Problème de navigation : Échoué à Las Camp

Lorsque le jour règne Atoum cuve, il n'a plus aucune envie de courir après la moindre prime, son seul et unique but étant de boire, boire jusqu'à ce que sa soif s'épanche enfin. Chose surement impossible au vu des quantités phénoménales qu'il ingurgite du levé au couché du soleil. Le soir, c'est une loque accoudée au comptoir vidant des bouteilles d'un alcool aussi infâme que bon marché.
Tous les barmans de l'île commencent à entendre parler d'un puit-sans-fond. Un fléau écoulant les stocks plus vite que les livraisons n'arrivent.


Le chasseur de prime a pourtant des liens indéfectibles avec celle île qui l'a vu mûrir, enfin si nous pouvons le qualifier de mûre. Depuis que la loi martiale a été proclamée, la Marine ayant reprit ses droits sur cette terre qui autrefois abritait les pires rébus de la société, Las Camp n'a plus la même saveur. Atoum est un homme de la rue et ses combats clandestins à lui manquent. Tout est trop bien ordonné, la légalité a amené une atmosphère totalement différentes qui l'ennui. En fait cette île le déprime aujourd'hui, le faisant voyager dans un vent de nostalgie sinueux. L'alcool étant sa seule échappatoire il n'a même plus la force de reprendre son aventure. Au fond de lui bat pourtant un brave coeur d'aventurier mais il est étouffé, oppressé par une sorte de mélancolie que la boisson ne parvient pas à combler totalement. Il lui faut obligatoirement se ressaisir, qu'il sorte de cette spirale mais rien n'y fait. Sa volonté se dissimule que trop bien. Il est tiré vers le bas par une force qui le dépasse.


> Hic, il est l'heure de s'gnôler! hic dit-il en voyant le soleil disparaître au loin.

Arpentant les rues, Atoum titube manquant de s'étaler au sol plusieurs fois. Il zigzag de droite à gauche, bousculant de temps à autre des passants. De toute manière il s'en fout, sa volonté l'a quittée. Il erre comme un zombie, sans autre but que de picoler. Encore.

> Quelle île d'merde ! Putain Joe c'tait mieux à l'époque ! murmure-t-il pour lui-même.


Un enfant passant à côté de lui à cet instant précis se met à courir, apeuré et se bouchant le nez.


> Maman, maman, le monsieur il est bizarre ! Il parle tout seul tu crois qu'il est fou ?

> T'approches pas de lui Edwil, viens on s'en va ! répond la mère du tac au tac en attrapant le bras de son bambin pour fuir.

> En plus il puuuu, tu crois qu'il s'est pas lavé ?!questionne l'enfant en rigolant.

> Je sais pas, d'ailleurs toi ce midi tu as lavée tes dents ? Je t'ai pas vu faire ! Tu sais que sinon tu vas finir avec les dents du Malvoulant ! le sermonne-t-elle.

Atoum est tellement à l'ouest qu'il ne se rend même pas compte qu'il fait fuir le monde autour de lui. D'origine bon vivant, il n'est plus que l'ombre de lui-même incapable de toute sociabilité. Pour couronner le tout il ne prend même pas la peine de se laver un tant soit peu, cultivant les odeurs des soirées alcoolisées passées. Un mélange d'alcool, de crasse et d'urine absolument infâme qui fait repousse la populasse.

Le chasseur de prime continue à arpenter une petite rue quand il tombe nez à nez avec une taverne, littéralement. Ayant trébuché tout seul, emporté par sa seule ivresse, Atoum s'est affalé tête la première contre la porte du bar, l'ouvrant au passage. Une entrée lamentable qui reflète tout bonnement son état à la fois physique et psychique du moment.
Se relevant tant bien que mal, le jeune homme s'aide de la poignée pour soulever son propre poids. L'endroit est plein de monde, des dizaines de gusses en tout genre. Des pirates qui se font discret à l'extérieur, des vieux roublards de la marine qui titillent la bouteilles, un cadavre, quelques charetières qui font du racollage.

Doué d'un logique sans faille Atoum se dirige avec une élégance désastreuse vers le bar et commande une bouteille de rhum, la moins chère possible. Puis, équipé pour passer les prochaines vingts minutes en bonne compagnie il se dirige vers une table. Un barman était là, mais le chasseur de prime n'en à rien à faire. Il le bouscule légèrement et s'affale en arrière sur l'assise.
Ce qu'il ne voit pas, c'est que sous lui le "cadavre" se remet de ses émotions et commence à rengainer son sabre qu'il avait sorti quelques secondes auparavant. Evitant de se faire réellement blesser, Atoum s'en tire avec une estafilade superficielle sur le flanc gauche qu'il ne sent même pas à cause de son état.

Finissant tout de même pas s'apercevoir que le banc n'est pas droit, il se redresse, se décale et dévisage le type sur lequel il était allongé.

> Oups! Hic, t'es quoi toi ?!