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Tel père, tel fils !


- « Monsieur ! Deux navires en approche ! »

- « Ooooh ? Des pirates peut-être ? »

- « Non mon amiral ! Des marines ! »

- « Et alors ? Qui arrive ? Se sont-ils signalés ? »

- « Oui. Il s’agit de votre fils Monsieur ! Le vice-amiral Alheïri Fenyang ! »


Keegan interrompit la rédaction de son énième dossier de la matinée. Il redressa la tête et observa le jeune messager au garde à vous devant lui. Son regard d’acier écrasa l’élément, si bien que ce dernier baissa vite fait les yeux. Il le savait, que son supérieur n’était pas un mauvais bougre, tant qu’on ne parlait pas de révolution devant lui. C’était même tout le contraire. Fenyang Keegan était un brave type. Ceci étant dit, sa stature, son maintien, sa force… Tout ça forçait le respect et intimidait pas mal de personnes. Le vieil homme eut alors un sourire. Pour une surprise, c’en était une. Depuis combien de temps n’avait-il pas vu son fils ? Cinq ans ? Six ? Sept peut-être ? Oui, sept. Leur dernière rencontre remontait aux obsèques de  feu Aisling, sa belle-fille. Une période noire pour son fils. Une période cruelle pour tous les Fenyang. Mais depuis, ce dernier avait encore mûri au point où il l’avait même rattrapé. C’est à cet instant précis qu’il se rendit compte qu’il avait pris un sacré coup de vieux. Sa génération était maintenant dépassé et de loin. Les retraites de Jones et de Kenpachi le prouvaient bel et bien. Il était peut-être temps qu’il prenne lui aussi du bon temps et qu’il passe le reste de ses années à vivre auprès de sa femme, à Alabasta. C’était sans aucun doute une bonne idée. Un brin mélancolique, l’homme permit au messager de se retirer et s’autorisa un cigare dès que celui-ci fut parti. Il finit par se lever de son siège et alla tirer les rideaux derrière son bureau pour profiter de la vue que lui offrait la baie vitrée de son immense bateau. De loin, il put effectivement voir deux navires qui s’approchaient du royaume. Son sourire s’agrandit alors et il se retourna vers son bureau pour fermer la chemise qui contenait la paperasse sur laquelle il planchait depuis un moment. L’heure n’était plus à la bosse mais aux retrouvailles. Des retrouvailles qu’il allait pimenter un peu qu’il s’était dit, lorsque ses yeux se braquèrent sur l’énorme épée, un zambato qu’il maniait avec une dextérité remarquable pour un septuagénaire…




***




- « Tu aurais pu le prévenir, Salem ! On débarque pas comme ça ! »

- « Allez, lâche-moi avec ça ! En plus, on est déjà arrivés. Pis, c’est pas dans le cadre du boulot que je viens, hé. »


J’eus un soupir. Ketsuno n’arrêtait pas de me passer un savon sur mon initiative soudaine. Il faut dire que faire son retour sur les blues comme ça, c’était clairement pas donné à tout le monde. Mais quand on est un vice-amiral et un navigateur aguerri qui plus est, ce voyage n’avait plus rien d’épique. Il devenait tout bonnement banal. Ceci étant dit, je comprenais ma cousine quelque part. Elle était plutôt émue, impressionnée, contente même. Elle vouait un respect et une admiration absolue au vieux. Ses reproches étaient donc un leurre pour camoufler son excitation. Sa face toute rouge le prouvait, elle qui d’habitude était d’un calme olympien. Son état actuel m’avait fait rire au tout début. Mais au bout d’un moment, la lassitude avait pointé le bout de son nez. J’aurai bien pu la réconforter, mais la situation ne nécessitait pas de consolation. Elle aurait de toute façon le loisir de se lover dans les bras du vieux qui la considérait comme sa propre fille. J’eus tout de même un sourire en pensant à sa réaction, et d’avance, je devinais un peu ce qu’il allait vouloir vérifier me concernant. J’étais son premier fils après tout. Mon regard amusé se porta vers mon sabre posé dans un coin de ma cabine, avant qu’on ne toque à ma porte. Une jeune messagère finit par entrer après que Ketsuno lui ait ouvert la porte pour nous signaler que nous allions enfin accoster. Il était temps. Presqu’une décennie que nous ne nous étions pas revus. Ça faisait long. Et puis, il y avait eu la nouvelle de ma mort en 1625. Une annonce qui avait dû le mortifier. Je me souvins encore de ses coups de fils presque larmoyants après cet épisode. A mourir de rire, hein. Mais il allait me le faire payer ! Je le sentais ! Toutefois, contrairement à ce qu’on pourrait penser, ça m’excitait à mort. Je voulais lui montrer mes progrès. Je voulais lui faire comprendre que dorénavant, j’étais le nouveau chef de tous les Fenyang, sans exception. Digne de prendre la relève. Une pensée qui me gonfla à bloc et me poussa à récupérer mon arme avant de sortir de ma confortable cabine. C’était l’heure.


