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[Mission] : Chasse au singe !



Je me demandais bien ce qu’il pouvait m’attendre après cette foutue aventure sur Inu Town. Voler dans les airs, utiliser des patins pour faire des bonds, utiliser mon climat tact comme je ne l’avais encore jamais fait auparavant. Depuis, j’avais entrepris des constructions, quelques bricolages, des inventions ratées, retrouver un peu le cœur de mon métier en somme. Nous continuions notre long voyage à travers les Blues, toujours à bord de ce navire marchand, toujours accompagné de ces mêmes connards qui souhaitent m’en faire voir de toutes les couleurs. Eärendil, elle, me défendait par moment, mais uniquement quand elle n’était pas d’humeur à rigoler. Connasse elle aussi. J’attendais avec impatience mon indépendance financière pour me tirer d’ici.

Accoudé au bastingage, je songeai à un avenir plus ou moins réaliste. Je m’imaginai devenir un grand charpentier, rentier grâce à sa célèbre compagnie, voire même de mon chantier naval. Poursuivre mes voyages à travers les océans, plein aux as, célèbre et protégé par des officiers de la marine. Commander des cocktails à toute heure de la journée, sans aucune raison particulière, simplement pour le plaisir de mes papilles. Arriver en seigneur à chaque fois que je poserais le pied à terre, accueilli comme le dernier héritier d’une civilisation perdue.  

Mais hélas, je dus sortir mes songes à cause des hurlements de la vigie qui annonça la vue d’une île. Je jetai un coup d’œil avec ma longue-vue et constatai que l’Archipel Vert était tel que l’on me l’avait décrite. Un climat assez humide et une température avoisinante les trente degrés. Je déboutonnai légèrement ma chemise pour laisser mon torse respirer. Nous étions déjà tous en nage alors nous n’avions pas encore posé les pieds sur l’île.  

- Pfiouuuu ! Quelle chaleur !

Fallait bien qu’elle se plaigne. Je ne daignai même pas lui accorder la moindre attention. L’île ne disposait pas de port et l’accostage n’était donc pas possible. Le capitaine ordonna de jeter l’ancre, tandis que le reste se ferait sur des canots. Le nouveau village n’étant pas encore tout à fait terminé, le port n’a pas encore été construit. Nous arrivions peut-être trop tôt. Un village sans port était un village visiteur, sans commerce... On me reprochait peut-être de penser qu’avec des chiffres, mais le bénévolat ne m’a jamais intéressé.  

Cependant, nous fûmes extrêmement bien accueillis. Tellement que c’en était suspect. Jamais on ne m’avait accueilli en m’accompagnant directement à la taverne. Alors, bien sûr, après un si long voyage tout le monde en était ravi, moi le premier, sauf qu’il ne fallait pas trop me prendre pour un con non plus. Je pris évidemment une pinte comme tous les autres, trinquant, rigolant jusqu’à en avoir mal à l’abdomen. L’ambiance était pour le moins festive. L’apéro commençait peut-être un peu trop fort vue l’heure.

Après peut-être une heure, alors que les esprits commençaient à s’enflammer, la blonde m’attrapa par le bras et m’emmena légèrement en retrait. Elle m’adressa des mots à voix basse.

- Ça pue la supercherie, dit-elle en regardant son porte-monnaie. Ils vont nous dépouiller, je le sens. File-moi tes économies, Almounette.  

- Tu pourrais crever la gueule que je ne te verserai pas le moindre centime, vieille hyène affamée, fis-je en la regardant avec dégoût.

Elle sourit et commença à me pointer du doigt.

- Il est là votre homme !  

Tous se retournèrent vers moi. Je ne m’étais pas aperçu qu’il y avait autant de monde dans cette taverne. Gaëtan, le capitaine de l’équipage, sauta d’excitation sur place et prit la parole.

- Mais bien sûr ! Alma le chasseur de monstre, comme on l’appelle à travers les mers bleues, c’est lui ! Croyez-moi, y’a pas mieux pour gérer cette affaire !

