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loin du froid de Parisse

Alors que le navire de la marine glisse sur l'eau calme de East Blue, amenant Palethan sur Tequila Wolf pour sa nouvelle affection, ce dernier se cale sur le bastingage et pense à sa famille. La fraîcheur gagne du terrain au fur et à mesure que le navire se rapproche de l'île, le nouveau lieutenant grelotte légèrement, il n'est pas habitué à ce genre de climat. Le regard dans le vide, il pense à son fiston et à sa douce compagne qu'il a du laisser sur Arcadia, par sécurité. Il faut dire aussi que ce n'était ni emballant ni exhalant de traverser le globe pour échouer sur une île hivernale remplie de détenus et autres criminels. Ce qui attendaient désormais Palethan, et pour un bon bout de temps n'était pas une mission de plaisir, il renâclait fortement à l'idée d'être affecté dans ce sinistre endroit. Il avait quittait l'enfer révolutionnaire de Parisse pour en trouver un nouveau, celui de Tequila Wolf.

Après être arrivé sur Arcadia avec les exilés, restés fidèles à la royauté, Palethan et sa famille furent logé avec les autres dans un hangar de la Marine durant plusieurs jours. Personne ne savait trop ce qui allait se passer, ils venaient de tout perdre, leurs biens, leur île, leur histoire. Le Gouvernement Mondial aurait pu lâcher cette royauté déclinante qui n'avait pas réussie à endiguer une révolte, mais ce ne fût pas le cas. Tous les hommes valides du convoi de réfugié de Parisse eurent le choix de prêter un serment de fidélité, aucun ne refusa. De facto, ils furent enrôlés dans la Marine grâce à un accord entre le Gouvernement Mondial et la Royauté de Parisse. L'idée était de faire perdurer une simili armée de la Royauté, tout en l'entraînant dans le cycle classique de la Marine. Et quand l'heure viendrait de reprendre en mains le royaume de Parisse, les fidèles convergeraient, fort de leur expérience dans la Marine, pour abattre le fléau révolutionnaire.

Palethan, après son implication totale dans la lutte pour le maintien de la paix sur son île, n'allait pas reculer. D'autant qu'il avait était félicité publiquement, avec d'autres, pour leurs actions dans la lutte contre la révolution des sordides anarchistes. Pour son fait d'arme lors de la prise de la Baston, privant la révolution d'un vivier de soldats potentiellement violents et incontrôlable, on l'avait récompensé par un grade de Lieutenant dans la Marine du GM. C'était sous la clameur des exilés du hangar que c'était conclu cette cérémonie intimiste mais ô combien importante pour les fidèles du Royaume. Après la cérémonie, un membre de la famille royale s'approcha de Palethan pour le féliciter à nouveau et lui transmettre un pli scellé par le cachet royal. Dans ce pli, il était expliqué que sa première affectation serait Tequila Wolf afin d'y rencontrer les frères "Limiers", de se mettre à leur service et qu'une récompense spéciale lui serait attribuée...

Une manœuvre sur le pont du navire fit sortir Palethan de ses limbes, le navire allait accoster au pied d'un ouvrage absolument gigantesque. Le Parissien du se tordre le cou pour en contempler toute la hauteur. Ils étaient arrivés à bon port et déjà le froid mordait la peau de Palethan qui se hâta de regagner sa cabine pour mettre une énième couche de vêtements.

Moi qui suis frileux...  


Dernière édition par Palethan le Mer 8 Aoû 2018 - 21:21, édité 2 fois
    Au mess des officiers de la caserne de la 5ème Division,
    Q.G de la Marine à Tequila Wolf...


    - Le navire accoste Colonel...
    - Nul besoin qu'il pose ses valises, amenez-le directement à mon bureau.
    - Bien mon Colonel !
    - Sauf votre respect, je refuse qu'il soit muté à mon bataillon, je ne...
    - N'ayez crainte Commandante Lhooq...
    - Vous avez-vu son pedigree Colonel ? C'est quoi ce tintamarre ?
    - J'ai ma petite idée en tête, patientons, il ne va plus tarder désormais.
    - Braton arrive également.
    - Parfait...