***


- « Bienvenue vice-amiral ! »

C’était une multitude de marines qui étaient venus nous accueillir ! Des curieux, des admirateurs et pas mal de filles dans les rangs qui avaient la bave aux lèvres, pour ne rien changer de mon quotidien. Mais plus que « le vice-amiral », c’était « le fils du gouverneur » qu’ils voyaient tous. Dans le temps, cette façon de me voir ou de me considérer me frustrait pas mal. Là par contre, j’étais plutôt fier. J’étais peut-être son égal en termes de grade et de force pure, mais j’étais avant tout son fils. Rien ne pouvait me rendre plus heureux que d’être la progéniture d’une telle gloire, d’un tel héros. Mais alors que j’avançais tranquillement, une présence imposante se fit sentir. J’eus à peine le temps de lever mes yeux vers le ciel qu’une masse très lourde s’écrasa sur mon chemin, à seulement deux mètres devant moi. La poussière occasionnée par cette chute ou plutôt cet atterrissage envahit rapidement l’endroit au point de camoufler ce qui était tombé ou plutôt celui qui avait atterri devant moi, mais je n’avais aucun doute sur l’identité de la personne. Souriant, je dégainai aussitôt ma lame et mimai un mouvement de coupe devant moi ce qui dispersa la poussière en un seul coup. Là, je pus le voir dans toute sa splendeur : Il était là, devant moi, bras croisés, se tenant fièrement, l’air inflexible, un sourire barrant son large visage. Ses cheveux étaient maintenant grisonnants et quelques rides parsemaient çà et là son visage, mais il avait toujours ce charisme qui avait inspiré plus d’une personne, dont moi. Pendant quelques petites secondes, je l’observai avec un regard d’enfant pâmé d’admiration devant son idole ultime. Il était un Dieu à mes yeux. L’espace d’un instant, le grand gaillard que j’étais failli fondre dans ses bras, mais je me retins en serrant mon arme dans ma paume. L’homme qui remarqua mon geste pourtant imperceptible, eut un petit rire et se mit à dégainer son propre sabre. Pas question d’attendre plus longtemps. Devant ce geste qui en disait long, les autres marines reculèrent rapidement pour nous laisser de la place. La tension était montée d’un coup.

- « Montre-moi à quel point tu as grandi, gamin ! »

- « Avec plaisir, le vioque ! »


Moins d’une seconde après ma réponse, nos lames se croisèrent lourdement.

