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Cluedo party [PV Phara]

Rappel du premier message :

    3. Mademoiselle Reine arrive en ville et fait trois pas sur le pont.

    Il était tard lorsque Louise arriva. Elle avait navigué avec un groupe de pirates pas très malins qu’elle n’avait eu qu’à séduire pour pouvoir voyager gratuitement. Oh bien sûr, elle avait couché avec certains d’entre eux durant le voyage, mais ce n’était qu’un léger tribut à payer comparé à l’argent qu’elle aurait dû dépenser dans un "transport en commun". Et puis, de toute manière, voyager avec des pirates avait du bon, ils avaient toujours vent de diverses rumeurs et en tant que chasseuse de prime, Louise était toujours en quête d’informations.

    Toujours est-il qu’elle accosta sans encombre sur la petite île d’East Blue où elle avait décidé de se rendre. Elle ne connaissait pas l’endroit et s’était dit qu’il était temps pour elle de s’y rendre. Toute nouvelle île était susceptible de lui faire apprendre de nouveaux renseignements sur les révolutionnaires. C’était en partie la raison pour laquelle elle naviguait sans cesse d’un lieu à un autre, sans jamais s’attarder. Il y avait cette raison et aussi le fait qu’elle ne supportait pas de rester en place à se morfondre en attendant que le temps passe. En fait, elle ne supportait pas de se morfondre tout court.

    Descendant du bateau pirate, la jeune femme s’éclipsa, discrète comme une ombre, emportant au passage quelques objets précieux volés sur le bateau. Imaginer la tête de ses charmants compagnons de voyage lorsqu’ils découvriraient le larcin l’amusa. Combien de temps mettraient-ils à réaliser ? Sans doute trop. Leurs biens étaient perdus, tout comme la trace de la blonde allumeuse qu’ils avaient pris à bord. Tant pis pour eux, ils n’avaient qu’à se montrer plus malins.


    5. Mademoiselle Reine avance de cinq mètres dans la rue.

    La lune était haute dans le ciel et le vent marin soufflait violemment. Une tempête se préparait-elle ? Louise n’en savait rien, elle n’était pas climatologue. La seule chose qu’elle pouvait dire, c’est que les courtes bretelles de son débardeur ne lui tenaient pas bien chaud. Les bas résilles sous son mini short n’aidaient pas plus. Elle n’était pas spécialement frileuse, mais la fatigue accumulée durant le voyage accentuait l’impression de froid. Frissonnant, elle se mit en quête d’une auberge qu’elle trouva sans trop de mal. Le gérant l’accueillit avec affabilité et lui proposa une chambre hors de prix qu’elle paya avec l’argent dérobé plus tôt.

    3. Mademoiselle Reine passe trois portes avant d’arriver devant la porte de sa chambre.

    La chambre est petite, le lit unique fait dans des draps qui semblent propres. La pièce sent le bois et l’air marin. La fenêtre est grande ouverte et les rideaux s’agitent sous les courants d’air. Bah, c’est pas un cinq étoiles, mais c’est décent et elle a dormi dans des lieux bien plus douteux que ceux là. Après une rapide inspection – paranoïa oblige –, la blonde pose ses affaires dans un coin et s’étend sur le lit. Le matelas est usé, les lattes craquent et grincent. Louise était à peu près sûre que si une personne corpulente s’était installée ici, le sommier aurait tout simplement craqué. Elle, elle s’en fout, elle est maigre et, pour une fois, elle ne partage sa couche qu’avec Morphée.

    6. Mademoiselle Reine s’éveille à six heures piles. Elle n’a dormi que quatre heures.

    Quatre heures. Pas mal. Surtout si on prend en compte le fait qu’elle ne s’est pas réveillée toutes les heures. On peut dire que c’était une nuit reposante. La blonde s’étire comme un chat avant d’aller se nettoyer sommairement grâce à une bassine d’eau qui traine dans la chambre. L’eau n’est pas spécialement fraiche, mais elle s’en tape. Satisfaite de ce rapide décrassage, elle se change. L’avantage avec elle, c’est que ses vêtements sont trop indécents pour prendre de la place dans son sac. Elle passe un bustier qui montre une bonne partie de ses seins ainsi qu’un pantalon qui rendrait absurde le concept du « taille basse » ainsi qu’une paire de chaussures dont les talons vertigineux frôlent l’inconvenance. Y’a pas à dire, elle a l’air d’une vraie salope.

