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Dune de miel

Hadoc coupe sa communication avec Yamamoto. Le soleil bat une terre si chaude qu'il est étonnant que le sable ne s'y change pas en verre. Il fait toujours torride à Myriapolis, mais aujourd'hui, même les insectes pourraient apprendre à transpirer. Gharr ne sue pas la moindre goutte, tout s'évapore avant même d'obtenir le droit de perler. Par cette atmosphère de feu, n'importe quel homme se dessécherait en une heure sans ses litres d'eau. La folie le gagnerait en quelques assauts du globe tapant sans relâche les crânes imprudents. Hadoc écourte ses quelques minutes de marche en dehors de la cité des abeilles, la peau marquée et l'oxygène pénible à absorber dans cet air étouffant. En une alcôve, la température chute d'une bonne dizaine de degrés. Plus il s'enfonce dans l'immense gueule de galeries qu'est la cité, plus la température se stabilise. Et le premier courant d'air frais, sonné entre deux alvéoles où circulent nombre de badauds, lui offre une inspiration franche et savoureuse, tandis que son épiderme continue de restituer la chaleur absorbée à la lumière vive.

Le Ruche est accueillante, le Colonel qui l'avait escorté jusqu'au port n'avait pas menti. Si la vue d'abeilles et nombreux autres insectes déambulant dans les rues étroites surprend au début, autant qu'un rêve où les chiens errants seraient des scarabées opportunistes, c'est précisément cette même suspension d'incrédulité inhérente au monde onirique qui opère. L'étonnement à la première seconde de voir une abeille de taille humaine marcher au plafond pour aller travailler devient un amusement à la trentième minute de surprendre une mante religieuse faire la circulation dans les quelques couloirs suffisamment larges pour être entièrement dédiés aux monteurs de bolides hexapèdes. Il ne fallut pas deux heures au marine pour tester son premier réhydratant lait de puceron au miel, vendu par un homme très jovial bardés de fourmis. Il parait que sans le miel, c'est très difficile à appréhender pour les touristes. Il testera la formule pure, mais chaque chose en son temps.

Des touristes, il y en a pléthore. Si l'île est un calvaire sur la quasi totalité de sa surface, c'est presqu'aussi vrai concernant les souterrains. Néanmoins, des trois villes bâties, la Ruche est la seule qui favorise le commerce extérieur. En plus de mélanger sans distinction touristes, commerçants itinérants et autochtones, le style vestimentaire pour le moins excentrique des locaux, souvent parés d'insectes vivants, a le don de désinhiber tout le monde. L'un se balade toute panse et tous poils dehors, fier comme un plagiste digne de sa semaine de bronzage sans marques de chemise, tandis que l'autre laisse apparaître ses tatouages d'esclave. L'autre encore affiche une panoplie baroque du parfait petit pirate de gravures, avec le cache-oeil, la gabardine rouge, le tricorne et la mouche à abdomen vert nichée sur l'épaule, en guise de perroquet. Le Commodore Hadoc, en le croisant avec son uniforme blanc de la Marine, ne l'a même pas fait sourciller. Tout le monde se comporte comme dans une soirée déguisée où personne n'est ce qu'il prétend être tant qu'il ne le formule pas. L'indépendantisme de la région est une réussite complète.

Une luciolampe mon Amiral ?
Commodore. Et non merci.
Vous êtes sûr ? Allez, je peux vous faire une confidence ?  J'aime beaucoup les lois. Si vous en prenez trois, la quatrième est offerte.
Ne l'écoutez pas,  ses luciolampes vous filent entre les pattes au bout d'une heure.
J'avais supposé une finauderie du genre, néanmoins merci du tuyau.
Alors que mes termipelles creusent des trous plus vite que la dynamite. Si vous m'en achetez deux, je vous offre la caisse en bois qui va avec.
Quel malheur, mon ami, je suis allergique à trois choses dans la vie; les caisses sont l'une d'elles.

Le soldat le salue de son cigare éteint. Dans les couloirs, en dehors des bars et zones stipulées autorisées, fumer était mal vu. La Ruche n'aime pas. Le tabac roulé s'était éteint en fin de sortie, pendant l'appel à son ancien homme d'équipage Kogaku. Il aurait voulu le finir avant de rentrer, mais la fournaise avait dicté sa volonté. Qu'à cela ne tienne, les opportunités de terminer Lora Kavin Deluxe ne manqueraient pas. Hadoc s'était inscrit sur le registre des audiences auprès de la Reine Maya dès son arrivée, alors plutôt que mourir d'ennui, autant tuer le temps. Il n'était pas perdu vainement dans ce réseau commercial. Après quelques camelots et vendeurs à la sauvette esquivés, Gharr croise la route d'une échoppe où la pancarte de soie brodait "Tisseuse de bonne aventure" d'une police très élégante. Comme l'entrée est gratuite, il pénètre dans l'alvéole scellée d'un rideau et découvre un long tube éclairé de lucioles figées çà et là avec une toile aussi résistante que collante du sol au plafond, à l'exception d'un fin trait vierge de piège englué pour que le quidam l'emprunte. Aucun squelette humain dans la toile, seulement une chaussure et quelques déchets. La mise en scène est purement là pour instaurer un sentiment de danger. Ce peut être une façon de déconnecter le rationnel, Hadoc reste sceptique quant à la décoration pour le moins hostile des lieux.

Ah, je t'en parlais. Entrez, entrez donc ! Nous vous attendions.

La voix provient du fond de la pièce où un vieil homme très grand, et si pâle que sa peau épouse le coloris des lucioles environnantes, lui décrit de grands gestes de sa main malingre aux longs doigts calleux pour le convier à leur séance. En effet, un des deux tabourets de consultation est déjà occupé par ce qui est probablement une jeune femme. Blonde. Entre "la tisseuse" et la jeune dame, une araignée à l'abdomen luisant et poli comme du cristal tisse en continu un fil de soie qui s'emmêle dans l'autre main du mystique. Il semble lire la soie comme si elle était gravée d'écritures, tandis que les yeux de la bête ne cesse de fixer la cliente du moment avec la même perfection de ses billes en miroirs. Gharr rejoint la table, sans prendre place. Malgré la luminosité particulière de l'endroit, il reconnait la cliente et pour cause, son avis de recherche est encore chaud dans les imprimeries internationales. Kardelya Koshin, primée d'un montant qu'il n'avait pas retenu et révolutionnaire active ayant directement participé à la chute récente de Jotunheim est là, à moins de deux mètres de lui.

Voici celui avec qui ton destin est lié, jeune enfant. Le fil du destin vous a déjà rassemblés.


Dernière édition par Gharr Hadoc le Sam 15 Mai 2021 - 0:43, édité 1 fois
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-Bon, vous connaissez la procédure; on garde le bateau caché dans cette crique et on reste en mouvement, avec le Den-Den Mushi à portée de main, prêts à signaler le moindre problème.
Gaho s'occupe de l'entretien du bateau, avec Mibu et Skela pour protéger la place, Segawa et Hachiro vaquent à leurs occupations et je m'occupe de faire du repérage sur l'île. S'il n'y a pas d'activité hostile dans le coin, je vous préviens et ceux qui voudront venir viendront.


Je donne mes dernières directives à mon équipage, avant de sortir de la crique où le navire a été dissimulé à la vue de tous, observant les environs prudemment, au cas où des intrus seraient déjà dans les environs. J'avance précautionneusement sous un soleil de plomb, soulagée d'avoir pensé à troquer mon costume noir avec une tenue plus légère, à savoir un bandana bleu foncé camouflant mes cheveux blonds, un débardeur violet, un bermuda noir et des chaussures en toile noires.
Mine de rien, un costume sombre ajouté à une chemise à manches longues, c'est "légèrement" chaud, par rapport à une telle chaleur...

Je traverse d’épaisses jungles, m'offrant quelques bons instants de fraîcheur avec l'ombrage, même si les multiples bruissements de feuilles et les étranges bourdonnements se faisant entendre au loin ne sont pas là pour me rassurer.
De ce que j'ai pu sommairement apprendre sur cette île du nom de Myriapolis, elle abriterait une curieuse race d'hommes-insectes, mais elle constituerait surtout un territoire neutre et plutôt à l'abri de la Marine.
Cela me va tout à fait d'accoster sur des îles neutres et un peu à l'abri des regards, même si je garde la même appréhension que sur les Blues, avec une bonne augmentation de "niveau de stress" de 40% environ. Pour avoir déjà navigué sur Grand Line, à l'issue de transports vers quelques missions, j'ai largement conscience de la dangerosité de cette mer et je n'ai pas envie d'avoir à gérer la Marine, en plus d'une mer truffée de dangers de tous types et toutes natures.

Mais bon, les voyages coûtent cher en nourriture et il faut parfois penser à jeter l'ancre quelque part, pour s'approvisionner. Ma cuisinière femme-poisson est partie dans son coin, pour trouver un semblant de boutique, pour faire quelques courses, estimant que "sa prime est trop ridicule pour qu'un Marine de Grand Line se soucie de sa gueule". Mais, Segawa m'a tout de même promis qu'elle se tiendra à carreau, lors de cette escale, ce qui me rassure et m'inquiète un minimum, connaissant de mieux en mieux le caractère de la femme-poisson.

Après une bonne marche, j'arrive finalement à ce qui m’intéresse, à savoir la place centrale de l'île, avec une appellation résumant bien ce que je trouve sur place: la Ruche est noire de monde et plusieurs bourdonnements se font entendre à gauche à droite, faisant un brouhaha persistant et vrillant les tympans quelque peu.
Au milieu des insectoïdes, je remarque cependant pas mal d'humains et je me rassure chaque seconde d'avantage de ne pas voir le moindre uniforme Marine, même si je ne peux m'empêcher de réajuster mon bandana, pour être sûre de dissimuler mes cheveux blonds, un peu trop visibles sur mon avis de recherche (comme le costume noir remarque).

M'habituant peu à peu à ce bourdonnement incessant, je passe de boutique en boutique, notant mentalement quelques adresses utiles pour mon équipage, pour pouvoir les guider, lorsque j'aurai fini mon repérage.
Même si cette destination change beaucoup de ce que j'ai l'habitude de voir et me donne bien envie de continuer à explorer, je ne peux pas vraiment me sentir rassuré, pour le fait d'avoir une prime sur ma tête. Bon, je ne connais pas trop les "indices de menace" liés aux primes, mais il me semble que 28 millions, ça reste très important pour les Blues et une "prime modérée" pour Grand Line. Mais, je n'ai pas vraiment pris le temps de demander confirmation à un soldat dans la rue, voyez-vous?

Soudain, au beau milieu de ma marche, une voix se fait entendre sur ma gauche, alors qu'une grande silhouette se dessine dans l'encadrement d'une porte, me faisant sursauter:

-Jeune enfant, souhaites-tu connaître ton avenir à travers les fils d'araignée?

La demande de cette personne me laisse perplexe, avec un haussement de sourcil, me faisant aussi tourner la tête de gauche à droite, comme si je doutai qu'il s'adresse directement à moi...

-Je... Les... Les fils d'araignée? Vous êtes voyant?

-Tout à fait, mon enfant. J'utilise la soie de ma fidèle araignée dorée, pour lire et décrire les fils du destin à chaque personne en quête de savoir et de réponses.

Je réfléchis un moment, bras croisés... J'ai déjà pu entendre parler de voyants qui utilisaient des boules de cristal, les arrêtes d'un poisson ou même des tripes de chèvre... mais des fils d'araignée?

-Hum... Je dois bien admettre être intriguée par cette méthode de voyance... D'accord.

De ce que j'ai pu voir jusqu'à présent, la Marine ne semble pas traîner dans les environs et je me sens suffisamment rassurée pour m'accorder une "pause" dans mon exploration.

Je suis donc le voyant dans sa boutique, qui ressemble de l'intérieur à une cabane dans un tronc, éclairée par des guirlandes de lucioles; le décor était "particulier", mais je trouve que ça a un certain charme exotique tout de même.
Je me retrouve assise en face du voyant et d'une araignée dorée, qui tresse un fil assez épais, dans lequel mon interlocuteur commence à poser intensément les yeux.
Un moment de silence se passe, durant lequel je me décide à retirer mon bandana, l'enroulant autour de mon poignet droit, à l'opposée de mon bracelet en cuir marron.

-Oui... Je vois... Je vois une connexion avec ton fil de destin... Elle est ici... toute proche...
Cette personne... Elle te sera opposée... mais aussi d'un grand soutien, pour t'aider à traverser le monde...


Le ton et l'attitude tellement sérieuses du voyant me laissent complètement muette, alors que je ne quitte pas des yeux l'araignée cristalline dorée... Comme par hasard, une chose importante pour moi serait à proximité...

Soudain, la prédiction est interrompue par le vieil homme, qui s'adresse à quelqu'un d'autre dans la salle, me faisant tourner la tête dans cette direction... pour me faire me relever brusquement, me plaquant contre un mur... Un... Un soldat de la Marine!?! Et il semble avoir pas mal de "ferraille du mérite" sur ses épaulières! Vu qu'apparemment, les galons d'un Marine reflètent leur importance dans l’organisation et leur puissance, sans compter le fait que nous sommes sur Grand Line, je devine que je suis tombé sur un "gros morceau d'autorité"...

Mon regard passe du voyant au membre de la maréchaussée, qui semblerait... être l'autre bout de mon "fil de destin"?!?

