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La Croisière a les Crocs

La Croisière a les Crocs Narjus16
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J’aime bien, cette ambiance un peu spéciale. Je suis dans l’attente et l’expectative et en même temps, j’ai à faire ! Pas le temps de m’ennuyer, y’a des marins d’eau douce à distraire. Le truc, c’est que je commence à être à court d’idées nouvelles. Alors je me creuse un peu la soupière en remplaçant temporairement la vigie dans son nid-de-pie. Mais à son retour…
Reprenons là où nous nous en étions arrêté, pour ceux qui voudraient suivre dans le fond : bonjour, je suis Narjus, Narjus Ktul’al, et je suis un pirate, quoique cela veuille dire actuellement. J’ai quitté mon île natale de Suna Land il y a une semaine environ, en embarquant incognito dans le Radeau des Vices, le navire “marchand” du capitaine Lowfeng et de sa troupe de traîne-la-patte en manque d’humour. On ne reçoit pas le journal ici alors, je ne sais pas comment j’ai pu être défini par la Marine et surtout par le colonel Chouchou à qui j’ai fais faux bond en désertant mon poste d’animateur dans le petit parc de Pooliup. Pour le reste des informations usuelles, allez donc vous renseigner à la source, parce qu’ici et maintenant, j’ai pas le temps pour un résumé plus long.

Ou plutôt, si, j’ai le temps. En réalité tout serait mieux que de me casser le cul une minute de plus à trouver des blagues à raconter à cet équipage de malheur et à leur capitaine vicelard. J’ai pourtant essayé, passé les deux premiers jours, de leur faire découvrir toute l’étendue de mon talent. Chanson, poésie, drame… J’ai même fait un duo avec leur guitariste l’beau Pit, alors que ce dernier me boudait pour lui avoir “prit sa place” dans l’équipe. Mais il faut croire que toutes les chansons ne sont pas pour toutes les oreilles. Ou autrement dit : c’est pas à des pignoufs que je vais tirer une larme en contant l’histoire dramatiquement romantique de Sasha et Ondine, ou l’amour impossible d’un éleveur de mouton et d’une sirène.

Et me voilà donc dans cette situation précaire, à seulement quelques jours de l’escale promise au royaume de la Veine. Il faut tenir encore un peu, me dis-je naïvement, sans penser une seule seconde que ma chance allait finir par tourner. Inutile de dramatiser plus que ça : ça pourrait être pire. Je pourrais, je sais pas moi, avoir à danser en claquette sur le pont tous les soirs pour amuser la galerie ! Soupire, soupire, soupire… Un visage avenant ne serait pas de trop en ce moment. Vous savez, le genre “bon gars” ou “jolie et gentille donzelle” bien sympathique, qui en un sourire vous fait relativiser votre situation, la rendant plus supportable ?
Mais j’ai beau regarder au large, en bas de la caravelle ou dans le ciel… Peut-être à la limite le visage de lapin qui se dessine dans les nuages peut-il être considéré comme avenant ? Ou mignon à la limite. Oh merde qu’est-ce que je vais faire…

Mon regard glisse discrètement de la proue à la poupe du navire : j’ai compté vingt-trois marins depuis mon arrivé. Certains sortent rarement et semblent être là pour entretenir et surveiller les “marchandises” qui se trouvent à bord. Je n’ai pas réussi à en savoir plus à ce sujet. Ce ne sont pas des esclaves, ça je l’aurais vite compris si ça avait été le cas. Il doit y avoir de la marchandise rare, ou de contrebande en dessous. Du genre que même le capitaine ne veut pas qu’on approche, au sein de son propre équipage. Si j’y suis obligé, je n’aurais aucun scrupule à me battre contre eux, si en plus il y a quelques biens à la clé. Je suis quasiment certain de pouvoir m’en sortir, à vingt-trois contre un ! Oui, oui, quasiment. Mais en attendant je préfère la ruse à l’affrontement direct, et ce pour une raison bien simple : dans l’éventualité où j’aurais à me battre, et à gagner cela va de soi, qui conduirait ce bateau jusqu’à bon port ? Et à moins de faire trimer les survivants à la force du fouet, ce qui ne me plaît guère personnellement, je devrais quoiqu’il arrive composer avec eux pour arriver à destination. Non la situation est claire : j’ai besoin d’eux, et j’ai surtout besoin d’une bonne blague ! Allez mon vieux, réfléchit, réfléchit !