Je me figeai en voyant tous ses regards approbateurs tournés vers ma personne. L’incompréhension me vint dans un premier temps, puis une vague de rage s’empara peu à peu de moi. Ils comptaient me la faire combien de fois ? À chaque fois, dès qu’une tâche était dangereuse, on me désignait comme le parfait candidat. Je pourrais évidemment refuser de participer à cette immondice, mais comment pourrais-je dire à ces personnes que les abandonnais à leur sort ? Futilité. Je m’en branlais comme pas possible. J’allais tout naturellement en retirer un avantage.  

- Bonjour, je me présente, Alma, chasseur de monstre professionnel, lançai-je en introduction. Je tins le public en haleine. Vouer ma vie à la sécurité des autres est une vocation, mais j’ai également la chance d’en faire mon métier. Tout travail mérite rémunération, vous comprendrez naturellement que je ne peux agir sans une bonne compensation financière. Il en va de ma vie après tout.  

Je commençai à saisir l'intérêt de ce chaleureux accueil. Un type m’expliqua que les villageois souhaitaient relancer l’activité minière mais qu’un énorme singe sauvage y avait fait son domicile. Je m’attendais à un truc plus soft, des petites bestioles à griller, par exemple. Naturellement, ils étaient prêts à payer pour ce service de grande envergure.  

- 3 millions de berries, dit ce qui semblait être le doyen de l’île.  

- Pour 3 millions, je chasse une meute de loup. Pour un tel spécimen, il faudrait au minimum 6 millions pour couvrir mes soins. La lutte sera acharnée.  

Le doyen acquiesça.  

- 10 millions si je vous ramène le cadavre.  

- C’est bien trop !  

- Cela vaut bien plus à la revente. Vous êtes gagnants dans cette affaire. D’autant plus que cet investissement sera vite amorti par ce que vous allez récolter dans les mines.  

Pressé d’en finir et peu enclin aux négociations, le vieux accepta. Une poignée de main, un verre partagé, signe d’un accord approuvé par les deux partis. Je souris bêtement derrière ma pinte à l’idée d’empocher une telle somme. Le défi semblait néanmoins de taille et je craignais de ne pas en ressortir en bon état. D’en ressortir tout court d’ailleurs. Je quittai la taverne pour me rendre au dortoir qui nous était attribué. Demain commenceraient les préparatifs et le repérage des lieux.



 

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Les lueurs du soleil commençaient à pénétrer dans l’enceinte de l’auberge dans laquelle nous dormions. Je me levai le premier et m’habillai pour ensuite rejoindre un petit homme qui était chargé de m’emmener. Un gamin, sérieusement ? Je n’appréciai pas tellement le traitement que l’on me réservait. Néanmoins, le doyen s’approcha lentement de moi, prenant fortement appui sur sa canne. Je ne me souvenais pas l’avoir vu aussi faible la veille au soir.

- Monsieur Alma, je vous présente Tommy. Il est jeune mais fougueux. Il connait l’archipel comme sa poche et ne craint pas les animaux qui rodent.  

Je me rapprochai du vieillard et lui parlai à voix basse.

- Et que fera-t-il si nous sommes attaqués ? Je veux dire par-là que je ne suis censé protéger une tierce personne. Ou alors nous devrions peut-être revoir le tarif négocié, dis-je avec une certaine arrogance, sûr de moi.

- Laissez-le. Il se débrouillera, rétorqua sèchement le doyen.  

Il n’en avait cure. Il préférait garder ses hommes forts pour extraire l’or dans les mines. Ce gamin était pourtant robuste et pouvait aisément remplacer certains hommes. Je restai toujours aussi ferme et me dirigeai vers la forêt en faisant signe à l’enfant de me suivre. Nous marchions tranquillement, silencieusement, appréciant le bruit des animaux volants qui se dissimulaient dans la hauteur des arbres. Il marchait simplement devant moi en sifflotant. J’étais à la fois attristé et pas du tout concerné par l’avenir de ce môme. Je m’approchai de lui et lui adressai quelques mots.

- Comment t’appelles-tu ?  