Grimaçant et sur la défensive, je toise les deux personnages, même si mon regard perçant darde d'avantage le soldat:

-Il suffit que je sorte des Blues pour tomber sur des plans ingénieux de la Marine... C'est tout de même bizarrement novateur le coup de la "voyance"...
Vous comptez faire quoi?
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La marine est partout. On la remarque davantage quand il y a un intérêt à notifier sa présence.

Calme, lent, comme s'il ne voulait faire paniquer personne, Hadoc extrait une boîte d'allumettes longues de sa poche et isole une des soeurs entre ses doigts. Sans la gratter, il en pose l'extrémité de bois sur la toile collante au sol, à côté du couloir libre d'accès. La glue naturelle est puissante, il rompt presque son bâtonnet pourtant en contact à sa seule extrémité avec le décor. Toutefois, aucun résidu ne demeure sur l'objet. La toile ne perd pas sa matière, elle est faite d'un alliage solide et très adhérent. Peut-être par de multiples crochets ? Tout en rangeant l'allumette dans sa boîte pour qu'elle raconte son aventure aux autres, il se tourne vers le grand voyant, resté lui aussi serein malgré la colère de la jeune visite. Se plaquer contre le mur n'était pas une bonne idée, mais dictée par son instinct, Kardelya s'était laissée attraper par les fils d'araignées suspendant lucioles et tout ce qui quitte la route sécurisée. Si elle veut se dégager, ce sera en se débarrassant de ses chaussures et vêtements en contact avec le mur. A moins que...

Comment débarrassez-vous les clients qui se prennent dans vos toiles ?  

En les mangeant.

Je suis sérieux.  

Il le semble aussi.

Pourquoi vous répondrais-je ? Selon les lois de la chasse, une proie prise dans un piège appartient à qui peut disposer d'elle. Toutes les araignées obéissent à ce principe. De plus, ni la marine, ni la dissidence n'ont de droits ici. Vous êtes égaux face à la nature, juste et cruelle prédatrice.

Il menace, pourtant jamais ses yeux ne cillent, jamais il ne dégage cette odeur éthérée de l'homme prêt à attaquer. Le voyant, de son faciès blanc et maigrelet, offre au marine des billes rondes inertes en guise de miroirs de l'âme. Son regard n'est pas humain et a quelque chose de profondément dérangeant. La folie serait une esquive facile, il est plus modeste d'admettre qu'il a pris une part des araignées qu'il utilise. Sans doute faut-il des yeux de cette malsaine intensité pour lire la soie ? Toujours est-il qu'Hadoc se sent également piégé, dans l'incapacité de choisir de sauver une personne tandis que c'est son rôle de protéger, comme dans celle d'arrêter une criminelle car c'est également son rôle de sévir. Kardelya appartient au voyant, il l'a gagnée. Et si son pouvoir est réel, il savait que ce présent arriverait.

Cette révolutionnaire n'est pas mon objectif, je suis ici pour des choses bien plus importantes qu'envoyer en prison un pantin de terroristes. Je ne mettrai pas en péril ma mission par zèle. Toutefois, comme vous le dites, je ne suis un marine que pour ceux qui m'accordent cette étiquette ici. Je peux donc agir en homme face à qui me déchoit de mes fonctions.

Le choix est vôtre, tisseuse. Considérez-moi en Commodore et considérez avec sérieux ma demande, ou traitez-moi en simple proie et voyez ce qu'un humain peut faire lorsqu'il ne se drape plus d'aucune institution pour réguler ses instincts primaires.  


Hadoc non plus ne dégage aucune aura meurtrière, quand bien même son ton est sec. C'est un simple énoncé, une règle ajoutée au jeu qui se partage ici. Les yeux du grand homme ne reflètent rien, mais son sourire s'élargit. Seule sa main enroulée de soie continue de décrire des cercles. C'est un déclic. Gharr baisse le regard sur l'araignée grosse comme un chat à l'abdomen doré. Elle le fixe, de la même façon que l'humain. Mais ce n'est pas lui qui commande, il n'a jamais été le voyant. Hadoc sourit, à la fois fasciné et révulsé par ce peuple araignée qui fusionne avec les humains d'une façon écoeurante. Avec le ton d'une amère énigme résolue, il conclut.

Je comprends pourquoi "la tisseuse" à présent.  

L'homme malingre imite le sourire de Hadoc, mais pour l'exagérer. Puis, de petites tisseuses sortent des manches du pantin humanoïde pour courir sur les fils de glue. Elles convergent dans le dos de Kardelya et en délogent délicatement chaque morceau de tissu, chaque cheveux, chaque particule de peau. La jeune humaine est abandonnée et peut regarder la scène sans pièges d'un simple pas. La tisseuse reprend, par la voix de celui qui porte désormais si bien son titre de médium.

Votre avenir vient de vous être révélé. Acceptez-le, ou votre fil sera rompu.

L'épée et le bouclier seront nécessaires à votre aventure. L'un trouvera l'épée, l'autre le bouclier. C'est alors que le guerrier vous sera révélé. A présent, partez.


Gharr laisse passer celle avec qui il vient de vivre une étrange séance. Si elle désire fuir, qu'elle le fasse, elle en aura le temps pendant qu'il dépose quelques billets sur la table, pour la prestation et la leçon. Collaborer avec une révolutionnaire pour triompher ? Mais triompher de quoi ? Hadoc est là pour mobiliser l'île en faveur du Gouvernement, en quoi une ennemie idéologique l'aiderait ? L'épée, le bouclier, le guerrier, il garde ces éléments en tête en sortant. Kardelya est toujours là. Méfiante, mais sans doute également consciente qu'il ne représentait pas de danger immédiat pour elle. Par politesse, sans provocation, Hadoc se présente.

Commodore Hadoc, de la 9ème Division de la Marine. Ou simplement Gharr, tout le monde n'est que ce qu'il parait aux yeux des autres ici. C'est quelque part très honnête.  

Il la salue en s'inclinant, comme on le fait à Shimotsuki.

Je profite d'avoir une complice directe du drame de Jotunheim pour vous poser une question qui vous sera proposée tôt ou tard. Pourquoi avez-vous pris part à ça ? Qu'y avez-vous gagné ?

Gharr connait déjà plusieurs réponses à cette interrogation. Mais celle choisie par la jeune blonde allait lui donner une base d'informations sur la personne qu'elle est.
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La panique et la stupeur étant passés, je prends conscience d'un léger, très léger et même infime point de détail... je suis collée au mur?!? Non mais... merde quoi! C'est quoi ces premiers pas moisis sur Grand Line?!? Après avoir peiné à trouver un navire correct pour cette mer, j'ai dû avoir à gérer avec l'organisation de mon équipage, le fait d'avoir une prime sur ma tête, les nouvelles lois flinguant littéralement l'élan révolutionnaire... Bref, c'est le bordel à tous les niveaux! Ah oui, je dois aussi gérer ça avec un Marine juste devant moi, qui peut aisément cueillir une révolutionnaire primée, emberlificotée dans... une toile d'araignée?

Fulminant de rage, je ne fais guère attention à l'aura rougeâtre m'enveloppant petit à petit... jusqu'à parvenir à me recentrer sur les propos de ce voyant et du Marine, qui semble bien civilisé... ou alors il aime juste s'entendre parler, qui sait?
J'imagine que je devrais être contente de savoir que je ne suis pas la priorité de ce type... mais me faire traiter de marionnette terroriste... ça me vexe quelque peu sur l'instant, et je grince des dents, en détournant la tête:

-Le pantin n'a pas envie de relever, encore moins de lancer un débat idéologique, surtout dans sa position actuelle...

Déjà, la première fois que j'avais pu avoir une discussion "posée" avec un Marine, j'étais suffisamment restée sur la réserve, instaurant un joli débat à sens unique ne menant à rien du tout...
Et franchement, je ne peux pas négliger la "rareté" d'avoir un ennemi qui préfère parler que me sauter à la gorge... Mais bon, avec ma prime et le fait d'explorer une mer encore bien nouvelle pour moi, c'est compliqué d'avoir une confiance optimale...

Finalement, des araignées viennent à moi et passent dans mon dos, me défaisant petit à petit de la toile dans laquelle je me suis emberlificoté il y a deux minutes.
J'époussette mes vêtements, avant de renouer mon bandana sur ma tête, pour camoufler mes cheveux blonds, même si j'estime ma "couverture" grillée, avec un Commodore devant moi. Hum... Je n'ai pas une grande connaissance des grades Marines, mais je crois que ce grade est celui d'un officier assez bien placé dans la hiérarchie militaire et qu'il se rapproche plus de l'armée navale que du terrestre...

Jetant un nouveau regard au voyant, après une nouvelle prédiction, qui semble aussi tenir lieue de menace, je soupire, en allumant une cigarette, tirant une longue taffe, avant d'expédier la fumée au plafond:

-J'ai rompu suffisamment de liens du passé et du présent, pour ne plus m'en soucier et les liens du futur peuvent aussi en faire partie.
Mais soit, je tiens compte de votre prédiction pour le futur proche et vous remercie néanmoins de votre sagesse. Sur ce, mes salutations.


Je ne me fais guère prier pour sortir du bâtiment, observant néanmoins le soldat à mon passage à ses cotés, pour éviter un menottage ou un coup sorti de nulle part.
Concernant les prédictions du voyant... c'est difficile de passer à coté, surtout avec son ton serein et aussi assuré. J'ai bien l'impression qu'il y a une part de vérité dans ce qu'il dit, mais à coté, mon coté assez terre-à-terre, à analyser les choses dans leur ensemble et à chercher une explication logique à tout... L'impression bataille ferme avec mon appréhension et mon esprit commence à surchauffer au bout de quelques secondes.

Une épée? Un bouclier? Ces deux choses formeraient un guerrier et la continuité de notre aventure?
Donc, d'une manière ou d'une autre, le Marine et la Révolutionnaire doivent s'accorder sur quelque chose, pour former autre chose qui nous permettrait d'avancer?

Mes réflexions se font interrompre par les présentations du dénommé Hadoc.
Hum... dans sa réflexion, il y a bien une chose qui me fait tiquer positivement et c'est la question de l’honnêteté, même si je reste encore assez prudente sur le fait de devoir "lier" mon destin avec cet homme. Mais bon, vu que l'on semble partis sur l’honnêteté...

J'incline la tête devant l'officier du Gouvernement Mondial:

-Kardelya Koshin, Cavalier de la Révolution.
Et... oui, j'imagine que parler sans artifices peut aider à ce "sentiment de franchise".


M'ouais... J'imagine que je peux essayer d'être un cran plus poli qu'avec mon premier Marine, il faut voir... mais mon semblant de détente disparaît, alors que ce type met bien les pieds dans le plat, en parlant de Jotunheim, me laissant pensive, tête baissée...

Les gains d'une telle opération? Très franchement?

-Pour ce que ça peut apporter sur l’échafaud, autant le dire maintenant, pour m'en débarrasser.
La résultat de l'opération Jotunheim est bien plus négatif que positif pour moi et moi seule.
Nous sommes partis pour libérer un membre de notre noyau central de direction, pour reformer les rangs, resituer les objectifs de la Révolution. À coté, j'imagine que vous avez compris qu'il y a eu un semblant d'alliance entre pirates et Révolutionnaires, mais je vous préviens de suite qu'il n'y aura pas besoin de torture avec moi, pour avoir des détails sur cette alliance. C'est simple, j'ignore tout des tenants et aboutissants de cette coalition. Mon supérieur direct a disparu et je suis actuellement occupée à rien d'autre que survivre, sans attention présente de bousculer les habitudes corporatistes du Gouvernement Mondial.
Et personnellement, je ne crois pas que condamner à mort la Révolution valait tant le coup, pour libérer une seule personne. Concernant l'explosion de la prison, j'en suis ravie, dans le sens où ce taudis glacé était le théâtre d'horribles expériences que j'ai apprises après-coup... mais j'en suis vraiment dégoûtée, dans le sens où ce coup d'éclat involontaire a donné trop "d'importance" à la participation Révolutionnaire et nous a tous condamnés à mort sans jugement.


Je grommelle, en souffletant un nuage de fumée sur le coté, piétinant furieusement du pied au sol, me turlupinant les méninges, réfléchissant à vois haute:

-Ces types que j'avais croisé sur l’iceberg... Ils posaient des mines à la surface... Mais il n'était pas question d'éclaireurs pirates ou révolutionnaires et j'étais donc la première sur les lieux, avant l'assaut...

Je frictionne ma tempe vigoureusement, essayant de rassembler mes souvenirs... J'ai du mal à me rappeler les vêtements ou la tête de ces types... Mais plus ça va et moins je comprends l'intérêt que l'on aurait eu à tout faire sauter... Les Révolutionnaires étaient en pleine évacuation et les pirates étaient occupés à faire s'évader les prisonniers pour grossir leurs rangs... Ou alors c'est un ordre sorti à la dernière minute des supérieurs ou une déferlant de puissance incontrôlée (un utilisateur de Fruit du Démon?)

Je laisse tomber ma cigarette au sol, avant de l'écraser rageusement d'un coup de talon, fissurant et craquelant le sol au passage:

-BORDEL! Cette opération m'a gavé!

Pour moi, très clairement, Jotunheim est une grosse pierre noire acérée dans ma vie de Révolutionnaire! J'ai servi à rien tout du long, j'ai une prime qui ruine tous mes espoirs de poursuivre l'infiltration et j'ai l'impression d'avoir eu mon rang de Cavalier par pure pitié! Et à coté, les répercussions sur la Révolution à long terme sont désastreuses!
Ah ça, c'est sûr que cette foutue opération à servi à rien, surtout lorsque que l'on connait l'état désastreux dans lequel Jonas Mandrake est!