Un chouette combat s’annonçait.
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- « Ooooh ? Tu arrives à me contenir ? »

- « Comme si c’était le moment pour toi de blaguer, le vieux ! »


Le croisement brutal de nos lames avait provoqué une grosse bourrasque qui décontenança pas mal de gens et qui en balaya même certains. Mais très vite, nous reculâmes chacun d’un gros bond avant de nous jauger du regard, sourire aux lèvres. Le vieux me désigna l’une des plages d’un signe de tête et j’acquiesçai en silence. La seconde d’après, nous disparûmes en un clin d’œil. Les nombreux spectateurs de notre première passe d’armes furent interloqués. Comment se faisaient-ils que nous ayons disparus comme ça ? Mystère ! Mais très vite, l’un des marines pointa deux silhouettes très lointaines qui s’éloignaient du port à vitesse grand V. L’idée pour nous était de ne pas causer trop de dégâts en ville. Après tout, il ne s’agissait pas d’un règlement de compte ou d’un combat à mort entre deux ennemis. Notre confrontation pouvait donc attendre. Pour ma part, j’eus un sourire. Si j’usais à loisir de soru et de geppo combinés, mon vieux courrait comme un dingue sur la terre ferme et me talonnait comme si de rien était. A croire que l’âge ne l’avait pas du tout ramolli. Pendant quelques secondes, j’en vins même à me demander à quel point il était fort au sommet de sa forme, de sa puissance. Il était même dit qu’il avait fait jeu égal avec un empereur de son temps, bien que je ne lui aie jamais vraiment demandé si c’était vrai ou faux. M’enfin, qu’importe.
C’était mon héros et c’était ce qui comptait.

- « Cet endroit me semble approprié gamin ! » Dit-il à la volée en inspectant rapidement les environs du regard pour s’assurer que la plage abandonnée n’abritait pas quelque chose d’important.

Lorsqu’il fut sûr qu’il n’y avait rien sur cette berge vierge, le vieux finit par stopper net sa course et je fus bien obligé de faire de même pour me foutre face à lui. Il fit craquer les jointures de ses doigts avant de dégainer l’énorme lame qu’il avait rangée pour mieux courir. C’était un véritable géant ce type. Deux fois ma taille alors que je devais faire pas moins de 2m50. Et son sourire railleur n’augurait rien de bon ! Définitivement doué pour foutre la pression à ses adversaires. Pas étonnant qu’il ait été vice-amiral depuis longtemps. Depuis ma naissance, soit près de quarante ans. Une vraie arme humaine de type. Mais trêve d’éloges. J’étais pas là pour ça. Il me fallait le vaincre, ce pourquoi je fus celui qui rouvrit les hostilités en me ruant vers lui. Lorsque je fus à sa portée et qu’il fut sur le point de bouger sa grande lame de sorte à me couper en deux, je disparus à l’aide d’un soru pour réapparaitre derrière lui, ma lame vrillant vers sa nuque. Mais d’un geste réflexe, il plaça son arme tout juste devant sa nuque et bloqua mon offensive. La rapidité de l’exécution de son geste fut tellement surprenante que je ne pus supposer qu’une chose : Il avait le haki de l’observation. Mais l’homme ne s’arrêta pas là. Malgré sa position, le vice-amiral réussit à lâcher son arme, à se retourner et à la reprendre pour me repousser violemment. Le tout s’était passé en moins d’une seconde !

- « T’as beaucoup à apprendre, petit ! Laisse papa te montrer, bwéhéhéhéhéhé ! »

Alors que mon corps volait violemment vers un arbre, je ne pus m’empêcher d’avoir un sourire. Soit il devenait sénile, soit ma venue le rendait plus qu’heureux. Je le savais taquin, mais il n’avait jamais été aussi joyeux que maintenant. Il ne me restait plus qu’une chose alors : Le rendre fier. C’est dans cette optique des choses que je me mis à effectuer plusieurs saltos malgré mon vol plané pour retrouver un équilibre plus ou moins bon et le contrôle de mon corps ; de sorte à ce que lorsque je fus sur le point de heurter l’arbre vers lequel il m’avait envoyé bouler, je ne fis que me réceptionner dessus. Sans attendre, je fléchis des genoux et me projetai vers l’avant après m’être servi du cocotier de point d’appui et qui finit par céder sous la violence de mon bond périlleux. Keegan en me voyant fuser dangereusement vers lui se mit en garde. J’aurai pu user d’un soru, mais j’étais certain qu’il anticiperait mon intention. Alors, je tendis mon épée devant moi un peu comme si je voulais lui assener un violent coup d’estoc. Puis, faisant fi de la gravité, je me mis à tournoyer violemment sur moi-même. La vitesse de rotation de mon corps fut tellement rapide que Keegan crut voir une perceuse géante lui foncer dessus. Contrait de bloquer mon attaque, le géant campa bien sur ses jambes et plaça le plat de sa lame comme un bouclier devant lui.

