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Le jour où j'ai tué Lance C. Fairshield

Travailler pour l'administration, quel beau métier. En plus je suis même plus rattaché au statut de militaire depuis que le CP 2 m'a comme recrue, c'est-la-belle-vie. Avant, quand je copinais avec l'élite, je demandais un congé et on me répondait "tu te reposeras quand tu seras mort". Bon c'était marrant les quinze premières fois, mais à l'usure j'ai fini par piger que la hiérarchie plaisantait pas.
Les Dimanches ? Ces fumiers avaient été jusqu'à faire une croix dessus. Mais littéralement ! Dans les casernes, tous nos calendriers avaient des Dimanches rayés.
Paraît que quand on servait en première ligne, on le faisait par dévotion et pas par carriérisme. Toute façon le carriérisme quand la durée du vie chez l'élite est de trois ans en moyenne, ça va pas chercher bien loin. Crever troufion au caporal, tout ce qui change c'est le poids de la stèle funéraire.

Mais moi j'en ai fini de me crever le cul. Ah ça j'en ai soupé des cadences à la con. Aujourd'hui, je suis un homme nouveau, parce qu'aujourd'hui, je peux bénéficier d'un des vingt jours de congés payés qui me sont offerts à l'année en bossant au Cipher Pol.
Pas que j'aime pas mon travail, j'adore ce que je fais. Mais entre deux orchestrations de famine et de la spéculation frauduleuse, ça fait quand même un peu de bien au moral de souffler un peu.

Souffler, c'est une façon de parler. Parce qu'avec tout ce que je me m'engouffre dans la panse là, j'ai tout juste le temps d'inspirer entre deux bouchées. Ouais, mon temps libre, mon salaire même, j'épuise tout ça au Baratie. Putain que ça va me manquer ça quand on va m'envoyer promener sur Grand Line. Parce qu'y z'en parlent à la tête du bureau de ce qu'on m'a dit. Paraît que je sévirais encore plus efficacement de l'autre côté de Reverse Mountain. C'est eux qui voient. Moi que ce soit ici ou ailleurs, tant qu'on me fait pas chier quand je bosse, je demande pas plus.

- Terrine de poisson à l'estragon.

Pourquoi y me donne le nom du plat avant de me servir celui-là ? Je sais encore ce que j'ai commandé mon grand, je suis pas sénile. Sûrement parce que ça doit faire plus "prestige" de donner le nom des plats. Mais moi le prestige je me torche avec ! J'aime encore bien mieux les petits bouibouis et autres gargotes mal fâmées. Là-bas au moins, on vous sert à la louche et pour pas cher. C'est bon, et c'est pas prétentieux pour un sou. Si je voulais bouffer chic j'irais servir de mange-merde au milieu des hauts-gradés de la régulière. Bon, je vais pas me couper l'appétit en pensant à ces cons, juste que l'autre serveur là y va se calmer sur le côté "prestige". Ce que je veux, c'est des plats bien complets, bien mitonnés qu'on me sert dans une bonne ambiance. Que je sache, j'ai pas demandé un connard avec ma soupe.
Le temps que je fulmine à me demander pourquoi ce con me donne le nom de mon plat, l'autre a foutu le camp. Bah, je lui ferai la leçon au prochain plat. En attendant, c'est parti pour ma quatrième entrée froide. Ouais, quatrième, parce que moi, j'en profite jamais à moitié. À taaaaaaaaaaaaaaaab....

♪ Puru puru, puru puru ♫

Escargophone professionnel. Putain, y z'ont osé les carnes. J'avais la fourchette à trois centimètres de ma bouche grande ouverte, et ces fumiers, ces raclures, ces enfants de chienne osent me déranger. Je décroche quand même, le Cipher Pol est souvent soupe au lait quand on l'ignore. Du genre soupe au lait à finir suicidé à l'insu de son plein gré. Je suis furieux oui, mais prudent quand même.

- Ouais, quoi ?!

Bien agréable surtout, juste histoire de leur faire partager le fond de ma pensée sans trop en dire.

- Agent Oletto ?

- Ah non, z'êtes gouré d'numéro. Moi c'est "agent au restau", au restau parcqu'en congé, v'vous souv'nez ? Aujourd'hui c'Jeudi, c'même MON Jeudi, alors j'espère qu'z'avez une bonne raison de m'briser les glawines !

Mes congés c'est comme ma gamelle, t'approche avec tes gros doigts : je mords. Je suis pourtant pas un méchant, ni même un gars à problème, mais putain, que j'aime pas qu'on revienne sur un accord. Que le gouvernement mondial taise la vérité historique, rien à foutre, l'histoire ça m'a toujours fait roupiller quand j'allais en classe. Qu'il éradique parfois des îles entières à coup de canon, là aussi ça me va. J'ai toujours aimé les paysages dégagés de toute façon. Mais qu'y vienne m'emmerder pendant mon congé, là, y'a de quoi passer révolutionnaire !

- Tempérez-vous Oletto. Vous êtes au service du gouvernement mondial, pour vous, pas de Jeudi qui tienne, c'est Vendredi tous les jours.

Vendredi tous les jours ? Qu'est-ce ça veut dire ça encore comme connerie, que je vais devoir bouffer du poisson à midi ad vitam eternam ?

- Cette mission vous concerne dans la mesure où vous serez chargé de servir d'entremetteur. L'un de vos partenaires de combines ayant été utilisé par vos soins doit être mis en contact avec un agent du CP 5.

Bosser avec le CP 5 ? Pas bon ça, pas bon du tout même. Chez nous au CP 2, on fait de la guerre économique. Y'a des morts, mais y'a un côté bon enfant dans notre boulot. Les autres, y rigolent un peu moins dans leurs affectations. Entre les espions qui font sauter des gradés pour une note de frais douteuse et les assassins du CP 9, on n'est pas franchement bien entourés. Pas envie de bosser avec un de ces dingues. Surtout que quand ces emmerdeurs sont pas lunatiques, y sont vicieux, pas moyen de discuter avec. Alors bosser ensemble, mon cul...

- Mais z'encore ?

- Est-ce qu'Olivia Astelle vous dit quelque chose ?

Olivia Astelle ? Déjà que niveau mémoire des patronymes je touche pas une bille, là en plus y me fout une colle l'autre scribouillard du bureau. Je connais même pas une Olivia. Pis bon, des partenaires d'affaires qu'ont des noms de donzelle, elles se comptent sur les doigts d'une seule main. Et je parle d'une main de charpentier maladroit. Jamais y faut bosser avec des gonzesses. C'est irascible, hystérique et ça fout toujours la merde quand on est entre bonhommes. Que d'empires détruits pour une paire de fesses bien fermes.

- Que t'chi ! Ça devrait ?

- D'après le rapport de votre mission d'il y a deux ans, elle se faisait appeler "Taline" quand vous l'avez dépêchée.

