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En quête d'un bon feu

Bon, prochaine étape, apprendre à se repérer en pleine mer. Le hasard fait ne fait pas bien les choses. Quand on a pour seul vêtements que trois robes assez légères, le pays du père noël n'est pas une bonne idée. C'est très jolie, d'accord, mais Irae apprécierait plus en carte postal.

Quand elle en avait fini avec l'esclavagiste, Anna avait été assaillie par les villageois pour qu'elle reste. Elle avait refusé. Ils étaient gentils, certes, mais elle les mettaient mal à l'aise. Et puis Illa n'aurais jamais pu rester. Alors elle était partie. Mais sans bateau, elle aurait eu du mal. Pour monter leur gratitude, les villageois avait voulu lui offrir un bateau à voile de petite taille, mais qui était le plus grand qu'ils avaient. Mais le bateau n'était pas fait pour quelqu'un de sa taille. Alors ils lui avait offert une barque et quelques provisions. La barque, c'est facile à comprendre. Tu pousses à droite, ça va à gauche, tu pousses à gauche, ça va à droite, et tu pousses des deux côtés, tu avances. Alors elle avait avancé. Pas très droit, visiblement, mais elle avait avancée. Elle continuerait bien, mais elle n'avait plus de quoi manger.

Une belle tempête de neige soufflait sur l'île. Il lui restait beaucoup de chose, mais elle savait que quand il y a une tempête, il faut s’abriter. Le problème, c'est qu'une barque n'offre pas beaucoup d'abris valables. Alors elle était descendu. Histoire de lui faciliter les choses, elle voyait à peine ses pieds. Pieds qu'elle allait bientôt ne plus sentir mais que pour l'instant, elle sentait beaucoup trop. Ses chaussures fines étaient parfaite pour courir dans les champs. Moins pour marcher dans des quantités astronomique de neige.

sans cesse, les ombres se tordait pour donner l'impression qu'on approchait de quelque chose, une maison, une montagne, un rocher, un monstre antique mort congelé sous cette tempête venu du fond des ages. Mais rien. jamais rien. Juste du vent, de la neige, et parfois un peu de glace.

Ses poumons la brûlaient. Ses oreilles, ses mains et ses pieds lui donnait l'impression de pouvoir se décrocher à tous moment. Et ce vent qui semblait la narguer... Alors que tous son corps semblait avoir perdu jusqu'au souvenir de l'existence de la chaleur, elle décida de faire demi-tour. Au moins, il y aurait moins de neige dans la barque. Mais elle n'avait pas fais trois pas qu'il était déjà impossible de repérer où elle avait marché. Alors elle reprit sa marche.

Petit à petit, la tempête commença à tomber. Bientôt, elle put respirer sans avoir l'impression de manger de la neige. La vue se dévoilait, mètre par mètre. Et elle avait toujours aussi froid. elle aperçut une vague forme, au loin, comme tant d'autre. Mais contrairement aux autres, la forme ne disparut pas. Il y avait quelqu'un ou quelque chose. Elle ne pouvait pas savoir.

à l'aide !

Sa voix était faible, si faible. Elle aurait voulu crier à nouveau, mais elle avait froid. Si froid...
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L'archipel, enfin.
Depuis que j'avais retrouvé une destination, un but, je me sentais comme si j'avais enfin repris le contrôle. J'avais besoin d'objectifs, pour me dicter ma conduite, ce que je devais faire, où je devais aller.
Quelque part, je sens bien que cet état d'esprit étriqué et dépendant vient de mon éducation, mais je ne suis pas du genre à m'interroger là-dessus, ou à me remettre en question. Avoir un ordre à suivre, puis un autre, et encore un autre, cela m'avait toujours paru normal. Ne pas me poser de questions, juste suivre la logique implacable, avec pour seule question quels moyens j'avais à ma disposition pour atteindre mon but. Sitôt que j'avais obtenu ce maigre indice sur mon frère, mon mode de fonctionnement habituel avait repris le dessus.