Je m’en donne mal au crâne de réfléchir vraiment. Discrètement je tire une petite flasque que j’ai “subtilisé” à l’un des matelots qui lui-même l’avait volé à terre. Après une petite gorgée d’une liqueur au goût indéfinissable je jette un nouveau coup d’oeil. Aïe, voilà Samy le vigie qui revient, et moi qui vais devoir redescendre. J’inspire profondément : il faut croire en sa bonne étoile disait l’un de mes professeurs dramaturge. Alors j’y crois, de toutes mes forces.

“Hey l’comique, quelque chose en vu ? demande le sympathique Samy en grimpant jusqu’à son poste. Tu roupilles pas au moins ?”
“Oh non très cher ami à l’oeil d’aigle,
répondis-je d’une voix légère, je ne dors pas. Par contre, c’est calme la mer en ce moment non ?”
“Si on veut.
Il finit par atterrir dans le nid-de-pie non sans rouspéter. Pourquoi t’as mit une ombrelle ?”
“Pour projeter une petite ombre sur moi. D’où le nom d’ombrelle, je suppose.”
“Ah ouais c’est vrai, Nanar la blanche-fesse ! Bouahahah !”


Son hilarité est la bienvenue, elle me laisse encore quelques instants pour réfléchir avant de redescendre. N’empêche, c’est si bizarre que ça un homme qui prend soin de sa peau ? Du coup oui, j’ai l’arrière train tout blanc mais c’est pas plus mal ! Au moins je me démarque de tous ces abrutis. Avec leurs visages burinés par le soleil et le sel, leurs cheveux secs et rêches et leurs guenilles bonnes à jeter, ils font peine à voir et pourtant, j’ai déduis de leur comportement général qu’ils étaient loin d’être mal éduqués ! Cela en dit long sur la “réalité” de cette épopée. Mais pas question que je me laisse aller, non.
C’est la mer qui finira par se plier à ma volonté, pas l’inverse !

C’est fou comme une simple pensée, aussi orgueilleuse et irréalisable soit elle pour devenir toute autre chose, le moment venu. Comme une mauvaise blague par exemple.
Samy me transmit que le capitaine me demandait en bas : on approchait du repas de midi, il était temps de mériter mon pain, et de faire “déjeuner spectacle”. D’une main agile je retirais cette ombrelle, tirée de mes affaires personnelles, et tout en la repliant je jetais un regard à l’horizon. C’est marrant, mais mon petit doigt me dit qu’il va pleuvoir. Je me fis cette réflexion en commençant à descendre les cordes reliant les parties supérieures du navire au pont. On a eu du beau temps pendant une semaine, mais depuis hier le vent souffle plus fort. Le Radeau des Vices ne dévit pourtant pas de son cap. Sans doute un itinéraire plus rapide pour atteindre le royaume de Veine depuis Suna Land. J’ai une petite excitation à l’idée de voir un orage, en mer. Depuis les falaises de mon île natale il y avait comme, une aura mystique autour de chaque éclair, de chaque vague, comme si au loin le monde s’embrasait. Et moi, bien à l’abri je voyais ça se jouer sous mes yeux. Mais là, je pourrais vivre ce chaos naturel de visu !

“Eh Jack, appelais-je depuis le mat à un mousse en train de refaire les noeuds des voiles, tu crois qu’il va pleuvoir toi ?”
“Boh, j’pense pas m’sieur Nanar.”


