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La chance s'amuse à faire tourner la roue encore

Robina : Bleu

Civils divers : Orange

Cannibales : Rouge
Cannibale qui a trouvé Robina : Marron
Le prophète des Cannibales, Vorzoth : Rouge foncé
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Connaissez-vous le Dieu de la chance ? Oui vous, celui qui lit en ce moment ! Bien sûr que vous le connaissez. Une divinité qui peut vous offrir gloire, amour, argent et pouvoir. Mais qui peut aussi vous en faire voir des vertes et des pas mures. Comment ? Eh bien, c’est très simple. Prenons par exemple Robina Erwolf. Une cuisinière tout ce qu’il y a de plus normal dans ce monde. Sa mère était poisseuse, peut-être cela venait-il de là. Depuis, elle vit avec la malchance familiale. Ça n’est pas vraiment ce que l’on veut laisser à ses enfants n’est-ce pas ? Et pourtant mis à part les cheveux bleus de son père et la malchance de sa mère, rien. Penchons-nous sur une nouvelle histoire malchanceuse de cette pauvre cuisinière :

Elle se réveilla sur le sable d’une plage qu’elle ne connaissait pas. Comment en était-elle arrivée là ? Pour répondre à cette question, il faut revenir quelques jours plus tôt. Elle s’était faite recruter sur un navire marchand. Rien de plus simple, après tout, elle avait proposé ses services de cuisinière contre le voyage jusqu’à leur prochaine destination. Le capitaine avait accepté avec joie. Ça n’était pas tous les jours qu’on avait de la main d’œuvre gratuite.

Le voyage s’était bien passé. Ils venaient d’une île de South Blue. Ils avaient fait plusieurs étapes sur leurs routes. La cuisinière était contente d’avoir réussi son objectif. Elle avait voyagé sur plusieurs blues, avaient découvert des cuisines qu’elle n’avait jamais vu avant, et même arrêter des criminels en tant que chasseuse de primes. Le mal de mer était toujours là, mais moins présent qu’avant le roulis de l’eau ne lui donnait déjà plus envie de vomir. Elle se faisait à la vie sur l’océan. Elle travaillait maintenant des aliments qu’elle n’avait jamais vu sur Sanderr, elle s’entraînait toujours chaque jour comme ses parents lui avaient répété pour garder la forme.

Une tempête s’était levée alors que le repas du soir battait son plein. La majorité de l’équipage se trouvait dans la salle commune, en train de manger les plats que notre Sanderrienne venait de réaliser. La cloche retentit sur le pont, les hommes attablés se levèrent comme un seul homme et se mirent à courir pour rejoindre leurs postes. Le vent soufflait de violentes rafales, les cheveux dans les yeux, elle ne vit pas grand-chose au début de son arrivée sur le pont. Elle pouvait entendre le mugissement des vagues qui s’écrasaient sur la coque du navire, l’explosion du tonnerre et des éclairs qui le suivaient. La pluie tombait comme des hallebardes sur le bois.

C’est dans ce décor apocalyptique que notre jeune chasseuse de primes se retrouva à l’extérieur. Elle ne savait pas quoi faire, on ne lui avait pas expliqué ce qu’elle était censée faire dans ce genre de situation. Se dirigeant vers le capitaine, elle glissa plusieurs fois, se retrouvant cul par-dessus tête. Elle manqua à une reprise de se retrouver par-dessus bord avec le choc des vagues. Le bateau tremblait des vibrations des différentes attaques de l’océan. Elle se retrouva enfin au bureau du capitaine. Trempée, les bottes à moitié remplie d’eau, elle faisait pitié en poussant la porte. L’homme, un quarantenaire, les cheveux poivre-sel avec un air rude leva les yeux de sa carte maritime en entendant la porte vers l’extérieur s’ouvrir et le vent s’engouffrer dans sa cabine.

Mademoiselle Erwolf qu’est-ce que vous faites ici ?

Eh bien, je ne savais pas quoi faire dans ce genre de situation, alors je suis venue vous voir pour savoir…

La demoiselle se sentait un peu gauche d’être venue ici maintenant. Elle se rendit compte qu’elle ne pouvait pas aider dans ce genre de situation, ne se connaissant pas dans le métier de marin. Le commandant la regarda un instant avant de rediriger son regard vers la carte, de souffler et de faire un signe négatif de la tête. Il s’était attendu à tous, sauf à ça. L’arrivée de la cuisinière à bord n’était pas du tout prévue, elle s’attendait à ce qu’elle attende en bas dans sa cabine.

Eh bien, si vous voulez tous savoir, restez en bas et garder le repas au chaud, je pense que les gars auront faim quand on sera sortis de ce bordel. Mais c’est gentil de demander. Et séchez-vous, vous êtes trempées jusqu’aux os. Si votre travail, c’est de vous occuper de notre estomac, le nôtre, c’est de vous mener à bon port. Allez, filez vite avant d’attraper froid !

Un homme gentil, pas facile d’approche, mais toujours juste. Robina fit demi-tour en faisant attention à ne gêner personne et se retrouva de nouveau à l’abri de la pluie et des éclairs après s’être battu contre les éléments pendant quelques minutes. Arrivée à son coin de travail, elle retrouva le tous sans dessus dessous. Tous les ustensiles qu’elle avait laissés sur le plan se retrouvaient sur le sol, un peu du plat qu’elle avait préparé se retrouvait sur les planches du sol.

Elle passa un long moment à ranger, tout ce qui n’était pas nécessaire pour garder le plat au chaud se retrouva mis en ordre dans son emplacement. Tout ce qui appartenait à la chasseuse de primes se retrouva dans son sac, accroché à lui ou dans sa mallette de couteaux. Il restait en tout et pour tout, deux marmites pleines d’un ragoût de saumon et de requin avec des carottes et pommes de terre, ainsi qu’une louche pour servir les futurs attablés. Les assiettes avaient été laver et ranger pour qu’elles ne se retrouvent pas de nouveau sur le sol. Le navire tanguait de droit à gauche à chaque instant. Une énorme explosion vint aux oreilles de Robina, puis le noir total. Elle ne se rappelait plus de rien.

La mer venait de la recracher sur une plage de sable jaune. Une forêt luxuriante devant elle. Un promontoire, de granit et d’une pierre de la même couleur que le sable, sur sa gauche et la plage continuait à l’infini sur sa droite. Le soleil était un globe blanc brûlant sur sa peau dans un ciel d’un bleu sans fin, exempt de tout nuage. Devant elle, une forêt tropicale inconnue, sur sa gauche de quoi prendre de la hauteur et sa droite la recherche de nouveau.

De ce que pouvait apercevoir la Sanderrienne, une pente douce montait jusqu’au haut de la falaise sur le promontoire par un entrelac de chemins escarpés. Elle allait devoir grimper jusque-là pour voir où elle était, si elle pouvait trouver quelque chose depuis là-haut, elle se sortirait un peu de cette situation impossible, elle s’était déjà retrouvée sur une île déserte à devoir manger des insectes et à enterrer des cadavres, elle n’avait pas vraiment envie de revivre la même situation, cette fois, il y avait peut-être des survivants après tout.

Les éléments étaient vraiment contre elle. Elle expira profondément avant de fixer la falaise qui lui faisait face, elle n’avait plus rien, ni son épée d’entraînement que son père lui avait donné, ni ses instruments de cuisine, pas de quoi manger, pas de quoi boire. Elle allait devoir être inventive si elle ne voulait pas finir comme un calamar séché au soleil.
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Alors que notre cuisinière entreprenait la montée. Des yeux se posaient sur elle. Les natifs de l’île s’étaient bien entendu rendus compte du naufrage qui venaient d’avoir lieu sur leurs côtes. Ils n’avaient pas souvent de la visite et qui disait de nouvelles personnes, voulait dire, un repas et une fête qui suivait. Cette destination n’était pas vraiment recommandée dans les guides touristes de North Blue, loin de là.

Enfin, le soleil était haut dans le ciel, la chaleur de ses rayons accablant la pauvre fille venant d’un pays froid. Il restait planté là dans un ciel d’un bleu azur exempt de tout nuage. Un plateau de racines, de lianes et d’herbes s’étalait sous ses pieds. La jeune fille était épuisée, son épaule droite la faisait encore souffrir, pas horriblement, mais c’était une gêne dont elle se serait bien passée. Bientôt un mois qu’elle s’était battu contre Abou Dhabi et la blessure la lançait encore un peu.

Derrière elle se trouvait la mer, les vagues s’écrasant sur les racines de la mangrove. Des rochers s’étaient amoncelés à leurs pieds, donnant presque l’impression d’une véritable île. Sur les côtés, l’océan, elle se retrouvait entièrement entourer par l’étendue marine. Le seul chemin, qui s’ouvrait devant elle, était une pente douce qui descendait pour donner sur une immense forêt. Un linceul de brume épais et l’on ne pouvait dire ce qui se cachait entre les branchages.

Le cri d’un oiseau exotique que ne connaissait pas notre chasseuse de primes retentit tout autour d’elle, le bruit des vagues s’écrasant lui répondit. Elle ne connaissait rien, elle commençait à avoir faim, un peu soif aussi, et elle ne savait pas par où aller. Cela lui rappelait étrangement la situation qui lui était arrivée, il y a de cela peu de temps en quittant son île natale. Elle avait survécu en mangeant des insectes. Heureusement, pas de traces d’insectes pour l’instant, mais des bruits d’oiseaux, et qui disait volatiles disait viande !

