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Petits meurtres en catimini



« Petits pois... Check ! Navets… Check ! Laitue… Check ! Carotte… Check ! Persil… Pas check ! Bon sang va falloir que j’en rachète… »

J’hésitai à arrêter la cuisine pour ce soir et recommencer demain midi après le marché, mais il y avait ce vide qui s’installait en moi qui ne souhaitait qu’une chose : être rempli. Je fis donc ma recette sans la totalité des ingrédients et lançai l’ensemble des ingrédients dans ma marmite, sauf les pommes de terre évidemment. Fraîchement cultivées à la périphérie de Luvneelgraad, ces pommes de terre sont particulièrement appréciées par les gourmets en bâtonnet. Etant le genre d’homme voguant à contre-courant, j’allais utiliser ces pommes de terre avec une cuisson à l’eau. Je pouvais déjà entendre les grands noms de la cuisine comme Cyrille Liniak ou Joel Roblochon crier à l’hérésie, mais que nenni je faisais comme bon me semble… Je lançai donc les pommes de terre en même temps que le reste des légumes, attendis ce qui semblait être une éternité mais qui était en réalité qu’une demi-heure. Je sortis ensuite le tout pour le mettre au frigo afin de m’attaquer au morceau et c’était le cas de le dire. Au menu de ce soir : un filet mignon de porc laqué. J’avais profité de cette heure pour préparer la julienne de légumes afin de faire macérer le morceau de porc dans un mélange constitué de sauce soja, de miel, de vinaigre de cidre, de gingembre en poudre et divers autres accompagnements. Je jetai le morceau de porc d’une manière nonchalante dans le saladier et le ressorti une heure plus tard pour le faire cuire à feu vif. Je mis le filet et la préparation dans un récipient, le posa dans le dit four et attendis une demi-heure tout en retournant le filet tous les quarts d’heure. Une fois le tout prêt, je le dressai dans une belle assiette en porcelaine marie-joanne, posa des traits de sauce pour l’esthétique et m’assis devant le chef d’œuvre que je venais de produire.

« Fichtre dieu ça m’a l’air mangeable ! »


Je découpai le morceau de filet, le mangea en même temps que la julienne, mâcha à de nombreuses reprises avant de me rendre compte qu’il y avait un problème, mais je ne le trouvais pas. Je tentai donc à plusieurs reprises de découvrir le problème, mais la solution me vint au visage lorsque j’avais fini l’assiette

« -Le sel bien sûr ! Pas envie d’attraper une hypertension maintenant, je suis encore jeune… »


Je mis le reste du plat à la poubelle, lava le tout et parti me coucher en n’oubliant pas que je devais aller au marché pour refaire le plein d’épices.




    « COCORICOOOOOOOOOOOOOOOOOOOO !
    C’EST PAS BIENTÔT FINI CE BORDEL ! »

    Rouspétai-je contre cette réplique d’un coq que l’un de mes clients m’avait donné en récompense. Je pris la pauvre bête, la lançai contre le mur opposé à mon lit et cette dernière tomba la tête la première dans la poubelle. Une triste fin en somme pour une bête qui n’avait fait que son boulot. Je me levai donc avec une certaine flemme et une faim au ventre bien que pour le moment mon objectif numéro un était d’aller à la salle d’eau. Après la pause qui s’imposait, je ressortis frais comme un gardon (ou tout autre animal vivant dans l’eau) afin de me diriger vers la cuisine pour entamer le petit déjeuner. Au menu ce matin, une tranche de pain,  du beurre et de la confiture. Je n’étais pas aussi pauvre qu’un révolutionnaire, notamment parce que j’avais accès à de la confiture, mais il fallait avouer que les fins de mois comme aujourd’hui étaient difficile.

    Je pris la poudre d’escampette une fois mon petit déjeuner fini, il devait être 5h42. Pourquoi une heure aussi matinale ? Tout simplement que je voulais arriver le premier au marché pour m’emparer des meilleurs épices, car la grosse Bertha avait tendance à toujours prendre les épices que j’appréciais avant moi. Mon périple commença par le centre historique de Luvneel qui ne ressemblait plus à rien. L’ambiance y était glaciale et c’était le cas de le dire avec ces cinq degrés au compteur. J’accélérai la cadence afin de ne pas m’éterniser dans ce coin devenu sale et dangereux, pour me diriger dans les quartiers est de la ville et en particulier le boulevard Hossmane où le marché avait lieu.

    Je continuai ma balade en direction du boulevard en passant par le quartier Colombus. Quartier nommé en l’honneur d’un philanthrope de Luvneel, il changea de visage suite aux aléas de la fin 1626. En effet, ce quartier qui était autrefois dynamique et pleins de ressources devint un nouveau quartier dortoir où s’installèrent les habitants qui avaient perdu leurs logements. La ville avait bien tenté de construire à la périphérie de la ville, mais c’était sans compter sur la colère des agriculteurs qui refusèrent le projet en bloc. L’administration tenta tant bien que mal de les virer de leurs terres, mais la fougue de ses derniers était telle que la municipalité se rétracta après avoir perdu deux fiacres et trois chevaux.

    Mon périple dans ce quartier qui avait bien changé dura plusieurs dizaines de minutes et se termina lorsque je vis la plaque avec écrit boulevard Hossmane. Fort content d’être arrivé jusque-là sous ce froid glacial, j’avançai avec confiance vers le marché qui se situait à l’autre bout de la rue. Je pensais vraiment être le premier à arriver au stand d’épices, mais un obstacle de taille obstrua mon chemin. En face de moi se trouvait un corps gisant au sol, recouvert de sang et entouré d’une dizaine de civils choqué par la scène.