Ah ! Bah là effectivement ça me rappelle des souvenirs. Des bons souvenirs même ! C'est rare avec le sexe faible. Suffisamment pour le faire remarquer. Taline, Taline, Taline... C'était quoi la chanson déjà ? "Si t'as des biftons que t'alignes, Taline te ravira la pi..."
Aaaah, Taline ! Fringante petite pute de Logue Town. Eh comment que je me souviens.
Tu parles d'une mission... Juste une arnaque de brigand à la petite semaine. Quand j'y repense, j'ai presque honte d'avoir eu à m'abaisser à ça dans mon travail.

En fait, c'était juste une affaire d'héritage y a deux deux de ça. Un grand ponte de Logue Town, un industriel ou je sais quoi venait d'être accepté à l'hôpital pour un truc aux poumons. Pas loin de quatre-vingts-dix balais il avait le vieux. Le type avait une fortune de trois milliards de berries et aucune descendance. Forcément, en bon professionnel, quand je me suis documenté sur l'affaire, le grisbi m'a titillé les narines.
Je débutais au CP 2, donc j'obéissais sans pouvoir manœuvrer, même si c'est moi qui avait proposé l'affectation. Quel travail de merde je vous jure. Je sais plus qui était l'officier en charge de l'affaire en ce temps là, mais le gars était tellement doué qu'il a mené le vieux à s'entourer d'une batterie d'avocats quand y s'est douté que le G.M gravitait autour de son coffre-fort.
Bref, du travail de gougnafier.

Vu que la mission traînait et que le vieux était pas loin de passer l'arme à gauche, ça allait mal se finir pour nous. Laisser passer cent millions ça pouvait encore passer, mais trois milliards et on était tous bons pour faire copain-copain avec la basse flibuste en cellule. Ça me tentait moyen comme projet.
Quand on avait un peu quartier libre, j'allais faire frétiller popol du côté des quartiers de ces dames. Aaah, Taline... vingt-cinq mille berries la passe quand même, ça aussi j'ai pas oublié. L'était pourtant pas bien belle, ni même roulée comme une mécanique de pointe.

Le jour où j'ai tué Lance C. Fairshield  Mother_fuentes_by_desperish-dax6jnt

De ce qu'on avait discuté sur l'oreiller, elle avait la quarantaine comme moi, je crois même qu'elle devait avoir quelques années de plus. Pis là, un beau soir alors que je la besognais, ça m'est venu comme ça. Une idée toute conne.

J'en avais fait des recherches sur le vieux. Et je me souviens que dans plusieurs articles de journaux  qui dataient du siècle dernier, il avait été accusé à demi-mot d'avoir fricoté pas mal avec la femme d'un adjoint au maire de Logue Town. De ce qu'en disait la presse, le gars était cocu mais s'en accommodait moyennant financement discret pour sa campagne. L'est même devenu et resté maire pendant près de vingt ans.
Là-dessus, après être revenu de chez Taline, je potasse tout ce que je peux sur la rombière que l'autre croulant a tringlé par le passé. Tout ça, leur idylle, ça avait duré entre 1570 et 1590. J'avais mon créneau.

L'agent qui me servait de supérieur a accepté mon idée. Et quelle idée putain, c'était du bluff de jouvenceau, le genre tactique "ça passe ou ça casse" qu'on sort que quand on est vraiment désespéré. En fait, l'idée c'était de créer un faux document pour attester que Taline aurait été la fille cachée de mon industriel et de sa libertine de maîtresse. Ça se tenait, parce que l'autre conne avait un jour disparu pendant deux ans pour rendre visite à des parents dans le Nouveau Monde. Suffisait de laisser entendre qu'elle aurait accouché du fruit de son adultère, et hop ! On créait une filiation fictive et bien lucrative.

Déguisés en avocats, quand on a amené le document au notaire, un vrai faux certifié par le G.M, on avait les rotules qui tremblaient. Soit ça passait et c'était le jackpot, ou alors on créait un scandale d'État impliquant le G.M, et là, c'était pas juste la taule qui nous attendait...
Bah le notaire il était sacrément sceptique. Tu penses, un ami de la famille qui connaissait en plus très bien l'adjoint et sa femme. À lui, on pouvait pas lui faire. Et c'est là que, sans avoir été autorisé à l'ouvrir par mon supérieur j'ai dit :

"- Et si la presse v'nait à avoir vent d'ce document, l'en penserait quoi ?"

Ça l'avait refroidi l'autre. Après, y se doutait qu'on était aussi avocat qu'on avait de beurre au cul, mais si on poussait la menace à bout, y savait aussi que l'entreprise du vieux allait morfler à cause du petit scandale mondain dans les journaux. Les actionnaires se seraient détournés par principe, et ça aurait ruiné la compagnie à cause d'une opinion publique trop conservatrice et un document aussi faux que convaincant.

Bon, on n'est pas repartis avec les trois milliards, le notaire a quand même un peu négocié. Mais un milliard et demi c'était pas si mal. Tout était tombé sur le compte de la brave Taline avant de nous être restitués. Beau prince, j'avais réussi à lui en détourner dix millions rien que pour elle. Quand il est question d'affaires je suis pas un tendre, mais quand il est question de récompenses, là je sais être généreux.

Pourquoi je me remémore tout ça moi ? Ah oui ! L'agent du CP 5 et tout le tintouin.

- Qu'est-ce qu'elle a à voir 'vec le CP 5 la pauvre Taline ?

J'aurais peut-être pas dû lui filer les dix millions à celle-là en fin de compte. À tous les coups elle a fait des folies de son oseille, assez pour attirer l'attention du CP 5 en tout cas. Bien pour ça que les bons pauvres font des mauvais riches, y savent pas comment dépenser leur fric comme y faut.

- Figurez-vous que peu de temps après votre départ, cette simple fille de joie a curieusement fait fortune....

Ouuuuh, ça sent l'accusation à peine voilée ça. Dissipons, dissipons.

- M'étonne pas. Avec c'qu'elle facturait par turlute, et avec c'qu'elle pompait à l'heure, l'aurait pu financer le G.M à elle seule harf harf harf !

Une grivoiserie et ça suffira pour détourner l'attention. J'enchaîne pour être sûr qu'il revienne pas sur ce point.

- Et par faire fortune v'voulez dire ...?

- J'entends par là que sa société de cosmétiques conçus à partir de produits marins ferait un bénéfice annuel de cent millions de berries.

La pute ! Euh non, pas la pute, c'est pas une insulte pour elle. La salope ! Oui, la belle salope. Je l'aide à sortir de sa misère, juste histoire que les mineurs de tous horizons arrêtent de forer sa galerie pour trois piécettes, et elle, elle me renvoie pas l'ascenseur maintenant qu'elle est blindée ?! Et qu'elle dise pas qu'elle savait pas où me contacter, je lui avais laissé mon numéro d'escargophone. Putain j'en reviens pas, cent millions par an...

