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The Mom's Nosh Cooks

La barque tranchait les vagues, une corde terriblement tendu plongeant dans le grand bleu. Crow, lunettes fumées sur le nez, fumait sa pipe, buvait son saké, les cheveux au vent. Bien étendue, elle profitait de son voyage, n'ayant pas besoin de forcé bien gros. On la traînait vers l'île de Baterilla, où la rumeur circulait qu'on demandait des bénévoles pour la cuisine. Et qui disait bénévole, disait boisson gratuite ! Ça sonnait ainsi entre les deux oreilles de la belle...
Puis, le vent tomba, la vitesse de l'embarcation également. La corde du bateau se détendit, coulant d'avantage. Quelques coudées encore, et bien que l'île était au loin (Crow la voyait à oeil nu), toutes machines s'arrêta. Une mouette piailla. Une ombre immergea au côté de la barque.
L'eau ruisselant sur sa tête d'enfant, la petite sirène regarda de ses grands yeux sa mère. Les mains sur la rambarde, elle haletait. Old Crow ne la regardait pas, préférant fixer le ciel.

« Ma... Maman ? J'suis fatiguée... On pourrait faire une pau ~ »
« Baka ! On f'ra pas d'pauses avant d'être arrivés ! Allez au boulot, c'pas moi qui vais la tirer, gueula-t-elle, son poing venant cogner le coco de sa fille. »

Cri suraiguë, la petite retombait dans l'eau, venant récupérer sa corde. Mais sa tête ressortit, et elle fixa sa mère, qui en faisait de même. Puis elles éclatèrent de rire, et Rosianne tira à nouveau sa matrice, la portant jusqu'à bon port.


Dans les cuisines du chantier, on était débordé. La vapeur, la fumée emplissaient toutes les cuisines, alors que le bruit chaotique des couteaux et le beuglement des cuisiniers en chef cassaient les oreilles. Les charpentiers bouffaient comme des porcs, en laissant la moitié joncher le sol, les couverts revolants. Ça n'arrêtait pas de grouiller, et un chaos monstre régnait. La pagaille, ils manquaient de main d'oeuvre, et ça paressait sur les bords. Un bon coup de pied aux culs, voilà ce qu'il faudrait pour réveiller un peu ces flancs mous !
Entre deux groupes d'affamés, la porte s'ouvrit. Le chef, débordé, se retourna, n'étant pas prêt pour accueillir de nouveaux charpentiers. C'était à peine si il finissait de coordonner pour débarrasser les tables et s'apprêtaient à charger les nouvelles assiettes... Du temps, un sursis, c'est tout ce qu'il demandait ! Pourquoi on ne voulait pas le lui accorder...

Au travers du rideau de fumée, dont il immergea, son mécontentement tomba. Il ne faisait pas face à un énième groupe, mais à des bénévoles ! Le bonheur ! Ils étaient là à point nommé ! Ouvrant les bras grand, il cria sa joie et les accueillis aux cuisines. Bien que tous ne le suivirent pas...


Se posant brusquement à une table, la belle défit son bagage, le posant sur la table. Elle descendit également des épaules sa petite sirène adorée, et la posa aux côtés du sac de toile contenant des ingrédients secrets. Elle se tourna vers le vieux monsieur, gestionnaire du tout. Un sourire se dessina sur le faciès de la brute, alors que celui de l'autre se décomposait. Si Si ! Il faisait face à Old Crow. Réputée pour massacrer ceux qu'elle ne voulait pas connaître dans les bars. Une vraie brute quoi, loin d'être la finesse même de la cuisine moderne. C'était à se demander ce qu'elle faisait là. Charpentier ?
Pourtant, elle était réputé dans sa région comme très sympa...
On juge toujours selon l'apparence, jamais pour ce que les gens sont vraiment...

« Yo, l'vieux ! Ma fille a faim ! Donnes-lui d'quoi, puis montre-moi nos cuisines ! Baka !, pas moyen d'être bien accueillis dans c'bled d'merdeux... Hein ma choupinette ? »
« Yep ! »

Et elles éclatèrent de rire. Une longue journée en perspective...


Spoiler:


Dernière édition par Old Crow le Lun 11 Juil 2011 - 20:15, édité 1 fois
    South Blue... Cela faisait maintenant un mois ou deux que nos deux protagonistes naviguaient sur cette mer. Ils avaient maintenant quelques repères, par-ci par-là et pouvaient se vanter d'avoir (presque) fait le tour de cet océan. Enfin, pour eux c'était toujours mieux de parler de West Blue étant donné qu'ils y avaient passé plus d'un an. Bah ouais, quand on voyageait beaucoup il y avait toujours beaucoup à raconter, ça allait ensemble. Ceci dit, ce n'était pas parce que le duo avait parcourut une grande distance qu'ils étaient connus. En fait, ils étaient plutôt du genre à attirer les ennuis mais à s'en sortir sans trop faire de vagues. Et puis, ce n'était pas le type de personnes à vouloir exploser la tête des innocents. C'était bon pour le karma, n'est-ce pas ?

    Une fois de plus et donc pour ne pas changer, on retrouvait Kana et Hotaru à bord du bateau qui les menait vers de nouvelles aventures. Ouais, un joli cliché de transition mais ce n'est pas ce qui va vous déranger, hein ? De toute façon, si ça vous emmerde bah vous avez pas le choix. Bon, pour plus d'originalité, mes fans observeront quelques différences, les autres iront se faire brosser.