Soufflant du nez furieusement, je plonge mon regard dans celui du Marine:

-Voilà! Vous vouliez de l’honnêteté, non!?!
Bon sang, et je me retrouve coincé avec une prophétie bizarre dans la tête, avec un Marine... comme si je n'avais pas déjà assez mal à la tête...
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Votre indisposition ne sera pas arrangée avec ce climat. Je vous recommande de beaucoup boire et à des températures ambiantes.

Il est toujours calme, un léger sourire de compassion étendu sous sa moustache. La recommandation a beau être banale, elle témoigne d'une écoute du Commodore qui reste surpris de la confession de Kardelya. Lui qui s'attendait à une figure défendant et justifiant ses actes à l'instar d'un parfait porte-parole représentant une cause déshumanisée, voilà qu'elle s'avérait au contraire emplie de cette humanité, un mélange de sentiments tiraillés tendant à se résumer à une volonté de faire de son mieux. Une victime, comme tant d'autres, potentiellement contrainte à des choix qui en ont moins été qu'un courant où les faibles se laissent emportés. Hadoc aussi a été pris par les flots, à une époque où il errait sans repères et cherchait un sens à sa dérive. Lui a pu saisir le bras d'un officier de la marine, sans doute Kardelya a-t-elle eu d'autres branches où se raccrocher. Où est le choix dans une cellule  d'un noir total où une porte de lumière s'ouvre soudainement ? Qui ne l'emprunterait pas ? Et pour quelles raisons ? Gharr expire doucement des narines la douleur de la révolutionnaire qu'il n'a pu ressentir et qui goûte cependant un peu la sienne. Le regard de la jeune blonde est sage, sa parole juste, mais le marine ne peut la tirer de cette toile-là. Nulle ne le peut.

Connaissez-vous la théorie de ce qu'on appelle "l'équilibre de la terreur" ? C'est une notion primordiale dans une guerre, appliquée depuis plus d'un siècle. Si vous avez, vous et votre ennemi, le moyen de vous détruire, alors personne ne le fait.

Elle l'écoute, comprenant qu'il veut arriver quelque part avec cette amorce. Alors, de son ton rauque et paisible d'un écho de cloche de temple, il poursuit, tâchant de vaincre le bruit de la foule sans avoir à l'affronter.

Chaque île de ce monde est une nation. Les nations sont impliquées dans l'équilibre général du monde, qu'ils aident le Gouvernement Mondial ou le combattent. Il y a toujours eu une règle tacite semble-t-il: si vous perdez un pion à cause d'une négligence dans votre stratégie, vous acceptez de laisser l'avantage à l'adversaire.

Concrètement, cela se traduit par le fait que la plupart des îles conquises ne sont pas reprises immédiatement, sauf besoin impératif d'en reprendre le contrôle. Les populations sont souvent éprouvées, les rangs marqués par les batailles et les leçons de l'échec âpres confidentes. Chaque camp détermine ce qu'il fait de l'endroit concerné. Souvent, il est laissé un temps au vainqueur et étudié du vaincu, ne serait-ce que pour savoir si la force à déployer pour reprendre la main tirera un bénéfice sur ce qu'il reste à sauver. Sans parler du fait que reconquérir un pays partiellement relevé est plus profitable, qu'importe la nature de ce profit. Nos deux camps suivent ces mêmes règles d'un jeu cynique où chaque pays est une table remplie de pions.


Gharr approche de Kardelya, qui s'écarte par politesse ou prudence. Parvenu à peu près à la place qu'elle occupait, il fléchit les genoux, tend le bras et récupère le mégot écrasé dans son pavé fendu. S'extrait ensuite de sa poche une boîte en bois laqué gravée de kanjis comme on peut en trouver à Shimotsuki. Le mégot finit avalé par le coffret, lui-même gobé par la poche de veste du Commodore dont il était sorti. Pour le pavé, il n'y aura rien d'autre à faire que d'attendre la rénovation des ouvriers.

L'équilibre de la terreur, c'est la garantie de préserver des poches d'air dans ce voile de soufre, pour que tout le monde puisse respirer. C'est ce qui fait que la Marine n'attaque pas la Nouvelle Ohara alors qu'elle sait que la révolution y a à nouveau élu domicile de façon plus ou moins cachée. C'est aussi ce qui fait que la route de tous les périls est moins sécurisée que les Blues,  même la guerre a besoin de son organisation et de ses échanges de bons procédés implicites. Pour le dire autrement, la guerre a toujours conservé un aspect "courtois" et ce en dépit de toutes les atrocités qu'elle engendre et des victimes qu'elle ne cesse d'empiler. La Prison de Jotunheim était une pièce à maintenir et respecter, comme l'arbre de Nouvelle Ohara, surtout après la chute d'Impel Down.

Je l'ai expliqué, chaque camp accepte l'échec, inévitable à une table ou l'autre de jeu quand tant de parties s'y disputent en permanence. Le souci, c'est que ce pion d'importance n'est pas tombé par mauvaise stratégie du Gouvernement, il est tombé parce que l'autre joueur a rompu l'équilibre. C'est un peu comme tricher face à un croupier, ça signe la fin de la complicité rivale. L'avènement de la répression et du chaos.


Le grand homme qui avait invité Le Cavalier à entrer ressort appâter son prochain client. Les deux précédents s'éloignent sans regrets, histoire de poursuivre dans une meilleure intimité. Il y a toujours du passage dans la Ruche, on se croirait dans un immense marché à niveaux multiples. Lorsque Kardelya et Gharr finissent bloqués par un embouteillage humain et attendant de pouvoir circuler, Hadoc exagère volontairement son agacement d'être coincé dans la foule et lui propose un peu d'eau de sa gourde militaire.

Je suis très bavard, pardonnez-moi. Nous avons l'habitude de longues conversations chez moi, mais il est vrai que cet usage est plutôt endémique. Votre mal de tête passe-t-il ?  

Les mystérieux artificiers, la révolution, Mandrake, le danger de la situation mondiale actuelle et surtout de ses conséquences probables, Gharr a tant de chose à transmettre et apprendre auprès d'elle. Si le sujet se prolonge, ce sera parce qu'elle le souhaite. Visiblement, ils ont du temps devant eux.
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On dit bien que "l'habit ne fait pas le moine", n'est-ce pas? Eh bien dans le cas présent, je ne m'attendais pas du tout à trouver quelqu'un de si bavard, en la personne de quelqu'un taillé comme une armoire à glace.
Même si l'ensemble de son discours reste porté sur la guerre, chose qui semble être le quotidien de bien trop de nations, il dénote quand même une certaine sagesse et sérénité, qui tranche carrément avec ce que j'ai l'habitude de voir et d'entendre chez les soldats de la Marine. Le dernier à m'avoir laissé cette impression était Aleister et j'ai l'impression que ça remonte à des siècles, sans doute parce que c'était avant Jotunheim... Cette opération m'a clairement fait vieillir et pas vraiment dans le bon sens du terme...

L'équilibre général du monde hein? Comme les Trois Pouvoirs, à savoir les Amiraux de la Marine, les Shichibukai et les Yonkou?
Je tire une autre taffe de ma cigarette, le regard perdu dans le vague:

-Cette notion d'équilibre, je la vois surtout du point de vue humain, dans le sens où les deux camps ou au moins l'un pense déjà à l'après-guerre, avant même de donner les ordres. Chacun pèse le pour et le contre, se demandant si la conquête vaut le possible sacrifice de troupes, les pertes civiles, financières et matérielles, sans compter les possibles et même évidentes représailles des alliés du territoire conquis. Après, il y a la question de la reconstruction, établir des lois s'il faut, gérer les prisonniers de guerre, les relations internes... En somme, il faut accepter le fait de devoir administrer ses conquêtes et c'est ça que je nomme "équilibre" pour ma part.
C'est vrai que chaque île a sa propre importance, que ce soit par une position stratégique pour une invasion à plus grande échelle, des ressources précieuses à exploiter ou retirer à l'ennemi et j'en passe et des pires...
Mais oui, il y a bien entendu une évidente "lassitude" des populations à voir le gouvernement ou la tyrannie à leur tête changer tous les deux jours, en emportant parfois un dixième de la population.


Hachiro ne m'a expliqué que trop bien et souvent ce point de vue des civils pris en plein milieu de la guerre. En tant qu'ancien médecin de guerre, il a eu son quota de conflits et a un point de vue solidement fondé sur la guerre dans son ensemble: c'est une boucherie qui laisse les gens brisés, vainqueurs ou vaincus...

Cependant, quelques termes me dérangent dans la nouvelle tirade du Commodore et me font grincer des dents:

-Et c'est bien le problème dans votre discours qui fait qu'il y a et aura toujours des "mésententes cordiales" entre diverses organisations.
Des personnes et même des institutions sont tellement bercées par la violence et la guerre qu'ils se contentent de reléguer les population au niveau de "pertes matérielles" et ça va dans "l'équilibre de terreur" dont vous parlez à l'instant.
Du coup, que suggérez-vous, dans le sens où quelque soit l'action d'un parti, la réponse est 95% du temps une réponse guerroyeuse, agressive, menaçante, oppressive, voir tout en même temps?
Notre époque est pourrie par des élites, pas forcément la Marine, qui sont tellement occupées à faire la guerre à gauche à droite que ça devient un quotidien qui déborde des personnes "concernées", pour atteindre les populations.

Et au final, j'ai bien l'impression que notre mouvement révolutionnaire est entré en plein dans cette période toxique de répression et de chaos et ça va forcément empirer l'état d'esprit global du monde, en faisant sombrer les gens dans la paranoïa.
Avec Jotunheim, plus que jamais, les Révolutionnaires passent pour des monstres et cette simple image, couplée au décret infernal décidé par le Gouvernement, les populations vont devenir complètement folles, à paniquer dès que quelqu'un va avoir un "comportement suspect" à leurs cotés. Ils risquent de stresser de sortir les armes et de faire justice eux-même, surtout en sachant qu'ils ne seront pas poursuivis pour meurtre.


Je reste perdue dans mes pensées, avant de voir une gourde arriver dans mon champ de vision...
Je récupère cette dernière, avec un signe de tête entendu, en guise de remerciement, buvant une petite gorgée, ne serait-ce que pour réhydrater mon gosier.

-Je... Merci...
Mais non, ça me va tout à fait de discuter ainsi avec quelqu'un, ça me change des déplacements intempestifs et silencieux, pour aller de mission en mission... même si je devrai techniquement prendre mes jambes à mon cou, compte tenu du simple fait que nous appartenons à deux camps rivaux...
Concernant ma migraine, ça s'est calmé, dans le sens où j'ai choisi d'ensevelir cette étrange prédiction sous une tonne d'explications plus "concrètes".


Tournant la tête de gauche à droite, observant les environs, je jette mon mégot de cigarette à terre avant de l'écraser du talon, pour ensuite récupérer le mégot et le ranger dans une petite boîte métallique qui disparaît dans ma poche arrière de bermuda.

-Et donc? Que fait un Commodore de la Marine sur une île comme Myriapolis?
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Hadoc l'écoute et acquiesce plus ou moins distinctement tout en creusant un sillon au sein d'une foule hétéroclite. Elle pare de l'après, de la reconstruction, de choses trop peu souvent prises en compte et ce qu'importe le drapeau du conquérant. La guerre motive, la reconstruction n'est jamais urgente. En ce point, la Marine ne fait pas meilleure figure que sa dissidence. Il pourrait souligner que l'incapacité de son administration à tout réparer en tant réelle vient plus d'un casse-tête logistique en mutation permanente, là où il voit souvent des chefs révolutionnaires promettre le mieux pour ne puiser qu'une gloire auto-dirigée, mais c'est inutile. D'autant que les médias du Mondial jouent aussi sur cette corde pour établir leur propagande. L'hydre a beau faire corps, quand trop de têtes pensent chacune de leur côté tout ne se coordonne pas.

Kardelya l'interroge sur son discours lorsqu'ils bivouaquent à une échoppe de boissons. Hadoc en prend une de ce qui semble être un dérivé de résine transparent comme du verre et très résistant, rempli d'eau légèrement sucrée. Beaucoup de vendeurs ajoutent un peu de miel dans leur eau. Cela plait aux insectes, mais empêche également certains malaises dus à l'effort. Sans parler du fait que la zone étant touristique, vendre la saveur locale tout en masquant le goût d'eaux qui pourraient de base déplaire, c'est du tout gagnant.

Il tend la gourde équipée d'une cordelette en fibres végétales tressées pour résister à la tension du récipient.

Pour vous. Il y a plusieurs points d'eau où la remplir. Evitez si possible les zones gratuites ou sans surveillance, la qualité de l'eau n'y est pas garantie. Mais si vous n'avez pas le choix, faire bouillir de l'eau ou tout simplement l'exposer au soleil battant quelques heures tuera la plupart des bactéries.

Concernant les solutions, tout dépend si vous demandez au marine ou à l'homme. Nous apprenons que tout fonctionne mieux avec un pouvoir centralisé et une uniformité des rangs. Mais nous savons également que tous nous uniformiser, c'est nous affaiblir. Tout ce qui compte, c'est la solution tangible, à savoir préserver l'équilibre déjà instauré.