- Et qu'est-ce qu'vous attendez d'moi au juste ?

La salope... J'en reviens toujours pas.

- Un agent du CP 5 vous attend au Baratie. Il vous communiquera les ordres en détails. Nous préférons ne pas le faire par escargophone pour éviter les interceptions. À vous d'user d'astuce pour l'identifier parmi les clients. Bonne soirée agent Oletto.

En temps normal ça m'aurait un peu agacé qu'y me raccroche au nez sans attendre que je lui réponde "bisous", mais je suis encore sous le choc de la révélation sur le patrimoine de madame turlute. Je me montre généreux et on me rend jamais la pareille, c'en est vexant merde.
Putain, si ma terrine était pas déjà froide, ça ferait une paie qu'elle aurait déjà refroidie. Même pas le temps de la savourer, je m'empiffre vite fait même si j'aime pas agir comme ça, et je pars en quête de l'agent qu'y m'ont foutu dans les pattes au dernier moment.
L'a demandé que je fasse preuve d'astuce l'autre con. Je vais quand même pas me casser le cul juste pour établir le contact. Mon met dévoré sans pouvoir être apprécié à sa juste valeur, je prends ma serviette pour me décrasser la bouche et je me lève de ma chaise. Elle grince ma chaise, comme si l'était soulagée que mon gros cul soit plus sur sa charpente.

Bon, y'a dix gugusses qui graillent en solitaire à leur table. Mon homme, ça doit être l'un d'entre eux. Alors, en bon professionnel d'investigation, je vais vers le type le plus proche, et je lui dis :

- Vous bossez pour le CP 5 ?

L'a l'air tout surpris que je le dérange de son tête à tête avec ses endives au jambon.

- Qu...euh... quoi ?

Non, c'est pas mon homme. Allons voir le suivant.

- Vous bossez pour le ....

Ah ! J'en vois un au fond de la salle qui lève la main. Y me tourne le dos dans son joli petit ensemble blanc et y tourne la tête délicatement en ma direction histoire de me faire comprendre que je devais arrêter mon cirque. Bah oui mon grand, mais si t'avais bougé ton cul pour venir à ma table j'en serais pas arrivé à cette extrémité. L'est dix-neuf heure, je suis en congé, j'ai les glandes et donc j'ai autre à foutre que de faire la chasse aux agents infiltrés. Vos gamineries sous couvert de discrétion, ça me lasse.
Sans me démonter en voyant  son petit côté menaçant passif-agressif, je bouge ma graisse jusqu'à me retrouver à sa table.

- J'te préviens tout d'suite mon grand, s'toi qui paie l'addition.
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Qui suis-je? Cette question occupait mon esprit depuis cette journée au Baratie. Quelqu'un savait qui se cachait derrière l'agent Lance C. Fairshield et ma seule préoccupation depuis lors avait été de traquer sans relâche ce mystérieux assassin.

Pourquoi?

Par peur de voir ma véritable identité révélée, moi, Nel Fairwing, innocent primé pour avoir mis un terme au règne despotique d'un criminel. Mais que restait-il vraiment de Nel Fairwing ? En entrant au service du gouvernement mondial, je pensais faire semblant de servir pour mieux atteindre mes fins mais à faire si bien semblant, j'ai l'impression de ne plus avoir à faire semblant. Mon visage a changé, ma façon de parler aussi et plus profondément encore ma manière de me taire et de penser. C'est cela précisément qui me fait le plus peur.
En fin de compte je cherche juste à ne pas voir atterrir sur ma tête une prime et à me retrouver chassé du Cipher Pol.


    - J'te préviens tout d'suite mon grand, s'toi qui paie l'addition.


J'en avais presque oublié l'immonde porc qui festoyait depuis une demi-heure en s'attirant la quasi totalité des regards de la salle. Chose assez normale puisqu'il devait à lui seul occuper les trois quarts de mon champ de vision. Comment était-ce possible d'en arriver à un tel niveau de gloutonnerie? Probablement en posant son postérieur à longueur de temps derrière un bureau tout en avalant le double de son poids en gras à chaque fois que l'heure d'un repas se faisait sentir.


    - Tu paieras le moindre berry de tes quatre entrées, triple panse.


Le CP2, le coin des planqués, vestige d'une organisation qui n'a aujourd'hui plus lieu d'être. Mais il en reste quelques uns. Les pires. Ceux qui placent l'argent au-dessus du tout. Ou la nourriture manifestement. Oletto Derrick. On ne m'en avait rien renseigné, mais les longues minutes passées à l'attendre recevoir son appel m'en avaient dit plus que nécessaire.

    - De l'originalité, génial. Tu l'as eu en promo avec ton joli p'tit costume de tantouse ?


Il grommelle et tire longuement sa chaise. Faut qu'il puisse caler son bide entre le dossier et la table. Les serveurs sont à l’affût à chaque fois qu'il s’assied. Un type dans son gabarit, c'est un coup à le voir se ramasser sur le dos après après avoir ratatiné la chaise. Et les procès c'est coûteux. Pas le mobilier, ils ont l'habitude de le ramasser à la petite cuillère régulièrement maintenant.


    - Au sujet donc. Olivia Astelle dispose aujourd'hui d'un embryon d'empire économique. Ses produits sont appréciés et la demande ne fait qu'augmenter. Les spécialistes économiques du Cipher Pol ont déterminé que son chiffre d'affaire allait tripler au cours des cinq prochaines années. Le gouvernement souhaite donc mettre sa main sur cette entreprise avant qu'elle n'explose radicalement.


Je dépose quelques documents étayant mes dires sur la table, dont une escargophotographie récente de l'ancienne courtisane. Seul papier qui semblait réellement l'intéresser.

    - Sauf que les premières investigations menées ont révélé des informations inquiétantes.
    - Y'a toujours un hic, fit-il en ventilant avec une serviette sa tête à l'air un peu pâlotte.
    - Un gros, en l'occurrence. La matière première qu'Olivia Astelle utilise pour réaliser ses cosmétiques est bien évidemment gardée secrète par cette dernière. « Les produits marins » n'est qu'une des nombreuses formulations qu'elle utilise pour camoufler aux yeux du public et de ses concurrents une réalité plus ennuyeuse. Car son fournisseur principal est Aldo Vichten, homme influent suspecté d'être l'une des personnes à l'origine d'un trafic de dial. Qui sait jusqu'où Olivia Astelle est impliquée. Victime ou complice, elle est de toute manière notre seule porte d'entrée vers la clé de cette affaire : le réseau d'Aldo Vichten. Encore faudrait-il pour ça avoir accès à la bonne recommandation de cette Olivia. Vous voyez où on en v...