Le choc de nos lames fut sourd. Violent. Encore plus pour Keegan qui serra ses dents.

Mon attaque fut d’une telle ampleur qu’elle le fit reculer brutalement sur plusieurs mètres. Mais l’homme ne céda point et me contint de toutes ses forces, au point qu’il fut même obligé d’enduire sa lame d’une couche de haki. L’attaque dura une bonne trentaine de secondes, avant que mon corps ne s’arrête de tournoyer tout seul. Un individu lambda aurait eu le tournis ou la nausée après ça, mais je réussis à retomber sur mes pattes, à éviter l’une des attaques de mon père -Qui dû avoir les bras engourdis tant sa réplique fut lente à mon sens- et à me tenir à seulement quelques mètres de lui comme si de rien était, sourire railleur aux lèvres. Le vioque eut une sueur froide, mais le sourire scotché à ses lèvres ne disparaissait pas. C’est à cet instant précis qu’il se rendit compte que le fils avait dépassé le père. Rien ne pouvait le rendre plus heureux. Tout de même, il se redressa et fonça lui-même vers moi. Je fis de même et nos lames se croisèrent une énième fois. Là-dessus, les coups se mirent à pleuvoir comme jamais et de toutes parts. L’échange était tellement agressif que de grosses marques semblables à des griffures d’animaux sauvages apparaissaient un peu partout : Sur le sable, les arbres et rochers environnants. Bref, partout. Nos mouvements étaient cordonnées, précis, rapides, véhéments, avec un brin de sauvagerie et durèrent de longues minutes…

Jusqu’à ce que je perçoive une faille chez mon vieux qui lui couta une longue balafre sur l’avant-bras gauche…

De quoi donner un autre tournant à notre palpitant combat.
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- « Ooooh ! »

Loin de grimacer malgré l’entaille profonde que je lui avais faite, le vieux à l’aide de deux trois bonds, recula et constata les dégâts d’un air plus ou moins sérieux. Même avec son mantra, il avait pensé n’avoir aucune faille. Les enchainements que nous avions tout à l’heure effectués étaient presque les mêmes. Un style simple qu’il avait lui-même créé et qui avait fait sa renommée de « destructeur ». Comme un testament, il m’avait légué ledit style que j’avais tout simplement peaufiné et perfectionné au fil des combats que j’ai eu à mener bon gré mal gré. Il finit par détacher son regard de sa blessure pour le porter vers moi. Pour ma part, j’étais en garde et j’attendais qu’il se reprenne pour continuer. Nul besoin de le brusquer. Il ne s’agissait somme toute que d’un petit combat pour lui montrer à quel point j’avais « grandi », à quel point j’étais digne de lui. Il eut un sourire aux lèvres et adopta la même posture que moi. Nous nous jaugeâmes un court moment, avant que le combat ne reprenne de plus belle. Les échanges furent encore plus corsés. A chaque fois que nos lames se heurtèrent, une mini-bourrasque se formait autour de nous, soulevant le sable, des branches et autres feuilles mortes dans le coin. De minces écrans de fumée se formaient autour de nous, mais pas de quoi nous décontenancer. Aucun combattant ne lâchait son adversaire du regard. Mais cette série d’échanges de coups se termina comme la précédente fois : Une grosse estafilade barrait maintenant son torse.

Assez profonde pour que son sang éclabousse ma gueule. Assez pour qu’il recule encore une fois.