Je devais me rendre à Orange. Il était peu vraisemblable qu'il s'y trouve encore, mais au moins aurais-je probablement l'occasion d'obtenir plus d'indices sur lui là-bas. Or, pour aller sur East Blue, ce qui représentait un grand voyage, il fallait que je trouve un navire susceptible d'effectuer un tel trajet. N'ayant pas trouvé ce que je cherchais à Inu Town, je mettais à présent mes espoirs dans ce petit Royaume-Archipel, certes modeste, mais j'espérais avoir de la chance. Un marchand aimable m'avait proposé une place sur son navire à destination de l'Archipel enneigé contre sa protection en cas d'attaque de pirates. Mais il n'y en avait pas eu, et nous avions accosté sans encombre sur l'île de Voltus, directement à un petit ponton menant aux terres et à la demeure du marchand, à l'écart des villes.
Après avoir refusé son invitation à venir boire quelque chose de chaud chez lui, j'avais repris ma route directement, à travers la neige et le blizzard qui se levait.

Vêtue d'un épais manteau blanc de fourrure acheté avant mon voyage, je traversais donc la toundra, mes bottes repoussant d'épaisses volées de neige de mon chemin. Chaque pas s'enfonçait dans la poudreuse jusqu'à mi-mollet, et, enroulé autour de mon cou sous ma capuche, je sentais Zéi grelotter. Avec cette tempête qui empirait, je devais accélérer le pas pour ne pas me détourner du chemin.
C'est justement sur ce chemin qu'une voix, portée par le vent, me parvint. Je tournai la tête, cherchant son origine, me demandant même si j'avais pas rêvé. Mais alors que j'allais reprendre ma route, Zéi poussa un petit cri, la tête tournée dans une direction précise, quelque part sur notre gauche, en face. J'hésitai, puis portais mes pas dans cette direction.

Je fus surprise, après quelques pas, de tomber sur une gamine étendue dans la neige, en tenue bien trop légère pour la saison. De la neige avait commencé à la recouvrir lorsque je la soulevai vers moi, un bras autour de ses épaules. Elle devait avoir une dizaine d'années environ. Que faisait-elle donc ici, dans cette tenue? Elle était frigorifiée, chaque centimètre carré visible de sa peau pris d'une couleur trop claire et menacé par les engelures. Espérant ne pas avoir à le regretter, je la portai aussitôt, et repris ma route.
Elle n'avait perdu connaissance qu'à une petite centaine de mètres des premières maisons, mais je supposai que le blizzard l'avait perturbée. Son cas n'était pas grave, mais inquiétant tout de même. Je choisis de prendre refuge dès la première maison qui se présenta. Je toquai une fois, deux fois, trois fois à la porte, sans succès. Finalement, je forçai l'entrée d'un coup de pied, m'invitant moi-même.

La maisonnette était déserte. Nous nous trouvions dans une petite pièce à vivre, et après avoir déposé la jeune femme recouverte de mon manteau avec Zéi sur le petit canapé, je me dirigeai vers la cheminée en face d'elle pour allumer un feu. Il fallait la réchauffer au plus vite mais doucement, et à cette fin je mis une grande marmite d'eau à chauffer. Puis, je me dirigeai vers la jeune fille, et lui retirai ses vêtements trempés par la neige, les mettant à chauffer au-dessus du feu, ne lui laissant que ses sous-vêtements et mon manteau.
A présent, il était temps de passer en revue notre hébergement. La maison était petite et confortable, mais elle n'abritait manifestement pas grand-monde. Elle ne se composait que de la pièce à vivre où nous étions, avec sa cheminée, un lit-sofa où reposaient la jeune fille et mon singe, un petit espace de cuisine et une table avec ses deux chaises. En poussant l'autre porte, je tombai sur une petite réserve de nourriture et autres éléments à vivre, le tout sous un voile de poussière. Il y avait également une grande bassine en bois, qui servait probablement de baignoire de fortune. De toute évidence, une seule personne vivait ici, et elle était absente depuis un moment. Empruntant la bassine-baignoire, je l'amenai dans la pièce à vivre, et la remplis de neige récupérée dehors. Puis, j'y versais l'eau bouillante avant d'en remettre à chauffer. La neige fondit instantanément dans une vapeur épaisse, laissant place à l'eau tiède d'un bain.