*BLEEEUUUUUARGH*

La terrine de poisson était peut-être pas si fraîche que ça en fin de compte.
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Ah la vache, rien à faire, fréquenter ces loques du CP 5, ça me fout toujours des hauts le cœur. Et vas-y que ça prend des grands airs pour t'exposer la situation, et vas-y que ça joue les ténébreux. Mais redescends de ton piédestal lopette, je les connais bien moi les agents de terrain de ta branche. Ça se croit fort parce que ça a assassiné quinze personnes dans leur sommeil pendant qu'ils avaient le dos tourné. Si j'étais toi, je me la péterais pas.

- Serviette.

Y fronce. Doit se demander si j'ai écouté un traître mot de ce qui vient de me jacter à la gueule. Ou alors c'est peut-être parce qu'y pige pas que je lui donne un ordre. Eh oui mon petit père, c'est pas un puceau qu'a au bas mot vingt ans de moins que moi qui va mener la danse. Ça se permet de regarder de haut le CP 2, mais va falloir que je lui enseigne un bref récapitulatif sur la hiérarchie qui nous sépare.
Je brisais des crânes dans la marine d'élite que lui flottait encore dans les couilles du loqueteux qui a dévergondé popol dans la première pute venue. Rien à foutre de ce qu'en pense le bureau, MON indic, MA mission. Pas un gamin qui va faire sa loi.

- File-moi ta serviette j'viens d'te dire.

Mais tu peux plisser les yeux et fermer ta carte des menus d'un air dramatique, j'en ai toujours rien à carrer. J'assure ma domination sur les petits cons dans ton genre. C'est mon côté paternel. Eh puis chez moi le côté paternel, ça finit généralement avec des mornifles dans les joues. Alors tu ferais mieux de me passer ta serviette avant que je salisse ton beau costume.

Ah ? Y la prend et y me la tend.
Je m'étais pas attendu à ça en fait... À vrai dire je m'imaginais vraiment qu'y serait un peu trop fier pour s'abaisser à ça, qu'y tergiverserait, qu'y jouerait la carte de l'impertinence ou de je ne sais quoi. Et là, y me donne la serviette comme ça. C'est bien mon gars, t'as pigé c'était qui le mâle dominant, t'es peut-être pas un cas si désespéré que ça. On finira par faire quelque chose de toi.
Je m'apprête à me servir et là.... cette bite de clown.... y me la jette à la gueule d'un mouvement du poignet.

- Vous pourrez frotter autant que vous le désirez, je crois que le problème d'hygiène viens moins des tâches que du visage sous le napperon.

Oh oh oh... Oooooooh oh oh oh oh oh oh... Toi, t'aimes le sport à ce que je vois. Doucement, alors que cette serviette, ce casus belli je devrais dire, glisse le long de mon visage, je me lève en prenant appui sur la table. Ouais, va y'avoir du sport. Du lancer de poids, du lancer de poids mort même. Mort aussi bien au sens propre que figuré.
Lui y reste assis, les jambes croisées à faire son précieux, comme s'il était pas impressionné. J'adore ce genre de type. C'est froid, implacable, ça a l'air inébranlable, alors forcément... c'en est que plus savoureux quand ça se met à chialer et implorer votre pitié. Y'aura pas de pitié pour toi ma belle.

- Est-ce que l'on peut passer au plat de résistance messieurs ?

Plat de résistance ? Comment ça plat de résis... oh merde ! Je tourne à la tête à droite à gauche, y'a plein de monde en fait ! Ce type... Y me tape tellement sur le système déjà que j'avais carrément oublié qu'on était au Baratie. Oula Derrick, oulala même. Rassieds-toi, t'as failli emplâtrer un collègue dans un lieu public. C'est faute grave ça, ça va chercher loin niveau sanction. Faut que je me contienne. Restons professionnels.

- Ouais, j'prendrais la potée inarienne pour commencer.

Bon, maintenant restons professionnel dans le domaine du travail. L'autre pisseux y consomme toujours pas. Dix minutes qu'y rumine sa salade. Salaud d'herbivore. En attendant qu'on m'apporte ma pitance, faut bien qu'on continue de bosser ensemble.

- Déjà, l's'appelle pas Olivia mais Taline !

De un ! Et t'as beau rouler des yeux, c'est comme ça que je l'appelais, donc c'est comme ça qu'elle s'appelle. J'ai déjà du mal avec les noms, va pas me compliquer la tâche à l'appeler "Olivette" ou je sais pas quoi.

- Pis la Taline, moi j'peux entrer en contact avec elle, mais toi là, avec ta gueule de merlan frit, tu l'approches pas à moins de vingt nœuds. Eh pis qu'est-ce qu'vous allez lui chercher des crosses à ma Taline ? Elle fait du biz de manière illégale ?
Mais tant mieeuuuux ! Ce s'ra plus facile pour la faire chanter et l'obliger à filer une part au G.M. Hop, problème réglé, tout l'monde est content.


Mais évidemment l'autre, l'a pas l'air content. Et y me bassine déjà avec ses grands principes à la con "gnagnagna devoir", "blablabla criminelle", comment on peut bosser au Cipher Pol et être aussi chiant je vous jure ?

- Le CP 2... Toujours à réfléchir sur le court terme. Savez-vous ce que sont des Pyro Dials agent Oletto ?

Qu'est-ce qui m'emmerde avec ses pyro dials celui-là ?

- Ouais, les trucs des z'îles d'là-haut pour faire cuire leur bouffe tout ça.

Arrête de rouler des yeux putain, je te jure qu'elle va partir.

- Vous confondez avec les Heat Dials. Les Pyro Dials sont bien plus puissants, capables de projeter des flammes sur plus de dix mètres. Le G.M a réussi à contraindre les îles célestes et limiter la manufacture de ces engins pour les destiner à la confection industrielle stricte. Seulement, on a eu pas mal d'incidents au cours des derniers mois.

C'est vrai qu'on parle assez souvent de barges qui font les cons avec les allumettes dernièrement. Je pensais que c'était juste un pince-nouille avec un Logia, le genre de truc dont je me mêlerais pour rien au monde. Ce serait un trafic ? Y veulent sûrement le démanteler. Mais putain, si j'arrive à la jouer fine, y'a moyen de mettre la main dessus et d'assurer des revenus réguliers pour le G.M...
J'ai bien trempé dans le trafic d'armes après tout, alors un Pyro Dial ou un fusil, kif-kif bourricot.

- La chaîne de distribution est assez chiante à démêler. Seulement, on a trouvé un maillon faible : Olivia Astelle.
Des agents de votre bureau ont analysé le bilan de sa comptabilité suite au succès subit et suspect de son entreprise. Étant en contact avec un des plus gros suspects responsables du trafic, on présume qu'elle lave leur argent sale.