    « Rupert Black, officier du 47e régiment de la marine régulière, veuillez pousser le passage s’il vous plait, il s’agit d’une scène de crime… »

    Les civils se décalèrent comme par magie, ce qui me permit de fouiller le cadavre et d’observer la scène. L’homme, de type caucasien, quarante ans environ, semblait dans un sale état. A en juger par la décomposition du cadavre, il devait bien être là depuis plusieurs heures. En y repensant, le pauvre homme n’avait même pas pu regarder le combat de boxe qui avait lieu quelques heures auparavant dans l’underground de Luvneelgraad. Le pauvre homme n’avait rien d’intéressant sur lui, si ce n’était une carte de visite d’un certain Rosé Garcia. Je la pris comme par réflexe, la rangea avant de me faire attraper par l’épaule. L’homme qui venait de m’attraper, un grand homme au physique athlétique, était visiblement officier dans la marine à en juger par la tenue vestimentaire qu’il arborait

    « Veuillez circulez immédiatement, les civils ne sont pas autorisés sur une scène de crime…
    Je suis Rupert Black de la 47e division de la marine, je suis là pour vous aider dans votre tâche.
    La 47e ? Vous me prenez vraiment pour un idiot ?
    Ça serait mal me connaître officier ?
    Ça sera Lieutenant Baffy pour vous ! Partez avant que j’appelle mes collègues… »

    Je pris logiquement la fuite car ma couverture ne servirait à rien contre lui. J’avais cependant pu profiter de quelques secondes de tranquillité pour étudier ce cas de meurtre qui me paraissait bien particulier.



      « -JOSE !!!! JOSE !!!! JOSE ??? JOOOOOOOOSEEEEEEEEEEEEEEEEE ! »

      La porte du bureau où se trouvait un mystérieux individu vola dans toute la pièce avant de s’éclater en morceaux contre le mur d’en face. L’homme en question sortit posément de la pièce, arma son pistolet et tira trois balles dans la tête de celui qui l’appelait sans cesse. Il essuya son arme tranquillement avant de la ranger puis de lancer au corps gisant au sol

      « -Putain Manuel, jt’ai déjà dit au moins cent fois que mon nom à moi c’est Rosé, quand arriveras-tu à te mettre ça dans le crâne ?

      -T’es qui toi ?
      -Rupert Black, un de vos hommes m’a laissé rentrer.
      -Qu’une bande de branquignoles, les hommes de main c’est plus ce que c’était…
      -Il avait pourtant l’air de faire son boulot quand je l’ai vu tabasser ce pauvre homme dehors.
      -Visiblement pas assez vu qu’il t’a fait renter… Et puis tu veux quoi ?
      -Je cherche des informations sur un homme que vous devriez connaître.
      -De quoi jme mêle, t’es de la police ou quoi ?
      -Non, mais il y a actuellement un tueur en série qui rôde dehors et contrairement à vous je me soucis de mon prochain…
      -Ca t’apportera que des merdes d’aider ton prochain, j’peux te le dire…
      -Vous avez sûrement raison, mais je suis venu ici pour des réponses et non pour bavasser !
      -Aboule, j’ai pas que ça à foutre de ma journée…
      -Vous n’auriez pas vu un homme de type caucasien, quarante ans environ, qui avait un style vestimentaire des plus sommaires.
      -Pourquoi je devrais ?
      -Il avait une carte avec votre nom dans son portefeuille.
      -En quoi ça me concerne ?
      -Bah figurez-vous qu’il a été retrouvé mort ce matin…
      -C’est emmerdant ça... »

      L’homme me cachait visiblement quelque chose et je ne savais pas quoi. J’hésitais entre deux approches pour l’aborder. La première avec douceur, comme je pouvais le faire actuellement, la deuxième plus brusque, qui m’obligerait à en venir aux mains. Le souci de cette dernière était principalement dû au fait que mon interlocuteur avait sur lui un pistolet prêt à être dégainé. Je pris la décision la plus sage qui consistait à continuer sur ma lancée

      « -Pourquoi vous dite ça ?
      -C’est pas tes oignons…
      -Les filles dévêtues que j’ai vu dans le couloir aussi ce n’est pas mes affaires ?
      -T’es un homme mort Black !
      -Je suis trop jeune pour mourir, vous pourriez faire un effort ! »

      L’homme me tira une balle dans l’épaule comme pour m’expliquer qu’il s’agissait d’un avertissement

      « -La prochaine fois j’te louperais pas ! Alors maintenant tu dégages fissa et plus vite que ça !
      -C’est-à-dire que…
      « BANG » »

      Je pris la poudre d’escampette, sans avoir eu de réponse, mais avec une douleur à l’épaule. Une fois à l’extérieur, le gorille qui servait de videur me regarda avec un sourire carnassier, prêt à en découdre. J’eus le temps cette fois de me préparer, main sur la crosse prêt à dégainer. L’homme en question commence à se diriger vers moi, mais la peur de me faire tuer étant trop forte, je me décidai de tirer une balle dans le pied de mon adversaire. L’homme cria des noms d’oiseaux, pria même sa mère, tandis que je m’excusais pour la gêne occasionné. Le garde ne l’entendit pas de cette façon, car il commença à se saisir de son arme. Cela ne pouvait signifier qu’une chose pour moi : qu’il était temps de prendre la fuite.



        Le sang qui coulait dans le lavabo de la cuisine avait tendance à me mettre hors de moi. De nature maniaque, je ne supportais guère que l’on touche à mon petit coin de paradis, même si la personne en question était moi-même. Il fallait dire que ça ne serait jamais arrivé si je n’avais pas énervé Rosé Garcia. Si j’ignorais son identité au moment de la rencontre, je su quelques temps plus tard qu’il était le chef d’une petite mafia locale, d’où le gorille qui avait essayé  de me tuer. Le bougre avait réussi à me poursuivre dans tout le quartier de République, mais je réussis à le semer dans une ruelle en me cachant dans une poubelle. J’avais perdu ma dignité, mais au moins ma vie était sauve, du moins c’est ce que je croyais.