Avec un dernier regard vers l’horizon j’atteignis enfin le pont tremblotant. Tout en haut on s’habituait vite aux remous des vagues, mais il fallait vite se réhabituer à celui du plancher ! Le capitaine, assit près de la porte menant aux cuisines, me fit signe d’approcher. Allez, en piste l’artiste !
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Le capitaine Arthur Lowfeng. Un homme “proche” de son équipage si l’on peut dire. Il veille sur eux autant qu’il les surveille. La preuve en est, ce mystérieux chargement dont personne à bord ne sait exactement ce dont il s’agit. Je suis content d’être tombé sur lui plutôt que sur un autre, au départ de Suna Land. Des dizaines d'éléments auraient pu capoter dans mon plan : s’il m’avait reconnu, s’il avait fait le rapprochement avec le passage de la marine depuis la veille ou encore s’il avait tout simplement refusé. J’avais pu quitté mon île dans les temps, et cela je lui devais. À cet homme au nez marquée d’une cicatrice, à l’œil torve et aux dents mal alignées. Derrière sa tignasse noire en bataille il paraissait toujours sur le qui-vive, mais moins depuis qu’ils venaient de passer le cap de la “semaine” de traversée. Ses yeux bleus aciers dardaient sur moi cette étrange moquerie qui ne le quittait pas depuis que nous avions levé l’ancre du vieux port de Suna Land. Je pourrais m’en ombrager, lui faire remarquer cette familiarité avec laquelle il s’adressait à moi depuis le départ et dont j’allais encore faire les frais. Et je pouvais aussi nager !

“Alors alors alors, Nanar, il faisait beau là-haut ?”
“Plutôt capitaine,
lui répondis-je de cette voix un peu criarde dont je m’étais affublé depuis notre rencontre, mais le paysage est encore plus resplendissant quand vous êtes dans mon champ de vision.”
“Ouais c’est ça, tocard.
Il se lève de sa chaise, collée au mur des cuisines, se retrouvant à un pouce de mon visage. Pas de poésie ce midi, pigé ? Les gars veulent rire et s’détendre, pas verser des larmes avec des histoires de bonnes femmes.”
“Vous avez des hommes…
Son regard hargneux, mais pas colérique pour autant, me dissuade d’aller plus loin. Des hommes qui ont beaucoup d’humour, capitaine.”
“J’sais bien, ce sont de bons gars. Maintenant arrête de palabrer Nanar, ou tu boufferas pas ce midi.”
“Bien.”


Je ne peux m’empêcher de rester là, planté devant lui, mes yeux dans les siens pendant de longues secondes. J’ai un petit sourire naissant au coin du visage, de même que lui a cette lueur particulière dans les yeux. Et je viens tout juste de mettre le doigt dessus : il sait. Oh, pas mon vrai nom, ni même ce qui a pu m’arriver sur Suna Land. Ce qu’il sait en revanche, c’est que j’avais envie de me barrer au plus vite, et loin. Mais ce que je sais en revanche de lui, c’est qu’il fait dans la contrebande, qu’il avait besoin de filer tout aussi rapidement du vieux port, et surtout qu’il avait besoin de garder ses hommes sous contrôle. L’exemple martiale serait pas le bienvenu sur un navire aussi petit, et moi qui suis arrivé comme un diable sort de sa boîte… Il a sauté sur l’occasion, ce cher Lowfeng, de les tenir via le rire, et la détente.

Mais quand j’ai joué ma petite pièce improvisée, il y a de cela trois nuits, j’ai découvert dans le regard des matelots comme l’ombre du désaccord, du mécontentement, peut être même de la mutinerie. Certes Lowfeng a l’air prévenant comme capitaine. Mais il s’est embarqué dans une histoire à laquelle ils n’entendent goûte et cela ne leur convient pas, à juste titre. Ce qu’il y a en bas doit vraiment en valoir le coup, pas vrai Lowfeng ? Je sens dans ses yeux le passage de la compréhension. Puis il me pousse brusquement, rompant le contact et me faisant presque trébucher à la renverse.

“Bouges. Son ton est impératif et sans appel. T’as du boulot.”

Je me rehausse sur mes espadrilles, mes bottes en l'occurrence, et remet dans l’ordre dans mon costume. À ce sujet, l’un des marins, Yan, m’a demandé pourquoi je portais cet étrange costume. Je lui ai expliqué que je l’avais piqué à un parc d’attraction de Suna Land, parce que j’avais tout perdu aux cartes. Comme il n’avait pas l’air convaincu j’ai craché un bout de la vérité : je l’ai “emprunté” à mon ancien job avant de partir. Du coup, je lui dis ce qu’il représentait, pour moi, et pour ceux qui me l’avaient fait porter. D’ailleurs, maintenant que j’y pense, je vais leur refaire l'épopée, à tous. Yan avait bien ri, autant que tout le monde y passe dans ce cas !