    Le Royaume de Bliss était en vu, à environ une heure de navigation. Il était vrai que le rafiot qu'avaient empruntés Suu et son jeune frère n'était pas des plus performants mais pour un truc volé à la va-vite, c'était plutôt satisfaisant. L'albinos espérait que le port soit en face, tout droit devant, cela éviterait des manœuvres inutiles et puis, au pire, il n'y aurait qu'à nager jusqu'à la côte. Nan, les deux amis n'avaient pas décidé de garder la coque de bois, de toute façon elle ne tiendrait surement pas un trajet supplémentaire et la perspective de devoir nager sur une longue distance n'enchantait pas spécialement notre médecin. Il en était de même pour Ayami bien que lui pensait plus à la difficulté de ne pas pouvoir se ravitailler. L'effort physique demandait pas mal d'énergie donc il était évident que ils ne pourraient pas tenir.

    On voyait tout de suite, aux points de vus assez différents de nos deux protagonistes, qu'ils étaient sensiblement dissemblables. Au premier abord, on pouvait penser à travers leurs gestuelle et leur façon de parler identique qu'ils partageaient toute leur vie et donc leurs centres d'intérêt mais ce n'était pas le cas. Kana avait toujours été passionné par la médecine alors que le jeune garçon, lui, s'était naturellement tourné vers la cuisine qui représentait la vie, au même titre que le job de sa sœur d'ailleurs, mais de façon bien différente. Depuis tout petit, Hotaru se plaisait à accorder les gouts, les couleurs et adorait tout particulièrement les condiments et donc les épices. Assaisonner correctement un plat était primordial pour qu'il soit dégusté dans les meilleures conditions possibles. Gâcher de la nourriture pour un marin, c'était assez intolérable donc le blond n'avait pas trop le droit à l'erreur, même si il arrivait quelques fois qu'il y en ai qui se glisse entre les mets.

    Hé frérot ! Regarde devant toi ! C'est le port ! On aura pas besoin de nager ! C'est pas le paradis ça ? Nan mais regarde un peu ce chantier de fous...

    Oui, c'était vrai, le royaume de Bliss accueillait l'endroit où étaient construits les bateaux de la marine sur les Blues. Pour Kana, il s'agirait encore une fois d'essayer de se contrôler face aux bleus qui s'établissaient surement partout dans l'île afin de protéger le coin. Ayami quant à lui voulait être bénévole dans les cuisines. Il avait vu une annonce ce qui avait mené le duo dans ce lieu assez dangereux pour eux. Cela lui ferrait une bonne expérience dans le domaine et il pourrait montrer que les jeunes n'étaient pas fait que pour la plonge.

    Après une petite heure, il trouva enfin le lieu qui l'intéressait. Sa sœur était partie explorer l'île, ne voulant pas tout de suite se confronter à son problème majeur : le contrôle de soi. Bien évidement, Hotaru trouva sans problème une place dans le paradis des cuistots mais ce n'était pas réellement celle qu'il avait espéré. Encore une fois on le sous-estimait en raison de son âge. Il fut propulsé violemment hors de son eden avec une assiette à la main. Il devait servir une table où y'avait une brune avec une énorme poitrine (selon ses «supérieurs»). Ce ne fut pas sans problèmes qu'il trouva la planche avec quatre pieds en question mais la vache à lait était bel et bien là. Le jeune coq déposa le plat qu'il tenait sur la surface crasseuse.

    Voilà m'dame. Si j'étais vous, je ne mangerais pas ça. J'ai vu comment ça a été préparé et c'est assez répugnant. Ils ont pas de gouts les marmitons ici. Aucun assaisonnement. M'enfin, c'est vous qui voyez après tout, ce que j'en dis...
      South Blue, quelques mois plus tôt.


      Alors que Suiji avait décidé de ne pas y retourner, ses pas l'y avaient conduit suite à une missive de sa mère qui l'informait que son maître était gravement malade. Sans tergiverser, le jeune cuisinier avait tout de suite pris la mer, quitté North Blue pour regagner l'île du Karaté où il avait séjourné pendant près de deux semaines. Une fois qu'Atsuhito Mori fut de nouveau sur pieds, trop attaché à son indépendance, Suiji reprit la mer pour retourner explorer North Blue. Bien qu'attaché à sa mère et à son maître, seule famille du pirate, il se sentait trop étouffé sur cette petite île qu'il ne connaissait que trop bien.

      Il avait embarqué avec des marchands à l'air jovial qui l'avaient tout de suite adopté. Très vite, ses compagnons de voyage trouvèrent en Suiji un parfait camarade de jeu. Il ne reculait devant aucun défi, n'avait pas peur de mettre de l'argent en jeu, et se montrait d'un fair-play impressionnant. Même s'il restait nimbé d'une aura de mystère et de réserve, le pirate trouva rapidement sa place, aidant à la cuisine et à l'entretien du navire lorsqu'il n'était pas occupé par un pari stupide.

      Au bout de quelques jours, ils atteignirent le Royaume de Bliss où Suiji décida de laisser les marchands s'occuper de leurs affaires pour faire un peu de tourisme. Il ne connaissait pas cette île de South Blue, ou peu, et accompagné de son lémurien, il partit à la découverte de ce lieu presque inconnu.