    -----------

    Emmitouflé dans son grand impair, grelottant, le Lieutenant mettait pieds à terre sur les quais gelés de Tequila Wolf. L'île semblait lugubre, il avança sans trop savoir où aller, il se dirigeait instinctivement vers la caserne quand un subalterne le héla. Rapide présentations, l’accueil n'était pas chaleureux, ce soldat venait de parcourir une grande distance rapidement, il semblait avoir déjà hâte de se débarrasser de ce canard boiteux de Lieutenant. Jetant des regards aux alentours, Palethan n'arrivait pas à trouver quelque chose d'intéressant sur lequel s'arrêter. La bouche crispée il fronça les sourcils et se contenta de suivre son guide en traînant la patte. Il n'aspirait qu'à un peu de repos, qu'on le guide à sa chambre et qu'il puisse se reposer, se laver, manger un morceau, réfléchir un peu et écrire sa première lettre à sa famille. A son passage les soldats en faction le saluait, sans qu'il se sente obligé d'y répondre.

    Quand son guide lui annonça qu'il était attendu par le Colonel de la 5ème Division, Palethan marqua une pause dans sa marche, dubitatif il demanda à ce qu'on le mène d'abord à sa chambre pour y déposer au moins son barda. Réponse négative qui irrita au plus haut point le lieutenant.

    C'est quoi cette marmelade...

    Le subalterne toqua à la porte du bureau du Colonel qui l'invita, d'une voix très aiguë à faire entrer le Lieutenant de La Rocque. Le bureau était lumineux et disposait de grandes ouvertures donnant surement une agréable vue sur l'île, cependant une couche bien nuageuse et neigeuse obstruait toute visibilité. Raide comme un i, le Colonel attendait au centre de la pièce le Parissien. Dans la pièce se trouvait également une femme livide à l'air déprimée, un homme de stature moyenne à la face recouverte d'un tissu blanc avec simplement deux trous pour ses yeux, un colosse patibulaire fumant comme un train et pour finir un doberman ronflant au pied du Colonel. Reconnaissant les grades sur les différents uniformes, Palethan salua militairement toute l'assemblée, qui semblait être l'état-major de la Marine de l'île.


    Marx Orahthor
    Colonel de la 5ème Division



    Bienvenue sur Tequila Wolf Lieutenant de la Rocque, le climat est assez rude, tout comme les militaires ici présents. Je souhaite jouer franc jeu avec vous, c'est assez soudain et déroutant j'en conviens mais cela aura le mérite d'économiser un temps précieux à tout le monde. J'ai lu votre dossier, il est maigre, très maigre pour un Lieutenant. Les informations sur vous semble plutôt vagues et vous ne devez votre grade qu'à une intervention diplomatique du Gouvernement Mondial envers le Royaume de Parisse. Je ne vous juge peut être pas à votre juste valeur mais il n'empêche que votre parachutage dans ma base m'interroge grandement. Qui plus est quand celui-ci se fait au détriment d'un bon élément qu'on mute ailleurs sans me demander mon avis.

    La femme présente, qui se trouve être une Commandante compte tenu des galons, pousse un râle de tristesse infinie, les yeux vides vers le tapis tout en serrant un mouchoir entre ses mains. Palethan ouvre la bouche pour protester mais on lui coupe la parole, le Colonel reprend de plus belle.

    Je me demande pourquoi un Parissien, fraîchement intégré à la Marine du Gouvernement Mondial se voit parachuté sur une île remplie de prisonniers dont une grande partie provient des rangs Révolutionnaires. Vos états de services, aussi maigre soient-ils ne tarissent pas d'éloge sur vous quand il s'agit de faire place nette. Je ne sais pas ce qui vous amène ici mais en tout cas je vous ai à l’œil.

    Grognement du Doberman qui s'est redressé et posté près de son maître.

    Je commande la 5ème Division de la Marine et j'ai toute autorité sur cette île, pour ce qui est du reste, c'est l'administration Générale des Ponts qui gère. Chacun s'occupe de ses affaires, personne ne marche sur les plates bandes des autres et j'entends que ça reste ainsi, me suis-je bien fait comprendre ?