        En effet, la plaie commençait à s’infecter et ça ne sentait pas bon. N’étant pas médecin, le stress commença à m’envahir, mais je me rappelai des leçons de mon père qui me disait que l’alcool pouvait soulager toutes les douleurs. Je pris donc la bouteille de bourbon qui trainait à côté de l’évier (allez savoir pourquoi) pour non pas la boire comme mon père, mais vider son contenu sur la blessure. Les noms d’oiseaux fusèrent dans tous les sens, ce qui réveilla les couches tôt du quartier qui frappèrent dans les murs comme pour me dire de me calmer. J’aurais bien voulu, mais comment ne pas crier quand l’alcool était en train de brûler mon corps… Je me contentai de répondre à leur provocation en jetant la première casserole à ma portée, ce qui visiblement marcha… l’espace d’un instant.

        Un bruit se fît ensuite entendre depuis l’entrée, visiblement quelqu’un qui frappa de manière virulente sur la pauvre porte qui n’avait rien demander. Je fis un bandage avec le premier torchon à ma portée, puis me dirigeai vers l’entrée pour ouvrir à la personne en question. Un homme trapu, la barbe aussi longue que son appareil qui dépassait du pantalon, il avait visiblement l’air de mauvaise humeur

        « -Tu peux pas fermer ta gueule dit ?
        -Désolé du dérangement, juste que se brûler le bras ferait comme dirait  mal…
        -Tu m’prends pour un con en plus ?
        -Vous voulez voir par vous-même ? j’enlevai le bandage pour laisser la blessure en évidence Alors convaincu ?
        -Tes histoires c’est pas mon probléme ! J’ai une femme et des marmots dont j’dois m’occuper, ya des gens qui bossent…
        -Il se trouve que moi-même je travaillais…
        -Travailler toi ? Ma femme te voit plus souvent en train de jouer aux billes que de travailler.
        -Déjà je tiens à éclaircir les choses, c’est pas des billes mais une balle rebondissante !
        -T’es vraiment con ma parole…
        -Content de voir que les choses s’arrangent entre nous ! »

        Dis-je avant de fermer la porte à mon voisin qui ne comprit pas tout de suite que je venais de lui claquer la porte au nez. Je m’attendais à ce qu’il revienne à la charge, mais visiblement il était rentré chez lui, surement parce qu’il était déjà minuit. Le reste de ma soirée n’était pas chargé. En effet, je me contentai de faire un bandage, puis de boire le fond de bourbon qui me restait avant d’aller dormir.



          Quelques jours plus tard, car oui il m’avait fallu du temps pour bien me remettre de mes émotions, je me levai paisiblement de mon lit pour prendre mon petit déjeuner à base de blé complet, ou à défaut de vitamines b et c pour bien commencer la journée.  Je pris ensuite ma veste et me dirigea vers ce qu’il restait du centre-ville, car il restait là-bas comme par miracle une boutique qui n’avait pas été détruite par Morneplume. Cette boutique, il s’agissait d’une boulangerie plutôt rustique, mais qui était désormais célèbre, car justement il s’agissait de la seule boutique encore présente au centre-ville. J’essayais de trouver une explication logique à cela, mais la seule théorie qui me vint à l’esprit était celle selon laquelle Morneplume serait un féru de la baguette. J’avais demandé à mes contacts dans la marine si cela était bien vrai, mais tous me rirent au nez ou m’expliquèrent qu’ils en avaient rien à carrer que leur lieutenant aime la brioche ou la baguette, ce qui je devais l’avouer, était logique dans un sens.

          Je marchai donc vers le centre-ville qui était fort heureusement pour moi non loin de chez moi. Je vis les voisins me dévisager durant cinq bonnes minutes, ce qui avait le chic de m’énerver. Il fallait dire que mon voisin de gauche était quelqu’un de particulièrement connu dans le quartier auprès des habitants et que quitte à choisir entre lui et moi, les gens préféreraient le choisir lui. Lorsque je décidai de ne plus écouter les commérages de mon quartier, je me pris un enfant dans les pattes, le pauvre tentait de gagner sa croute en vendant des journaux pour le Luvneelgraad Post. Ce journal où tout du moins ce qu’il était censé être, était l’un des rares moyens de s’informer sur l’actualité quand on ne supportait pas le journal officiel. Pour ma part si j’aimais le Post, c’était pour sa rubrique horoscope et ses mots croisés qui avait tendance à m’emporter, car beaucoup trop difficile. Mais aujourd’hui l’actualité semblait intéressante avec au programme un double meurtre la nuit dernière. Peu de détails étaient donnés sur les faits bien évidemment, mais j’avais l’intime conviction qu’il s’agissait du même tueur que celui de ma première victime. Je tournai les pages frénétiquement pour atteindre le fameux horoscope et la rubrique gémeaux

          « -AMOUR : votre relation sentimentale sera instable, mais vous aurez toujours le sourire... TRAVAIL : La journée ne sera pas aussi facile que prévu. Il n'y aura rien que vous ne pourriez surmonter. Il faudra retrouver en vous la motivation... BON SANG DE DIEU ! »

          Il s’agissait d’une mauvaise journée en perspective. Si les intellectuels se crêpaient le chignon sur le bienfondé des horoscopes, pour ma part ils s’étaient bien souvent réalisés, sans doute parce que celui qui les rédigeait devait avoir le fruit de la clairvoyance. J’arrachai la page de jeux du journal, la mis dans ma poche, avant de donner le reste au premier passant venu qui resta perplexe un moment. Mon périple dans les rues bondées du matin continua jusqu’au moment où je vis la boulangerie. Seule maison encore intacte du coin entourée par des ruines, je pouvais lire sur la devanture « la brioche miraculée », ce dernier mot prenant la place à dorée qui était barré de façon anarchique.  J’entrai dans la boutique qui était remplies de gens qui n’étaient pas du coin, visiblement des hipsters se la jouant dorikis destinés qui voulait goûter le pain de la célèbre enseigne. Je pouvais très bien aller commander ma baguette ailleurs, mais la brioche miraculée était la seule boulangerie de la ville à proposer une baguette au pavot. Je n’étais pas très porté sur le pain de base, mais le pavot était comme une drogue pour moi (ce qui après vérification était bien fondé, car le pavot peut être consommé en drogue). Je fis donc la queue pendant une longue demi-heure, puis ce fut à mon tour d’être servi

