Le réveil matin est plutôt difficile aujourd'hui. Gueule de bois monumentale sur fond de sonnerie pétaradante, c'est jamais l'pied. Mais j'ai usé de la meilleure technique qui soit pour ne pas flemmarder au lit pendant plusieurs heures ; le réveil à l'autre bout de la pièce. Nonchalamment je m'lève et j'me glisse jusqu'au son criard qui m'attaque les oreilles. L'effort est soudain, difficile, mais j'suis une bête, alors j'allume la lumière qui me fait grimacer pendant quelques instants. Plus qu'à prendre une douche, un p'tit dèj complet et le tour sera joué, la journée pourra commencer.
Bien entendu, par souci de confort, quand madame est pas à la maison, j'me trimballe les fesses à l'air, détail subtil mais important, surtout pour la suite des opérations. J'regarde un instant par la fenêtre, le ciel est bleu, le soleil monte progressivement dans ce ciel sans nuages, une belle journée en perspective. Histoire de m'décrasser un peu, j'file sous le jet d'eau froide qui me réveille un peu plus. C'est toujours l'étape numéro un d'une journée de repos, la douche. Ou le Kosma ne fait rien de sa journée, ce qui serait dommage, en tout cas je trouverais ça ballot.
« I'm singiiiin' in the rain ! Just singin' in the rain. What a glorious feeling. I'm happy again. I'm laughing... »
J'aime chanter sous la douche. Comme la grosse majorité de la fange plébéienne. Un ramassis de moutons qui ne trouve rien de mieux que de pousser la chansonnette sous une perlée de gouttes et une mousse savonneuse qui lave du mieux qu'elle peut les recoins les plus intimes de l'anatomie. Le reste de la population, ceux qui n'aiment pas faire résonner leur belle voix, ce sont eux les maîtres de ce monde, les « originaux » de l'espèce, ceux qui savent faire passer des idées au commun des mortels.
Ce passage intéressant de ma journée terminé, j'ingurgite deux ou trois croissants bien beurrés, trempés dans ce qui semble être un café, mais qui par son goût plutôt dégueulasse m'intrigue au plus haut point. Une journée qui commence bien somme toute. Dernière étape de ma matinée, passage non moins important, pour désamorcer les sphincters et rendre cette journée impeccable ; les toilettes, qui dans ma propre culture, reste un moment privilégié de confort.
DING DONG.
Toujours la même chose, on sonne à la porte au mauvais moment. J'termine rapidement mon affaire avant de m'précipiter jusqu'à un pantalon pas trop ignoble, faisant abstraction de la mise au slip, tant pis, c'est l'histoire de quelques minutes, le temps de savoir ce qu'on me veut.
« Bonjour, c'est pour quoi ?
-Bonjour, Adalbert Meikzemarket représentant en boule de gommes.
-C'est à quel sujet ?
-Je viens de vous le dire ; les boules de gommes.
-Merci, mais ça ne m'intéresse pas, désolé mon gars.
-Oh, vous avez une tête à au moins écouter ce que j'ai à dire, ce ne serait pas très aimable de me refermer la porte au nez, si ?
-Non, effectivement, ce ne serait pas très aimable, je vous écoute. »
Et voilà qu'il commence son laïus. Presque convaincant j'dirais. Presque. Parce que bon, les boules de gommes ça va bien cinq minutes, mais m'en faire refiler cinq kilos pour SEULEMENT cinq cent mille Berrys, pas bien sûr que ce soit une affaire. Mais c'gars là me plait bien, il sait causer. Et j'suis persuadé qu'il a déjà réussi à arnaquer un paquet de gens depuis le début de la journée. Alors il cause, il cause, il cause. Et j'me dis que j'aurais ptêt mieux fait de prendre mon temps pour mettre un slibar parce que j'ai les maracas qui ballottent et que c'est pas très agréable.