- Paul, fit-il sans même prêter une quelconque attention.

- Et quel âge as-tu, Paul ?  

- Treize ans.

Vraiment un jeune homme.

- Tu m’as l’air drôlement fort et courageux pour un jeune pré-adolescent de treize ans, Paul.

Là, je pus observer comme un rictus. Il tenta fièrement de le dissimuler mais ce genre de chose n’échappait pas à ma vigilance. Il ne devait pas souvent être flatté. Ce qui amenait une autre question.

- Tes parents doivent être fiers de toi, non ?

Son sourire s’effaça et son visage fut bien fermé que durant notre marche. Il semblait à la fois attristé et encore colère.

- Je n’ai pas de parent.  

- Quelle réponse idiote, dis-je en tapant ma tête, en exagérant grandement le geste. Nous avons tous des parents, même s’ils ne sont peut-être plus de ce monde, hein. Je t’en parle avec beaucoup d’aisance car je suis orphelin. Mes parents sont morts sans que je sache de quelle manière. T’imagines un peu ? Grandir en sachant que tu as des parents morts mais que tu ne sais pas pourquoi. Ah ça, j’ai cogité, purée. Des nuits entières, des jours, des semaines, des mois et des années... Pis un beau jour, sans comprendre pourquoi ce jour en particulier, t’apprends à vivre avec.  

Son visage s’apaisa et il m’écouta sans broncher, calmement. Un brave gamin.  

- Mes parents sont morts dans la mine, en bossant pour le vieux, tués par ce foutu singe de...  

- Hop là, le stoppai-je en plaçant mon index sur ses lèvres. Pas de grossièreté à ton âge. Garde-les pour plus tard. Alors comme ça, la bête que je suis prié d’abattre est le meurtrier de tes parents ? Raison de plus pour lui en mettre plein la tronche, hein ?  

Paul sourit. Il acquiesça avec un sourire que je ne lui soupçonnais pas d’avoir et qui rappelait son jeune âge. J’enrageai intérieurement. Pas pour la bête qui a tué les parents du gamin, mais plutôt contre ce vieillard qui ne semblait pas avoir de peine. Il utilisait ce gamin comme son chien et ne semblait pas y tenir beaucoup pour le sacrifier aussi facilement. Je tapotai son épaule avec un large sourire et que nous continuions notre exploration. Je ne m’en étais pas rendu puisque nous discutions beaucoup, mais la journée était déjà bien avancée et nous avions bien avancé. Encore un bon kilomètre et Paul cessa sa marche.  

- C’est là, juste derrière ce feuillage, l’ancien village et les ressources minières que souhaite récupérer le doyen.

Je sortis ma longue-vue et observai les lieux sans sortir ma tête du buisson. Le village était en contrebas, la mine visiblement au centre du village avec des entrepôts de mauvaises factures autour. Les villageois ne vivaient probablement qu’avec l’or extraites des mines et rien d’autre. Au centre, à l’entrée de la mine, un espèce de gros singe mangeait la carcasse d’une pauvre bête. Purée. Il était vraiment gros ce singe. Je profitai que le gamin soit derrière pour souffler un bon coup. Ce monstre allait me mettre en pièce. Je retournai vers Paul en rangeant ma longue-vue.  

- Rentrons au village. Grâce à toi, Paul, je peux préparer l’attaque et venger tes parents.  

Une promesse que je n’étais pas certain de tenir, tant par la puissance de mon adversaire que par ma propre lâcheté. Si seulement j’avais demandé une avance, je me serai barré ensuite, mais non. Va falloir que j’aille au bout de la mission. Il n’était pas question de perdre la vie pour autant. À la moindre difficulté, je me tirerai aussi vite que possible.  

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J’avais attendu le lendemain pour tenter mon assaut. La nuit tombée, je n’avais aucune visibilité et, contre un animal et ses sens développés, dans son propre territoire, le combat aurait rapidement tourné en ma défaveur. Il ne valait mieux pas tenter le diable. Bizarrement, contrairement aux autres fois, mes camarades faisaient moins les fiers. Ils n’étaient pas réellement rassurés du danger. Autant l’autre fois, la course dans la ville avec des ventilo-dials ou le match de Air Gear, ils savaient que je ne craignais pas grand-chose, mais là c’était une autre affaire.