C’est donc, un peu plus sûr de moi, que je regarde Lowfeng s’éloigner en direction de la cuisine, puis en ressortir une cloche à la main pour annoncer l’heure du déjeuner. Ses gars se précipitent, affamé, vers la porte ouverte tandis que moi, je me dirige à flux contraire vers le mat principal. En ce moment j’aime bien les cordes et l’altitude, cette impression de s’élever au-dessus de la masse. Du coup c’est là que je fais mes représentations. Très vite l’assemblée se réunit et s’installe ça et là, le capitaine prenant de la hauteur au gouvernail, et les cuistots commençant à récurer les marmites une fois celles-ci vides. Depuis l’extérieure je vois la porte ouverte des cuisines donner sur une table où une écuelle m’attend. Je passe du regard en revu les gens assis de part et d’autre du mat de la caravelle : il est l’heure de se lancer.

“Chers membres de l’équipage de Lowfeng, marins de South Blue et valeureux aventuriers du Radeau des Vices, annonçais-je d’une voix plus forte, portant haut l’accent épique, laissez moi vous raconter l’histoire amusante, et absurde, de Vildrag le dragon des forêts ! L’un des marins, Yan, tique en entendant ça. Vildrag était le plus vilain dragon de la forêt bleue de l’île aux milles cristaux bleutées. Il régnait sur la plus grande partie de l’île inexplorée où subsistait quelques indigènes qui jamais n’avaient rencontré de personnes venus de l’extérieure. Mais ces derniers n’avaient aucune chance contre Vildrag, car sa grande férocité, ses épaisses écailles et sa hargne sans borne faisaient de lui un adversaire redoutable qu’aucun chasseur de l’île, avec leurs armes rudimentaires, ne pouvait blesser. Nous parlons là d’armes vraiment, primitives : lances en silex, lames d’os et sarbacanes à petits dards. Rien de tout ça ne pouvait terrasser le puissant dragon qui gardait jalousement bien des trésors de l’île aux milles cristaux. Jusqu’au jour, où un bateau de la marine échoua à proximité des lieux maudits. Personne n’en réchappa en apparence et le puissant dragon vit sur sa plage les corps rejetés par les flots et gonflés par l’écume des hommes aux vêtements étranges qui se trouvaient à bord de ce radeau de bois. Personne, mais Vildrag ne pouvait pas avoir les yeux partout sur l’île : un marin avait survécu à la tragédie. Cet homme se nommait Arthur, fis-je avec un clin d’œil en direction d’un Lowfeng qui s’impatientait de voir où allait ce tour de passe-passe que je lui jouais là mais qui gardait pourtant en haleine ces messieurs, d’autant plus que j’y mettais du corps, virevoltant le long du mat et des cordes pour faire vivre le récit du dragon gigantesque arpentait l’île aux reflets bleus, et il était le capitaine de son navire perdu. Sauvé par le peuple de l’île, il eut dans un premier temps bien du mal à communiquer avec eux : “Qui êtes-vous ?” demandait-il ; “Kalaglou !” lui répondait-on, peu importe à qui il s’adressait. Il y avait pourtant une phrase qui revenait souvent face à l’insistance d’Arthur à savoir ce qu’il se passait sur cette île où les gens vivaient quasiment caché dans des grottes le long des falaises : “Kalagalam oku jinpatoc adrefaya Vildragusama !” que l’ex-capitaine avait bien du mal à saisir. Devant la difficulté à communiquer il finit par instaurer un code à base de dessins et comprit que les habitants de l’île vivaient sous le joug d’un grand dragon vert, rouge et noir nommé Vildrag, ce qui voulait dire “Vilain Dragon” apparemment dans leur langue. Comme quoi, ils étaient vraiment pas futfut ces indigènes.”