Je retournai vers le jeune fille étendue dans le lit, et tentait de la réveiller en la redressant en position semi-assise.

- Tu m'entends? Il faudrait que tu te réveilles, tu es en hypothermie. Comment t'appelles-tu? Tu te souviens être tombée dans la neige? Tu as perdu connaissance.

Je n'étais pas si bavarde d'habitude, mais j'avais besoin qu'elle soit consciente pour se réchauffer. Je ne pouvais pas tenter de la réchauffer trop brusquement en la frottant ou en la mettant de suite dans l'eau. Sinon, elle risquait des brûlures à cause de la différence de température soudaine. Pour les premières minutes au moins, il fallait faire remonter sa température avec un environnement chaud. Heureusement, la pièce étroite était favorable à la circulation de la chaleur générée par la cheminée. Aussi attendis-je de la voir revenir à elle, mes doigts sur son poignet pour vérifier son pouls, et je guettai l'état de ses pupilles pour m'indiquer son état général.
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Elle naviguait dans un univers blanc, sans frontière ni horizon, sans hauts ni bas, ciel et terre fondu dans ce blanc qui englobait toute chose. Ce blanc dans lequel elle était en train de se fondre. Il n'y avait rien, ni sons, ni temps, ni but. C'en était presque reposant

Illa... J'ai peur
La voix d'Anna sembla déchirer le monde. Le blanc disparut. Il ne resta plus rien. Plus rien que le noir, des ténèbres insondables dans lesquels il lui semblait voir des reflets de flammes. Elle cria. Quelque part, comme venu de très loin, quelqu’un ou quelque chose sembla réagir à son  cri. Le son, assourdi par la distance était incompréhensible. Elle n’aurait su dire si c’était des paroles, un rugissement de lion ou le hurlement de l’apocalypse qui parvenait à ses oreilles. Un temps qui lui sembla infini passa, puis elle sentit une main se poser sur son bras.

La main lui parut douce, amical. Puis vient la douleur. D’abord là où était la main, puis elle sembla se propager le long de son bras. Elle gémit et voulu enlever la main, mais les ténèbres la retenait elle ne pouvait pas bouger. La douleur continua à se propager. Quand elle atteignit les pieds, la douleur fut atroce. Et Anna se mit à pleurer. Illa voulut faire quelque chose, mais les ténèbres, implacable, lui interdisaient tout mouvement. Soudain, la main, la douleur, et les pleurs disparurent. Il n’y avait plus rien. Même Anna semblait avoir disparu.  Et cette absence lui fit plus peur que les flammes, la main fantôme et la douleur. Anna ne pouvait pas l’abandonner ! Elle n’avait pas le droit !

Soudain, elle comprit. Anna était restée prisonnière de la main. La douleur lui faisait peur, mais celle de vivre sans Anna était pire encore. Et elle ne pouvait la laisser souffrir seul. Elle ne comprit pas comment, mais le seul fait de vouloir retrouver la main suffit. Anna pleurait toujours, mais ses larmes étaient devenues celles du désespoir.
Anna… Anna. Calme-toi, je suis là.  Je ne la laisserais plus te faire mal.
Rapidement, la douleur revient, mais petit à petit elle se rendit qu’il manquait quelque chose sans parvenir à déterminer ce que c’était. Ce fut quand sentit une vague odeur de feu de bois qu’elle trouva. Elle n’avait pas froid. Elle se rappela. La tempête le froid, les ombres. Et puis le blanc. Elle ouvrit les yeux.


Elle se trouvait dans un chalet, ou quelque chose du genre. C’était plutôt petit, mais c’était chaud.  Il y avait une grande marmite pleine d’eau qui avait l’air très chaude sur le feu, elle était enroulée dans un drôle de manteau et sa robe séchait un peu plus loin. Un piaillement attira son attention.  Au pied du lit sur lequel on l’avait mis, il y avait un drôle de petit singe.  Elle voulut faire un geste pour le caresser, mais elle avait trop mal au bras. Elle poussa un léger gémissement sous la douleur, ce qui eut pour seul effet d’exciter encore plus le singe, qui bondit et cria encore plus fort.

