. Le mur, emblème d’Helliday tout autant que l’arène, est un crime en lui-même. Ça ne devrait pas exister, tout comme l’ile.

-Hmm. Je n’aime pas beaucoup cette architecture.

Je voudrais articuler quelque chose, mais je n’y arrive pas. Les changements de la bête sont-elles qu’il m’est impossible de m’exprimer. Seul un feulement sort de ma gueule, mais ça ressemble davantage à un grondement monstrueux. J’approuve. Je décélère légèrement avant de changer de trajectoire afin de racler le mur honteux. Mes pinces telles des faux énormes se déploient. Celle de gauche s’incruste brutalement dans la pierre. Je ralentis un instant, mais je forcis la marche. Bientôt, c’est le mur entier qui se voit zébrer à un mètre du sol d’une fissure béante, comme une blessure dans le flanc d’un monstre des mers. Le mur tremble, mais tient miraculeusement bon. Mais c’est sans compter un coup de main d’Ishii qui fait trembler l’air dans une frappe d’air qui vient percuter la base du mur. L’onde de choc broie la pierre à l’impact tandis que des failles se créent dans toutes les directions. Et le mur tombe dans un tonnerre. Si les pierres pouvaient crier, elles le feraient. Crier d’être libérer de tout ça. Enfin, elles ne supporteront plus la mort de tant d’innocents. Certains touristes ont été piétinés. D’autres ont voulu se réfugier près du mur et ont été ensevelis au milieu des morts. Pour la première fois, ils sont sur un pied d’égalité. Ce n’est pas une pierre qu’on leur lance, c’est un pan entier. Et le retour du bâton frappe. Durement.

-Hmm. C’est beaucoup mieux comme ça.

Je réponds par un grognement de défi tandis que je reprends ma trajectoire initiale. La sécurité de l’ile et les employés recouvrent mes traces à tenter d’aider les touristes. La réputation de l’ile avant tout ; plus il y aura de victimes, plus les gens ne voudront plus venir sur l’ile pour son insécurité. La sécurité, elle, est débordée par les événements. L’ile a l’avantage d’être sous l’influence de la corsaire Lust. Rares sont ceux à vouloir s’y attaquer. Et si c’est le cas, on voit venir la menace de loin, même si les intérêts d’attaquer l’ile sont plutôt faibles. Mais un ennemi de l’intérieur, c’est une chose qui n’a pas été prévue. Certes, la masse de gladiateurs est une menace, mais beaucoup viennent de leur plein grès et au sein de l’arène, les têtes dures sont éliminées rapidement. Mais dans mon cas, on les a pris de vitesse.

On finit par arriver dans le quartier plus résidentiel. Celui des riches, celui de Dame Claire. A l’inverse du précédent quartier, les rues sont bien vides. Tous les riches sont à l’arène. Je m’élance en direction de la demeure de dame Claire que je vois bientôt surgir au détour d’un croisement. J’accours, mais la poigne d’Ishii se raffermissant sur ma carapace m’indique d’un danger probablement ressenti à l’aide de son haki. Je réduis ma vitesse jusqu’à m’arrêter alors que j’aperçois une forme se dessiner sous le porche de la villa De Kharov. Une forme que je reconnais facilement.

-Et bien Adrienne, tu as bien changé ! Ahah !


Gibbson. Le maitre d’armes de Claire de Kharov. Et accessoirement son garde du corps pendant sa jeunesse. Il l’a tellement côtoyé qu’elle s’est attachée à l’homme devenu plus ancien, lui offrant une place en dehors de l’arène. Il aurait voulu gagner sa liberté, mais sur ce domaine, Claire de Kharov ne transige pas. Ses jouets restent ses jouets. Entrainant les gladiateurs, j’ai croisé le fer plusieurs fois avec lui au cours des semaines précédentes. C’est un brave homme qui a connu bien des batailles et des blessures, mais il n’est plus au niveau. Je voudrais lui dire de s’écarter, mais les mots restent bloqués dans ma gorge, ne sortant que sous la forme d’un grondement.

-Je t’ai connu plus causante, aussi.

Je pourrais lui foncer dessus sans m’arrêter, mais il ne mérite pas ça. La forme sous laquelle je suis ne m’est plus d’aucune utilité. J’aurais l’air maline à chercher Uran sous cette forme, détruisant tout sur mon passage et l’ensevelissant sous les gravats à tous les coups. Non. Je plonge au sein de mon corps pour trouver mon démon tirailler pour la douleur et j’en prends un peu sur moi. Je pousse un rugissement de souffrance tandis que les effets sur mon démon s’amenuisent. Il souffre moins et par conséquent, la brutalité de cette forme n’a plus lieu d’être. Je rapetisse de plus en plus vite et Ishii saute sur le côté, comprenant bien vite la situation. Adoptant ma forme hybride, je jette un regard bienveillant envers mon capitaine.