Ça explique pourquoi elle m'aurait pas rappelé pour partager. Ça, et le fait que ce soit une pute vénale et sans scrupule. Enfin, elle m'a l'air de s'être empêtrée dans une belle galère, je peux éventuellement lui pardonner ça si elle me laisse un peu toucher à tout le fric qu'elle chie à la tonne.

- C'est pour cela que le CP 5 m'envoie pour infiltrer. Votre tâche est de tromper sa confiance pour me permettre de l'approcher au plus près dans son activité. Il faudra établir un plan précis, nous trouver des couvertures crédibles, sans parler de...

- Mais mon pauv' garçon ! Tu t'compliques la vie !

Là, l'a l'air un peu surpris de ma réaction. Y me voit sortir mon escargophone avec un petit répertoire de numéros et y me dit :

- Vous n'allez quand même pas...

- Allo ! Taline ?! Derrick tu t'souviens ?!

- Ce con l'avait approchée sans couverture...

Eh là je commence à la baratiner un peu. Facile. Une pincée du "bon vieux temps", un zeste de "qu'est-ce que tu deviens", de l'enthousiasme, et après avoir causé de tout et de rien on raccroche.

- Elle arrive ici une heure ou deux. Voilà mon plan ! On va c'mmander à bouffer, y'aura d'la viande, d'légumes et même d'féculents, pis quand elle s'ra là on lui d'mand'ra c'qu'elle préfère entr' finir au fond d'East Blue les pieds dans l'béton et collaborer avec l'G.M.

Peut-être qu'à ce moment là, mon pisseux de service à pigé que j'étais pas un rigolo. Qu'est-ce qui croyait l'autre, que le fric qu'on récupérait c'était grâce à de la douceur et de la bienveillance ? Où qu'il en est l'autre ?
Ah, on vient de me servir, je m'en frotte les mains. C'est que ça a l'air foutrement bon.

- Commande ! Crois-moi celle-là, t'veux pas avoir à la gérer l'ventre vide, c'est une coriace. La viande est exquise, tu d'vrais goûter.
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Les serveurs commençaient à me regarder d’un air suspicieux. Deux heures assis à une table et une assiette de crudité toujours intacte. Aucun doute sur le fait que je contrastais étrangement avec le ventre sur patte assis devant moi.

    - Le trio de la mer s’il vous plaît.

 
De la viande. Un restaurant au beau milieu de la mer et il voudrait me voir commander de la viande… Tss, comme si ça importait.
 
D’un coup, les minutes qui me semblaient jusque-là interminables se mirent à filer plus vite qu’il n’en fallait à l’Agent Oletto pour engloutir un plat en sauce. Cet abruti aussi con que gros venait de réaliser un record. En un appel il venait de compromettre ma couverture, la sienne et avait alerté implicitement que le CP2 en avait après les fesses d’Olivia. Il n’y avait plus qu’à espérer qu’elle était au moins aussi atteinte que lui.
 
Je déteste travailler en duo.
 
    
        ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
 
 
Le bruit d’une porte qui s’ouvre. Puis rapidement, un mince filet d’air qui vint rafraîchir la nuque des clients. Tac. Tac. Tac. Les talons aiguilles heurtaient le sol à chaque pas laissant s’échapper un son franc. Son instigatrice ? Une grande femme à l’air sévère. Vêtued’une longue veste tirant dans des tons bruns, on sentait sa détermination rien que dans sa posture. Difficile d’imaginer qu’il s’agissait là d’une ancienne prostituée.
 
    - Oh hééé Taline ! Par ici, qu’il fit en remuant la main.

 
Une discrétion sans faille, sa marque de fabrique. Si certains ignoraient notre présence, c’était chose réglée. A peine l’eût-elle aperçu qu’elle s’illumina. Ses épaules s’ouvrirent, son sourire apparut et sa marche s’accéléra dans notre direction.
 
 
    - Dédé !

 
La bise. Il venait de se lever pour lui faire la bise. Il venait de la placer – pendant un court moment tout du moins – au-dessus de son festin. A retenir, ça pourrait servir.
 
Après quelques platitudes échangées en toute sympathie, Oliva Taline se tourna vers moi. Elle me zieuta avec un air d'incompréhension pendant quelques secondes. Temps judicieusement utilisé par l’Agent Oletto pour planter un nouveau coup de fourchette dans sa gamelle.
 

    - Joseph annonçais-je en tendant la main.

 
Une chance pour moi l’épicurien en face de moi ignorait tout de mon identité si ce n’est mon appartenance au CP5.
 
    - Olivia Taline.

 
Son poux était régulier. Soit elle ne se doutait de rien, soit elle cachait très bien son jeu. Mon apparence juvénile tendait à faire baisser leur à la plupart des gens. Elle n’y faisait peut-être pas exception.
 
    - J’tai commandé ton plat préféré Tanine, du bon vieux ragoût aux épices.

La viande trempant dans son jus emplissait la table de son parfum. Il en venait presque à recouvrir l'eau de rose dont Olivia s'était sans doute immergé pendant une journée. A présent que je la voyais en chair et en os, elle semblait bien plus manipulable que la description qu'on m'en avait faite. Parfait. Vu qu'Oletto ne viendra soutenir aucune manoeuvre un tant soit peu subtile, je n'avais pas d'autres choix que d'y aller franchement.

    - Madame Taline, il y a deux façons possible dont vous allez sortir de cet établisssement. Vous savez lesquelles?

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- ...

- ...

- ...

- Et c'est qui lui à la base ?

Qu'est-ce que c'est que cette manière de travailler Joseph... On menace la dame d'entrée ? Mais comment t'as eu tes galon bon Dieu ? Du tact, de la patience, merde à la fin ! On sourit, on évoque des banalités et on se démerde pour que la cible donne les informations qu'on désire comme si ça avait été son idée depuis le début.
Si j'avais pas déjà autre chose à foutre de mes journées je deviendrai chef du CP 5 histoire d'y remettre de l'ordre. Ouais, carrément. Pourquoi pas après tout ? Si ce type peut être agent chez eux, j'aurais jamais le moindre mal à devenir l'Empereur là-bas, semblerait que ça soit la planque pour les premiers pisseux venus en plus. J'ai toute mes chances.

- Dis donc Jojo la frite, où qu'c'est qu't'as été élevé ?

Pour forcer le trait et sauver la face, je lui aurais bien mis une soufflante en criant "galopin", mais je crois que ce petit con aurait été foutu de me péter le bras. Sont cons au CP 5, mais sont balaises et susceptibles. D'ailleurs bien pour ça que personne n'ose leur dire qu'y font mal leur boulot.

- S'cuse-le, c'est mon n'veu. J'ai essayé d't'en parler à l'escargophone, mais vu qu'tu m'as pas laissé en placer une harf harf harf !