- « Eh bien… C’est que tu es devenu fort. »

- « C’est grâce à t- »

- « Je t’arrête là. C’est plutôt grâce à tes propres efforts. Mais je me demande jusqu’à quel point tu es devenu fort, Salem... »


Salem. Lorsqu’il prononça enfin mon prénom, j’eus un frisson. Mais aussi le sentiment qu’il n’allait pas s’arrêter là alors que je croyais qu’on pouvait conclure sur ce fait. Pour la première fois depuis le début de notre combat, mon cœur ne fit qu’un bond. Je commençai légèrement à paniquer. Une goutte de sueur roula le long de l’une de mes tempes, tandis que je maintenais une posture de combat quasi parfaite qui ne laissait pas une seule ouverture. Il allait maintenant donner le meilleur de lui-même. Je le sentais. Mon intuition d’épéiste me le criait fort. Il fallait donc que je donne tout c’que j’avais dans les tripes. Mais il n’en demeurait pas moins que tout ça ne m’enchantait pas forcément. Si deux forces comme les nôtres étaient à leur paroxysme, l’un de nous pouvait finir sans un membre ou deux voire même par mourir. Je ne sous-estimais certainement pas mon père, mais je me savais fort. Un cran au-dessus de lui. Le vioque reprit sa posture habituelle avant qu’une teinte noire ne recouvre petit à petit ses avant-bras et l’entièreté de son sabre. J’eus alors une boule dans la gorge : Le haki de l’armement. Dire que je ne l’avais pas encore et que même un plouc comme Yamamoto l’avait. C’était presque une blague. La honte pour un combattant de ma trempe. Je savais que les plus hautes marches de l’amirauté me serraient inaccessibles tant que je n’avais pas débloqué ce fabuleux pouvoir. Mais comment faire pour l’éveiller ? Je n’en avais aucune idée…

- « Qu’est-ce qu’il y a ? Ne te gêne pas, manifeste ton haki, gamin… »

J’eus une moue ennuyée sans pour autant fuir son regard. Le vioque n’eut pas à réfléchir très longtemps pour comprendre que je n’avais pas encore ce haki. J’étais son fils après tout et il me connaissait presque par cœur. Ça et son mantra… Bref, pas moyen de lui mentir ou de lui cacher la vérité. Et puis quel intérêt ? Là-dessus, il commença à s’esclaffer comme un fou. Le père était en train de se foutre de la gueule de son garçon. J’eus une mine de constipée devant ses éclats de rire. Il me frustrait grave. Du coup, sans crier gare, je lui décochai une lame de vent qui eut l’effet de l’interrompre mais qu’il balaya d’un revers de son zambato. La lame finit sa course dans la mer et provoqua un énorme geyser, preuve que j’y avais mis de la puissance. Mais qu’il la dévie comme ça sans aucun problème, c’était encore plus ennuyeux. Ce vieux n’avait pas perdu de sa superbe. J’étais heureux de le constater. Mais pour ce qui était du combat, je n’étais plus aussi sûr de le remporter haut la main. « Les donnes ont changé parce que tu n’as pas l’armement, gamin. Dommage. » L’homme eut un sourire moqueur avant de disparaitre de ma vision comme par magie. On aurait pu croire que c’était un soru, mais il ne s’agissait que de sa vitesse. Authentique, pure et incroyable, surtout pour un homme de son âge et de son gabarit. Il apparut alors derrière moi et sa lame trempée de haki m’érafla légèrement l’épaule gauche. Il me l’aurait carrément déchiqueté si je n’avais pas effectué de soru à la dernière seconde.

- « C’est pas fini, gamin. »