      Par crainte de se perdre et de ne pas retrouver le navire, il resta près de la mer, et ses pas le conduisirent au chantier. L'odeur de nourriture qui s'élevait non loin de là attisa sa curiosité, et le jeune homme suivit son nez pour déboucher au milieu d'une foule d'hommes et femmes en tenue de cuisiniers, ou simplement vêtus d'un tablier.

      *Fiouuu ! Aurais-je trouvé la caverne d'Ali Baba ?*

      Intrigué, il épia les conversations et compris rapidement que tous ces gens étaient convoqués pour cuisiner. Sans se demander pour qui, ni pourquoi, Suiji suivit le mouvement, bien trop heureux de pouvoir exercer son art avec des confrères.

      Il se retrouva au milieu d'une cuisine débordante d'activité. Les odeurs se mélangeaient jusqu'à en devenir indiscernables ; les cris du chef résonnaient ; bruits de vaisselle, de casseroles, de couteaux explosaient de toutes parts. Un frisson d'excitation lui parcouru l'échine alors qu'il sortait l'un de ses propres couteaux de cuisine et s'approchait d'un plan de travail pour se mettre à la tache. Une conversation lui arriva, et il tourna son regard vers le jeune qui venait de critiquer l'assaisonnement du plat qu'il avait en main.

      Tant attiré par cette remarque que par l'énorme poitrine de la femme à qui le serveur c'était adressé, Suiji s'approcha et sortit de son sac une boite à compartiments, remplie d'aromates.

      « Eh bien montre à la dame comment un vrai cuistot devrait faire. »

      Il présenta la boite au gamin sans surveiller ce qu'il faisait, préférant admirer le corps de la jeune femme sans la moindre pudeur.

      [Pas du grand art mais ça suffira pour un début hein. Si quelque chose ne va pas : ma boite MP est toujours ouverte]
        Ce que Crow aimait : le tabac, le saké, la bagarre, le sang, les enflures, les os qui craquent, les nez qui craquent, la compote de pomme, sa fille, le poisson, sa force, son corps, ses yeux, sa pipe, sa poitrine, ses cheveux, sa majorité, son fils, son île ; les petits garçons haut comme dix pommes avec du caractère.

        Toutes deux, fille et mère, regardaient avec intérêt Hotaru venant critiquer cette gibelotte qu'on venait de lui servir. Elle n'aurait pas eu besoin de lui pour deviner que cela ne conviendrait pas à sa petite princesse, mais elle l'écouta, car en lui, elle voyait son fils. Crow sourit franchement, sans cynisme ni sarcasme pour un de ces rares moments. Un bout-de-chou miraculeux qui lui plaisait. Au départ, elle était un peu contre l'idée de venir profiter de cuisines en présence d'idiots et de faibles hommes. Ce fut sa fille qui, après de longues heures à insister, qui la porta jusqu'ici, et elle ne regrettait pas. Si c'était pour travailler avec le gamin, alors ça lui plairait.
        Elle coula un regard à Rosianne qui, les yeux pétillants, regardait ce garçon un peu trop vieux pour elle. Elle le trouvait intéressant ? Peut-être rêvait-elle déjà d'une vie en commun avec lui ? Il était vrai que sur leur île natale, la sirène n'avait pus trouver amis et bien que les poissons la divertissaient, elle était un peu lasse de cette vie unique que lui faisait vivre sa race et... sa mère. Partir à l'aventure — au côté de Old Crow — et braver les horizons inconnus, voilà ce à quoi elle aspirait. Elle souffrait, tout en en jouissant, de cette attache mère-fille. Hotaru devait-être un vrai délice pour ses yeux.

        La bonne humeur — comme toujours — s'estompa bien vite, alors qu'un mâle hypocrite venait fourrer son nez dans la rencontre. Bien qu'il semblait fort gentil avec le garçon, il reluquait la belle de cette façon si déplaisante. Bien qu'elle aimait mettre en évidence cette énorme attribut, Old Crow n'aimait pas qu'on le remarque. Son air se rembrunit, et la connaissant comme personne, Rosianne baissa la tête, se protégeant d'un bras. Lentement, la belle se leva, les mains au plat sur la table. Puis, sa veine frontale bien visible, elle se retourna vers S.O.S.. Mais au dernier moment, elle reprit son sac et passa à son côté. Elle n'allait pas s'énerver ici... Pour sa fille.
        Elle alla voir celui qu'elle avait déjà engueulée à son arrivé. Il déglutit. Qu'allait-elle lui sortir.

        « J'vais pêcher avec ma fille. »

        Aussi simple que ça. Elle se retourna, souriant méchamment aux deux autres. Les poings sur les hanches et un regard de défi, elle voulait s'amuser.