Je repris mon souffle tout en mimant l’indigène “chef” de la tribu en train d’écrire avec un petit morceau de bois sur le mat du navire. Ce petit spectacle de singerie doublé des bruits étranges qui émanaient de ma bouche eurent l’effet escompté et mon public se mit à rire et à sourire devant leur divertissement quotidien. Je fis alors signe à Pit le guitariste de s’approcher, tandis que du coin de l’œil je surveillais Lowfeng. Ce dernier s’était détendu : la tempête était passée pour le moment. En quelques mots j’expliquais à Pit qu’il allait une fois de plus pouvoir exprimer de son talent à ses camarades en me jouant  un petit air rythmé, mais avec de l’émotion. Un rythme qui irait bien à la mort d’un personnage aussi emblématique que Vildrag. Souriant aux premières notes, je remontais sur mon perchoir, me préparant à conter la suite de cette histoire, et son réel impact sur moi.


Dernière édition par Narjus Ktul'al le Jeu 21 Avr 2016 - 16:27, édité 1 fois
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“Bien sûr que notre vaillant marin allait aider ces braves gens ! Après tout, s’il ne les aidait pas, peut être n’aurait-il jamais l’occasion de rentrer chez lui. Il avait femme et enfants à la maison et rien ne lui manquait plus que de les revoir. Alors de sa vaillance et de sa science, il montra aux indigènes à partir de quoi étaient faites les balles de son mousquet. Cela ne leur prit pas plus de temps que de dire “baril de poudre” pour en avoir apparaître un, primitif, dans leur village. Un baril de poudre magique comme le leur disait Arthur pour leur éviter de se corrompre au pouvoir des armes à feu. Un baril, qui allait l’aider à abattre le tyran qui les tourmentait depuis si longtemps ! Et le peuple de la petite île se rassembla pour porter au-dessus de leurs têtes ce grand guerrier venu de la mer qui allait mettre fin à leurs tourments ! Arthur organisa donc son plan, s’expliquant avec les locaux quand à l’élément central de toute sa machinerie : voler des cristaux à Vildrag. Il s’agissait là de la partie la plus périlleuse, dont il allait se charger, tandis que ses nouveaux alliés allait se charger d’allumer le tonneau magique une fois le dragon tombé dans le piège qu’ils avaient creusés spécialement pour lui.”

Je fis un petit signe à Pit, tandis que mon assistance attendait la suite du récit pour savourer leur dessert, des oranges, avec l’air d’en avoir quelque chose à foutre de cette aventure. Aventure, écrite pour des enfants rappelons le. Oui, pas futfut non-plus ces gars là.

“Le vaillant guerrier n’avait vu qu’en peinture et en déguisement l’affreux dragon mais quelle ne fût pas sa surprise, et sa défaillance, en découvrant en cet ennemi naturel un être d’une certaine beauté. De la grâce royal qui en émanait, il put déceler la force de ses muscles lorsqu’il commença à le poursuivre à travers les bois, tout autant que la force de son rugissement qui fît trembler tous les arbres sur son passage d’un simple souffle ! Filant comme le vent, Arthur gagna les basses-terres de l’île, continuais-je d’un rythme égal à celui de la musique de Pit, sautant d’une corde à une autre mimant dans le vide la course frénétique du soldat face à la charge titanesque du dragon, et passa sur le piège destiné au dragon, sans freiner. Mais lorsqu’il atteignit l’autre côté de la fosse masquée, ce fût pour entendre un étrange silence dans la forêt… Derrière lui, Vildrag s’était arrêté, indécis face aux branchages et aux feuilles retournées. Et lorsqu’il croisa les yeux de l’humain qui l’avait amené là, il comprit dans quel piège odieux sa gargantuesque majestuositée avait été amenée et voulu faire demi-tour. Mais quelque chose l’en empêcha : allait-il reculer face à un humain ? S’il rentrait dans son antre, alors s’en serait fini de lui ! Car son autorité sur l’île avait été remise en question par ces incapables créatures à peine mangeables qui se reproduisaient comme des lapins sur son territoire. Et Vildrag avait conscience de cela. Alors, dans un fracas, contais-je en apothéose, sautant depuis le mat pour retomber sur le sol du pont, Vildrag se jeta sur le provocateur, tombant par la même occasion dans son sinistre piège ! Mais cela n’arrêta pas le dragon qui commença immédiatement à s’extirper de la fosse, hurlant une rage sans borne à l’égard de ces êtres inférieurs qui osaient lui voler ses cristaux ! Et c’est avec une hésitation à son tour, qu’Arthur le regarda faire, le bras levé en direction de ses compagnons dissimulés dans les arbres. Qui était-il pour tuer cette créature ? Et bien moi je vais vous le dire : un héros ! Alors tomba le baril de poudre qui explosa sous un tir d’une précision mortelle de sa part. Puis, lentement, il dégaina son sabre, ce que je fis au même instant, et marcha jusqu’à la dépouille encore vivante de Vildrag, fumante et odorante. Mais lorsqu’il s’approcha… Le public retient son souffle. Il ne se passa rien... Je vous vois déçu hein, mais comment vouliez-vous qu’un tel dragon, aussi massif soit-il, résiste à une déflagration artisanale équivalente à un tonneau de poudre ? Ce fût à peu près le même raisonnement que tint Arthur à ses alliés, tout en décapitant la tête de Vildrag pour la ramener au village des indigènes. Et ainsi, ces derniers purent l’aider à construire une barque, pour qu’il puisse rentrer chez lui, sain et sauf…”