Avant de faire appel à quelqu’un, les villageois avaient évidemment tenté de mettre fin au règne de ce singe monstrueux. Pour les plus chanceux, ils étaient actuellement en période de convalescence et de rééducation. Les autres étaient morts ou handicapés. À ce titre, je me demandai si finalement les parents du gosse n’avaient pas succombé des attaques du monstre, non en bossant dans les mines, mais plutôt en tentant de l’arrêter.

- Eärendil, tu m’accompagnes, dis-je sans lui laisser le moindre choix.

- Va crever en solitaire, je tiens bien trop à ma vie, fit-elle en croisant ses bras et en détournant le regard.

J’avais pourtant besoin de son aide pour m’assister. Personne ne le soupçonnait, mais elle était dotée d’une force assez hallucinante, d’une agilité remarquable et sa dangerosité était réelle avec ses dagues. Ma foi, je commençai à m’enfoncer dans la forêt.

- Tant pis.

J’avais volontairement utilisé solennel. Malgré ses airs de dur à cuire insensible, la blonde m’appréciait pas mal. N’oublions pas que je suis celui qui l’a sortie de sa vie ennuyante. Et je l’ai toujours protégée du mieux que possible. Son visage s’adoucit à vue d’œil et elle emboita bientôt mes pas sous les regards ébahis de toute la bande.

- Ils ne vont jamais revenir, dit Björn, probablement le plus posé et réfléchi de la bande.

- Ça m’fait bien chier pour la blondasse. Quoi ? C’est pas tous les jours qu’on a de jolies filles à bord de notre navire, dit un autre, Bolded, un vulgaire personnage.

- Notre navire n’est pas un bordel, reprit nonchalamment Björn.

- Ne vous inquiétez pas, dit le capitaine, Aldred, avec beaucoup d’optimisme. Al’ ne laissera jamais sa blonde encourir le moindre risque. Si quelqu’un doit y laisser sa vie, ça sera lui et personne d’autre.

Björn sentit chez ses comparses comme une envie de voir Alma disparaître pour tenter leur chance avec Eärendil. S’il était vrai qu’elle faisait l’unanimité, il n’en restait pas moins anormal de souhaiter la mort d’un homme pour autant. Bosser dans une compagnie, c'était sympa un temps, puis venaient certains moments de solitude comme celui-ci. Björn pensait avoir fait son temps et désirait quitter ce groupe un peu plus chaque jour.

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Nous continuâmes de traverser cette dense étendue de vert.  

- Tu sais que je ne bougerai pas le petit doigt face à cette chose répugnante, dit Eärendil en trainant un peu des pieds.

- Je le sais.  

- Alors pourquoi me faire venir ? Marcher autant me fait transpirer.  

- Je préfère que tu assistes à ma mort plutôt que de trainer avec ces pourritures, fis-je sèchement.  

Elle rougit. Il s'agissait probablement de la première fois que j'assurais un rôle protecteur.

La chaleur était écrasante. Même sans bouger, elle aurait dans tous les cas transpirés. Difficile de se déplacer et de se repérer dans cette incroyable végétation. J’'avais néanmoins ma boussole – que j’avais utilisé quand Paul me guidait – pour garder notre cap vers le sud. Le trajet me paraissait tout de même assez et je n’avais pas l’intention de combattre de nuit. Évidemment, le doute s’installa en moi. M’étais-je trompé de chemin ? Suivre un cap n’était pas forcément une bonne idée. Nous ne devions pas être bien loin, mais il suffisait d’être une centaine mètres un peu plus à l’Ouest ou à l’Est pour passer complètement à côté. Un léger bruit dans un buisson mit nos sens en alertes. Je dégainai ma lame de ma canne, tandis que la blondinette plaça ses mains au niveau de ses cuisses.  