    6. Mademoiselle Reine joue au poker depuis maintenant six heures.

    Le poker n’est pas son jeu de prédilection, mais il est plutôt amusant. Seule femme de la table du bar mal famé, Louise s’amuse des hommes qui sont là. Un regard appuyé, une discrète caresse le long d’une jambe, une main qui effleure par inadvertance une cuisse… et voilà un jeu montré par étourderie, une erreur provoquée par l’excitation. Un à un, la manipulatrice les plume. Heure par heure, la table se vide. Ils ne sont plus que deux. Le dernier homme a vu clair dans le jeu de séduction de la blonde. Il ne se fera pas avoir. C’est ce qu’il croit. Trop occupé à ne pas se faire piéger par les distractions de la jeune femme, il n’a pas réalisé qu’elle a fait en sorte que son verre ne soit jamais vide. Le serveur du bar est du côté de Louise. L’homme éméché ne réalise pas qu’il a perdu en vidant d’une traite son dernier verre. Tapis. Brelan de dame contre paire d’as. Dommage mon beau, ce sera pour une prochaine fois. L’argent des pirates a été dilapidé en boissons, mais Louise a su rentabiliser la somme dépensée et la voilà renflouée. Satisfaite, elle regagne sa chambre à l’auberge.

    2. Mademoiselle Reine a passé deux jours dans ce village, elle songe à partir.

    Alors que Louise commence à chercher quelqu’un qui pourrait la transporter vers une nouvelle île, elle entend un homme demander à un marin s’il sait si des chasseurs de primes sont en ville. Avec un sourire enjôleur, la blonde interpelle l’homme.

    « Vous cherchez un chasseur de prime ? »
    « Oui. Il s’est passé quelque chose d’horrible au manoir, mon maitre m’a envoyé chercher quelqu’un en échange d’une forte récompense. Vous savez à qui je peux m’adresser ? »
    « Une forte récompense ? Je pense que je peux vous être utile. Il est où votre manoir ? »

    3. Mademoiselle Reine et le Colonel Bulle arrivent au manoir à trois heures passées.

    Une histoire de meurtre, rien de plus compliqué. Rien de plus intéressant. Huit suspects, une victime, une infinité d’armes. Que la partie commence.
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    Alors c’était ça ? Tous ces mensonges, ces mystères, toutes ces interrogations et angoisses… Tout venait de là ? Pour un peu, Louise aurait éclaté de rire. Elle s’était laissée prendre par l’ambiance malsaine du manoir et avait fini par omettre l’explication la plus plausible, la plus simple. Presque vingt-quatre heures de crise de nerfs juste à cause d’un stupide…

    « NON ! OISEAU DU DEMON, REVIENS ! »

    Avec un sursaut, Louise se redressa. Ces cris ressemblaient aux élucubrations de cette vieille folle de Sandra Fëanor. Lui était-il arrivé quelque chose ? C’était insensé ! Elle n’avait pas lieu d’être visée ! Avec un juron, Louise referma le livre et le remit soigneusement à sa place avant de se précipiter hors de la bibliothèque. Dans le couloir, elle passa devant la chambre de Cynthia. Avant d'avoir pu la dépasser, la jeune femme ouvrit sa porte et interpella Louise. Allons bon, qu’est-ce qu’elle voulait elle aussi ?

    « Mademoiselle, que se passe-t-il ? J’ai entendu des cris ! Est-il encore arrivé malheur à quelqu’un ? »

    Louise n’eut aucun mal à déceler la panique dans la voix de la jeune femme. Aussi, alors qu’elle mourrait d’envie de la bousculer et de poursuivre son chemin, elle s’arrêta un instant.
    « J’en sais rien. Retournez dans votre chambre, on vous tiendra au courant. »
    « Mais… »
    « Ne discutez pas ! Vous pourriez être en danger ! »

    Face au ton autoritaire de la chasseuse de prime, la pauvre Cynthia obéit et Louise put enfin arriver jusqu’à la chambre de Sandra. La blonde s’était juré de ne pas remettre les pieds dans cette pièce oppressante, mais elle n’avait pas le choix.

    « Mes poupées, mes pauvres poupées… Regardez ce qu’Il lui a fait ! Le Démon ! Pauvre chérie. Oh pauvre petite chérie… »

    Prostrée au sol, ramassée sur ses poupées comme une mère protégeant ses petits, Sandra se perdait en lamentation. L’étagère où reposaient les poupées était renversée alors que la fenêtre ouverte tentait en vain d’apporter un air qui aurait permis aux vapeurs d’encens de se disperser. Mais l’odeur était tellement imprégnée dans les murs qu’elle prit Louise à la gorge comme lors de sa première visite.

    « Mais qu’est-ce qui s’est passé ici ? »

    Sortant de sa torpeur, Louise avait enfin franchi le seuil de la chambre pour rejoindre un Pharaun qui avait l’air dépassé par les événements. Cet imbécile devait être en état de choc ou une connerie du genre parce qu’il fixait sans ciller l’une des poupées de Sandra. Il la serrait entre ses mains comme s’il s’agissait de la révélation du siècle. Sérieusement, il pouvait pas prendre un peu sur lui et bosser ? Louise s’apprêtait à l’invectiver lorsque des pas se firent entendre dans le couloir et que Lucas arriva à son tour, essoufflé et l’air légèrement paniqué, suivi de peu par Ken et James. Il balaya rapidement la salle des yeux, mais avant d’avoir pu dire ou faire quoique ce soit, Pharaun colla sa précieuse poupée entre les mains de Louise et conduit le valet et les autres hors de la chambre. Il se dirigea ensuite vers la gouvernante pour lui donner des instructions.