« Excuse moi de t'interrompre gars, mais j'suis vraiment pas intéressé. Les boules de gomme ont tendance à me donner la gerbe, puis bon, j'préférerais acheter un ornithorynque plutôt que de m'retrouver avec cinq kilos de trucs à mâcher dont j'saurais pas quoi faire.
-Vous avez dit ornithorynque ?
-C'était involontaire, je...
-Parce que justement, nous avons en ce moment des promotions pour l'achat d'un couple d'ornithorynques, avec nourriture livrée pendant deux ans, seulement cinquante millions de Berrys pour les deux, et la nourriture mensuelle pour deux cent mille Berrys. C'est une affaire exceptionnelle, nous vous conseillons vraiment, vraiment, mais je dis vraiment, absolument, de sauter sur l'occasion ! Si l'acquisition de telles raretés vous intéresse, nous sommes vendeurs, et vous n'aurez pas deux fois la chance, et quand je dis la chance, je dis bien la chance exceptionnelle de vous faire livrer pour si peu cher deux ornithorynque en si bonne santé.
-Merci bien, mais malgré toute l'hospitalité que je puis fournir, je vais me voir obligé de vous fermer la porte au nez. J'aime beaucoup discuter, mais le sujet que vous me proposez ne m'intéresse guère. Aussi, dans le langage le plus courtois que je connaisse, je vais vous demander de sortir de chez moi. Et je dis ça poliment mais fermement. Alexandre Kosma, sergent d'élite pour vous servir.
-Monsieur Kosma, vraiment désolé de vous avoir importuné, je vous laisse ma carte, si vous avez besoin de quoi que ce soit, appelez moi, je suis disponible 26 heures par jour, tous les jours, et je vendrai absolument de tout.
-Merci et au revoir monsieur. »
Ouf, enfin la possibilité de refermer la porte au nez de cet enquiquineur. Ne me reste plus qu'une chose à faire, trouver un putain de slip, parce que ça en devient gênant. Et enfin, ma journée pourra commencer vraiment. Faisons table rase de cette conversation, ça sera mieux pour toujours. Enfin bon, ça fait toujours sourire ce genre de bonhomme, c'est certain. On ne m'y reprendra pas à vouloir me montrer sympathique avec les démarcheurs. J'suis gentil, mais faut pas non plus abuser.
Bien entendu, par souci de confort, quand madame est pas à la maison, j'me trimballe les fesses à l'air, détail subtil mais important, surtout pour la suite des opérations. J'regarde un instant par la fenêtre, le ciel est bleu, le soleil monte progressivement dans ce ciel sans nuages, une belle journée en perspective. Histoire de m'décrasser un peu, j'file sous le jet d'eau froide qui me réveille un peu plus. C'est toujours l'étape numéro un d'une journée de repos, la douche. Ou le Kosma ne fait rien de sa journée, ce qui serait dommage, en tout cas je trouverais ça ballot.
« I'm singiiiin' in the rain ! Just singin' in the rain. What a glorious feeling. I'm happy again. I'm laughing... »
J'aime chanter sous la douche. Comme la grosse majorité de la fange plébéienne. Un ramassis de moutons qui ne trouve rien de mieux que de pousser la chansonnette sous une perlée de gouttes et une mousse savonneuse qui lave du mieux qu'elle peut les recoins les plus intimes de l'anatomie. Le reste de la population, ceux qui n'aiment pas faire résonner leur belle voix, ce sont eux les maîtres de ce monde, les « originaux » de l'espèce, ceux qui savent faire passer des idées au commun des mortels.
Ce passage intéressant de ma journée terminé, j'ingurgite deux ou trois croissants bien beurrés, trempés dans ce qui semble être un café, mais qui par son goût plutôt dégueulasse m'intrigue au plus haut point. Une journée qui commence bien somme toute. Dernière étape de ma matinée, passage non moins important, pour désamorcer les sphincters et rendre cette journée impeccable ; les toilettes, qui dans ma propre culture, reste un moment privilégié de confort.