-Pars Ishii. Occupe-toi des autres. Si je ne suis pas de retour dans dix minutes, quitte cette ile. A m’attendre, tu risques de mettre tout le monde en danger.

-Hmm. D’accord. Ne manque pas l’heure du thé.

C’est après un regard en direction du vieil homme que l’homme poisson se retourne vers la côte et s’élance avec rapidité, mais sans perdre sa nonchalance et son air tranquille. Je le suis du regard avant de retourner sur Gibbson.

-Dix minutes ? tu me surestimes.
-Va t’en, Gibbson. Ce n’est pas ton combat.
-Ça n’a jamais été mes combats, mon enfant, pourtant, je les ai faits.
-Je ne veux pas te faire de mal.
-Ce n’est pas comme ça que tu obtiendras ce que tu veux dans la vie, Adrienne.
-Je…
-Trève de bavardage. Ou préfères-tu attendre avec moi que le Baron vienne finir ce qu’il n’a pas su faire ?

Je me mords la lèvre. Je pense à cet homme. Je pense aussi à Uran. Et je pense à la menace dans mon dos qui se rapproche. Une aura de puissance. Je n’ai pas de temps, c’est vrai. Il a fait son choix. Mon choix n’a pas changé. Criant ma frustration, je m’élance dans direction avec la ferme intention de le finir en un seul coup. Ce n’est pas le sous-estimer, mais il ne fait pas le poids. Il m’attend, camper sur ses jambes tandis qu’il élance son énorme marteau sur le côté pour me broyer. J’encaisse le coup tandis que je viens au contact. Il résiste. Je pourrais l’écraser, j’en ai la ressource, mais j’hésite. Dans une grimace, je vois son sourire. Et un murmure glisse entre ces lèvres.

-Ne te retiens pas. Il faut que ça ait l’air vrai.

La surprise se dessine sur mon visage avant de comprendre.

-Uran est dans le bureau de la Dame.
-Merci Gibbson.

J’utilise toute ma puissance. Il résiste une seconde, puis il part en arrière. Je lui assène mon poing dans le thorax avant  de le piétiner sur mon passage avec suffisamment de rage pour que ça paraisse crédible. La honte de faire du mal à un ami est une douleur bien pire que la souffrance physique. J’honorais son courage et son amitié quand tout sera calmé. Jusque-là, je n’ai qu’une seule mission. Uran n’est pas loin. Je dois la mettre à l’abri.
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Laissant Gibbson gisant sur le sol, vivant, mais défait, je m’engouffre à l’intérieur de la villa De Kharov d’un coup d’épaule bien placer sur le gond supérieur d’un mouvement de bas en haut. La porte sort de ses gonds et vient s’écraser sur le mur d’en face, détruisant une commode probablement très chère, mais terriblement peu résistante. Coup d’œil à gauche, puis à droite. Deux serviteurs s’enfuient par une porte de service non sans avoir jeté un regard horrifié à mon adresse. Je ne m’en préoccupe pas. Je me dirige directement vers l’escalier menant à l’étage, dans l’aile réservée aux appartements de Claire de Kharov. Il n’y a personne pour s’opposer à moi dans cette demeure. Gibbson était le dernier combattant à rester sur place. Les autres agonisent dans l’infirmerie de l’arène après avoir combattu les jours précédents. Il ne reste que moi et Haya qui doit bouillir de rage sur le sable ensanglanté de l’arène pour prétendre au titre de gladiatrice de Claire de Kharov. Et même pour ce titre, on ne peut plus vraiment dire que je mérite ce titre à présent. Mon pas ne décélère pas. Je traverse le couloir à grande enjambée. Un coup d’œil dans un salon me permet de voir l’œil d’une servante qui n’a pas pu s’échapper m’observer d’en dessous d’un canapé luxueux. J’appelle Uran. Rien ne me revient. Un temps. Puis un appel, faible. Mon cœur se met à battre la chamade. Je ne marche plus, je cours le long de ce couloir comme s’il faisait un kilomètre. Au loin, la porte du bureau de Dame Claire. Un instant trop tard, je sais que je ne pourrais m’arrêter à temps. Alors j’accélère et je fais voler en éclat la porte de bois précieux qui a fait l’objet d’un travail de six mois de la part d’un artisan reconnu du Nouveau Monde. Je n’ai jamais été très au fait de l’art.