Même pas le temps d’amorcer un second mouvement qu’il apparut à quelques mètres de moi avant d’abattre son épée vers moi avec plus de poigne qu’à l’accoutumée. Je réussis à la bloquer à l’aide de mon sabre classique, mais la pression qu’il exerça était tellement forte que le sol sous mes pieds craqua et s’affaissa d’une violente manière sous mon poids plutôt conséquent. Serrant la mâchoire comme jamais, je continuai de lutter de toute mes forces, mais l’homme continuait de m’assaillir de coups d’épées effroyablement puissants. Il était semblable à un marteau qui s’acharnait sur un clou. Et le clou, c’était bel et bien moi. Impuissant à souhait. Je n’arrivais ni à bouger, ni à répliquer. A croire qu’il cachait bien son jeu depuis le début. « Qu’est-ce qu’il y a gamin ? Tu as perdu ta confiance et ton sourire ? Bwéhéhéhéhé ! » On pouvait dire qu’il était moqueur, ce gars-là. C’était peut-être l’un de ses plus gros défauts, mais je n’avais pas le temps de m’y attarder, puisque sa dernière attaque m’envoya bouler jusqu’à la mer. Mais à peine m’étais-je extirpé de l’eau en toussant qu’une onde tranchante fila façon missile vers moi. Deux ou trois geppou me sauvèrent la mise, mais une ombre apparut derrière moi sans que je ne m’en aperçoive. Avait-il anticipé mes actions grâce à son mantra ? Jusqu’à ce point ?! J’écarquillai mes yeux en me retournant vers sa silhouette qui surplombait la mienne dans les airs. Mon père était un véritable monstre de puissance…

- « Echec et mat, Salem ! »

Sa lame s’abattit vers moi et le temps se suspendit…


Dernière édition par Alheïri S. Fenyang le Sam 27 Aoû 2016 - 1:44, édité 1 fois
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Les réflexions et actions suivantes sont peut-être longues, mais le tout s’était joué en quelques secondes.

Intérieurement, j’étais furieux contre moi. Je ne l’avais sous-estimé, mais je m’étais clairement surestimé. A se demander pourquoi. Je savais qu’il ne me tuerait pas, mais j’avais l’impression de voir ma vie défiler sous mes yeux à mesure que la lame de son zambato s’approchait de ma gueule. Il m’avait peut-être eu, mais sans savoir pourquoi et durant ces quelques secondes, je bouillonnais de rage. Son coup s’il m’atteignait, serait critique et marquerait sans aucun doute la fin de notre combat. Ce n’était pas la fin que j’espérais. Ce n’était pas ce que je voulais. Si je ne le battais aujourd’hui, maintenant, quand est-ce que je le pourrais ?! Bonne question qui m’avait fait rugir comme une bête sauvage. Jusqu’au bout, il était hors de question de capituler. Il fallait que je le surpasse ! Que je devienne sa plus grande fierté ! Aussi avais-je bougé instinctivement mon épée, mais surtout avec beaucoup de rage. Mon père qui avait un temps d’avance sur moi écarquilla ses yeux sous l’effet de la surprise. « Percevoir, comprendre et répliquer ». Les fondations de la « vitesse d’exécution » d’une série d’actions. Si la vitesse d’exécution du Fenyang père était déjà monstrueuse, celui du fils l’était encore plus, ce pourquoi j’avais réussi à rattraper son geste. Mais le plus extraordinaire fut le changement de teint brutal de mes bras et de la lame que j’agitais vers lui :

Tous couverts d’une couche noire…

- « Salem… »

L’énième choc fut d’une violence inouïe, apocalyptique. La dépression causée par notre rapport de force plutôt équilibré, déclencha un gigantesque souffle qui scinda la mer en deux en dessous de nous et qui exerça une grosse poussée sur la surface de la mer. Un raz-de-marée se forma dès lors et alla s’abattre sur la berge qui fut rapidement désertée par les nombreux marines qui étaient venus voir notre combat et que nous n’avions pas vraiment remarqués. En parlant de remarque, je ne vis même pas la couleur qu’avaient prise mes bras et mon arme. Les dents serrés, j’avais mes yeux plantés dans ceux de mon père. Ce dernier finit par avoir un doux sourire qui me décontenança totalement, du tout au tout, avant que son zambato n’éclate en mille morceaux, d’un seul coup. Ma lame continua alors son chemin et finit par se loger dans l’une des épaules du vieil homme avant que je ne la retire très rapidement de peur de le transpercer jusqu’à l’os. Le vieil homme finit par chuter, mais je le rattrapai très rapidement puis j’effectuai un soru pour arriver sur la plage sens dessus dessous. Je jetai mon arme un peu plus loin et fit asseoir mon père, avant de me mettre à genoux devant lui pour voir s’il n’avait pas trop de mal. Les blessures que je lui avais infligées ne mettaient pas sa vie en danger. Parfait. D’ailleurs, le vice-amiral des lieux eut un rire puis pointa du doigt mes bras.