DING DONG.
Toujours la même chose, on sonne à la porte au mauvais moment. J'termine rapidement mon affaire avant de m'précipiter jusqu'à un pantalon pas trop ignoble, faisant abstraction de la mise au slip, tant pis, c'est l'histoire de quelques minutes, le temps de savoir ce qu'on me veut.
« Bonjour, c'est pour quoi ?
-Bonjour, Adalbert Meikzemarket représentant en boule de gommes.
-C'est à quel sujet ?
-Je viens de vous le dire ; les boules de gommes.
-Merci, mais ça ne m'intéresse pas, désolé mon gars.
-Oh, vous avez une tête à au moins écouter ce que j'ai à dire, ce ne serait pas très aimable de me refermer la porte au nez, si ?
-Non, effectivement, ce ne serait pas très aimable, je vous écoute. »
Et voilà qu'il commence son laïus. Presque convaincant j'dirais. Presque. Parce que bon, les boules de gommes ça va bien cinq minutes, mais m'en faire refiler cinq kilos pour SEULEMENT cinq cent mille Berrys, pas bien sûr que ce soit une affaire. Mais c'gars là me plait bien, il sait causer. Et j'suis persuadé qu'il a déjà réussi à arnaquer un paquet de gens depuis le début de la journée. Alors il cause, il cause, il cause. Et j'me dis que j'aurais ptêt mieux fait de prendre mon temps pour mettre un slibar parce que j'ai les maracas qui ballottent et que c'est pas très agréable.
« Excuse moi de t'interrompre gars, mais j'suis vraiment pas intéressé. Les boules de gomme ont tendance à me donner la gerbe, puis bon, j'préférerais acheter un ornithorynque plutôt que de m'retrouver avec cinq kilos de trucs à mâcher dont j'saurais pas quoi faire.
-Vous avez dit ornithorynque ?
-C'était involontaire, je...
-Parce que justement, nous avons en ce moment des promotions pour l'achat d'un couple d'ornithorynques, avec nourriture livrée pendant deux ans, seulement cinquante millions de Berrys pour les deux, et la nourriture mensuelle pour deux cent mille Berrys. C'est une affaire exceptionnelle, nous vous conseillons vraiment, vraiment, mais je dis vraiment, absolument, de sauter sur l'occasion ! Si l'acquisition de telles raretés vous intéresse, nous sommes vendeurs, et vous n'aurez pas deux fois la chance, et quand je dis la chance, je dis bien la chance exceptionnelle de vous faire livrer pour si peu cher deux ornithorynque en si bonne santé.
-Merci bien, mais malgré toute l'hospitalité que je puis fournir, je vais me voir obligé de vous fermer la porte au nez. J'aime beaucoup discuter, mais le sujet que vous me proposez ne m'intéresse guère. Aussi, dans le langage le plus courtois que je connaisse, je vais vous demander de sortir de chez moi. Et je dis ça poliment mais fermement. Alexandre Kosma, sergent d'élite pour vous servir.
-Monsieur Kosma, vraiment désolé de vous avoir importuné, je vous laisse ma carte, si vous avez besoin de quoi que ce soit, appelez moi, je suis disponible 26 heures par jour, tous les jours, et je vendrai absolument de tout.
-Merci et au revoir monsieur. »
Ouf, enfin la possibilité de refermer la porte au nez de cet enquiquineur. Ne me reste plus qu'une chose à faire, trouver un putain de slip, parce que ça en devient gênant. Et enfin, ma journée pourra commencer vraiment. Faisons table rase de cette conversation, ça sera mieux pour toujours. Enfin bon, ça fait toujours sourire ce genre de bonhomme, c'est certain. On ne m'y reprendra pas à vouloir me montrer sympathique avec les démarcheurs. J'suis gentil, mais faut pas non plus abuser.