Le bureau de Claire de Kharov est tel que je l’ai toujours connu lorsque mon ex-maitresse s’extasiait de nos performances dans l’arène. Ma tête se tourne instantanément vers la porte qui a longtemps servi de menace silencieuse à Claire. Au-delà se trouvait Uran. Et jeter un regard dans l’entrebâillement de la porte était un défi lancer à la maitresse de maison. Elle laissait faire, puis elle fermait la porte. Comme pour montrer que tout ce que je désirais était fonction de sa volonté. Plus maintenant, non. La porte n’est plus entrebâillée, elle est grande ouverte. C’est un signe. Il n’y a plus de chaine, plus de maitre, plus de limites. Il n’y a que Uran et moi. Enfin réuni. Elle est là, blottie contre une commode, apeurée. La douleur qui circule dans chaque fibre de mes veines mêlée à l’adrénaline qui dope ma détermination ne m’aide pas à réfléchir calmement à la situation. Je me précipite vers elle. Heureusement, mon sixième sens sous la forme de mon haki me prévient d’un danger. Une forme serrée contre un mur. Et une aura noire. Meurtrière. Alors que je traverse le palier de la porte, je tourne sur le côté, esquivant deux lames qui viennent me zébrer le corps. Cette aura terrifiante me laisse croire que le Baron Noire a traversé la ville à la vitesse du vent pour en finir avec moi. Mais ma surprise est grande de constater que les traits de mon adversaire sont beaucoup plus féminin et humain que le visage d’obsidienne du maitre de l’arène.

-ADRIEEEEEENNE !

Je contre le poignet de mon adversaire d’une main puissante tandis qu'une lame visait mon œil. Haya force pour tenter d’échapper à ma prise tandis que de mon autre main, j’immobilise sa deuxième main, rendant son pouvoir du démon inutile. Tout en forçant, elle vient coller son visage au mien. Son regard est fou. Fou à tuer. Sa bouche n’est qu’un rictus de haine, les canines bien visibles. Elles viennent même contre la peau de ma joue, cherchant à pénétrer la chair, mais je la maintiens suffisamment à distance pour qu’il n’y ait pas blessure.

-Je te jure que je vais te tuer. Je vais t’étriper. Et j’irais balancer tes entrailles au milieu de la fosse aux lions. Là, le monde connaitra ma force et la maitresse me tiendra en haute estime ! Je viendrais combler le trou que tu viens d’infliger dans son cœur !
-Tu te trompes … Haya. Claire n’a pas de cœur. Et tu as perdu le tien depuis bien longtemps.
-TA GUEULE ! MEURS !

Elle relâche sa main droite subitement. La mienne part dans sa direction par effet boule de neige. Mon corps exécute un mouvement de rotation qui me déstabilise. Sa main vient buter contre la sienne avec suffisamment de force pour que je la lâche. Elle en profite. Une épine vient naitre dans la paume de sa main comme une dague et elle vient la planter dans mon aine. J’accuse le coup et je sers les dents pour contenir la douleur. Par réaction, ma poigne frappe avec force. Une fois. Deux fois. Son épine est toujours dans la chair et elle sert les dents, comme si la douleur ne lui faisait rien par rapport à sa haine. Puisant dans mon énergie, j’appelle le démon affaibli pour passer en forme hybride, gagnant suffisamment de force pour frapper à nouveau. Haya vole à travers la pièce et vient détruire le mur, réduisant en miettes une peinture d’un certain Goia. J’échange un regard ave Uran, totalement terrifiée, et je lui intime de rester là. Je pars sur les traces d’Haya, sautant à travers le trou du mur. Elle était au sol. Un roulement sur le côté m’empêche de l’attraper à terre. Ses deux mains viennent se poser paumes contre le plancher. Les épines commencent à germer à grande vitesse là où je suis. Comme elle, je fais un roulé-boulé dans sa direction, esquivant les épines d’un cheveu, raclant mon dos renforcé sans gros dommage. Avant de la percuter, j’arme à nouveau mon poing, mais elle est plus rapide. Haya aime les pointes, mais elle n’est pas non plus à sous-estimer au poing. Elle contre mon attaque avant de faire voler une châtaigne bien consistante sur mon nez insectoide qui craque sous le coup. Je roule dans l’autre sens, me tenant la zone souffrante d’une main. Je dois bouger et vite. Les deux mains libres, Haya a toute latitude pour faire naitre une multitude d’épines. C’est ce que je fais, m’aidant d’un sofa dont la décoration laisse à désirer selon mes gouts. Haya est de l’autre côté, debout, un sourire mauvais aux lèvres.

-Un gros insecte, ça s’embroche.