Et en portant mon regard sur mes membres, quelle ne fut pas ma surprise !

- « J’y crois pas… »

La teinte noire disparut progressivement alors que j’avais encore une mine d’ahuri devant mon père qui n’en finissait pas de rire. D’ailleurs, il passa une main sur ma tête et m’ébouriffa gentiment comme lorsque j’étais encore un gosse. Je me mis légèrement à rougir ce qui ne m’arrivait que très très rarement, avant d’avoir un sourire un peu bête qui en disait long. Bien longtemps que je n’avais pas eu l’occasion de me faire dorloter de la sorte par le vieux. Il m’avait véritablement manqué et ma venue ici était une véritable bouffée d’oxygène pour nous deux malgré ce court combat où il aura eu l’occasion de me jauger… Que je contracte ce haki était également un symbole, du moins à mes yeux. C’était un cap important, mais je le reléguais un peu au second plan pour profiter de la chaleur que dégageait notre relation de père et fils. L’homme devant ma bouille de gosse eut un gros rire, avant de prononcer les phrases suivantes : « Tu m’auras causé des soucis, surtout avec ta supposée mort… Mais je suis fier de toi, Salem. Je suis sûr que tu hisseras le nom de notre famille au sommet de l’amirauté. Aucun doute là-dessus. » Mon visage devint tout rouge et je me mis à balbutier des mots incompréhensibles, ce qui aggrava l’hilarité du vieux. Je finis moi aussi par avoir un sourire amusé par tout ça, mais un coup de pied venu de nulle part me fit valser à deux trois mètres de mon père.

- « Que… ?! »

Paniqué et en colère, je me relevai prestement avant de m’apercevoir qu’il ne s’agissait que de Ketsuno qui m’avait kické et qui se lovait tranquillement dans les bras de mon père. J’eus un soupir, avant de retomber sur mes fesses, puis je portai un regard à mes bras. La teinte noire, caractéristique même du fluide combattif avait définitivement disparu. Il ne restait plus qu’à m’entrainer durement pour m’approprier correctement cette faculté que j’avais longtemps désirée. Je pouvais maintenant me considérer comme un vice-amiral digne de ce nom et ne plus complexer pour un rien. Lorsque je relevai mon regard, je vis d’autres marines qui avaient investi les lieux. La plupart me regardaient presque avec admiration. Je venais de tenir tête à leur supérieur et même mieux, le battre ! Ça c’était joué à un rien, mais le résultat était ce qu’il était. En outre, je sentais aussi que j’avais une importante marge de progression, comme si je n’étais pas encore arrivé au sommet, à l’apogée de mon parcours, de ma puissance. Cette sensation était grisante. Il n’y avait donc plus qu’une chose à faire : M’entrainer d’arrache-pied. C’est sur cette résolution que je me levai enfin et que je me rapprochai des autres Fenyang qui échangeaient un câlin affectueux. Cette image me fit sourire. Manquait plus que la vieille et mes cadets et le tableau était complet.

Ou presque…
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Après notre combat, le reste de la journée passa rapidement. Si le vieux se fit prodiguer quelques soins, je profitai de ce moment pour faire un tour dans le royaume avec quelques-uns de mes hommes. Dire que mon père fut nommé gouverneur de ce coin… Le tout après avoir maté la révolution avec à sa tête cet enfoiré de Rafaelo… Drôle de destin. Je me demandais d’ailleurs ce que ce gars devenait. Depuis que j’avais fait un retour fracassant avec comme point d’orgue ma récente promotion, je n’avais plus entendu parler de ce dernier. Etait-il mort ? Probable. D’ailleurs, plusieurs gloires montantes de notre génération avaient disparu dans la nature. De même pour celle qui faisait battre mon cœur depuis un long moment maintenant. J’avais espéré la revoir durant une année entière ; mais ladite année se solda par une immense déception lorsqu’on me fit comprendre qu’elle avait disparu des écrans radars. Même sa famille ne savait pas où elle était. A croire que j’étais maudit ou quelque chose comme ça. Mes parents allaient devoir encore attendre pour un second mariage. Pas demain la veille que j’allais me recaser. Une pensée qui me fit soupirer alors que je remontais une ruelle pour rejoindre le bâtiment où s’était établi mon paternel.