- Alma ! C’est moi. Ne tirez pas !

-  Paul ? Qu’est-ce que tu fiches ici, bon dieu ! Allez, sors de là !

Le gamin sortit timidement du buisson dans lequel il avait tenté de se cacher. D’après ses dires, bien qu’effrayés par le regard noir que je lui offrais, il nous expliqua qu’il ne voulait pas manquer la mort du tueur de ses parents. Puis qu’il savait que l’on se perdrait dans cette forêt. Il n’avait pas tort. Pour une raison que j’ignorais, la boussole semblait elle aussi perdue. Finalement, l’arrivée de Paul était pour nous une sorte de bénédiction.  

- Suivez-moi, nous avons encore de la route, camarades, dit le gamin d’un air drôlement enjoué.  

“Camarades” ? J’eus un moment d’hésitation avant de finalement le suivre.  

- Par chance, vous êtes restés sur votre ligne directive sans vous en détourner. Une bonne heure de marche et nous arriverons à destination.

Fait chier, pensai-je en suivant les pas du môme. Eärendil savait se défendre et prendre ses jambes à son cou quand c’était nécessaire. Paul, lui, je l’ignorais. D’autant que ce n’était encore qu’un enfant et que ses capacités physiques étaient forcément limitées par rapport à celles d’un tel singe. S’il se faisait prendre, je serais théoriquement mort, alors la culpabilité n’existera pas pour moi. Mais si par malheur, je survis à cette quête et qu’il devait y laisser sa vie, je m’en voudrai à tout jamais.  

Nous voici luisant de sueur, sale, griffés par les ronces cachées et plantes épineuses, nerveusement fatigués... En bref, ça n’allait pas fort. Je n’avais pas souvenir d’un voyage aussi laborieux la première fois. Paul nous expliqua que la première fois, nous avions emprunté un chemin aménagé par les villageois. Les plus sauvages, naturels, étaient évidemment moins confortables. Mais quand enfin nous arrivâmes, et ce malgré le danger qui nous pendait au nez, nous étions contents d’arriver. Le singe était là, adossé aux ruines d’une maison, mangeant paisiblement des plantes. Le doyen m’avait parlé de ces plantes médicinales qui permettaient une récupération exceptionnelle. Cela n’arrangeait évidemment par mes affaires.  

- Bon, restez-là pour l’instant. En intervenant pour une quelconque raison, vous ne ferez que me rendre la tâche plus délicate qu’elle ne l’est déjà. Si vous souhaitez avoir une chance de me voir victorieux, et tout simplement de survivre, ne bougez pas.



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Le gros singe reçut une pierre en pleine tronche. Oui, j’étais descendu avec confiance pour montrer à mes camarades que je n’avais peur de rien. En réalité, le singe était plus gros que je ne l’imaginais, plus hideux et bien plus véloce. En d’autres termes, un seul coup pourrait suffire à me mettre hors de combat. La bête se retourna et dévoila toute sa musculature. Elle était réellement impressionnante. Des pectoraux énormissimes, des quadriceps très denses... J’allais m’arrêter ici car tout était incroyablement dense. Même l’organe génital. Surtout l’organe génital.

C’était à la fois si grotesque et si merveilleux d’un point de vue anatomique, même si je n’y connaissais peu de chose, l’envie de la sculpter m’animait. Néanmoins, la raison de ma présence en ce lieu, face à cette chose, n’était en aucun liée à son anatomie. Une mission m’incombait et je devais la mener à son terme. Pour Paul. Pour Eärendil. Pour mon portefeuille.

Rapidement ramené à la réalité par les coups de poings portés à son torse, je me retrouvais donc face à cette bête féroce qui commença sa course lourde et puissante vers moi. Pensant m’adapter facilement à sa vitesse de déplacement, je fus surpris par le changement de rythme qu’il venait de réaliser. En un seul instant, la bête était au plus proche de moi. J’eus à peine le temps d’esquiver son uppercut qui, par sa simple puissance, fit voler mon bob au-dessus des ruines.