Et elle joint l’action à la parole. Deux grosses épines jaillissent de ses mains et viennent me transpercer au niveau de chaque épaule. Je rote un jet de sang tandis que dans un effort surhumain, elle m’envoie valser au travers du mur qu’elle a elle-même créé un instant plus tôt. Sans la résistance du mur, je vais plus loin, détruisant le bureau massif de Claire de Kharov sans une once de pitié. J’expire de douleur sous l’impact. Le sang coule de mes épaules, mais les épines ne sont plus là. Je halète. Haya traverse le trou du mur, le pas lent, presque conquérant. J’ai du mal à me relever. Je vois sur son visage qu’elle comprend l’étendue de la situation désespérée dans laquelle je suis. C’est pas bon. Pas bon du tout. Mon corps a du mal à réagir. Mes mains s’agitent sans parvenir à me remettre debout. Se délectant de la scène, Haya ne peut s’empêcher de fanfaronner.

-Ton Haki n’est pas aussi bon que le mien. Tu faisais la maligne il y a quelques jours, mais j’ai appris à maitriser mon pouvoir.

Ma main vient alors se poser sur le contenu de l’un des tiroirs éclaté derrière moi.

-Je vois clair dans ton jeu. Tu ne peux rien me cacher.

Je souris malgré le danger de la situation et je brandis alors dans sa direction le pistolet personnel de Claire de Kharov. Sans attendre, je tire et la balle vient se loger dans le grand pectoral, juste en dessous du cou.

-Esquive celle-là tant que tu y es.

Il faut bien ça pour me remettre à flot. Un peu de bravaches. Haya recule d’un pas, accusant le coup tandis que d’une main, elle cherche à empêcher un filet de sang de s’écouler de sa nouvelle blessure. On s’observe un instant, toutes les deux mal en point. Le souffle court. Dissimulant quelque chose dans son dos, Haya me jette un regard de dédain.

-Tu as eu … de la chance. Mais je serais toujours supérieure à toi.

Je ne lui réponds pas. Mon regard vient se poser sur Uran, dissimulé en arrière d’Haya. Je vois son regard, fixé sur quelque chose. Je ne sais pas. Et puis mon haki s’exprime à nouveau. Je la vois s’apprêter à me dire quelque chose avant que la chose ne se passe. Dans la main d’Haya, une dague. Je n’ai plus un coup d’avance sur Haya, j’en ai deux. Je sais quoi faire. Et je m’apprête à agir, avant que Haya agisse pour quand Haya aura lancé sa lame. Réagir avant et elle sentira le problème au travers de son propre haki. Je délire. C’est tirer par les cheveux, mais je me fis à mon instinct. Un mouvement brusque de la gladiatrice et c’est un éclat de lame que j’aperçois. Je réagis presque instinctivement, attrapant un pan de bois gisant là et le mettant en opposition à la trajectoire de la lame. La lame performe le bois jusqu’à la garde. La pointe de lame vient s’arrêter à un cheveu de ma carotide. Je l’ai échappé belle. Dans l’action, Uran a crié. Elle m’a prévenue. Trop tard pour elle. Mais elle m’a prévenue bien plutôt qu’elle ne peut le penser.

Un rictus de surprise glisse sur les lèvres d’Haya avant de tourner la tête vers Uran. Elle avale la distance les séparant en deux enjambées sans que je ne puisse faire grand-chose. Je parviens à peine à me relever alors qu’Haya a attrapé Uran par les cheveux et la traine devant moi, faisant fi de sa douleur. Son regard n’est plus que folie. Elle se pourlèche les lèvres, visiblement satisfaite de sa nouvelle idée.

-Tu sais quoi Adri ? Je vais me faire un plaisir d’égorger ta petite protégée sous tes yeux. Je veux voir ton regard totalement fou quand tu verras la vie quitter son corps. Je veux voir le désespoir quand tu la verras tomber par terre. Je veux voir ça. Alors, reste calme, hein ?

Souriant dans son délire, Haya vient mettre sa main près du cou d’Uran. De sa paume surgit une épine qui s’approche lentement de la chair innocente de ma petite sœur. Je crie. Je la supplie. Je suis totalement incapable de faire quelque chose. Uran est en sanglots. Et chaque sanglot me déchire un peu plus le cœur. Haya éclate de rire. La pointe de l’épine vient verser le premier sang, coulant le long de la peau douce de la jeune fille. Je hurle. Je lui offre ma vie. Je lui offre tout. Mais rien ne saura la faire changer d’avis.

-Tu es près Adri ? Ça ne durera pas longtemps, il faut en profiter.
-URAAAN !
-ADRIIIIII !
-GNUUUUUUUUUUUUUUUUUUUH !!!

Une détonation fait trembler la pièce.