Après, si je devais extrapoler en rêvant à un monde meilleur, j'imagine que je séparerais le pouvoir politique civil du pouvoir militaire. Je centraliserais davantage le pouvoir pour qu'il gère au mieux l'ensemble des nations, mais en créant des traités pour les obliger à faire passer la culture de chacun avant son aliénation par assimilation. Et je regretterais ce choix vingt ans plus tard, lorsque le pouvoir militaire aura supplanté le civil et voudra le conquérir car c'est lui qui possède les armes, que la contrebande aura profité de la protection des nations pour exploiter les autres et que la corruption veillera à protéger quelques privilégiés plutôt que la communauté. Ma solution n'est pas viable car il magnifie notre espèce sans tenir compte de ses instincts. Ce qui est vain.

Je ne sais pas ce qui est mieux entre ce que nous avons et ce que nous espérons. Tout ce que je sais, car c'est une loi naturelle, c'est que tout se désagrège, tout le temps, à tout niveau. Je ne fais que ma part. Je veille à l'ordre, je protège les innocents et sévis les néfastes à la portée de mon métier.

Toutefois, si je déplore la guerre mondiale et une violence subie qui tend à la banaliser, car c'est le rôle des soldats d'endurer le pire, je ne veux pas d'un monde sans guerres. La guerre rappelle l'essentiel de la violence, elle nous entraine tous à y faire face. Tout le monde n'est pas fait pour porter une arme, mais aucune société pérenne n'est faite pour évoluer sans moyen de se défendre. La violence est philosophiquement déplorable, factuellement essentielle et la guerre une des valeurs fondamentales de notre espèce. Par "chance", nous n'avons pas besoin de créer des guerres pour nous tenir prêts à y survivre, elles bourgeonnent d'elles-mêmes.

En ceci, les abeilles de la Ruche sont un bel exemple. Elles meurent en piquant, leur arme est à la fois la chose qui les tue, mais également celle qui fait que les villes fourmi et autres ne l'envahissent pas. Nous ne sommes pas plus forts que la nature, nous en faisons partie. Attaquer et défendre sont dans nos codes, il faut l'accepter. Mais peut-être ces propos vous semblent-ils fatalistes ?


Ils quittent l'échoppe, puis l'artère principale de la foule pour bifurquer vers des ruelles plus calmes, plus fraiches et parsemées d'escaliers plutôt raides à monter ou descendre selon les couloirs. Ce sont des quartiers résidentiels, les seuls passants ne s'attardent pas. La jeune révolutionnaire l'interroge alors sur la raison de sa visite.

Je suis en mission. Vous n'ignorez pas la loi martiale décrétée, je suis ici pour veiller à ce que Myriapolis reste en dehors de la zone de guerre. Au vu de ce que je constate vous concernant, nous pouvons me souhaiter un franc succès. Voudriez-vous m'y aider ? Je ne compte pas enfreindre la loi, mais vous pourriez être un appui pour témoigner de la nécessité de ne pas participer au conflit. Et si votre mission est en réalité de fournir un rapport sur Myriapolis, quoi de mieux qu'être témoin direct d'un entretien politique entre une nation indépendante et la voix du Gouvernement Mondial ?
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Avec cette conversation sortie de nulle part, aussi bizarre que cela puisse paraître, j'arrive enfin à me détendre, malgré le fait d'avoir une assez grosse pointure de la Marine à mes cotés. La réaction "classique" d'un Révolutionnaire devrait sans doute être de rentrer dans le tas ou de partir en courant, mais pour ma part, je ne me sens guère de prendre la fuite comme ça et lancer un combat représente le même problème, surtout sur une île inconnue. Frapper un représentant de l'ordre pourrait m'exposer à pas mal de soucis, que ce soit voir débarquer des soldats de nulle part pour me sauter à la gorge ou juste le fait de tomber sur un adversaire trop fort qui me neutraliserai en un rien de temps.
Oui, on va dire sommairement que je suis assez prudente en terme de combat, surtout après m'être faite malmener par des gorilles des glaces à Jotunheim...

Je réceptionne la gourde achetée à l'instant par le commodore, n'attendant pas d'en savoir d'avantage sur la nature et la raison de la transaction, pour fouiller rapidement dans mes poches. Je sors une poignée de berrys et les fourre dans la main du Marine.

-Merci pour les conseils et le remboursement est à accepter sans protestations, je vous prie; je n'aime pas avoir de dettes avec les autres, même pour une chose si simple qu'une gourde.
Hum... Je le demande à la personne qui se tient devant moi actuellement, rien de plus et rien de moins.
Oui, c'est clair que chaque système politique a ses forces et ses faiblesses et le monde parfait n'existe pas, alors que nous nous contentons juste de limiter la casse dans un monde gangrené par le besoin d'assouvir son autorité par la violence, la corruption et l'esclavage.
C'est une belle vision que voilà: chercher l'équilibre est la bonne solution dans tout ce chaos. Mais le fait est que chaque parti veut en avoir toujours plus que l'autre et on finit toujours par tomber sur une impasse qui se résout par la guerre. Mais, outre des précédents aussi désespérants et sanglants, il est bon de savoir que des gens s'accrochent encore à de vrais idéaux qui valent la peine de se lever chaque jour.


Je me décide à adresser un petit sourire au Marine. Même s'il est vrai que mon discours est sacrément pessimiste, ce n'est pas le ressenti pour lequel je me bats chaque jour qui passe depuis mon entrée dans la Révolution. C'est juste une vision néfaste du monde réel que j'essaie de corriger et que je me dois d'extérioriser de temps à autre, pour ne pas sombrer dans la "facilité" de me dire qu'unifier les mers sous un même symbole est une tâche aisée.

La réflexion sur le "rôle de la guerre" me fait tiquer de nouveau et je m'apprête à m'indigner de nouveau et pester quelque peu contre mon interlocuteur... mais je me ravise et secoue doucement la tête.

-Je comprends l'idée globale derrière vos mots: il est vrai qu'il n'y a pas de paix sans guerre et inversement et on ne peut pas tous avoir la même manière de penser, pour pouvoir vivre dans un monde tout blanc, où le mal n'existerai pas.
Mais en même temps, nous sommes humains et comme nous, il y a des gens qui se soucient encore des autres et c'est pour préserver ce groupe que des personnes comme vous et moi nous battons chaque jour, même si nos manières de procéder nous placent comme ennemis.
Après avoir vu bien des choses et avoir conversé longuement à gauche à droite, je dirai que je suis plus dans le réalisme que le fatalisme. La paix universelle n'est pas une chose qui peut être obtenue d'un claquement de doigts et c'est bien pour ça qu'il faut des efforts constants, de notre part comme celle des gens que nous réussissons à atteindre.


Finalement, j'apprends que le commodore est ici en qualité de diplomate, ce qui me fait hausser un sourcil sur l'instant. Myriapolis intéresse donc le Gouvernement Mondial d'une manière ou d'une autre? Hum, ce n'est pas tellement ça, d'après ce que me dit le soldat; ce serait plus une assurance que l'île conserve sa neutralité et se tienne éloignée des conflits entourant la zone.
Je dois avouer que cette démarche m'intrigue grandement et je finis par acquiescer d'un signe de tête:

-Je dois admettre être interloquée sur pas mal de points sur la situation actuelle et je suis curieuse d'en voir et d'en savoir d'avantage sur tout ça.
De ce que j'en sais, la Révolution n'a pas de projets pour cette île et je suis juste de passage dans cette région, donc je vous rassure sur le fait que je ne vais pas interférer négativement dans votre démarche.
Soit, je suis prête à vous suivre et à vous aider, si ça ne va pas à l'encontre de mes propres objectifs, si ces derniers venaient à évoluer au fil du temps.
Cependant, je préviens mon équipage avant toute chose, pour éviter une panique de leur part.


J'appelle rapidement Skela, sur le navire:

-Skela, fais passer le message: je vais rencontrer un contact sur l'île en solitaire. Je vous ferai un bref appel toutes les dix minutes, pour vous dire si tout va bien. Si je ne réponds pas dans ce délai, vous pourrez intervenir.

Malgré le fait d'accorder un semblant de confiance au Marine, je ne dois pas oublier de conserver une certaine distance de sécurité et de garantir un plan de secours derrière soi, au cas où. C'est un credo classique de l'assassin: ne pas se baser que sur un seul plan et prévoir plusieurs entrées et surtout plusieurs sorties.
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Elle le fait sourire de par sa prudence. Cette envie de tout prévoir, ce besoin de contrôle du terrain, lui aussi l'avait. Il le possède toujours, mais d'une autre façon. Ses supérieurs lui ont confié une mission risquée car ils le savent intègre et doué avec le funambulisme. Sans parler de ses talents pour survivre en milieu hostile. Mais l'équipage qui l'a amené ici n'attend aucune nouvelle, personne ne se préoccupe de sa survie. Il est là pour une mission, un autre prendra sa place s'il échoue. C'est ainsi que le Commodore a toujours aimé les choses : simples et libres. Inviter Kardelya à participer à la mission est risqué et dresserait les cheveux de nombre de supérieurs. Mais pas tous. Ceux qui se rappellent encore leur carrière sur le terrain et qui ont toujours flirté avec la débrouillardise savent l'importance de toutes les ressources à disposition. Kardelya peut devenir un obstacle, mais aussi une précieuse aide. Et cette prophétie de l'homme araignée semble valider le risque.

Toutefois, malgré son principe de non-ingérence aux affaires de la révolutionnaire, il semble important pour Hadoc de donner quelques recommandations. Après tout, la jeune blonde est un peu sauvage, mieux vaut qu'ils accordent leur tactique. Lorsqu'elle coupe son escargophone, il parle :

Toutes les dix minutes.  Vous devez en avoir faites, des missions d'infiltration.

Dix minutes, c'est très long dans le feu de l'action. Il en faut parfois à peine une pour entrer, remplir son objectif, disparaître. Mais pour un rendez-vous avec une personne royale, c'est peut-être à peine le temps qu'il faut pour aller d'un étage à l'autre de son palais en marchant. Pour une mission de diplomate, c'est négligeable.

La Reine est jeune et toute puissante ici. Je vous suggère de revoir vos délais, car il sera offensant de consulter votre escagrophone pendant l'entretien, qui peut durer des heures. Ou jusqu'au lendemain, ou même ne pas avoir lieu du tout. Il se peut aussi que nous soyons fouillés et que votre moyen de communication soit confisqué. Il se peut même qu'on nous demande d'enfiler des costumes d'abeille et de faire la danse du pollen avec la Reine. Tout peut arriver, nous serons soumis au pouvoir en place et devrons l'accepter. Je vous suggère, si vous voulez toujours m'accompagner, d'accepter de ne faire confiance qu'en vos talents propres pour vous en sortir.


Hadoc profite du temps qu'il leur reste pour prendre des escargophones vierges et échanger sa fréquence avec celui que Kardelya préfère payer de sa poche. Il justifie l'idée avec le besoin mutuel d'éviter de se compromettre en ayant un contact ennemi, si tant est qu'ils en soient vraiment. Un appel informe le Commodore qu'il sera attendu pour son rendez-vous dans l'heure, alors il se hâte à trouver un cocher qui les laisse prendre place sur son taxigale. L'insecte géant ne vole pas, mais prend place dans une alvéole très large où ne circulent que des insectes géants au pas de course.

Cambousiers de ramasseurs d'ordures, fourmila-1 de riches résidents, scaniarabées de convoyeurs et autre coccinelles de monsieur tout le monde, toutes ces pattes cliquetant dans un tube gigantesque comme un tunnel souterrain de translinéenne. Le cocher Niel assure qu'il a la taxigale la plus rapide de la Ruche et compte le prouver au vu du pourboire laisser par le Marine. A peine engagé dans le flux d'insectes, son bolide offre un concert de cymbalisations pour écarter les autres coursiers et atteindre au plus vite la zone royale. Le trajet ne durera que quelques minutes. Bien accroché, Hadoc en profite pour se détendre et profiter de l'agitation tout autour comme une attraction à sensations fortes. De fait, mieux vaut éviter la nausée avant d'embarquer, mais il faut reconnaître qu'ils avancent bien plus vite qu'à pas d'hommes, et sans bouchons de foule.

Assez parlé travail, ne trouvez-vous pas ?

Quand je ne suis pas en service, je suis professeur. J'enseigne le maniement du sabre à Shimotsuki. Ou plutôt, j'enseigne la voie du sabre. Nous n'employons aucune lame d'acier, nos outils sont le boken, les flèches, le bâton et le savoir. J'essaye d'enseigner à un maximum de gens qu'un guerrier n'est pas une machine à tuer, vouée à partir en quête du sabre le plus tranchant et résistant. Et j'enseigne à vaincre sans combattre, la plus complexe et valeureuse des victoires.

Outre cela, je suis pêcheur et calligraphe expérimenté. Et vous, comment disposez-vous de vos jours de repos ?
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Alors que je donnai quelques instructions à mon équipage, je me fais bien vite "rappeler à l'ordre" par le Marine, qui me parle plus en détails de la mission diplomatique dans laquelle il compte m'emmener.
Ah oui... Visiblement, je suis bien rouillée en terme de missions de négociation... ou alors c'est juste que je n'ai pas pour habitude d'avoir un équipage derrière moi, en cas de besoin. Ou je suis bien plus prudente, après l'opération Jotunheim, c'est à voir selon les envies.