        « Gamin, tu m'prépareras ton plat au retour. Si on allait pêcher un peu ? Il va nous être utile, c'poisson ! Moi j'dis, celui qui en pêche le plus gagne ! »

        Puis elle posa sa fille sur son épaule, alors que elle tenait son sac plutôt lourd.
          Si il y avait une chose qu'il fallait savoir sur Hotaru, c'est qu'il avait l'habitude de la violence et de ce genre de comportements. Les changements d'humeur extrémistes également faisaient partit intégrante de son quotidien étant donné qu'il avait quand même comme sœur Kana. Ce n'était pas une chose à prendre à la légère ça. Cependant, alors que le jeune garçon allait tourner les talons, un type intervint. Il était grand et semblait assez mature. Son visage était fin et ses traits réguliers mais pourtant il générait une sorte d'aura froide. Tout autour de lui empestait le sang et la cruauté. Oui, vraiment, ce n'était pas le genre de gars qu'il fallait approcher et c'était d'ailleurs typiquement ces spécimens-là que Suu décimait. Ceux qui ne faisait pas attention aux sentiments d'autrui ne méritaient pas de vivre, ainsi, l'albinos se considérait elle aussi comme cette personne. Après tout, n'enlevait-elle pas la vie à des marines sans tenir compte de leurs familles comme ils l'avaient fait pour elle auparavant ?...

          La dame qui avait demandé un repas ne semblait pas satisfaite d'avoir été interrompue par l'étrange inconnu, elle se crispa de la même manière que la sœur de notre protagoniste et fit une sortie également digne de cette dernière. Pas mal de choses en elle lui rappelait la médecin, en commençant par le fait qu'elle trainait avec elle une petite fille. Ayami était obnubilé par le simple fait qu'il puisse être un boulet. Il s'entrainait durement pour essayer d'atteindre un niveau potable. Ceci dit, il allait faire une pause pendant qu'il était ici, ou du moins ralentir le rythme, il pourrait ainsi s'adonner à sa passion, la cuisine. Le garçon se retourna vers le drôle de type qui semblait être cuistot et lui montra l'assiette qu'il avait reprit en main.

          Pour rendre ce truc bon, il faudrait bien plus qu'un simple assaisonnement. Je retourne en cuisines, avec un peu de chance je n'aurais pas à faire la plonge.

          Sur ces mots, le coq se fraya un chemin vers la personne qui semblait diriger tout l'espèce d'énorme hangar qui servait de réfectoire. Pour pouvoir avoir accès aux fourneaux, il avait une idée bien à lui. Elle consistait à réaliser un concours dans les jours qui suivraient pour tous les amateurs de gastronomie. Les jurés seraient de simples types des chantiers qui venaient manger ici tous les jours. Ils n'auraient qu'à voter pour le plat qui leur avait semblé être le meilleur. Pour le gérant cela semblait assez compliqué surtout à organiser seul et si Hotaru tenait à son projet, il faudrait que les participants constituent des équipes de trois afin de pouvoir préparer assez de victuailles pour tous les ouvriers. Ce qui était bien pour le garçon, c'était qu'avec sa petite tête d'ange, on ne lui refusait jamais rien, ainsi même si cet homme était surbooké et plus que fatigué, il s'arrangerait tout de même pour organiser l'évènement, trouvant comme excuse que cela mettrait un peu d'animation dans l'ambiance pas vraiment survoltée de l'immense caffet'.

          Ayami repartit dans la banale direction des cuisines et se décida d'essayer d'améliorer la viande et les pommes de terre froides qu'il tenait dans sa main. Cela serait un bon challenge. Il occupa différents fourneaux durant l'absence de leurs propriétaires et parvint tout de même à confectionner une marinade satisfaisante pour l'espèce de steak. Il s'occupa ensuite de réduire les pommes en purée et de confectionner des petites boulettes qu'il fit frire à la poelle. Ça s'annonçait pas mal du tout ça ! Les protéines ayant déjà été cuites, il valait mieux laisser le bout rouge froid. Cela ferait un bon contraste entre le craquant de l'accompagnement et la mollesse du gibier. Bon... C'était pas si mal, il ne restait plus qu'à aller servir le tout. Peut être que la drôle de dame était revenue de la pêche ? Et où pouvait bien être passé l'autre là, celui qui faisait froid dans le dos ?
            Lors de son séjour sur l'île du Karaté, Suiji en avait profité pour explorer la flore de son île natale, et il était tombé sur des espèces qui lui étaient inconnues. Certaines avaient une odeur prometteuse, le laissant supposé qu'il avait mis la main sur des aromates pas encore découverts, mais il n'était pas certain qu'il ne s'agisse pas de poison.
            Il aurait adoré que ce gosse teste pour lui.

            Malheureusement, sans doute inconscient de la grande différence que peuvent apporter les plantes dans un plat, le gamin refusa la proposition et la boite disparue de nouveau dans le sac du pirate qui prit garde à ne pas montrer sa déception. Il trouverait bien d'autres testeurs dans cette salle avant le départ du navire marchand, pas besoin de se formaliser outre mesure.

            Alors que le membre du sexe faible annonçait qu'elle partait à la pêche, Suiji lui lança un regard tout ce qu'il y a de neutre, pourtant perplexe en son for intérieur.

            Pourquoi diable voulait-elle aller pêcher alors que les gardes-manger regorgeaient de nourriture, y compris de poisson frais ?