Haya s’immobilise, les yeux écarquillés par la surprise. Pas de douleur. Elle lâche Uran qui s’écroule au sol, en larme, avant de se retourner, me laissant apercevoir son dos totalement cribler de chevrotine. Devant elle maintenant, c’est un Gnuh terrifiant de colère qui vient lui signifier sa perte. Elle essaie d’articuler. De comprendre. Mais il n’y a rien à comprendre. Gnuh a respecté la promesse qu’on s’était faite. Protéger Uran. Et pour celle qui lui a donné tant de sucre, il n’a pas hésité, crachant le feu de ses entrailles de pistolet-tapir. Haya s’écroule soudainement au sol.

Morte.

Je rampe en direction d’Uran et elle vient se blottir contre moi, pleurant à chaude larme. Je lui dis que tout va bien. Que tout est terminé. Et alors que Gnuh vient poser sa tête contre celle d’Uran pour la rassurer, j’espère de tout mon cœur que toute cette horreur est bien finie.
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Je me réveille brusquement, armant le poing par réflexe. Mon esprit sort tout juste d’un trou noir et alors que j’ouvre les yeux, c’est les ténèbres qui m’accueillent. Pas un bruit, si ce n’est celui de mon souffle rapide. Coup d’œil à droite, à gauche. Je suis dans un lit double. Les draps sont soyeux, le mobilier est de bonne qualité. Les volets de la fenêtre sont fermés et je distingue une porte dans la pénombre. Toujours pas un bruit. Il n’y a pas de danger immédiat. Je repose ma tête sur l’oreiller douillet, l’oreille aux aguets tandis que je tente de me remémorer les derniers événements. L’affrontement contre Haya, bien sûr, et l’intervention salvatrice de Gnuh. Uran qui est sauvé. Uran ? Je me redresse subitement. Elle n’est pas là. Mon cœur se met à nouveau à battre la chamade. Combien de temps sommes-nous séparés ? Depuis combien de temps suis-je ici ? Et puis, ou suis-je ? Je ne sens pas le roulis caractéristique d’un bateau ; je ne suis pas en mer. Et ça me perturbe grandement. Car je doute d'avoir traversé l’océan sans m’en souvenir et que si je suis sur la terre ferme, c’est que je suis toujours à Helliday.

Je me lève sans un bruit. Instantanément, je sens mon corps exprimer sa douleur. J’ai mal partout. Mon côté est pansé, mais le tissu est légèrement rouge. Rien n’est encore bien guéri. Ça veut dire que je ne suis pas restée longtemps inconsciente. Je m’approche de la porte à pas de chat, attrapant la chaise du bureau au passage pour m’en servir comme arme de fortune. Lentement, je tourne la poignée, guettant un bruit. Rien. Le déclic de la porte brise le silence. J’attends encore un moment. Puis, je finis par entrebâiller la porte. Un coup d’œil par l’interstice me dévoile un couloir dans la semi-pénombre. Deux portes de chaque côté, dont l’une, ouverte, laisse passer de la lumière ; d’une fenêtre probablement. Un tapis de qualité recouvre le sol et il absorbe le bruit de mes pas alors que je m’engage dans le couloir, faisant attention à ne pas faire de bruit malgré la chaise entre mes mains. Je passe devant les portes fermées sans un bruit et je me plaque contre le mur pour jeter un coup d’œil à celle dont la porte est ouverte. Une chambre plus petite. Un lit défait. La fenêtre est ouverte et une brise fraiche vient caresser mon visage. Au loin, j’aperçois l’arène d’Helliday. C’est désormais une certitude.

Un cri. De surprise ? D’effroi ? De douleur ? Je ne sais pas. Mais j’ai reconnu la voix de ma petite sœur Uran. Je réagis au quart de tour, faisant fi des cris d’alarme de mon corps, je traverse ce qui reste de couloir pour arriver dans une cage d’escalier. Deux étages plus bas, de la lumière, et un rire grave se fait entendre. Mon sang bouillonne. Je passe par-dessus la balustrade et j’atterris bruyamment au rez-de-chaussée. La porte à trois pas de moi est entrebâillée. J’y fonce et je l’ouvre à la volée d’un coup d’épaule bien senti. La lumière aveugle mes yeux un instant tandis que je lève la chaise pour l’abattre sur mon premier adversaire. Celle-ci vient frapper le lustre, se brisant sous l’impact et me tombant dessus avec fracas.

-ADRI !

C’est Uran. Elle est en danger. Je me  tourne sur le côté, agrippant un pied de chaise brisé et je tente de me redresser pour l’abattre sur l’homme qui vient me tendre une main bienveillante. J’ai une hésitation tandis que l’homme rit doucement.


Et bien cocotte ? t’en as pas marre de tout casser à peine lever ?

Je cligne des yeux tandis que, peu à peu, je reconnais en l’inconnu un membre de l’Église de la Juste Violence. Un homme qui m’a tirée d’affaire encore récemment. Un évêque.