- Je vois... Mes excuses, je n'ai pas fait de missions diplomatiques récemment... et en vrai, je suis plus spécialisé dans l'infiltration que la diplomatie... enfin bref...
Soit, mais si je dois vraiment compter sur moi-même, je dois rajouter quelque chose.


Je pianote rapidement sur mon Den-Den Mushi, pour joindre Skela:

- Skela, changement de programme, je dois y aller seule. Mais par contre, si tu pouvais me ramener Menteuse au plus vite à cette adresse...

Pendant que je règle des escargophones auprès du Commodore, je reçois soudainement sur ma tête une petite masse, suivie d'un miaulement familier:

- Livraison express, Capitaine!

Je lève la tête, réceptionnant mon sabre "obtenu" à Jotunheim de l'hybride Tontatta qui me fait office de seconde et de navigatrice.

- Merci Skela et je compte sur toi pour gérer l'équipage en mon absence et tenez le bateau prêt à partir, en cas de soucis ou d'urgence.
Oh, et ne t'étonnes pas de voir un Commodore de la Marine à coté: c'est lui mon contact.


La maudite au Zoan du chat manque de tomber du sommet de ma tête, en voyant finalement mon "allié de circonstance".

- Que... Hein?!? Vous n'avez jamais parlé de rencontrer la Marine ici! Vous êtes sûre que tout va bien?

Je saisis l'hybride par la peau du cou, la tenant dans mes mains devant moi, lui souriant doucement, pour la rassurer:

- Oui, ne t'en fais pas pour ça, rejoins le bateau et occupes-toi de superviser les divers approvisionnements du navire, pour que nous soyons prêts à partir.

Du tac au tac, la Tontatta répond:

- Ah bon? D'accord, pas de problème, mais soyez prudente!

Ma seconde se change intégralement en chat au poil roux, avant de bondir sur un toit d'un seul bond agile, disparaissant rapidement de ma vue.
Je glisse mon Meitou à ma ceinture, avant de me recentrer sur la conversation avec le Commodore.

- Bien, je suis pleinement préparée pour votre missions diplomatique.

On prend un moyen de transport bien étrange, un peu à l'image de cette île particulière, à savoir une immense cigale (pas une île pour les entomophobiques).
J'observe un moment la circulation autour de nous, dans cet immense tunnel empli d'insectes géants, la main posée nonchalamment sur la poignée de Menteuse.
La simple question du Marine me laisse perplexe bien longtemps, alors que je lève les yeux au plafond.

- Euh... Mes jours de repos? Je... Je n'en ai quasiment jamais pris... Je suis toujours sur les mers, d'un Q.G révolutionnaire à l'autre, pour m'entraîner ou aller glaner quelques informations et missions...
Lorsque je vais sur des îles, c'est soit pour faire du repérage, soit pour une mission ou des achats pour la navire...
Mais du coup... vous êtes épéiste? Et vous enseignez le combat sans violence? Vous enseignez le désarmement, l'esquive et la parade, c'est bien ça?

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Oui, oui et pas tout à fait, même si c'est exact.

Pour une fois qu'il a fait court, Hadoc sent bien que ses réponses demandent plus amples informations, d'autant que la jeune révolutionnaire ne semble pas donner grande importance à la vie civile. Que fera-t-elle si elle est un jour démobilisée ? Ou si son objectif s'accomplit ? Le marine s'interroge, car du duo, il est celui qui voit la violence comme essentielle au monde. Et pourtant, c'est elle qui ne connait pas autre chose que la révolution, les missions et une vie d'aventure constante. Pourtant, même les plus fanatiques guerriers ont un truc, une chose pour s'évader. Sans ça, ils deviennent fous, sauvages, perdus.

Le compromis semble donc de parler de la vie civile, sous ses aspects martiaux. Gharr n'y voit aucun inconvénient, après tout lui aussi est curieux de savoir si le sabre richement orné de la jeune blonde est une réplique ou non.

Imaginez que vous vous tenez le ventre, pour en retenir les viscères, car votre adversaire vient de vous ouvrir après avoir découvert votre faille. Sans soins, vous vous effondrez, morte. Quand avez-vous perdu exactement ?

Les profanes diront probablement, emplis d'un logique bon sens rationnel, que c'est au moment de votre mort. Les enthousiastes aussi, ceux qui pensent qu'avec la volonté, on ne meurt jamais. Les guerriers, pour la plupart, décoderont le combat et diront qu'il a été perdu dès votre faille de défense, qui vous a coûté la vie, la victoire, tout. Les sages, eux, disent que le combat a été perdu dès qu'il a été entamé. Une souris ne peut pas tuer un lion en combat régulier. Mon école affirme que le combat n'a pas été perdu quand le combat a débuté, mais lorsque quelqu'un prend une arme. S vous êtes moins doué que votre adversaire, vous mourrez. Il ne faut donc pas l'affronter. Si c'est vous qui êtes plus doué, il meurt. Il ne faut donc pas l'affronter.

Mon enseignement rappelle à chacun la valeur d'une vie, la responsabilité du guerrier et le danger de la corruption constante qu'il s'insinue en lui. Nous connaissons tous des histoires de voyous qui provoquent un guerrier dans une taverne. Souvent, le guerrier attaque pour se défendre. Mais au-delà de ça, il sort son arme pour avoir la tranquillité, prouver qu'il est le meilleur ou simplement veiller à ce que les gens le respectent. Il le fait pour une raison personnelle.

Etre au service d'une cause et se dévouer corps et âme à elle, c'est la voie. Vouloir se prouver à soi quelque chose ou se battre pour une cause personnelle, c'est se construire une route pavée de défaites. On ne réussit rien en imposant son talent aux autres. Il y aura toujours plus fort et plus faible que soi. Montrer qu'on est fort, c'est prendre un numéro au hasard et la brandir à l'ensemble des nombres de l'univers. Vous commettez un acte vaniteux, illusoire. Bien des gens ont besoin de cette illusion, elle les situe dans le monde selon leur psyché. A ceux-là, la réalité est devenue une cristallisation de leurs peurs profondes. Voilà ce que je fais. J'enseigne aux gens à ne pas se lover dans des illusions. Je leur apprends à penser et agir comme des bushis, ceux qui suivent la voie du sabre.

Mais oui, ce n'est pas qu'un cours de philosophie. Il y a les parades, les esquives et comment briser l'autre. Parce qu'il faut être capable de nuire pour dissuader son adversaire de mettre en pratique ses talents. Sinon, c'est de la pure manipulation. C'est également s'ôter le choix de bien ou de mal choisir. Ainsi, le fort protège le faible. Même lorsque le faible ignore qu'il l'est.


Dites, les amis ! Ca vous dirait que je mette l'escaradio ?


Niel, qui a cessé son concert de klaxon insectoïde, brandit par-dessus son épaule une vieille carapace empoissée de terre.

C'est aimable, mais sans façon.

Vous avez raison ! Par ce beau temps, vaut mieux chanter soi-même.


♫Une valse à six pattes
Que s'offrent les pirates
Qui mouillent à la même date
Pour s'offrir de l'éclate
Du côté de Hat
Comme tout ça est bath
Une valse à douze pattes
Est bien plus maladroite
Est bien plus maladroite
Mais tout autant en hâte
Qu'une valse à six pattes
Une valse à douze pattes
Une valse à cent pattes
C'est beaucoup plus en boîte
C'est beaucoup plus en boîte
Mais file plus la patate
Qu'une valse à six pattes
Une valse à cent pattes♪


J'ai moi aussi une question. Cette arme, elle ressemble à la rapière du barde des Grognards, un équipage pirate disparu on ne sait trop comment. Menteuse, ou peut-être Trompeuse. Comment l'avez-vous obtenue ? Et pourquoi cette arme ?

Une valse à mille pattes
Une valse à mille pattes
Une valse a mis la patte
Pour battre la terre plate
Jusqu'à ce que même les blattes
Désertent leurs pénates
Une valse à millepattes
Une valse à mille pattes
Une valse à mille pattes
Offre seul...euarrrrghl ! Koff ! koff ! koff ! ...avalé un insecte.  


...

On arrive bientôt. Je vous déconseille de chanter.


Le silence à bord reprend.
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Sur l'instant, je ne comprends pas vraiment tout ce que me raconte Hadoc, même si j'arrive à cerner un certain "sens général" dans tout ça.
Visiblement, ce qu'il enseigne au sabre semble bien "peu académique" et loin de ce que l'on peut penser de prime abord.

- Je... C'est difficile à dire... Je n'ai jamais pris le temps de me reposer, estimant que c'est un "luxe" dont je peux bien me passer, préférant me concentrer sur mes missions, pour aider le plus de gens possible.
Après, ce serait plus de l'ordre du divertissement dont je parle, parce que le repos après des missions, il faut bien en avoir de temps à autre.
Je n'arrêterai le combat que lorsqu'il n'y aura plus de raisons de se battre.
Hum... Des descriptions que vous donnez, je pense que je serai du coté des "sages", parce que, même si j'ai eu une formation d'assassin, je suis aussi partisane de dialoguer avec les gens et lorsque les négociations échouent, je prends les armes... Après, je trouve ça compliqué de me coller une "étiquette" comme ça. Je fais juste de mon mieux pour essayer de rendre ce monde plus paisible, qu'importe que l'on me voit comme un monstre, un hors-la-loi ou un héros.

Apprendre aux forts à protéger les faibles? C'est un louable objectif.


Alors que nous discutons de tout et de rien, notre chauffeur pousse la chansonnette, avant que le Marine ne parle du Meitou accroché à ma ceinture, me laissant songeuse un moment... Techniquement, j'ai pris cette arme sur le corps d'un lieutenant de la Marine à Jotunheim et c'est loin d'être une chose à dire à un autre soldat...

Je dégaine mon arme, levant et pointant nonchalamment la lame au ciel, la bougeant de gauche à droite, pour faire jouer de la lumière sur la lame dorée.

- Je l'ai récupérée lors d'une mission, en affrontant son propriétaire, pieds contre lames.
J'ignore concrètement quelle est son histoire avant qu'elle n'arrive dans mes mains et je connais juste son nom, après qu'un épéiste Révolutionnaire me l'ait indiqué: "Menteuse".
Quant au pourquoi, c'est pour deux raisons. D'abord, je me remettais en question depuis un moment déjà, sur la nécessité de "diversifier" mes styles de combat, au cas où j'affronterai divers ennemis, artistes martiaux ou épéistes.
Ensuite, j'ai pu comprendre assez facilement le potentiel de cette épée... lorsqu'elle m'a lacéré et transpercé à près d'une vingtaine de reprises lors du duel... J'ai du coup pensé sur l'instant que je préférai encore avoir cette arme "avec moi", plutôt que "contre moi".
Du coup, si vous avez des informations supplémentaires sur l'histoire de cette arme, ça m'intéresserait de les entendre.
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Le bretteur observe les détails de l'arme qu'expose sa propriétaire. Elle est tant chargée qu'on dirait une lame de parades pour une caste noble. Il faudrait être forgeron ou commerçant expérimenté pour analyser l'alliage de la lame, mais malgré ses années de réputation à travers les Blues, Menteuse est intacte, comme sortie pour la première fois de son fourreau. La garde cernée de fioritures et la simplicité du tranchant offrent un paradoxe de forme amusant, comme si la première personne pour qui elle avait été forgée avait eu l'ambition de rappeler à chaque culture que Menteuse les connait. Et bien sûr, son allure unique en fait une arme faite pour être reconnue. Pourquoi ce nom ? Peut-être pour duper les duellistes s'attendant à affronter une rapière et non un katana. Ou bien est-ce parce que son baroque laisse croire qu'elle est inoffensive ? Toujours est-il qu'elle a tout d'un outil favorisé des pirates. Si c'est de l'un d'eux que Kardelya a obtenu son trésor, d'autres voudront le lui ravir.

Je comprends, c'est un trophée. Et un rappel de nos propres failles.

J'ignore l'histoire véridique de Menteuse, Toutes les armes de renom ont autant d'extrapolations que les personnes qui les manient. Mais il me semble qu'elle a voyagé à l'entrée de la route des tous les périls et a finalement trouvé propriétaire dans l'équipage des Grognards, un groupe pirate où chaque adhérent devenait Capitaine. Ils se consultaient tous pour leurs décisions, Menteuse a donc appartenu à un Capitaine pirate. J'ignore lequel, les Grognards n'ont jamais terminé leur traversée. Comme tant d'autres.

Si un jour vous voulez apprendre le maniement, je vous recommande naturellement Shimotsuki. Même si c'est une île des Blues, ses pratiquants ont un énorme savoir en la matière. Mais, si notre mission se termine et se déroule bien, je pourrai vous prodiguer quelques conseils, si vous en voulez.  Menteuse est une arme de détours, vous semblez directe. Peut-être elle et vous aurez des choses à partager.


Le Taxigale prend une bretelle et quitte le gros de la circulation. Hadoc a remarqué qu'ils gagnaient en altitude, les routes de la Ruche sont des spirales servant d'ascenseurs aux convois. Bientôt, ils arrivent à une artère où chaque calèche est arrêtée et contrôlée. Niel rassure, il a l'habitude de cette étape et c'est le lot de quiconque veut parvenir aux quartiers royaux. Un guerrier termite gigantesque débloque le passage en retirant son énorme tête du chemin. Ses crochets ressemblent à deux défenses de mammouth et pourraient certainement percer la coque de n'importe quel resquilleur. Les humanoïdes armurés de plaques de scarabées, de fouets et de sarbacanes procèdent aux fouilles. Arrivés au binôme, Niel leur dévoile leur destination et Hadoc tend son insigne et la lettre attestant de son rendez-vous. L'un d'eux vérifie le rendez-vous par escargophone tandis que l'autre précise bien à Niel qu'il devra les amener à l'entrée des visites plutôt qu'à la principale. Il semblait au courant, en une minute la cigale reprend sa route, passant sous le corps démesuré du termite aussi long et lourd qu'un navire marchand. Le silence ne se rompt qu'après avoir passé l'ombre de l'abdomen du monstre.