    Palethan, le visage contrit, acquiesce sans rien dire, les yeux noirs.

    Vous êtes affecté comme Commandant en second du second Bataillon sous les ordres du Commandant Edgar. J Braton. Vous prendrez votre premier quart à six zéro zéro demain, en attendant vous avez quartier libre, un planton vous guidera à vos quartiers, vous pouvez disposez et n'oubliez pas Lieutenant de La Rocque, je vous ai à l’œil !


      - Veuillez patienter un instant monsieur Oletto, il me faut recevoir une nouvelle recrue, je n'en aurai pas pour longtemps.

      - À ton aise Thérèse.

      Après m'avoir fait poireauter des heures avant de me recevoir, mon bon Marx se dit que ce serait une bonne idée de me faire attendre quelques minutes de plus. Ces chiures de marines... ça se croit dans son bon droit parce que ça a du galon. Alors ce petit monde se permet parfois de chier sur les autres corps administratif du Gouvernement Mondial. Au moins, y'a pas de faux-semblant entre lui et moi ; l'apprécie pas d'avoir un gêneur dans ses pattes imposé par des supérieurs et je peux pas sentir les petits roitelets en uniforme juste bons à gaspiller l'oseille du contribuable dont j'ai moi-même vidé les poches.
      Je mordille mon cigare et je vois bien que ça lui a pas échappé. À croire qu'y jubile intérieurement du moindre signe d'impatience que je sois susceptible de produire. Bien ce que je pensais, y m'a fait attendre juste pour faire monter la pression et me montrer que c'était lui qui commandait dans le bousin. Mieux. L'a même invité une commandante à ramasser à la petite cuillère pis un gugusse masqué avec un mouchoir pour être à trois contre un. Une vraie cour des miracles ce bureau.

      Un autre bonhomme entre dans la pièce après qu'on l'ait autorisé à entrer. L'a l'air gelé, mais y contient ses grelottements. Y salue toute l'assemblée, pis moi avec. Pas la peine de te mettre au garde-à-vous avec moi mon gars, je suis pas de ta caste de pisseux. On va mettre ça sur le compte de la nervosité et l'inexpérience vu que de ce que j'ai compris, l'a l'air tout nouveau tout beau dans le coin. Fraîchement débarqué de Parisse même. Encore un de ceux qu'y se font muter pour casser du révo à pas cher.
      Marx le prie de prendre congé et voilà qu'on se retrouve à nouveau tous les quatre.

      - Vous disiez donc monsieur Oletto ?

      - Je dis qu'le bureau qui m'envoie aime pas trop comment les choses se goupillent par ici.

      Son putain de clébard me passe sous le nez pour s'en aller se coucher dans un coin. Qu'est-ce que je supporte pas ces conneries de bestiaux. Le colonel et ses deux zigotos me quittent pas du regard, silencieux, à croire qu'y z'essaient d'avoir l'air oppressants.

      - Votre bureau étant ?....

      - Contrarié, j'viens de vous le dire.

      Imperturbable jusqu'à lors, le voilà qui plisse les yeux. Fais pas l'innocent Orahthor, tu sais pertinemment que le C.P 2 a des parts dans les Huits Ponts. Le genre investissement à long terme qui sera rentabilisé que dans longtemps après ma mort, mais le genre qui rapportera gros. Très gros, de quoi faire exploser les caisses noires du G.M.
      Des routes commerciales comme ça, y'a de quoi garantir des droits de péage qui se chiffreront en dizaines de milliard par an. Une aubaine pareille, personne ne serait assez con pour passer à côté.
      Je cale mon cigare entre mon index et mon majeur droit pis j'expire longuement histoire d'enfumer la pièce. C'est pas vous qui faites monter la pression mes petits amis : c'est moi.

      - Dernièrement... les constructions n'avancent pu. Pire encore... on c'mmence à parler de travaux d'entretien des structures déjà existantes. Ça stagne pas, ça régresse.