          « -Bonjour monsieur, que puis-je pour vous ? me demanda la demoiselle fort sympathique
          -Un pain au pavot et votre denden si possible ?
          -Mon quoi ?
          -Vous savez un denden… un escargophone pour vous appeler ou quoi.
          -Pourquoi feriez-vous une chose pareille ?
          -Pfff pour rien laissez tomber… Voici votre monnaie, gardez le pourboire car vous avez illuminé ma journée. »

          Illuminé de son ignorance… J’étais ouvert d’esprit, mais j’avais du mal à concevoir qu’en plus d’un siècle, le denden ne s’était pas généralisé. Je repartis donc en direction de mon cabinet qui s’avérait être ma maison, pour tenter de faire ses mots croisés.  


          Dernière édition par Rupert Brown le Ven 16 Sep 2016 - 10:32, édité 1 fois


            « -Qui sert à la fusion du fer ? Comment je suis censé savoir ça je ne suis pas forgeron ! »

            Je me mis à réfléchir quelques instants à la question de façon très efficace car l’heure du diner approchait et qu’en plus je n’avais plus rien dans le frigo. Mon cerveau d’indiqua d’aller à l’épicerie rue Henry Frêleville, chose que je fis immédiatement. Il s’agissait d’une petite boutique sans grande prétention, mais le couple qui la tenait m’aimait bien, du coup j’avais parfois le droit à des ristournes. Mais la vraie raison m’ayant poussé à aller dans cette rue et le fait qu’il y avait un forgeron qui se situait non loin de cette boutique. Je n’y avais jamais mis les pieds, mais voyant que tous les clients qui en ressortaient avaient l’air heureux, je ne pouvais que constater qu’il s’agissait d’un bon forgeron.  C’est donc à son propriétaire que je devais demander la réponse à mon mot croisé.

            Je pris donc la poudre d’escampette en direction de la boutique, en n’oubliant pas la veste qui s’imposait car le froid faisait son apparition. Je vis comme à mon habitude des voisins me dévisageant, des hommes sans domicile que je dévisageais et des pigeons qui me fixèrent, bien qu’eux préfèrent vider leur repas sur moi. Sans doute trouvaient-ils ça marrant, mais ça ne se passerait pas ainsi avec moi. Je me mis à courir dans les rues, esquivant les volatiles comme un révolutionnaire pouvait esquiver la marine. Cette mésaventure dura un bon moment, vingt minutes pour être précis, et alors que je pensais être tranquille, je vis un corps giser au sol, le teint grisonnant, un trou dans la tête et avec un sourire des moins ravageurs vu la tête qu’il tirait, ce que je pouvais concevoir vu qu’il était mort. Je checkai immédiatement le corps à la recherche du moindre indice, mais en vain, le corps m’était inutile. Il aurait sans doute été bon d’appeler la marine, mais vu mon passif avec eux il ne s’agissait sans doute pas de la meilleure idée du monde. Je me mis donc à explorer la scène de crime, essayant de trouver un indice,  mais je ne trouvai rien sauf une main qui me tint l’épaule

            « -ENCORE VOUS ! Décidemment vous êtes pire que les morpions…
            -Cette voix, vous me dites quelque chose…     lancai-je tout en me retournant  Bonsoir lieutenant Baffy !
            -On va oublier les formalités, c’est la deuxième fois que je retrouve sur une scène de crime, la deuxième de trop.
            -C’est un malentendu je vous jure ! un blanc de quelques secondes s’installa, prolongeant ainsi le malaise général C’est-à-dire que je cherchais la forge rue Frêleville pour qu’on puisse m’aider pour mes mots croisés…
            -Et en plus c’est la deuxième fois que vous me prenez pour un idiot, Rupert Black, vous êtes en état d’arrestation !
            -J’ai rien fais je le jure, j’allais juste chercher à manger !
            -C’est ce qu’ils disent tous.
            -Évitez de me mettre dans le même panier que les autres, je suis juste un citoyen qui fait ce que vous êtes incapable de faire ! »

            La phrase de trop visiblement, car le lieutenant Baffy m’attacha les bras avec des menottes avant de me donner une grosse claque à l’arrière du crâne. Je me disais à cet instant que l’homme était légèrement puéril et qu’il n’avait aucun sens de l’humour, mais pas sûr qu’une seconde claque semblait indispensable. Lui et son escouade me trainèrent jusqu’à leur QG du port, où tous faisait la fête dans le hall et se moquèrent de moi, surtout les soldats dont j’avais des dossiers sur eux

            « -A votre place je la ramènerais pas, entre ceux qui trompent leurs femmes, ceux qui refusent d’avouer leurs sentiments à leur supérieur et ceux qui bercent dans le trafic de drogues, j’ai de quoi coincer quelques-uns d’entre vous.
            -Ce qu’il faut pas entendre… »