En réalisant cela, une énergie nouvelle coula dans les veines de notre Sanderrienne qui descendit la légère pente. Le départ était lancé. La végétation, qui entourait la non-native, était dense avec des teintes criardes. Au terme de sa descente, elle avait découvert que la forêt qui lui faisait face était en fait une jungle à l’humidité marquée, hostile et étouffante. Elle progressait lentement, les racines, les lianes, des ronces, branches et autres végétaux lui barraient le chemin et la ralentissaient.

Des volatiles en tout genre, perchés sous les frondaisons, agitaient le feuillage, inondant les oreilles de Robina de leurs piaillements, des hautes herbes poussaient un peu partout, la flore éclatante de couleur vives cachait de nombreuses vies cachés. Rien, cependant, ne semblait la menacer jusqu’ici. Maintenant plusieurs minutes qu’elle avançait à l’aveugle et rien ne l’avait alarmé. Elle trouva un sentier entouré d’une végétation dense aux teintes criardes. Le sol se composait de terre jaunâtre avec un sable brun presque noir recouvrant la mangrove.

Un humus au parfum puissant entourait notre cuisinière, des fougères aux couleurs étranges l’entouraient, enfin pas naturel selon elle. D’autres arbres exotiques l’entouraient se pâmant des mêmes couleurs que les capillaires. Elle ne connaissait pas les noms de ce qui l’entourait, mais en tant que narrateur, je me suis renseigné et je peux vous le dire, des palmiers, des micouliers, nalbris, vougets bleus… L’humidité régnante faisait coller les vêtements de la demoiselle.

Elle s’attendait au pire à chaque instant. La menace constante, qu’une créature sauvage pouvait lui bondir dessus ou qu’elle se fasse mordre par une créature venimeuse, était difficile pour ses nerfs. Elle essayait de garder le sourire, mais c’était peine perdue. Elle était obligée de suivre le sentier, elle ne se voyait pas couper à travers la canopée. Un peu plus loin, une bête féroce, d’après ce que pouvait voir Robina, c’était un félin, celui-ci resta à une distance prudente avant de sentir une piste et de se désintéresser de sa proie potentielle.

Relâchant son souffle, la cuisinière passa son avant-bras sur son front. L’humidité et la chaleur, qu’elle ne supportait que difficilement, n’aidait pas à rester hydrater et elle n’avait toujours trouver de point d’eau pour boire. Elle tendait l’oreille depuis un petit moment, une créature ou quelqu’un la suivait d’après elle dès qu’elle s’était enfoncée dans la forêt. Cependant, rien ne se montrait. Pas de traces de quelqu’un ou d’une créature la poursuivait, elle avait cherché pendant un moment.

Après environ une heure de recherche d’un point d’eau, elle n’eut d’autre choix que de s’abriter sous les feuilles de palme. Une pluie tropicale, torrentielle s’abattit en quelques secondes, sans avertissement. Si elle était restée en dessous, elle aurait été trempée, mais aussi, elle n’aurait pas pu voir à plus de trois mètres devant elle, de quoi se perdre dans la jungle. Une eau potable d’après ce qu’elle pouvait goûter, pas terrible, mais au moins, elle ne mourrait pas de déshydratation.

Cette première journée d’exploration se déroula sans problèmes. Si ça n’était pas cette sensation distante de se faire épier. Néanmoins, elle commençait à avoir sommeil, avec la lumière autour d’elle, elle ne pouvait pas savoir quelle heure, il était exactement, mais la fatigue s’emparait d’elle après avoir passé son temps à marcher, grimper, se prendre les pieds dans les racines… Elle allait bivouaquer et dormir quelques heures avant de repartir.

Elle partit chercher des petits arbres, ou au moins des branches pour se faire une sorte de mur pour s’abriter en partie du vent. Elle aurait voulu trouver du bois sec pour faire du feu et se sécher, mais il semblerait que ça soit un luxe dont elle devrait se passer. Quelques feuilles de palmes pour se faire un toit et elle pourrait se permettre de fermer les yeux un instant. Elle allait devoir trouver de quoi chasser si elle ne voulait pas se retrouver à mourir de faim.

Elle se fit un lit de branchage, elle avait lu qu’il fallait faire comme ça dans les livres d’aventure qu’elle lisait quand elle était plus petite. Mais la présence se fit plus proche, cependant aucun bruit, pas de bruissements, de craquements. La forêt pendant un court instant s’était tue. Alors que Robina allait s’allonger, un aborigène fit irruption, prêt de son campement.

Ut en sias emêm sap eriaf nu tnemepmac elbatpecca. Sius iom ! Ej enèmme’t à erton fehc, ùo li arruop rerovéd not ruœc.

Le ton avait été froid, presque acide, la cuisinière ne comprenait pas ce qu’il venait de lui dire, mais elle ne lui faisait pas confiance. C’était sûr qu’il l’avait suivie toute la journée, pourquoi et dans quel but ? Qu’est-ce qu’il avait attendu pour venir l’aider aussi tard ? Elle se leva lentement, le regard plein de méfiance. Il était cependant une lueur d’espoir, elle ne connaissait rien, mais de la façon dont il se déplaçait dans les fourrés et la végétation, il avait l’habitude de chasser.

Pourquoi vous n’êtes pas venus me voir plus tôt ? Je sais que vous étiez là à m’épier, pour quelle raison vous venez maintenant me voir ?

Une pause, il semble que l’homme s’attende à se faire écouter sans condition. Mais la petite résistance de la chasseuse de primes l’agace. Néanmoins, il n’avait pas le droit de le montrer, c'étaient les ordres du chef. La chair est plus tendre quand la nourriture ne s’attend pas à mourir. Et s’il fait comme l’a demandé le prophète, il aura le droit de manger le foie. Une pièce de choix, réservé à celui qui ramène le repas sans lui faire de mal. Il se calme et se dit qu’il ne perd rien à prendre un peu de temps à échanger quelques mots avec son prochain repas.

Ut siod em ervius. Is ut en em sius sap, ej en siarruop sap rerovéd not eiof. Ut siod rinev ceva iom, li’s et tialp en em sdner sap la noitautis sulp eliciffid euq eriassecén.

Convaincue, en partie, par le ton serein de celui qui voulait la dévorer. Elle commença à le suivre. Elle n’avait après tout rien à perdre, n’est-ce-pas ?


Dernière édition par Robina Erwolf le Mar 30 Mar 2021 - 19:24, édité 1 fois
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Alors qu’ils reprenaient le chemin et qu’ils venaient de faire quelques pas, l’autochtone prit la corne sur son côté et souffla à plusieurs reprises dedans. Cinq notes courtes suivants d’une profonde et longue note. Qu’est-ce que cela pouvait bien vouloir dire ? Elle n’en savait rien, mais elle n’avait pas le choix que de faire confiance à ce natif. Elle continua d’avancer, prudente, elle n’était pas armée, c’est vrai, mais un morceau de racine assez épais ou quelque chose d’assez lourd lui permettrait de l’assommer si elle en avait besoin.

Il lui fit signe de nouveau de le suivre. Il marchait avec une allure assez lente, laissant à la Sanderrienne le temps de le suivre. Il n’était pas de mauvaise humeur, elle pouvait voir qu’il n’avait pas l’air agressif, plutôt heureux même. Était-il une sorte de bon samaritain qui était enjoué d’avoir fait sa bonne action du jour ? Elle voulait y croire et pour ça, elle continua de le suivre. Elle essaya bien d’engager la conversation avec son duo, mais ils ne se comprenaient pas. Enfin, elle ne comprenait rien en tout cas.

Quelles minutes passèrent avant qu’un deuxième, puis un troisième autochtone ne se joignent à la procession. Ils discutèrent ensemble tous les trois avant de se tourner et de sourire à la cuisinière. Au loin, une autre corne sonna, cinq notes courtes aussi avec deux longues. Elle ne savait pas ce que ça voulait dire exactement, mais peut-être, n’était-elle pas la seule à avoir survécu ? Un deuxième signal, non loin sonna aussi, de nouveau les cinq notes courtes avec deux longues.

Proches, les cannibales qui escortaient la chasseuse de primes firent un détour pour se rendre à la source du son. Robina vit un autre membre du peuple de l’îlot flottant ainsi qu’un membre de l’équipage qui se trouvait avec elle, il y a de cela quelques heures. Elle ne s’était donc pas trompée, il y avait au moins un autre survivant qu’eux deux sur l’île. Il restait donc une lueur d’espoir.

Vous allez bien ?

Oui, pas trop mal, mis à part le fait que le navire où je travaillais vient de partir en morceaux, je vais bien. Vous savez où nous sommes exactement ?

Je n’en ai aucune idée, mais les habitants de l’île n’ont pas l’air agressifs, mon groupe était en train de m’escorter, je suppose à leur village.

Je l’espère parce que je meurs de soif.

Vous n’avez pas profité de la pluie il y a quelques heures pour boire ?

Je n’ai pas pu, c’est elle qui m’a réveillé. Et j’étais encore au bord de l’île. J’ai pu boire quelques gorgées seulement.

Je vais voir ce que je peux faire avec les natifs, attendez. Je reviens dans quelques instants.