En tournant la tête pour le suivre des yeux, elle vit une jeune femme. Sa peau et ses vêtements était bizarres, assez exotique, mais elle aurait été bien incapable de dire d’où elle venait. Voyant qu’elle était réveillée, elle se mit à lui poser des questions. Pendant un moment, sa gorge trop sèche l’empêcha de parler, et elle répondit par des signes de tête. Au bout d'un moment, alors que la douleur se mettait à refluer, elle se sentit prête et en confiance.
bonjour ?

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Il n'y avait rien d'étonnant à ce que la jeune fille soit en état de choc, et elle mit un bon moment avant de revenir à elle. Je vis ses yeux s'ouvrir, et ses pupilles revinrent progressivement à un état normal, malgré que son regard reste dans le vide quelques instants. Lorsqu'elle quitta l'inconscience pour de bon, son premier réflexe fut de détailler son environnement, une réaction plutôt normale qui me rassura. Elle ne sembla pourtant pas très surprise d'être là, et je la vis même préférer s'intéresser à Zéi. Je compris que son état la paralysait encore lorsqu'elle lâcha un gémissement, presque un cri de douleur, mais mon singe réagit en criant lui aussi et s'agita pour s'éloigner d'elle. Finalement, mon saïmiri grimpa à sa place, sur mon épaule, là où il se sentait le plus en confiance pour voir l'étrangère.

Puis, elle me vit. Ses yeux trahirent plus de surprise que précédemment, mais à ma grande surprise, elle ne réagit pas particulièrement à ma présence ou à mes questions. Au contraire, elle hocha vaguement la tête, et termina avec une simple salutation timide.

- Bonjour?

Je levais un sourcil. Au moins pouvait-elle parler. Je considérai que son absence de réponse à mes questions signifiait qu'elle ne voulait pas y répondre.

- Bonne nuit, plutôt. Comment tu te sens? Tu peux bouger?

A voir la couleur que sa peau affichait, son corps semblait plutôt bien parti pour remonter à une température plus normale, même si c'était lentement. Elle irait mieux, mais cela allait prendre un moment. Aussi, en attendant, je me relevai et continuai à remplir la baignoire d'eau tiède, tandis que la pièce commençait à être assez chaude.
En fouillant dans le petit cellier, je mis la main sur diverses plantes, et me servi dedans. Tout en repoussant les pattes de Zéi qui voulait me les prendre, je commençais à les écraser, et les séparai en deux tas. L'un finit dans la marmite, l'autre dans la baignoire.

- Voilà. Tu peux te baigner dedans quand tu te sentiras prête, j'ai préparé une eau curative. Ça devrait aider ton corps à se réchauffer et les vapeurs des plantes vont agir sur ton métabolisme pour l'aider à revenir à la normale. Tu dois te sentir confuse, et ta respiration doit être difficile à cause de ça, sans parler de ton pouls trop rapide. Ça ira mieux après ce bain.

Cependant, je ne l'y mis pas moi-même, car il fallait qu'elle soit capable d'y pénétrer seule. Tant qu'elle ne le pouvait pas, cela signifiait que son système nerveux ne reprenait pas un rythme normal, et elle ne pouvait se baigner alors. Réussir à se lever pour se baigner représenterait déjà une étape pour son rétablissement, mais moi je ne pouvais rien de plus.
Alors je me dirigeais vers la cuisine, et dénichais d'autres ingrédients à ajouter aux algues pour faire une soupe dans la marmite, plus une petite pile de fruits secs à laquelle Zéi s'attaqua sans tarder.