Ici, nous sommes les insectes, commente Hadoc avec une pointe d'admiration envers cet écosystème. Le cocher rit à la remarque et sifflote un air inconnu. Les trou dans les murs se font plus généreux et la lumière naturelle plus présente, à l'instar des abeilles qui bourdonnent quelques mètres au-dessus d'eux. Des ouvrières, des soldats. Quelques interstices laissent découvrir aux humains qu'ils sont très hauts par rapport à la surface. Les blocs de pollen, chus des caprices de la gravité, jonchent les rebords de la route, tels les derniers restes d'une période de neige jaune. On n'entend plus la circulation, ni le vacarme du marché géant au coeur de la ville. Aucun doute, ils arrivent au Palais de la Reine dont il parait qu'il est entièrement fait de cires.

Accrochez-vous à vos selles. Ca va secouer un peu.

Quelques dizaines de mètre plus loin, la route aboutit à un profond vide d'où ressortent sans cesse des colonies d'abeilles. Dans ce tuba géant, leurs bourdonnement résonnent comme le grognement d'une nuée infâme. Les insectes ont toutes les tailles, ceux qui le peuvent portent parfois un cavalier. Mais tous sont des des abeilles ou des humains adaptés à leurs motifs. Hadoc comprend que ce puits est leur ascenseur dédié et que la zone doit certainement être interdite à la plupart des touristes, commerçants compris. Le gouffre de plusieurs mètres est également un obstacle de taille pour les curieux. La Taxigale déploie ses ailes et ses battements vrombissent comme un une canonnade. Le corps de la bestiole s'élève, esquivant soigneusement les passages des rayées. Même après avoir passé le ravin, Neil ne fait pas atterrir sa créature. A la place, il se tourne, et hurle comme s'ils étaient sous le feu ennemi.

On se croirait dans un hélicolépotère, j'ai pas raison ? Si ça ne vous fait rien, on va faire la suite en vol. Faut que je vous montre la place royale vue du ciel.

Ils accélèrent. Cette fois le binôme peut croire sur parole l'affirmation du cocher lorsqu'il affirme être le plus rapide de la région. Hadoc n'a jamais volé de sa vie à bord d'un insecte, seulement de poissons volants. La sensation de danger grisant se rappelle à lui, mais le fait que le pilote gère très bien sa monture et évite de les secouer comme des jus de fruits permet de contempler tout le paysage. Au début, un couloir qui défile très vite, puis, après quelques fourches, une lumière au loin qui grandit, grandit et les avale. Il faut quelques secondes pour s'adapter à la nouvelle luminosité mais les voici, à une centaine de mètres de hauteur, voletant autour d'un énorme assemblage de briques de cire semblables à une construction de Lego, plantée au centre de jardins couverts de fleurs immenses dont le bouquet parvient jusqu'à eux et où, sous les pétales, on peut apercevoir des gens se balader le long des sentiers qui séparent chaque variété de plante. Il y a même une fontaine à miel où papotent deux humains richement décorés de costumes à fleurs. Gharr scrute le panorama, puis se tourne vers Kardelya à qui il parle très fort pour avoir une chance de se faire entendre.

Ca vous tente, un looping ?
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Observant les divers ornements sur la lame de Menteuse, j'écoute les quelques explications d'Hadoc, qui me donne quelques détails sur l'histoire de cette arme, qui semble avoir connu pas mal de propriétaires et savoir sa provenance pirate me pose la question intérieure "pourquoi cette lame s'est retrouvé dans les mains d'un Marine, à Jotunheim?".
Concernant l'idée de revenir par East Blue et de m'entraîner sur l'île des bretteurs, Shimotsuki, je ne sais pas trop quoi en penser sur l'instant, vu que je prévoyais d'aller de l'avant et de délaisser les Blues, pour rejoindre Grand Line. Après, si ça peut me permettre de gagner d'avantage d'expérience dans le domaine de l'escrime... le détour peut en valoir le coup.

- Hum... Un équipage pirate se concertant pour chaque chose, ça sonne assez "novateur" dans mon esprit, même si je ne connais rien du tout de cet "équipage des Grognards" et que j'ai du mal à comprendre comment une épée aussi richement ornée puisse trouver sa place parmi des pirates.
Après, je n'ai pas non plus pris le temps de voir un forgeron, pour avoir une vraie expertise de l'arme.
Mais je retiens votre proposition, que ce soit pour Shimotsuki ou encore vous-même, même si je préférerai la deuxième option, n'ayant pas spécialement envie de devoir encore faire demi-tour, pour retourner sur les Blues.
Mais quant à l'histoire de "choses à partager" entre cette arme et moi... je ne comprends pas trop ce que vous voulez dire par là.


Je n'ai pas vraiment d'expérience en tant qu'épéiste, surtout sachant que le profil particulier de la lame de Menteuse laissait sceptique plus d'un épéiste Révolutionnaire. Un coup on me parle de rapière, un coup on me parle de katana et Segawa, au cours de nos quelques entraînements lance contre Menteuse, la femme-poisson me parlait de rapière, pour la partie "estoc".

Rangeant finalement Menteuse dans son fourreau, j'observe le décor environnant, intriguée de voir autant de vie littéralement "bourdonner" autour de nous. C'est... complètement une ruche où volettent à gauche à droite les insectoïdes. Habituée à voir des villes humaines hyperactives, c'est vraiment étonnant de trouver des... "ressemblances" entre les deux.

- De manière générale, les étrangers sont toujours vus différemment, en bien ou en mal.
C'est fascinant de pouvoir voir le monde et ses évolutions au fil des voyages.


Observant le monde des insectes évoluer à gauche à droite, je repense à quelque chose expliqué par le Commodore plus tôt, parlant un peu plus bas, pour que notre conducteur ne nous entende pas forcément:

- Au fait, c'est parce que la reine de cette île est nouvelle, que la Marine veut confirmer la neutralité de cette terre, pour être sûr qu'elle ne vienne par interférer?
La Marine est-elle déjà intervenue ici par le passé ou vous êtes venus, parce que la nouvelle reine a remis Myriapolis sur le devant de la scène internationale d'une manière ou d'une autre?


Toujours dans la découverte, mon esprit est en plein éveil et je dévore chaque nouvelle vision, le fait de me trouver sur un insecte géant en plein vol, au milieu d'autres insectes à taille humaine.
C'est vrai que je pourrai sans doute être effrayée par tout ça, mais non, je me retrouvai comme la gamine que j'étais auparavant, me perdant dans quelques livres d'aventure...

Perdue dans ma contemplation, je mets quelques secondes à sortir de ma rêverie, pour revenir à Hadoc:

- Hein? Euh... Oui, on peut tester ça!
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Neil reçoit une tape répétée sur l'épaule, suivie d'une voix rembrumée au moment de tourner la tête.

Nous sommes chagrin. Vous nous aviez promis le taxigale le plus rapide des lieux. Il est rapide, certes, mais hier celui que j'epruntai me retourna littéralement la tête et je dus vérifier en le quittant l'emplacement initial de mes organes.

Oh beh, c'est qu'on va amorcer une descente digne d'une chute de Revers Mountain, j'ai pas raison ?

Certainement. Cependant, un tel panorama s'admire probablement davantage avec le cerveau sans repères. Je vois les jardins à nos pieds et le ciel à la tonsure de Myriapolis. Comme j'aurais aimé ne plus savoir où la gravité ma mène, ni où mes poches se videront si je ne le tiens pas pendant quelques cascades de votre cru. Tout à l'heure vous chantiez. Si vous dansiez, maintenant ?

Oh, si c'est la gigote qui vous botte, accrochez vos menottes et serrez les quenottes.

L'homme murmure à sa créature qui déploie un tonnerre sous le trot piqué. Ils ne chutent pas, il foncent vers le sol devenu mur fleuri où les gens tiennent étrangement vissés aux parois. Le corps de Gharr lui semble reporter tout son poids sur un havresac qu'il ne porte pas et ses tripes se nouent autour de ses côtes les plus basses tandis que l'engin joue l'enthousiasme du kamikaze à pleins bourdonnements. AU dernier moment, il reprend de l'altitude et longe le jardin devenu plafond. La tête à l'envers, les fleurs à portée de bras tendu, Hadoc respire le parfum des lavandes aux jacinthes. Plus loin, un labyrinthe de plumbagos offre les secrets de son parcours que tentent de découvrir des enfants chahuteurs. Ses fleurs azurées ressemblent à des ardoises polie comme un émail bleu. Du reste toutes les plantations proposent des tons froids, du bleu pastel au mauve foncé. Plus loin, le lin proliférant autour de la fontaine à miel explique la teinte des tabards de la garde. Le taxigale se retourne pour esquiver le jet de sucré qui déploie ses parfums aux convoyeurs. Il semble qu'une dame occupée à lire les houspillent d'un poing brandi et agité, l'autre main tenant toujours un livre au marque page perdu. Il serait certainement bon de demander à Neil de faire montre de prudence, mais le cocher est pris par le défi et pour être honnête, il est déconseillé plus que jamais d'ouvrir la bouche tant qu'ils seront à basse altitude sous peine de ne plus avoir de place pour le dîner.

Un garde monté sur une abeille suit la cigale. Avec le taxi, ils se fixent. Aucune arrestation, que des coups d'ailes pour se chauffer l'un l'autre. Le garde replace ses lunettes d'aviation aux formes ronde et globuleuse, puis les deux monstres pétarade de plus bel.

Neil se cramponne aux rennes de son bolide pour suivre le pilote royal. Ce dernier est plus rapide, mais il est vrai qu'il n'a pas de touristes à son bord. L'abeille sert de guide au parcours aérien et teste le taxigale avant de déterminer ce qu'il peut en faire. Le missile rayé ressemble à une cible vue de dos, avec une énorme fléchette plantée en son centre. Nel ne respecte pas la règle des trois crocodile, alors autant espérer qu'elle ne s'avère pas essentielle au parcours. Le soldat s'élève, encore et encore, pour replacer le zénith à l'horizon. La ceinture qui les maintient à leur siège se fait flottante au moment où ils montent, puis enserrée aux cuisses lorsqu'ils esquissent un élégant looping de calligraphe adroit, mais pressé de terminer sa lettrine. Heureusement, entre la ceinture et les accoudoirs, la banquette du binôme offre le nécessaire à rendre l'attraction plus éprouvante pour l'esprit que le corps.

Revenus dans le sens adéquat, le convoi fuse autour du palais, une énorme galette blanche aux trous anarchiques. Le deux insectes convoyeurs s'en approchent, longent d'innombrables hangars hexagonaux, puis s'engouffrent dans l'un d'eux via un virage fatal à qui serait nauséeux. L'arrêt ne se fait pas sans un certain soulagement, aucun corps humain n'est conçu pour résister longtemps à un tambour de machine à laver. Hadoc détache sa ceinture et laisse à osn cerveau le temps de redécider dans quelle position initiale il était, tandis que le soldat et Neil se serrent la pince. Ils se connaissent, l'écho du vaste parking à insectes répand même l'information d'une formation commune, Neil étant un ancien soldat de la division aérienne. Bien sûr, le soldat réfute l'idée d'avoir remporté la course grâce à sa "bécane" bien plus indiquée que celle du taxi. La proposition d'une cours ele ligne droite se décide approximativement, puis les deux compères se saluent. Avant de reprendre son abeille, le soldat salue de façon militaire Kardelya et Hadoc. Le vent que déplace sa bourdonneuse fait du bien, il est vrai qu'il fait toujours chaud.

Ah, alors ? Sensations garanties, j'ai pas raison ?

Qui sont les touristes pour contester ? Quelques félicitations et un règlement de la course plus tard, Neil reprend à son tour son travail. Hadoc en profite pour figer dans sa mémoire tout ce que la balade lui a permis d'enregistrer. Les entrées, les sorties, les rondes, le nombre de gardes, les effectifs qu'il faudrait à la Marine pour obtenir une domination en cas de zone de guerre. Tout ce qu'il a pu emmagasiner se range alors qu'il présente son attestation à un préposé au hangar. Ils sont conduits dans un couloir haut et de cire claire et polie, puis un autre. Il serait aisé de se perdre sans les indications au plafond, toutes peintes en bleu et liserées de longs traits servant de fils d'Ariane à qui identifierait avec précision la nuance de bleu qu'il désire suivre. Encore un code hermétique aux touristes, mais qui fait très joli. Le palais était autant une forteresse qu'un paradis d'esthète. Tout semble simple, rien n'est laissé au hasard. Gharr admet admirer ce genre d'alchimie. Cette élégance mêlant guerre et poésie lui parle jusqu'au plus profond des croyances et attise son désir d'accomplir son objectif. Ce peuple mérite d'être préservé.