            Il ne chercha pas à comprendre, conscient que la gente féminine était pleine de caprices et d'incohérences inéluctables. Au moins, il n'aurait plus cette pair de seins pour le divertir de sa cuisine, ce qui n'était pas plus mal. Gardant le silence, il s'éloigna donc et suivit le même chemin que le petite serveur-cuisinier, son couteau toujours à la main.
            Il laissa son regard glisser sur l'assemblée quelques minutes, observant les techniques de chacun ; leur manière de choisir les aliments, de gérer le feu, de découper, puis décida de se mettre derrière un fourneau au hasard pour préparer une soupe de fèves et petits pois.
            Parce que c'est vert et que le vert, c'est cool !

            Bien qu'il ait dû en faire en grande quantité, il ne lui fallut pas plus de dix minutes pour préparer échalottes, fèves, petits pois et avocat – j'ai pas dit qu'il y avait de l'avocat dedans ? - et laissa tout sur le feu en demandant à un commis de surveiller. Le coq avait plus intéressant à faire que de rester planter devant sa casserole.

            Il se faufila entre les plans de travail, et arriva près du jeune qui l'avait envoyé sur les roses un peu plus tôt. À bonne distance, il l'observa s'occuper de ses plats, attendant patiemment qu'il en ait fini. Lorsqu'il fut convaincu qu'il avait fait ce qu'il avait à faire, Suiji se rapprocha et, tel l'inspecteur des travaux finis, se pencha sur l'assiette fraîchement refaite, mains dans les poches.

            Sans crier garde, sa main gauche s'élança, vive, et saisit une des boulettes de pomme de terre pour la glisser sur sa langue et l'avaler après une mastication lente et attentive.

            « Rajoute du paprika et ce sera parfait. »

            Amateur de nourriture épicée ? Certainement. Rien de tel qu'un peu de piquant pour relever la nourriture sous le palais.
            Il adressa alors un sourire mi-provocateur mi-désolé au cuistot qu'il venait de chaparder.

            « La rumeur tourne que tu aurais proposé un concours de cuisine. Je te propose mon aide. Profite, tout le monde n'a pas cette chance. »

            D'aucun pourrait voir en cet instant l'égo de Suiji dépasser dans son dos. D'ailleurs, il n'attendit même pas que le gamin ait confirmé, déjà le singe attrapait un énorme morceau de thon sur un poste de travail qui n'était pas à lui et le tranchait en fines lamelles.

            Il avait faim, alors autant se faire quelques sushi.

            [Je serai absente jusqu'à lundi, il faudra attendre pour ma prochaine réponse ^^]
              Finalement, elle partit seule à la pêche. Non, avec sa fille, mais ceux qui s'étaient intéressés à la brune ne la suivirent point. Peu grave. Son filet en main, elle laissa les cuisiniers et leur garde mangé de pacotille. Ce qu'elle avait de besoin, c'était un bon gros thon et plusieurs espèces se cachant au fond de la Blue. Bien que frais, leur poisson n'était pas magnifique ; Crow pouvait pêcher de belles bestioles grâce à sa fille qui les appelait. Bien sûr, Rosianne chialait toujours un peu sur son acte, puisque selon elle, elle attirait des partenaires à la mort... Mais Old Crow arrivait toujours à la convaincre lorsqu'elle la faisait saliver sur ce qu'elle allait préparer. Car sa fille avait beau être une sirène, elle mangeait ce que mangeait sa mère, et si Old Crow bouffait du poisson, elle bouffait du poisson. Point barre.


              La porte s'ouvrit aussi violemment qu'à son arrivée, et la belle eut du mal à pénétrer avec sur son dos et sa fille et un énorme poisson-chat. À sa taille, un filet avec des huîtres et des sardines. Plus frais encore que ce que pouvait regorger les frigos de la cuisine. Le poisson-chat bougeait même encore un peu, et Rosianne se fit un plaisir d'asséner un puissant coup de poing sur son coco pour le calmer un tantinet. Les fourneaux étaient à leur plein régime, la prochaine portée de charpentiers affamés était imminente. De pas lourds, la belle pénétra en cuisine, récoltant un air de travail libre (en fait, d'un coup de hanche, et écarta le cuistot déjà installé).
              Un comptoir attendait Crow. Rapidement, elle se lava les mains et plaça ses huîtres dans un frigo tout proche. Elle éparpilla ensuite son poisson, avec en évidence son imposant spécimen. Puis, elle sourit. Elle allait faire un petit plat dont elle était passée maître !

              Levant sa paume elle vint taper fortement au niveau du cou de l'animal. Sa peau forma de petites ondulations sous le coup puissant. Le poisson ouvrit la bouche, ses yeux voulant sortir de leurs orbites. Puis, re-projetant sa paume droite, à l'instar d'une lame, son coup fendit la chair fraîche, brisa la colonne et trancha la tête. La sirène qui observait l'experte ne put s'empêcher de tirer la langue puis de tendre un bol emplit de glace. La brune y déposa la tête. Elle refit la même chose pour la queue.
              Le style bourrin de Crow était simple : elle usait en grande partie de ses mains pour faire la bouffe, et c'était bien comme ça. Sa forme lui permettait de cuisiner la plupart des viandes et aliments, sans pour autant les massacrer... Pour elle, le couteau était inutile, puisqu'elle disait toujours que plus proche était la main de la nourriture, mieux elle goûterait. Elle n'avait pas faux.
              Ses doigts agiles déployaient tous les arômes de ses viandes, et au contraire de faire une bouffe bien présentée, c'était succulent. Zéro pour l'esthétisme, dix pour tous les autres critères.