Pendant que le tout cuisait, j'entrepris de sécher mes cheveux, devenus lourds à cause de toute la neige qu'ils avaient engorgés malgré mon capuchon. Puis, je les rassemblai en chignon au dessus de ma tête, que je bloquai avec mes aiguilles. Puis, je retirai mes bottes, et les laissai près du feu afin qu'elles aussi sèchent.
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Sa salutation eut l’air de rassurer sa sauveuse, sans qu’elle puisse vraiment comprendre pourquoi. Elle commençait à se sentir juste assez bien pour comprendre qu’elle avait la tête dans le coton.  Elle sentait vaguement que le bonsoir aurait dû la faire s’inquiéter, mais elle ne comprenait pas pourquoi et elle avait trop mal à la tête pour y réfléchir.  La jeune femme fis quelques choses avec l’eau puis lui parla. Elle était plutôt joli, au final.  L’eau avait vraiment l’air très chaude, ça faisait de jolis petits tourbillons de vapeur. Le singe est très mignon aussi. Elle essai de comprendre les mots, mais ils s’emmêlent se mélangent dans sa tête, sa pauvre tête qui n’arrive pas à les démêler. Il y a eau, et puis bain. Elle doit sans doute allez se laver. Elle doit vraiment ? Elle est si lourde… Pourquoi elle ne l’aide pas ?

L’eau à l’air chaude, et elle à froid. Ce n’est peut-être pas une mauvaise idée d’y allez. Mais pourquoi il faut qu’elle soit aussi loin ?  Elle essaie de se lever, mais son bras glisse.  Pourquoi ? Elle peut e lever sans problème, non ? Elle n’a plus mal.  Alors pourquoi son bras ne peut pas tenir. Il est violet, c’est normal ?  Elle ne pense pas, mais la fille n’a pas l’air de vouloir faire quelque chose pour.  Elle pense sans doute qu’elle en a fait assez. Alors elle commence à frotter son bras, mais l’autre aussi est aussi violet que faible. Alors, elle alterne, puis elle fait la même chose avec ses jambes. Elle peut enfin se lever, même si le monde tourne un peu. Beaucoup, en fait. Elle doit s’accrocher au bords de la baignoire pou éviter de tomber, et doit respirer longuement avant de pouvoir y entrer.  Y entrer lentement par ce que l’eau est vraiment chaude, en fait.  Arrivé à mis-cheville, ses jambes décident tout à coût qu’elles n’ont plus de force et elle tombe dans l’eau, mais sans vrai problème à part qu’elle a vraiment chaud.  Entre la fatigue, la vapeur et la chaleur, ses yeux se mettent  à pleurer, jetant un rideau trouble sur le monde.

Petit à petit, la chaleur du bain fait son office et son esprit s’éclaircit.  La tempête, le froid, elle aurait pu mourir. Aurait dû mourir. Pourquoi ne pouvait-elle pas rejoindre sa famille ? Pour se venger ? Mais comment pourrait-elle faire tomber le GM si la moindre tempête sur le chemin suffisait à la vaincre ? Comment ces mains que le froid suffisait à faire se craqueler pourraient-elles faire choir le trône des dragons ? Elle n’était rien. Ne pouvait-elle pas simplement partir, laisser le malheur au autres, à ces autres qui n’avait rien pour l’aider ?
Pourquoi m’as-tu sauvée ?
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Enfin à peu près sèche, je me concentrais sur la soupe que je tentais de préparer afin de ne pas trop perturber la jeune fille. Elle semblait toujours perdue, luttant contre un corps gelé qui refusait de lui obéir. Lorsqu'elle commence à bouger enfin, tel un pantin désarticulé, Zéi bondit plus loin, jusqu'à se poster sur un des rebords du petit meuble de cuisine, là où il peut nous observer toutes les deux et atteindre le bol de fruits secs.
Finalement, la jeune femme, les yeux rivés sur la bassine d'eau chaude, commence à tenter de se réchauffer par elle-même par petits frottements. Contrairement à moi, qui doit avoir les mains chaudes à présent, elle peut toucher sa peau sans risquer une brûlure. Je la laisse faire, jusqu'à ce qu'enfin, elle tente de se hisser sur ses jambes. Je ne réagis pas, mais je suis prête à intervenir si besoin, si elle vacille. Mais elle arrive à intégrer le bain, même si ses jambes cèdent au dernier moment, m'éclaboussant légèrement ainsi que la pièce autour. Puis, je la vois se mettre à pleurer. J'en déduis que ses nerfs ont simplement lâché, après ce qu'elle vient de vivre.