-Kestrel !
-Bah oui, c’est moi ! andouille !
-ADRI !

Une petite boule de douceur vient me sauter dans les bras. Uran rit aux anges tandis qu’elle me broie les cotes malgré ses petits bras gringalets. Je toussote sous l’effort, mais pour rien au monde, je l’empêcherais de me serrer ainsi tellement je suis heureuse de la trouver en bonne santé.

-Doucement, gamine, ou tu vas la tuer.

Uran desserre suffisamment son étreinte pour m’éviter d’en souffrir. Passant mon menton par-dessous son épaule, j’observe les autres personnes. Il y a évidemment Kestrel, qui rit doucement, les yeux pétillants de malice tandis qu’il se met à retirer le lustre qui bloque mes jambes. A l’autre bout de la pièce, Gnuh dévore avec avidité un grand bol de sucrerie qu’un deuxième homme lui a donné.


Celui-ci me jette un regard amusé avant d’aider Kestrel à remettre de l’ordre dans la pièce. Ses vêtements laissent peu de place quant à sa nature de prêtre de l’Église de la Juste Violence. Son visage mature et sa physionomie puissante dissimulent assez mal son rang d’Elite. C’est un combattant compétent, assurément. Je finis mon inspection du regard en remarquant que l’on se trouve dans une cuisine de taille moyenne. Comme le reste de ce que j’ai pu voir, le mobilier est de qualité. Sur la table reposent les restes d’un petit déjeuner. L’étreinte continue un moment, puis Kestrel prend Uran sous les bras et la force à desserrer les bras.

-Ce n’est pas tout ça, petite, mais je suis sûre qu’Adrienne a plein de questions. Vu l’entrée qu’elle nous a faite.
-Elle veut utiliser une chaise sans la casser, peut-être ?

Joignant le geste à la parole, l’inconnu tire sa propre chaise dans ma direction avant de tendre sa main. Je l’attrape sans hésiter en le remerciant et je viens m’assoir. Uran prend la place en face de moi, dardant un regard fier et joyeux à mon adresse tandis que les deux hommes s’assoient à mes côtés.

-Avant de commencer, du café ? Un peu de pain ?
-Volontiers, Kestrel.
-Adler, tu t’en occupes ?
-D’accord.

Le dénommé Adler se lève de sa chaise pour me préparer à manger. Je retourne mon attention à Kestrel qui finit sa tasse d’un trait avant de commencer.

-Je pense que tu veux d’abord où est ce qu’on est ?
-Bien sûr. Et quand.
-Alors, tu es toujours sur Helliday. Il a dû se passer deux jours depuis ton … petit numéro. Tu n’as rien à craindre. Tout le monde est convaincu que tu es parti avec ton capitaine.
-Il va bien ?
-Je pense oui. Aux dernières nouvelles, il est parti, même s’il semble t’avoir attendu. Mais en voyant le Baron Noir approcher, il a préféré déguerpir. Il a bien fait. Le baron était dans une colère … noire. Sans mauvais jeu de mots. Tu es dans une petite villa dans les quartiers locatifs de l’ile. Adler l’a loué à son nom. Il n’a rien à avoir avec toi, il est insoupçonnable. Et pour moi, je suis quelqu’un de foncièrement gentil qu’on ne peut pas me chercher querelle.
-ça reste à voir, KestreL
-Tu es bien médisante pour quelqu’un que j’ai sauvé.
-Dis-m’en plus à ce sujet.
-Pour tout dire, c’est moi qui t’ai sorti de la galère.

Je tourne la tête vers Adler qui pose une tasse de café chaud devant moi, ainsi que des tranches de pain débordant de confitures. J’hésite un instant, puis je le remercie avant d’en engloutir une.