            Prononça le lieutenant Baffy avant de me coller une autre gifle à l’arrière de la tête. Ma phrase avait eu le mérite de calmer les mœurs, car tous les soldats sans exceptions étaient désormais en train de fixer leurs voisins pour savoir si un tel ne cachait pas quelque chose à l’autre. Baffy m’entraina ensuite dans un couloir avec de multiples portes de part et autres. Il s’agissait à mon sens d’un couloir administratif ou également appelé couloir de la mort par certains des bleus de la marine. L’homme s’arrêta devant l’un de ses portes qui je devais l’avouer n’avait rien de bien particulière. Il ouvrit cette dernière me lança dans la pièce et m’indiqua de m’asseoir. Baffy indiqua ensuite à l’un de ses subordonnes de surveiller la salle pendant qu’il allait chercher de quoi boire. Il me demanda donc si je préférais le thé ou le café, mais je voulus lui répondre avec humour en demandant du bourbon. Le soldat chargé de la surveillance attrapa sa flasque, me la jeta en pleine poire avant que Baffy ne m’indique que l’alcool était prohibé. Je tentai tant bien que mal de lui dire que son soldat avait de l’alcool en ce moment même, mais il le lieutenant eut bon de préciser qu’il s’agissait d’un trésor de guerre. Baffy sortit de la salle me retrouvant avec un soldat qui n’avait pas l’air d’en être un. J’essayai de lui faire la discussion, mais il semblait comme impassible. Je demandai donc pour la fameuse flasque, il se contenta de me dire que c’était celle d’un révolutionnaire qu’il avait tué à main nu. Je lui demandai donc comment il en était venu à tuer un révolutionnaire à main nu, il m’explique qu’en fait s’était avec les dents, et que le bougre avait tenté de l’empoisonner avec de la bière.  L’histoire valait son pesant d’or, comme le thé que le lieutenant me ramena. Il s’agissait d’un sachet produit industriellement, un Earl Grey comme il appelle ça, ce qui soit disant faisait référence à un grand homme de la marine disparu tragiquement. Je commençai à boire mon thé alors que le lieutenant Baffy avait déjà fini son café, si bien qu’il me demanda

            « -Je pense que l’habit ne fait pas le moine, mais je ne pense pas non plus me tromper en disant que vous n’êtes pas le coupable de ses deux meurtres.
            -Vous déduisez bien lieutenant Baffy, comme je vous ai dit c’est un malentendu, je suis juste tombé dessus par hasard…
            -Sur les deux corps ?
            -Oui les deux, le premier c’était pendant le jour du marché… Je voulais me dépêcher d’arriver boulevard Hossmane car vous connaissez la grosse Bertha, quand il y a cent grammes d’épices elle prend tout et pense pas aux autres !
            -La grosse Bertha, soyez plus respectueux de vos compères…
            -Oui fin bref, je voulais acheter des épices, donc je me suis levé tôt et j’ai découvert le corps à mi-chemin je crois, vous pouvez demander à la foule
            -Ils m’ont d’ailleurs dit que vous vous faisiez passer pour le sergent Black de la 47e, ce qui est totalement infondé car la 47e se trouve à l’autre bout du monde.
            -Vous savez il en faut pas beaucoup pour bluffer les gens… Enfin bref du coup je pensais découvrir quelque chose sur le corps, mais rien.
            -Vraiment ?
            -Oui je vous jure, le seul truc qu’il avait c’était des berries, mais je ne suis pas un pirate monsieur, je me réduis pas à ce genre de délit…
            -Et du coup pourquoi je vous ai retrouvé sur la seconde scène de crime ?
            -C’est de la faute de mon horoscope, il m’a prédit une mauvaise journée !
            -Vous croyez vraiment à ce genre de choses ?
            -Quand un horoscope sur deux fonctionne, j’ai tendance à dire oui…
            -Vous y avez découvert quelque chose d’intéressant ?
            -Non… Ah si ça peut vous intéresser !
            -Quoi donc Black ou quel que soit votre nom ?
            -Le tireur a agi depuis les toits ! »

            L’homme pris note de tous les renseignements et sembla particulièrement intéressé par ma dernière révélation. J’ignorais bien pourquoi, mais si ça pouvait lui plaire c’était le principal. Il me laissa boire mon thé avant de reprendre son interrogatoire qui ressemblait davantage à un salon de thé pour le moment, mais je n’allais pas me plaindre vu la journée que je venais de passer. Il me posa quelques autres questions avant de me laisser partir, mais j'en avais une qui me brûla les lèvres

            «-Qu'est ce qui sert à la fusion du fer ?
            -La castine pourquoi ?
            -Non pour rien comme ça...»

            Le lieutenant me laissa donc partir de la base en meilleure compagnie que quand j'étais rentré. Je décidai de rentrer rapidement chez moi, tout en m’arrêtant au premier magasin ouvert, mais il était vrai qu’à minuit la tâche serait ardue…



              Pendant une semaine l’enquête tournait au vinaigre balsamique, ce qui avait le don de m’exaspérer. Je fouillais dans toute la ville pour trouver le moindre indice, mais rien ne me semblait satisfaisant. Je ne savais pas ce qui était le plus frustrant : le fait que le tueur ait couvert ses traces ou alors que je ne fus pas capable de l’appréhender. J’avançai donc dans le vide, espérant que ma bonne me vienne en aide, mais à la place je reçu une lettre par la poste, c’était le deuxième jeudi du mois selon toute vraisemblance (mais ça qui s’en soucie). On frappa donc à ma porte et le temps d’arriver je vis que la personne qui m’avait amené la lettre avait disparu. Je ne connaissais rien de cette organisation chargée de distribuer les lettres dans tout le royaume, mais je devais avouer qu’ils étaient particulièrement efficaces.  Concernant la lettre en question, je l’ouvris une fois assis à mon bureau, car c’était la position la plus confortable pour apprendre les bonnes comme les mauvaises nouvelles.

              « Cher Rupert Brown,

              Vous êtes cordialement invité à la première de l’exposition de Juan Pablo Picassiette qui aura lieu ce soir même à la demeure des Von Bottle. Nous vous demandons de bien vouloir être présent quelques minutes avant le début des festivités qui auront lieu à dix-neuf heure et de venir avec une tenue correcte.