Bizarrement, ses larmes me ramènent à de lointains souvenirs. La dernière fois que j'ai pleuré, j'étais bébé.

La sensation du plancher brut et froid sous mes jambes nues, et le son du vent qui se heurte contre nos fenêtres.
A côté de moi, un corps tiède dont je serre encore obstinément l'index entre mes petites mains est étendu. L'odeur d'une femme emplit la pièce, mais son parfum fleuri disparaît, laissant peu à peu place à quelque chose de plus écœurant.
J'ai faim, horriblement faim.
J'ai froid aussi.
Je tremble, et mes sanglots sont intarissables.
Pourtant, voilà peut-être des heures que je suis comme ça, à pleurer désespérément pour appeler à l'aide, n'importe qui. Je suis toute petite, et seule dans cette grande pièce vide. Je pourrais marcher à quatre pattes, mais pour aller où?
Mes yeux noyés de larmes se posent dans tous les coins de la pièce envahie par mes pleurs, guettant un signe, quelque chose qui pourrait me consoler. Mais rien ne vient. Le bois de notre misérable demeure craque et dehors une tempête de neige hurle.
J'ai peur.
Je crois que je suis abandonnée. Maman est là, mais elle ne réagit pas. En fait, elle ne bouge plus du tout, elle dort.
Elle dort depuis longtemps.  


J'ai l'impression que de voir cette jeune fille pleurer m'a rappelée à ma propre image. Pourtant, je n'accorde généralement que peu de temps à mes souvenirs. Mais avec cette tempête à l'extérieur, cette cabane de bois et le son des larmes de cette petite fille, trop de détails me renvoient au cauchemar que j'ai vécu, alors que je n'avais que quelques mois.

- Pourquoi m'as-tu sauvée?

Sa question me surprend. De toutes les questions qu'elle pourrait me poser à ce moment, c'est à celle-ci que j'ai droit? Surtout, cela me gêne. Je n'aime pas devoir me justifier, ce n'est pas dans mes habitudes.

- Je suis médecin.

C'est la première chose qui me vient, et cela devrait faire une réponse suffisante. Après tout, je n'ai jamais eu à me justifier pour avoir sauvé quelqu'un. M'occupant surtout de la mixture qui bouillait sur le feu, je préférai concentrer la conversation sur elle que sur ma personne. Les gens aiment parler d'eux-même, c'est un fait reconnu.

- Tu étais dans cette tenue dans la neige. As-tu été attaquée?

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Illa ne dit rien quand Xia lui annonça qu'elle était médecin. En fait, elle n'écoutait plus. Et Anna avait peur. Illa était à bout, elle le sentait. Mais elle ne pouvait pas l'abandonner ! Illa ne pouvait pas avoir peur, elle était forte ! Et pourtant Illa avait bel et bien peur. Et cela terrorisait Anna. Si même elle avait peur, si même elle abandonnait, y avait-il vraiment un espoir ?

La question la tira de ses pensées morbide. Elle ouvrit la bouche pour répondre, mais oui et non en même temps lui montèrent aux lèvres. Tous deux également vrai, à leur façon. Elle referma la bouche pour réfléchir un instant, et les souvenirs revinrent. Si violents, si forts, si vivants qu'elle les chassa aussitôt. Elle tremblait. Elle ne voulait pas se rappeler, mais elle voulait aussi de l'aide. Désespérément. Elle hésita encore un moment puis découvrit son dos, laissant voir la cicatrice qui le déchirait. Et elle tremblait, comme si le feu et le bain n'existait pas, comme si la tempête hurlait encore en elle.
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J'ai rarement eu affaire à des patients ayant affronté une toundra. Je ne pensais pas pouvoir être surprise de trouver cette jeune fille dans un état pareil après l'avoir trouvée dans la neige. Le froid et le corps humain ne font pas bon ménage. Mais plus je l'observe, plus j'ai l'impression solide que son problème n'est pas physique. A vrai dire, elle ne me semble pas très cohérente, même lorsque je tente de converser avec elle. Peut-être aurait-elle reçu un coup à la tête?