-C’est ce qu’on appelle avoir faim.
-Ouaip. Bref. Pour commencer par le départ, il me semble que tu as rencontré le vicaire Cajun il y a quelques jours. Il a contacté l’ordre pour nous faire part de la situation complexe dans laquelle tu étais. Rassure-toi, l’Inquisiteur Strugholf n’en a pas profité pour demander ta tête.
-Ce que tu dois savoir, Adrienne, c’est qu’il y a en interne des débats houleux sur la position de l’Ordre par rapport aux choses du monde. En l’occurrence, sur l’esclavage, on est divisé. L’Ordre a naturellement l’injonction de combattre ce genre de choses, mais elle rester dans la légalité et le bon droit. Or, le double jeu du Gouvernement Mondial sur ce domaine rend la chose très complexe à gérer.
-Et c’est dans ce contexte qu’on a appris ta position, en plein cœur d’un des temples de l’esclavagisme au monde. Sans trop savoir ce qui allait se passer, on m’a envoyée sur place pour te venir en case de besoin. L’Ordre ne pouvait pas abandonner une de ses membres sur l’autel de l’esclavage. Même les plus ardents défenseurs du laisser-faire ont eu du mal à contester ça. Et c’est ainsi que j’ai eu la surprise de rencontrer l’Eveque Kestrel qui était déjà sur place.
-Totalement par hasard. Tu me connais.
-Oui, je commence à te connaitre, Kestrel.
-Tu ne devrais pas, Adri, je suis plein de surprise en vérité.
-Bref. J’avais ordre de te suivre de loin et d’agir si je voyais une ouverture.
-Tu peux t’étonner de la liberté que l’on donne à Adler, mais tu apprendras qu’il est l’un de nos meilleurs éléments en ce qui concerne l’intervention chirurgicale et la discrétion. C’est un as.
-Allons, Kestrel. Je ne marche pas au compliment.
-Tu devrais, ça fait plaisir à mes chevilles.

Je finis de boire mon café d’un trait, m’essuyant les mains dans un serviette tandis que je lance un regard amusé à Uran.

-Et du coup, Adler ?
-Oui.  Lors de ton évasion de l’arène, j’ai eu du mal à te suivre. Je venais d’arriver à Helliday et je n’avais pas encore fait de repérage de a villa De Kharov. Je suis arrivé à la bourre, mais j’ai pu te sortir de là avant que des gêneurs ne te découvrent. Kestrel nous a retrouvés et on a fait en sorte de t’amener discrètement ici. Dans le chaos de ce qui s’est passé, on a réussi à passer inaperçu.
-Merci.
-Ce n’est rien.
-Par contre, il faudra pas tarder à bouger. On annonce l’arrivée de la corsaire Lust pour dans deux ou trois jours. Et avec le temps qu’elle a mis  à revenir chez elle parce que des simples d'esprit ont osé lui voler son Eternel Pose, elle risque d’apprécier que modérément que son ile ait été saccagé par ces mêmes simples d'esprit. Et je dis simple d’esprits, c’est parce que tout le monde dis ça, hein. Rien contre toi.
-Je sais Kestrel.
-Ah, ça me fait chaud au cœur. Merci.
-Du coup, la suite du programme ?
-Journée de repos pour toi. On prépare le départ pour demain. Ça ne devrait pas poser de problème. Le chaos n’est pas encore retombé et nombre de touristes sont sur le départ. Les arrivants tournent rapidement les talons et le trafic du port est une horreur à gérer. Avec l’élimination de certains incapables dans les rangs du service d’ordre, la sécurité est difficilement acquise. Enfin, quand le Baron Noir déboule au milieu de la foule, les gens ferment leur gueule. Sans surprise.
-Le Baron …
-Ouai. Un gros morceau. Mais ne t’inquiète pas. Avec l’arrivée de sa maitresse, il va avoir autre chose à faire que s’occuper de la police lui-même. Le timing est parfait. Ne t’inquiète pas de toute façon. On s’occupe de tout.
-Et le programme pour après ?
-Euh, je sais pas.
-C'est bien toi, ça, Kestrel.
-Tu penses à quelque chose, Adrienne ?
-Et bien, Adler. J'aimerais pouvoir retrouver Ishii...
-Je sais où il va !
-Ah bon Uran ?
-Oui ! je lui ai parlé avec ton escargophone. Il a dit qu'il allait à Imashung pour régler leur compte aux esclavagistes.
-Mmmh. Bon choix Imashung. Je ne sais pas si on pourra trouver un eternal pose pour là-bas, mais il doit y avoir moyen par Alabasta. Il y a un moyen d'aller d'une ile à l'autre sans Eternal une fois à Alabasta.
-Merci Adler. Je te rembourserai.
-Merci Adrienne. J’vais m’occuper du bateau et de l'Eternal, je vous abandonne.
-Bon courage Adler.
-A plus tard.

Adler se lève et s’en va après un salut de la main rapide. Kestrel commence à ranger la table tandis que je me lève avec la ferme intention de me reposer un peu. Uran ne peut s’empêcher de me suivre. Sa proximité me donne du baume au cœur. Le repos ne sera pas forcément pour tout de suite, mais les heures que je vais passer avec ma petite sœur m’ont sans doute me redonner le moral. Son sourire suffit à guérir tous les maux. Et il est étrange qu’au milieu de l’enfer d’Helliday, je trouve enfin le moment de prendre le temps d’être avec Uran et d’apprécier l’instant présent, loin de la violence, loin de la souffrance. J’en ai connu beaucoup ces derniers jours.