              Cordialement, la famille Von Bottle »


              Bon sang, je n’avais pas prévu le coup du costard… Fort heureusement que ce même client qui m’invita à son exposition m’avait donné suffisamment d’argent à l’époque pour investir dans un costume. Il ne payait pas mine par rapport à celui de la bourgeoisie Marie Joanne, mais cela ne m’importait peu au final. Une partie de ma journée était consacré à ma façon d’aborder la gente populace, en évitant notamment de les brusquer, car je n’avais pas envie de me faire des ennemies supplémentaires. Lorsque je vis qu’il était déjà dix-sept heure, je pris mes jambes à mon cou pour rejoindre la fameuse demeure des Von Bottle.

              Il s’agissait d’une demeure d’un style architectural des plus classiques et qui n’était pas marquante, bien que n’ayant rien avoir avec l’ensemble du paysage. Il était presque dix-neuf heure, j’avais comme qui dirait de la chance d’arriver à l’heure. Il fallait dire que cette course sur quelques centaines de mètres m’avait été d’une grande aide. J’avançai dans la cour des propriétaires où de nombreux fiacres étaient déjà présents. Certains étaient ornés des blasons de la bourgeoisie locale, d’autres plus simple, semblait être des fiacres de location. Mais de tous les invités, j’étais le seul à venir à pied, ce qui surprit d’ailleurs l’un des majordomes qui faisait office de garde d’entrée pour la soirée

              « -Vous vous êtes trompé d'endroit monsieur…
              -Veuillez vérifier, je suis Rupert Brown, j’ai été invité par la famille Von Bottle en personne.
              -Brown… Brown… Brown… Ah oui effectivement vous êtes bien sur la liste, mais pourquoi donc venir à pied ?
              -Je suis avant-gardiste mon ami, je pense que le fiacre nous mènera à notre perte, en plus ça rejette énormément de dioxyde de carbone !
              -De quoi ?
              -C’est un gaz qui réchauffe la planète petit à petit.
              -C’est une bonne chose non ? Car il fait froid ici par moment…
              -Ici sûrement, mais dans d’autres coin de la planète les gens seront obligés de déménager.
              -Déménager car les chevaux font leurs besoins ? Vous ne trouvez pas ça alambiqué ?
              -Pas plus que les gens qui mangent des légumes et qui se noient… »

              La discussion dura quelques minutes, jusqu’au moment où un bourgeois sorti de son fiacre d’occasion.

              Spoiler:

              L’homme paraissait louche pour un bourgeois, mais comme disait le Chien Fou « j’ai connu pire ». Le mystérieux individu lança ses clés au majordome, remis son costume comme il se devait, nous fixa l’espace d’un instant avant de nous dire.

              « -Quelle est la chose que vous aimez le plus ?
              -La nourriture gratuite et l’argent et vous ?
              -Mes amis, car l’amitié c’est précieux voyez-vous…
              -Et vous êtes ? demanda le majordome
              -Gregor Foum, je fais partie des acheteurs potentiels.
              -Un instant s’il vous plait… après quelques secondes de recherche Tout à fait monsieur Foum, le maître de maison vous attendez justement.
              -Merci bien Majordome, mais vous n’avez pas répondu à ma question…
              -Désolé, pourriez-vous la répéter ?
              -Quel est la chose que vous aimez le plus ?
              -Ma famille et mes patrons, pourquoi une telle question ?
              -Pour savoir… Pour savoir… »

              Dit-il avant d’entrer dans l’enceinte du manoir. Je fis remarquer au Majordome que l’homme en question me paraissait un brin étrange, chose qu’il confirma sans vraiment le dire. Il m’avoua même que c’était la première fois qu’il rencontrait cette personne, ce qui me semblait bien étrange pour quelqu’un qui était un acheteur potentiel.


              Dernière édition par Rupert Brown le Ven 16 Sep 2016 - 10:36, édité 1 fois

                La débauche et la décadence, voici les deux termes qui me venaient à l’esprit lorsque j’entrai dans l’immense hall de ce que l’on pouvait appeler un manoir. La salle se caractérisait par un grand vide, bien qu’en y réfléchissant il permettait de mettre en avant l’immense lustre sur surplombait les escaliers et l’entrée. Ce lustre était composé de multiples pierres précieuses et d’or, devait valoir à lui tout seul plus que le centre-ville de Luvneelgraad. Je me posai donc devant quelques minutes, le temps de l’observer sous toutes ses formes. Les invités passaient les uns après les autres en m’ignorant totalement, mais malgré tout un homme réussi à m’interrompre. Propre sur lui, arborant un costume pingouin (pas l’animal, le costume de service), l’homme me tendit un plateau en arborant une phrase qui en ferait craquer plus d’un

                « -Bonsoir monsieur, vous en voulez ? C’est gratuit !
                -Gratuit ? Bon sang… Hum euh… Oui bien sûr mon brave, que me proposez-vous ?
                -Voici des canapés de caviar d’aubergine sur son lit de fines herbes ainsi que des toast à la provincial.
                -Ma foi je me laisserais bien tenter par ses canapés, ils ont l’air exquis… Dite pendant que j’y pense, auriez-vous quelque chose pour que je puisse m’hydrater ?
                -Certainement, nous proposons des coupes de champagne en provenance directe de Marie Joie dans le salon.
                -Pourriez-vous m’indiquer le chemin ?
                -Juste en face de vous monsieur, là où tous les gens se dirigent.
                -Vraiment ? Je pensais que c’était le vestibule vu la taille de la maison. »

                Dis-je avant de partir, car ma blague ne semblait pas avoir eu l’effet escompté. Je suivis donc le mouvement de foule qui m’emporta dans un salon encore plus grand que le hall, mais qui avait été agencé avec des cloisons spécialement pour l’occasion, sans doute pour pouvoir exposer les œuvres de Picassiette. Je n’étais pas un grand amateur d’art, mais je savais par contre imiter les gens à la perfection. Je m’intégrai dans un groupe qui semblait fasciner par une œuvre

                Spoiler:

                « -J’ai comme l’impression que le peintre a voulu mettre en avant la non linéarité de la vie à travers les formes cubiques du tableau.
                -Tout à fait ma chère, ce tableau me fait d’ailleurs penser à cette maison que ma femme et moi avions sur le Nouveau Monde avant de nous retrouver réfugier sur Marie Joie.
                -Vraiment ?
                -Une somptueuse villa au bout du nouveau monde, elle n’était pas très grande de ses dix milles mètres carrés, mais toujours plus aéré que notre maison de deux milles mètres carrés sur Marie Joie.
                -Je vous comprends, j’ai réussi à trouver une occasion, une petite villa cosie en périphérie de la ville, elle ne paie pas mine de l’extérieur, mais je peux vous dire que les cinq milles mètres de surfaces habitable sont plus qu’appréciable, bien que j’aimerais bien que Martin meurt pour que je puisse racheter sa maison, de ce que l’on dit il s’agit de l’une des plus grandes maisons de la ville.
                -Bwarfff !
                -Un problème monsieur ?
                -Hum non, c’est-à-dire que j’étais en train d’analyser ce magnifique tableau et un détail qui semble vous avoir échappé m’a tapé à l’œil !
                -Lequel monsieur ? demanda la femme d’un âge avancé, qui était à s’y méprendre de la bourgeoisie
                -Pour vous ça sera Rupert Brown, oh belle demoiselle dont la beauté égale les talents de Juan Pablo Picassiette ! dis-je avec sarcasme car il s’avérait que je trouvais ce tableau d’une laideur absolue
                -Vous me flattez Monsieur Brown, enfin un homme dans cette soirée qui sait parler aux femmes !
                -Si vous le voulez bien, j’avais une réflexion sur ce tableau que je souhaitais partager… dis-je avant de reprendre le fil de la conversation Vous voyez ce bateau en arrière-plan ? A mon sens Picassiette a voulu représenter son plus grand rêve à savoir découvrir le monde. En effet, il a toujours vécu au côté de la bourgeoisie qui l’a rendu célèbre, mais durant sa longue carrière, il n’a jamais eu l’occasion de véritablement vivre la vie de pirate dont il rêvait !
                -Picassiette un pirate ? Et Basara est le cuisinier du Cipher Pol pendant que l’on y est ! »

                Ajouta l’homme qui n’avait pas apprécié ma venue. Mes camarades d’un soir voulaient du champagne, ce qui tombait bien car j’en avais marre d’eux et que j’avais soif. Je me mis à la recherche d’un serveur, lui empruntai trois verres, crachai dans deux d’entre eux et apportai le tout au couple que je venais de quitter. Je donnai les deux cocktails de mon cru aux deux bourgeois, trinquai avec eux avant de les quitter en prétextant que j’avais besoin de faire le tour de l’exposition. Je fis donc le fameux tour en me rendant compte que toutes les œuvres que je pouvais voir me dépassait. J’essayais tant bien que mal de comprendre l’intérêt d’un tel art, mais même résoudre une enquête me semblait plus simple que de répondre à la question. L’ennuie s’installa en moi, quand je vis une tâche surprenante sur un mur, sans doute l’œuvre de Picassiette. Je fixai pendant un moment le pan de mur, jusqu’au moment où la maîtresse de maison intervint en personne

                « -Bonsoir Monsieur Brown, encore merci pour nous avoir aidé contre ce cambrioleur.
                -Vous savez ce n’était rien, il faut dire que le suspect était l’un des hommes les plus ignares que j’ai pu rencontrer de ma vie !
                -Rien ne vous arrête visiblement, mais j’aimerais savoir une chose… Que regardez-vous ?
                -J’étais en train de réfléchir à cette magnifique œuvre d’art qui jonche le mur et je dois avouer que de toutes les pièces de Juan Pablo Picassiette, il s’agit de celle qui m’intrigue le plus !
                -Euh… n’osant pas descendre mes espoirs Ce n’est pas une œuvre de Picassiette, mais juste une tâche que la gouvernante n’a pas eu le temps de nettoyer… »

                Cette tâche de sauce tomate visiblement était aspergée sur le mur d’une façon telle qu’elle ressemblait à s’y méprendre à une œuvre d’art. Je me mis à réfléchir quelques instants, laissant dans le doute le plus totale la maîtresse de maisons. Après ses quelques secondes de blanc, je me devais de lui faire une offre

                « -Dix millions de Berries pour cette œuvre d’art !
                -Mais vous n’êtes pas sérieux monsieur Brown ?
                -Oh que si ma chère, je veux ce pan de mur immédiatement !
                -C’est-à-dire qu’il n’est pas à vendre...
                -Vous êtes certaine ? J’aurais bien voulu l’ajouter à mon bureau, il irait bien en face de ma statue de Mouetteman… »

                La femme Von Bottle n’entra pas dans mon jeu et me laissa seul en plan, devant une tâche de tomate sur un mur. Je me mis donc à observer les enluminures qui se trouvaient au plafond, lorsque je vis une ombre étrange passer dans les étages supérieurs.


                  A la suite de ce constat, seul ombre au tableau d’ailleurs, j’hésitai entre rester dans le salon pour profiter des canapés ou monter à l’étage pour tenter de voir ce qui pouvait bien s’y tramer. Je fis le second choix, car selon  toute vraisemblance, les serveurs avaient encore des amuses bouches en réserves, même si ce n’était pas forcément mes préférés. J’empruntai le chemin du hall, commençai à monter les escaliers en prétextant au majordome de l’entrée que je voulais un espace tranquille pour pouvoir discuter par dendenmushi avec un client potentiel. L’homme ne chercha pas à comprendre et me laissa dans mes activités.  Une fois en haut, je me rendis compte que la première porte donnais directement sur le salon, d’ici on pouvait tout voir. En effet, le salon était composé d’une sorte de balcon qui faisait tout le tour de la pièce. Je fis donc le tour en marchant accroupi.  Plus j’avançai vers le côté opposé de la pièce et plus je pouvais donner un visage à l’ombre que je vis auparavant. Au bout de quelques mètres, je me rendis compte que l’homme en question était ce bourgeois qui posait des questions farfelues et visiblement il n’était pas là pour les canapés, puisque je le vis préparer son arme à feu, prêt à dégainer. Je longeai la rambarde et les portes massives d’une façon frénétique, puis me saisit d’un bronze d’un ancêtre Von Bottle visiblement, avant de le lancer en direction du tueur potentiel une fois la distance respectable atteinte