- Je sens que tu ne vas pas m’amuser longtemps, sale bête, dis-je en prenant la fuite.

Je courrai sans réel but. Elle me suivait avec l’envie de me fracasser. Alors que nous arrivâmes au centre d’un espace assez dégagé, j’effectuai quelques mouvements avec mes doigts, paralysant le singe de curiosité. En face de lui se trouvait une vingtaine de clones de ma propre personne. Il resta dubitatif quelques instants avant de foncer sur tout ce qui me ressemblait. Il frappa dans le vide à plusieurs reprises, s’épuisant inutilement. Lâche, je profitai de cette occasion pour me faufiler derrière et de lui infliger de profondes entailles au niveau des ischio-jambiers, ce qui eut pour effet de provoquer sa chute vers l’arrière.

Après quelques secondes, le singe se releva presque indemne. Les blessures s’étaient refermées. Je me ressassai alors ce que disaient les vieux, au sujet des plantes médicinales aux vertus exceptionnelles. Je me rappelai également la première fois que j’ai croisé cette bête, qui mangeait justement ces plantes jusqu’à plus faim. Il s’était emmagasiné un sacré stock dans son corps. Le seul bienfait à retirer cette action était le manque d’endurance flagrant. Sa masse musculaire lui apportait puissance et explosivité, voire même de la résistance, mais il voyait son endurance réduite en contrepartie.

- Tu vas me poser quelques soucis, macaque.

•••

Cela faisait maintenant près de deux heures que le combat avait commencé. Malgré les économies d’énergie que je tentais de faire, je commençais à m’épuiser sérieusement. De son côté, le singe était également à bout de souffle. J’avais l’entaillé, le poignarder, il récupérait trop rapidement pour l’achever. Il protéger activement ses points vitaux, m’empêchant de le tuer d’un seul coup. J’avais encore quelques tours dans mon sac, mais je ne pouvais continuer de faire durer le combat. L’animal perdait certes en endurance, mais un seul mauvais coup pouvait m’envoyer dans l’au-delà. Je pointai le ciel du doigt. Celui-ci s’assombrit et les orages commencèrent à gronder. Phénomène assez simple à provoquer dans un milieu comme celui-ci.

L’animal resta statique quelques instants, étonné de voir le temps changer à ce moment, puis reprit sa course effrénée vers ma direction. À quelques mètres de moi, j’abaissai mon doigt et la foudre s’abattit presque instantanément sur le singe. Je vis sa main bouger, je recommençai le même processus. J’utilisai mes deux mains pour faire chaque salve avec le moins d’interruption possible. J’en devenais presque taré de l’extérieur. Dès qu’il bougeait, bim, un éclair. Il n’était pas immortel et j’en étais intimement convaincu. Le but était d’épuiser sa capacité de régénération, d’éliminer tout son stock de plantes ingéré.

Mais au bout d’un moment, mon corps s’essouffla. Je m’époumonai pourtant à la tâche, mais c’était bien trop pour un type comme moi. Les orages cessèrent, les nuages disparurent et le soleil revient. Le macaque tenta de se redresser une nouvelle. Je vis rouge malgré mon état. Il n’était pas immortel et j’étais pourtant incapable de l’abattre. Les poings fermés, de l’électricité commença à s’emmagasiner autour de ces derniers. Son énorme tête tenta de se relever pour me fixer, mais je ne lui laissai pas cette chance en lui cognant mon poing droit, suivit juste après du gauche. Je frappai avec un tel acharnement que plus rien autour n’existait. Tellement nerveux que j’en pleurais à force.

- Alma, tiens, dit une voix qui m’était familière.

Eärendil balança ma lame que j’avais laissé trainer quand j’utilisais mon climat tact.

- Achève-le. Il ne bougera plus.

Saisissant la lame de mes deux mains, je la levai vers les cieux avant qu’elle ne s’abatte sur le sommet du crâne de ce foutu singe. Mort sur le coup. Je laissai enfoncé et me laissai par la même occasion tomber vers l’arrière. Complètement lessivé, bercé par les nuages qui suivaient le souffle du vent, je fermai lentement mes yeux.