    « Madame Guilt, pouvez-vous attendre avec les autres dans le salon, nous devons parler avec madame Fëanor. »
    « Oui… Oui, bien sûr. »


    Avec surprise, Louise observa Pharaun prendre le contrôle des opérations. Il avait définitivement pété les plombs ou y avait-il une bonne raison à cela ? Avec curiosité elle l’observa fermer la porte et revenir vers elle.

    « Tu vas me dire ce qu’il se passe ? »
    « Regarde la poupée. »
    « Quoi ? Qu’est-ce qu’elle a de… Oh ! »

    Stupéfaite, Louise remarqua les yeux anormalement nacrés de la poupée, les boursouflures sur son corps.

    « C’est le collier d’Emily. Il était caché là tout ce temps, sûrement par le meurtrier. Si je n’avais pas ouvert la fenêtre, on ne l’aurait sans doute jamais retrouvé. »
    « C’est pas logique… »
    « Pourquoi ? Celui qui a volé les perles en avait après l’argent des Fëanor et c’est sans doute aussi pour ça qu’il a tué Emily. »

    Louise s’apprêtait à répondre lorsque la voix de Sandra s’éleva à nouveau.

    « Le Démon m’a tout pris ! Il m’a pris ma petite Emily, et maintenant il s’attaque à mes poupées ! Vous croyez que je suis folle, mais voyez ce qu’il a fait ! Bientôt, il prendra ma Cynthia, j’en suis sûre ! »

    Elle partit de nouveau en sanglots hystériques sous le regard un peu perdu des deux chasseurs de prime. Visiblement, aucun d’eux n’avait très envie de consoler la vieille femme.

    « Il faut qu’on voit Lucas. Va chercher Mary pour qu’elle s’occupe de Sandra. »

    En attendant que Pharaun revienne avec la gouvernante, Louise entreprit de refermer la fenêtre et prit la nappe de la petite table de Sandra pour dissimuler la poupée. Lorsque Pharaun revint, il était également accompagné d'Henri. Louise s’empressa d'entrainer son collègue hors de la pièce tout en lui expliquant rapidement pourquoi ses soupçons portaient sur Lucas au sujet du collier et des poupées.

    Les deux enquêteurs rejoignirent donc le salon où attendaient James, Ken et Lucas. Les trois hommes étaient visiblement très à cran et la tension de la pièce était palpable.

    « Tout est réglé. Madame Fëanor a eu une attaque de panique. Vous pouvez retourner à vos occupations. »

    Ken se retira par la porte de service sans demander son reste tandis que Lucas et James se dirigeaient vers la porte principale. Au moment où le valet allait sortir, Louise le retint par l’épaule.

    « Pas toi. »

    Un éclair de panique passa dans les yeux de Lucas. Son masque d’arrogance ne faisait pas long feu face à la peur d’être pris dans les filets des chasseurs de prime. Il se dirigea donc docilement vers le siège que lui présentait Pharaun. Louise attendit qu’il soit assis avant de s’approcher et de défaire le linge dans lequel elle avait dissimulé la poupée.

    « Pas besoin de t’expliquer pourquoi tu es là. »
    « En fait, si, j'apprécierais quelques explications. Si ce n'est pas trop vous demander. »

    Malgré sa situation, Lucas était parvenu à reprendre son expression amusée et insolente. Pourtant, si l’on prenait la peine de l’observer, on remarquait un regard inquiet qui dénotait avec la jovialité qu’il essayait d’afficher. Louise ne tenta pas d'entrer dans son jeu, préférant une attaque plus directe.

    « Tu as tué Emily ? »
    « Non. »

    Bon, il n’avait pas l’air disposé à parler… Louise lança un regard interrogateur à Pharaun. Il était quelque peu remonté dans son estime avec la découverte des perles, aussi lui accordait-elle le droit de donner son avis, et même de poser une question à Lucas. Le chasseur de prime secoua cependant la tête, laissant ainsi Louise libre de continuer.

    « A ta place, je ne jouerais pas trop les idiots. N’importe qui dans cette maison serait prêt à te mettre le meurtre sur le dos pour que cette affaire soit terminée, que tu sois coupable ou non. On a le collier, ton attitude envers Sandra Fëanor… Je suis pas certaine que tu sois la personne la plus appréciée de ce manoir. Moi j’en ai marre de courir après des fantômes, des démons ou je ne sais quelle autre connerie, et je pense que pour mon collègue ici présent, c’est la même chose. Alors soit tu vides ton sac tout de suite, soit on appelle la marine et ils règlent l’affaire. Ton choix. »

    Le ton de Louise  n’avait pas été particulièrement menaçant, mais l’inflexibilité de sa voix ne laissait aucun doute quant à ses propos : elle n’hésiterait pas à vendre Lucas. Ce dernier sembla hésiter un moment, ne sachant quelle conduite tenir, mais finalement, il poussa un soupir et se décida à parler.

    « Il y a encore pas mal de choses que vous avez raté dans cette affaire. »
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