              Elle partit sa cuisinette et y place une poêle, qu'elle arrosa allègrement d'huile végétale. Bien graissée, elle chopa deux oeufs au garde-mangé principal et les broya dans sa main. Puis, elle laissa et blanc et jaune et coquille frémirent dans la poêle, à feu très doux, alors que d'un autre côté, elle préparait ses sardines. Tout comme pour le poisson-chat, elle les apprêta de ses mains, les émiettant. Les têtes rejoignirent celle du plus gros.
              Pigeant dans son sac, elle en sortit quelques épices en poudre. Pour elle, les noms ne lui importaient guère : c'était soit la poudre rouge, la poudre jaune, la poudre verte ou la poudre tout court. Pigeant dans la verte, elle tamisa le fond d'un bol, pour ensuite et jeter violemment ce qui restait des sardines. Éteignant son feu, elle y jeta ses oeufs commençant à cuire, et fit des boulettes. Elle plaça le tout de côté.

              Récupérant de son sac une bouteille, elle en déboucha le goulot. L'odeur de l'alcool extra fort enivra ses sens. Elle prit une gorgée, se gargarisant le gosier. Elle le laissa ainsi macérer dans sa bouche, alors que ses ongles s'attaquaient à des poivrons et d'autres légumes verts. Il y avait aussi de drôles de champignon.
              Dans une énorme poêle cette fois, devant être prit à deux mains, qu'elle aspergea comme au départ d'huile végétale, elle y fit sauter des lanières de son thon géant ainsi que ses légumes, et baissant le feu à son minimum, couvrit, pour ainsi laisser la vapeur gonfler encore un peu ses aliments. Bien que sa façon était sauvage, ça semblait donner quelque chose de beau.
              Ses boulettes, elle les fit flamber, grâce à l'alcool qu'elle avait en bouche et à un briquet.


              Préparant deux assiettes, elle y versa son plat final. Sur lit de légumes et de thon, des takoyakis à sa façon. Fille et mère mangèrent goulûment, l'estomac grondant sous le délice. Bien que le nom était un poil comestible, l'apparence n'était pas aussi épurée. Les boulettes se tenaient mal, la sauce avait une drôle de couleur et les légumes semblaient gonflés aux stéroïdes. Mais les saveurs étaient explosives !
              De plus est, il lui restait encore ses têtes de poisson et ses huîtres, avec quoi elle pourrait facilement prépare un autre bon petit plat.
              Alors que, la bouche pleine, elle buvait son saké, la belle entendit la rumeur du concours. Sans partenaires, elle était bien résolue à ne pas participer. Mais au loin, de l'autre côté des cuisines, elle vit le singe et l'enfant. Se levant, assiette en main, elle les rejoignit. Elle participerait avec eux.


              Une dernière brochette lui restait. La pointant vers ses camarades, elle leur demanda si « T'en veux ? » alors qu'au même moment, une de ses boulettes se décomposait et s'écrasait au sol.
              Zéro pour l'esthétisme, dix pour les autres critères.

              Spoiler:
                Hotaru regarda le type aux airs froids et supérieurs. Il était peut être plus vieux mais ce n'était pas une raison pour se sentir tout permis... Ceci dit, il était vrai que le paprika était une bonne idée. Une question se posait alors : pourquoi le gamin n'avait-il pas employé ce condiment alors qu'il cuisinait depuis assez longtemps pour le connaître ? Il y avait cependant une réponse toute bête et assez bien trouvée qui voulait que le jeune homme n'aime tout simplement pas cette épice. Il ne fallait pas aller chercher plus loin. Dans le fait d'être cuistot pour Ayami, le plus important était d'aimer les plats que l'on faisait mijoter, et ce de A à Z. Cette démarche pouvait de prime abord sembler égoïste mais en réalité c'était juste que notre petit coq voulait tout gouter lui-même, ce qui était un des aspects primordiaux de l'art de la bouffe. Il n'y avait pas besoin d'aller plus loin dans l'explication, c'était totalement suffisant pour justifier ses gestes -ou dans le cas précis, ses «non-gestes»-.

                Non loin l'idée d'arrêter de faire chier ce que le grand lourd prenait pour un petit amateur, le drôle de type proposa ensuite au mioche blond de faire équipe pour le concours. Mais attention, il n'y avait pas à réfléchir selon lui. Tant de prétention réunit au même endroit... C'était impressionnant mais il semblait compétant, et c'était ce qu'Hotaru avait constaté en le voyant travailler un poisson. Merde... Sur le coup il était vrai que le petit marmiton n'avait pas trop le choix, personne ne voudrait d'un môme dans sa troupe.

                C'était ce moment-là qu'avait choisi la dame de tout à l'heure pour rentrer dans la pièce. Apparemment la chasse avait été fructueuse étant donné qu'elle portait un gigantesque poisson-chat sur son dos. La fille qui l'accompagnait tout à l'heure était toujours là. La façon de cuisiner de la mère était brillante bien qu'un peu barbare. Chacun exprimait sa propre personnalité en préparant ses propres plats. Le plan de travail seul suffisait à déterminer si la personne était ordonnée ou non, c'était toujours quelque chose d'intéressant à observer mais dans une cuisine, la chose était encore plus flagrante. L'organisation était millimétrée et l'espace attribué à chacun également.