Mais c’est ça, le prix de la liberté.
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Je crois que ça a été ça, le plus dur, attendre. Attendre durant ces foutues dix minutes. On était là, comme des imbéciles, tous entassés comme des bêtes dans le bateau à attendre une certaines Adrienne. On était plusieurs centaines de vies à attendre qu’une seule ne veuille venir.

Oui, ça a été ça le plus long, attendre.

Je me rappelle que le Monstre n’avait pas voulu monter à bord. Il restait sur le quai, droit comme I. Il avait le bras qui saignait, la gueule défaite mais il restait là, droit comme un I. Je me rappelle qu’au fur et à mesure que les minutes sont passées, la dizaine de soldat à lui faire face sans oser attaquer s’est transformé en plusieurs centaines.

Ils étaient là, les pétoires pointés vers lui, les bras tremblotant, sans oser bouger le moindre petit doigt. On ne savait si c’était de fatigue de peur de créer l’hécatombe. Ça fait peur une hécatombe, ça fait saigner, pleurer et trop souvent mourir.

Et la mort crée d’autres tristesses qui entraînent d’autres morts. Avec Fil, on le savait depuis longtemps. Et les carmins aussi, le savaient, parce que les carmins aiment ça, la mort.
Les carmins, ce sont des hommes sans âme qui frappent sans réfléchir, ou plutôt, torturent par plaisir. Je crois que c’est ça qui démangeait Fil. Avoir une pétoire de pointer vers leur gueule ça nous donnait tellement d’idée. Ces salauds avaient tué tellement de nos proches, avaient tellement rendu cet enfer encore plus insupportable que je rêvais de tous les buter. Ces salauds.

Alors on a sauté de la coque de noix parce que quitte à attendre on préférait s’occuper. Fil trépignait, il avait le sourire en coin que je n’aimais pas et le pied à frapper le sol comme s’il n’allait pas tarder à lâcher les balles. Je crois que les soldats d’en face ont senti la même chose que moi et ça a crispé encore plus leurs mains sur leurs armes.

On a appris que deux minutes plus tard pourquoi les carmins tremblaient. Ce n’était pas de nous qu’ils avaient peur. C’était de gras double. On s’en est rendu compte quand les carmins les plus éloignés ont commencé à voler. Littéralement. De loin on voyait une masse voler et emporter avec elle bon nombre de soldats. Et plus le temps passait et plus la masse se rapprochait. Je crois qu’à ce moment-là, Fil et moi, on a commencé à avoir peur. Oui, je crois bien qu’on avait peur parce que Gras Double, ce n’est pas le genre d’adversaire plaisant, Gras Double c’est le genre d’homme à enfoncer un soldat dans le sol comme on enfonce un piquet de clôture.

Quad il est arrivé en face de nous, nos yeux se sont levés vers lui. Ce n‘était qu’un tas immonde de graisse et de muscle, un immense tas de viande qui suintait la puissance dans chacun de ses pores. Sa massue a commencé à voler au-dessus de son crane avant de s’enfoncer dans la lame du cachalot. Le sol s’est mis à trembler, Je me rappelle avoir vu quelques-uns des carmins tomber à terre. Mes pieds ont aussi failli se laisser aller. Bordel ce que j’ai eu peur. Les coups que ces deux Monstres s’envoyaient à la gueule n’étaient que de gigantesques attaques de violence. Le Gras Double n’avait aucune technique, aucun style, juste des bras de la taille de trois fois mon torse qui envoyaient si violement, si fort, si brutalement sa massue que le Cachalot n’avait le temps que de parer.
Et puis les dix minutes ont sonné. L’information a été balancée de la coque de noix. Les deux gros tas de viande se sont regardé et le Gras Double a lancé sa massue à la gueule du Monstre. Mais cette fois le cachalot a préféré esquiver qu’encaisser. Sa gueule s’est penchée, son bras s’est étiré et sa lame a perforé l’abdomen de son adversaire. Ca a fait brailler le Monstre de douleur. Le cachalot n’a pas attendu et a renvoyé ses lame claquer les joues du gras double qui couinait comme un gamin.
Le Cachalot a ensuite pris le gras double comme on prend son gosse, comme si ce n’était qu’une poignée de kilos. Il a saisi les bras de l’ancien pirate pour faire tourner tout son corps et l’envoyer valdinguer sur la troupe de carmins. On était encore à se marrer quand on a senti notre corps se faire envoyer sur le bateau.

Ça a été le signal pour l’équipage des Etrangers pour démarrer le bateau. Les anciens marins leur ont donné un coup de main mais quand tout le monde était préoccupé à partir le plus loin possible, le Monstre lui, continuait à mirer le quai comme si l’Adrienne allait apparaître.
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