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Une heure plus tard, Eärendil me réveilla avec un coup de pied sur mon flanc.

- La carcasse ne se portera pas toute seule, gros malin. Je te rappelle qu’elle fait partie à part entière d’une clause qui te rapportera plus d’argent, fit-il en me dévisageant.

Elle m’emmerdait mais elle avait raison. Surtout que pour une fois, elle n’avait pas prévu de me laisser porter le cadavre tout seul. Elle allait m’aider sans poser de question. Les choses évoluaient tranquillement. Il n’était pas non plus impossible qu’elle devienne de nouveau la chieuse qu’elle était hier encore. Paul, heureux et vantant mes prouesses, nous guida en ne cessant de résumer mes faits. Moi, tout ce que je désirais, c’était dormir.

•••

Lorsque nous arrivâmes au village, nous fûmes accueillis en héros. Tous, reconnurent le singe qui les hantait, et semblèrent d’un coup plus apaisés que lors de notre arrivée. Ils étaient libérés d’un poids et tous ceux morts en l’affrontant pouvaient reposer en paix.

- Bravo Alma le chasseur de monstre, hurla le doyen applaudissant. Quel exploit !

Je restai silencieux en m’appuyant sur ma canne. La dépouille avait été déposée à terre.

- Tu m’as l’air bien épuisé. Tu es tout pâle. Va donc te reposer, gamin. À ton réveil, ta récompense sera prête. Tes trois millions te seront remis en mains propres.

Quelle enflure. Je n’étais pas loin de tomber, renégocier me semblait déjà insupportable et il le savait. Eärendil passa devant moi, s’approcha du vieil et le saisit par le col.

- Comment oses-tu ?... Tu as promis de lui donner dix millions de berries s’il ramenait la dépouille du singe. Si tu ne tiens pas tes engagements, je tiendrai les miennes et te ferai bouffer tes propres couilles.

L’assemblée fut davantage choquée par ses propos que par la situation. De l’électricité se concentra autour de mon index que je pointai en direction du vieil homme.

- Mes dix millions, tout de suite, maintenant. Si je ne les ai pas, je réduis ce village en cendre, dis-je d’une voix menaçante.

Je me retournai ensuite vers Gaëtan, capitaine de notre équipage, toujours aussi fan de mes aventures.

- On se tire d’ici dès que je récupère ma récompense.

Il ne trouva rien d’autre à ajouter. Je n’étais pas le capitaine mais il me savait capable de détruire tout son travail. Chaque acteur se mit au travail. Des hommes chargèrent la bête pour la stocker dans un endroit plus sûr. Le doyen, à l’aide son trésorier, sortit la somme qui m’était due. Les charpentiers chargèrent le bateau et étaient prêts à partir. Seul un enfant ne bougea pas, les yeux larmoyants, tirant désespérément sur mon long manteau.

- Ne me laisse pas ici, Alma, fit Paul avec assurance en séchant ses larmes.

Je posai ma main sur sa tête.

- La réponse est non. Je ne peux te prendre avec moi.

Les larmes coulèrent sur le visage meurtri du gamin, sans émettre le moindre son.

- Je te promets de revenir te récupérer dès que je serai plus autonome. En attendant, survis, forge-toi, entraine-toi dur et nous pourrons réaliser des choses merveilleuses à nos retrouvailles.

L’effet attendu n’était pas d’actualité. Le gamin partit s’enfoncer dans la forêt en hurlant comme un animal. Il avait bien trop souffert sur cette île et dieu seul sait quel traitement lui réservait ce sordide vieil homme. Mais il n’était pas question que je prenne un gamin avec moi. Je perdrai à coup sûr en efficacité. Le doyen me fila ma récompense avec un étrange sourire. Au départ, je voulus m’assurer que le compte y était, mais ce n’était qu’une fois à bord que je compris ce sourire. Paul... Je n’aurais peut-être pas dû le laisser. L’estomac noué, je comptai mon argent avant de m’endormir sur ce sac remplit de ma fortune.





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