Les deux diplomates parviennent à deux réceptionnistes, une jeune dame un peu trop, mais bien maquillée, et une plus âgée, aux yeux plissés derrière meurtrières et à la moustache noirâtre drue et piquante sur le coin des lèvres que le bleu à lèvre ne parvient à masquer par diversion. C'est cette dernière personne qui prend en charge les étrangers.

Messieurs-dames....je suppose. Vous désirez ?

Bonjour, entame Hadoc en déposant sa lettre sur le comptoir aussi lisse que du verre et coloré qu'un vin blanc, nous avons rendez-vous avec la Reine. Pardonnez notre avanc,e nous ne voulions pas prendre le risque d'être en retard.

Hmm..gneu gneu...Commandant, pardon, Commodore Hadoc. Ca c'est vous. Je ne vois aucune mention d'un autre officier.


Mademoiselle Koshiin est là en tant que consultante, je compte sur sa science des conflits en zones extra-territoriales à la Mouette pour apporter des informations complémentaires et veiller à préserver une approche neutre entre le Gouvernement Mondial et les Nations Indépendantes.

Elle ressemble à un assassin votre caution morale, Commandore. Même si elle a de très beaux cheveux.


Vous avez raison, ses cheveux sont magnifiques.

Pour sûr...

La vieille dame plisse davantage les volets pour fixer, put-on le supposer, Kardelya sous toutes les coutures.

Deux conditions. Vous pouvez voir Sa Majesté, mais notre Capitaine de la Garde, Arnaud Monte-Bourdon, assistera à tout l'entretien.

Je ne discuterai d'aucun rapport de force tant qu'il sierra à Sa Majesté.

Ensuite, ces vêtements noirs, là, c'est pas possible. La Reine déteste le noir. Pas de noir, pas de rouge. Si vous voulez entrer, vous porterez une tunique. Et vous prendrez tous les deux une douche avant de vous présenter en salle du trône. Vous sentez la ville.

Hadoc s'assure que la révolutionnaire accepte les conditions, puis obtempère.

Si elle doit porter une tunique, veuillez m'en faire parvenir une également. Nous porterons les couleurs de Myriapolis le temps de l'entretien.

Belle fleur, à force d'être aussi mielleux, nos ouvrières font te trouver à croquer.


C'aurait pu être un compliment si la signification n'était pas autant littérale. La réceptionniste passe un coup d'escargophone et réserve une loge aux deux visiteurs. Gharr aurait pu s'attendre à ce qu'elle confie la charge de guider jusqu'à la salle d'eau à la jeune collègue, mais non, elle aimait se dégourdir les cannes et répandre aux narines de ceux qui l'approchaient trop une odeur de fenouil concentré plutôt dérangeante, en dehors des cuisines.

La salle d'eau ressemble à un vestiaire, mais au moins chacun a sa cabine. Le savon, fort gras, sent également la fleur et décrasse tout ce qu'il rencontre. Quelques minutes de couche plus tard, Kardelya et Gharr reçoivent leur tunique, composée d'un pantalon collant bleu ciel, d'un kimono bleu ardoise à fermer grâce à sa ceinture jaune, couleur rappelée aux chaussons fort apparenté aux babouches qu'ils sont supposés revêtir. La serviette nouée autour de la taille, Hadoc inspecte la tenue avec une mine d'amertume. Si Kardelya l'observe, elle peut voir les dizaines de cicatrices, brûlures et impacts de projectiles divers qui décorent la peau usée du vétéran, à l'instar de son visage.

Je tenais à ce que vous sachiez que je vous suis très reconnaissant de m'accompagner dans cette épreuve. Je vous préfère ici à quiconque parmi mes soldats.

Si le ridicule ne tue pas, autant en rire. Congédié dans sa cabine, Hadoc enfile sa tenue avec le soulagement de constater que ça ne serre pas trop, du moins pas autant qu'il aurait pu l'imaginer. Le tissu laisse même respirer la peau. Il ne manquerait qu'une armure en plaques complètes par-dessus pour ressembler à un élégant chevalier abeille. Une future vocation, peut-être. Pour l'heure, des choses plus frivoles, comme l'avenir de la nation, se devaient d'être réglées.

Gharr ressort et, à son grand soulagement, Kardelya est autant ridicule que lui. En vérité, un peu moins, sans doute. Sur un corps de femme, un kimono aussi viril que le satin et des cuisses mises en valeur jusqu'au dessin de leurs muscles créent, malgré l'indéniable loufoquerie de la chose, une forme d'inégalité entre les hommes et les femmes.

Ils quittent la salle et confient leurs affaires à une majordome habillée à peu près comme eux. Kardelya peut conserver son arme ornée si elle y nouer un joli ruban, bleu ou jaune. Hadoc ne garde que ses moyens de communication, ses documents, son insigne et un sac de tissu épais noué d'une cordelette fermement serrée. Ils gagnent ensuite une salle d'attente coincée entre une haute porte de bois verni et sa jumelle, dans une pièce où il fait frais et où des coussins servent de sièges autour d'un service à thé mis à leur disposition. Aux murs, jaunes de cire, de grandes draperies d'un bleu royal partent de tringles sans fenêtres au sol sans crasse. Hadoc n'a vu aucune pièce sale, pas même la moindre toile d'araignée ou de poussière dans les recoins des murs pourtant très hauts. En observant attentivement les murs, on peut deviner les alvéoles hexagonales qui se sont imbriquées pour en sceller la construction.

Le temps passe, à un rythme lent qui sied à la scène. Après avoir servi un thé à Kardelya, Gharr remplir sa tasse et profite de cette longue accalmie pour communiquer avec sa partenaire, avec qui depuis peu il partage des choses bien plus exotiques qu'un champ de bataille.

Vous me demandiez tout à l'heure la raison de cet intérêt de la Marine envers la nouvelle Reine. Maintenant que nous sommes seuls, je peux vous répondre. Je vous ai un peu menti, Kardelya. Je ne suis pas ici pour rencontrer la Reine. En fait, je ne suis même pas venu pour le compte de la Marine. La véritable raison va vous donner un profondément sentiment et j'en suis désolé, mais je n'avais pas le choix. Si je suis ici, la seule et unique raison, c'est que je voulais vous voir dans cette tenue.

Il reprend une gorgée de thé en s'amusant de sa propre bêtise.

Vous devriez voir votre tête.
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Je me rappelle bien ce que je pouvais lire dans mes quelques romans d'aventure durant mon enfance, au sujet de terres inconnues et exotiques, mais là, c'est bien particulier de voir des contes prendre vie devant soi... Bon après, je suis sur un scarabée géant en plein milieu d'une ville peuplée d'hybrides insectes, je suis avec un Marine, en route pour aller voir une reine-insecte... Je crois que même dans mes romans les plus fantaisistes, je n'ai jamais vu pareille situation.

Arrivés à la citadelle de la reine, mon regard commence à analyser consciencieusement les environs, sans doute dues à ma "déformation professionnelle". J'observe attentivement chaque issues, les forces armées en présence, la configuration des lieux.
Nous arrivons dans un hall, pour être accueillis par deux gens, qui m'interpellent bien vite. En même temps, de ce que j'ai compris, je ne suis clairement pas prévue dans le programme.
Cependant, je hausse un sourcil en baissant les yeux vers ma tenue... Certes la ville semble très colorée et je suis habillée toujours sombre... mais à ce point?
Enfin bon, je n'ai pas envie de faire de vagues, donc j'acquiesce bien vite:

- Compris, nous adhérerons à vos pratiques pour cet entretien.

Je pars avec le commodore pour nous changer, alors que je me retrouve avec une tunique... ignoble... Le bleu clair est immonde et agresse la rétine... Mais bon, je n'ai qu'à ne pas baisser le regard sur cette chose immonde et à me contenter d'observer.

Je réfléchis un moment, avant de hausser un sourcil:

- Merci du mensonge, mais je ne crois pas que vous préférez la compagnie d'un assassin révolutionnaire à vos fidèles soldats.

Heureusement, je peux emporter Menteuse avec moi, même si je me considère plus martialiste qu'épéiste; ça me rassure d'avantage d'avoir une arme avec moi.
Durant l'attente, on se retrouve dans une petite salle à prendre le thé, alors que j'observe toujours attentivement les environs.
Je reste sur ma prise de position neutre et tâche de me faire la plus discrète possible dans tout ça; ce sera clairement le Marine qui sera l'interface sociale.

Je bloque un moment sur les mots d'Hadoc, avant de soupirer longuement en buvant une gorgée de thé:

- Sans commentaire...
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Il finit de rire dans sa barbe et laisse les derniers échos de ses cordes bourdonner entres murs et rideaux. Le silence revient, à peine coupé du bruit de l'ongle sur le service à thé, quand il ne s'agit pas des déglutitions que la quiétude rend bien plus spectaculaires qu'elle peuvent l'être partout ailleurs. Une porte claque au loin, rappelant au binôme comme la vie se poursuit à des lieues de leur antichambre. De fait, le marché de la Ruche demeure insoupçonné ici, tout comme les vols d'insectes géants autour des épais murs de la forteresse.

J'ai un commentaire, concernant vos propos. Je ne préfère pas la présence de mes soldats à la vôtre. Si c'était le cas, ils seraient à votre place. Mes principes peuvent vous échapper, Kardelya, mais peu de gens en ce monde peuvent sincèrement me penser menteur. Et si c'est votre rang de révolutionnaire qui vous fait imaginer que je suis dérangé de vous avoir à mes côtés, pensez bien que j'ai fréquenté bien pire que vous et trop rarement de mon plein gré. Sans trop broder, je pourrais affirmer que c'est une chance de vous avoir ici, en ce moment. J'espère que la Reine le verra aussi sous cet angle.

Il propose une nouvelle tasse et se ressert dans la foulée.

C'est une chose qu'aucun de nous ne veuille de guerre ici. C'en est une autre d'agir habilement pour que cela n'arrive jamais. En cela, je doute qu'un subordonné portant l'uniforme offre une meilleure tactique en comparaison d'une présupposée ennemie. Il sera capitale que la Reine comprenne que nous ne sommes pas là pour qu'elle se soumette à la Marine, mais pour que la Révolution et le Gouvernement n'apportent pas le conflit ici. Même si ce que je dirai pourrait contrarier Sa Majesté. Ou vous.

Il se peut que vous soyez ma meilleure chance de convaincre, c'est l'ironie de la situation. A mon avis, aucun d'entre nous ne va aimer cet entretien, mais si les choses étaient simples jamais je n'aurais été envoyé ici. Je ne vous demande pas de me faire confiance, ce serait risible. Simplement, quoiqu'il se dise ou se passe, veillons au bien de Myriapolis. Les gens ici ignorent probablement à quel point leur armée, leurs murs et leur organisation peuvent être illusoires. Je tenterai un réveil en douceur pour une veille consentie. Malheureusement, je suis moi aussi limité par la rhétorique


L'immense porte du fond de la pièce ne tarde plus à s'ouvrir pour perler d'un humain en armure souple, mais complexe, bardée de médailles et motifs héraldiques sur le tabard. Même s'il avait été vêtu comme les hôtes, Hadoc aurait reconnu en lui le maintien des haut-gradés.

La Reine est disposée à vous recevoir.

Voix sèche par nature, limpide par devoir. Le gradé demeure une statue de cire jusqu'à ce que Koshin et Hadoc le rejoignent. D'un geste de la main, il les stoppe, les observe, jette un oeil au sabre de la révolutionnaire, puis déclare, comme s'il s'adressait à de simples bleusailles:

Vous avancerez le long de la soierie jusqu'à ce que Sa Majesté vous adresse la parole, alors vous vous arrêterez et resterez en place à moins qu'Elle vous déplace ailleurs. Vous ne parlez que lorsque vous êtes interrogés, vous parlez de façon intelligible, sans mains dans les poches, sans mâchonner, sans fumer. Si la nervosité vous fait pouffer de rire ou que vous doutez qu'un comportement soit approprié, présentez immédiatement vos excuses et attendez d'être autorisés à vous exprimer de nouveau. En cas de besoin, de malaise, ou autre, vous jetez un regard vers moi. Je vous aiderai alors. En aucun autre cas vous ne détournez votre regard de Sa Majesté. Vous pouvez demander l'autorisation à la Reine de capter mon attention. Je suis le Général Arnau Monte-Bourdon. Avez-vous des questions ?

Aucune. Après une sobre révérence, le militaire invite le couple à pénétrer la salle du trône, une salle d'un blanc vanillé où le tapis bleu forme un trait net jusqu'à la personne royale, enfoncée dans un siège aux allures de stalagmites hexagonales arrangées pour donner la forme d'un fauteuil au dossier démesurément haut. De part et d'autre du tube servant de trône, des rideaux masquent le mur du fond. La pièce pourrait être deux fois plus grande, grouiller de gardes ou masquer un abdomen démesuré d'une Reine pondeuse, il serait impossible de le savoir sans tirer une des tentures.
Les deux émissaires avancent jusqu'au "bienvenue" de Maya, une jeune femme si petite qu'on dirait une adolescente habillée pour une convention de fanatiques de zoans. Sa petite voix n'a rien d'impérial, elle semble même un brin ensoleillée et insouciante. Troublant.

La porte se ferme derrière les étrangers. Les talons du Général claquent jusqu'à ce qu'il dépasse les convives et cessent leur musique aux côtés de la Matriarche, qui attendait patiemment le retour de son gardien. Hadoc ne jette aucun regard au militaire, mais il se sent dévisagé, étudié sous toutes les coutures et il serait trop naïf d'imaginer que ce soit l'uniforme visible qui offre cette dérangeante,  quoique légitime impression.