Elle se rendit alors aux côtés des indigènes. Ils étaient en train de discuter entre eux, mais virent vite qu’elle venait les voir et se tournèrent vers elle.

Est-ce que vous auriez à boire pour mon ami ? De l’eau ?

Tse’uq-ec-elle’uq tuev tnemetcaxe ?

Ne’j sias nier, siam snottemer suon ne ehcram, en snosiaf sap erdnetta el etèhporp sulp spmetgnol.

Voyant que ces interlocuteurs ne comprenaient pas ce qu’elle voulait leur dire. Elle mima l’action de boire en utilisant ses mains pour faire une coupe qu’elle porta à ses lèvres en montrant son compagnon d’infortune.

Ha, elle tuev ed uae’l ruop emmoh’l euq no’l tneiv ed revuort. No tiaf iouq ?

Snonnod sruel, suon semmos à srueisulp serueh ed ehcram erocne ud egalliv, aç tiares egammod ed rioved el retrop euqsuj àl, aç suon tiaref erdrep ud spmet. Te suon snorengag nu uep sulp sruel secnaifnoc.

L’aborigène tendit une gourde rempli d’eau à Robina qui l’attrapa avant de la tendre à son compagnon. Le matelot partit à grande gorgée, la déshydratation le guettait et il était plus qu’heureux d’avoir de l’eau sous la main pour arrêter de mourir de soif. Pendant ce temps, les quatre allogènes partirent dans une discussion entre eux en attendant que les deux personnes qui allaient leur servir de repas aient fini de boire.

Srola leuqel ertne’d suov a évuort al emmef ?

Tse’c iom ! Répondit fièrement le chasseur qui avait trouvé Robina.

Les autres cannibales n’étaient pas jaloux du fait que leurs collègues avaient réussi à débusquer la femme aux cheveux bleus en premier, à la fin, elle finirait dans leurs estomacs à tous.

El etêhporp ares tnetnoc, alec tiaf spmetgnol euq suon snova’n sap ue ed ednaiv ed emmef ua saper. Ej sius rûs li’uq et aresnepmocér emmoc li es tiod.

Sur ces dernières paroles, la Sanderrienne revint avec la gourde vide maintenant. Celui qui avait donné son flacon le récupéra et le rattacha avant que la troupe ne reparte pour le village. Ils leur restaient encore quelques kilomètres à faire dans cette jungle avant d’être en totale sécurité.
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La colonne de l’îlot flottant menée par les cannibales continua de s’enfoncer dans la jungle. Mais sans trop savoir pourquoi Robina commençait à se méfier de ses alliés. Des regards s’échangeaient entre les différents natifs, elle avait beau ne pas les comprendre, elle n’était pas folle. Plus le temps passait et plus il semblait à la cuisinière que les hommes devant elle se moquait des deux échoués. Même si celui qui avait trouvé notre héroïne ne se séparait pas de ses bonnes manières.

Les guides menaient le petit groupe vers le village de leur prophète. Ils auraient pu arriver plus vite, à des hameaux qui n’étaient pas celui de leur chef. Mais cela lui aurait manqué de respect, et ils auraient perdu leurs vies en échange. Ils n’étaient pas un peuples fier, ils se savaient puissant et surtout sans adversaire réel sur l’île. Mais celui qui avait réunis les différentes tribus pour ne former qu’un seul ensemble, leur promettaient un avenir grandiose. Vivant de sang, de chair et de violence au-delà des rives des racines de la mangrove. Il avait annoncé une prophétie hurlant que le peuple de l’îlot voguerait sur les flots, qu’ils allaient piller, manger et étendre leur empire jusqu’à l’horizon.

Les indigènes de l’île semblaient faire fuir toutes les bêtes sauvages des environs, par leurs nombres ainsi que le bruit qu’ils faisaient. Cependant, l’instinct de la chasseuse de primes continuait de la titiller. Elle avait surpris certains regards échangés entre le peuple allogène qui ne lui disaient rien de bon. Quelque chose n’allait pas, elle en avait la certitude. L’allure imposée par les cannibales était supportable, mais la fatigue des derniers événements commençait à se faire sentir, peu habitué tous les deux à un tel climat. C’est là que notre chère femme, aux cheveux bleus, surprit celui qui avait trouvé son comparse qui regardait dans sa direction. Il échangea ce même regard avec ses semblables, Robina sentit un frisson glacé courir le long de sa colonne vertébrale.

Si elle s’était écoutée, elle serait partie en courant. Elle n’aimait pas ça, cependant elle n’avait pas réellement le choix, perdue quelque part où elle n’avait aucun repère, qu’avait-elle d’autres comme solution pour s’en sortir. Peut-être était-ce seulement de la paranoïa ? Enfin, c’est ce qu’espérait notre Sanderrienne. Pendant ce temps, ses pas la rapprochaient de la cité où les conduisaient les quatre natifs.

Le village reposait au creux d’une vallée artificielle, de nombreux troncs, buissons et fougères avaient été abattus pour créer une grande place en son centre. Arrivant de l’Ouest, entourée de fougères ainsi que de palmiers et de bougainvilliers, ils pénétrèrent dans une cité qui se fondait avec la nature. Les bâtiments étaient taillés directement dans le bois des arbres de la mangrove géante. Ensevelis sous l’épaisse végétation et se confondant avec les alentours, il était difficile de les dénombrer et détailler. Les deux échoués avaient du mal à dire où s’arrêtait la jungle et où commençait cette simple agglomération.

Ils remontèrent l’allée principale encadrée d’herbes folles. L’endroit ne disposait d’aucune protection, les cannibales ne redoutaient aucun ennemi sur l’îlot mis à part les autres clans. Mais ici, l’homme à la prophétie vivait, il était donc inconcevable qu’il ai une intrusion. Même les plus imposantes des créatures féroces avaient appris à leur dépens à ne pas se mesurer à eux. Leur escorte les fit traverser la ville jusqu’à la place qu’ils avaient vu d’un peu plus haut.

L’arrivée du groupe fut saluée des hurlements de tous les résidents. Tous des guerriers, sans exception, certains en train de discuter, avachis çà et là, d’autres à fumer de la viande… Ils se relevèrent tous pour accueillir la procession. Rayonnants, les cannibales levèrent les bras au ciel, le repas était arrivé et ils saluèrent leurs peuples. Un groupe de femmes et d’autres hommes s’amassèrent autour des nouveaux arrivants. Après un salut bref et moqueur aux naufragés, ils les dédaignèrent.

Pendant que les indigènes masculins étaient occupés à discuter entre eux, à quelques mètres de là, les femmes se regroupèrent avec Robina et le matelot du nom de Tom. Elle put examiner son environnement, une esplanade circulaire et des bâtiments qui l’entouraient. L’endroit ne semblait pas présenter de confort particulier. La cuisinière s’en surprit, elle s’était attendue à des installations plus florissantes que ce qu’elle pouvait voir. Pour plus de facilité dans la lecture, je me suis permis de modifier le texte et de vous laissez une traduction directement.

Zenev, li’s suov tialp. Suon snolla suov rerapérp. Suov zeved ertê stêrp ruop ec rios.
Venez, s’il vous plait. Nous allons vous préparer. Vous devez être prêts pour ce soir.


Elles prirent les deux naufragés par les bras. Les poussant et les tirant, ils n’avaient aucun moyen de se libérer de la foule de concubines. On les amena à une vaste hutte de bambous, un peu à l’écart érigé au sud de l’esplanade, à quelques bâtisses de distances. Les femmes ne se découragèrent pas en déshabillant les deux personnes, bien qu’un homme soit dans le lot. Elles les séparèrent cependant, la chair de femme était plus prisée que celle des hommes, elle serait traitée avec plus de déférence.

La chasseuse de primes suivit les préparatrices où on lui présenta un bac d’eau chaude. Comprenant ce qu’on attendait d’elle, elle plongea à l’intérieur de l’eau pour la trouver brûlante. De quoi effacer la crasse et la fatigue de cette journée qui n’avait que trop durée. Elle se détendit un court instant avant qu’on ne l’agrippe. Les femmes qui entouraient notre Sanderrienne étaient là pour la préparer à être mangée, pas pour la bichonner gentiment comme une princesse.

Des brosses en main, elles travaillèrent le cuir de notre native de Sanderr. La femme aux longs cheveux bleus cria et se débattit, mais le combat était perdu d’avance. À plusieurs contre notre naufragée, elle se voyait assaillie de toute part. Chaque fois qu’elle réussissait à se dégager un membre, on lui en attrapait un autre pour la décaper de toutes les saletés qu’elle avait emmagasiné toute la journée.

La première mission de ces femmes était de rendre présentable leur futur repas. Alors elles faisaient ça bien, surtout si c’était une demoiselle. Pourquoi ? Parce qu’elle aurait ainsi peut-être le droit à un des premiers morceaux, les plus gouteux, les plus tendres. Ainsi, la toilette de cuisinière se fit avec beaucoup de gesticulations, de tentatives d’évasion et de récurages. Mais à la fin, l’eau était sale. Toute la terre, le sable, la sueur, la journée disparaissaient dans l’eau. On la plongea dans une eau claire pour la rincer.

Pendant quelques minutes, la fille aux longs cheveux bleus, pouvait enfin se détendre de sa journée, elle fit ruisseler lentement l’eau tout juste chaude sur ses bras. Jouant un peu pour se défaire des tracas que le naufrage lui avait apporté.