Le diner se passa dans la bonne humeur. Mis à part les remontrances de Ketsuno à propos des blessures que j’avais infligées à son oncle, tout se passa parfaitement bien. Ce n’est que tard dans la nuit que Ketsuno, morte de fatigue nous laissa et que nous pûmes enfin rester seul. Pour profiter de ce moment, mon père me proposa de se promener pour mieux digérer et pour discuter à l’abri des regards. Nous marchâmes en silence pendant de longues minutes, côte à côte, admirant les quelques sites en reconstruction ou même le beau ciel étoilé des blues, avant qu’il ne prenne la parole : « Tu sais fiston, je pense de plus en plus à partir en retraite. Notre petit combat d’aujourd’hui m’a fait réaliser que notre génération est dépassée maintenant. » Je levai mon visage en silence maintenant et le vis regarder le ciel avec un sourire aux lèvres. J’aurai bien voulu lui dire qu’il n’avait pas à s’en faire, mais peut-être qu’il avait finalement raison. La retraite avait parfois du bon et il aurait plus de temps à consacrer à sa femme qui était à des milliers de kilomètres et qu’il ne voyait que rarement. Oh, leur couple était solide, aucun doute là-dessus, mais les voir habiter ensemble comme avant, sans contraintes me ferait certainement beaucoup plaisir. Tout désir de gosse.

- « Tu ne dis rien ? »

- « La décision t’appartient papa. Et qu’importe celle que tu prendras, tu auras toujours notre soutien. Celui de maman, celui de ta famille, celui de tes hommes. »

- « Tu es devenu bien sage, gamin. »


- « Tu trouves ? » Répondis-je avec un gros sourire enfantin.

- « Tu es allée sur sa tombe en venant ici, à East Blue ? » Demanda-t-il soudainement.

Je perdis mon sourire et gardai le silence. L’homme me parlait là de ma défunte épouse. Silence assez éloquent d’ailleurs, puisqu’il changea aussitôt de sujet n’étant pas un homme à emmerder ses enfants sur des détails.

- « Tu es là pour combien de temps ? »

- « Je pensais repartir demain ou après-demain vu que j’ai laissé une partie de ma flotte sur Grand Line… Mais avec ce qui vient de se passer lors de notre combat… »

- « Tu parles de ton haki ? »

- « Oui. J’aimerais que tu m’aides pour mes tous premiers entrainements vu que tu le maitrises depuis longtemps. Pour le reste, je me débrouillerais comme je l’ai fait avec l’empathie. »

- « Ooooh ? Tu accepterais de te faire entrainer par un vieil homme que tu surpasses maintenant ? »

- « Rien ne me ferait plus plaisir! En plus, je n’ai rien appris de toi depuis l’adolescence. Plus de vingt ans. Ça date hein ? »


- « En effet ! En effet ! » Dit-il en riant bien fort, les mains sur son ventre. « Dans ce cas, je n’ai pas de raisons de refuser la requête de mon fils adoré ! »

Sa déclaration m’arracha finalement un sourire ravi.

- « Je t’aiguillerais pendant quelques jours. Moins d’une semaine. Ensuite, tu devras te débrouiller tout seul. Ça te va ? »

- « Carrément ! »


Le géant de pas moins de quatre mètres passa alors une main sur la tête de son enfant qu’il tapota doucement.

Ce n’était le soir que d’une longue semaine ensemble et nous aurions le loisir d’aborder plusieurs sujets.

Quelques jours de pur bonheur s’annonçaient.
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