- Oh comme si j'étais une grande bavarde ! Que je sache t'as jamais eu à te plaindre de ma conversation, et puis toi aussi tu causais pas mal sur l'oreiller je te rappelle. Je compte plus le nombre de fois où t'as insisté pour dire que tu bossais pour le Cipher Pol juste pour m'impressionner et pas avoir à payer uh-uh-uh !

Oulaaaaa Taline, oulala même.... Dis pas ça devant Jojo la frite ! Là c'est lui qui serait foutu de dénoncer ma supposée "incompétence" parce que je suis pas un de ces planqués qu'ont besoin d'une couverture. D'accord, je l'ouvre peut-être un peu trop pendant mes missions, mais ça m'a jamais empêché de les mener à bien merde ! Eh puis celle-là, elle causait moins quand elle avait la bouche pleine bordel. Est-ce que je viens dire en public comment tu bossais à l'époque moi ? Non, parce que j'ai du tact, de la patience et.... et puis merde, elle m'a énervé !
Entre l'autre con qui a la subtilité d'un babouin en rûte pour exiger des informations et cette peau de vache qui parle à tort et à travers, je suis un peu pris dans un étau. Et l'étau, je commence à avoir une idée bien précise de l'endroit où il se trouve, parce qu'y faut dire qu'y me cassent bien les couilles tous les deux.

Bon, le bureau m'a jeté cette mission, cette bombe à retardement plutôt, entre les mains, faut que je désamorce.

- Taline, j'dois t'avouer que j't'ai pas invité sans avoir une certaine arrière pensée.

Et cette morue, cette concierge en puissance - oui j'exagère un peu - elle commence à se redresser, à se donner des airs de grande dame et elle me coupe.

- Navré Derrick, j'ai raccroché, maintenant j'ai un travail réglo. J'ai plus ou moins rejoint les grands de ce monde uh-uh-uh.

Que je sache, durant leur jeunesse, les grands de ce monde se sont pas fait reluire tout leur système digestif d'un bout à l'autre moyennant finance. Enfin, je vais pas formaliser là-dessus. Je sens le regard de l'autre Joseph qui me transperce presque. Sans un mot, j'essaie de lui faire comprendre que je l'ai en main la Taline, mais l'a pas l'air convaincu, je le lis dans ses yeux de poisson mort. Y fout les boules ce gamin. Plus vite j'en aurais terminé avec cette putain de mission, plus vite j'en serai débarrassé.

- Ouais, ouais, j'ai entendu dire ça... Y se trouve just'ment qu'mon n'veu a des amis dans un certain départ'ment comptable d'une certaine île où une certaine entr'prise de cosmétique aurait commis un c'rtain blanchiment d'argent.

Et je sirote une gorgée de mon thé pour marquer la fin de ma réplique, parce que là la Taline, elle est blême. Tiens, depuis quand on a servi le thé ? Merde c'était le récipient de crème. Te rétracte pas Derrick, t'aurais l'air con, aie l'air naturel et tiens t'en à ta décision.
J'aurais aimé pas être aussi direct, mais le petit con, coudes sur la table - mal élevé va - mains entrelacées posées sous son nez, l'a pas bougé d'un pouce depuis tout à l'heure, y fout la pression. Un putain d'alligator qui bouge pas pendant des heures avant de te sauter à la gueule pour te bouffer. C'est tout du moins l'impression qu'y donne.

- Je... Je ne vois pas de quoi tu p...

- Ne nous faites pas perdre notre temps mademoiselle Astelle, il est rare et précieux.

Là-dessus y sort une photo de sa veste, avec cette minutie dans le geste, un vrai maniéré. Dessus y'a la tronche d'un bonhomme. Une sorte de blond avec une gueule arrogante qui donne envie de le tarter jusqu'à saigner des paumes.

- Jojo, c'pas l'moment pour montrer une photo d'ton p'tit ami à la dame. Un peu d'tenu. J'suis connu ici en plus, on peut pas savoir qu'mon n'veu c'est en fait une tante.

Ouais, je tente de détendre l'atmosphère. Personne rigole. Faut dire qu'y z'ont pas eu l'air de m'écouter non plus, regard plongé l'un dans l'autre, j'ai vraiment l'impression de tenir la chandelle. Tant mieux si y se sont trouvés, j'ai pu qu'à foutre le camp alors. Mon travail ici bas est rempli. Ouaip. Tout est en ordre. J'ai plus qu'à décamper. Y suffit juste que je me lève de ma chaise pis hop, je prends la navette pour retourner sur l'île la plus proche. C'est faisable, c'est même à faire.
Pourquoi je le fais pas ? Parce que Jojo la frite.

Autant Taline m'énerve, mais je sais reconnaître une amie quand j'en vois une. Qu'elle magouille.... c'est certainement pas moi qui vais lui jeter la pierre. Qu'elle pète aujourd'hui plus haut que son cul... ça justifie pas que je la laisse seule avec Joseph. Au CP 5, au CP 8 et au CP 9, la torture c'est pas une mesure d'urgence mais une prérogative.

- Vous connaissez l'homme de la photo mademoiselle Astelle, ne cherchez même pas à le dissimuler. Tous les renseignements qu'on veut sur lui, vous allez nous les donner. À partir d'aujourd'hui, vous respirerez quand on vous dira de respirer, vous clignerez des yeux quand on vous y autorisera, et si vous collaborez convenablement à mon enquête, vous aurez peut-être la chance de retourner faire le tapin.

Joseph... On utilise le concombre la carotte avant de sortir le bâton. Menacer comme tu le fais, non seulement c'est con, mais en plus c'est contre productif. Là y lui propose de bousiller sa vie contre sa collaboration, qu'est-ce qu'il espère obtenir au juste ? C'est plus de l'incompétence, c'est du sabotage. J'interviens ? Ouais, j'interviens.

- Bon Joseph, maint'nant tu laisses causer les grandes personnes entre elles.

Fallait que je m'impose. Taline a la tête baissée, elle serre aussi bien les poings que les dents, les larmes aux yeux. C'est pas de la peur, c'est de la rage qu'elle a dans le regard. Et Dieu sait que la colère n'est pas bonne conseillère. Mieux vaut que je m'improvise avocat pour lui éviter de causer et de se foutre un peu plus dans la merde.
Doucement, je pose une main sur la sienne et je peux pas m'empêcher de soupirer légèrement. Putain, ce que je vais faire ça m'arrache autant la gueule que ça me crève le cœur.

- Ma vieille, tu t'doutes bien qu'si un p'tit salopard comme Joseph vient te chercher des noises aujourd'hui, c'est qu't'as merdé. Et en beauté...
J'tais pas au courant d'c'ette histoire jusqu'y a une demi heure. Autr'ment, crois-moi bien qu'j'aurais pensé à un truc pour t'aider à t'en sortir.


- Renoncer à une couverture, aider des coupables à se soustraire au GM, ma parole Oletto, vous êtes une perle.