Siam elle en tuev sap ritros àl-ellec ? No en av sap erdnetta tgniv sna elle’uq elliuev neib es reguob.
Mais elle ne veut pas sortir celle-là ? On ne va pas attendre vingt ans qu’elle veuille bien se bouger.


Al-zessial, tse’c nos teinred niab, elle a el tiord ne’d retiforp. Te siup is alec tuep iul erttemrep ed es erdnetéd te ed erdner al ednaiv sulp esueruovas, ej en siav sap em erdnialp.
Laissez-la, c’est son dernier bain, elle a le droit d’en profiter. Et puis si cela peut lui permettre de se détendre et de rendre la viande plus savoureuse, je ne vais pas me plaindre.


Les cannibales prirent leur mal en patience, attendant que le froid de l’onde ne fasse sortir Robina. Une dizaine de minutes s’écoulèrent avant qu’elles ne la sèchent vigoureusement et l’installe sur une longue table de bambou et de feuilles tressées. Là, les préparatrices massèrent longuement la cuisinière qui s’assoupit à moitié. Elles l’enduisirent d’une huile parfumée, mêlée à une toxine engourdissant ses sens lentement. Elle était maintenant fin prête au repas. Elles l’habillèrent d’une tenue de cuir et de lin avant de la faire sortir.

La Sanderrienne était sur un petit nuage, le narcotique faisait lentement son effet, couplé avec le massage, elle avait oublié ses tracas de la journée. C’est à ce moment que Vorzoth fit son entrée dans la vie de notre héroïne. Il était grand, un corps noueux, tout en muscles, il était un regard et un port de tête fier. Une grande crête peinte en blanc, ses pommettes tatouées de lignes runiques. Il se savait puissant et le plus grand guerrier de l’île, le prophète, rien ne lui résistait, pas même celle qui serait le clou du festin de ce soir. Il fit tout de même un signe de tête, elle ne devait pas être brusquée jusqu’à sa mort.

Eunevneib à iot, ho ecirtarébil ed erton elpuep. Sel sertsa tno’m élrap te énonna at eunev. Dnauq siarua’j émmosnoc not ruœc, suon snorruop riréuqnoc sel serret àled-ua ed noziroh’l.
Bienvenue à toi, oh libératrice de notre peuple. Les astres m’ont parlé et annoncé ta venue. Quand j’aurais consommé ton cœur, nous pourrons conquérir les terres au-delà de l’horizon.
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Sur ces paroles, un groupe d’indigène se rapprocha pour parler avec Vorzoth. Le repas pour les invités était presque prêt, du gibier avec des petits légumes et un jus de fruit fermenté. Le peuple attendait cet instant depuis longtemps. Celui qui lisait dans les étoiles l’avait prédit, le jour où une femme avec les cheveux bleus viendrait sur leurs îles, le destin de leur peuple changerait. Puis que ce moment était venu, il n’avait qu’une hâte, en finir pour prendre le contrôle d’au-delà de l’horizon.

Des chamans se rapprochèrent, fendant la foule, en tuniques longues colorées de pourpre et de jaune. Leurs crêtes teinte en violet, ils se tenaient massés légèrement à l’écart des autres. Le prophète échangea quelques paroles avec eux, le rituel allait se tenir dans peu de temps. À droite de l’esplanade, alors qu’elle venait de cette direction, se trouvait un arbre entouré de nattes d’environ vingt mètres de diamètre. Elle aurait bien voulu interpeller les gens autour d’elle pour avoir de plus amples informations, néanmoins personne ne la comprenait et elle n’aurait reçu aucune réponse.

Le groupe des différents assistants du chef de toutes les tribus de l’îlot disparurent derrière les nattes. Ils s’y rendirent, justement, dans un cortège silencieux, inquiétant. Pour préparer la suite, ils allaient finir les préparatifs pour le grand final, aucun grain de sable ne devait s’immiscer entre les rouages de la soirée. Sinon ils se retrouveraient eux aussi sur le menu de ce soir, et loin d’eux l’idée de vouloir finir dans l’estomac de leur peuple. Le temps fila rapidement, de nouvelles personnes sauvées s’étaient jointes au groupe de deux. Le timonier et un deuxième garçon d’équipage se rapprochèrent de ceux qui étaient déjà sur la place de la ville. Ils prirent des nouvelles, d’après leurs témoignages, aucun des autres membres du navire n’avaient survécu, ils étaient les seuls.

Vorzoth parla longuement, son peuple autour de lui hochait lentement la tête. Puis la conversation sembla changer de ton pour prendre un tour plus léger. Plusieurs d’entre eux hochèrent la tête avant que le sorcier tatoué ne reprenne la parole. Le voyant, retourna par la suite auprès des naufragés, il s’occupait d’eux comme de véritables invités. Il voulait se faire comprendre, bizarrement, il était le seul à faire des efforts pour communiquer.

Il se fit comprendre par la langue des signes. Il se désigna, puis le groupe venant de l’extérieur, et le fait de manger. Le repas était servi.

Vous comprenez ce qu’il veut dire ?

On va sûrement manger, je pense qu’on meurt tous de faim.

Clairement, je pense que je pourrais manger un éléphant !

Après un petit débat entre eux, les arrivants hochèrent tous la tête et mimèrent l’action de manger avec les mains et se frottèrent le ventre. Ils espérèrent qu’ils seraient compris par le prophète. La Sanderrienne pendant ce temps, perdait peu à peu pied avec la réalité, la toxine dans l’huile rentrait peu à peu dans son corps. Elle ne se rendait pas totalement compte de ce qui l’entourait, mis à part de certains détails qu’elle percevait, les cannibales ne se cachant plus d’elle, étant sous narcotiques.

Le Téphorp claqua dans ses mains à trois reprises et lança ses ordres. Plusieurs minutes passèrent et d’épaisses nattes furent posées sur l’esplanade pour recevoir les visiteurs et permettraient à tout le village de festoyer avec eux. Les halogènes s’y installèrent dans une position accroupie qu’ils semblaient apprécier particulièrement. Un alcool de palme fut servi à tout le monde, Robina l’engloutit d’un seul tenant, voyant les cannibales en faire de même les anciens membres échoués en firent de même. De la viande rouge de gibier fut placée sur des gros braseros, en bois, à griller.

Le timonier et les siens se permirent de commencer à se laisser aller. La confiance n’était pas encore installée, mais l’atmosphère ne se prêtait pas aux suspicions. C’est bien dommage, sans cela, ils auraient peut-être pu s’en sortir. Tandis que leurs hôtes gesticulaient et palabraient avec indolence.

La viande était tendre et juteuse, un énorme ours que l’on avait trempé dans un miel épais avec des épices. Elle était fondante, légèrement piquante et le mélange de sucré-salé ravivait les papilles et la conscience de notre chasseuse de primes. Elle, qui ne vivait presque que pour la cuisine, se réveillait pour apprendre les spécialités locales. Les légumes frais et croquants, la boisson sirupeuse, fraîche et légèrement alcoolisée, la fête battait son plein.

Constatant que les membres de la tribu mangeaient d’un bon appétit, les naufragés les imitèrent, cependant aucune fraternisation n’eut lieu. Chaque groupe faisait face à l’autre sans se mélanger. La cuisinière faisait face à Vorzoth tout en essayant de demander ce qu’elle mangeait et comment cela avait été préparé. Mais le prophète n’avait que faire des paroles de celle qui lui ouvrirait les portes de la gloire. Il lui répondait rapidement dans sa langue, les faux-semblants s’effaçant rapidement pour donner lieu au rituel final.

Un chaman différent s’était positionné discrètement derrière chacun des membres du navire marchand. La fin du déjeuner fut marquée par une distribution de nouveaux gobelets d’un thé épicé qu’apprécièrent les non-natifs. Aucun ne remarqua que personne dans le peuple du Téphorp n’avait touché à sa boisson. La boisson de notre Sanderrienne était différente, étant déjà droguée, elle ne devait pas perdre connaissance, elle avait donc eu de nouveau de l’alcool de palme.

Plusieurs minutes s’écoulèrent tandis que le prophète parlait dans sa langue, il désigna le ciel, puis l’arbre entourés de nattes et enfin les naufragés. Le nouveau capitaine, par intérim, qu’était le timonier n’aimait pas la tournure des événements. Le ton de ceux qui l’entouraient, se faisait moins doux, plus cruel.

Prenez quelque chose pour vous défendre, on s’en va, et vous aussi madame. Je ne pense que nous soyons avec des amis.

Les membres de la troupe voulurent se lever et récupérer une arme, une branche, une pierre, qu’importe, pour se ruer sur les cannibales et s’échapper. Mais leurs membres étaient devenus lourds, leurs têtes tournaient, ils n’avaient plus la force de tenir sur leurs jambes, encore moins de se saisir d’une arme. Les uns après les autres, ils s’écroulèrent dans des positions grotesques, conscients, mais soudainement emprisonnés, soumis au poison des Pygmées, incapable de bouger.