                  « -Hey Foum, qu’est ce que t’aime le plus ?
                  -Hein ? »

                  Foum reçu le bronze dans le bras, ce qui le fit déraper et tirer dans l’une des nombreuses fenêtres de la pièce. Les invités commencèrent à crier dans tous les sens, à paniquer comme des vaches à l’abattoir, ce qui n’était pas franchement indispensable. Gregor tenta de recharger son arme tandis que je fonçais sur lui comme un animal affamé. Une fois à sa portée, je tentai de lui donner un coup de poing de mon crû, ce qu’il vit arriver car il jeta son arme pour esquiver mon coup, puis il me donna un coup dans le dos.  Cela me déstabilisa plus que ça ne faisait mal, mais il n’allait pas s’en tirer à si bon compte. Nous échangions des fruits de notre crû, les esquivant la plupart du temps car nous étions bizarrement tous les deux formés à la boxe. L’homme réussi malgré tout à m’attraper par le col et à me jeter du premier étage. Fort heureusement je réussis à lui attraper la jambe d’un bras, le magnifique lustre qui surplombait la salle de l’autre. Alors que mon pistolet tomba au sol, mon adversaire tenta de me déstabiliser en me balançant dans tous les sens et en voulant me faire lâcher prise. Pour ma part, j’attendais juste le bon pour plonger au sol, mais ce fût vain. Foum réussit à me faire lâcher prise et nous tombâmes tous les deux sur les demoiselles d’Havignon, l’un des plus beaux tableaux de Picassiette à s’y méprendre, enfin était vu son état. La foule s’insurgea contre nous et nous demanda d’arrêter, mais le combat était trop intense pour les écouter. Gregor était encore plus sourde oreille que moi, car il attrapa un vase de cire que Picassiete avait fait pour me le fracasser en pleine tête, ce qui explosa l’œuvre d’art en lambeaux. La foule qui criait dans tous les sens n’en revenait pas de ce carnage et certains d’entre eux s’enfuirent pour sûrement appeler la marine. Au même moment, Foum s’empara de mon pistolet alors que pour ma part, je tenais une nature morte dans les mains. Je lui lançai le tableau au moment même où il pointa son arme sur moi

                  « -Tiens ma mère m’a toujours dit que la nature ça calmait les mœurs ! »

                  La balle s’en alla de son compartiment pour se loger dans mon ventre, ce qui faisait un mal de chien (pas fou le chien). Malgré tout ma manœuvre ne fût pas veine, car l’arme passa de mon côté, si bien que je m’en saisis aussitôt. Foum fonça sur moi, me frappa dans la blessure, mais oublia totalement mon pistolet, puisqu’il était trop focalisé sur ma blessure. Je luttais tant bien que mal pour ne pas finir inconscient et comme dans un dernier élan de lucidité, j’actionnai mon arme qui était rechargé.  Gregor tomba littéralement au sol en criant à la mort, qui n’était pas forcément loin pour lui d’ailleurs ; le tout sous le regard médusé des invités qui n’avaient pas encore pris la poudre d’escampette. Je me relevai avec difficulté, fit un bandage de fortune avec ma veste, puis fouilla les poches de l’homme avant de lui dire

                  « -Tu vas me dire où t’habite kuf… kuf…
                  -Seul mes amis le savent… bwarf !
                  -Dis le moi, après tout tu n’as plus rien à perdre...
                  -J’ai encore à perdre…
                  -Quoi ?
                  -Le seul ami que je me suis fait…
                  -Tu parles de qui ?
                  -De toi… »

                  Je ne comprenais pas où il voulait en venir sur le moment, mais en y repensant je me rendis compte qu’il était heureux lors du combat et de sa mort, comme si au final il n’attendait que ça. Je pris le plan qu’il possédait avant de prendre la fuite sous les cris des invités qui me sommèrent de rester sur place. Ils avaient dû comprendre le sérieux de la situation lorsque je fis éclater un coup de pistolet au plafond. Je sortis donc, remerciant au passage le majordome trop occupé, puis je m’emparai d’un fiacre afin de me diriger vers la planque de Foum.

                    Foum tout du moins c’était le nom qu’il s’était donné, avait élu domicile dans une maison abandonné près de la rivière en périphérie de la ville. La maison était loin d’être cosy, mais je pouvais sentir que l’occupant y avait mis du sien pour tenter d’apporter un semblant de confort dans les lieux. Après m’être soigné, je cherchai n’importe quoi pouvant me donner de l’argent, car le meurtre que je venais de commettre allait être l’occasion pour la marine de me mettre le grappin dessus, même si au fond tout le monde savait que j’avais œuvré pour le bien commun. Je ne vis rien de bien intéressant, si ce n’était un coffre en bois avec une grosse serrure. Je pris donc ce dernier et m’en alla de la maison afin de me rendre à mon fiacre qui roulait encore d’une manière surprenante. Je n’avais pas pris le soin de retourner chez moi, car j’étais comme persuadé que la marine m’attendait là-bas. L’avantage de venir ici et que cela allait me faire gagner du temps sur eux. J’enlevai les chevaux du fiacre, m’empara de l’un d’eux avant de quitter la ville en direction de la mer. J’avais comme une boule au ventre à l’idée de quitter à jamais Luvneelgraad que j’ai connu il y a de cela quelques années maintenant…  ...mais l'idée d'une aventure nouvelle me rendis cependant le sourire.