Je la vois continuer de trembler, alors que l'eau chaude devrait déjà avoir fait son effet. Il semblerait qu'elle soit davantage traumatisée que réellement blessée. Lorsque, pour répondre à ma question elle me montre une cicatrice dans son dos, clairement bien antérieure à aujourd'hui, je me demande pourquoi. Il ne me suffit que d'un coup d’œil pour dire que la blessure a dû être violente et profonde, mais elle est ancienne. Les évènements d'aujourd'hui lui ont peut-être réveillé un très mauvais souvenir? Mais je suis médecin, et non psychologue.
Elle a beau être une enfant, je ne peux pas grand-chose pour elle. Il me paraît déjà très difficile à croire à sa présence, dans un tel environnement et dans une telle tenue avec son âge. Pourtant, j'ai été élevée dans un clan d'assassins, avec un mode de vie plus que spartiate.

Cela me ramène à la mixture sur le feu. Me détournant de la jeune fille, j'attrape deux bols, et des cuillères. Ma préparation a l'air convenable. Ayant appris les arts de l'herbologie et de la concoction des poisons, j'ai naturellement beaucoup appris de ma mentor en la regardant faire. Mais la cuisine des assassins n'est pas très gustative en elle-même. Tout ne doit être qu'efficacité, le plaisir est un détail. La soupe que j'ai préparée avec les ingrédients trouvés dans la petite réserve me semble tout de même acceptable. A base d'herbes essentiellement, elle dégage un fumet discret, et de petits morceaux de viande flottent à la surface du bouillon .

Je dépose un bol sur la petite table à proximité de la jeune fille afin qu'elle puisse se servir lorsqu'elle aura fini de se baigner, et je commence à manger sans l'attendre. Zéi, qui a visiblement fini de piller la réserve de fruits secs de notre hôte absent et inconnu, vient se blottir entre mes jambes posées en tailleur.
Etant déstabilisée par l'attitude de ma patiente, je préfère la laisser imposer son rythme. J'attends qu'elle parle ou qu'elle agisse, la laissant reprendre le contrôle de sa situation qui doit lui paraître bien insensée.

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Cette absence de réaction frappa fortement Anna. Elle avait voulu être plainte, aidée, peut-être, oui peut-être même se trouver une nouvelle mère. Mais rien. Rien que la gêne et le silence. Se silence aussi lourd de sens que de conséquences. Ce silence qui lui disait qu'elle n'avait plus sa place dans se monde, qui lui refusait la vie à laquelle elle aspirait. Ce silence qui la fit abandonner.

Après quelques instants, elle se leva en silence et alla mangé la soupe, ne faisait attention au goût discret de la viande, ni à la chaleur qui lui descendait le long de la gorge. Pas plus qu'elle ne parla ou ne réagis, les yeux baissés vers son bol.

Une fois le repas terminé, toujours sans lever les yeux ou dire un mot, elle alla s'allonger sur le lit. Elle ferma le yeux mais ne s'endormit pas. Elle écoutât le feu crépiter doucement, le petit singe qui piaillait, et, surtout, la jeune femme qui s'affairait. Elle attendit jusqu'à ce que, enfin, elle arrête. Elle attendit encore, feignant le sommeil qu'elle fut endormie.
Elle attendis encore, puis, après ce qui lui parut une éternité, se leva. Aussi doucement que possible, elle sortit du lit, et récupéra ses affaires. Devant le manteau, elle hésita un instant puis le pris. S'aurait été folie de sortir sans. La porte grinça un peu lorsque elle l'ouvrit.

Devant la neige qui avait faillit l'emporter quelques heures plus tôt, elle hésita un instant, puis haussa les épaules. Peu importe qu'elle meure, la vie ne voulait plus d'elle.
Et tu me laisserais toutes seule? Non, petite soeur, nous allons vivre. Et leur faire regretter de ne pas nous avoir laissées mourir.
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