Le peuple de la tribu éclata d’un rire cruel, plusieurs d’entre eux allèrent même jusqu’à cracher au visage de leurs anciens alliés, ceux qui s’étaient crus sauvés. Robina assistait à toute la scène sans pouvoir rien faire. Le chef de l’île la dévisagea d’un air sardonique, il la saisit par les cheveux et tira d’un coup sec. Un cri de surprise et de douleur sortit des lèvres de la cuisinière qui s’étala de tout son long, le nez dans la poussière. Le pied nu de commandant de la secte se posa aussitôt sur la nuque de notre héroïne. Deux chamans s’empressaient déjà de lui tirer les bras en avant pour lui les mains.

L’homme tatoué ouvrit largement les bras et s’exclama avec une expression gourmande étirant son visage.

Ej siav nifne riovuop suov rertnom iuq suon semmos tnemiarv ! Suov zeva urc euq suons snoilla suov revuas, suov redia à ritrap, siam suov suon zerivres ruop riréuqnoc sel snoziroh. Suon snoref rineved sel xuae seguor, ud gnas ed xuec euq suon snorerovéd. Te tse’c iot iuq suon sarirvuo al eiov !
Je vais enfin pouvoir vous montrer qui nous sommes vraiment ! Vous avez cru que nous allions vous sauver, vous aider à partir, mais vous nous servirez pour conquérir les horizons. Nous ferons devenir les eaux rouges, du sang de ceux que nous dévorerons. Et c’est toi qui nous ouvriras la voie !


Les yeux du Téphorp se posèrent sur la nuque de la chasseuse de primes qui sentit un frisson courir le long de sa colonne. Elle ne présageait rien de bon et son cœur se mit à battre la chamade.
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Vorzoth retourna Robina de la pointe de son pied et se pencha pour la crocheter à la gorge. Il la releva d’un seul bras, sans effort apparent. Il plongea son regard glacial dans celui de notre chasseuse de primes qui était encore sous l’emprise de l’huile narcotique, tout en la soulevant à un pied au-dessus du sol. Il tint sa prise alors que le visage de notre Sanderrienne s’empourprait, asphyxiée, elle agita faiblement ses pieds. Le Téphrop la laissa arriver au bord de l’évanouissement avant de la relâcher. La fille aux cheveux bleus s’affala une nouvelle fois dans la poussière, toussant et crachant.

Ut sesuma’m tnat, emmef. Ej siorc euq ut se sulp etnassiup erocne euq al eitéhporp en tûe’l écnonna. Ut siarua été am essertîam is ut siava tiaf itrap ed nom elpuep. Siam ej siav rerapacca’m at ecrof ne tnarihcéd not ruœc ed sem stned.
Tu m’amuses tant, femme. Je crois que tu es plus puissante encore que la prophétie ne l’eût annoncé. Tu aurais été ma maîtresse si tu avais fait parti de mon peuple. Mais je vais m’accaparer ta force en déchirant ton cœur de mes dents.


Le chef des cannibales se baissa sur les talons et crocheta le menton de la cuisinière pour lui redresser la tête afin de plonger son regard dans le sien. Pendant ce temps, les membres d’équipages étaient frappés, attachés et amenés autour de l’arbre entouré de nattes tressées. Ivre de pouvoir et du repas qu’il s’apprêtait à avoir, le chef des indigènes ne se rendait pas compte que l’adrénaline, la résistance naturelle de filles aux cheveux bleus et situation avait rapidement augmenté la disparition du narcotique dans le sang de notre prisonnière. Elle n’avait pas encore retrouvé totalement de sensations dans ses extrémités, néanmoins, elle aurait pu tenir sur ses pieds.

La terreur des naufragés était palpable, ils n’étaient cependant pas résignés à se laisser faire. Le peu de résistance qu’ils pouvaient opposer, ils la montrant en traînant des pieds, en se laissant tirer comme un poids mort. La terreur se lisait sur leurs visages, bien que non-natifs, ils avaient compris le manège de la tribu et ce qui les attendaient. Ils se retrouvèrent attachés à des poteaux qui surplombaient une cavité creusée dans les racines et le bois pour recueillir le sang.

Six chamans pour trois captifs : six bouchers pour trois repas, aucune chance. Chacun des cannibales se mit en face ou à l’arrière de l’un des membres d’équipage attaché, installant son propre matériel sur un trépied dressé pour l’occasion. Un couteau en os, en pierre, des aiguilles à écorcher ainsi que des bougies. Plusieurs d’entre elles furent allumées autour de chacun des suppliciés, une pour chaque bras et pieds, une pour le crâne, et deux pour le cœur couplé au foie. C’est dans un silence religieux que le rituel vaudou se mit en place, sept bougies autour de chacune des trois victimes.

Les couteaux furent levés haut dans le ciel alors que les sorciers se mirent à chanter une incantation gutturale et profonde. Les guerriers et le peuple allogène avaient repris un brouhaha jacassant alors que le prophète se rapprochait de l’ancienne seconde de cuisine. Il n’était qu’à un souffle de la toucher, l’excitation se lisait dans son regard, son fanatisme le poussait à assassiner lui-même la cible de son désir, mais sa conscience religieuse batailla ferme avant de remporter la guerre. C’est à ce moment-là que les cris des compagnons de Robina s’élevèrent.

Elle détourna les yeux, ne voulant pas assister à cette scène. Je ne vous ferais pas l’affront de vous la décrire, il y a des choses en ce monde qu’il vaut mieux ne pas savoir, je puis vous l’assurer. D’une bourrade, Vorzoth envoya sa captive dans les bras de deux chasseurs de la tribu. Elle serait gardée pour la fin, qu’elle connaisse toute l’horreur qu’elle vivrait alors que les lames expertes de ses ritualistes lui ouvriraient la peau.

Ej siardneiver dnauq set serènégnoc tnores strom emmef ! Te àl, eécnava’l ed nom elpuep en aref euq recnemmoc ruop riréuqnoc setuot sel snoitcerid àled-ua ed suot sel snoziroh. Suon snores slet enu eugav elbicnivni, tnalreféd rus not elpuep ruop suon rirruon ed ruel riahc. Sel Sehsikit tnorengér tôtneib rus el ednom te ut en sares sulp àl ruop el riov.
Je reviendrais quand tes congénères seront morts femme ! Et là, l’avancée de mon peuple ne fera que commencer pour conquérir toutes les directions au-delà de tous les horizons. Nous serons tels une vague invincible, déferlant sur ton peuple pour nous nourrir de leur chair. Les Tikishes régneront bientôt sur le monde et tu ne seras plus là pour le voir.


La chasseuse de primes ne fut pas conduite tout de suite prêt de l’arbre rituel, mais confiée à deux chasseurs, puisque destinée à un rituel autre que celui des hommes. Deux seulement, car elle était sans défense, sans arme et qu’elle était normalement sous l’influence d’une drogue. Cependant, l’esprit de notre Sanderrienne travaillait à pleine vitesse. Elle devait s’échapper et vite, elle se sentait le devoir de secourir les captifs. Mais il était maintenant l’heure du spectacle, les nattes avaient été dispersé pour que le peuple puisse apprécier la maîtrise montrée par leurs sorciers.

La pauvre femme ne pouvait pas voir ça, elle ne tenait pas sur ses jambes en entrapercevant ce qui l’attendait, si elle ne faisait rien. Un rejet venant du plus profond de son estomac la fit rendre ce qu’elle avait avalé, il y a tout juste quelques minutes. Voyant que l’estomac de leur messie n’allait pas et ne voulant pas ruiner le rituel en cours, les vainqueurs firent avancer à coups de trique la future sacrifiée jusqu’à la fosse d’aisance, à quelques dizaines de mètres de la place principale de la cité.

Arrivée devant la fosse, elle se casse en deux, se mit à tousser et finit enfin de rendre ce qu’il lui restait dans le ventre. Elle s’imaginait déjà avoir mangé un de ses congénères. Il n’en était rien, je vous assure, juste de l’ours de la forêt. Cela provoqua le gloussement moqueur de ses gardes. Cherchant à sauver sa vie, la fille aux cheveux bleus réfléchissait toujours à une solution, elle se trouvait maintenant à l’écart, avec seulement deux hommes et non pas des dizaines autour d’elle.

L’ancienne seconde se retourna brusquement sur eux pour mettre un coup de tête à celui qui se trouvait à sa droite, derrière elle, dont elle brisa le nez. Par surprise, elle s’empara d’une hachette en pierre et fit un grand arc de cercle vers son deuxième adversaire. Choqué, il s’effondra sans le moindre bruit, la gorge ouverte par le fil de l’arme de son ancien allié. La petite pacifiste, jusque-là, ne se rendrait jamais compte qu’il était la première de ses victimes. De son point de vue, le premier serait toujours le Téphrop qu’elle ferait tomber dans la suite de son histoire, cependant revenons à nos moutons.

Robina se tourna en direction du campement, personne ne semblait avoir repéré l’affrontement, tout, c’était passé en quelques instants. Et elle vit ce qui arrivait à ses compagnons d’infortunes, elle avait eu l’espoir de les sauver, il venait de s’envoler en voyant l’état dans lequel ils étaient. L’homme qu’elle avait agressé en premier se tenait toujours le nez, elle le mit au tapis d’un coup de talon dans le cou.