Je ricane, je ricane. La fin leur laisse un goût bizarre, d’inachevé. Mais l’un d’entre eux murmure à ses camarades autour de lui : Yan leur dit que ce n’est pas terminé. Ce qui est exact : je n’ai pas fini mon histoire. Ou plutôt l’histoire de ce costume que je porte, avatar de Vildrag le vilain dragon des forêts. Lentement, mon sabre toujours à la main, je m’assois sur une caisse contre le mat.

“Lorsque je travaillais à Suna Land, j’ai souvent joué cette scène, où Vildrag meurt face au vaillant marin venu mettre un terme à son règne sur l’île. C’est d’ailleurs à l'effigie de ce dragon qu’est mon costume. Certains dans l’assistance poussent des “Ahhhh” de compréhension. Je n’ai jamais aimé cette scène, pourtant je devais la jouer tous les jours pour les gens venus se détendre dans les parcs d’attractions. Un jour, on m’a proposé de changer de costume, d’inverser les rôles, ce qui était faux mais j’avais tellement jouer cette scène dans ma tête que pour moi, elle devait exister quelque part, dans une réalité alternative ou une vie antérieure, et j’ai refusé. “Pourquoi ?” m’a-t-on demandé, vu que je détestais jouer cette scène. Et bien, vous voyez, la scène a beau être absurde et nanardesque au possible : jamais, je n’ai détesté Vildrag lui-même, fis-je en me relevant, le torse bombé. Parce qu’au dernier instant, il a jeté toutes ses forces dans une bataille perdue, une bataille égoïste que tout à chacun mène une fois de sa vie : cette bataille que l’on doit mener pour sa survie, perdue d’avance et pourtant héroïque ! J’ai refusé de changer de costume car pour moi, Vildrag est le véritable héros de cette histoire à dormir debout ! Et aussi stupide qu’il ait été d’y aller sachant qu’il s’agissait d’un piège, je n’oublierais jamais son oeuvre : atteindre le sommet, le dominer de toute sa stature, et le conserver égoïstement jusqu’à être vaincu par plus vil encore que soi ! Voilà ce que j'appelle une vie bien remplie et c’est Vildrag qui me l’a montré ! Car ce que je ne vous ai pas dit, c’est qu’au moment de lui couper la tête, le capitaine a eut le temps de voir sur les lèvres écailleuses du dragon s’esquisser un sourire de satisfaction : il avait obtenu là une mort à couper le souffle, dans une explosion magnifique et inattendue qui l’avait sublimée jusqu’au dernier instant de sa vie, dans la mort, et fait naître sa légende éternelle !”

Le souffle court, je respire fort, mon torse montant et descendant au rythme de ma respiration saccadée. Dire que j’aime cette histoire serait en deçà de la vérité. Encore une fois, je sens y avoir mit plus de cœur et de sentiment. Il en va de même à chaque nouvelle exposition de cette aventure pourtant simple mais à laquelle il est facile de s’identifier, que ce soit d’un côté ou de l’autre des deux protagonistes. Je relève les yeux, légèrement hagard, voir carrément possédé. Mon regarde tourne autour de moi et je commence à détailler ce qui me semble être de l’incompréhension, de la peur, puis…
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