Un instant je lève les yeux de ma pauvre pute pour les tourner vers un autre genre de petite salope. Joseph, me pousse surtout pas à bout.

- Y me semblait t'avoir dit d'fermer ta gueule toi.

Bataille de regard. Moi je suis pas un combatif ou un violent de nature. Si je peux éviter le combat, je le fais. L'humilité a jamais tué qui que ce soit, au contraire. Mais là, faut que je tienne le regarde de cette enflure. Me piétiner pour une mission passe encore, mais se torcher avec mes proches, c'est pas une bonne idée si on veut rester dans mes bonnes grâces.
Nom de... Semblerait que je l'ai un peu désarçonné. Pour la première fois depuis un temps, alors qu'il était resté figé tout ce temps, glacial, inamovible, y décroise les doigts et se redresse légèrement.

- Laissez de l'autonomie aux médiocres et voilà comment ils vous remercient. Oletto, partez. Votre mission était simplement de me mettre en contact avec une de vos relations. Le CP 5 vous relève de vos fonctions. Retournez faire des réserves de gras et culbuter des croupes tarifées, c'est encore là que vous êtes le plus doué.

Je l'avais pourtant dit au bureau que je voulais jamais collaborer avec d'autres services du Cipher Pol. M'ont pas écouté. J'ai même insisté, doit y'avoir deux-trois rapports archivés qu'en attestent. Les ont pas pris en compte.
En cet après-midi radieux, alors que je lâche la main de Taline et que je me lève, je m'en vais donner une bonne raison au CP 2 de plus jamais me foutre en relation avec des branques du CP 5. Joseph... nan, pas Joseph, sûrement une couverture encore, un subterfuge de planqué. Bah "Joseph" en me quittant pas des yeux mais en restant assis, paisible, y comprend bien ce qui va se passer dans pas longtemps. Bien pour ça qu'il enlève ses gants. Maniéré, toujours.

- La table qui nous sépare fait un mètre cinquante-cinq de diamètre. Nous nous trouvons chacun à une extrémité opposée. Le temps que vous vous jetiez sur moi, j'ai au moins quinze manœuvres envisageables pour vous neutraliserf. Rasseyez-vous Olet.....

Exact mon vieux, on est chacun à une extrémité opposée de la table. Moi, j'ai pas l'œil suffisamment affûté pour connaître les dimensions de la table, mais je te crois sur parole. Seulement, j'ai pas besoin de contourner cette putain de table ou de passer au dessus pour t'atteindre. D'un bête coup de poing sur mon rebord, le plateau de la table s'est détaché du socle, si bien que l'autre rebord s'est élevé d'un coup dans le menton de ce brave Joseph.
L'en est tombé à la renverse. Ce qui l'a plus surpris, c'est pas le coup, c'est le fait que je sois arrivé à le blesser ne serait-ce que légèrement.

L'est soudain plus vif quand y se relève et qu'il essuie de filet de sang qui lui coule de la lèvre.

- Agent Oletto, vous me voyez contraint de vous expliquer la différence entre CP 2 et CP 5. Un rappel administratif s'impose.
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Déjà, les serveurs commençaient à mettre la vaisselle à l'abri. Ces vétérans des affrontements soudains au beau milieu de leur lieu de travail apprenaient sur le tas qu'au Baratie, les bénéfices ne se faisaient pas tant sur le talent de leurs cuistots que sur l'habileté des garçons de salle à préserver le mobilier et l'argenterie intacts. Une précaution des plus intelligentes, tout spécialement lorsque le duel qui s'annonçait opposait deux agents du Cipher Pol. Ça bien sûr, les nombreuses têtes surprises par le coup que venait d'asséner un type rondouillard à un jeune garçon ne le savaient pas.

Lance était écœuré. Lui qui gardait toujours un sang froid impeccable et organisait ses missions avec la plus grande finesse pour ne rien laisser au hasard, le voilà qui prit par surprise menaçait une cible de la plus haute importance avant de baisser sa garde au point de laisser un lourdeau lui loger une droite en plein dans la mouille.
Cette histoire désastreuse était définitivement la faute d'Oletto, cet épicurien plus opportuniste qu'agent du Cipher Pol. Alors pas le temps de faire dans la dentelle. Lance n'appréciait déjà pas les affrontements directs en temps normal, mais au beau milieu d'un public attentif, voilà qui ne lui plaisait encore moins.

Oletto eut juste le temps d'apercevoir une longue flèche noire écartant son ancienne conquête qu'une longue tige blanche s'approchait dangereusement de son flanc. Mauvaise idée de viser un endroit protégé par au moins dix bons centimètres de gras régulièrement nourri. En particulier quand celui-ci était renforcé par un tekkai de bonne facture. A moins d'être une jambe entraînée et bien déterminée.

Pas un mot mais toute une histoire venait de se dessiner sur le visage du bon vieux Oletto qui glissa littéralement tel un bloc de fer sur le sol du Baratie, faisant voltiger au passage quelques tables et leur contenu sur les spectateurs médusés.

    - Pff... c'est pff... c'est tout ? Va falloir pfffffffffffffff...


Une petite pique bien acide devait sans doute accompagner la fin de sa phrase, mais après quelques secondes et malgré l'adrénaline qui venait un peu atténuer sa douleur, Oletto conclut qu'elle n'était peut-être pas si indispensable. Mieux valait reprendre son souffle à coup des grandes inspirations.

CP5 à la charge. Lance ne comptait pas laisser de temps mort. Pourtant même lui fut surpris quand les énormes membres graisseux de son adversaire vinrent s'enrouler autour de lui avant qu'il n'eut le temps de frapper. Toujours se méfier des types enrobés, surtout que celui-ci n'était pas en manque de force.

Lance se rappelait de tous les enseignements de son précepteur. « Quand tu te fais choper, ça sert à rien de bander les muscles. Le type a généralement une amplitude de mouvement plus importante et toi t'es saucissonné comme un con. Là la bonne solution c'est le Kami-E. Je te montre. »

Une solution imparable, quand on connaît la technique. Mais Lance était loin d'être au niveau de certains agents d'élite maîtrisant tous les aspects complexes du Rokushiki. Le Kami-E et surtout son utilisation lui était restée jusqu'à présent inconnue.

    - Black Hedgedog


Il n'en avait pas prononcé les mots. Mais voilà une appellation tout à fait adéquate pour la technique qu'il venait de réaliser. Une foule de vecteurs partant de ses extrémités étaient venus glisser sur son corps pour soudainement exploser dans toutes les directions, formant une sorte de bogue épineuse autour de lui. L'étreinte d'Oletto céda immédiatement alors que ce dernier fut projeté contre le mur du Baratie, y laissant l'empreinte de son corps à coup de fissures. Cette fois-ci l'onde de choc le fit cracher du sang entremêlé de restes de nourriture plus ou moins identifiables. Quelques secondes plus tard, son corps se décolla de la paroi pour plonger tête la première en direction du carrelage souillé avant d'y être cloué définitivement par plusieurs flèches.