Elle ramassa un couteau en os d’un des deux chasseurs ainsi qu’une gourde d’eau et tourna les talons. Elle n’avait aucune chance de s’en sortir en restant ici. C’est suivi par les cris des suppliciés qu’elle courut en s’enfonçant dans la jungle, de nouveau libre, mais le cœur lourd d’avoir dû abandonner ses compagnons d’infortune.
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Pendant ce temps dans la cité cannibale :

Quelques instants après l’évasion de Robina :


Pour plus de simplicité, je traduirais directement ce que les cannibales se disent sans que vous ayez les paroles originales. Je les ai laissés dans un premier temps pour que vous compreniez que notre héroïne ne comprenait pas ce qu’ils se disaient. Nous n’en avons maintenant plus besoin. Revenons-en à notre histoire.

Prophète ! Prophète ! La femme, elle s’est échappée !

Quoi ? Comment avez-vous pu la laisser s’échapper aussi facilement ?

Je vous présente mes plus plates excuses oh chef des tribus, mais elle nous a pris par surprise et je me suis retrouvé assommé pendant quelques instants.

L’esprit de l’homme, tatoué de runes, fut soudain traversé par une idée qu’il soupesa longuement avant de reprendre la parole. Ainsi les dieux avaient-ils parlé à travers lui et continuaient-ils à le faire à travers le sacrifice s’échappant à travers l’île. Il dévisagea pendant un moment son interlocuteur et se fit guider là où le membre de la tribu était mort.

D’après les traces que l’on peut observer, elle est descendue vers le sud. C’est la seule direction possible, sinon elle serait retournée vers nous, pour aider ses congénères. Elle n’avancera pas vite, celui qui l’a guidé jusqu’ici peut en témoigner, elle ne sait pas s’y retrouver en milieu sauvage. Nous allons prendre notre temps, d’ici peu de temps nous fêterons sa capture.

Les festivités s’étaient stoppées. Les râles d’agonie du timonier ainsi que des tourmentés pouvaient s’entendre partout dans le village. Ils n’étaient qu’à un fil de passer de vie à trépas. Le roi de l’île se releva après s’être accroupis près du cadavre d’un des siens.

Que les traqueurs partent en avant. Nous allons rassembler les clans. Faites sonner les cors, mes frères, annoncez la chasse de cette femelle.

Et la prophétie ? Qu’allons-nous faire ?

Les Dieux m’ont parlé. Si elle a réussi à s’enfuir c’est qu’elle est bien plus puissante encore qu’ils ne l’avaient imaginé ! Nous ne conquérons pas seulement l’horizon et bien plus loin. Non ! Tout ce qui se présentera à notre vue, ne sera ainsi rien face à nous, nous serons les maitres !

Des cris de joies s’élevèrent haut dans le ciel à cette exclamation. Ils n’avaient qu’une hâte, partir à la conquête de ce monde, qu’ils ne connaissaient pas, pour en prendre le contrôle. Vorzoth leva haut sa lance dans le ciel et lâcha un cri rauque de défi, repris par l’ensemble de son peuple. Quelques instants plus tard, deux de son peuple dévalaient la route à grandes foulées, chacun dans une direction différente. Dans leurs mains puissantes, un cor de chasse en corne, qu’ils portèrent à leurs bouches tout en courant et dans lesquelles ils relâchèrent leur souffle. L’appel de la chasse se mit à résonner partout aux alentours, lancinant, dérangeant, malsain.

C’est ainsi que l’activité qui s’était arrêtée il y a seulement quelques instants reprit son cours. Le Téphrop avait parlé, la traque serait lente et elle commencerait demain matin à l’aube, pour l’instant les festivités pouvaient reprendre. Les dieux avaient ainsi parlé. La cite reprit ainsi les discutions en suspens, appréciant les gestes experts de ses chamans. L’alcool et la fumée circulaient librement entre chacun, de plus en plus prisés.

Les dieux mauvais et malsains avaient grand appétit et il était de leurs devoirs de les rassasier de leurs rituels sanglants. L’hémoglobine des membres d’équipage s’écoula, abondante, alors qu’ils poussaient des cris chargés d’horreur tout autant de douleur. Le sang gouttait, roulait et serpentait dans un entrelac de lignes creusées à mêmes les racines de la mangrove, dessinant des signes ésotériques jusqu’à se déverser dans la fosse.

Lorsque les chamans le jugèrent bon, les tourmentés furent déliés de leurs poteaux pour être mis sur une table de préparation où l’on mit fin à leurs supplices. D’un geste ample, l’un des sorciers fendit la poitrine du timonier avant d’extraire le cœur et de l’élever vers le ciel. Il le tendit alors religieusement au prophète qui s’était rapproché qui arracha goulument un morceau qu’il mastiqua avec un sourire extatique. La chasse allait reprendre demain, la proie se fatiguerait pendant qu’ils festoieraient et se reposaient.
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Robina entendit l’appel guerrier qui retentissait tout autour d’elle. La cuisinière pressa l’allure et regarda derrière elle régulièrement. Elle ne pouvait néanmoins pas courir aussi vite qu’elle l’aurait voulu, à cause du terrain, de la drogue dans son sang qui circulait encore ou de la fatigue qui l’accablait.

Une patrouille de cannibales, qui rentrait tard, en cuir tanné brun, cinq chasseurs armés de lances et de hachettes, s’immobilisa en entendant l’appel des cors se réverbérant autour d’eux. Leur meneur poussa un puissant cri, repris presque instantanément par ses camarades. Ils se lancèrent sur une piste bordée de fougère et de palmiers à petites foulées. Un autre groupe, nettement plus à l’est, entendit le son des cors relayés par d’autres. Cinq Tikishes marchaient sur un sentier balisé de palétuviers, chacun portant la dépouille d’un animal sauvage, qu’ils avaient abattu, sur l’épaule. Ils hululèrent de leurs lèvres avant de s’élancer vers le village de leur prophète. Ils avaient envie de jeter le produit de leur chasse pour ne pas perdre de temps. Bien d’autres encore, réagirent à l’appel avant de se diriger vers la source de toute cette agitation.

La chasseuse de primes avançait prudemment dans les fourrés, entourée d’une végétation dense aux teintes inhabituels. Elle avait dévalé plusieurs centaines de mètres en courant avant de ralentir le pas. Elle étouffait toujours, son bras droit la lançait toujours à cause de sa blessure contre Abou Dhabi. Les cors s’étaient arrêtés, à présent, après avoir résonné plus d’une heure. La naufragée tentait tant bien que mal de ne pas laisser de trace. Autant dire mission impossible, on aurait pu la suivre du début à la fin de son parcours vu comme elle était discrète. Cependant, elle utilisait un branchage de palmier pour effacer ses traces, elle l’avait lu dans un livre d’aventure un jour.

Le résultat était plu que douteux et elle se rendit compte après presque deux heures d’effort que cela ne servait à rien. Elle s’attendait au pire en permanence. À voir le peuple natif jaillir d’un fourré, l’assaillir sans crier gare. Cette menace, de tout instant, mettait les nerfs à rude épreuve. Elle trouva un sentier qu’elle suivit. Elle aurait aimé continuer à couper à travers la canopée, mais elle était bien trop facile à pister avec toutes les traces qu’elle laissait. Notre héroïne ne se faisait pourtant pas d’illusion, elle devait trouver un moyen de semer ses poursuivants, sinon, elle finirait comme les autres membres du navire.

Ce qu’elle ignorait, c’est qu’aucun des membres de la tribu, qui l’avait mené jusqu’au repas dont elle était au menu, ne la poursuivait. La parole du chef qui les avait unis était parole d’évangile, mis à part ceux qui pouvait potentiellement la croiser, personne n’oserait l’attaquer. Cette première heure de fuite s’écoula sans heurt, n’étant la constante pression sur son esprit qui pesait sur elle, la fille aux cheveux bleus se permit de bivouaquer. Elle quitta la route pour s’enfoncer plus profondément dans la jungle, profitant d’endroits sans hautes herbes.

Elle défit sa gourde d’eau et en avalant une bonne gorgée, elle avait laissé des marques derrière, facile à suivre. Mais elle se savait aussi discrète qu’une vache dans une cuisine, elle essayerait de vaincre les cannibales par la vitesse et non pas en les perdant. Elle ne connaissait pas les lieux, ses connaissances pour la survie en forêt avoisinaient le néant et ses pisteurs avaient l’avantage du terrain. Elle se prit la tête entre les mains pendant un petit instant, les larmes aux yeux. Elle n’osait pas réfléchir à ce qui allait suivre dans les quelques prochaines heures.

Les larmes coulèrent, elle avait abandonné ceux qui l’avaient conduit jusqu’ici, pour sauver sa vie. Elle s’en voulait. C’était stupide, elle le savait, elle n’avait pas eu le choix, si elle avait tenté de leur venir en aide, elle serait morte à l’heure qu’il était. Se sacrifier pour des hommes qui n’étaient plus que des cadavres vivants n’aurait rien apporté. Pourtant, elle s’en voulait, idiote qu’elle était, elle avait toujours espéré sauver ceux qui l’entouraient. Elle avait réussi jusque-là. Ses certitudes s’effondraient comme un château de cartes alors que l’adrénaline redescendait.

Malgré sa situation tragique, la nuit dévoilait un firmament sans limite, composé d’une myriade clignotante de feux d’or et d’argent bleuté. Ce tableau se dévoilait par petite touche au gré du vent, adoucissant l’esprit pour quelques instants de rêve. Le babil délicat des oiseaux de la nuit accompagnait les contemplations de la Sanderrienne. C’est avec la disparition de cette tension, que Robina s’endormit, les larmes coulant encore sur ses joues.