                Hotaru se rendit alors compte qu'il n'avait pas bougé d'un pouce et que l'assiette qu'il tenait en main était devenue terriblement froide... Un gargouillis violent lui fit entendre raison et il se mit donc à table. Il était vrai qu'il manquait surement du paprika pour ceux qui l'aimait mais pour Ayami, c'était juste parfait et même froid le plat avait gardé toute sa saveur. Après avoir lavé les affaires qu'il avait utilisé, le gamin parvint à se trouver un plan de travail qu'un type négligeant avait laissé aux vues de tout le monde. Il était juste à côté du gars avec qui il était censé faire équipe pour le concours mais après tout il s'en fichait bien : il allait enfin pouvoir cuisiner. Le précédant propriétaire de la paillasse revint avec un bac remplit de tonnes de légumes et d'un bon morceau de viande que notre protagoniste se précipita de lui arracher des mains. Il venait tout juste de nettoyer l'espace et allait commencer...

                Mais non. Apparemment personne ne voulait le voir aux fourneaux ce jour-là car à l'instant même, la mère et sa fille débarquèrent. La cuisinière proposa une de ses créations aux deux équipiers. Un ensemble de boulettes version takoyaki pendaient au bout d'un bâton, mollasson à souhait. L'une d'entre elles décida de faire le grand saut et s'élança donc dans le vide puis s'écrasa d'une façon très artistique sur le sol que notre coq venait de briquer. Du gâchis de nourriture. Pur et dur. Il y avait des limites tout de même.

                Bordel ! Je venais de tout nettoyer moi... tu peux garder mon plan de travail trente secondes ?

                Après ces quelques gentils mots à l'attention de la maman, Hotaru partit à la recherche d'un seau et d'une serpillère. D'un naturel doux et calme, il était cependant maniaque et c'était une des seules choses sur lesquelles il s'énervait rapidement.
                  Alors qu'il préparait avec soin ses sashimi, Suiji nota du coin de l'œil que la femelle était rentrée de la pêche. Dire qu'il avait espéré un peu de temps de répit. Il soupira sans arrêter de faire voltiger son couteau. Les coups assénés par l'autre à son pauvre poisson-chat lui arrachèrent une grimace.
                  Espèce de brute.

                  Lèvres closes, seul son regard trahissait la désapprobation du singe vis à vis des méthodes de la brune. Il ne doutait pas un seul instant que tout ceci soit absolument délicieux, mais la cuisine n'était pas seulement l'art de la préparation, mais aussi celui de la présentation. Sacrifier cette dernière au profit de plus d'efficacité et de rapidité était on ne peut plus répréhensible !

                  Son regard se durcit encore lorsqu'il vit la petite chose qui accompagnait cette femme mettre par terre une partie de la nourriture. Gaspillage. Comme s'ils avaient du temps à perdre avec des enfantillages. Il braqua un regard d'acier sur le sol, puis sur l'enfant, et enfin sur la mère. Elle mériterait bien une leçon ou deux en terme de cuisine et d'éducation.

                  Il n'eut pas le temps de passer aux actes, une voix tonitruante attirant l'attention de toute l'assemblée.

                  « Écoutez-moi bien tous ! Certains tire-au-flanc ralentissent la cadence, alors on va instaurer un concours. Vous vous mettez par équipes de trois, et ceux qui arriveront à produire les meilleurs plats auront p'tète une récompense, en plus de bénéficier d'une renommée énorme. Un bon coup de pouce pour vot' carrière ! Le Jury, c'est ces types qui attendent dehors l'estomac dans les talons. Alors défoncez-vous ! »

                  L'annonce du responsable créa une certaine effervescence, et tous se mirent en quête de partenaires selon leurs affinités. Sans demander son avis à la pêcheuse, Suiji l'attrapa par le bras, l'attira près du gnome et de lui, conscient qu'elle leur serait d'un grand' secours.

                  « Bon, j'me présente : j'm'appelle Saru O. Suiji. Je m'occupe des sauces et assaisonnements. Et de la mise en forme. Vous deux, faites comme vous voulez. Mais magnez-vous, on a un concours à gagner. »

                  Il ne prêta même pas attention aux protestations de la femme qui n'aimait pas le ton qu'il employait, et n'envisageait même pas que le plus jeune du groupe allait émettre une objection. Il traversa immédiatement la salle pour récupérer dans le garde manger toute une collection de légumes, viandes et poissons qu'il ramena près de leurs plans de travail.

                  Il leur lança alors un regard interrogateur, attendant leurs instructions. Il ne pouvait pas préparer la moindre sauce s'il ne savait pas ce qu'elle devait accompagner.
                    Le temps que Hotaru aille chercher le nécessaire de nettoyage et l'ambiance la cuisine avait changé du tout au tout. Chacun s'affairait maintenant à trouver deux compagnons pour un sorte de concours à ce qu'il avait pu entendre. Son idée avait été mise en place bien plus tôt que prévu apparemment à moins que ce soit autre chose. Genre le type qui disait s'appeler Saru qui avait fait des siennes. Il semblait plus que probable que ce soit ça mais d'un autre côté, les feignasses qui peuplaient les lieux s'étaient enfin décidées à se lever, attirées par l'appât du gain. Un mal pour un bien. Ceci dit, il était tout à fait hors de question que ce type se mette à donner des ordres de toutes parts et la femme qui avait rejoins la dernière l'équipe ne semblait pas non plus décidée à se laisser faire bien que l'autre soit déjà parti dans son délire.