Debout face à son crâne, Lance se mua dans le silence le plus complet. Alors que des soupirs de soulagement remplissaient la salle, Lance dirigea sa main gauche au dos de sa veste blanche maintenant légèrement tâchée. La tête de l'agent du CP2 se releva vivement quand il entendit un bruit métallique étrangement familier.
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Je veux même pas savoir d'où il les a sorties ses flèches-là. Y'a un début de piste qui chemine dans ma tête, mais j'irai pas jusqu'au bout de ma théorie sur la provenance. Ma tête putain, fait mal. Me suis mal réceptionné faut dire. Comment j'aurais pu prévoir que ce merdeux mangeait des fruits qui filent ce genre de chiasse ?

Pas bon ça, pas bon du tout même. Pour lui, pas pour moi. Si y croit que c'est une connerie de flèche magique ou je sais pas trop quoi qui va me niquer, y se goure. Moi un môme impertinent comme ça, je le remets sur le droit chemin avec des bonnes mornifles de daron, le genre qui rendent le visage asymétrique. Petit con va.
Me relève, je prends appui sur la table dans laquelle y m'a envoyé paître - pardon madame monsieur - j'ai les guibolles qui vacillent un peu. Heureusement je vois pas trouble. Bon, en fait je vois plus rien. En me cognant, je me suis ouvert le crâne, ça pisse, ça coule en cascade, j'en ai plein les mirettes.
Où qu'il est ce petit enf....

- BwAaaAaRgh !

Ah, il est là. Un coup de Soru et y m'attaque dans un angle mort. Y joue avec moi ce fumier. On va voir qui rira le dernier. Parce que c'est pas parce que je te vois pas que je peux pas t'avoiner. L'est petit le restaurait, je te choperai à un moment ou un au....

- HuMmMPff !

Putain un direct au bide. Pas eu le temps d'activer le Tekkai. Y cogne dur le merdeux. Surtout que comme je vois pas d'où ça vient, ça surprend, et ça fait encore plus mal. Mal parti pour ma gueule ce combat. C'est que je sais même plus pourquoi je l'ai commencé. Pourtant, j'ai pas la trempe d'un impulsif, comment j'ai pu m'embarquer dans cette galère ? Ah oui... Taline. Faudrait pas être sentimental moi je dis.
Tout ça parce que je l'ai gentiment embrochée y'a plusieurs années de ça, voilà que je me sens obligé de défendre son honneur aujourd'hui. Ce que j'ai connu avec elle, ça a commencé par la pine et maintenant ça a gangrené jusqu'au cœur. Vacherie de bonne femme.

Je l'entends qui hurle, qui chiale. C'est que je dois pas être franchement beau à voir pour qu'elle ait pitié de moi à ce point.

- T'inquiète peau d'vache, j'vais m'refai....

Et faut que l'autre me foute deux coups de pied dans les genoux au même moment. Véloce la carne. Je tiens pu, j'ai trop morflé. Si y'avait pas eu ce putain de fruit du démon dans l'équation associé à l'effet de surprise, l'issue aurait été différente. On a beau me prendre pour un spontané, je suis plutôt un stratège. En général je me bats pas à moins d'être sûr de gagner. Et voilà que je me torche avec ces principes élémentaires pour une petite conne. Ce genre de sentiment, ça s'explique pas, ça se subit.
Les genoux heurtés, évidemment je me casse la gueule. Cette fois je me relèverai pas. On a beau jouer les héros, faut s'avoir s'admettre vaincu. Le pouvoir de l'amour, de l'amitié, ce genre de merde qui prétendument te donnerait des ailes, c'est rien d'autre que de la connerie. Je vais rester au sol, face contre terre. C'est pas glorieux, mais j'y peux plus rien.

- Agent Oletto. Pour vos brillants états de service, je me sens obligé de vous congédier. Un rapport sera fait en temps et en heure pour faire état de votre trahison.

Trahison qu'y dit l'autre. Juste une petite correction des familles et lui, y parle de crime d'État. Petite bite va.

- Pour vous ce soir, licenciement, cellule, et le G.M préférant éviter que ses anciens agents ne deviennent bavard, exécution clandestine. Vous l'avez vu venir.

Ah bah non justement, j'ai rien vu venir. Honnêtement je pensais que j'allais te niquer espèce de petite pourriture. Après, j'aurais juste eu à inventer une histoire sur ta disparition tragique et puis je finissais mon repas tranquille. Ça se passe jamais comme on le voudrait.

- Foutez-lui la paix !

- Vous n'êtes pas en position de me donner des ordres.

Si jeune et déjà pète-sec. Ça me coûte de le dire mais il a raison, ma brave Taline elle y peut pas grand chose. Ferait mieux de penser à sauver sa peau. C'est déjà trop con que je me sois condamné comme ça, la moindre des choses c'est au moins d'en profiter pour fuir. Ces bonnes femmes, elles réfléchissent pas je vous jure. Remarque, moi non plus j'y ai pas trop réfléchi avant de cogner Joseph.

- Vos informations, c'est juste ça que vous voulez ! Vous les aurez toutes ! Laissez-le en vie ! Ne le dénoncez pas et j'obéirai. J'obéirai...

Et là, le Joseph y se tait. Je vois pas sa gueule vu que j'ai la tronche qui est étalée sur le parquet du Baratie, mais elle doit être aussi glaciale que d'habitude. Seulement si j'avais pu voir sa tête, je suis sûr que j'y aurais vu de la satisfaction. Putain ma grande, tu lui donnes ce qu'il voulait sans négociation. Sûrement pour ça qu'y m'a pas achevé. Pas le genre de la maison au CP 5 de faire de quartier.
Y s'est servi de moi comme d'un otage pour qu'elle craque. Bien joué mon bonhomme, j'aurais fait la même chose que toi. Faut croire qu'on est taillé du même bois : une cime bien noire d'un arbre bien mort.

- Si ça peut me faire gagner du temps après en avoir perdu autant... Allons discuter dans un lieu plus convenable, j'ai l'impression que nous avons attiré tous les regards ici.

Et j'entends le bruit de leurs pas qui me quittent à une cadence lente, limite mortuaire. Tout ce que Taline trouve à me dire c'est "désolée".
Pas autant que moi chérie, pas autant que moi. Je les imagine en train de fendre la foule de clients qui sont restés à nous observer, à prendre la première navette pour quitter le bordel qu'ils ont foutu ici. Et c'est sûrement moi qui vais raquer pour les dégâts aujourd'hui en plus.

Je devrais arrêter de prendre des vacances ; pour ma santé, c'est pas trop ça. Pareil pour les putes, faudrait que je lève le pied, ça me réussit pas sur le long terme.
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