Les yeux de notre aventurière s’ouvrirent à l’aube, tandis que la nature s’habillait d’un brouillard à l’humidité dense. Les oiseaux de jours se répondaient, les uns aux autres, dans le haut des feuillages. Elle aurait pu effacer les traces de son campement, mais elle savait déjà qu’elle n’y arriverait pas. C’est la mort dans l’âme qu’elle partit, elle se sentit comme le petit poucet, à laisser des miettes de pain. Sauf qu’au lieu que ça soit un oiseau qui mangeait de quoi revenir à la maison, c’est elle qu’on suivait pour cuisiner.

Elle repartit à petite foulée, une question à l’esprit. Comment cela se faisait-il qu’elle était toujours en vie ? Certes, elle s’était écartée de la piste, cependant même elle aurait pu suivre les traces qu’elle laissait derrière elle. La chasseuse de primes ignorait que les autochtones avaient fait la fête et fait un festin toute la nuit.

Au même moment, dans la cité du prophète :


Vorzoth envoya six guerriers à l’est, le même nombre à l’ouest, et pareil pour les deux autres directions cardinales. Il était toutefois presque certain que seul la patrouille du sud trouverait quelque chose, les Dieux lui avaient soufflé. Un large sourire se dessina sur son visage, la prophétie n’avait jamais donné aucune limite de temps à la traque qu’elle avait ordonné. Oui, il était loin d’être pressé, il aimait jouer avec sa proie, ressentir sa peur croissante, son impuissance. Il allait tester son messie, éprouver ses guerriers avant de lancer l’assaut final.

La supériorité numérique était flagrante, des centaines contre une, elle allait presque gâcher la chasse qui se profilait. Les quatre patrouilles étaient revenues, celle du sud, avec des nouvelles de la proie, tandis que la tribu s’était préparée au départ. Seules les femmes restaient au village, certaines faisaient partis des traqueurs, néanmoins elles n’étaient pas légion. Le Téphrop parla d’une voix douce mais forte.

Elle est descendue vers le sud. Nous allons donc la suivre, en prenant notre temps pour être certains de ne pas nous faire embarquer sur une fausse piste. Ce dont je doute clairement. Elle ne connaît pas le territoire, elle n’avancera pas vite, de plus tous les atouts sont de notre côté. Si puissante cette étrange soit-elle, elle ne nous échappera pas. Sous peu, je vous le promets, nous fêterons sa capture et nous pourrons envahir au-delà de l’horizon.

Vorzoth adopta sa position favorite, accroupi sur les talons. Son regard se tourna vers le sud. Il caressa les runes sur son visage avant qu’on ne l’interrompe dans ses réflexions.

Qu’attendons-nous exactement ? Les hommes sont prêts, faites donner le départ !

Vorzoth se retourna, le visage déformer par la colère, il était en train de profiter de ce moment délicieux avant le début de la chasse et on l’interrompait.

Patience, imbécile ! Dans une traque sacrée de ce genre, la patience est la clé du succès. Elle va vite se fatiguer, elle ignore où aller, nous allons la laisser s’épuiser en pure perte avant de la submerger en forçant l’allure. Faites résonner les cors, mes frères, annoncez la traque à toute l’île. Le règne des Tikishes commence maintenant.

Quelques instants plus tard, trois des siens partirent à foulées bondissantes, chacun dans une direction différente, sud, sud-est et sud-ouest. Une longue note se propagea dans l’air, résonnant dans l’atmosphère alentour.

Au loin, la Sanderrienne put percevoir le son guerrier, elle pressa l’allure. Elle avançait prudemment le long d’un sentier remontant vers le nord, à l’ouest du village, elle était en train de tourner en rond sans s’en apercevoir.
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Aux aguets, quatre allogènes avançaient sur le sentier emprunté par Robina quelques instants plus tôt. Leur maître, le Téphrop tant redouté, les avait chargés de prévenir les autres tribus. Néanmoins, ils étaient tombés sur la piste de notre fuyarde. Les traqueurs avançaient en ligne, sans se presser. Ils étaient armés de leurs habituelles hachettes et de dagues. De temps à autre, l’un d’eux encochait le tronc d’un arbre qui encadrait le sentier.

Dans l’infime chance où les cannibales perdraient la trace de leur messie. Les guerriers de la tribu du chef de l’île évoluaient en silence, avec une totale maîtrise de leur environnement, des chasseurs parfaits. Ils avaient repéré leur cible, elle avançait lentement, brisant de la végétation autour d’elle, d’un geste rapide, ils se divisèrent en deux groupes. Une paire de chaque côté de celle qui leur apporterait la gloire. Ils bondirent des hautes herbes à dix pas de la Sanderrienne, ils avaient soif d’action et de sang.

En voyant l’embuscade, une seule chose vient en tête de notre aventurière, la fuite. Une tactique certes, peu glorieuse, mais qui lui permettrait de ne pas finir prise en tenaille par ses assaillants. Nous pouvons aussi rajouter la peur, je pense que vous vous en doutez, mais ça, elle ne le dit pas dans ses écrits. Reprenons notre histoire. Ses poursuivants à quelques mètres derrière elle, elle tentait de trouver un terrain plus plat pour ainsi ne pas être à son désavantage.

L’instant suivit le départ de la cuisinière, une dague siffla dans les airs pour se planter dans l’écorce d’un arbre légèrement plus loin. Quelques secondes s’écoulèrent ainsi en un éclair, le bruit de pas des natifs suivant leur gibier. Plusieurs pistes se croisèrent, laissant à notre combattante la place pour faire face à ses plus nombreux adversaires. Elle fit ainsi volte-face et sortit le couteau qu’elle avait pris à celui qu’elle avait assommé la veille.

Elle aurait aimé avoir ses couteaux de cuisine, malheureusement, ils étaient au fond de l’océan, tout comme l’épave qui l’avait amené ici. Ses aventures sur les Blues lui avaient au moins apporté quelque chose, un style qui lui allait, manier des couteaux de cuisine lui allait comme un gant pour combattre. Alliant la rapidité du combat à main qu’on lui avait enseigné avec l’art du combat avec une lame, elle avait évolué durant ses péripéties.

Plus rapide que ses assaillants, elle passa sous la garde du premier et fit une profonde blessure dans le triceps. Perdant sa force dans le bras, le cannibale fit tomber sa dague. La guerrière improvisée crocheta derrière les genoux du chasseur et accompagna son mouvement en insistant sur son visage. L’homme, à qui il ne restait qu’une hachette pour se défendre, perdit connaissance alors que la Sanderrienne reculait sa jambe droite et ramassait l’arme tombée au sol. Elle tremblait de peur, les tueurs face à elle le sentaient. Mais sa survie passait par cet affrontement.

Les pisteurs gloussèrent avant de reprendre l’attaque. Même si elle avait déjà abattu un membre de leur groupe et deux autres en s’enfuyant de la cité, elle n’était qu’une seule personne. Ils étaient trois. Ils poussèrent des hululements avant de fondre sur leur cible. Le premier fut reçu d’un saut de la chasseuse de primes qui le cueillit au niveau du torse, les pieds joints. Prenant appuie sur ses mains, elle avait eu pour objectif de l’attraper au niveau du cou et de l’envoyer voler. Voyant que cela était impossible, elle s’était rabattue sur une option plus réaliste.

Le corps vola jusqu’à rencontrer le tronc d’un arbre. Il se ramassa sur le sol, désarticulé, néanmoins encore en vie, juste assommée. Voyant que la situation leur échappait, les deux agresseurs voulurent faire demi-tour, après tout, le but était de laisser le prophète s’occuper d’elle, ça n’était pas leur rôle. Malheureusement pour eux, les voyant tourner les talons, la fuyarde n’allait pas les laisser s’en sortir comme ça. Ayant perdu leurs deux avantages, la surprise et la supériorité numérique écrasante, elle empêcherait ces deux gaillards de prévenir leurs congénères. C’est ainsi que les rôles s’inversèrent en à peine quelques instants, l’ironie de la situation ne vous échappe pas, j’en suis sûr.

Robina s’était déjà redressée, elle fonça sur le troisième de ses opposants. Il se retourna en voyant qu’elle passait à l’attaque. Il l’attendait, armé d’une hachette dans chacune de ses mains. Arrivée à portée, notre héroïne feinta de son corps pour faire partir son adversaire dans l’autre sens. Elle passa ainsi sous sa garde et de deux coups puissants lui fit perdre l’aptitude à utiliser son bras droit.

Le paleron ainsi que la marcreuse venaient d’être tranché comme quand un boucher travaille la viande. Elle enchaîna en se retournant d’un pivot sur sa jambe gauche pour enfoncer ses couteaux derrière les genoux, il ne pouvait ainsi plus marcher.

Le dernier adversaire s’était placé derrière le dos de la jeune femme, il partit d’un estoc pour percer les reins de sa dague. Les ordres de son chef n’étaient plus que murmures, son instinct de survie ne lui hurlait que de se débarrasser de cette femelle. Elle avait après tout réussi à mettre toute son escouade hors d’état de nuire.