      Ça régresse tant et si bien qu'on en vient à se demander si ces cons auraient pas filé des droits syndicaux à leur main d'œuvre.

      - Je ne savais pas que le Cipher Pol avait des experts en bâtiment.

      Voilà que la donzelle prend la parole. Encore une qui a perdu une occasion de la mettre en veilleuse. En tout cas, le non-dit n'est plus : y savent à qui y z'ont affaire, et c'est précisément pour ça qu'y feraient mieux de pas trop jouer aux malins.
      Là-dessus je tire à nouveau sur mon cigare et c'est sans vergogne que je lui souffle la fumée qui part s'écraser contre la gueule de la ribaude à galons. L'a pas l'air d'apprécier mais elle reste de marbre. Y'a pas à dire, sont disciplinés.

      - En bâtiment, j'dis pas. En revanche, j'peux me targuer d'une petite expertise dans l'art d'la tromperie et du foutage de gueule. Et j'dois bien dire que... y'a une petite odeur qui m'égratigne les sinus depuis que j'suis ici. Nous autres au bureau appelons ça la fragrance du sabotage.

      Le lunatique masqué se redresse brutalement. J'ai pas le temps de l'entendre me hurler dessus que Marx a tendu le bras en sa direction pour lui intimer l'ordre de se calmer.

      - Vous comprendrez monsieur Oletto que vos sous-entendus puissent être mal interprétés par mes collaborateurs et moi-même.

      Avec un petit sourire en coin - juste histoire de signifier que leur états d'âme je m'en cogne - je fouille ma poche arrière pour en sortir mon coupe-cigare histoire de circoncire mon barreau de chaise et le terminer plus tard.

      - C'est pas un sous-entendu Orahthor, c'est une accusation franche. Je suis là pour enquêter et j'peux vous assurer que quand je commence à renifler une piste, je déterre un os assez rapid'ment. Les Garde-Chiournes sont conciliants 'vec les bagnards et j'compte bien déterminer le pourquoi du comment.

      - Pour ça... encore faudrait-il que je vous y autorise. Vous avez bien entendu ce que j'ai dit au lieutenant Palethan : personne ne marche sur les plate-bandes des autres chez nous.

      Je me lève de mon siège qui était ma foi bien confortable pis je farfouille dans ma poche pour en ressortir un bout de papier froissé que je viens écraser sur le bureau de l'autre con. Ça fait même sursauter le chien qu'avait commencé son roupillon.

      - Ça, c'est du jargon légal pour vous faire savoir que vos plate-bandes, je pisse allègrement dessus. Vu que c'est un peu technique, laissez-moi v'faire la traduction : «Ce brave Derrick va mettre ses couilles sur votre nez et vous allez être reconnaissant pour ça».

      Vu qu'y me prend pas au mot, le colonel commence à lire le papelard. Sa gueule de notaire de province commence à se renfrogner un peu plus après chaque ligne. Mon autorisation pour enquêter est en béton et va y'avoir des têtes qui vont tomber. Sur ce, je lui retire mon sésame des mains et je tourne les talons. Main droite sur la poignée, je soupire. Pas que ça me dérange de pourrir la vie à des mouettes, mais si c'est ce que je pense....

      - Je prie pour ne trouver aucune collusion entr' vous autres et le moindre opérateur révolutionnaire.

      Je prie pas pour eux, je prie pour moi. Si jamais l'est question d'un sabotage avec l'approbation ne serait-ce que tacite des Gardes-Chiournes, va falloir purger en profondeur pour pas que ça se sache.
      Maintenant que j'ai quitté mes hôtes, je pars en quête d'un officier pour m'en faire une secrétaire.

      - Lieutenant ! Oh ! Lieut'nant !

      Que je dis en apostrophant une silhouette familière et en claquant des doigts en sa direction.

      - J'vous réquisitionne pour mon enquête. Montrez-moi mes quartiers, pis allez m'chercher à bouffer. Avec un froid pareil, je peux pas m'laisser dépérir.
      • https://www.onepiece-requiem.net/t19217-fiche-technique-derrick-