                    Hé attends s'pèce d'imbécile ! Tu crois que je vais suivre tes exigences bien docilement ? Baka !

                    Ayami sentit la tension monter d'un cran dans la bande. Chacun était prêt à lyncher les autres pour suivre ses idées. Enfin non, il était vrai que notre jeune coq restait un peu en retrait, peut être à cause de son âge qui le plaçait directement comme le type auquel on demandait jamais son avis et qui n'avait qu'à suivre les instructions sans se poser de question. Enfin, ça c'est ce qu'ils pensaient car le gamin n'était pas non plus décidé à se laisser faire, pourtant éviter l'affrontement serait sans doute bien préférable si ils voulaient gagner.

                    Perso, je pense que vous devriez vous occuper des protéines *déclara-t-il en se tournant vers la femme*. Je pourrais faire l'accompagnement mais il est pour moi hors de question de laisser l'accompagnement de cette partie être fait par un autre.

                    Hotaru n'adressa pas directement la parole à Saru mais il était certain qu'il ne se laisserait pas utiliser comme un vulgaire apprenti, du reste si la dame s'occupait de la viande ou du poisson avec la même dextérité qu'elle avait précédemment utilisé pour son casse dalle, ça ne pourrait être qu'avantageux pour l'équipe, le garçon quand à lui maitrisait assez bien tous les légumes et l'autre gars au regard froid avait choisi la sauce. Bien que le reste pourrait s'avérer conflictuel, ils pouvaient commencer sans trop se poser de questions. Le choix principal résidait dans le choix de la chair qui allait se faire accompagner. La cuisinière opta pour un bon gigot qui provenait d'un animal inconnu à Ayami. En tout cas il était certain que ce n'était pas le genre de bébêtes qu'il avait l'habitude de rencontrer. Enfin, si il optait pour un accord simple, ça ne devrait pas poser de problèmes.
                      Le trio se mit enfin au travail lorsque Old Crow – elle avait quand même eu la gentillesse de se présenter – commença à déchiqueter son gigot. Parce qu'il n'y avait pas d'autre terme pour définir toute la barbarie dont elle faisait preuve à l'égard de ce malheureux bout de viande ! Aïe aïe aïe, elle avait bien de la chance que Suiji soit aussi zen qu'un moine bouddhiste, sinon il lui aurait fait subir les mêmes sévices qu'à ce bout de viande pour qu'elle comprenne un peu la souffrance de la pauvre chose.

                      Sans un mot, il attrapa une casserole et y mit des oignons à revenir, guettant distraitement ce que les deux autres préparaient. Le problème du rôle qu'il venait d'endosser, c'est qu'il était désormais totalement dépendant de ce que les deux autres décidaient. Puisque Madame prend une viande rouge, il doit adapter la sauce. Il ajoute un morceau de beurre, de la moutarde, du vin blanc, quelques aromates...

                      Finalement, la femme se retrouvait à diriger puisque les légumes étaient également à adapter selon la viande. Enfin, ce n'était pas le moment de traîner, encore moins de perdre du temps à faire dans la dentelle. Y'avait un paquet de clients qui attendaient.
                      Suiji complèta la sauce, puis partie en quête d'un assortiment d'assiettes. Les deux autres étaient plus occupés que lui alors bon. Il revint au bout de quelques instants, et regarda ce que les deux avaient préparé avant de tout disposé sur les assiettes d'une main de maître, et de verser sa sauce par dessus.

                      Une, deux, trois assiettes de prêtes. Il interpela un serveur, et lui fit apporter tout en salle à manger. Et il avait oublié de goûter !!
                      Se maudissant intérieurement, il ne se laissa pas démonter, et reprit sa préparation de sauces en tous genres, suivant sans cesse les choix de ses deux comparses. Dans la mesure où cette activité ne lui prenait presque pas de temps, il se mit à cuisiner des desserts en parallèle, demandant quelques fois de l'aide aux deux autres lorsqu'il ne gérait pas, subissant par la même occasion les râleries et protestations de Old Crow.

                      Autant dire que pendant tout ce temps, ils n'avaient guère le temps de bavasser joyeusement. Leurs échanges se résumaient à quelques plaintes, des commentaires sur le choix d'un ingrédient particulièrement peu judicieux, ou la vitesse de l'un ou de l'autre.
                      Au final, on pouvait dire qu'ils s'en sortaient tout de même pas mal. Chacun avec sa spécialité faisait des merveilles, et ils avaient eu la chance de se compléter. Quelques regards mauvais leur furent adressés, mais personne n'osait rien tenter contre eux de peur de rater le plat qu'ils préparaient eux-même.

                      Au bout de deux heures, peut-être trois, l'activité ralentit enfin, jusqu'à finalement s'arrêter complètement. Rien dans sur le visage de Suiji ne reflétait ses sentiments, mais son regard brillait sans doute un peu plus que d'ordinaire, preuve de l'immense satisfaction qu'il ressentait, gonflé d'orgueil. Il avait le sentiment que leur petit trio avait fait un carton.