La chasseuse de primes esquiva d’une rotation du buste tout en saisissant le poignet de l’homme armé. Elle tordit la main de l’homme et fit descendre le fil de son arme derrière le coude, cisaillant les ligaments. Le membre fit tomber son arme, inutilisable. La Sanderrienne remonta son coude jusqu’à la tempe du Tikishes qui s’effondra, dans les pommes.

Elle ne prit pas le temps de cacher les hommes. On les retrouverait avec le peu d’expérience qu’elle avait dans la forêt. Elle reprit son chemin, pressant l’allure, elle avait déjà été retrouvée une fois, elle ne voulait pas que cela arrive encore. Elle eut tout de même la bonne idée de récupérer les gourdes attachées à la ceinture des sauvages avant de reprendre sa course.
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Deux heures plus tard, la situation n’avait pas évolué. Les Tikishes semblaient avoir été semés, provisoirement au moins. Robina continuait son chemin en bifurquant vers l’est après avoir dépassée la cité. Elle était avant toute soucieuse de lâcher définitivement ses poursuivants. Mis à part l’embuscade dont elle avait été la cible plus tôt, la matinée s’écoula sans incident. Un sanglier avec trois paires de défenses et un pelage noir traversa la piste vingt mètres devant la cuisinière. Le porc sauvage la contempla quelques instants avant de repartir, s’enfonçant au galop dans les fourrés. La naufragée lâcha un profond soupir et repartit au pas de course.

Puis elle eut un choix à faire, la piste qu’elle suivait depuis plus d’une heure se divisait en trois embranchements. La première vers le sud, la deuxième vers le nord et la dernière vers l’est. La cuisinière était consciente de ne pas avoir semé ses poursuivants, et que ça lui était impossible, tant qu’elle laissait autant de traces aussi évidentes. Cependant, elle avait compris que la première option la ramènerait sur ses pas et au village des natifs, ce qu’elle ne voulait absolument pas. Elle continua de s’enfoncer vers la piste lui faisant face, vers l’est. Elle marchait vers le nord-est depuis environ trente minutes quand elle tomba sur une bâtisse.

Une hutte, plus exactement une prison de bambou se trouvait légèrement à l’écart du centre, pour que les prisonniers puissent goûter au désespoir avant de se voir offerts en sacrifice. Vêtu d’une simple robe de lin brun, un prisonnier se tenait aux barreaux alors qu’il n’y avait que deux gardes, qui n’avaient pas encore remarqué l’arrivée de la Sanderrienne à la limite des arbres. Autour du captif, les guerriers se moquaient de leur prisonnier. Armés de haches à manche courte, d’une dague et d’une lance, ils gloussaient en parlant à leur supplicié. Après avoir lancé une plaisanterie qui fit éclater de rire son camarade, le tikishe se rapprocha de Zigg pour lui cracher au visage.

La joie malsaine qui animait les guerriers fit remonter un frisson le long de la colonne de la seconde de cuisine. Pour la première fois de sa vie, elle avait envie de faire mal. Elle savait ce qui attendait le pauvre homme en cage, la mort après mille tourments, et elle ne pouvait pas le laisser dans cet état. Elle en avait marre de fuir pour sa vie depuis des heures, et elle pouvait sauver une personne, ce qu’elle n’avait pas réussis la veille, elle se devait pour elle-même de le faire. Au moins, elle aurait la conscience plus tranquille après cela.

Elle s’interrompit pour s’aplatir sur le sol et avancer en rampant dans les herbes pour gagner du terrain. Détendus et sûrs d’eux, les cannibales ne faisaient pas attention à ce qui les entourait. Quand elle se jugea suffisamment proche, elle passa à l’action en poussant un puissant rugissement, pour faire peur, mais aussi pour se donner du courage. L’un des deux gardiens fut percuté par la botte gauche de notre héroïne qui l’envoya s’écraser sur la prison. Dans le même mouvement, elle ouvrit l’épaule du deuxième d’un mouvement ample de sa dague en pierre.

Paleron.

Blessé, l’autochtone ne perdit pas son sang-froid et s’arma tout de même de sa hachette. Le deuxième avait atterri un peu trop fort et s’était assommé. En se rétablissant au sol, la femme aux cheveux bleus prit sa deuxième arme et se mit en position de combat, jetant un regard vers celui qui ne se relevait pas, inconscient. Il allait planter sa hache dans les reins de Robina quand la lame du couteau de pierre trancha nette le bois du manche. Elle enchaîna en mettant hors d’état de nuire son opposant.

Faux Filet. Araignées. Jumeaux.

Avec maintenant une dizaine de blessures profondes, sectionnant les muscles et ne lui permettant pas de se mouvoir, il hurla pour donner la position de l’étrangère qui devait leur apporter le pouvoir. Il fut interrompu par la botte du messie dans sa tempe, qui l’envoya rêver pendant un petit instant. La chasseuse de primes se dirigea vers le supplicié, elle ouvrit la porte en bambou en la défonçant de plusieurs coups avec ses couteaux de pierre. L’autochtone semblait surpris de cette rencontre et il y avait de quoi l’être, la mascarade que s’efforçait de jouer le chef des cannibales avait maintenant un élément majeur. Une victime féminine qui semblait être dans la primeur, de quoi nourrir les délires de puissance du tueur qu’était le Téphrop.

Merci étrangère. Vous aller bien ?

Bien ? Pas vraiment, j’ai un village entier à mes trousses et je suppose que votre chef ne doit pas être content de ne pas m’avoir eu au repas hier soir ?

Vous être poursuivre ?

Par le village qui est juste au sud d’ici oui. Enfin, je pense, j’ai entendu les cors de chasse. Ils doivent être une bonne vingtaine ou trentaine. Lourde erreur, tout le village était après elle, une centaine et des renforts de l’îlot entier arrivaient à chaque instant, prêt à sonner la charge finale.

Vous venir du village du Téphrop ? La surprise et l’effroi prirent la place sur le visage de Zigg Zippo. Le chef autoproclamé de l’île ne laisserait pas la petite s’enfuir sans lui mettre les enfers aux trousses. Nous pas avoir de temps à perdre alors ! Nous partir ! Vite !

Pourquoi ? Elle n’eut d’autre réponse que de se faire pousser par le petit Zigg qui la menait plus loin sur le chemin. Mais expliquez-moi !

Vorzoth être maître des Tikishes, lui puissant et cruel. Lui vouloir vous pour gagner en puissance et conquérir le monde au-delà de l’eau. Si lui, trouver vous, lui devenir un dieu pour tout le monde. Vous devoir être mise en sécurité.

Comprenant l’urgence, elle suivit le petit allogène qui lui fit quitter la piste. Des questions se bousculaient dans l'esprit de notre ancienne seconde de cuisine. Mais elles devraient attendre quand elle serait plus en sécurité. Donc elle suivait le mouvement et attendrait un moment plus opportun pour les poser. Et tout d’un coup, avec un guide qui effaçait ses traces derrière elle et qui la guidait, l’exploration du monde fut tout de suite plus rapide. Elle se permit même un espoir en se disant qu’elle pourrait même s’en sortir en s’enfuyant sur un radeau. Elle prit une gorgée d’eau avant d’expirer, relâchant toute la tension qu’elle avait accumulée depuis des heures. Ils marchèrent ainsi pendant plusieurs heures, pour s’enfoncer dans une ouverture de racines de la mangrove menant dans les profondeurs.

Du côté de Vorzoth :

Le chef des poursuivants venait de recevoir les rapports de ses pisteurs. La trace laissée par la fuyarde s’était arrêtée à l’emplacement de la prison où se trouvait Zigg. A priori, le traducteur et médecin l’aidait. Et les chasseurs n’arrivaient plus à remonter la piste vers l’est. Le prophète s’assit sur ses talons et se mit à réfléchir. Où pouvait donc être passée la femme aux cheveux bleus ? Avait-elle un but précis dans sa fuite avec son nouvel allié. Possible.

Cependant, en réalité, il n’était pas inquiet, ni même gêné de la situation. Il était le Téphrop de l’îlot flottant, il pliait la réalité à sa volonté pour lui faire épouser ses envies. La disparition de la cuisinière ne faisait qu’épicer la traque qui n’avait été que trop simple jusqu’ici. Cela augmentait le plaisir qu’il prenait à la pister, les Dieux n’en seraient que plus heureux de la voir souffrir.

Il se tourna vers un groupe nouvellement arrivé.

Prenez vos armes et retrouvez-moi la trace de ces deux fuyards. Envoyez-moi un messager lorsque vous aurez trouvé notre porteuse de lumière.

Et que fait-on pour les deux gardes ?

Quels gardes ? Nous n’avons pas besoin de faibles. Faites comme les autres, nous les mangerons. Notre île n’a pas besoin de boulets dans son peuple.

Les coureurs se mirent tout de suite en route, devançant la colonne de guerrier.

Il était toujours confiant dans son projet. Le temps jouait contre ses adversaires. Ceux-ci n’avaient aucun moyen de fuir l’île, sinon ils l’auraient utilisé plus tôt.

C’est ici que se finit la première partie de notre histoire. Et oui, toutes les bonnes choses ont une fin. Mais ne vous inquiétez pas, Robina reviendra bien assez tôt pour de nouvelles aventures toujours plus trépidantes. Comment je sais ce qui se passe du côté des cannibales ? Ah, mais vous avez vu l’heure ? Il est déjà l’heure de se quitter, je vous répondrais la prochaine fois. J’espère que ce récit vous aura plu.
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