Je suis Maya la Reine, Dirigeante de la Ruche. Et vous, vous êtes deux. Expliquez-vous, Commodore Hadoc.

Le diplomate attend que l'écho cesse pour ne pas couper l'ombre de la voix royale, puis déclare, lentement, en articulant bien.

Gharr Hadoc, Commodore de la 9ème Division de la Marine, et voici Kardelya Koshin, employée directe de l'Armée révolutionnaire du DRAGON. Merci de nous recevoir.  

Mademoiselle Koshin est ici en qualité de consultante. En tant qu'agent de terrain, elle a pu assister à la chute de Jotunheim et vous offrira, Majesté, les informations qui pourraient me faire défaut ou sembler compromises. Pour le dire de façon directe, j'ai jugé opportun que son Altesse profite de courants d'origines distinctes afin qu'Elle jouisse du confort optimal durant ces prochaines négociations. Si Sa Majesté accepte d'en disposer, bien entendu.


Brrra ha ha ha, vous vous exprimez bizarre! En gros, je peux discuter avec le Gouvernement Mondial et la Dissidence en même temps ?

Nous ne sommes en rien l'autorité suprême de nos camps respectifs, néanmoins nous pouvons vous livrer les points de vues de nos organismes.

Oui, oui, je me doute que vous n'être pas le Freeman et Tonton Genji. Très bien, je vous écoute. En quoi un Commodore sirupeux et une Révolutionnaire qui a vu une prison de glace fondre comme miel au soleil peuvent bien m'intéresser ?

Votre Altesse, vous n'êtes pas sans savoir que le Genji que vous évoquez a formulé un discours public au nom de l'ensemble des Nations, dont Myriapolis. Un discours invitant chaque pays à contribuer à la lutte contre l'Armée révolutionnaire. Une guerre mondiale s'est déclarée, guerre face à laquelle toutes les îles devront prendre parti, même s'il n'est que symbolique.

Nous sommes là pour recueillir votre choix et discuter à coeur ouvert de tout ce qui sera nécessaire à la prise consciente et éclairée de position dans ce conflit. Le Gouvernement Mondial compte sur votre voix pour faire savoir que Myriapolis condamne l'attaque de la prison et ne soutiendra pas les responsables de cet attentat.


Via un ultimatum ?

Techniquement, oui. Mais il aurait été absurde de laisser les pays végéter tandis que les armées se mettent en place. La guerre n'attend pas et personne ne peut prédire son ampleur, si ce n'est qu'elle est mondiale. Et puisqu'elle semble inévitable, il incombe d'épargner un maximum de pays en un laps de temps restreint. Quand la ruche sent la fumée, les abeilles sécurisent un maximum de ressources pour risquer un minimum de pertes. Les nations indépendantes ont le luxe de ne pas avoir à s'engager activement dans le conflit. Cependant, elles doivent s'exprimer. Il ne s'agit pas d'implanter des casernes de la Marine chez vous mais d'avoir votre parole que l'île ne servira pas à abriter celles de l'autre camp.

Je saisis l'idée, mais toujours pas en quoi simplement préserver notre statut actuel ne suffirait pas. On s'en moque du Gouvernement, de la Révolution et des guéguerres. Il y a des Marines sur nos terres, comme des révolutionnaires. Ils ne nous embêtent pas, pourquoi devrait-on s'en soucier subitement parce qu'une prison a coulé ?

Parce qu'elle a été perçue comme une déclaration de gu...


Hadoc se tait au lever de la main de la Reine.

Commodore, je ne doute pas que vous soyez captivant à écouter pendant des heures, mais puisque vous avez apporté une consultante, j'aimerais qu'elle prenne la parole.

Miss Koshin, je suis toute ouïe. Pourquoi l'attaque de Jotunheim devrait bouleverser Myriapolis ?


Dernière édition par Gharr Hadoc le Jeu 6 Fév 2020 - 14:54, édité 1 fois
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J'écoute attentivement mon interlocuteur, qui n'y va pas par quatre chemins et c'est bien une des rares qualités que je peux apprécier chez quelqu'un.
Concernant ma présence, elle semble effectivement habilement placée et justifiée, pour donner une impression ténue et diversifiée de la situation, pouvant donner d'avantage d'angles d'attaque, pour convaincre la reine.

- C'est un raisonnement qui se tient, je ne peux clairement rien trouver à redire, même si je peux confirmer le coté "gymnastique mentale" qu'il va falloir user et ré-user durant cet échange.
Mais je suis d'accord sur le fait de préserver cette île de toute "influence extérieure d'ampleur".


Finalement, nous sommes amenés auprès de la reine, après pas mal de règles autour de l'entretien, que j'enregistre mentalement dans ma tête, inclinant la tête en guise d'approbation, laissant le Commodore servir d'interlocuteur principal.

Les premières phrases échangées me donnent l'impression de coups de pistolets tirées contre une muraille impénétrable, avec la reine renvoyant assez sèchement chaque argument du Marine.
Je ne saurai dire si cette vision me réjouit ou m'interroge, mais dans le doute, je vais me dire que ce n'est pas arrangeant d'avoir un interlocuteur aussi fermé.

Lorsque l'on vient à moi, je réfléchis un moment:

- L'attaque de Jotunheim a ébranlé les fondements de beaucoup d'organisations et pas seulement la Marine. Que ce soit du point de vue symbolique, avec une place forte du gouvernement qui tombe ou du point de vue logistique, avec les nombreux dégâts occasionnés, il y a beaucoup de mouvements et de réactions et le discours de Genji n'est qu'un bref aperçu.
Chaque camp est ressorti meurtri de cette bataille et les cartes ont été redistribuées d'un camp comme dans l'autre, surtout avec l'alliance révolutionnaire / pirates qui rendent assez confuses les interactions entre les différents camps. On peut imager ça avec l'exemple que vous avez sous les yeux, à savoir que la Marine et la Révolution s'accordent quelque peu sur certains points.
Avec une telle confusion, l'après-Jotunheim sera clairement une période d'organisation, avant même la période de répression, d'où la volonté du gouvernement de savoir de manière claire l'alignement de chaque île.
Majesté, votre île est tout autant concernée que les autres par ce conflit et vous aurez tout autant votre mot à dire, en tant que terre neutre.
Vous pourriez rassurer le gouvernement, en stipulant que même si vous acceptez tout le monde chez vous, en adéquation avec votre politique, vous conservez votre libre-arbitre et votre volonté de ne dépendre et de vous opposer à personne.
Il ne s'agit que de confirmer directement ce que vous faites déjà et ce qui va encore se faire plus tard, à savoir le fait que Myriapolis est une terre neutre et qu'elle se contente d'accueillir tout étranger qui vient à elle, sans volonté de n'être plus une terre de passage qu'une nation alliée d'un quelconque camp.
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Le Reine se cale au dossier de son siège après avoir écouté Kardelya. Par tic, elle se tapote le menton avec l'une des antennes de sa couronne, songeuse. Puis, elle se replace plus solennellement sur son trône et parle, toujours impériale et pétillante:

Admettons ! J'ai le devoir de me placer sur l'échiquier mondial. J'aurais aimé avoir à le faire lors d'un Conseil des Nations, présidé par le vieux Genji. Or, la décision de déclarer - ou valider - la guerre mondiale s'est faite sans nous consulter. Du moins en ce qui concerne les nations indépendantes. On a dit qu'on était en guerre et pouf! vous voilà à me demander de "jouer" à vos intrigues. Je veux bien admettre qu'il me faut placer mes pions maintenant, mais je réfléchis encore à une stratégie et, surtout, je songe à une partie truquée.

Miss Koshin, j'ai une théorie, parmi tant d'autres. Et votre avis dessus m'intéressera au plus haut point. Vous me dites que les pirates et les révolutionnaires se sont alliés pour attaquer une prison majeure du Gouvernement. Pourquoi ? Et comment ? Je doute que ce plan ce soit improvisé, surtout pour rassembler des armées si disparates. Vous avez passé des coups d'escargophones, transmis des messages, trouvé du personnel pour remplacer les soldats partis au front, révisé un grand nombre d'armes, de navires, etc. Que parmi les milliers, les dizaines de milliers de personnes impliquées dans cette opération, aucun ne soit un agent double, aucun n'ait voulu tirer son épingle du jeu en trahissant pour son compte, je n'y crois pas. Votre attaque surprise de Jotunheim devait être aussi surprenante qu'un souhait de bonne année le dernier jour de l'an. Mais peut-être aviez-vous une technique révolutionnaire d'organisation pour duper le monde entier ? J'aimerais en savoir plus à ce sujet, sur ce que vous avez vu et vécu. Nous ferons sortir le Marine un instant si vos révélations devaient être tenues au secret.

L'autre interrogation concerne le but de cette attaque. Libérer Jonas Mandrake, vraiment ? Admettons, pour les révolutionnaire il est un homme important, un symbole et vous avez eu l'esprit de ruche, admettons. Mais les pirates, des libertaires qui ne jurent que par l'individualisme et leur propre clan de frère de la côte pour les plus altruistes d'entre eux ? Je suis curieuse de savoir ce qui a convaincu deux chimères de collaborer.

Plus j'y pense, plus je me demande si cette attaque n'est pas un canular, ou un coup organisé par des agents du Gouvernement infiltré chez les révolutionnaires. En employant l'idéologie pour les dissidents et une rétribution matérielle pour les libertaires, le Gouvernement peut sacrifier un bâtiment rempli de vermine et justifier une guerre totale par la suite. Il leur suffit alors d'envoyer des émissaires, comme des Commodores, voire des Agents doubles de la Révolution, pour voir qui mater aujourd'hui et qui mater demain. Je suis la Reine la plus au courant de ce qu'il se passe à l'extérieur, j'ai su pour le sécessionnisme des nations indépendantes. Selon cette théorie, il serait logique que le Gouvernement prêche une guerre contre les révolutionnaires, une organisation abstraite, pour en fait viser une chose bien plus concrète : la conquête des indépendantistes.

Vous aurez votre mot à dire, Commodore Hadoc, mais je suis très curieuse de savoir ce que notre Consultante pense de ma petite théorie.


Maya fixe Kardelya avec intensité. Si elle ne présentait pas tant de bonhommie et de joyeuseté dans son ton, on pourrait croire que la mignonne petite abeille dissimule une carnassière guêpe.
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Devant l'étalage de théories et de propos de la reine-abeille, ma première réaction est de balayer mon regard du Marine à elle, replongeant un moment dans les réflexions qui m'ont embrouillé le cerveau à quelques reprises durant les quelques jours suivant l'opération Jotunheim.

- Une partie truquée? J'en suis certaine à 35% environ, mais sans preuves concrètes, je ne veux pas me risquer à courir d'avantage après des fantômes.
Les événements relatés par les journaux confirment en grande partie les objectifs de chaque camp et je n'ai donc pas de rétention d'informations à faire.
Les Révolutionnaires voulaient infiltrer la prison pour libérer Jonas Mandrake; c'était notre objectif principal et je ne vois aucun intérêt de dire des mensonges. Si mes supérieurs avaient un agenda caché, je n'en avais pas du tout connaissance.
Les pirates alliés à nous pour cette opération, ils recherchaient à faire une évasion de masse, mais aussi à libérer une pirate.
J'imagine que les deux camps avaient besoin de renforts et de diversion, pour forcer l'entrée de la prison et libérer leurs VIP.
Concernant les suites de l'opération et l'avenir de cette collaboration pirates / révolutionnaires, je n'en ai pas connaissance, vu que nous sommes encore dans la période de "mise en recul", le temps que les tensions se calment. Après, au vu des annonces faites par le gouvernement, je me doute bien que je vais rapidement finir sur un échafaud, mais tant pis; l'opération étant un fiasco personnel, j'imagine que la mort serait une manière comme une autre de dire que je dois raccrocher mes bottes.

Votre théorie me semble remarquablement adaptée à la situation actuelle, Majesté.
Le seul indice concret que j'ai sur cette opération, ce sont des individus que j'identifiai d'abord comme mercenaires et qui semblaient être alliés de Jotunheim.
Ils plaçaient des charges explosives un peu partout sur l'iceberg-prison et semblaient travailler et / ou craindre une "directrice". Marines ou Gouvernementaux? Ce serait tout à fait possible, mais dans le chaos s'ensuivant, je me suis retrouvée dépassée, blessée et évacuée et je n'ai pas pu suivre cette piste "mercenaire".

Mais pour donner un tant soit peu de crédits aux pirates, ils cherchaient avant tout de la main d'oeuvre et je ne pense pas qu'ils se seraient "amusés" à démolir la prison et l'iceberg, tout en gérant leur "évasion de masse". Concernant la Révolution, j'ai déjà confirmé nos objectifs et attirer d'avantage l'attention sur nous, avec la destruction d'une place forte gouvernementale aurait été contre-productif.
Très clairement, quelque chose me dérange dans cette opération et la théorie d'une tierce force me parait la plus appropriée, même si je n'ai qu'une conversation captée dans une tempête glaciale, alors que j'étais concentrée sur autre chose.


Je croise les bras en levant les yeux au ciel, dans un long soupir quelque-peu agacé. J'avais vraiment l'impression d'avoir effleuré la solution à toute cette histoire, mais d'avoir tout perdu, à cause de ma faiblesse et de mon incompétence.
J'ai rejoint la Révolution pour aider les populations, pas pour être une princesse en détresse!
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